https://www.youtube.com/watch?v=pqaARDsiJv4

Rarement dans sa vie de voyageur Matthieu n’avait-il été aussi furieux. Il avait eu peur, il avait été heureux, il avait été angoissé, il avait été hilare comme jamais grâce à Dreamland. Mais jusqu’alors, la colère ne s’était pas manifestée avec une telle force. Il avait eu pourtant des occasions, la plus célèbre restait une certaine comédie musicale, qui liait coup de pute et homophobie latente. Un joli cocktail, en soi. Mais cette fois-ci, cela dépassait tout. Ce petit connard de Lucien ! Mollusque-man ne le portait pas dans son coeur depuis le tournoi : après tout, même s’il l’avait finalement battu lors de ce mémorable quart de final, il avait trouvé en lui un adversaire acharné et dangereux. Matt aimait bien le challenge, certes, mais il faisait partie de cette grande partie de la population mondiale qui était mal à l’aise face aux psychopathes à tendance sadique qui voulait votre peau. L’invocateur était certain que si le Marteau avait été en moyen de le tuer, il l’aurait fait. Et désormais, la situation était inversée : cette fois, si c’était le blondinet qui se trouvait entre les griffes (pardon, les tentacules) de Matt, il allait passer un mauvais quart d’heure. Comment avait-il osé le battre, cet enfoiré ? Et surtout, quel public de merde ! La flopée d’injure qui traversait l’esprit du jeune homme ne saurait être que partiellement retransmises par ces lignes, au risque de se faire censurer par la brigade des moeurs. Disons que l’invocateur était particulièrement remonté contre cette bande d’ingrats incapable de la moindre sensibilité artistique, aussi ignorant qu’un vache lobotomisée, aussi sensible qu’une certaine limace, d’un goût aussi prononcé que celui de Lady Gaga. Faire triompher Lucien à son détriment ! Fallait-il qu’ils soient mauvais ! Matt ne remettait d’aucune façon en doute son rap, qu’il jugeait à la fois efficace, méchant, et « plutôt stylé . » Il était Mollusque-man, grands dieux ! Certes, ce n’était pas ses capacités verbales qui primaient chez sa personne, mais tout de même, il était censé être la personne la plus classe de l’univers (de son point de vue), et ses répliques se devaient d’incarner cet état de fait.

Soudain, quelqu’un coupa court à son monologue intérieur en l’apostrophant.

-Excusez-moi ? fit un voyageur inconnu à Matthieu, probablement interpellé par le gilet orange de celui-ci, imaginant sans doute avoir à faire avec un responsable consciencieux, et non pas l’assistant d’une limace génocidaire.

Le regard de Matt fut des plus explicites.

-Oh, euh, excusez-moi, fit l’étranger, détalant sans demander son reste.

Il y avait en effet suffisamment de fureur dans les yeux de Matthieu pour rivaliser avec Fino. Il ne fallait surtout rien lui dire. Il avait autant d’amertume envers Lucien, qui avait osé le battre, qu’envers le public, responsable de cette humiliation, et il était prêt à faire payer quelqu’un pour ça. Donc, il valait mieux ne rien lui demander pour le moment, soi-disant gilet orange ou pas. L’idée de rejoindre Germaine, dont il était chargée de la sécurité, ne lui traversa même pas l’esprit. En fait, il regrettait presque que l’autre voyageur soit parti aussi vite. Peut-être aurait-il fini par lui procurer un bon prétexte pour déclencher une bagarre. Car s’il y avait bien une chose que désirait Matt en ce moment, c’était bien une bonne bagarre comme il les aimait, afin de se soulager et d’extérioriser le trop plein d’agressivité qui bouillait en lui en ce moment. D’un autre point de vue... Il savait très bien à quel point la sécurité de l’Oniric Tour était sur les dents, et qu’elle était particulièrement efficace. Il était d’ailleurs le mieux placé pour le savoir, puisque, en un sens, il en faisait partie, dans la mesure où surveiller Germaine faisait partie du code rouge de la sécurité. Donc, l’invocateur savait pertinemment que s’il se mettait à agresser des malheureux touristes juste pour le plaisir de se défouler uniquement parce que l’un d’entre eux l’avait bousculé, ça risquait de ne pas être joli pour lui. Mais il avait un besoin urgent de se vider la tête. Comment y parvenir, tout en restant dans la légalité ? Il n’avait pour l’heure aucune envie de participer à quelque numéro musical que se soit. Demeurait une option : trouver quelque chose de suspect dans les environs, qui lui permettrait de défouler toute sa rancoeur, en se faisant passer pour un héros. Il ne restait alors plus qu’à trouver un demeuré qui était prêt à s’en prendre à l’Oniric Tour... En attendant, Matt, qui avait toujours une folle envie de cogner quelque chose, envoya un coup de pied dans une canette qui traînait. C’était toujours mieux que rien.

https://www.youtube.com/watch?v=dXi4Tq7u4_I

Ce qui était bien avec Matthieu, c’était qu’il faisait preuve d’une constance psychologique tout ce qu’il y a de plus remarquable. En aucun cas le terme « bipolarité » n’aurait pu lui être appliqué. Non, non, ce n’était pas du tout dans ce genre de passer d’une profonde colère teintée de déception à une joie explosive tout ce qu’il y a de plus excité. De déprimé, devenir festif n’était absolument pas dans ses habitudes. Matthieu était une mer calme, jamais agitée par un vent sentimental un peu trop fort. Il était la sérénité même, et réputé pour tel. D’ailleurs, il était non seulement connu pour une flegme légendaire, mais aussi pour son incroyable capacité à agir après mûres réflexions, et jamais le moins du monde sur un coup de tête (ni après un coup de boule, du reste). Oui, tout cela, c’était du Matthieu Furt tout craché, du Mollusque-man en condensé, de l’invocateur à l’état pur.

Mais trêve de plaisanterie.

Matthieu était dans un état de folie furieuse assez avancé pour détruire la moitié de Dreamland parce que cela permettrait de mettre encore plus d’ambiance. Il avait des suspects à trouver, et il comptait bien le faire : quoi de mieux de se défouler et de passer pour un héros par la même occasion ? C’était tout de même plus intéressant que de surveiller Germaine. Nedru lui avait offert là une occasion en or. Toutefois, c’était à peine si l’invocateur écoutait son ami. A peine l’entendit-il mentionner des joueurs de musique classique. De la musique classique ? Absolument parfait ! Décidément, tout allait pour le mieux. Matthieu allait leur montrer, à ces péteux de première. Si les terroristes avaient été des rockeurs en manque de reconnaisse, le jeune homme aurait eu bien plus de mal à leur en vouloir. Peut-être même eut-il trouvé cela infiniment « stylé. » Mais difficile, selon ses propres standards, de trouver tout ce qui pouvait s’apparenter à de la musique classique, si plate, si uniforme et si peu mouvementé, comme stylé. Mais alors, pas du tout. En fait, Matthieu pouvait même comprendre la rancoeur de ces adeptes d’un autre âge. Il devait être particulièrement frustrant d’apprécier quelque chose d’aussi désuet et aussi peu intéressant à coté d’un bon vieux rock, entrainant nécessairement de la rancoeur chez ces pauvres âmes en perdition. En tout cas, Matt était prêt à leur montrer ce que fun voulait dire !

L’invocateur ne mit d’ailleurs pas trop de temps à leur tomber dessus. En fait, ce furent plutôt eux qui tombèrent sur Matthieu, et de façon pour le moins originale. D’ailleurs, même quelqu’un d’aussi peu vif que Mollusque-man put reconnaitre les deux terroristes indiqués par Nedru. Leur aspect comme leur leur musique étaient des plus... Classiques ? Ce qui l’était moins, par contre, était leur moyen d’action. En effet, leur concert créa des notes physiques qui avaient un effet pour le moins explosif sur le public. Matt en resta bouche bée quelques instants. Certes, on était sur Dreamland, et il commençait à être habité à un certain nombre de bizarreries, royaume des Mollusques oblige, mais les contrées oniriques semblaient à chaque fois vouloir rivaliser d’originalité dans l’abracabrantesque. Ce qui n’était pas pour lui déplaire, d’ailleurs. Par contre, ce qui lui déplut un peu plus, ce fut quand il se prit une croche noire en pleine figure. S’en suivit une explosion, qui éjecta le voyageur sur quelques mètres et lui laissa le visage noirci ainsi qu’une partie des sourcils brulés. L’explosion eut au moins le mérite de lui remettre les idées en place. Il fut sonné quelques instants, juste ce qu’il fallait pour comprendre la situation. Ah, ils voulaient jouer à cela, ces classiqueux ? Et bien, jouons. Le jeune homme se releva, un sourire aux lèvres (qu’il espérait badass). La course poursuite allait être encore plus drôle que prévue. Matt éteignit avec sa salive une de ses mèches qui avait commencé à prendre feu, et retrouva Nedru qui l’enjoignit de poursuivre les deux terroristes. Ca n’allait pas trainer.

Matthieu s’élança, avant de se rendre compter d’un léger problème. Les deux joueurs-anarchistes s’étaient enfuis chacun de leur côté : quel plan machiavélique ! Nedru ne semblait pas motivé pour quitter son garde-du-corps favori (et le seul qu’il avait à disposition pour l’instant). L’espace d’un instant, l’idée d’invoquer Oscar pour poursuivre l’un des deux musiciens tandis que Matt suivrait l’autre lui traversa la tête. Mais il y avait déjà Germaine dans le coin, et il allait sûrement avoir besoin d’une autre de ses invocations. Il ne pouvait en utiliser trois en même temps. Tant pis, il allait falloir se concentrer sur l’un pour lui péter la gueule (afin de lui soutirer des informations, bien entendu). Le plus adapté pour cette tâche semblait celui qui avait joué avec l’instrument avec des cordes (le machin, là...), le plus jeune des deux. En effet, c’était lui qui avait hurlé son cri de guerre, une fois leur coup bas terminé. Il devait sans doute être le chef du duo. Il fallait faire vite pour le coincer, et pour cela, Matt avait un sacré atout en manche. Il claqua des doigts, et apparut aussitôt Gaston l’escargot devant les deux voyageurs. Rapidement, Matt enjamba sa monture, enjoignant à Nedru de faire de même :

-Vas-y, monte ! Avec Gaston, on va en faire une bouchée !

Sans même vérifier que son partenaire avait effectivement suivi, l’invocateur démarra en trombe, à la poursuite du joueur de violon (c’était bien un violon ?). Mais la tâche s’avéra bien plus ardue que prévue. En effet, malgré les multiples explosions et les mouvements de foule qui en avaient découlé, l’Oniric Tour était loin d’être un terrain de course dégagé : de nombreux amateurs de musiques étaient encore présents, sans compter les estrades, étales ou instruments de musique qui pouvaient trainer ça et là. Ce n’était donc pas gagné.

-BOUGEZ VOTRE CUL, BANDE DE BRANLEURS ! cria la subtilité de Matthieu, tandis que celui-ci tentait de slalomer entre tous ces obstacles sans perdre de vue sa cible.

Oh, non, c’était loin d’être gagné...

Leur devoir avait été accomplit à ce carrefour et bien d'autres sollicitaient leur intervention afin de répandre leur message annonciateur du renouveau. La perspective de captiver un large public par la présentation d'un spectacle particulièrement frappant emplissait le voyageur au haut de forme à la longue plume d'une joie pleine et entière. Sentir sur soi les regards se poser et s'interroger pour les rassurer d'un geste tendre, d'un mouvement avisé ou d'une douce parole, voilà ce qui ravissait le voyageur.
Toutefois, le genre d'attraction qu'il avait produit après sa magnifique représentation ne le satisfaisait guère. Certes la poursuite de son être était une expérience grisante et prouvait tout l'étendu de son charme. Cependant, ses soupirants semblaient en vouloir à sa personne pour toute autre motif que la félicitation sincère et charitable. Le ton employé et l'attitude dans sa généralité ne présageaient rien d'agréable.


La course commença par conséquent avec une vélocité entravée par la présence d'une masse importante de spectateurs. Fort heureusement, la réduction de son instrument lui octroyait un avantage certain. Il se faufila avec une grâce féline dans les moindres interstices qui s'ouvraient par les mouvements de foule. A chaque intersection, il modifia sa trajectoire, sans logique apparente aucune.
Le sourire sur son visage témoignait de son amusement, bien que ce contretemps restreignait sa marge de manœuvre. Au fond de lui, être le centre de l'attention était une nécessité, qu'importe les moyens.

Durant cette tentative d'échapper à ces acharnés juchés sur un … gastéropode aux couleurs chatoyantes, le musicien jeta quelques notes bien senties aux quatre saisons, d'avantages destinées aux alentours dans un soucis de spectaculaire qu'au réel ralentissement de ceux qui le coursaient.
Ainsi passeraient ils en de multiples occasions par les mêmes embranchements, dont la chaussée accusait peu à peu les dégâts parsemés par la musique agressive.
Ces manœuvres clairsemaient la voie tout en la rendant moins praticable pour une bolide baveux lancé ventre à terre.

Soudain, apercevant enfin un croisement à la fréquentation moindre, il se planta fièrement en son centre et entama un morceau qu'il avait entendu dans le monde réel. La force des notes se dégagea avec violence, provoquant un recul général. Si il avait été cerné, ses assaillants s'étaient retrouvés repoussés prestement. La poussière générée par un tel déferlement le dissimula progressivement. Avant de disparaître complètement, il lança avec malice :

"Vous ne pourrez nous atteindre. Nous évoluons parmi les Cieux. Vous aurez beau tenter. Nous sommes ici pour vous éveiller. Alors laissez vous porter par la Musique Classique et sa beauté !"

Une fois la poussière balayée, il ne restait plus qu'un haut de forme à terre et trois chemins qui s'offraient où les badauds s'éloignaient ; de peur de subir de nouvelles attaques. Parmi ces personnes, une queue de chat pointait sous une veste ancienne pour se ranger discrètement.

https://www.youtube.com/watch?v=5UyWPY9Upag

Voilà qui plaisait bien plus à l’esprit en manque perpétuel d'adrénaline de Matthieu : de l’action et de la vitesse, et ce, en même temps ! Il y avait aussi le plaisir de courir après des méchants avec un ami proche à ses côtés, mais l’invocateur ne l’avouerait jamais, cela faisait bien trop gay à son goût, surtout au vu de la position de Nedru, fermement accroché aux anches de son garde-du-corps. Il est vrai que la plupart des passagers embarqués sur l’escargot géant trouvait l’expérience passablement « intéressante », selon leurs dires. Pourtant, on faisait plus rapide comme bolide ou comme pouvoir parmi les royaumes oniriques. Sans doute la couleur et la texture de la bête empêchaient toute appréciation du voyage à sa juste valeur. Mollusque-man, lui, savait en savourer toute la saveur, et aurait presque pu sacrifier toutes ses invocations pour le bénéfice du seul Gaston, surtout si cela lui permettait de se débarrasser d’une certaine limace un tantinet avide de paperasse en tous genres. Toutefois, à cet instant-là, en terme de chevauchée sauvage, il ne pouvait tout de même pas tout se permettre. Déjà, il valait mieux éviter d’écraser les différents badauds venus assistés à l’Oniric Tour. Si Matt finissait par en écrabouiller un, alors qu’il était membre du staff, fut-ce pour surveiller Germaine, cela ne serait pas du meilleur effet pour sa prime d’embauche. De surcroît, l’énergumène pourchassé, pas si stupide, se faisait un malin plaisir à semer quelques embuches à sa suite afin de perturber l’avancée des deux voyageurs. Cela compliquait un tantinet la tâche, empêchant Matt de se contenter de foncer dans le tas. Heureusement, Gaston n’était pas une simple moto, mais bien une créature des rêves, et savait gérer un parcours, fut-il accidenté, mieux que n’importe quel véhicule.

Néanmoins, la réactivité de l’invocation et de l’invocateur n’auraient sans doute pas été suffisantes sans la présence d’esprit et les réflexes de Nedru, qui leur enjoigna de façon certes fort peu subtile, mais tellement plus efficace, que continuer sur cette voie, au sens propre comme au sens figuré, n’était sans doute pas la meilleure idée au monde. Gaston freina donc, aussi fort que possible, entrainant à sa suite un nuage de poussière assez impressionnant. S’ensuivit une explosion, qui, sans être fatale, était tout de même impressionnante, même pour des standards oniriques. Le fuyard en profita en tout cas pour se faire la belle une fois de plus, disparaissant sans demander son reste. Matthieu eut un sourire goguenard. Ca commençait à devenir intéressant, certes, mais il ne fallait pas trop pousser le bouchon trop loin. Qu’ils viennent enfin se battre, ces lâches ! IL s’agissait toutefois de pouvoir les rattraper pour leur en coller une ou deux. Heureusement, Nedru, lui, ne se contentait pas de fulminer, mais sauta de l’escargot pour fouiner, comme à son habitude. Tandis qu’il se saisissait d’un étrange chapeau qui trainait là, Matt préféra rester coi : dans ce genre de contexte, le jeune homme préférait se fier à son acolyte plutôt qu’à lui-même pour trouver une solution. Solution qu’il trouva rapidement, apparemment, puisqu’il demanda la direction de la scène principale.

-La scène principale ? Mais pourquoi faire ? Euh... Attend... Faut tourner à gauche, et puis...

Mollusque-man ferma les yeux un instant pour se remémorer le parcours. Il n’était pas spécialement mauvais en sens d’orientation, mais il n’était pas spécialement bon non plus.  Qui plus est, il n’était pas vraiment doué pour indiquer un itinéraire. Autant y aller directement, finalement.

-Bon, remonte. On a qu’à y aller. Ca devrait pas trop tarder, malgré le bordel que ce petit con a causé.

Une fois assuré que son co-équipier était bien à bord, l’invocateur démarra son gastéropode, qui partit en trombe entre les étalages et avenues qui s’étaient constituées d’elles-mêmes.  Matthieu devait encore de temps en temps beugler un coup ou faire de grands gestes des mains pour se frayer un passage, mais après quelques mètres, c’était plus facile à faire qu’au milieu d’une foule en panique. Mais tant qu’à aller au centre de l’Oniric Tour, véritable oeil du cyclone, il valait mieux gagner du temps. Le jeune homme se décida donc d’utiliser l’oreillette qu’on lui avait confié avant le début des festivités, qui lui permettait de communiquer immédiatement avec la demoiselle en détresse dont il était chargé de la protection, soit Germaine (vous pouvez aller tousser un grand coup avant de continuer la lecture ce qui suit).

-Germaine ! Vous êtes là ? hurla le jeune homme, tandis que le vent et la vitesse lui fouettaient le visage.
-Bien entendu, Monsieur Razowsky. Je suis toujours là, répondit une voix bien connue dans l’oreillette.

Le gadget en question rendait d’ailleurs un son parfaitement audible, sans aucun grésillement. C’était beau, la technologie onirique.

-Super ! reprit Matthieu. Ne bougez surtout pas de la scène centrale si vous êtes toujours là-bas ! Et si jamais vous voyez deux mecs très louches, habillés façon viellot et sombre, foncez les interceptez !
-Entendu Monsieur Razowsky. Qu’ont donc fait ces deux messieurs ?
-Ils... Euh... Ils n’ont pas rempli le formulaire adéquat pour participer à l’Oniric Tour. Con, hein ?
-Embêtant, en effet, répondit la limace, qui semblait autant concerné par les événements que de coutume.
-A tout de suite Germaine, conclut Matt.

Il fallait juste espérer que la description de l’invocateur soit assez précise, ou qu’il n’y ait pas plusieurs centaines de visiteurs habillés de vêtements de style XIXe siècle, sinon il fallait espérer pour eux qu’ils ne tentent pas de faire un petit tour dans les environs de la scène principale, au risque de trouver l’Oniric Tour beaucoup moins amusant que prévu. Et c’est à ce moment précis que Gaston, avec ses deux voyageurs sur le dos, parvint à la sus-dite scène.

-Et maintenant, on fait quoi ?

Maintenant, ça se passe par là;

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