Un petit concert avant la balade [libre, avec participation d'Hikari et Ed]

"Do ré mi.."

Non.
Décidément, on se faisait toujours aussi chier de ce côté-là.
Le concert dérivait, les musiques laissaient à désirer, on s'emmerdait ferme.
Bis s'impatientait. Elle fut même tentée de se tirer. Mais c'est alors que raisonna des notes plaisantes, et intéressantes. Aaah ? Allaient-ils enfin jouer quelque chose qui ne la ferait pas vomir de dégoût ? Ouaip, c'était pas mal. La jeune femme se surprit même à tapoter du pied, en rythme. Elle ne connaissait pas cette chanson, mais bon, qu'en avait-elle à faire ? Elle n'avait aucun moyen pour la réécouter, ni même la "télécharger", comme dirait les voyageurs et autres êtres du monde dit "réel". Donc franchement, à quoi ça la mènerait de savoir le titre ? Elle haussa les épaules, mais sa curiosité la poussa tout de même à en savoir plus. La demoiselle tourna la tête vers son voisin de concert, et l'apostropha.

"Hé, toi là.
Oh, toi, écoutes.", fit-elle en poussant son épaule.
"C'est bien. C'est quoi le titre de la chanson ?"

"Excuses-moi, mais tu pourrais être plus polie, non ?
C'est pas parce que t'es bien roulée que t'as le droit de me parler comme ça !", répondit le gars, légèrement agacé.

"Ta gueule.", elle le gifla.
"C'est quoi le titre de la chanson ?"

"Wake up, des Story of the year.", répondit le garçon, choqué.

"Ok, c'est cool.", et elle se retourna.

"Hé mais, dis-moi peut-être merci quand même !", fit le spectateur, attrapant l'épaule de la blonde.

Cette dernière le toisa d'un air méprisant, resta silencieuse quelques secondes, puis le gifla à nouveau.

"Je connais pas ce mot."

Aucun savoir vivre.
Voilà ce dont Bis était complètement dépourvue.
N'étant pas en contact avec du peuple très souvent, elle ne savait pas comment correctement se comporter en société, et à vrai dire, elle s'en tapait royalement. Lorsque Lithium se réveillait, elle, elle disparaissait, comme en stase, quelque part dans l'espace de Dreamland. Où ? Elle ne savait pas vu qu'elle ne vivait qu'à travers le corps de la voyageuse. Si elle venait un jour à mourir dans le monde onirique, elle emporterait son symbiote mental avec elle. Une existence que l'on envierait pour rien au monde. Mais elle ne se plaignait pas. Dès qu'elle prenait le contrôle, elle pouvait se comporter comme bon lui souhaitait, comme si ce corps était le sien. Le pied.
En revanche, ce qui maintenant captait son attention, c'était le chanteur rouquin-là. Non pas qu'il était charmant, beau gosse ou quoi que ce soit, non pas du tout même. A bien y regarder, il craignait même. Enfin, c'était pas son style quoi. Il faisait trop.. Propre sur soi. Non mais sérieusement ! Elle avait déjà fait une description de ce gars, il y a un bail, pas envie de recommencer. Ce petit héros de shônen était en transe, c'était un spectacle à lui tout seul ! Des gestes, de la sueur, le regard profond et perdu.. Bis était morte de rire. C'était tellement surfait ! Mais bon, tous les chanteurs sont pareils: tout doit être théâtral.

Quelques minutes plus tard, le concert s'achevait.
Le rideau venait de se baisser, et tout le monde se mit à applaudir avec ferveur.
Applaudir ? Pour.. euh, les féliciter de leur prestation ? Pour quoi faire ? C'était pas comme si ils allaient en sortir grandi. L'étrangère, peu convaincue par cette manière de remercier les musiciens, préféra tourner les talons. Elle traversa la foule, puis balaya du regard les environs. Toujours autant de monde ici.. Elle remarqua cependant qu'à certains endroits, des attroupements étaient quelque peu agités. Que se passait-il ? L'intruse capta quelques bribes de conversation affolée, comme quoi des "classicos" désiraient réinstaurer la musique classique, la remettre au goût du jour. La musique classique ? Des sons sans paroles ? Boh, pour faire des musiques de fond, pourquoi pas. En revanche, le fait que des notes percent des stands et tout, ça c'était bizarre.
Quelques instants plus tard, elle crut ressentir un léger tremblement au niveau du sol. Oh ? Y'avait un éléphant ou quoi là ? Non pas que ça l'intéressait, mais vu que l'on se faisait chier par ici, si y'avait un truc marrant à faire, elle acceptait volontiers ! En tentant de s'extirper de la foule, elle crut reconnaître un visage familier qui se frayait lui aussi, un passage. Cette tignasse blonde, ces lunettes de hippie.. Ed Free. Ce salopard d'Ed Free. Oh putain, mais c'est qu'il était là aussi ce petit con ! C'était par lui que tout avait commencé, par lui que Lithium avait commencé à repenser à ses actes, à ses méfaits, et ensuite, devenir cette chose fragmentée. C'était donc en partie à cause de lui, qu'elle était née. C'était ce qu'elle croyait. Etait-ce la vérité ? Personne ne le savait, et ne pouvait le savoir.

Bien décidée à le suivre, sans aucune raison, elle le prit en filature.
Si son envie fracassante de lui péter la gueule, la conduisait à le suivre, pas sûr qu'elle parvienne jusqu'à lui pour lui exploser le nez. Surtout qu'elle était parfaitement consciente que son niveau était supérieur au sien. Mais bon, un bon coup de pied "pas fait exprès", ça peut toujours faire plaisir, non ?

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Messages : 321 Date d'inscription : 16/01/2011

A Little Night Music

Les banderoles battaient le vent à travers tout le festival. Elles apparaissaient de nulle part et se répandaient rapidement, se déployant sur toute leur longueur. N'ayant pas réellement d'attaches, elles se mouvaient au gré du vent et des mouvements de foule. Ces morceaux de tissus libres de toutes entraves délivraient des messages faisant l'apologie de la musique classique.
Les membres chargés de la sécurité et de la propreté tentaient tant bien que mal d'ôter ces saletés sapant l'ambiance de l'Oniric Tour. Toutefois, il en surgissait toujours de nouvelles, rendant par conséquent leurs tentatives vaines.

Le gamin à la flûte s'enchantait de contribuer ainsi au projet du groupe. Perturber le bon déroulement d'un festival aussi insipide et décadent le réjouissait au plus haut point et il en riait de bon cœur. Sautillant allègrement parmi les participants, il se déplaçait avec agilité. Sa taille de petit garçon l'aidait à entreprendre des fuites discrètes et à passer inaperçu, bien qu'un puissant désir d'être reconnu brûlait en lui.
Son intervention à un stand avait attiré l'attention, ce qui constituait la première étape du plan. Il avait exulté d'avoir eu son public. Cependant, le manque de réactions l'avait affecté, augmentant son envie de sublimer cette assemblée. C'est pourquoi il luttait intérieurement entre son désir de reconnaissance et l'importance de sa mission. Mission qui se terminerait en apothéose, lui assurant toute l'admiration qu'il méritait.

Du bout de ses doigts, il créa une nouvelle banderole et la laissa pendre entre deux stands pour se soustraire immédiatement aux membres de la sécurité qui commençaient à être sur les dents. Il sourit malicieusement et fit apparaître des liens pour entraver leur avancé, provoquant ainsi une chute sonore. Son rire d'enfant parvint aux oreilles des malheureux qui ne supportaient plus les moqueries de ce gamin.

La poursuite continuait. Le voyageur musicien éparpillait des banderoles partout, la sécurité s'en mêlait, le voyageur disparaissait, la sécurité s’emmêlait dans les pièges tendus, le rire pointait et le voyageur les narguait d'un air enjoué de air flûte.
Au cours de leur poursuite, les membres chargés du bon déroulement du festival rencontraient des scènes aux enceintes saturées par des perturbations sonores, des groupes de spectateurs déprimés mais aussi des traces d'impacts au sol et sur certains stands.

La tranquillité de l'Oniric Tour semblait compromise et les multiples actions de ce groupe de classicos ne cessaient de s'accroître, tout en demeurant ponctuelles.

Après sa reprise de Saez, une musique plutôt calme et posée mais disant pas mal de choses intéressantes: comme la stupidité féminine ou du moins le coté maso qu'elles semblent toutes posséder. S'en suivit quelques petits soucis, une musique classique qui venait de plus loin, une onde d'énergie déprimante qui se répandait dans l'air. Encore ces types fanatiques de la musique classique donc? Le mec de la sécurité expliqua qu'il allait jeter un oeil et disait aux deux artistes en herbe de continuer le concert. Bryan lança un regard au public, il avait repéré une petite blonde aux longues oreilles: surement une créature de ce monde qui, n'avait rien trouvé de mieux à faire que se plaindre et pousser des injures. Quoi? Sa chanson ne lui avait pas plut? Et bien qu'elle se casse alors, personne ne lui demandait de rester. L'organisateur expliqua aux deux chanteurs aux noms asiatiques, c'était surement à la mode, de terminer le concert. Ainsi Riku proposa une musique, que le claustro ne connaissait même pas de nom. Par chance, on lui refila une partition, ok il ne savait pas lire, mais lire une tablature: il savait faire.

Le début de la musique était pas mal, un coté bien mouvementé, de bons accords mais... Pour une raison qu'il ignorait, ce n'était pas son genre, un truc dans cette chanson ne lui plaisait pas. La voix du chanteur? Le coté boys band qu'il sentait émaner? Il haussa les épaules et continua de jouer. Notre chanteur était à fond, il se donnait corps et âme pour le final, un peu trop même pensa le gitan. Enfin chacun sa façon de... S'exprimer? Le morceau se termina, Riku remercia la foule et félicita Bryan pour son talent à la basse. Le blond lui fit un sourire et un hochement de tête pour le remercier. Il traversa le rideau sous les applaudissements de la foule et sauta dans le public. Tombant non loin de la blonde qui avait déjà fait demi-tour. Il la suivit tranquillement, elle semblait avoir entendu ou vu quelque chose, restait à savoir quoi...

Petite musique d'ambiance

Ils arrivèrent sur une allée, là Bryan vit un gamin qui courait, lançant des banderoles étranges ici et là, se faisant poursuivre par des agents de sécurité. Et ben, c'était finalement le bordel dans cette fête. Il hésita: courir après le gosse? Arrêter la sécurité? Oui, aidé un gamin était mieux pensa-t-il. D'un mouvement de la main, il fit sortir un pilier du sol et bloqua une partie du chemin: ralentissant ainsi les agents. Bryan s'était camouflé dans un coin: inutile de s’attirer des problèmes. Avait-il bien agit? Probablement... Mais pourquoi un gosse, apparemment un Voyageur, était-il poursuivit? Quelle connerie ce mioche avait-il fait? Il se dirigea vers cette blonde: peut-être aurait-elle des informations à lui donner ou pourrait-il se taper la discussion avec même si elle semblait avoir mauvais caractère.

"Lut. A part qu'ma chanson était pourrie, vu ta réaction. Tu as un truc à raconter? Semblerait qu'il y ait du bordel dans le coin... Tu sais c'qu'il se passe?"

Des types hurlèrent, le gitan se retourna et vit les agents de sécurité jeter un regard vers lui. Apparemment, ils avaient comprit que le mur sortit de nul part était de lui. Et merde... Les ennuis se pointaient déjà: foutre le camps et vite! Il fit signe à la blonde, comme pour lui dire au revoir. Un autre mur surgit du sol pour bloquer les poursuivants et Bryan disparut en sautant dans un stand de sandwichs. Il attrapa un hot dog dans la foulée, histoire de grignoter un truc pendant sa course. Il devait se trouver un coin tranquille et attendre que l'orage passe... Pourquoi fallait-il toujours qu'il s'attire autant d'emmerdes? Trouver le gosse, savoir pourquoi on lui en voulait, voir de quel coté se ranger afin d'aider et grâce à ça: éviter d'avoir encore plus de soucis. C'était donc le plan, restait à mettre la main sur le flutiste.

Je n’étais pas intimidant, mais courir au milieu de la foule, cherchant le meilleur chemin entre les gens, et ne pas hésiter à bousculer quelques personnes en lâchant un désolé ou un merci à chaque contact, aidait tout de même la nasse de gens à comprendre que j’étais pressé et que se mettre devant mon chemin serait d’une grande impolitesse ; presque aussi grande que ma main qui les envoyait en arrière.

« Désolé, merci, désolé. Désolé encore, merci. »

La vérité est que je voyais à peine mon poursuivant, et que seuls les mouvements de la foule à vingt mètres devant moi et les sillons qu’il avait laissés me permettaient de deviner où est-ce qu’il avait couru. Je rageai de ne pas pouvoir courir à la vitesse que je voulais dans ce fatras ignoble de corps totalement imprévisibles : si j’allais à fond, j’allais faire des blessés, dont peut-être moi. Après un virage serré, je fis un trois cent soixante degrés pour éviter un passant qui surgit juste à ma droite. Et un grand groupe de gens qui traînaient au centre ne semblait pas m’avoir vu. Sans chercher à les esquiver en passant sur le côté, je sautai par-dessus eux d’un bond démesuré. Evitant des fanions multicolores au dernier moment, je ré atterris durement sur le sol de l’Oniric Tour. Je repris immédiatement ma course, même si je ne voyais plus où était passé le « terroriste musical ». J’estimais selon la foule, un peu plus disparate de ce côté, qu’il y avait des chances qu’il était resté tout droit, malgré les croisements.

Dans mon micro, des voix se déchaînaient de toutes parts : d’un côté, des stands saccagés, des gens terriblement déçus, abattus, comme s’ils n’étaient pas à l’Oniric Tour mais dans un cabinet de notaire après le décès d’un de leur proche, et enfin encore, près de ma position, quelqu’un qui créait des banderoles, gênant toute la circulation et les autres vigiles du festival. Mes yeux roulèrent dans leur orbite de désespoir : tu parlais d’une sacrée journée. Au débriefing, je sentais la grondante qui allait nous rentrer dans le cul. J’entendis des gens qui se plaignaient encore d’un mur qui venait d’apparaître devant eux. Il y avait des grandes chances que ce fut l’autre Claustrophobe, qui avait déjà foutu le tapage tout à l’heure. Putain, quel connard de merde. Si j’avais pas peur de me faire défoncer par mon Seigneur Cauchemar, j’irais lui expliquer ma façon de penser, à lui et son boxon de merde. Mais deux engueulades venant d’un supérieur chacun, c’était pas le bienvenu. J’allais juste me concentrer sur celui qui avait légèrement saccagé le stand dont j’avais la charge : je laissais le gars aux banderoles à quelqu’un d’autre.

J’informai de ma décision mes supérieurs, avant de continuer à toute vitesse tout droit. Je cherchais avec mes lunettes de soleil tout individu suspect dans la foule, mais la multiplicité du monde, des mouvements, des chants qui déconcentraient, m’empêchaient tout bonnement de distinguer quoique ce soit. Je continuais à courir tout droit en priant le ciel qu’il n’était pas parti dans une autre direction. Et puis foutre, c’était parti, j’allais pas sprinter tout droit jusqu’à débarquer hors du festival. Mes yeux s’emplirent d’encre : une paire de portails apparut. La première porte se trouva juste devant moi et m’intercepta pendant ma course. La seconde était aussi haute que je le pouvais, soit cinquante mètres dans les airs. J’étais maintenant bien au-dessus de tout le monde, assez haut pour avoir dans mon champ de vision une modeste partie du festival. Je balayai mon regard devant moi pour retrouver la trace de ce joueur de musique classique qui avait décidé de gâcher la fête. Pas besoin d’être Sherlock pour comprendre qu’on avait des condescendants merdeux qui venaient emmerder tout le mon… Oh, là, il venait de tourner, l’enflure !

Je commençais à chuter vraiment vite maintenant. Emporté par l’élan de ma course, en plein dans les airs, je virai vers un des stands. L’atterrissage fut rude, extrêmement rude, car percuté des projecteurs et le parquet en bousillant la musique qui était en train de jouer, je le faisais pas tous les jours. Je me relevai devant une petite foule (avec un filet de sang qui sortait de mon front et coulait jusqu’à mon menton) et devant le groupe de heavy metal satanistes qui se demandait ce que foutait un gars de la sécurité au milieu du stand et venant des airs. Le chanteur barbouillé entièrement de noir et de blanc prit son micro et fit d’une voix stridente :

« Attiré par notre chant, un démon de Lucifer vient nous rendre visite ! YEEEAAAAAAAAAHHHHHH !!!
_ YYYYYEEEEEEEEEEEEEEEEEAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHH !!! » reprit en chœur le public en se déchaînant. Je leur laissais un :
« Fermez vos gueules », que personne n’avait dû entendre, avant de reprendre ma course, tandis que la musique reprenait de plus belle. J’allais bientôt l’avoir, ce type.

Musique du post

Bon. Ils avaient perdu de vue leur garde du corps qui avait filé en quelques instants à travers la foule avant de s’éloigner d’un bond relativement impressionnant, les laissant derrière, en plein milieu de l’amas de groupies et de fanas de musique en tout genre. Si l’ambiance du festival en elle-même et tous ces styles de musiques réunis plaisaient beaucoup au jeune homme et à sa petite amie, il pestait tout de même intérieurement contre la foule pour l’avoir empêché d’avoir un peu d’action pour la nuit. Pour le coup, une nuit sans baston à Dreamland était vraiment chiante en fait… Mais comme Hikari était toute joyeuse et profitait allègrement de tous les stands devant lesquels ils passaient, il se résigna et reprit son sourire naturel, se concentrant sur leur petite balade. Ils passèrent devant tout ce qui était imaginable en terme musical : il y avait des minis discothèques où une masse de visiteurs dansait au rythme des mix de DJs amateurs qui se succédaient en une sorte de duel où chacun rivalisait pour mettre plus d’ambiance que les autres, et improvisait des numéros incroyables comme celui qui en plein milieu d’une chanson déchaîna ses pouvoirs et fit apparaître une myriade d’étoiles de lumière qu’il fit tourner dans la salle en même temps qu’il mixait, provoquant une sorte de transe qui contraignait quiconque se trouvait au milieu à danser. Plus loin, on pouvait trouver des stands classiques des fêtes foraines avec des lots musicaux à gagner, et Riku ne put s’empêcher de pouffer de rire en voyant un CD à leur effigie, se demandant bien à quel moment ils avaient pu l’enregistrer. Il s’y essaya, sur un stand de chamboule-tout, et imita la pose d’un quaterback de football américain avant de jeter la balle avec une telle force qu’elle éclata non seulement le tas de boîtes visé, mais également celui d’à côté en rebondissant, et la tête d’un gamin qui regardait le jeu avec envie tandis que ses parents étaient plutôt concentrés sur le concert à côté. Un peu dépitée, la propriétaire le laissa choisir le lot qu’il voulait, et son choix se porta sur ~~un t-shirt one direction~~ un CD qui reprenait les chansons phares de pas mal de groupes du festival. Il ne savait pas trop quand il aurait l’occasion de l’écouter mais le simple fait d’avoir gagné suffisait à le remplir de satisfaction et à combler son esprit simplet.

Le temps passait et le festival ne désemplissait pas ; plus ils avançaient et plus ils avaient l’impression de voir de plus en plus de monde. Il devenait réellement difficile d’avancer dans les allées bondées entre les différents stands, et la cacophonie des bavardages incessants prenait même le pas sur la musique. Pris d’atroces maux de tête avec tout ce bruit, Riku proposa alors à sa petite amie de rejoindre une scène, histoire d’entendre un peu plus le son que les conversations. Elle accepta, le suivant vers la plus proche d’où l’on pouvait entendre jouer des créatures des rêves qui proposaient d’écouter les chansons de leur nouvel album, produit en indépendant. Ce festival semblait être un véritable marchepied pour bon nombre de musiciens de tous horizons. Le jeune homme repensa alors au producteur qui les avait abordé à la sortie de la scène, leur proposant un contrat, anticipant concerts et autres albums pour leur carrière. La célébrité avait du bon, certes, mais elle avait tout de même ses inconvénients, et ils ne manquèrent pas de le remarquer lorsqu’une partie des spectateurs se retournèrent en remarquant la présence du couple de voyageurs parmi les plus connus de la sphère musicale dreamlandienne, provoquant aussitôt une émeute de cris hystériques et de propositions de mariage et autres bizarreries en tout genre qui forcèrent le necromancer à faire demi-tour en prenant la main d’Hikari pour l’entraîner avec lui, courant à toutes jambes pour ne pas subir le poids d’une foule en délire lancée à pleine vitesse, imaginant déjà en serrant les dents le nombre de gens écrasés parce que devant les autres…. Heureusement, la sécurité intervint et rappela rapidement les fauteurs de trouble à l’ordre, leur demandant de conserver leur calme et d’attendre une séance d’autographe officielle pour venir voir les deux voyageurs. Soufflant un peu, Riku crut avoir enfin semé tous les ennuis potentiels de ce festival, lorsqu’une voix horriblement familière résonna derrière eux :

« - Hiiiiiii J’y crois pas c’est trop IN-CROY-ABLE ! Diiiingue !!! Hikari, Riku,c’est moiii Lianaaa votre plus grande fan !! Vous me reconnaissez heiiiiiin ??

– Que fait-on Greg ? demanda un des vigiles.

- Rien du tout, c’est la fille de la patronne crétin ! »

Et oui. Tout aussi collante, à un point proche du harcèlement et folle, Liana était la fille de Nezumi, seigneur de Discoland, et donc intouchable. Riku poussa un long soupir… Il n’y avait aucun moyen de lui échapper. Déjà la dernière fois qu’ils s’étaient croisés, le couple avait pensé réussir à la larguer plusieurs fois, mais cette dernière avait toujours trouvé le moyen de les retrouver. Et ils n’avaient appris qu’à la fin de la nuit que la demoiselle était la « princesse » des lieux. En clair, les vigiles s’écartaient pour la laisser passer. Et il y avait mieux pour échapper à un fan aussi insistant.

« – Salut Liana. Comme tu peux voir, le concert d’aujourd’hui est terminé, on se baladait un peu là… Si tu veux on t’en fera un petit privé plus tard, d’accord ?

– Hmmm… Et si je vous suivais plutôt ? J’ai envie de voir à quoi ressemble votre vie de tous les jours, ça doit être géniaaaaaal !!! »

Il ne répondit pas. Décidément, cette fille avait le don de le blaser. Hikari parut adopter la même position et se résigna à la proposition de Liana. Il y avait tout de même un avantage à sa présence même s’il fallait supporter ses commentaires incessants sur tout ce qu’elle savait de leur « petite vie d’amoureux voyageurs », et ses idées pour des chansons originales. Le necromancer préféra éviter de mentionner le fait qu’un producteur les avait abordés : elle aurait été capable de faire retourner tout le festival pour le retrouver et organiser leur carrière à sa manière ; il se retrouverait alors à parler pendant des heures de leur avenir en tant que chanteurs et de tout ce qu’ils pourraient organiser pour progresser encore plus jusqu’à devenir les numéros un en la matière : une idée qui ne déplaisait pas forcément au jeune homme. Par contre, le fait d’avoir pour manager la plus hystérique de leurs fans était un véritable cauchemar… Enfin, il se reconcentra sur leur promenade, qui n’avait plus grand-chose d’intime d’ailleurs, et remarqua une sorte de ring, d’où un présentateur annonçait des battles de rap opposant des volontaires. N’étant pas très bon à ce niveau-là, le jeune homme s’abstint de se présenter, mais il assista tout de même avec sa petite amie à la battle qui opposait Matthieu Furt l’un des arbitres du tournoi auquel avait participé l’invocateur, et un certain Lucien Sandman. Le niveau était élevé, et il était difficile d’avoir un favori, mais il décida de se plier au choix de la jeune femme et soutint Lucien avec elle au moment du vote pour décider du gagnant. Leur favori l’emporta, et c’est donc satisfaits qu’ils reprirent leur marche vers la place centrale du festival, où se tenaient les scènes les plus grandes, et surtout la grande scène où aurait lieu le concert du soir, et qui laisait déjà entrevoir une file d’attente énormissime. Heureux de ne pas avoir à subir cette terrible épreuve, Riku entendit soudainement un curieux grésillement. Un grésillement qui venait de prendre la place de la musique métal diffusée par les hauts parleurs proches - et de la voix du chanteur qui annonçait la présence soudaine d’un démon sur la scène – et surtout, le sol à ses pieds se mit à trembler légèrement…. Que se passait-il ?

Il eut rapidement la réponse lorsqu’il apperçut un homme qui devait bien mesurer le double du type le plus grand dans la foule ; le regard austère, de longs cheveux noirs, il était couvert presque entièrement d’une grande cape dans les mêmes teintes, ce qui lui donnait l’air de tout sauf d’être un gentil. Tranquillement installé à côté de son orgue de barbarie dont il faisait tourner la manivelle, il s’arrêta en voyant que Riku avait remarqué sa présence. Un des fous de la musique classique !! Sans même prendre le temps de prévenir Liana, le necromancer hurla dans la direction du terroriste musical tout en le prenant en chasse :

« Reviens là toi !! »