Messages : 349Date d'inscription : 17/04/2010Age du personnage : 36
Trouble Voyageur Expérimenté
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25 Sujet: Le Soleil se lève et Trouble se couche Dim 29 Aoû 2010 - 22:11 "Quoi que puisse dire Aristote et toute la philosophie, il n’est rien d’égal au tabac : c’est la passion des honnêtes gens, et qui vit sans tabac n’est pas digne de vivre. Non seulement il réjouit et purge les cerveaux humains, mais encore il instruit les âmes à la vertu, et l’on apprend avec lui à devenir honnête homme. Ne voyez-vous pas bien, dès qu’on en prend, de quelle manière obligeante on en use avec tout le monde, et comme on est ravi d’en donner à droit et à gauche, partout où l’on se trouve ? On n’attend pas même qu’on en demande, et l’on court au-devant du souhait des gens: tant il est vrai que le tabac inspire des sentiments d’honneur et de vertu à tous ceux qui en prennent. " SGANARELLE -éloge du tabac- Don Juan "Je veux une clope." Trouble
VIDEOL a porte s’ouvrit et Trouble sortit du commissariat. Il s’immobilisa un instant sur le seuil, clignant les yeux sous l’effet combiné du manque de café et de la lumière brusque. Il s’étira et poussa un long soupir, heureux de pouvoir enfin aller s’endormir après une longue nuit agitée. De l’extérieur, avec son attitude et son apparence des plus étranges, on aurait tout simplement dit que ce type au chapeau étrange venait de sortir d’une cellule de dégrisement, mais avec un air un poil plus lucide. Pourtant, David Paterson, surnommé Trouble, n’avait pas passé sa nuit à boire des canons et à multiplier les conneries jusqu’à-ce qu’au terme d’une course-poursuite relativement courte, il soit arrêté pour attentat à la pudeur, pour ivresse sur voie publique et pour avoir porté un chapeau ridicule –crime non punit par la loi, mais étant quand même l’un des plus graves de la liste. En réalité, il y avait bien eu poursuite, mais elle avait duré longtemps et il y avait tenu le rôle du poursuivant. Trouble était flic, mais pas n’importe quel flic. Les pauvres diables qui avaient joué les lapins gambadant n’étaient ni des voleurs, ni des meurtriers, mais une bande de jeunes complètement timbrés qui passaient leur temps à se peinturlurer la figure, porter des vêtements sombres et invoquer le diable à leurs heures perdues. Trouble était inspecteur à la Brigade des Mineurs. Le grade officiel était Lieutenant, mais cela ne valait pas trop la peine d’avoir du pouvoir hiérarchique si on n’avait pas de personnes sur qui l’exercer. Pour des raisons assez étranges aux yeux de l’intéressé, mais tout à fait compréhensibles pour quelqu’un qui l’a déjà vu déambuler dans les couloirs avec son air sombre et son chapeau de magicien tordu sur la tête, personne n’avait accepté de faire partie de son équipe. David Paterson en était donc réduit à faire tout le boulot tout seul, occasionnellement aidé par un collègue qui avait eu le malheur d’aller chercher un café au distributeur en même temps que lui, mais cumulait un taux de réussite annuel supérieur à la plupart des autres équipes. Cet exploit, il le devait à deux choses : son sens du contact assez extraordinaire pour quelqu’un qui se promène avec un chapeau de sorcier digne d’Harry Potter sur le crâne et son incroyable ténacité en toutes circonstances. T rouble n’avait donc pas lâché la bande de gothiques déchainés de la soirée, les poursuivant dans les moindre recoins du cimetière qu’ils avaient décidé d’utiliser pour un rituel à la con, attirant du même coup les coups de fils angoissés des voisins. Il n’avait pas tout saisit au principe de la cérémonie, mais elle consistait apparemment en un sacrifice de poulet surgelé (probablement acheté dans un supermarché), puis en une série d’évocations diverses et variées faisant toutes plus ou moins référence à la destruction, au diable, à l’enfer, à l’appareil digestif et à Georges Bush Junior. Bref, ce n’était pas politiquement correct. Heureusement, les neutraliser tout seul n’avait pas été un problème, la « terrible secte sataniste » évoqué par le couple de 87 ans dans leur témoignage qui avait nécessité l’arrivée de Trouble se résumait en fait à trois filles et deux garçons dont le plus âgé devait avoir quatorze ans, et un coupe-papier à l’aide duquel ils projetaient de mettre brutalement fin aux jours du poulet fermier Label Rouge à 18,50€, pré-décapité et épicé. Lorsque Trouble avait interrompu la cérémonie, les gamins avaient d’abord tenté de jouer les bravaches… Ou, en tout cas, leur leader, une fille de 14 ans, c’était avancée et lui avait dit en faisant le signe du diable avec sa main gauche : « je m’appelle Satania, je suis une créature de la nuit mais je protège les poneys, et toi ? ». Trouble avait alors calmement annoncé : « Je m’appelle Trouble, je ne suis pas une créature de la nuit et je n’ai rien contre les poneys, je suis un flic de la brigade des mineurs et je vous arrête veuillez me suivre au poste sans opposer de résistance, et merde. » Avant que celui-ci n’ai pu finir sa phrase énoncée d’un ton blasé, les gosses s’étaient déjà dispersés dans le cimetière, à la vue de l’insigne qu’il avait sorti après avoir exposé son travail. « L’ennui avec les gamins » lui avait un jour confié un ancien du service, « c’est que c’est très doué pour fuir. ». En effet, dans l’obscurité du cimetière, Trouble n’avait pas la moindre chance de les retrouver tous. Fort heureusement, il avait prit la précaution de fermer à clef les grilles du cimetière et de conserver les clefs. Ainsi, les délinquants se retrouvaient piégés dans un cimetière, en pleine nuit, avec Trouble sur leurs talons. C’est ce genre d’expériences traumatisantes qui constituent les cauchemars de nombre de voyous, et qui fut sans doute la raison pour laquelle les membres du gang « Satania’s Evil Fingers » ne récidivèrent jamais et abandonnèrent du jour au lendemain toutes les conneries de satanisme. Se toucher le bout des doigts dans la pénombre en invoquant les esprits est une expérience bien moins effrayante que ce que ces jeunes ont vécu cette nuit-là. Trouble n’avait pas abandonné, malgré la pénombre et l’habilité effrayante qu’avaient ses gamins à se cacher dans les recoins les plus étroits, et, aidé vers six heures du matin par la lueur du jour naissant, avait finit par tous les ramener au poste, où une simple déposition avait clôturé le dossier. Eprouvés, ils avaient pu rentrer chez eux sur la recommandation de Trouble, après lui avoir promis chacun à leur tour d’arrêter leurs conneries. Dans les couloirs de la Brigade des Mineurs, les expériences de ce genre, malheureusement fréquentes étaient simplement résumés sous les termes : « une dure nuit ». Après cette dure nuit, donc, notre Trouble, était assez fatigué et estimait avoir obtenu le droit de se détendre. Il fit quelques pas en dehors du commissariat, et balaya d’un regard scrutateur la ruelle devant lui. Une vieille femme avec un sac à dos en cuir et poussant un vélo lui répondit d’un regard acéré qui illustrait parfaitement ce qu’elle pensait de lui. Elle s’arrêta devant l’étalage d’un vendeur de fruits et légumes et lui tourna le dos. Bien. Trouble tourna rapidement la tête. Personne à droite. Personne à gauche. Personne dans le hall du commissariat. Avec l’air concentré et nerveux de ceux qui ont quelque chose à se reprocher, il sortit discrètement d’une poche secrète de son manteau une cigarette et un briquet. Depuis qu’il avait juré à son père d’arrêter, celui-ci avait tout fait pour l’empêcher de reprendre, allant jusqu’à appeler tous ses proches et collègues pour qu’ils l’aident à respecter sa promesse. Il était devenu quasi-impossible pour Trouble de fumer en cachette, le propriétaire de son immeuble lui rappelant constamment qu’il était interdit de fumer dans les locaux. Au commissariat, il était évidemment interdit de fumer pendant une affaire et, lorsque celui-ci tentait d’en allumer une en douce, il se trouvait toujours un collègue pour lui donner une tâche longue et pénible à faire. Ça semblait les amuser au plus haut point. Portant la Lucky Star à ses lèvres, il alluma son briquet et rapprocha la flamme fatidique de la préparation de tabac salvatrice, quand soudain…-« ah ! Vous voilà ! Vous n’êtes pas encore parti ? Je viens de recevoir ce courrier de la direction pour vous. » M erde, comment il s’appelait, ce nouveau, déjà ? Trouble se redressa immédiatement, entreprit un tour de passe-passe éclair pour faire disparaître son briquet et la cigarette dans ses manches, et se retourna, un peu raide, vers le brigadier, qui lui tendait un dossier. Il venait apparemment d’arriver, tentant d’attraper Trouble avant qu’il ne parte. Tentant de dissimuler son air coupable, David Paterson s’empara de la pochette et l’ouvrit. C’était une demande d’emploi. Le CV était assez impressionnant, bien qu’il sorte des circuits classiques. Un ancien cadre de l’armée se reconvertissant dans la Brigade des Mineurs ? Voilà qui aurait dû plaire à ses supérieurs, pourquoi est-ce qu’ils avaient donc envie que ce soit lui qui le prenne en charge ? En général, on éloignait bien vite les nouveaux de son « influence néfaste ». Pourquoi on lui montrait ce dossier, de toute manière ? Le recrutement ne faisait pas partie de ses attributions et il n’avait aucune raison d’en prendre connaissance. Trouble résuma ses questions et les posa au nouveau brigadier sous la forme d’un haussement de sourcils interrogateur,. Celui-ci s’abstint de parler, et tira du dossier une page que David n’avait pas vu. Il s’agissait du questionnaire bidon que l’on pose aux nouveaux pour cerner un peu leur état d’esprit. Pour Trouble, ce questionnaire était aussi efficace que celui qu’on distribue dans les avions en partance pour les USA et qui vous demandent si vous aviez des activités nazies pendant la seconde guerre mondiale. Il le parcourut rapidement.*Mais c’est quoi ces réponses ?! Il a conscience que, même si c’est bidon, c’est sa carrière qu’il joue, là ?!* « Seulement lorsque je suis entouré de gens agressifs, les soirs de pleine lune » « J’ai pris des Chocapic ce matin, je ne sais pas si ça compte. » T rouble referma le dossier avec un sourire, il comprenait le problème. Le type était manifestement un plaisantin. Un ex-militaire ne ferait rien d’aussi stupide. Le CV tout entier était bidon, mais il n’y avait pas de raison officielle de le refuser, alors ses supérieurs voulaient lui refiler la patate chaude.-« Qu’en a dit le chef ? » -« il a dit qu’on était obligé de le rencontrer, au moins, et que, si c’est effectivement un ex-militaire, il faudrait l’engager. » -« bon sang, on est vraiment à court d’effectifs. Si on engage tous les guignols, on n’ira pas loin. » L e brigadier jeta un regard étrange à Trouble, fixant tout d’abord son chapeau, sa veste, puis son insigne, mais ne fit aucun commentaire.-« Le chef a également dit : « il est hors de question de parasiter de vrais agents avec cet original, qu’il aille dans l’équipe de Trouble. » désolé, Lieutenant Paterson » B on. Au moins il aurait de l'animation.