Même si Mike a redonné un second souffle à l'équipe, nous sommes quand même en difficulté, à seulement vingt yards de notre zone d'en-but... Si nous réussissons à bloquer leur dernière tentative ils n'auront qu'à effectuer un kick leur permettant de marquer un field-goal et ainsi trois points en plus. Dans une telle situation ils vont soit tenter une passe longue qui, si elle est réussite, les amènera à dix yards voir moins du touchdown, soit une course qui leur permettra d'avancer encore un peu avant de marquer le point. Seulement une course ne les amènera pas bien loin et ils seront obligés de tirer après, ce qui serait frustrant parce que nous ré-imposerions ainsi notre jeu à une équipe qui domine depuis le début. Il reste aussi la possibilité qu'ils tentent leur quatrième tentative vers le first down mais ils ne la feront qu'après une course réussite qui leur aura fait gagner au minimum cinq yards. En simplifié, s'ils tentent une passe, elle sera à coup sur longue. Si nous bloquons cette passe ils ne marqueront que trois points, sinon c'est le touchdown quasiment assuré. Si ils tentent une course et que celle-ci les amène à cinq yards du first down ils ont des chances de retenter la même chose. En cas d'échec c'est aussi le tir au pieds. Sauf qu'ils ont plus de chances de tenter une course car après deux passes ratée, une troisième révèlerait une obstination irréfléchie de leur quarter-back.

Je pourrais utiliser mes cartes en défense pour faire échouer la plupart des tentatives de passes en lançant tout simplement une carte dans le ballon pour le faire dévier mais je me refuse à utiliser ce genre de technique. Nous imposerions ainsi un jeu entièrement basé sur la course à l'équipe adverse et le jeu n'aurait plus aucune saveur...

Comme pour les réceptions de kick-off j'installe un jeu sur deux lignes. Devant, la ligne habituel plus Mike et Simon situés entre la ligne et la ligne de touche, un peu plus proches du quintet défensif. Leur vitesse leur permettant de revenir plus facilement au centre ou alors de repartir sur les extérieurs pour bloquer un receveur ou un running-back placé loin de son quarter-back pour une course sur l'extérieur. Derrière la ligne, Mamie et moi, là pour bloquer une percée par le centre, j'aurai pu placer Mamie devant mais j'ai besoin d'elle pour bloquer la dangereuse Sillena. Et derrière nous à la fois là pour nous prêter main forte ou pour bloquer une passe, Oook, Ed et Rice. Le seul point faible de cette stratégie et qui est souvent le même est la tigresse qui sert de quarter-back à l'équipe adverse, si elle tente une percée par le centre et qu'elle se retrouve face à nous, la seule qui pourra la bloquer sera Mamie gâteau... C'est bien la peine de mettre autant de joueurs derrière si un seul d'entre eux peut se rendre utile face à une percée.

L'équipe adverse est elle aussi en position. A sa gauche se trouve Némos, à droite E-bot et juste derrière Tout-Feu-Tout-Flamme. Le nouveau voyageur est sur le côté de la ligne. Il n'a pas l'air fait pour le poste de receveur, vu son physique je le classerai plutôt dans le groupe des Tight-end ou Running-back. Enfin, de chaque côté de la ligne sont répartis tout les joueurs disponibles pour une formation shot-gun. Elle veut ainsi nous faire croire qu'elle fera une percée pour faire une passe ou alors l'inverse. Et pour l'instant il est impossible de définir ce qu'elle compte réellement faire ou pas. Je me met dos à l'équipe adverse et par des petits gestes leur indique de s'écarter du centre par des petits gestes. Le premier HUT retentit immédiatement suivi d'un SET et d'une balle qui s'envole, ils ne veulent pas nous laisser le temps de réfléchir à comment nous positionner. Tout leurs receveurs s'élancent et effectuent des séries de parcours sans discontinuité. Les joueurs derrière moi ont légèrement reculés et ce sont espacés pour réagir en cas d'envol de la balle. Géode enfonce d'un coup notre ligne et je vois Salem passer au-dessus de moi avec un air ébahi sans qu'il comprenne ce qui lui arrive. Je pars en avant et me retrouve de suite face au morpheur de feu. Il est devant les trois running-back et il tends les bras de chaque côté, les étendant en un mur de flammes, seul son corps au centre a gardé sa solidité. D'ici je jette un regard à Sillena qui semble concentrée surles défenseurs et pas sur un receveur en particulier. Elle n'a donc peut-être pas l'intention de faire une passe... J'attends le dernier instant pour saisir le col du joueur de feu puis je me retourne d'un coup, dos à mes adversaires et fléchis sur mes jambes avant de me redresser et l'envoyer ainsi au tapis. Je fais demi-tour avec un simple Tai-sabaki et plonge sur la porteuse de balle, ou plus précisément sur E-bot qui est un peu en retrait, les bras ramenés à la poitrine. Sillena se dresse devant moi mais cet instant inattention envers Mamie l'envoie au sol. Je réussis à choper le cou du robot au moment où Nemos m'attaque sur le flanc, il me plaque avec violence mais je réussis à ne pas lâcher ma proie. Un crac retentit et je ne comprends que quand le joueur adverse me lâche. Je lève ma main et me retrouve face à la tête d'E-bot, détachée de son corps. Je regarde le corps du robot qui est toujours debout, dans ses mains se trouve la balle, tout le monde est immobile, les yeux rivés sur la carcasse du robot. Un éclair jaillit soudain et le tout s'effondre. Quelque chose roule sur le terrain, la balle.

Tentative ratée de First Down pour l'équipe adverse! Leur percée par le centre se solde par une progression d'à peine un yard. Il ne leur reste plus qu'une tentative pour neuf yards à parcourir! Je crie de joie et tout l'équipe en fait autant.

Je me redresse et crache à côté de moi, c'est la première fois que j'assiste à l'utilisation par Ed de son pouvoir et je dois avouer que c'est... Imprévisible. Il a réagit vite et bien, pile au bon moment pour nous éviter de nous enfiler une seconde série d'actions offensives adverses. Ce pouvoir peut se révéler vraiment utile s'il est manié à bon escient ce dont je ne doute pas que Ed en est capable. Bon maintenant il s'agit de plancher sur une stratégie pour l'attaque. Impossible de percer par le centre ça c'est clair Géode bloquerait toute tentative, reste la passe ou la course par l’extérieur... Bon on va tenter une feinte de course de Mike, comme il vient juste d'arriver ça devrait passer. Ils vont s'imaginer qu'on va exploiter notre joueur le plus frais et je vais faire une course sur la droite suivie d'une passe au besoin. L'équipe se positionne, la ligne est en parabole avec Salem tout devant, les autres joueurs sont rassemblés à sa droite et à sa gauche. Vu de haut cette formation peu ressemblé à un triangle sans l'un des côtés. Juste derrière les linemen, moi et Mike, lui positionné un peu en retrait par rapport à moi. Il va partir avec la balle en main et je vais le suivre de près, comme pour le protéger. Les autres joueurs complétant la défense. Dès que ça deviendra nécessaire il se retournera pour me passer la balle avant de me libérer le passage. Je pousse le fameux : HUT ! Et sans que je comprenne tout de suite la formation adverse change, mettant en avant un joueur pas très grand, du moins par rapport à certains de ses partenaires qui feraient frémir de jalousie les plus grands immeubles de New York. Il n'a rien d'extraordinaire mais je suppose que c'est l'un de ses fameux voyageur dont à parler Gémeaux tout à l'heure. Il a dans son regard une once de provocation et de suffisance qui a le don de me mettre en rogne contre lui rien que pour ça. Je pousse les trois SET prédéfinis et la balle fuse entre mes mains, suivie de l'éternel choc des titans. Sans attendre je passe la balle à notre nouveau running-back qui s'élance sur la gauche, je cours derrière lui mais il va plus vite que moi. Il est escorté de Mamie à sa droite, là pour bloquer Silenna, de Oook ainsi que de Nick (Simon prenant sa place dans la ligne pour cette action). Je suis légèrement en retrait par rapport à eux pour pouvoir changer de direction si le groupe est bloqué.

Ce qui ne tarde d'ailleurs pas car Mamie s'engage dans un tête à tête avec un joueur adverse dans les dix secondes qui suivent le départ du groupe. Je n'ai pas le temps de regarder ailleurs que Mike se retourne pour me lancer la balle. Le nouveau voyageur adverse vient de lui foncer dessus, notre running-back n'a que le temps de lui faire à nouveau face pour l'empêcher de me courir après. Enfin quand on dit qu'il me lance la balle, il la jette plutôt loin de lui, si ce joueur a de bonnes jambes il a cependant un très mauvais toucher de balle. Je suis obligé de plonger en avant pour la prendre et il s'en faut de peu pour que l'un de mes genoux ne touche pas le sol. Je réussis cependant à repartir et je contourne le groupe par la gauche, Oook me sert de bouclier pendant un bref instant qui me suffit à passer Némos et Serpentard. Motivé par cette action qui semble bien partie j'accélère encore, Deux mains viennent soudain m'aggriper dans le dos et je suis projeté au sol sans vraiment comprendre. Je croyais pourtant avoir pris suffisamment d'avance sur les défenseurs qui étaient derrière moi...

Je tourne la tête et me rends compte que mon mystérieux plaqueur n'est autre que le voyageur adverse, sauf que je le croyais en prise avec Mike. Penchant la tête pour mieux comprendre j'aperçois le joueur en question toujours en prise avec un double de celui qui m'a plaqué. Ce mec est donc capable de se dédoubler. Il me sourit à pleine dents puis retourne vers son double et se glisse à l'intérieur, ne formant plus qu'un avec lui. Ils sont maintenant capable de faire rentrer un douzième joueur quand bon leur semble. C'est mauvais ça. Le seul point positif est qu'il n'a pas l'air de pouvoir le faire apparaître loin de lui. Le double semble sortir de lui, il ne se matérialise pas à distance. Le sifflet de l'arbitre retentit enfin, gain de trois yards. Pas trop mal pour une tentative faisant entrer en ligne de compte de nouveaux facteurs...

Je me redresse, époussette légèrement ma tenue et lève la tête, en face de moi Silenna rayonne de bonheur à l'idée de nous mettre encore plus la pression. Je lui rends son sourire et lui fait comprendre que la prochaine fois nous allons lui mettre bien plus que trois yards dans la vue. On va tenter le tout pour le tout, une course par le centre entre Ed et moi !

« Une course par le centre ?! Et puis quoi encore, chanter YMCA en combi moulante pour hypnotiser les joueurs adverses ?! »

J’avais la réaction légère et acariâtre mais la surprise était une excuse que je pouvais sortir. Après avoir compris que leur second Voyageur pouvait se dédoubler (en combien de joueurs ? Je n’en avais aucune idée. C’était certainement un Agoraphobe et si c’était le cas, j’allais le pulvériser pour le bien de ma propre patrie), nous étions encore plus enfoncés par les pronostics. On avait gagné trois yards pour une course ; c’était pas mal mais pas de quoi crier de joie et sauter au plafond. C’était honorable dirons-nous, même si on parlait de la paire de Nayki et Mike. Tout ce qu’on avait compris, c’était que passer par le centre, on ne le faisait qu’après une tactique mûrement réfléchie quand on était en défense. Il y avait des limites à l’effet de surprise qu’on voulait infliger à l’adversaire. Géode serait très surpris, le temps d’une seconde, avant de nous aplatir comme des crêpes en rigolant. J’avais bien dit que je ne me servirais pas de mes portails pour gagner un yard directement. Mais j’allais certainement en avoir besoin pour contrer cette montagne de rocs imperturbable que même nos meilleurs linemen ne parvenaient pas à ébranler. Okay Ed, si le QB l’avait décidé…

Les autres membres de l’équipe me regardaient comme si je partais à l’échafaud. Ils n’attendaient pas grand-chose de moi. J’étais un remplaçant normal, et je devais affronter ce truc qui devait faire passer tous les linemen de Dreamland pour des danseuses ballerines. Je serrai la boucle de mon casque, conscient des regards qu’on me jetait. Arrêtez de me fixer comme ça, les autres allaient deviner que vous misiez tout sur moi ! Je crachai sur l’herbe, les mains nerveuses. Le QB me faisait confiance alors que nous n’étions que deux inconnus. Deux Voyageurs face à cette montagne démesurée ; et j’étais en première ligne. Je lui jetai un coup d’œil ; le soleil lui grandissait son ombre cent fois, englobant un dixième du stade sous l’obscurité de sa menaçante grandeur. Bon, c’était décidé, il fallait que je le pine. Nayki voulait que je fasse quelque chose, il ne savait pas quoi mais il devait se dire que j’étais la seule inconnue du groupe, et que puisque personne ne pouvait battre ce golem, j’étais le seul qui ‘pouvait’ peut-être avoir des compétences pour l’écraser. Ou tout du moins, pour le passer. Je ne pouvais pas le passer via mes portails mais je ne pouvais pas l’esquiver aussi simplement. Il fallait que je défende Nayki, on se foutait de ma progression. Mais j’avais pas envie de finir en charpie comme les autres. Je fis craquer ma nuque. J’allais défoncer de la pierre, et ça me faisait bien chier.

Nayki se mit en position, comme tout le monde. Notre formation fut plus espacée que d’habitude, histoire de leur faire craindre nos extérieurs et potentiellement les amener à penser que nous jouerions dans le couloir qui nous favoriserait le plus. Pour le moment, ils n’avaient aucune idée de la stupidité effrayante de notre plan. Solide mentalement, leur défense ne changea pas d’un pouce. Et bien, il ne restait plus qu’à espérer que le Bon Dieu me vienne en aide. Les huit Sets passèrent en une seconde. Mes jambes se mirent à courir toutes seules tandis que le QB se mit à attraper le ballon et à se placer derrière moi, machinalement. Le monde se mit soudainement au ralenti. Comment je devais procéder ? Je devrais certainement décider d’une solution en quelques instants, dès que je verrais sa manière d’attaquer. Allait-il se mettre à nous aplatir, ou à nous balayer d’un revers de bras titanesque ? Je ne savais pas. Il défonça notre ligne de défense en moins de deux secondes, et nous pénétrâmes dans son champ d’action. J’eus raison sur un point : il fut surpris. Mais ses réflexes de lineman étaient plus efficaces que ses capacités de réflexion habituelles, et il se mit à faire ce pourquoi il était sur la ligne : détruire tous les joueurs de l’équipe adverse qui arriveraient dans sa sphère d’action. Il banda un coup de poing qui de par sa taille, était parfaitement capable de nous écrabouiller Nayki et moi en une frappe. Je me mis à courir plus vite. Une éclipse nous coupa vue au soleil, et je sentis l’air se perforer seul quand la frappe la traversa lourdement d’une puissance colossale. J’entendis un bruit grave de moins d’une seconde tandis que le poing s’abattit sur nous. Je levais mon regard vers ce ciel marron de plusieurs tonnes. Et mes yeux s’emplirent de noir :

Premier Portail : Entre nos vies et ce poing qui fonçait sur nous. Le portail était le plus grand que je pouvais faire. C’était peu, pas assez pour englober l’attaque dans son ensemble mais suffisamment pour que ça soit efficace.
Second Portail : Juste derrière la nuque de Géode, ricanant métaphoriquement.
Effet Provoqué : Le poing disparut en partie dans mon portail, les limites de son poing continuant leur route. Mais la partie centrale de l’attaque percuta avec violence la nuque du Lineman. La surprise ainsi que sa propre force eurent raison de son équilibre. Il tomba en avant dans un gémissement caverneux. Et tandis qu’il s’écroulait avec violence, Nayki et moi passions justement entre ses jambes, loupant de peu l’écrasement total.

Les membres de l’équipe réagirent tous trop tard : ils ne s’étaient pas attendus à ce qu’on franchisse leur combattant invincible et invaincu, une divinité rocheuse qui n’avait jamais rien laissé passer. Mais on l’avait fait, et même Silenna eut un mouvement de retard, absorbée pendant une demi-seconde de la chute de Géode. Nayki passa devant et je le protégeais l’arrière. Silenna était plus dangereuse que les Safeties ; on gagnerait plus de yards à l’empêcher de remonter vers nous plutôt que de chercher à bloquer les Safeties et se faire avoir à l’arrière avant même de les rencontrer. Je réussis à bloquer la joueuse pendant une seconde, le temps de laisser Nayki s’envoler pour se faire plaquer vingt yards plus loin par un des Safety. Une course à vingt-quatre yards. Ça, c’était du point. Une immense clameur sonna dans les gradins, célébrant la première victoire de l’équipe. Toute notre équipe hurla. Hey, c’était moi le héros de ce jeu ! Je me permis de lever mon panneau de signalisation en signe de victoire tandis que Géode se relevait, presque peiné de cette défaite incompréhensible. Silenna nous interpella quand nous regagnions notre terrain :

« Des portails ? Et tu vous ne les utilisez pas pour avancer ?
_ Il est où du jeu l’intérêt sinon ?
_ C’est bizarre », souffla-t-elle dans un murmure, regardant le ciel avec mélancolie ; je sentais pourtant dans sa voix qu’elle s’attendait à ce que je réponde de manière si stéréotypée. Elle se reprit avec une voix douce, langoureuse comme avant, mais néanmoins douce : « Les équipes faibles ne parlent pas de fair-play ; il n’y a que les équipes fortes et hypocrites qui le font. C’est bizarre, c’est tout… »

Je ne savais pas quoi lui répondre. C’était certainement un compliment quelque part mais je ne voulais pas lui répondre. Après le match certainement, quand on lui aura prouvé qu’il n’y avait aucune équipe faible qui jouait sur ce terrain en ce moment.

La deuxième fois que je vois Ed utiliser son pouvoir et c’est encore plus impressionnant, le poing de Géode a disparu au dernier instant et est réapparu dans les airs sans aucun lien avec le corps de son porteur. Cette technique nous a également permis de gagner de nombreux yards mais au prix d’un de nos cinq jokers restant. Il ne nous reste plus que quatre excuses comme on dirait au tarot… Les joueurs viennent se replacer non loin de moi, il nous reste encore beaucoup à parcourir avant d’atteindre le touchdown… si on l’atteint vivants. Un peu plus de la moitié du terrain à vrai dire. Mais nous avons quand même un bel avantage, ou du moins un élément qui a des chances de nous aider, ils ne savent pas que le contrôleur de portail a une limite et ils vont maintenant se méfier de lui comme de la peste. Or c’est ce qui me manquait pour fignoler mon jeu de feintes. Avec Mike et Mamie pour les courses, Ed et ses portails et tous les autres joueurs capables de recevoir des passes ou de jouer par paires on peut malmener l’équipe adverse. La victoire est loin, la victoire est quasiment inatteignable, on ne peut que la voir scintiller au-dessus de nous et chacun a beau tendre les bras pour l’attraper elle reste inaccessible mais en s’aidant les uns les autres et en se soutenant on peut y arriver ! On peut la décrocher et l’arracher aux favoris !

Pour les embrouiller on va jouer les feintes et les diversions. Je peux créer trois balles, pas une de plus, mais les créer me fatigue et je vais devenir inutile pour mes partenaires. A moins que…
Les joueurs se mettent en position, chacun à une place bien précise. Les receveurs sont prêts à partir, n’attendant que mon signal, comme un sprinter prêt à partir dès que retentira le signal de départ. Je me mets en place, les jambes fléchies prêt à recevoir la balle. Je pousse les premiers SET et attends une seconde le temps de jeter un regard à gauche et à droite et d’être sûr que les receveurs sont prêts. Juste derrière moi j’entends presque Simon trembler d’excitation, je pousse le dernier SET et la balle fuse. Sans perdre de temps je me décale sur le côté, une balle en main. Deux défenseurs me foncent dessus, bras tendus. Je laisse échapper un léger « Fuck » et lance la balle. Ils arrêtent net leur course pour observer où le projectile va tomber. Malheureusement Gabi décolle et s’empare de la balle, il se rend cependant vite compte de la supercherie, la balle entre ses mains n’est qu’une copie juste assez conforme pour berner ceux qui ne la voit pas nettement. Il hurle à ses coéquipiers de me plaquer mais j’ai déjà eu le temps de progresser de plusieurs yards entre temps, une autre balle en main. Les joueurs se mettent à me courser et plusieurs autres foncent dans ma direction. Lorsque je commence vraiment à me faire encercler je lance latéralement la balle à Nick qui court avant de la passer à son tour, grappillant quelques yards. Toute l’équipe avance ainsi seulement la joie n’est que de courte durée car la chaîne est brisée par Silenna qui intercepte sans mal la balle, du moins une des fausses balles. De son côté Mamie Gateau s’élance les bras refermés autour de la poitrine et l’équipe adverse fond sur elle comme un seul homme. Elle évite le premier défenseur sans aucune difficulté, effectue une vrille au dernier instant pour esquiver Némos et à juste le temps de se faufiler entre les jambes de Tout feu Tout flamme. Seulement elle se fait heurter de plein fouet par Gabi qui la propulse au loin en sifflant de colère. Lorsqu’elle tombe nous courrons tous dans la direction du placage pour voir l’évolution du jeu...

Du moins c’est ce que nous laissons croire car lorsque l’équipe adverse se rend compte qu’elle est en fait en possession de ma dernière copie possible, Simon entouré de différents joueurs de l’équipe dont Ed et Rice courent en avant et passe quelques défenseurs restant. Je cours derrière eux pour éviter un quelconque retournement de situation avec un joueur hors norme capable de nous faire perdre le peu de terrain gagné. Heureusement Gabi reste sur ses deux échecs successifs et semble incapable de se remettre à courir. Seulement ce n’est pas le cas de toute l’équipe car Silenna court vers Géode qui lui tend la main. Elle saute dans celle-ci d’un mouvement expert et le monstre de pierre la lance au loin en pivotant sur son pied d’appuis. Le quarter-back s’envole en une trajectoire parfaite digne des plus belles passes puis se pose deux mètres devant le pauvre porteur de balle. Elle fait demi-tour avec une facilité déconcertante et tend les bras vers Simon. Les joueurs qui l’entourent n’ont pas le temps de venir lui porter secours que le terrible placage de la succube le cloue au sol. Le duo rebondit contre le sol à cause de l’impact mais Simon réussit tant bien que mal à conserver la balle. Finalement c’est avec un beau gain de neuf yards que nous finissons cette action sous les cris d’d’effrois, de colère ou d’admiration du public. Mamie Gateau se relève et fait un clin d’œil à la foule. Je crois apercevoir un groupe de trois vieux, avec brodés sur leur gros pull à col roulés les lettres M, A, M, I, E, tombés dans les paumes sous le coup de l’émotion.

Balle en main le temps semble s'arrêter un court instant tandis que je bondis par dessus les corps de mon protecteur ainsi que celui avec qui il lutte. Je tourne la tête à droite et aperçois Mike au sol, le morpheur de feu encore sur le dos, celui-ci se relève et pars dans notre direction en se propulsant à l'aide d'une langue de feu. Heureusement il est bien trop loin pour m'atteindre et je peux parcourir une longue distance avant son arrivée. Silenna quant à elle cherche un moyen de se rapprocher de moi plus rapidement que par une course basique. Les autres défenseurs dans mon champ de vision ne peuvent pour l'instant pas me poser problème, les uns parce que la distance nous séparant est trop importante, les autres parce que les derniers joueurs de notre équipe encore debout se battent dans une lutte acharnée pour me protéger. Le duo de Tight-end tente de retenir tant bien que mal une partie de la ligne, ils subissent de nombreux chocs mais tiennent bon en me hurlant « COURS ! ».

Je touche le sol et le temps reprend son court tout comme je reprends ma course, la balle bien calée entre le bras gauche et le thorax je m'élance en bondissant, tentant de franchir les yards le plus rapidement possible afin de marquer les points nécessaire à l'équipe pour marquer un touchdown. J'entends d'ici les secondes défilés sur l'énorme cadran qui affiche le temps et le score. Mes yeux sont rivés sur la ligne d'en-but et j'accélère encore pour l'atteindre ! Je franchis le premier Yard, bientôt suivit du second, notre objectif semble se réaliser peu à peu. Soudain une série de tremblements me déstabilise un instant et je détourne mon regard de mon objectif, Géode fonce vers moi, une rage et une colère comme je n'en ai encore jamais vu sur son visage de pierre. Il défonce sans mal les quelques joueurs qui se dressent sur sa route sans même s'en soucier. Motivé par un tout nouveau facteur je repose mon regard sur le bout du terrain et accélère encore, une goutte de sueur glacée coule le long de mon cou... Je parcours ainsi quatre nouveaux yards, heureusement le monstre de pierre derrière moi n'est pas très rapide et je gagne du terrain. Soudain une ombre passe au-dessus de ma tête et je comprends trop tard pourquoi Géode était à mes trousses. Il savait très bien qu'il ne me rattraperait pas, son seul but était de parvenir à être suffisamment proche de moi pour lancer son unique projectile, mais quel projectile ! Silenna atterrit devant moi et plonge en avant pour me mettre au sol. Je décale légèrement ma course sur la gauche avant de faire un bond vers la droite, passant de peu outre sa défense. Elle fait immédiatement demi-tour et me course. Contrairement au golem, elle a la vitesse nécessaire pour me rattraper et j'entends ses pas se rapprocher peu à peu. En dernier recours je pivote sur mon pied au sol et fais décoller l'autre jambe pour chasser sa garde et peut-être la faire tomber. Seulement elle anticipe et saute avant que le coup arrive, puis elle prend appuis sur mon pieds et se jette sur moi, me plaquant au sol. Mon casque pourtant bien sanglé vole et se retrouve quelques mètres plus loin tandis que ma tête frotte par terre sur une bonne distance... Je conserve malgré tout la balle en main et attends que le massacre s'arrête.

« GAIN DE 7 YARDS »

Et merde ! Quel misère comparé à l'action que nous comptions réalisé ! Je crache un mélange de salive, de sang et de terre en me relevant avant d'essuyer les recoins de ma bouche. Pas le temps de se lamenter, il est temps de mettre au point une stratégie pour marquer un touchdown car il est bien entendu inconcevable de tenter un kick à ce niveau du jeu. Si nous voulons gagner, pas le choix il ne nous reste qu'à trouver un moyen de marquer six points. Ouais le mieux est de faire à nouveau une feinte, c'est là un avantage que nous avons sur l'équipe adverse et qui semble pour l'instant marcher plutôt bien. On va faire une feinte de Field goal. Je cherche mon casque du regard, lorsque je le repère je me rends compte que Silenna est à côté, ou plus précisément a le pied dessus. Elle me regarde avec un air de défi. Je secoue la tête et m'approche d'elle. Elle s'adresse à moi :

« Abandonnez, vous voyez bien que vous n'avez aucune chance... »

Les intonations dans sa voix ont changés, elle semble triste de devoir nous infliger une telle volée, pourtant au cours du match elle ne s'est pas retenue de nous mal-menée. A vrai dire je préfère qu'il en soit ainsi car je m'en voudrais de la savoir ne pas jouer à fond... Et comme je n'ai pas l'intention de voir les choses changer je lui réplique :

« Pourquoi abandonner ? Ce ne serait plutôt pas toi qui aurait du mal à admettre que tu n'as aucune chance de nous vaincre ? »

Elle s'énerve un instant et répond d'une voix plus irritée :

« Mais à quoi bon ?! C'est courut d'avance ! Vous n'avez pas la moindre chance ! »

Je soupire puis la fixe dans les yeux avec une rage dont je ne me serais pas cru capable, je lui lance d'une voix qui se veut agressive :

« Qui es-tu pour juger de ca ?! Cette équipe vaut mille fois mieux que la tienne ! Et je compte bien te faire comprendre ton erreur, ici et maintenant, quitte à y laisser ma peau ! »

J'arrache mon casque de son emprise, le visse sur ma tête et lui tourne le dos pour rejoindre mon équipe, je l'entends grogner et je crois même distinguer un crissement de dents. Une fois que je suis parmi les membres de mon équipe je leur expose rapidement la stratégie et nous nous mettons en position. Caporal Joe entre sur le terrain et se place à mes côtés. Je lance les HUT et la balle fuse dans mes mains. Sans attendre je pose la balle au sol et notre kicker s'élance. Il frappe la balle que je lui tends qui décolle en même temps que les membres de notre équipe s'élance vers l'avant. Les défenseurs observent la trajectoire de la balle et ne se rende compte de l'erreur que quand celle-ci explose en cartes juste avant de passer entre les deux poteaux. Dans le doute j'ai préféré dévoiler l'erreur du jeu car les cartes sont peut être considérées comme des parties de mon corps. J'observe le quatuor de l'équipe courir avec entre les mains la balle que je leur ai transmise discrètement juste après l'avoir reçue. C'est Mike qui l'a en main car plus fragile que les autres il est cependant capable d'agir en solo si le besoin s'en fait sentir. Mamie réussit tant bien que mal à bloquer le quarter-back adverse et Oook bloque le dédoubleur en se jetant violemment dessus après un saut de deux bons mètres évitant ainsi l'apparition d'un nouveau joueur assez gênant. De ses longs bras Rice parvient à entraver quelques joueurs et tout semble laisser croire que le touchdown est assuré. Seulement le morpheur de feu adverse pousse un cri de rage et parcourt le terrain en quelques secondes, volant par-dessus certains joueurs, percutant les autres. Il parvient ainsi à toucher Mike et à saisir son mollet. Sa victime tombe au sol et le silence règne un instant, seulement ce silence ne dure pas car Silenna hurle à Gabi d'attraper la balle. En effet Mike n'avait entre ses mains qu'un simulacre de balle et la vraie vient d'être tirée par notre caporal en chef. Celle-ci fend les airs et vient se loger sans mal entre les mains habiles de Simon. Celui-ci traverse les yards restant sans que personne ne réussisse à le bloquer.

Essoufflé, vidé, rincé, le nombre d'adjectifs pour décrire mon état à la fin de cette mi-temps ne tarit pas et pourtant je suis heureux, le sourire aux lèvres. Nous ne sommes rien pris pendant ce court laps de temps et les chances de retourner le match, bien qu'encore inférieures à 15% augmentent peu à peu. Je ne suis pas inconscient, nous risquons tout à fait de nous prendre un touchdown tôt dans la deuxième mi-temps, surtout qu'ils vont essayer de balayer les faibles espérances que nous venons d'arracher à la sueur de notre front. S'ils arrivent à nous acculer une fois encore les chances que nous remontions la pente sont plus que faibles... Néanmoins nous ne sommes pas encore là, au contraire je pense qu'ils vont passer cette courte phase de repos avec un quarter-back en train de hurler et le reste de l'équipe qui se lamente, cependant je suis quasiment sur que Silenna parviendra à les re-booster, de quelque manière que ce soit.

Je fais signe aux membres de l'équipe de me suivre, direction les vestiaires. Le mieux pour exposer des théories de jeu ou des failles dans le jeu adverses, même si je n'en ai pas cela permet de le laisser penser à Silenna. Avant de m'engager dans l'un des longs couloirs blancs je saisis une des gourdes qui traîne sur le banc et m'engouffre dans le bâtiment sous les cris et les viva de la foule. Je pousse la première porte que je trouve en l’enfonçant d'un coup de pieds et me retient de peu de rentrer. Je fais un pas en arrière et referme la porte d'un coup, des objets se heurte à cette dernière tandis que des cris stridents s'élèvent derrière. Je soupire un instant et reprends ma route, les joues légèrement rosies de la vision que je viens d'avoir. Pourquoi fallait-il forcément que les pompom girls se trouvent dans le premier vestiaire du couloir... Derrière moi je sens bien que Simon, qui me suivait de près, peine à se retenir de rire.

J'ouvre prudemment la porte suivante et quand je tombe sur un vestiaire vide je m'engage dans la salle. Heureusement que les portes sont immenses car je doute que la ligne qui me suit puisse s'engager dans des vestiaires comme ceux que j'ai l'habitude d'utiliser. Les joueurs s'installent sur les bancs et je sirote un peu l'eau de ma gourde pendant que Mamie gâteau crie de joie et commente les actions du match en canon avec Nick, chacun rebondissant sur ce que dit l'autre. Rice brise cette effusion de joie en déclarant d'une voix calme et posée que rien n'est gagné et que nous sommes encore loin derrière. Ce manque d'enthousiasme suffit à énerver Mamie qui commence à crier en tout sens, les différents membres de l'équipe se regroupe peu à peu en trois groupes, ceux qui sont pour l'optimisme, ceux pour le pessimisme et les derniers qui ne préfèrent pas prendre parti. Je m'égosille la voix en toussant puis gueule un « OH » qui suffit à calmer les esprits. Tous me regardent sans comprendre, je poursuis en profitant du silence :

« Mais qu'est ce qui vous prend ? Vous vous rendez compte qu'il nous reste une putain de mi-temps à jouer ? Est-ce que vous croyez sérieusement que c'est le moment de se foutre sur la gueule ! Si vous voulez passer vos nerfs sur quelqu'un je vous propose onze joueurs qui n'hésiteront pas à vous rendre les coups ! Alors si vous voulez gagnez ce match je vous propose de la jouer stratégique. Est-ce que vous êtes partants?! »

Un silence de mort emplit la pièce, les joueurs se regardent les uns les autres sans savoir quoi répondre...

« EST CE QUE VOUS ETES PARTANTS ?!»

Des oui d'abord hésitants puis de plus en plus francs et finalement des hurlements se font entendre les joueurs se motivent, comme un phœnix l'esprit de groupe renaît de ses cendres, plus flamboyant que jamais. Bon maintenant il ne nous reste plus qu'à exposer une stratégie et il sera temps de retourner sur le terrain. Il va falloir trouver une idée vraiment déroutante et quasiment sure de fonctionner pour que les joueurs restent motivés...

Le retour sur le terrain se fit au pas de course. Par habitude les joueurs se mirent à courir dès le passage de la porte et je fus le dernier à sortir courant un peu plus lentement que les autres. Pénétrer sur le terrain fut éblouissant tant les projecteurs braqués en plein vers l'entrée des vestiaires brûlaient les rétines. Le sol du stade se mit à trembler sous les cris des spectateurs accueillant les premiers joueurs à arriver ou de façon plus crédible sous les pas de nos joueurs de ligne dont la masse considérable entraînait d'importantes vibrations.

Me penchant vers Rice je lui demande rapidement quelle équipe s'occupe du kick-off, d'un mouvement de tête il m'indique que ce sont eux qui s'en chargent. Je hoche la tête et indique rapidement quelques positions aux joueurs. Nous allons attaquer en pointe de flèche, un joueur portant la balle protégé par les autres, situé suffisamment prêt de la pointe pour bénéficier de la protection de trois joueurs, des joueurs rapides, possédant de bons réflexes et capable de lui ouvrir une brèche suffisante pendant un court instant pour qu'il puisse s'élancer... Le porteur de balle est déjà défini, il s'agit de Mike, ceux s'occupant de la pointe de la flèche sont Rice, Oook et Simon, derrière les joueurs se répartiront de façon à se retrouver face à un joueur adapté à leur gabarit. Seul problème à cette stratégie, la vitesse limitée des joueurs de ligne oblige tout le groupe à ralentir l'allure et donc nous risquons vite d'être entourés par l'équipe adverse au grand complet...

Ils arrivent d'ailleurs en poussant des cris, Silenna en tête, piquant un sprint vers nous, un sourire au visage. Elle semble plus que confiante dans ses capacités et celles de ses équipiers, ce qui est plutôt négatif pour nous... Sauf en cas d'abus de confiance... ils s'installent et reçoivent la balle de la part de l'arbitre. Pendant ce temps nous reculons légèrement, une partie de l'équipe est déjà placée au trois quart du terrain pour être sur de pouvoir attraper la balle. Ma seule crainte est un onside kick mais je ne pense pas que ce sera une tentative adoptée par Silenna, si nous nous emparons de la balle cela nous offrirait un regain de moral bien trop important alors qu'elle ne souhaite que nous accabler, et pour cela récupérer la balle juste devant notre End-zone serait une excellente méthode.

L'arbitre n'a pas encore sifflé l'engagement que nous nous ruons en arrière, parcourant un quart du terrain, profitant du mur que nous offre la défense adverse. A peine sommes nous arrivés que le ballon part en produisant une explosion sonore sous le choc, s'envolant dans le ciel en direction de notre End-zone, pile sur Mike qui est situé à droite. A peine avons-nous vu la balle atterrir que nous repartons en avant, formant la flèche. Je suis situé à gauche de la pointe constituée des trois joueurs. En quelques secondes Mike nous rejoint, quasiment en même temps qu'arrivent les premiers joueurs adverses, majoritairement les running-back, rapidement repoussés par les membres de notre ligne. Seulement la leur arrive également et le quatuor de tête se retrouve face à Géode qui lève son poing pour frapper, il leur reste encore quelques secondes avant que celui-ci ne s'abbate. Au même moment une ombre se détache de l'ombre du géant et le voyageur capable de se multiplier arrive face à moi en courant. Pour ne pas rompre la formation je suis obligé de le laisser approcher et il arrive au contact en me saisissant aux épaules, j'en fais autant et parviens à lui mettre un coup de coude dans le biceps, affaiblissant sa prise sur moi. Cependant je sens un mouvement dans mon dos, devinant la présence d'un double derrière moi. Mike s'en rend compte immédiatement et hurle « Go ! ». Les joueurs formant le quatuor réagissent sans attendre au signal convenu tandis que le double de mon adversaire demeure immobile un instant de trop, pris de vitesse par notre Running-back. C'est le moment que choisit le poing de Géode pour s’abattre. Le sol se met alors à trembler et je sens entre mes mains le défenseur trembler, son visage a pâlit même s'il continue de pousser légèrement mais sans y mettre de conviction, soit son double s'est fait écraser soit il a réussi à le faire disparaître juste avant, mais dans tout les cas le contact semble terrifiant. Profitant de cet instant de faiblesse je pose le creux de mon pied contre sa jambe et d'un mouvement d'épaule le projette au sol. Je me retourne et regarde les autres joueurs. La fumée libérée par le choc de Géode m'empêche de distinguer quoi que ce soit et je dois perdre quelques secondes avant de pouvoir discerner Mike, vingt yards plus loin qui a su profiter de l'impact et de l'agitation générale pour se frayer un chemin. Il se retrouve malheureusement pris en tenaille par le morpheur de feu et Silenna qui ne mettent que quelques secondes avant de se saisir de lui et le projeter au sol. L'arbitre siffle. En plein milieu du terrain. La stratégie a payé, le but étant plus de s'occuper du joueur apte à se multiplier... Je pense qu'il s'y reprendra à deux fois avant de se retrouver dans le champ d'action de Géode... Une simple frayeur peut nous aider à pénaliser leur équipe.

C’est la première fois que je m’adresse comme ça à toute l’équipe, apostrophant certains qui me répondent d’un hochement de tête avec un visage concentré et se rendant compte de l’importance de la situation. Sentant que le moment est adapté je mets mon poing au centre et tous les joueurs rajoutent le leur puis nous les abaissons en poussant un grand cri avant de prendre nos positions. Ed se trouve juste à ma droite, je tourne le visage vers lui et lance à voix basse :
»

J’achève ma phrase en poussant un SET particulièrement fort reprit en cœur par la plupart des spectateurs. En face, grâce à la haute stature de Géode, j’aperçois Silenna qui me fixe droit dans les yeux, elle aussi sent que nous n’allons pas faire un jeu ordinaire. Elle ne se doute surement pas à quel point elle a raison. Ce n’est pas la seule à pouvoir voler à travers le terrain. Seulement à cause de la hauteur de la ligne adverse nous ne pouvons pas envoyer Ed loin, uniquement haut. Et encore, il reste dans la sphère d’action du golem adverse.

Second SET, la balle vole et m’arrive dans les mains, rapide transfert à Ed tout en créant deux autres balles que j’envoie à Mike et Mamie, forçant ainsi la défense à rester dispersée quelques secondes de plus. A ma droite Rice traverse le terrain en bouffant les mètres à un rythme de folie, tout de suite suivi par trois joueurs. De mon côté je m'élance en direction de la ligne, Plumeau et Doubt se sont resserrés pour permettre à Salem de bloquer de façon plus superficielle. J'enjambe Doubt et percute de plein fouet la ligne adverse qui semble un peu perdue, de tout les côtés des joueurs se lancent sur elle pour tenter de passer et même Géode semble surpris. J'aperçois Silenna qui a reculé en prévision de l'apparition d'un portail, elle lance fréquemment des coups d'œils de tout les côtés pour voir si des joueurs n'apparaissent pas. De son côté le colosse adverse abaisse les mains au moment où Salem se recule, permettant à Ed de prendre son envol sous le regard médusé de Silenna. Je profite du déséquilibre de Géode pour me faufiler et débuter ma course vers le fond du terrain en essayant tant bien que mal de surveiller Ed et de prendre garde à ne pas me retrouver face à un défenseur. A ma droite Mamie arrive poursuivie par deux joueurs toujours persuadés qu'elle tient la balle, elle va suffisamment vite pour qu'ils ne puissent distinguer si le ballon est vrai ou faux. Pivotant sur son pied d'appuis Mamie Gâteau arrache son dentier comme on dégoupille une grenade et le lance au visage de ses poursuivants, l'un se le prend et hurle de douleur quand il se referme sur son nez. En passant juste à côté de moi elle me transmet la balle et je pars en courant avec, vers l'extérieur du terrain.

J'arrive à attirer Silenna derrière moi mais j'ai beau accélérer elle gagne du terrain sans aucune difficulté, un sourire carnassier peint sur le visage. Me saisissant des derniers trèfles en ma possession je les mélange au ballon entre mes mains pour créer une sorte de bâton d'un mètre à peine de long. La technique d'Ed avec son panneau m'a pas mal inspiré et je me retourne d'un coup, pivotant sur mon talon pour augmenter la force du coup circulaire au moment où Silenna s'apprête à m'attraper. Les cartes lui percute le visage de plein fouet, déviant sa course, le tout sous les acclamations d'un public déchaîné. Elle réussit cependant à se rattraper en posant son pied au loin et elle me percute de plein fouet avant de s'élancer vers le centre du terrain, en direction du joueur à qui Ed a transmis la balle. Seulement je lance mon arme improvisée entre ses jambes et elle s'étale à son tour tandis que je me redresse et passe devant afin d'aller aider mes coéquipiers... La fin de l'action risque d'être corsée.