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(Quête solo): Série de meurtre au royaume des chevaliers

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Clem Free
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MessageSujet: (Quête solo): Série de meurtre au royaume des chevaliers (Quête solo): Série de meurtre au royaume des chevaliers  EmptyLun 4 Avr 2011 - 19:16
Chapitre premier : Damoclès


Le lundi était une des pires journées de la semaine pour Clem, et pour beaucoup toute se classe aussi. Les raisons en étaient aussi simple que nombreuse : le week-end venait de se finir et ne reviendrait pas avant longtemps, le lundi était bourré jusqu'à la gueule de cours plutôt chiant, toute la matinée du mardi était consacrée aux langues vivantes : français et anglais (Youpi !). Mais le pire restait le mercredi, quatre heures de TP de constructique l’après-midi… oui, l’après-midi. Les enseignants disposaient visiblement d’un humour plutôt noir qui mériterait d’être corrigé. Le fait que Monsieur Fonteneau soit le meilleur professeur du lycée ne faisait pas passer la pilule pour autant. Le choc moral était tel que, une fois sortie du cours, les élèves commençaient déjà à appréhender le prochain. Mais comment voulez vous développer une scolarité normale si vous avez au dessus de vous une putain d’épée de Damoclès qui s’abat avec une régularité de métronome ? Et si en plus elle ricane.
Clem appréhendait la prochaine chute depuis deux jours, il lui en restait cinq avant la date fatidique (ou plutôt, périodique). Les deux derniers jours étaient les pires naturellement, pour les raisons citées plus haut. Comme d’habitude, Clem se dit qu’il ne survivrait jamais à ce début de semaine. A chaque fois, il survivait, bien entendu, mais il se demandait quelle était le prix que son inconscient payait chaque semaine en douce et aussi combien de temps il tiendrait avant de présenter la note. Sur laquelle il serait inscrit « Dédommagements pour préjudices injustement subies. » Et le pire dans tout cela, c’est qu’on n’était que Samedi.

Les plaies mentales de Clem ne commencèrent à cicatriser seulement lorsqu’il mit fin au mode ‘veille’ de son Ipod, toujours écouter une petite musique avant de se coucher. Clem se mit inconsciemment à la recherche de musiques qui correspondaient à son état d’esprit. Ce soir, il avait plutôt le cafard, Alain Souchon (son chanteur préféré) était tout indiqué. Les premières notes retentirent au fond de ses oreilles et lui firent l’effet d’une douche glacé, il fut comme parcouru d’un frisson : ce n’était pas que les notes tristes trouvaient un écho à sa propre tristesse ; ou plutôt si, c’était le cas, mais dans le bon sens. Il n’était pas triste, il se sentait en osmose avec la musique, en cet instant il aurait voulu que ce moment ne s’arrête jamais, c’était comme ouvrir un gros paquet cadeau : on avait des tressaillements dans tout le corps, nos doigts étaient en sueur et la sensation gagnait en intensité au fur et à mesure qu’on déchirait le tissus et que le cadeau se dévoilait peu à peu. Même si on savait ce qu’on y allait y trouver et qu’il n’y avait aucune surprise, qu’il n’aurait bientôt plus d’emballage à déchirer, c’était quand même un sacré bon moment. Clem s’informa de la durée de la musique qu’il avait choisis, c’était tout bon : « Faust » durait quatre minutes quarante-six.
« Comme la veilleuse laissait tout voir,
La nuit, le petit dormeur,
S’en allait tout seul dans le noir,
Avoir peur.
Clem comprenait parfaitement car il avait lui aussi une veilleuse qui éclairait sa chambre d’une faible lumière verte laissant entrevoir le mobilier alentour. Clem se rappel très bien, étant petit, les monstres et autres silhouettes inquiétantes qui peuplaient ses nuits n’étaient autre que les meubles de sa chambre, dévoilés par la lumière verte de la veilleuse, mais pas suffisamment pour qu’on les confonde avec leur propre ombre ; leur donnant ainsi des postures inquiétantes. Notre inconscient utilise toujours les éléments de notre quotidien pour nous effrayer : il n’avait pas beaucoup d’imagination.

Ferme les yeux, ces monstres bizarres n’ont existés que dans ton imagination et cela fait longtemps que tu n’en voies plus.
Pas si sur que ça, songea Clem quand il vit dans quelle royaume, il était tombé : le royaume des chevaliers de la table pentagonal ! Rien que ça ! Clem comprit vite qu’il était dans un royaume moyenâgeux, la toiture des toits des maisons, les habits des habitants et les armures gardées par les gardes éveillèrent de vagues impressions sur la vie telle qu’il se l’imaginait à cette époque. A savoir, en paille pour les premiers, amples et crades pour les seconds et rutilantes et menaçantes pour ces derniers. C’était la première fois qu’il tombait sur une quelconque forme de civilisation depuis qu’il était à Dreamland et à se moment là, visiter la ville lui semblait une perspective assez réjouissante.
Clem nota vite que peu de choses le différenciaient de la population locale, il était (presque) tous de formes humanoïdes, c’était déjà un bon début, il remarqua aussi qu’il était légèrement plus grand que l’ensemble de la population et que toutes leurs oreilles étaient pointues. Les gens s’écartaient légèrement sur son passage et levait le regard vers ses oreilles, ils devaient reconnaître en lui un voyageur. Clem ne savait si cela était un bien ou un mal.

« Dingdilingdilingdong ! Il est trois heures soixante et onze, et tout vaaaaaaaaaaaaaas bien ! »
Mais qu’est ce que… se dit Clem quand il remarqua que ce cri étrange provenait de sa poche, plus précisément de la montre à gousset qu’il avait pris sur le cadavre de Bastien. Il ne savait pas qu’elle allait le suivre la nuit suivante, sans doute jusqu'à qu’il la jette au loin, Il ne savait évidemment pas qu’elle parlait. Il la sortit de sa poche par la chaine et la regarda fixement.
« Mais pourquoi tu gueules comme ça ? »
-Mais, la montre eu une mou offensé (si, si, elle a une mou et esquisse même de temps en temps ce qui ressemble le plus à un sourire si on regarde attentivement les ondulations du cadran), c’était pour vous prévenir de l’heure qu’il était, enfin.
-A moi, d’accord, mais pourquoi à toute la ville ?
-Bennn… Elle lui jeta comme un regard… Disons que si elle avait des sourcils, elle l’est auraient levés « Je n’étais pas sur que vous alliez m’entendre. » C’était au tour de Clem de lever ces sourcils (mais vraiment cette fois-ci).
-Tu peux m’expliquer ça ?
-Ben, la dernière fois vous étiez, allongé… Et l’os de votre jambe était, comme qui dirait, sortie de son logement init…
-Je m’en rappelle, je m’en rappelle, c’est bon !
-La question était de votre fait…
-Oh la ferme ! Clem remit promptement la montre dans sa poche et regarda autour de lui. Il s’était attendus à ce que toute la foule le regarde, mais à Dreamland, voir quelque s’engueuler avec sa montre méritait peut-être un coup d’œil, mais c’était tout.

Continuant sur sa lancée, Clem aperçut bien vite qu’il avait atteint la place du marché. Les règles régissant ces zone devaient avoir été écrites depuis l’invention du troc, de l’Egypte antique jusqu’au places de la Nouvelle Mombasa, on y trouvait des stands de marchandises divers et variées qui n’étaient séparées que pour une seule raison : les badauds devaient avoir de la place pour circuler entre les stands, s’ils voulaient bien acheter quelque chose. Les différents marchands hurlaient bien entendu à qui pouvaient bien les entendre que leurs marchandises étaient de meilleures qualités que celle de leurs concurrents. Qu’ils vendaient des chaussures alors que leurs voisins proposaient des montres n’entrait strictement pas en ligne de compte ; leur stand était mieux, point barre ! Clem se demandait pourquoi personne n’avait eu la présence d’esprit d’emporter son porte-voix ? Peut-être étais ce là une règle tacite entre marchands de places : on se débrouillait sans gadgets pour hurler et si possible, on insultait indirectement son voisin dans la mesure où cela était possible.

Clem remarqua qu’un marchand essayait de le prendre à part en communiquant avec lui par utilisant le langage des signes pour se faire comprendre malgré le vacarme ambiant. Intrigué malgré lui, Clem s’approcha de son étal, le marchand était recouvert d’une ample robe couleur verte olive et portait un turban jaune vif qui recouvrait intégralement son visage, ne laissant passer que ces deux yeux bleus ; le résultat était affreux et effrayant. Les marchandises présentes sur son stand étaient enfermées dans plusieurs boites en bois joliment sculptés et disposer sur l’étal à égale distance les unes des autres avec une intention presque maniaque. Le marchand le regarda un petit instant avant de sourire (ou plutôt, les tissus de son turban se redressèrent au niveau des pommettes, ses yeux ne changeaient pas : ils brillaient et restaient constamment braqués sur ceux de Clem.)
« Tu veux di la drogue Sidi ? »
Quoi ? Comme ça ? Cash ? Même pas de salut ni même de préliminaires ? Les dealers du mondes réels étaient plus prévenants que cela tout même, en tout cas le seul que Clem avait rencontré avait été très polis, du moins seulement avant qu’il lui demande si il avait besoin d’antidépresseurs. Clem était plus gêné par le culot de son interlocuteur que par son regard fixe et insistant, encore plus que par son accent tellement accentué qu’il sonnait faux.
« Tu hisite ? Ma drogue ci ta drogue. Celle-ci, il tapota une de ses boites, ti fira cracher des fruits à chaqui fois qui tu ouvriras ta bouche.
-Non, non, je vous assure, ça ne me dit rien.
-Avec cille là, continuât-il, imperturbable, du feu apparaitra à chaque fois qui tu claquira ti doigts.
-Bon, il faut que je me sauve, alors… Clem commençait à s’éloigner en direction de la foule.
-Tu i sur qui tu ni vis pas voler ? Il criait dorénavant, ji pi ti faire pousser des ailes dans ton dos !
Mais Clem avait déjà disparus, avaler par la masse grouillante du marché.

Quand il réussit à en sortir, il se trouvait dans une rue que l’on pourrait qualifier de… normale ; quelques badauds, quelques ruelles sombres où les clochards et voleurs pouvaient disparaître de la circulation en un mouvement latéral et enfin, quelques tavernes où s’échappait quelques cris, rires et braillardises. Rien d’inquiétant quoi. Clem profita de sa pause pour reprendre son souffle, et son attention fut capté par une conversation plus violentes que les autres qui s’échappait de la taverne la plus proche de lui ; beaucoup de ses vitres étaient déjà fracassées, certainement par des projectiles de tailles et de poids humaines.
« Mais je vous dis que ce s’laud avait une carte dans sl’a manche, j’ai pas rêver pourtant.
-Je crois surtout que t’as vidé une chope de trop comme qui dirait, à ce niveau là d’alcololissisme, t’as les yeux en papillettes et rien de s’que tu vois n’est sur, vu ?
-J’crois surtout qu’on d’vrait te fouiller pour être sur que tu guignes pas. Pour être sur quoi.
-Et si tu commences à commettre des voies de fait sur un garde dans l’exercice de ses fonctionnalités, tu peux être sur que tu vas passer ta nuit au trou.
-Mais tu n’es pas en fonction Vignasse, tu l’es en quand l’sergent Pisse vient te récupérer et PAS AVANT !
-Tu vas arrêter de me courir sur la rate toi sinon…
-Vignasse ?
-Ouaip quoi ?
-Moi j’ai pas bu mais jl’ai vu… Ton as.
-Oh ! Oh le menteur ! Hey vous levez pas les gars ! Il à vider plus de chopines que tout le reste d’entre vous, et…
Il n’eu pas le loisir de terminer sa phrase, comme il n’y eu pas de bruit de verre cassé car elle l’était déjà. D’ailleurs, Vignasse ne traina dans son sillage le moindre petit gramme de bout quand il glissa sur le sol, rapport au fait que le précédent sillage avait déjà été tracé par lui la dernière journée et qu’elle avait eu tout le temps de sécher après. A peine le temps que Clem de la vision de se vol plané qui avait défié les lois de la physique ; un clochard s’était déjà approché du corps inanimé de Vignasse, non pas pour lui faire les poches comme Clem le suspectait mais plutôt pour le hisser sur ses épaules. Le corps du garde était grand et celui du pauvre homme petit car il trébucha plusieurs fois. Sans réfléchir, Clem s’avança vers lui pour l’aider. L’homme lui adressa un regard reconnaissant avant de désigner une des ruelles d’un bref hochement de tête. Clem et lui réussirent tant bien que mal à trainer Joe à l’intèrieur. Dans la ruelle, l’air était frais, le temps plutôt sombre car le soleil n’y pénétrait pas à cause de la proximité des maisons, le sol était même en sous-élévations par rapport aux autres rues, l’eau des pluies s’y entassaient donc avec entrain ; cela sentait également l’urine… certainement pissé avec entrain.
Vignasse fut posé contre le mur, les jambes en parfait angle droit par rapport au torse (qui commençait déjà à s’affaisser), disposé comme cela, ses jambes occupaient la moitié de la largeur de la ruelle, le clochard s’assit en face de lui, légèrement en décalage pour ne pas gêner lesdites jambes ; Clem, qui commençait à se sentir un peu con, s’assit au coté de Joe. Lui comme le clochard n’avait pas encore prononcé un mot. Celui-ci était emmitouflé dans ses vêtements, qu’il portait par couches successifs vue la diversité de couleurs de ses manches. Il s’était confectionné une capuche rudimentaire en nouant plusieurs chemises aux niveaux des épaules et à l’arrière de la nuque. Il tripotait un médaillon dans le creux de sa main, le médaillon représentait un gnome perché sur un croissant de lune et qui tenait une canne à pêche. C’était très classe. L’homme regardait Clem avec un regard… Conciliant ? Clem avait vraiment du mal à décrypter les regards mais celui-ci lui donnait l’impression d’y voir… de la compassion ? Clem avait vraiment du mal à comprendre les regards. Il fallait qu’il parle, qu’il dise n’importe quoi pour justifier un tant soit peu sa place dans cette ruelle. Le clochard ne le regardait pas méchamment, mais Clem était du genre timide.
« Alors c’est vous Pisse ? »
L’homme le regarda avec étonnement, comme si il ne s’attendait pas à ce que Clem pouvait parler. Puis, il fit gentiment non de la tête avec un petit sourire.
« It’répondra pas mon gars. »
Clem tourna la tête et vit que c’était Vignasse qui avait parlé, il avait le regard vitreux et l’haleine chargé d’alcool, il aurait suffi d’une seule photographie de sa personne sur Internet pour faire chuter instantanément les ventes d’alcool sur Terre.
« Ce médaillon était à ça femme, dans le temps. »
-Avant qu’il, qu’elle… Clem n’osait finir sa phrase en présence de l’homme, qui les écoutait pourtant avec une indifférence gentillette.
-Yep, t’as mis le doigt dessus, avant qu’il ne le lui vole.
-Quoi ! Clem s’étranglait à moitié.
-Il était accro au jeu et il a tout perdu comme ça, il a commencé à mentir à sa femme sur ces dettes, avant de lui chouraver ses bijoux, entre autre. Un jour elle a découvert son secret et l’a quitté pour rejoindre son meilleur ami, depuis il ne parle plus. Un jour, il m’a avoué qu’il s’était infligé cette punition parce qu’il ne voulait plus mentir, à qui que ce soit. Cela n’avait pas l’air de gêner l’autre homme qu’il racontait sa vie, comme cela. Au contraire, il souriait aux passages les plus tristes, comme si il assumait complètement ses actes, comme si il savait que ce qui était fait était fait et qu’il ne fallait pas s’en attrister plus que de raison.
« Après, il s’est tu, comme si il en avait trop dit. Maintenant, il ne peut plus travailler, ne peut rien faire sans voler, je lui rapporte chaque jour un peu à manger. »
Il sortit un peu de nourriture de sa poche et la tendis au clochard, qui lui, coupait sa part en deux parties et en tendit une à Clem. Surpris, son premier réflexe fut de refuser en hochant la tête de gauche à droite. Ceci explique pourquoi il fut surpris quand il sentit qu’on lui enfonça la nourriture dans la bouche. Il entendit le rire guilleret de Vignasse.
« A Joel, tu l’insultes si tu refuses son aide, il ne se considère pas comme un clochard, plutôt comme une personne qui à décider de lui-même de n’avoir ni maison, ni travail, ni argent… Il doit y avoir une différence mais je ne vois pas laquelle. »
La nourriture aurait peut-être été bonne si Clem avait put la mâcher. Il commençait déjà à étouffer quand il cracha la nourriture sur les pavés inégaux. Joe ne parut pas s’en offusquer. Il y avait des façons plus ou moins honorable de gâcher de la nourriture.
Quand il redressa la tête, Vignasse était déjà en train de se relever, il avait du courage à revendre il fallait l’admettre : il tremblait plus qu’il se redressait.
« Bon, c’est pas tout mais faut quj’rejoigne Pisse, il doit m’attendre aux portes du palais. »
-Ce n’est pas lui qui vient vous chercher d’habitude ?
-Seulement quand il le veut, et j’lais suffisamment attendus comm’ça. L’esprit beurré de Vignasse ne se demanda pas comment Clem avait eu accès à cette information. Il faudrait déjà qu’il connaisse la signification du verbe « accéder » et du mot « information », après il aurait put se poser des questions.
Il avait à peine fait trois pas qu’il chancela, il serait tombé si les murs n’étaient pas si rapprochés. Joel avait à peine eu le temps de commencer à se lever que Clem l’interrompis.
« Laissez, j’y vais. »
Il se leva à son tour, rejoignis le garde frémissant, attrapa son épaule et le remis sur pied.
« On y vas ? »
Et ils y allèrent, lentement car Vignasse était tellement ivre qu’il marchait en crabe et devait se soutenir à l’épaule de Clem pour rester debout. Il essayait d’entretenir une conversation avec son héros du jour, mais son cerveau imbibé d’alcool avait du mal à se souvenir des sujets abordés car il devait régulièrement s’arrêter pour se souvenir du trajet à suivre.
« Là ; mon gars, t’es dans Citadelle, capitale du royaume des chevaliers de la table Extra… Penta… Orthogonale. Not’ roi, y s’appelle… Garrus chaispasquoi, c’est un chiffre qul’a derrière quoi.
-A droite ou à gauche ?
-Hein ? Heu… rappelle-moi où c’est la droite ?
-C’est de quelle main que tu écris ? Clem prononça la phrase une seconde avant l’ordre contradictoire émanant de la partie de son cerveau qui restait rationnelle envers et contre tout. Oui, la partie qui est toujours en retard d’une seconde.
-Heu… Tu me la rappelle celle-là ?
-Avec quelle main tu triches aux cartes ?
-Oh ! Celle-ci. Il agita sa main gauche.
-Donc droite ou gauche ?
Il y eu une intense concentration en guise de réponse de la part du consultant.
-Tu triche ou tu pioches ?
La figure de Vignasse s’illumina : « Je triche ! »
-Excellent !
Ils marchèrent encore un temps avant que Vignasse se reprenne.
« Ici, c’est la capitale, la citée la plus importante du royaume tu vois ? Il parlait avec une sorte de conviction. Comme si le fait de vivre dans une ville importante le rendait en lui même plus important que le campagnard moyen. Du moins ; il essayait de s’en convaincre lui-même.
-C’est parce que c’est la ville où il y a le plus d’habitants, de gardes et de roi. Dame oui !
-Là, tu triches ou tu pioches ?
-Tu m’écoutes pas, je répond pas. Dit un Vignasse légèrement vexé.
-pas la peine je vois le palais. Clem avait effectivement repéré les grandes tours de la citadelle et s’en servait comme d’un repère pour avancer dans les rues ; qui se faisaient déjà plus grandes et mieux ouvragées. Au détour d’une avenue, Vignasse pointât vaguement du doigt un bâtiment fortifié où des gardes faisaient des rondes sur les créneaux et gardaient les portes.
-C’est là qu’je crèche tu vois ?
Clem se demanda l’espace d’un instant s’il parlait de la caserne ou du caniveau qui longeait le trottoir à coté de celui-ci. Il voyait mal Vignasse dormir dans un lit.
-Et Pisse y est ? Voulut s’informer Clem.
-Non’msieur ! Pisse, y garde les portes du palais en haut des marches. Il ajoutât le reste d’une petite voix. Avec moi.
Des marches, dans un escalier invariablement. Pourquoi fallait-il qu’il y ait toujours des putains d’escaliers ? Les rois préféraient évidemment avoir leur logement avec vue sur la ville et les plaines environnantes et non sur les rues remplies de plébéiens. Ils invoquaient invariablement le fait qu’ils se faisaient un devoir de surveiller les environs pour protéger leur peuple. Ce n’était évidemment que fumisterie : comme si c’étaient les majordomes du château qui zieutait un coup d’œil par la fenêtre chaque matin, histoire de voir si une armée ennemie avait poussé pendant la nuit sur le champ de cannes à sucres. Mais bon ; à quoi ça servait d’être roi si l’on ne pouvait se permettre quelques avantages en natures.

Après avoir plus ou moins porté un Vignasse légèrement beurré sur les quelques dizaines de dizaines de marches précédant la porte (le champ devait être très, très grand). Clem aperçut une silhouette qui devait appartenir au sergent Pisse ; et une tâche rouge sang qui goutait entre ses jambes. Tâche qui appartenait également au sergent Pisse.
Car Pisse souffrait d’un problème qui le contrariait légèrement ; son corps produisait souvent plus de sang qu’il ne pouvait contenir. Le résultat était qu’il pissait du rouge par tous les orifices de son corps (jamais plus de deux à la fois). Ses camarades, toujours aimables et attentionnés, lui avaient offert le surnom de « Pisse », ce qui n’était pas en soi, une pirouette mental très original mais les surnoms étaient connus pour n’être que des réactions spontanées envers certain spectacle (souvent répugnant, d’où l’originalité des surnoms donnés). Pour Pisse (et ça c’était déjà plus rare), son surnom lui allait tellement bien que la plupart des personnes qui le côtoyait ignoraient jusqu’à son vrai patronyme. Selon la légende entourant le personnage, seul Vignasse connaissait le sergent depuis suffisamment longtemps pour le connaître, autant dire que le secret était perdu à jamais.

« Le v’la, c’est Pisse. Youhouuuuu !
-Pour toi c’est sergent, Vignasse, et pour vous… dît-il en se tournant vers Clem ; celui-ci vit que le nez du sergent Pisse… ait (Harf ! Harf ! Trop drôle !) du sang par saccade, à chaque fois que son cœur battait plutôt. Il avait constamment le visage rouge comme si il rougissait continuellement. Quelques mouchoirs rouges étaient entassés à ses pieds, tristes reliquats d’une bataille abandonnée pour manque critique d’effectifs. C’est «garde pontifical ! »
-Hum, je crois que les gardes pontificaux sont ceux qui gardent les pontifes si je ne m’abuse. Si vous gardez une porte, alors c’est que vous êtes un portier.

Pisse le foudroya du regard, Clem s’en foutait, il savait qu’étant voyageur, il ne le reverrait sans doute jamais alors pourquoi être poli ? Ce qu’il ne savait pas, c’était que Pisse était vexé car il s’était acheté il y a longtemps une sorte de dictionnaire pour apprendre des mots compliqués. Car Pisse était fasciné par les mots compliqués, pour lui un mot compliqué était un mot intelligent et donc, par extension, les personnes qui prononçaient ce genre de mots étaient forcément intelligentes. Certes il y a « intelligent » et « intelligent » mais Pisse ne l’était pas suffisamment pour saisir cette subtilité ; il était stupide dans tous les sens du terme. Si Vignasse était une loque humaine, Pisse lui, était une loque cervicale. On disait volontiers de lui qu’il n’avait pas inventé l’eau en poudre. Et il n’était sergent que par ancienneté dans la maison, et il gardait la porte parce que c’était un abruti. Il avait cherché (ou plutôt trouvé) la définition de ‘garde’ dans son livre il y était indiqué qu’on pouvait lui ajouté des adjectifs qualificatifs. En guise d’exemple, le livre indiquait ‘pontifical’ le terme lui avait plus : il était composé de quatre syllabes, le double de ‘garde’, le terme trainait avec lui une empreinte de respect et de puissance ; un garde pontifical se faisait respecter sinon ce n’était pas un pontifical, c’était un garde. Pisse avait décidé de s’accorder l’adjectif lorsqu’il se présenterait, jusqu’ici histoire de paraître plus puissant et plus respectueux qu’il ne l’était en réalité. Cela avait été d’un bon effet jusqu'à que ce petit connard suffisant lui avait fait cette réflexion, il se promit intérieurement de lire les définitions à l’avenir. Il n’avait jamais vraiment parlé avec des voyageurs (qu’il prenait pour des petits connards suffisants). Sa seule expérience qu’il avait eu d’eux se limitait à massacrer avec cinquante de ses potes tous ceux qui pensaient être plus fort que tout le royaume réuni. Celui là ne devait pas avoir (trop) mauvais fond : il lui avait rapporté Vignasse alors que c’était d’habitude à Joel de le faire.
Il désigna Vignasse du menton : « Faut pas qu’ça devienne une habitude Vignasse » Pisse voulait signifier par là que « habitude » désignait la légère tendance de Vignasse à tomber dans l’alcool et à se faire ramener à son poste par des clochards compatissants. Clem avait compris le message qu’il envoyait, Pisse avait lui-même compris son propre message (pour une fois que…) Quand à Vignasse… Qu’il l’ait compris ou pas n’avait d’importance ; on pouvait être sur qu’il l’avait déjà oublié.

Clem regarda un instant l’étrange couple qui gardait les portes. Ils portaient tous les deux la lance traditionnel qui sied bien à tout garde portier. Bien que la lance ne soit pas la bonne arme quand il s’agissait d’affronter une troupe de paysans ou des brigands suffisamment nombreux pour les attaqués car une fois que la lance avait réglé son compte à un quidam, c’était son copain qui vous réglait votre compte.
Mais Pisse aimait les lances car toute l’action se passait à son autre bout. Mais aussi, tout garde qui doit rester debout pendant des heures avec une pesante armure sur le dos appréciait disposer d’un long bâton qui lui permettait de se reposer dessus sans se pencher. Pisse était un expert en la matière ; il pouvait faire reposer la moitié de son corps sur sa lance sans que celle-ci se torde et sans que cela ne soit visible de quelque manière que ce soit. Les capitaines étaient experts pour remarquer du regard (et de loin) si un garde se reposait sur sa lance ; Pisse n’avait été pour l’instant, jamais été confondu. Vignasse ne faisait pas autant de manière, il se reposait sur sa lance de façon qu’on pourrait qualifier de « provocante ». Le bout de son casque, le bout de son nez, le long du bras, toutes ses côtes gauches et son genou reposaient sur sa lance qui, elle, ployait dangereusement sous leur deux poids conjugués. Même si Vignasse était un ancien de la maison, aucun officier n’avait voulu risquer son grade à lui en accorder un ; et cela aurait été une insulte pour tous ceux qui se seraient retrouvé en dessus de lui.
Désireux de commencer une conversation, Clem demanda :
« Vous voulez dire que ça lui arrive souvent ? »
« Depuis quelque temps, ça lui arrive tous les jours comme qui dirait. » Pisse en avait pour de longues heures de solitude à garder les portes avec Vignasse ; il ne rechignait donc pas à parler ce voyageur de plus en plus sympathique décidément (il lui avait quand même donné du ‘vous’).
« Bon, je vais vous laissez alors. »
Pisse répondit par un grognement, qui n’était pas méchant, c’était juste sa façon de saluer. Et il se demandait si Clem l’avait vouvoyé parce qu’il était en compagnie de Vignasse ou… parce que Pisse était peut-être plus respectable et plus puissant qu’il ne l’était en réalité.

Alors que Clem descendit les marches, sa poche se mit à exploser à mi-chemin :
« Il est treize heure du matin et TOUT VAS BIEN !!!! »
Clem sortit sa montre de sa poche et se mit lui aussi à explosé :
« Bordel de merde, ne me dit pas que tu recherches encore la bonne octave ! Et puis ; pourquoi tu gueules à ces moments là ?
- C’étaient les heures où Bastien voulaient que je l’avertisse. Elle faisait la moue maintenant.
-Et pourquoi ça ?
-Parce que c’était l’heure où Victor arrivait généralement à Dreamland. Il voulait que je l’avertisse.
Clem eu un temps de réflexion. « Et comment tu savais cela ? »
-Ben… Je le savais c’est tout, c’est ma fonction ; on est un objet magique ou on ne l’est pas.
-Donc ton pouvoir c’était de savoir quand Victor se réveillait ? Vachement pratique.
-Pas seulement Victor, je peux savoir quelle voyageur parcourt en ce moment Dreamland ! Elle bomba métaphysiquement le torse. Clem commençait à être intéressé.
-Et tu peux aussi connaître leur localisation ? Là, elle se racornit à vue d’œil.
-Heu… Non.
-Bon, malgré tout, c’est pas grave ; faisons un test : Est-ce que Ed Free est à Dreamland ?
Les trois aiguilles du cadran se mirent à tourner de plus en vite avant de s’arrêter, mais pas dans la même position, nota Clem.
-Affirmatif ! Rayonna-t-elle.
Intéressante information si on prend en compte qu’il vit dans le même fuseau horaire que moi. Il se tourna vers la montre. Maintenant que cella soit bien clair : PLUS DE CRIS INTEMPESTIF !
-Mais j’aime ça moi ! Et si je pouvais continuer encore un peu le temps que Bastien vienne me récupérer ?
-Cela m’étonnerait car il est mort.
-Oh ! Alors ses nuits doivent être bien plus simple maintenant.
-Si on veut ; tout dépend de sa religion.
-Mais, non ; si vous mourrez à Dreamland, vous redevenez un rêveur normale et vous perdez vos souvenirs de voyageurs.
Intérieurement, Clem se mit à frissonner : il n’avait pas encore compris les conséquences d’un décès à Dreamland. Il se jura d’essayer de vivre à Dreamland de tout son vivant le plus longtemps possible.
Cette dernière pensée, c’est dans son lit qu’il la fit. Il avait les paupières à moitié fermées et son réveille-matin lui brulait les rétines quand même (comment voulez-vous vous réveiller dans ces cas là ?).
Il avait rêvé cette nuit avec de drôles de personnages, une galerie allant du plus pitoyable au plus pittoresque. Et il s’était bien amusé. Ce qu’il ne savait pas, c’était que ces trois là allaient l’entrainer dans ce qu’il considéra longtemps alors comme son pire cauchemar.
Il y eu un soir, il y eu un matin.
C’était l’aube du deuxième jour.


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MessageSujet: Re: (Quête solo): Série de meurtre au royaume des chevaliers (Quête solo): Série de meurtre au royaume des chevaliers  EmptyLun 25 Avr 2011 - 14:13
Chapitre 2 : IDH

La journée du dimanche passa normalement. Pas d’événements particulier qu’il serait intéressant d’indiquer ici. Un dimanche normal. Comme un samedi mais sans la promesse d’une grasse mâtiné derrière. Le samedi, notre inconscient se passe en boucle le message « Demain, c’est dimanche ! ». Le dimanche, notre inconscient se passe en boucle le message... Mieux vaut écoute son inconscient le samedi quoi. Bien sur, les voyageurs avaient tous une bonne raison de se coucher le soir venu, qu’on soit le samedi ou le dimanche d’ailleurs.
Clem était le genre de personne qui se couchait tôt pour se réveiller tôt. Il se mit dans son lit en vitesse et s’endormit tout aussi vite.

Il se retrouva une fois de plus dans le Royaume des chevaliers de la table pentagonale, à l’intérieur de Citadelle vraisemblablement ; Clem reconnaissait au loin les tours du château où il avait accompagné un Vignasse beurré comme un p’tit Lu. Il décida (d’essayer) de le retrouver, après tout, il ne connaissait pas grand monde à part lui. Bon, il avait aussi fait la connaissance d’un dealer onirique, d’un clochard muet en pleine pénitence et un garde extra-sanguin… Il préférait malgré tout le ponchtré, aller savoir pourquoi.
Comment le retrouver ? Faire le tour de toutes les tavernes de la ville, sans oublier les ruelles pouilleuses et sombre remplies de chiens sombre et pouilleux ; en bref, le genre d’endroit que ses parents n’auraient pas aimé qu’il fréquente malgré sa majorité atteinte. Il se dit que Vignasse n’avait pas dut avoir beaucoup de conversation sur le thème de l’hygiène avec ses parents. Peut-être avait t’il été élevé par une bouteille de bourbon ? Après tout, certaines personnes du monde réel l’avaient bien été.

Commence de là où tu l’as rencontré la première fois puis, fait des cercles. C’était probablement la meilleure chose à faire, Clem retrouva facilement la grande place du marché mais quand il arriva dans la ruelle où il avait trainé Vignasse avec Joel, il constata que celle-ci était vide. Enfin, vide, dans le sens où il n’y avait ni Vignasse ni Joel. Il y avait en revanche beaucoup d’ordures et de déchets divers et variés rependue dans la ruelle, heureusement pour elle, les ordures étaient rassemblé en tas compactes par un balai qui lui, était tenus par une personne portant une toge orange et une cagoule en laine de la même couleur. Elle regardait fixement Clem s’arrêter de balayer pour autant ; le balai trouvait les objets et les rassemblaient comme si il avait la capacité de les voir, et que l’homme qui le tenait à bout de bras n’était qu’un moyen simple de justifier sa position verticale vis-à-vis de lui-même et de la physique. Quand le Balai voyait sa tache finis et voulait balayer ailleurs, on l’avait l’impression que c’était lui qui brusquait son porteur car celui-ci se déplaçait par à coup, visiblement surpris. Il lança un petit « Tout doux, tout doux. » au Balai qui se calma pour le coup et épousseta tranquillement le sol.

Le porteur du balai ne quittait Clem des yeux avec un regard interrogateur qui le fixait intensément, la question n’était pas « Qu’est ce que tu cherches ? » mais plutôt « Si il n’est pas là pourquoi tu restes ici ? »
-Pardon ?
-Je disais ; « Si il n’est pas là pourquoi tu restes ici ? »
-Mais, comment savez-vous que je cherche quelqu’un ?
-Cela vient peut-être de votre façon d’arriver en ici trombe et de regarder partout piteusement avant de me fixer ainsi alors que vous ne me connaissez pas.
-Peut-être que c’est vous que je cherche ?
-Non, ce n’est pas moi que vous chercher.
-Et, comment le savez-vous ?
-Parce que sais lire ; tout simplement.
-Lire ? Qu’est ce que vous lisez ?
L’étrange moine orange poussa un soupir comme si il allait énoncer une évidence pour la dixième fois de la journée.
-Lire les grands titres, c’est facile, beaucoup de gens peuvent y arriver facilement. Mais il faut beaucoup d’adresse pour apprendre à lire les phrases en diagonale sans s’arrêter ni sauter les paragraphes jusqu’au prochain dialogue. Il fit une courte pause.
-Heu… Ce n’est pas que je ne comprends pas la métaphore mais je ne vois pas en quoi cela me concerne dans l’immédiat.
Le moine le fixa un moment avant d’ajouter :
« C’est embêtant hein ?
-Quoi ?
-Quand vous vous êtes convenus d’un rendez-vous avec une personne et qu’elle ne se trouve pas à l’endroit ou vous chercher. Mais ce n’est pas grave car vous avez convenus un autre lieu de rendez vous au cas où. Mais elle n’y est pas non plus, on commence alors à la chercher aux endroits les plus évidents avant de chercher dans les endroits les plus improbables qui renferment un maigre lien avec cette personne dans l’espoir qu’elle vous y attende. Dans ce cas là, il faut que vous retourniez sur vos pas car elle est certainement en train de vous chercher aussi.
-Ce n’est pas mon cas.
-A bon ?
-Non, on n’a pas convenus de rendez-vous et la personne que je cherche ne sait pas que je la cherche ; vous devriez vous achetez des lunettes de lectures.
Le moine ne fut pas choquer par l’insulte métaphorique, il la considéra un petit moment avant de rigoler tout bas. Tout seul.
« Bon, je vous laisse. »

Clem n’eu pas à retourner sur ses pas, il avait à peine longé d’autres ruelles qu’il retrouva Vignasse. Enfin, il avait surtout suivi les sanglots. Car le bonhomme pleurait, à gros bouillons si on voulait le dire bien que cette expression n’avait ni queue ni tête et ne voulait rien dire.
« Te voila enfin, j’te cherchais mon gars » Dit-il quand il s’aperçut que Clem le regardait.
« Oui. Assis sur le sol en train de vider votre pignôle. Ce n’était certainement qu’une question de seconde avant que vous ne me trouviez.
-Aaaaah, non, j’étais juste en train de faire une pause. Vois-tu mon gars, quand tu regardes les gens un peu trop fixement, ta vision se trouble, tout le monde perd ses formes et ses rondeurs. Ils ne les retrouves que quand tu les regardes à travers le fond d’une bouteille. Il souleva la sienne et, pour justifier son propos, se mit le goulot sur l’œil et le pointa en direction de Clem. « Comme ça, hihihihihi ! »
« Allez, viens. Clem prit Vignasse par les épaules comme la fois dernière. On va rejoindre le sergent Pisse. »

Ils progressèrent comme la fois dernière, sauf que Clem connaissait maintenant le chemin. Vignasse ne dit pas un mot de tout le trajet. Sauf quand ils arrivèrent devant les marches du château, à proximité de la caserne ; Vignasse serra alors Clem le plus fort qu’il put avant de lui soufflé à l’oreille :
« Ils l’ont emmené !!
- Quoi ? Qui ? Demanda Clem, à qui l’air terrifié de Vignasse déteignait sur lui.
-Eux ! Il pointa la caserne du doigt. Ils ont emmené Joel.
-Pourquoi ?
-Ils l’accusent de l’avoir tué ! Ils disent qu’ils ont des preuves ! Vignasse continuait de le fixer avec ses yeux fous.
-Mais qui il aurait tué ?
-Tu te rappelles de sa femme ? Clem acquiesça même s'il ne s'en rappelait plus du tout. Celle qui la quitter pour son meilleur ami ? Clem acquiesça encore. Ils disent qu’il l’a tué.
-Qui ça ? Sa femme ?
-Non l’autre ! Ils disent qu’ils ont des preuves mais cet impossible. Il a juré que ce n’était pas lui. Jamais il n’aurait menti, tu comprends ? Jamais il n’aurait menti !
- Calme-toi, on va rejoindre Pisse en haut des marches. Ça ira mieux, tu vas voir.

En fait, ils n’eurent pas à les monter : Pisse se trouvait devant la caserne, en pleine discussion avec deux autres gardes. Le ton était violent… dans un seul sens ; Pisse paraissait surtout acquiescé de la tête pendant que les autres lui passaient un savon. Finalement, ils le laissèrent partir, Pisse les rejoignit et jeta un regard mauvais sur Vignasse.
« Bordel de merde ! T’était où ? Connaissant d’avance la réponse, il ne prit pas la peine d’attendre que Vignasse réponde. On t’cherchait partout ! Tu sais bien qu’il faut deux IDH pour que l’enquête soit validée par le capitaine ! Regarde-toi : même pas capable de marcher sans aide. Fouqulet vas boucler la boucler sans nous et sa côte vas encore grimper auprès du capt’aine. Putain ce que j’aurais voulue être un IA !
Il regarda alors Clem comme si il ne se rendait compte de sa présence qu’à l’instant.
« Bon, j’ai pas le choix ; Vignasse, donne ta plaque à… Il fit mime de claquer ses doigts, il ne devait pas savoir les claquer vraiment, Clem lui dit son nom. …Clem ! Ne bougonne pas Vignasse, ce n’est qu’un prêt. Tu sais que c’est le seul moyen.
Pisse prit la plaque des mains de Vignasse et la donna à Clem.
« Clem, vous êtes maintenant un Inspecteur de Défense Honorable provisoire ! Suis-moi. On n’a pas le temps de te trouver une armure, tes vêtements feront l’affaire.
Clem n’eu pas vraiment d’autre choix que de le suivre. Il prit la plaque de Vignasse et l’épingla contre sa tunique. Elle avait une vague odeur de vinasse et de bile. Avant de partir, Clem souffla à Vignasse, qui était maintenant par terre : « Ne t’inquiète pas, je vais tirer ça au clair. » Il ne répondit pas, il les regarda partir, leva sa bouteille et vit… qu’il en restait encore. Il la finissait en sanglotant doucement.

Pisse entrainait Clem à travers un dédale de ruelles et de grande rues pendant qu’il répondait aux questions à ses questions :
« Pisse ?
-Pour toi, c’est sergent ! Provisoire.
-Sergent, pourquoi on n’y va si il y a déjà un inspecteur sur place ?
Pisse avait du mal à faire deux choses à la fois C’est pourquoi il dut s’arrêter pour mettre de l’ordre dans ses pensées, en commençant par se demander où commencer.
« Parce que Fouqulet est un IA, un Inspecteur de l’Attaque. Son but est de trouver des preuves incriminant le coupable et notre travail consiste à… faire l’inverse. A la fin de la journée, les deux inspecteurs doivent faire leur compte rendu au capt’aine qui juge si l’enquête doit continuer ou pas. Plus l’affaire dure et plus la côte des IDH augmentent, on considère qu’on à bien fait notre boulot.
-Et pour ça, on doit être deux ?
-Ouaip ! Normalement, y’a deux inspecteurs de chaque coté mais Fouqulet est suffisamment fort dans ce qu’il fait pour être seul.
« Dit plutôt que comparé à toi et Vignasse, n’importe qui aurait l’air d’un génie. » Mais Clem préféra garder cette réflexion pour lui, une autre pensée le préoccupait.
-Vignasse a dit qu’ils avaient des preuves, vous croyez qu’on a une chance ?
-Ben… En fait, j’ai entendu un jour qu’un bon IDH pouvait laisser courir une affaire pendant plusieurs jours malgré des apparences qui jouaient contre le suspect. Mais je ne sais toujours pas comment il avait fait : c’était avant

Clem acquiesça, il avait compris le système judiciaire qui se mettait en place devant lui : en somme les inspecteurs et les avocats jouaient dans la même tenu tandis que le juge avait été remplacé par un capitaine. C’était lui qui contrôlait tout : c’était lui qu’il fallait convaincre de l’innocence de Joel tandis que Fouqulet ferait l’inverse. Il fallait jouer comme les avocats du monde réel : tant que la culpabilité de Joel n’était pas assurée à 100%, il faudrait toujours attaquer les preuves de l’IA.

Ils arrivèrent finalement dans le pas d’un grand manoir de plusieurs étages, des gardes qui les attendaient devant la porte les emmenèrent au dernier étage où se trouvait le cadavre. Une flaque de sang autour de lui coloriait le coûteux situé en dessous de façon indélébile. Il ne flottait pas dans l’air l’odeur de décomposition propre aux vieux cadavres (car ce cadavre ci n’était pas vieux) mais il y régnait une curieuse odeur de fraise des bois. L’habitant de cette maison devait aimer les parfums. Deux personnes se trouvaient déjà dedans. La figure de Pisse changea instantanément de couleur et il ne trouva soudain plus son souffle. Clem devina que l’une des personnes était Fouqulet tandis que l’autre (mieux galonné) devait être le capitaine. Fouqulet avait du le faire venir tout de suite en lui promettant une affaire rapidement bouclé ; Clem comprit que l’affaire était quasiment dans la poche de l’IA : il allait devoir se montrer convainquant sinon agressif.
« Le cadavre n’a pas été déplacé j’espère. Les trois têtes se tournèrent instantanément vers lui. Il les ignora et marcha droit vers le cadavre.
« Sergent Pisse ! Que signifie cette comédie !
-Monpt’aine c’est que j’ai du trouver un provisoire pour mener l’affaire vous comprenez.
-Et de quels droits se permet-il de… Oh merde ! Fit-il en remarquant les oreilles de Clem. Mais c’est un voyageur ! Pourquoi est t-il un provisoire ?
Le capitaine était un grand homme dans le sens où il se tenait droit et portait des bottes à semelles de cuir compensées. Il pensait qu’il valait mieux être grand pour le travail qu’il avait à faire ; à savoir, intimider ses subordonnés pour qu’ils travaillent plus vite. Il se débrouillait plutôt bien en intimidation ; il portait en permanence un bandeau autour de son œil pour faire croire qu’il était borgne (car les borgnes sont plus intimidants que les autres c’est bien connu). Quand on lui parlait ou qu’on lui faisait un rapport, il allumait toujours un cigare et écouter calmement la personne lui parler, sans jamais l’interrompre. Si elle lui mentait ou lui cachait quelque chose, son comportement faisait hésiter rapidement la personne qui commençait à cafouiller et là, il commençait à poser des questions sur les sujets qu’il trouvait flous. Mine de rien, ça marchait à tous les coups. Quand plusieurs personnes se succédaient pour lui parler ; il finissait systématiquement le cigare en coure en l’écrasant sous son talon avec un regard mauvais envers le nouveau venu. Un regard qui lui faisait bien comprendre qu’il n’était pas le bienvenue ; ça les mettaient instantanément mal à l’aise même si ce n’était que de la mise en scène. Il faisait grand cas de l’impression que les gens avaient de lui car il pense que ça faisait partie intégrante de son poste : que les gens aient peur de lui.

Fouqulet aussi faisait grand cas de l’impression qu’il laissait aux gens ; mais ça, c’était parce que ça faisait partie intégrante de sa personnalité ; il préférait être craint et c’était comme ça. C’était mieux que d’être prit en pitié pour ça taille. Car Fouqulet était petit, très petit. Il atteignait le genou de Clem seulement grâce à son casque. Il avait du mal à contenir ses émotions, certainement parce qu’ils n’avaient pas beaucoup de place dans son corps. Et comme il était plutôt misanthrope, le cocktail était détonnant. Il ne ressemblait pas au stéréotype de la boule de poil colérique ; plutôt à la boule de poil qui ne vous lâchera jamais si vous vous trouvez devant lui. Il avait la rancune facile et une rapacité lui tenant lieu de détermination. Dans son métier, être un misanthrope déterminer était un plus quand il devait poursuivre et enfermer de suspects. Il était lui aussi étonné qu’un voyageur décide de jouer contre lui. Il ne se dit pas des phrases du style : « Enfin un adversaire à ma mesure, la vie commençait à devenir monotone. » Mais plutôt : « A quel point ce petit connard vas me faire chier ? ».

Il se mit au coté de Clem et désigna le cadavre du doigt.
« On l’a bien retrouvé dans cette position. Sur le ventre, avec quatre plaies dues à des coups de couteau. Deux sur le devant du bide et les deux autres dans le dos, rapprochés au même niveau. »
« Je pense que Joel à du donner les deux premiers coups au ventre de De Frometon et quand il est tombé à genoux, il a dut donner les deux autres dans son dos alors qu’il agonisait. C’est un meurtre à caractère aggravé, certainement une vengeance.
-Excuser moi mais il est encore trop tôt pour accuser qui que soit. A ce stade, on va s’en tenir au ‘meurtrier’ car même si il s’agit bien d’un meurtre, il est encore trop tôt pour avancer le nom du suspect et le mobile. A moins que vous essayer d’influencer le jugement du capitaine en plaçant les bons mots au bon moment de façon à l’induire en erreur alors que l’enquête a à peine commencé.
Un long silence s’installa, le sergent Pisse qui n’avait pas compris la brève subtilité de la lutte, était en train de retenir son souffle pendant que tous regardaient le capitaine en train de faire semblant de réfléchir. Pisse était alors persuadé que sa carrière allait se finir de cette façon car toute erreur de la part de Clem serait de sa faute car c’était lui qui l’avait nommé comme ‘provisoire’ pour l’enquête. Particulièrement aussi parce qu’il était voyageur, ce n’est pas comme si on pouvait lui mettre une amende car le reçu disparaitrait de sa poche au moment même où il se réveillerait.
Fouqulet jetait à Clem un regard assassin. Ce petit salaud n’était pas tombé dans le piège classique que Pisse et Vignasse n’avaient jamais compris ; pire, il l’avait même ouvertement attaqué devant le capitaine ; cela n’aurait pas vraiment prêté à conséquence si seulement il avait eu tord.
« Je suis sur que le capitaine appréciera le manque de discernement que vous lui prêter, provisoire. Il cracha quasiment le dernier mot. Mais Malheureusement pour l’assassin, il a laissé derrière lui une preuve flagrante. Il sortit de sa poche un médaillon au bout d’une chaine, le même médaillon que Clem avait vu dans les mains de Joel la nuit dernière. Il ne fallait pas qu’il se laisse démonter, dans le monde réel ce genre de preuve ne serait pas accepté sans une confirmation ADN pour prouver le lien avec le meurtrier. Fouqulet ne disposait pas évidemment d’une telle technologie, il allait avoir le temps de le regretter.
-Et vous avez une preuve que ce médaillon appartient à Joel ? Enchaina Clem presque immédiatement. Les trois personnes dans la salle (les trois personnes vivantes) le regardèrent sans comprendre. Le capitaine alla même jusqu’à lever un sourcil, preuve qu’il était étonné. Fouqulet avait sortit un sourire triomphant de son visage avant de sortir le médaillon de sa poche ; il était maintenant aussi désorienté que les autres : une preuve était une preuve et personne ne contestait les preuves bordel !
« Comment ça ? demanda le capitaine qui devait quand même garder une certaine retenue devant ses subordonnés.
-Vous croyez que, si Joel était l’assassin, il aurait laissé sur les lieux du crime une preuve aussi flagrante de sa culpabilité ? Son médaillon a très bien put être volé par le véritable assassin qui l’aurait ensuite laissé près des lieux pour faire porter les soupçons sur Joel. Fouqulet trouvait la preuve, arrêtait Joel sans se poser de questions et l’assassin était tranquille.

Pisse avait perdu le fil du raisonnement de Clem depuis les premiers mots, mais il n’avait qu’à regarder l’expression de Fouqulet et du capitaine pour savoir que ce dernier avait l’air d’approuver : Fouqulet était rouge de rage.
« Je suis d’accord avec le provisoire, l’enquête continue pour l’instant. Le capitaine était sur le point de sortir quand il se tourna finalement vers Fouqulet. La prochaine fois Fouqulet, vos m’appellerez après que les IDH soient arrivés, compris ? »
On aurait put jurer que Fouqulet sautillait tellement il bouillait de colère. Il se tourna vers un Clem et lui rétorqua sèchement : « Si vous n’arrivez pas à prouver l’existence de cet ‘assassin fantôme’ ; ce n’est qu’une question de temps avant qu’on ne boucle l’enquête… sur votre Joel. »
Il quitta finalement la salle à son tour, Pisse était encore abasourdie par la tournure des événements.
« J’y crois pas… On a réussit ! Jn’y aurait jamais cru !
-Heum… Je pense plutôt que…
-C’est génial ! Bon faut faire quoi maintenant ? Le sergent Pisse n’était jamais arriver jusqu'à ce stade de l’enquête et il était légèrement perdu. Clem comprit qu’il allait devoir organiser la suite s’il voulait que Pisse serve à quelque chose.
-Bon, Pisse...
-Pour vous c’est ‘sergent’, provisoire.
-Bon, sergent ; l’idéal serait que vous alliez interroger les gens habitant aux alentours pour savoir si ils se souviennent d’avoir vu quelque chose pendant la nuit.
-Quoi comme chose ?
-Ben je ne sais pas… Clem fit un geste vague avec les deux bras …Quelque chose de louche quoi. Il y a quand même eu un meurtre !
-… Tous les habitants du pat’lin ?
-Tous ceux qui peuvent voir cette maison depuis leurs fenêtres, oui.
-C’est pas un boulot de provisoire ça ?
-Peut-être, admit Clem mais il vit vite la mine dédaigneuse de Pisse et rajouta « Mais c’est parce que seul vous pouvez le faire, ils se confiront plus facilement avec un garde qu’avec un voyageur qui porte une plaque.
Pisse réfléchit longuement : une phrase avait retenu son attention « Tu dis que moi seul peut le faire c’est ça ?
Clem soupira de soulagement, Dieu merci, Pisse était bête. «Oui, c’est logique. »
-Oh, alors si c’est logique, tout vas bien. Pisse commençait à aller vers la porte quand Clem l’arrêta.
« Au fait sergent ?
-Ouaip, quoi !
-Le médaillon de Joel, Fouqulet l’a directement identifié comme tel… Il est connu ?
-Heu… Ouaip je crois… unique en tout cas.
-Parfait, vous verrez après auprès des joailliers si des contrefaçons circulent dans le marché.
-Pourquoi ?
-Pour savoir si notre assassin à voler le médaillon de Joel ou s’il s’est contenté d’en acheter un faux, si c’est le cas, Joel devrait avoir encore le sien, je pars le voir.
-Compris.

Clem se mit en marche vers les portes du château en se servant de (encore une fois) de ses tours pour se diriger. Une fois arriver devant, il lui suffisait de montrer sa plaque de loin aux gardes pour que ceux-ci le laisse passer, une fois qu’ils étaient à distance suffisante pour voir qu’elle appartenait à Vignasse, ils rigolaient en pensant au pauvre licencié et une fois qu’ils étaient suffisamment proche de Clem pour voir ses oreilles rondes, ils transpiraient. Clem avait conscience que son statut de voyageur pesait plus que son grade.

Même si il n’était jamais allé dans les prisons du château, Clem se doutait qu’elles se trouvaient dans les plus hautes salles de ses plus hautes tours ; là où on enfermait des princesses d’habitude, même s’il devait y avoir plus d’ivrognes et de meurtrier que de nobles à l’intérieur. Une fois qu’il avait grimpé les plus longues marches après avoir parcouru plusieurs couloirs et plusieurs halles (les rois aimaient recevoir du monde) Clem fut content de voir son hypothèse se confirmer par l’ambiance régnante dans les étages supérieurs de la tour : plusieurs rats, des couleurs noires et vertes caca d’oie dominante grâce à la moisissure parcourant les salles de briques sombres, quelques fentes en guise de fenêtres et très peu de torches. Clem vit finalement une cellule gardé par un garde (la seule), suivant son intuition, il lança au garde :
« C’est ici qu’est gardé le détenu nommé ‘Joel’ ? Clem avait le sentiment que s’il était poli, il allait avoir du mal à s’affirmer par rapport aux gardes. Autant faire croire par son attitude qu’il avait plus de pouvoir que lui conférait sa plaque ; ce qui était peut-être vrai.
-Ouaip, c’est pourquoi …?
-Ouvrer la porte je dois parler au prisonnier.
Le garde le regarda longuement, donnant l’impression qu’il ne répondra que s’il se sentait obligé ; Clem détestait ça. On avait l’impression qu’il ne finissait jamais ses phrases.
-…Pas être possible j’le crains…
-Oh ; Vous croyez que j’aurais du ajouter ‘s’il vous plait’ ?
-… Pas être possible j’le crains… Il pointât du doigt le bout d’une de ses oreilles. Clem comprit qu’il voulait désigner en réalité les siennes. J’ai des consignes…
-Et de qui ?
-De moi. Fit une voix derrière lui.

Clem n’eut pas besoin de se retourner pour savoir que Fouqulet se trouvait derrière lui. Ses oreilles l’avaient informé d’abord que la phrase était sortie d’une petite bouche sortit d’un petit corps. Ensuite, Clem avait compris et noté en même temps que, au ton de sa voix, Fouqulet se réjouissait d’avoir le contrôle de la situation, aussi petite soit-elle. Il était homme à se réjouir de contrôler son monde et son entourage.

-Suivez-moi. Le capitaine veut vous voir pour votre rapport.
-Vous avez le droit de me bloquer ainsi l’accès au prisonnier ?
-Parfaitement : J’ai parfaitement tout droit en ce qui concerne l’isolement en cellule des prisonniers. Vous votre rôle c’est d’en trouver un autre.

Pendant qu’il descendait les escaliers à se suite, Clem comprit que Fouqulet avait été envoyé par le capitaine pour le retrouver, et qu’il était tout de suite partit vers les cellules le retrouver. Il voulait soit lui cacher des choses sur Joel, soit il détestait l’idée qu’on puisse passer outre ses prérogatives.
Ils finirent par arriver devant une porte où une plaque de bronze était gravée « Capitaine »… il n’avait pas de nom où quoi ? Une autre plaque était installer en dessous où il était écrite en plus petit caractère « Je daignerais vous écouter dans cinq minutes et pas avant ! »

Clem vit que Fouqulet attendait calmement devant la porte alors qu’il ne l’avait même pas toqué, il fut vite rejoins par un petit personnage aux lunettes rondes, lui et Fouqulet partirent discuter dans un coin de la salle d’attente. Clem quand à lui fut rejoins par un Pisse un peu rouge ; garder continuellement la porte principal du château n’avait pas fait de lui un fou du sport. Il arrivait vers Clem, haletant : « Personne, personne n’a rien vu. Désolé… »
Clem s’attendait à ce constat : il était dérisoire d’espérer qu’une personne aurait put apercevoir au beau milieu de la nuit une silhouette entrant dans une maison ; et même si c’était le cas, les gens s’en foutaient et l’oubliaient instantanément. Les témoins chanceux ça n’existait que dans les romans, pas dans la vrai vie, même onirique mais il aurait été dommage de ne rien tenté.
-Et du coté des joailliers ?
-Ben, là vous avez vus juste (tient, Pisse le vouvoyait maintenant) le médaillon est bien connu et il existe pas mal de contrefaçons mais le type qui devait identifier le notre ne pouvait pas venir aujourd’hui : il avait trop de rendez-vou… Ben merde alors !
-Quoi ?
-Le type avec Fouqulet… c’est l’bijoutier !
-Joaillier.
-Ben merde alors.
Non pas ‘merde’, ils allaient juste gagner du temps car Fouqulet avait aussi compris que la question du médaillon était importante, même s’il espérait une autre réponse que Clem : si le médaillon trouvé sur les lieux du crime était un faux, Joel serait libre. Sinon… ça serait beaucoup plus dur de le libérer. Quelle que soit la réponse, Fouqulet allait certainement le dire devant le capitaine ; qui ouvrit d’ailleurs la porte en leur intimant d’entrer. Son bureau fut finalement rempli par les quatre personnes.

Le capitaine avait des idées très arrêté sur la façon de recevoir des entretiens. En effet, sa longue expérience dans le rôle du chef respecté lui avait appris que la chose la plus importante dans son métier était de recevoir des rapports véridiques, toujours connaître la vérité était le plus important, à défaut de cela il se devait au moins de savoir si on lui mentait. Pour cela, il suivait plusieurs règles, certaines simples et d’autres non. Premièrement, pas de rapports écrits : si un de ses subordonnées décidaient de lui cacher quelque chose, le laisser mettre son mensonge par écrit c’était prendre le risque qu’il se serve de son texte à l’oral pour se reposer dessus. S’il les obligeait à se servir de leur mémoire, les chances qu’ils se trahissent étaient plus grandes. Deuxièmement, parler le moins possible : dans une conversation, moins on parlait et plus l’autre était causant, et plus l’autre parlait, plus il y avait de chance qu’il débite des incohérences et trahisse son mensonge. Les deux faits étaient prouvé : si on leur répondait par le silence, les gens partaient plus loin dans leur logorrhée (si ils étaient interrogés bien sur) et puisqu’un mensonge était une diffraction verbale vis-à-vis du continuum espace-temps, plus on donnait de détails autour et plus la supercherie se dévoilait. Le faux bandeau qui recouvrait son œil ne rendait le silence que plus lourd, plus puissant. Troisièmement, toujours faire patienter ses victim… oups ses subordonnés cinq minutes avant de les recevoir : si mensonge il y avait, ils avaient largement le temps de suer en pensant sur le moyen de rendre le mensonge plus convainquant pour finalement… s’emmêler les pinceaux. Dans l’ensemble ça marchait plutôt pas mal et le capitaine était satisfait de ses règles de savoir-vivre.

Il commença donc par unique phrase : « Alors ? » Fouqulet prit la parole en premier : « C’est typiquement un meurtre à caractère aggravé : le particulier Joel a certainement tué Monsieur De Frometon en raison d’une ancienne rancune car celui-ci s’est marié avec sa fiancé, affaire bouclé, voila !
-Hrumm; Sergent Fouqulet vous êtes prié de commencer votre rapport par le début merci.
Le capitaine roula des yeux ; avec Fouqulet, il était obligé de proscrire certaines de ses règles (celle du silence notamment) pour poursuivre son interrogatoire tranquillement. Il devait tout le temps lui poser certaines questions et le rappeler à l’ordre pour éviter que celui-ci ne quitte le fil de la conversation et glisser des phrases subliminales pour orienter l’esprit du capitaine vers sa conclusion. Aujourd’hui il avait effectué son coup préféré : commencer par la fin pour que son interlocuteur la garde à l’esprit afin qu’il rallier certaines parties floues de l’affaire au raisonnement à son raisonnement prédéfini. C’était une sale technique d’avocat contemporain à Clem mais celui-ci ne vit pas l’astuce : il était concentré sur ce que Fouqulet avait dit avant ; le cadavre était l’ancien ami de Joel ? Mais comment Pisse avait il put oublier de lui dire une information aussi importante ? Vignasse l'avait prévenu mais il ne l'écoutait pas à ce moment là.
« Bon alors, fit Fouqulet faussement vexé d’avoir été rabroué de la sorte par le capitaine, la victime est un noble nommé ‘Victoir De Frometon’. Il était marié à la défunte ‘Marilys De Frometon’ qui était autrefois la fiancée de notre assassin…
-Fouquleeeet…
-Pardon, notre principale suspect, fit il en jetant un regard indéfinissable à Clem et à Pisse (mais surtout à Clem) a été retrouvé mort ce matin aux premières lueurs du soleil par son domestique qui lui apportait son petit-déjeuner. Domestique qui, en ce moment même, a rendu sa queue-de-pie quand son patron a été déclaré décéder et il s’est lancé dans la vente de crevettes violettes à l’étal dans le grand marché sur la place. Il est naturellement écarté de l’enquête car ce n’est jamais le domestique qui a fait le coup (comme tout un chacun le sait) et aussi car le coupable a déjà été trouvé ! Il voulut continuer tout de suite mais il attendit que le capitaine lui fasse un signe de tête pour continuer. Le coupable est un particulier d’une quarantaine d’années et vit sans domicile et sans travail. Heureusement pour nous, il a un mobile : sa fiancé l’a quitté il y a de cela de nombreuses années pour se marier avec la malheureuse victime. On a aussi une preuve matérielle : son médaillon qu’il aurait laissé sur les lieux du crime. Fouqulet attendit alors, le torse bombé en signe de défi, l’habituelle batterie de questions de la part du capitaine mais celui-ci se ravisa et se tourna vers Clem : « A vous. »

Clem se tourna vers Fouqulet (et baissa les yeux, car Fouqulet lui arrivait aux genoux) et lui dit :
« Reprenons ce que vous avez dit : votre suspect « principale », il a avoué ?
-Heu… Il n’a pas vraiment parlé.
-Vous avez retrouvé l’arme du crime alors ?
-Il s’en était certainement débarrassé avant qu’on ne l’attrape. Bougonna Fouqulet. Mais on a le médaillon !
-Une babiole certainement achetée au marché et mit là pour le faire accuser, une contrefaçon.
-Non, non, l’expert que je venais de faire venir était formel : le médaillon trouvé sur le lieu du crime est l’originale : de l’artiste Gomont.
-Et tant bien que ? On a très bien put lui voler pendant qu’il dormait, ça devait être très facile : vous avez-vous-même dit qu’il n’avait pas de maison.
-Et le mobile ? Fouqulet commençait à comprendre que le vent tournait, Clem commençait à comprendre que lui, s’amusait profondément.
-Un crime passionnel des années après la trahison ? Je sais que la vengeance est un plat qui se mange froid mais là quand même. Si il avait mit des années à préparer ce meurtre, il n’aurait pas laissé des preuves si évidentes ; tout ça, ça pue trop la manipulation.
Fouqulet allait répliquer quelque chose quand un raclement de gorge le fit s’interrompre. Lui et Clem se tournèrent vers le capitaine qui hocha la tête : « Je suis d’accord avec le provisoire Free : les preuves sont insuffisantes. Quelle est votre théorie, provisoire ?
-Je pense que le meurtre a été commis par une personne pour l’instant inconnu de l’enquête qui profite des conclusions rapides de l’IA Fouqulet pour enterrer cette enquête et ne plus être embêter par les gardes. Ils se servent des premières impressions facilement assimilables par les enquêteurs bourrés de préjugés pour donner à l’enquête l’image qu’ils veulent.
Fouqulet endurait les insultes à demi voilées sans piper mot mais tout le monde dans l’assistance savait qu’il bouillait intérieurement. Le capitaine regarda les deux inspecteurs (Pisse ne comptait pas vraiment, tout le monde l’avait compris) et se leva en disant : « quelque que soit l’hypothèse juste, des preuves devront les étayer un peu plus que ça. Il se tourna vers Clem. Vous avez des idées pour la suite de votre enquête ? »
-Une intuition : j’aimerais bien poser quelques questions au majordome/mercantile.
-Et pourquoi ça ?
-Ben… Vous n’avez pas trouvé bizarre qu’une pièce aux volets fermés depuis une bonne douzaine d’heures avec un cadavre en décomposition et une tache de sang sente de façon aussi forte une horrible senteur de fruits des bois ? C’était assez insoutenable ; il faudrait demander au majordome si ce parfum était habituel dans la maison.
Le regard que lui jeta le capitaine en disant long sur sa pensée qu’il avait sur cette « intuition » : c’était le même regard que lui jetait Mr Fonteneau quand Clem lui présentait un travail bâclé en cinq minutes ; le genre de regard qui sera suivi de la phrasé : « Mr Free… c’est d’la beuh votre truc ».
-C’est vraiment tout ce que vous avez ? Bon on verra ça demain : l’enquête continue.

Pouf ! La chaine de victoire de Fouqulet était brisée, l’œuvre d’une bonne partie de sa vie était parti et il faudrait des années pour recommencer un résultat pareil. En cet instant, si ses regards étaient des lames, Clem pouvaient dire adieu à son statut de voyageur. Une autre épée de Damoclès se dandinait au-dessus de sa tête, nettement plus létale et nettement plus imprévisible. La première s’abattrait mercredi (soit dans quatre jours et allait passer comme toute les autres, la deuxième s’abattrait (sans que Clem le sache) la nuit prochaine, et il allait sentir la passer celle là.

Mais Clem ne faisait pas vraiment attention à Fouqulet pendant qu’il sortait du bureau du capitaine. Il discutait avec Pisse de détail logistique :
« Il me faudrait quand même une autre plaque : je ne vais pas garder celle de Vignasse tout ce temps. »
-Je d’manderais au forgeron de graver une autre, il faudrait aussi te trouver un plastron : sa fera plus « garde »
-Ok merci Pisse.
Pour une fois, Pisse ne rappela pas leur différence de grade, il commençait même à tutoyer Clem. C’est qu’il commençait à gagner le respect de Pisse (qui, rappelons le, ne traine pas avec des gens d’une grande intelligence) qui se félicitait d’avoir trouvé un autre compagnon plus débrouillard que Vignasse.
-Cette nuit je ne serais pas là mais si vous pouvez repérer l’étalage du majordome ça nous ferait gagner du temps.
-Okay.
-Quand à moi je pense que je ne vais pas tarder à me réveiller. Prenez la plaque, comme ça je serais sur de la retrouver demain puisqu’elle n’est pas magique.
Il avait vu juste, car son réveil se produisit environ dix minutes plus tard pendant qu’il descendait les marches du château. Allez ! C’était lundi ! Le début de la semaine, allez on se tire du lit, on se lave etc…

Est t’il vraiment nécessaire de décrire sa journée ? Merde quoi je veux dire, des lundis matin on en a tous vécus, vous pouvez imaginer quoi ! Toujours est t’il inutile de dire qu’il est inutile de préciser que Clem pensait plus à son enquête onirique qu’à ses cours (ce qui est plutôt normal) mais il disposait de trop peu d’indices pour espérer que l’enquête avance. Il espérait juste que le majordome aurait des choses importantes à leur dire.

Ce qui est bien avec les lundis, c’est qu’ils passent vite. Clem avait l’impression que seulement quelques heures s’étaient écoulées depuis qu’il avait quitté Citadelle. Il était en train de chercher son chemin car il était réapparu dans une ruelle aux maisons trop hautes pour qu’il puisse apercevoir la grande tour qui lui servait de boussole. Il erra au hasard dans plusieurs ruelles crasseuses qui devaient être la lie du petit peuple dans cette cité (car toute citée fantastique possédait son quartier des Ombres ; même si certaine s’en défende violemment). Il ne lui fallut que deux secondes pour se perdre et trois bonnes centaines pour tomber nez-à-nez avec une patrouille de six gardes conduit par un gradé. Enfin, « nez-à-nez » c’est une expression : ai-je déjà indiqué que le nez de Fouqulet ne dépassait pas le genou de Clem ? Le petit inspecteur regarda Clem avec une mine de surprise joyeuse sur le visage :
« Eh ben les gars, ce n’est pas celui qu’on cherchait mais je crois qu’on va se faire plaisir quand même ! » Les autres ne répondirent pas. Soucieux de répondre à la bonne vieille image de la brute sans cervelle, ils se contentèrent de faire craquer leurs jointures avec plus ou moins de succès. Clem réalisa alors qu’il n’avait ni de plaque ni Pisse pour échapper à la raclée. Il n’était qu’un voyageur et dans cette ville, chaque garde avait au moins un ami qui avait fini sous la tombe par les pouvoirs de l’un d’eux. Autant dire qu’un trouver un, seul dans une ruelle, pas très fort en combat (ils ne mettront pas longtemps à le remarquer), c’était un peu Noël quoi. Et si en plus ils avaient l’approbation de leur chef…
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MessageSujet: Re: (Quête solo): Série de meurtre au royaume des chevaliers (Quête solo): Série de meurtre au royaume des chevaliers  EmptyDim 22 Mai 2011 - 15:02
Chapitre 3 : PHhC

Il ne fallut pas longtemps aux six brutes pour tabasser Clem dans les règles de l’art : mettre la victime au sol par un quelconque moyen (s’il est violent c’est bien) puis de la tabasser sauvagement à coups de lattes dans toutes les parties qu’elle aurait laissé sans protection. Comme victime, Clem était plutôt du genre casse-pieds : lové en position féotale, les bras protégeant la tête, les coups étaient portés sur les jambes, les bras, tout le dos et l’arrière du crane. Un observateur aurait fait remarquer que les assaillants étaient trop nombreux pour être efficaces et qu’ils se gênaient beaucoup entre eux. Si ils s’étaient séparé en deux groupes de deux pour se relayer, Clem aurait put avoir des dommages bien plus sévères que ses quelques bleus. Néanmoins la correction fut efficace car lorsqu’elle fut finie, Clem gisait sur le sol, sans bouger plus qu’un léger tremblement du à la douleur vive que lui envoyaient ses nerfs endolories. Sur un signe de tête de Fouqulet, un des gardes mit Clem sur le ventre avant de lui faire une clé de bras dans la position de torseur maximale. Ainsi, il ne pouvait plus bouger et devait garder la tête levé devant lui. C’est comme ça qu’il vit Fouqulet s’avancer lentement vers lui, cigare au bec mâchonné et mine visiblement ravi (se réjouissant manifestement de la correction infligée à Clem ou se réjouissant de devoir baisser les yeux pour le regarder).

« Vingt-cinq putains d’années à travailler dans cette ville de merde à accumuler une putain de séries d’enquêtes bouclés au la main de façon ininterrompu pour qu’un putain de voyageur à la con la fasse sauter ! Tu as tout Dreamland pour toi et fallait que tu viennes chier dans mes plates-bandes ! Et je ne comprends toujours pas ce qui te motive ! Ça t’amuse tant que ça de défendre un criminel ? On aurait retrouvé Joel avec son poignard et sa chemise toute poisseuse de sang que tu le défendrais encore ? Dans l’espoir qu’il échappe à sa sentence ? Je ne sais pas comment on vous éduque dans votre monde mais je pense qu’il y a des coups de pieds dans le fion qui se perde. Mais je vais être très gentil : je vais me montrer pédagogue. Tu vois, la seule chose qui se doit d’être comprise, c’est qu’à chaque crime doit répondre un châtiment. Un châtiment plus handicapant que le crime commis pour que la victime ne soit pas lésée. Il faut respecter une sorte de balance universel tu comprends ? Moi, je fais en sorte que dans cette ville, elle penche toujours du coté de la victime. Histoire que les criminels sachent qu’ils seront perdants quoi qu’il arrive. »

« Mine de rien cette balance est présente dans le subconscient de tous les habitants de cette ville. Eux aussi doivent sentir que la justice est plus forte que le crime. A chaque crime, un châtiment ; savoir si la personne est puni pour le crime qu’elle a effectivement commis ça relève du heureux hasard. Ce n’est pas difficile de comprendre qu’elle n’est pas punie pour un crime qu’elle n’a pas commis mais plutôt pour un crime qu’elle a déjà commis ou qu’elle vas commettre ! L’assassin peut courir, lui aussi sera, au final, puni. »

« Tu comprends maintenant ce que tu fais ? Toi, avec ton Pisse et autre Vignasse. Vous déséquilibrer ce fragile équilibre ! Vous combattez contre la justice ! Faire de vous des hommes de lois est une incohérence inimaginable. »

La douleur empêchait, jusqu’à là, Clem de répondre ; mais il eut toutefois la force de répondre :
-Nous faisons en sorte que le châtiment tombe sur la bonne personne. Dès qu’il est ajusté, nous ne nous mettons pas en travers. Rien à voir avec la boucherie auquel vous vous livrez. Joel n’a pas commis ce meurtre !
-Et tant bien que ? Selon certains rapports, il se serait adonné aux vols et aux recels d’objets volés pendant sa période de jeux de cartes. Il piochait carrément dans les affaires de sa femme ! Le médecin qui l’a examiné a émis l’hypothèse que se serait le stress de ces sombres années qui l’auraient fragilisé face à sa maladie, entrainant sa mort. De ce que j’en conclus, votre Joel il est pas blanc-bleu.

« On a fait le tour pas vrai ? Je vais donc te laisser ici réfléchir aux conséquences de tes prochaines actions, n’est-ce pas ? Si j’étais toi, je quitterais cette ville pour allez gambader ailleurs.
-J’lui casse pas le bras chef ?
-Pour le voir revenir la nuit prochaine pétant de santé ? On va s’en tenir au sermon c’est plus efficace. Tu vois mon gars, il faut toujours savoir où se situe la ligne à ne pas franchir.
Le garde hocha la tête, pas vraiment convaincu de la chose (retenir ses coups êtres plus efficaces ?) Fouqulet se tourna finalement vers Clem : « Il vas sans dire que ça vaut aussi pour toi l’artiste. Allez, au plaisir de ne jamais te revoir.

Longtemps après qu’il soit partit, Clem était toujours allongé sur le sol (pourquoi se relever ? Le sol c’était bien). Toujours légèrement endolorie, la petite conversation, à sens unique, qu’il avait eu avec Fouqulet le fit réfléchir ; pas aux raisons qui poussent Fouqulet à faire son métier avec un zèle meurtrier (Clem pensait juste qu’il était un misanthrope se prenant pour un dieu rédempteur) mais plutôt aux raisons qui le poussait lui à faire un truc pareille. C’est vrai qu’en tant que voyageur, il avait peut-être mieux à faire que nettoyer la merde de cette ville. C’est vrai ça, que Pisse et Vignasse se débrouille tous seuls après tout ! Pourquoi est-ce qu’il s’emmerdait à faire leur boulot ? Il ne pensait même pas la phrase qu’il avait lancée à Fouqulet. A quoi pensait-il en fait ?
Bon, c’est vrai qu’il avait fait une promesse à Vignasse. Et puits quoi faire d’autre ? Jusque là ça l’avait plutôt amusé de rabrouer ce connard de Fouqulet, non ? Pourquoi ne pas continuer comme hier ? Faut toujours tenir ces promesses non ? Ce n’est pas un gnome qui lui arrive au genou qui va l’intimider bordel ! Et c’est quoi ce truc qui lui frottait la tête, un balai ?

« Non, non, Balai, je t’avais demandé de retrouver ce voyageur rigolo avec qui on avait discuté hier, pas de m’amener à un nouveau tas d’ordures voyons.
-Je suis pas encore une ordure.
Clem réussit tant bien que mal à se relever tandis qu’il regardait le nouveau venu. Sans surprise, c’était le type qui se baladait en robe de chambre marron avec son balai. Celui qui parlait par métaphore interposé. Un style que Clem détestait.

«On ne sait jamais ce que nous réserve l’avenir tant qu’on a pas lu le prochain chapitre. »
Le voila qui recommençait.
« Le petit bonhomme qui vous a quitté lisait de façon déplorable ; c’est regrettable de la part d’une personne qui doit, en plus, écrire quelques lignes importantes de l’histoire de cette ville. »
-Heu… Une seconde, ça fait combien de temps que vous nous mater ?
-Un certain temps… je m’intéresse à votre enquête c’est tout. Cela faisait longtemps que je n’avais pas eu de lectures intéressantes.
Pour Clem, ça en faisait trop :
-Mais vous êtes vraiment obligé de parler comme ça ? Vous vous donnez un genre, c’est ça ?
-Parfaitement ! Aie, il l'avait mit en pétard. Que voulez-vous faire d’autre quand toute votre vie se résume à rassembler les ordures en petits tas compacts ? Aux bouts de quelques dizaines d’années vous aussi aurez envie de vous balader en bure marron avec ce chapeau ridicule sur la tête. Ne serais-ce que pour donner l’impression aux gens que vous posséder des pouvoirs mystiques. Bien sur qu’il n’en ait rien mais masquer vos paroles par des métaphores donnent généralement aux gens l’impression qu’ils sont en train d’écouter des paroles sages.
-Sauf si ils ne comprennent pas les métaphores.
-Ils l’imputeront automatiquement à leur propre stupidité ; c’est ça le plus beau : ce n’est pas de votre faute si ils ne vous comprennent pas, c’est la leur.

« Mais je ne suis pas un balayeur ordinaire : j’ai un balai magique ! Voilà ce qui me distingue des autres gens de ma classe. »
Clem accueillit cette affirmation avec forces doutes : il était plus probable de penser que des années de ménage avaient esquinté le cerveau du malheureux balayeur au point de le pousser à taper la discute avec son seul espoir de vie sociale : son balai. A force, toutes ces discussions avaient du engendrer des réponses fictives, qui l’amenèrent à considérer la nature prétendument magique de son balai. A moins qu’il ne soit réellement magique… c’était tout de suite beaucoup moins drôle.

« Mais rassurez-vous, je ne désespère pas de monter plus haut dans l’échelle social ! Il chuchota la suite comme si c’était une information de la plus haute importance : « En fait, je compte passer l’examen pour devenir un laveur de carreaux. »
C’en était trop, il fallait que Clem parte d’ici.
« C’est sans doute passionnant mais je dois vous quitter maintenant. »
-Oui je comprends : deux meurtres, ça doit vous faire beaucoup de boulot à vous tous.
-…
-Tôt ce matin. Pas la peine de me regarder comme ça je ne sais pas où il a eu lieu.
Clem était déjà en train de partir. « Merci quand même ! »

Mais tout cela ne changeait rien au fait que Clem était perdu dans ce quartier sombre. Celui qui en avait dessiné les plans devait avoir une longue carrière passé dans les labyrinthes derrière lui car toutes les rues et carrefours se ressemblaient. Il ne pouvait plus utiliser les habituelles tours du château pour se repérer car les maisons autour de lui était tellement resserrer que le soleil ne devait taper les pavées qu’à midi pile. Inutile de compter son sens de l’orientation, il était absolument déplorable. Pas d’exemple fantaisiste, il est juste bon à savoir que son sens de l’orientation était déplorable. Et ce n’était pas courir comme un dératé comme il le faisait qui allait le sortir de la plus vite.

Au détour d’une ruelle pendant sa trottinette (une petite trotte quoi), Clem aperçut trois clochards faisant les poubelles. Clem s’arrêta pour leur parler dans l’espoir qu’il pourrait lui indiquer le chemin pour sortir de ce quartier sombre ; c’est ainsi qu’il remarqua que ces trois clochards n’étaient pas comme les autres créatures qu’il avait eu l’habitude de rencontrer dans Dreamland : même si leurs vêtements restaient marrons par la crasse les recouvrant, ces personnages avaient l’air de sortir d’un dessin animé. Un peu comme une excellente insertion à la Roger Rabbit.
« Je te dit qu’on n’en trouvera pas cette fois, on n’en trouveras plus jamais.
-Renier comme ça un cadeau de Dieu : maintenant c’est sur, tu iras en enfer !
-Ta gueule le pédé ! Trouver un bébé à chaque fois qu’ont fouille dans les poubelles moi j’appelle ça une malédiction.
-Hey vieux chnoque ! J’en ai encore trouvé une !
-Géniale ! Donne-moi ça !
Alors, dans l’ordre d’apparition ça donnait ceci : un grand barbu d’une cinquantaine d’année avec un gros manteau bleu, un sweet avec une capuche sur la tête, ou plutôt sur sa casquette. Un travestit (la barbe ne prêtait pas à l’erreur malgré le maquillage et le fard) habillé comme il se faire de l’image d’une femme clocharde : habillé d’haillons qu’il (ou qu’elle) n’avait pas prit la peine de tailler pour donner l’illusion d’être paré de robes. Le pire était sans doute le turban enroulant ses cheveux. La dernière était une gamine, enfant, elle devait avoir deux ou trois ans de moins que Clem mais par rapport aux deux autres, elle faisait vraiment gamine. Elle portait un manteau rouge et un large chapeau marron/noire protégeant ses oreilles. Elle tendait une bouteille de gnôle devant le « vieux chnoque » qui s’en empara avec une gourmandise et une avidité qui aurait prêté à rire si pareille expression apparaissait sur le visage d’un bambin de cinq ans ; pas si c’était une véritable loque humaine dont le tord boyau était depuis longtemps le seul carburant qui le maintenait en vie. Il vida la bouteille d’une seule traite, en plusieurs lampées de moins en moins fréquentes mais pas un seul instant le goulot ne quitta ses lèvres. Sauf quand la bouteille fut vide bien sûr.

Il se passa un certain temps avant qu’ils ne remarquèrent que Clem les observait ; le premier qui réagit fut le péd… le travesti :
« Mais qui t’as fait ça mon pauvre garçon ? dit-il en se tournant vers Clem. Qui réalisa qu’il devait avoir une piètre mine après la correction qu’il avait reçu des sbires de Fouqulet : même s’il n’avait pas de miroir, il pouvait quand même sentir que son visage devait être strié de bleus et autres joyeusetés résiduelles. Il donna l’explication qui lui passa par la tête : la vérité patinée de l’acide propre aux victimes qui parlent de leurs agresseurs :
« Une bande d’abrutis.
-J’ai connu ça moi aussi. C’était le vieux chnoque qui avait parlé, tout le monde se tourna vers lui :
Une bande de voyous m’avait coincé dans un parc en pleine nuit avant de me tabasser. J’avais réussis à trainer ma vielle carcasse dans une ruelle sombre à l’abri des regards, persuadé que j’allais crever sur le glaviot quand là, une bonne fée apparut et me demanda si je voulais ses pouvoirs magiques ou une ambulance… sur le coup j’ai demandé une ambulance. Avec le recul j'pense que j’aurais du choisir ses pouvoirs magiques.
-Mais Jin, c’était juste une employée de ma mère qui était en cosplay : pas une fée.
-Je sais ce que j’ai vu quand même !
-Allons tante Anna, tu sais bien qu’il est toujours comme ça quand il a bu. Arrêtons de l’embêter sinon il va encore nous lancer nos prétendus ‘quatre vérités’ à la figure.
-C’est ça ! Tu fais bien de te retirer ! C’est pas une gamine fugueuse qui va me les rabrouer quand même !
-N’empêche que sans toi on serait encore à Hollywood Dream Boulevard et on trouvait des ses poubelles quelque chose de plus consistant que toutes ses bouteilles de vinasse.
-J’en avait marre de jouer les saintes-nitouches toutes les nuits excuse moi !
-Heu… excusez-moi mais ça serait pour savoir si vous connaissez le chemin pour sortir de ce quartier car j’ai juste un meurtre sur lequel enquêter mais sinon à part ça je serais prêt à écouter vos frasques toute la journée mais là il faut vraiment que j’y aille.
Trois têtes se tournèrent vers lui, une seule l’avait vraiment écouté.
-Excuse nous mon garçon, mais on n’est pas du coin tu comprends, répondit le… la personne à sexualité divergente et passionnée.
-Okay alors ce n’est pas grave ; je vous quitte, je dois juste allez me perdre plus loin.
-Hey attends, c’est quoi ton nom ? Clem se retourna, c’était le vieux chnoque que les autres pellaient Jin qui l’avait interpelé.
-Clem… Free. Pourquoi ?
-C’est vrai ça pourquoi tu l’embêtes alors qu’il a du travail Jin ?
-Quoi ? Vous vous rappeler pas de ce type ?
-… Ah ! Celui là.
-Quoi ? Qu’est-ce qui se passe ?
-Il nous a donné un message pour toi, dit la fille.
-Oui, renchérit le travestit. Il nous a demandé, avec une grande politesse de te dire que tu devais arrêter avec une extrême urgence tes affaires en cours.
-Enfin, plus exactement : « Vous direz à monsieur Free que s’il n’arrête pas tout de suite ses conneries ça vas chier ! »
-Oh… Et j’imagine qu’il était masqué de la tête au pied et que vous n’avez pas vu son visage.
-Heu… exact.
-Dingue hein ? Fit Clem avant de s’éloigner.

Résultat des courses : il y avait une ou plusieurs personnes que Clem devait embêter durant son enquête. Le message ne devait pas venir de Fouqulet car celui-ci avait quand même un langage un peu plus soutenu ; et un de ses sbires n’auraient pas caché son visage pour délivrer un message à trois clochards. Il y avait donc une deuxième personne importante que Clem importunait. Son coté paranoïaque lui souffla que ça lui augmentais juste ses chances de se faire assassiner dans une ruelle sombre. En parlant de ruelles sombres il ferait mieux de se bouger s’il voulait se casser d’ici.

« Dingdilingdilingdong ! Il est treize heures du matin et TOUT VAS B…
Clem prit quand même le temps de s’arrêter pour sortir sa montre de sa poche avant de la fracasser contre le mur le plus proche comme si il se servait d’un fléau. Pratique cette chaine finalement.
« Excuse moi de t’interrompre ainsi mais je pensais qu’on avait une sorte de contrat morale entre nous : tu ne manifestes pas ton existence et je ne t’explose pas contre les murs ; exception faite quand je t’utilise. C’est clair ?
-Mais c’est totalement injuste cette histoire ! Alors comme ça je ferme ma gueule sauf quand tu as besoin de moi ; là si je te contente, tu me rembarre dans ta poche sans même un merci et si je t’embête, tu me frappe ! C’est de l’exploitation moi j’dis ! Vous autres voyageurs et aventuriers, vous traitez vos objets magiques comme de la merde ! Vous n’avez aucun respect pour nous ; vous croyez que servir de béquilles à des décérébrés comme vous nous contentes ? On a des sentiments nous aussi !
-Quoi ? Cogito ergo sum et toutes ces conneries ?
-...En gros, ouais.
-Navré de te l’apprendre de façon aussi abrupte mais si ton rêve est de devenir un champion mondiale de triathlon, ta carrière est mort-née.
-Pas ça connard ! Je demande juste à pouvoir donner l’heure quand je veux…
- Et éclater mes tympans par la même occasion ? C'est non !
-Espèce de salop… Boum, fit la montre quand elle percuta une nouvelle fois le mur d’en face.
« T’étais pas obligé de faire ça tarlouze !
-Oui. C’est de là que vient la moitié du plaisir.
-Connard…
-Tu disais ?
-Non rien.
-Sure ?
-Oui.
-Génial ! Bon, c’est pas tout, mais tu dois rentrer dans ma poche maintenant.
-Non ! Tout mais pas ça !
-Bon, qu’est-ce qui te contenterais alors ?
-La ceinture.
-Quoi la ceinture ? Ah, non ! Pas question.
-Mais pourquoi ?
-Parce que… Bon allez merde c’est d’accord mais t’as pas intérêt à me les brouter sinon…
-Sinon quoi ? Tu me jetterais ? Pour de vrai ? N’attends pas surtout.
-Non, en fait je pensais à quelque chose de plus horrible et plus douloureux pour toi mais on va faire comme si je ne t’avais pas entendu. C’est bon ? Tu es bien accroché ?
-C’est bon, vas y !
-Bon, nouveau contrat alors : pas de commentaires désobligeants sur la vie que je mène, okay ? On va chacun mener des vies séparées.
-Avec moi accroché à ta ceinture.
-Voila tu as tout compris. Tu compteras les moutons Oh, en fait, on est bien d’accord : je t’utiliserais quand j’en aurais envie… Bougonne pas je sais que c’est ce qui te fait plaisir dans la vie.
-Au final je n’ai pas le choix c’est-ce pas ?
-Tu as parfaitement bien résumé la situation. Allez maintenant ferme-là.

Il fallut seulement une quinzaine de minutes pour que la montre rassemble suffisamment de courage pour poser cette question : « On est perdu hein ? »
-Non, je me promène.
-En cercles concentriques ?
-Tu sais, il n’est pas trop tard pour… Tu as dit quoi à l’instant ?
-Quoi ? J’ai juste remarqué que tu passais toujours par les mêmes endroits, c’est tout.
-Alors comme ça tu aurais le sens de l’orientation ? C'était trop beau. C’était bien plus que Clem pouvait espérer.
-On dirait pas comme ça, hein ?
-Tu m’étonnes, bon, tu m’ôtes une épine du pied là. Tu vois le chemin pour sortir d’ici ?
-Ouaip, je pense.
-Super, dis le moi.
-Non.
-…
-…
Après quelques minutes de négociation et quelques menaces bien placées, Clem (et la montre) réussirent à quitter les Ombres/Enfers/Quartier-des-miséreux. La perspective de passer le reste de la journée accroché sous la semelle d’une botte est un argument qui a fait plier plus d’une montre à gousset. Bon c’était pas tout mais maintenant il fallait se rendre à la caserne.

Le capitaine était tranquillement poser contre le dossier de son bureau, en train de jouer avec son bandeau qu’il avait enlevé car personne n’était dans les couloirs du palais ce matin. Le capitaine trouvait qu’il y avait un truc pas clair dans cette histoire. Inutile d’y allez par quatre chemins, tous les problèmes venaient de ce voyageur, ce Clem Free là. Pourquoi c’était’ il intégré à l’enquête comme ça ? Avait’ il été ‘recruté par urgence’ comme Pisse l’avait assuré ? Ne trouvait’ il pas son compte quelque part ? Il défendait le principal suspect après tout. La victime, De Frometon, n’avait eu dans sa vie aucun problème avec les voyageurs, aucun contact de près ou de loin soit-il. Et il suffisait aussi de prendre n’importe quelle DreamMag pour voir que ce Clem Free n’était pas un foudre de guerre : aucun carnage ne lui était attribué dans sa brève existence de voyageur ; il passait pour un doux inoffensif mais bon, il fallait bien un début à tout génocidaire. Et même si Clem n’avait pour l’instant rien fait de mal, on ne pouvait pas en dire autant de son frère Ed, cet abruti réduisait en cendre chaque quartier qu’il traversait. Se pouvait il qu’ils travaillaient ensemble ? Après réflexions, ce constat était impossible : si Ed devait casser la gueule à quelqu’un, il le faisait sur la place publique en plein jour si ça lui chantait ; il n’envoyait pas un inconnu le faire à sa place avant d’envoyer son frère saboter l’enquête.
L’une des nombreuses règles de survit du capitaine lui intimait de toujours avancer avec prudence quand il pensait avoir un doute, et là il en avait un gros. Hier soir, il avait fait jouer tout son réseaux d’indics (et ceux de ses proches subordonnées par la même occasion) pour recenser un minimum les voyageurs se baladant dans la ville : si l’un d’entre eux était un connard opportuniste ayant déjà manipulé de jeunes voyageurs, ils seraient intéressant de le surveiller. Pour l’instant, la seule nouvelle qu’il avait eu, c’était que Clem s’était paumé dans le vieux quartier après avoir eu une ‘conversation’ avec Fouqulet, ils avaient des chances de ne plus jamais le revoir si il s’était retrouver dans l’enquête ‘par urgence’. Si Clem revenait malgré les menaces de l’IA, alors il y avait de grandes chances qu’il soit dans l’enquête pour des raisons personnelles.
Un coup tapé à la porte le fit sursauter et il remit vite son bandeau, jamais ses hommes ne frappaient à la porte, ils attendaient que lui, vienne leur ouvrir. C’était certainement un de ses informateurs qui revenait. Et effectivement c’était le cas. La porte s’ouvrit et révéla un jeune habitant des rêves ; muet (mais pas sourd comme beaucoup le pensait), il faisait ses rapports par écrit au capitaine. C’était sa source la plus fiable, après tout, c’était lui qui lui avait appris à écrire. Il tendit sa main au capitaine qui prit le petit bout de papier et lu : « Le maître d’école est arrivé ». Le capitaine inspira un grand coup : il avait accepté ce poste à Citadelle rien que pour coincer cet enfoiré. Le maître d’école ne revenait jamais dans une ville une fois qu’il avait fait ce qu’il avait à faire. Dès que le capitaine avait comprit cela, il avait changé de poste pendant de nombreuses années dans des villes où le maître n’était jamais venu dans l’espoir de le pincer. Cette fois c’était la bonne. Clem Free pouvait attendre. Quoique si Clem était manipuler par quelqu’un, c’était bien le maître d’école.
Comme il le disait parfois, il était temps de prendre l’enquête par le scrotum.
Le capitaine n’était pas un combattant très respectable.

A quelques rues de là, Pisse glandait à la caserne, après tout, il était maintenant le partenaire de Clem dans cette enquête et comme il n’arrivait pas, il était condamné à l’attendre. Alors certes, il était sensé retrouver la trace du domestique de la victime, mais vu l’heure avancé, Pisse se dit qu’il ferait mieux d’attendre encore cinq minutes pour donner à Clem le temps d’arriver. Toutes les cinq minutes, le choix se renouvelait et ça faisait maintenant une heure que Pisse attendait par tranche de cinq minutes. Tout le monde a déjà vécu une attente comme celle là, et pourtant l’humanité répétait cette erreur encore et encore. Ce n’est pas comme si il avait le choix non ? Pisse préférait encore glandouiller que bosser, il avait formé un beau duo avec Vignasse ces dernières années mais Pisse savait que c’était fini : pas par la faute de Clem, mais Pisse voyait bien que Vignasse n’était plus bon à rien. Il ne s’était pas présenter pour prendre son service ce matin, Pisse le savait car il devait remettre sa plaque à Clem sans avoir besoin de se justifier auprès de son ami.
Enfin, Clem arriva finalement, tout rouge et en sueur et Pisse n’eu pas le temps de lui avouer qu’il n’avait pas trouvé le majordome que Clem lui dit où s’était produit le deuxième meurtre.
« Hein ? Mais comment tu es au courant ? »
-Plus tard les détails ; alors c’est où ?
-Heu… Suis-moi. C’est près des remparts.

Une longue trottinette s’ensuivit alors, Pisse voulait marcher et Clem voulait courir : il y eu donc un compromis. L’un trottinait de mauvaise grâce et avec des difficultés pour maintenir son retard par rapport à Clem qui trottinait de mauvaise grâce et avec difficultés pour maintenir son avance car il aimerait bien allez plus vite que ça tout de même.
Ils arrivèrent finalement devant une deuxième maison, avec à l’intérieur un deuxième cadavre, une deuxième enquête. Enfin, presque.

Il y avait effectivement une maison, dont un mur était collé contre la muraille qui défendait la cité contre toutes les horreurs grouillant dehors. Horreurs dont personne ne pouvait prouver l’existence car aucun habitant n’en avait vu l’ombre d’une queue : on pouvait faire confiance à la muraille pour ça.
Le cadavre se trouvait à l’étage supérieur, étage qui était suffisamment haut pour se trouver au dessus de la muraille contre lequel le mur était bâti. Cette constatation était évidente car dans la salle du crime se trouvait une fenêtre qui surplombait le mur d’enceinte, offrant le regard à l’horizon paysagiste. La fenêtre avait sa vitre éventré mais ce n’est pas ça qui retient l’attention de Clem en premier lieu ; la toute première chose qui attira son attention fut l’odeur régnant dans la pièce.

On pouvait dire ce que l’on disait de la mémoire, s’il y avait bien un secteur où elle péchait, c’était bien dans celui des odeurs. Tout le monde pouvait se reconstituer facilement une image d’un souvenir dans sa tête, au prix d’un certain effort, on pouvait aussi se rappeler les subtilités uniques de certains mets. Mais il était quasiment impossible de se ‘rappeler’ une odeur. Cela n’empêchait pas le cerveau de s’en souvenir, histoire de dire au corps « cette odeur là c’est l’odeur de machintruc » à condition que le pif l’ait en plein dans le nez. C’est ce qui arriva, respectivement, au nez, puis au cerveau et enfin à la conscience de Clem : il avait déjà sentit cette odeur, et même pas plus tard qu’hier ou plutôt que la nuit dernière.

Cette putain d’odeur de fruits des bois à la con. Plus forte encore que celle du sang, métaphoriquement plus forte même que le message qui passait en boucle dans sa tête. Le message qui lui disait que les deux affaires étaient peut-être liées.

La salle était remplie d’étagères elles même remplies de bocaux eux même remplies de substance dont on devinait facilement le contenu en lisant les étiquettes : shampoing : substrat de chiendent- Huile de pieds, senteur de fromasins et tutti-quanti toutes ces conneries. Visiblement, La victime avait fait des parfums son travail ; c’était une véritable industrie du nez qu’on avait dans cette pièce. Quand on regardait les cheveux de la victime, on voyait bien qu’il leurs avaient fait profiter un maximum de tout les soins que son statut particulier avait à offrir. D’ailleurs, quand on regardait ses vêtements, on voyait qu’ils avaient aussi put profiter de tous les antimites possibles et inimaginables. Là où ils n’étaient pas taché de sang, Clem pouvait voir son reflet aussi bien dans les cheveux que dans les habits.

Mais vu que Clem ne disposait pas d’yeux sur la nuque, il était obligé de se retourner s’il voulait voir l’un ou l’autre : La victime avait été décapité, et pas de la façon la plus agréable. La coupe n’était pas nette et parfaite comme l’aurait fait une bonne lame bien tranchante… heu… en fait il n’y avait pas de coupe : il suffisait de regarder le cou (n’importe quel partie des deux cous) pour voir les traces de strangulations. Elles étaient difficiles à manquer : c’est comme des couches de graisses qui se seraient superposé sur le cou d’un gros chien ; sauf qu’ici les couches de peau s’étaient superposées l’une sur l’autre car elles n’avaient pas d’autre choix : en fait, la tête de la victime avait été tourné, tourné, tourné et encore tourné jusqu’à ce que les tissus de la peau se déchirent et que les vertèbres sautent. La mort avait du être assez atroce ; Clem voyait avec un certain dégout le rictus qu’arborait la tête de la victime : la tête d’une personne qui n’aurait plus jamais l’occasion de s’acheter une chemise.

« Bah merde alors »
Ça c’était Pisse, mais de toute façon, Clem pensait la même chose.
-Heu… il avait de la famille ? Bon ce n’était peut-être pas la meilleure façon de commencer une conversation près d’un cadavre mais il fallait bien commencer quelque part.
-J’crois que non, c’est la concierge qui l’a trouvé. Elle dit que c’est un grand bruit de verre brisé qui l’a attiré. Clem remarqua enfin la fenêtre brisée, un petit vent frais en profitait pour s’engouffrer dans la salle, évacuant progressivement l’odeur ignoble du parfum mélange de fraise et de sang (même s’il lui faudrait sans doute plusieurs années pour arriver à cette fin, surtout pour la fraise).
« Vous connaissez son nom ? »
-J’crois qu’son blaze est gravé sur ses bouteilles pour pas qu’on les lui chipe.
Clem en prit une au hasard et vit qu’il y avait en effet des gravures faîtes au couteau sur le verre : Patrick Kératine… non, il ne tenait pas la bouteille à l’envers.
« Avec un blaze pareille il ne devait pas avoir de mal à refourguer sa marchandise, fit Clem en essayant d’utiliser le lexique de Pisse, avec de la chance il n’aurait pas besoin de répéter ses phrases pour qu’il puisse suivre ses idées.
-Je crois que ça marchait pas mal pour lui.
-Pas de problème d’argent ni rien ?
-Heu… j’pense pas pourquoi ?
-Il n’était pas en bisbille avec certains aristos ?
-Ben… J’crois pas… Il vivait dans son coin quoi… Il faisait parti du paysage.
-Bravo.
-Quoi ?
-Non rien ; en fait si… Je pense bien que c’est lui qui a tué notre première victime.
-Qui ? De Frometon ?
-Oui il y a des chances.
-Heu… vous avez utilisé un genre de sixième sens de super-flic ?
-Plus précisément le troisième, dit Clem en se tapotant le nez.
-…
-Bon, vous l’avez sentit vous aussi non ?
-… C’est comme votre impression d’hier ?
-Grosso modo, oui… bon, écoutez ! Je sais que le lien est tenu mais visiblement son complice n’a pas voulu prendre de risque.
-Qu’est ce qui vous fait dire qu’il avait un complice ?
Clem fit un geste d’exaspération avec ses deux bras en direction du cadavre (direction plutôt globale vu l’espace géographique qu’emplissait toutes les parties du cadavre) : « Il ne s’est pas fait ça tout seul ! Vous ne pensez pas qu’il a du être ‘aidé’ ?
-Ben… Pisse s’approcha de la fenêtre, un soupçon de crainte superstitieuse sur le visage. Peut-être qu’il s’est fait décalquer par les trucs dehors.
-… Et quel genre de truc ?
-Ben, des monstres quoi…
-Des monstres...et vous savez à quoi ils ressemblent ?
-‘Videment que non, Dieu merci on a notre muraille : ils n’ont jamais pu entrer dans la ville.
-Vous me rassurer : pendant un moment j’ai presque cru qu’ils existaient vraiment.
-Seriez-vous en train de traiter ma maman de menteuse ? Là, Clem lui jeta un regard Fonteneau, nommé ainsi en hommage au prof de Clem qui le maitrisait à la perfection, même si le capitaine en avait lancé un magnifique à Clem la nuit dernière quand il lui avait fait part de son intuition. Il faut baisser le menton, pencher la tête mais garder les yeux sur la personne qui vient de prononcer une grosse connerie. Si il était bien effectué, tout dans le visage devait personnifier la question : « you smoke ? ».
-Je crois que la lumière va devoir se faire.
-La fenêtre a bien été brisée non ? Soit Pisse ne comprenait pas les arcanes du regard Fonteneau, soit Clem était infoutu de le faire correctement.
Il s’avançait vers la fenêtre et se pencha vers le vide dehors, direction le sol.
« Voila… C’est bien ce que je pensais : il y a une gouttière dehors. L’assassin a ouvert la fenêtre, s’est mis en équilibre sur la gouttière et à refermer la fenêtre avant de la briser et de rentrer à l’intérieur.
-… Si vous le dîtes. Cette astuce n’abusait que les abrutis, heureusement pour Pisse que Clem était là : « Pisse Hirn heißt Clem » comme dirait les allemands: "le cerveau de Pisse s’appelait Clem"
-Croyez-moi, c’est l’explication la plus logique. Donc la bonne nouvelle c’est que Joel va pouvoir être libéré. Allez il faut trouver Fouqulet et le capitaine.

Dire que Fouqulet fut surpris et énervé de voir Clem revenir est aussi inutile que de préciser que la Terre tournait autour du soleil ou qu’une bombe nucléaire générait des ondes IEM ; des conneries de vérités générales quoi.
Il ne fut pas ravi non plus d’apprendre qu’ils avaient trouvé un suspect potentiel pour remplacer Joel.
« Attendez, vous dîtes qu’il a été éliminé par son complice ? Joel n’est donc pas innocenté car il reste un meurtrier à trouver !
-Entièrement d’accord avec vous mais vu que Joel était, comme qui dirait, dans vos cellules ; on peut dire qu’il bénéficie d’un parfait alibi.
-Et le troisième complice ?
-...Quelle troisième complice ? Fouqulet avait un sourire que Clem n’appréciait pas.
-Je n’en sais rien : je fais comme vous, j’émets des hypothèses farfelues que vous ne pouvez pas réfuter.Joel vas rester dans ça cellule seulement quand on… quand vous serez sur de son innocence. Bordel utilisait la même technique que Clem; celui-ci comprenait maintenant à quelle point il était foutrement agaçant d'affronter un avocat américain.
-Il est où le capitaine ?
-Porté disparu depuis ce matin, il a reçu un message d’un de ses indics puis il est partit.
-Bon il faut qu’on y aille, on vas vous laissez...
-Attendez !
-Quoi ?
-Je veux juste savoir pourquoi vous êtes revenus.
-Ben… si vous voulez tout savoir Fouqulet, ce matin, la seule chose que vous ayez réussis à faire, ça été de me donner une vraie raison de continuer.
-…
Clem se rappelait alors la ‘conversation’ qu’il avait eu avec Fouqulet ce matin et comprit à cet instant que, autant il était très dur d’être sur à 100% de la culpabilité d’une personne, autant il était au moins aussi difficile que de l’innocenter complètement.

Il était encore à Dreamland quand il commença cette pensée mais il était sur son lit quand il la termina. Cela ne l’arrêtait pas pour autant : son cerveau essayait désespérément de lui faire mettre le doigt sur une information capitale : quelque chose à propos d’un médaillon…

Merde : qui avait annoncé comme acquis que Joel avait forcément le vrai médaillon ? Personne en fait.

Et ça changeait quand même pas mal de chose. La seule personne qui pouvait levé ce simple détail et innocenter Joel… c’était Vignasse.
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MessageSujet: Re: (Quête solo): Série de meurtre au royaume des chevaliers (Quête solo): Série de meurtre au royaume des chevaliers  EmptyDim 5 Juin 2011 - 19:29
Chapitre 4 : Le Maître d’école

Bordel, qu’il était emmerdant de devoir attendre une grosse quinzaine d’heures pour vérifier son hypothèse alors qu’il en était sur de sa véracité. Même en faisant tourner sa mémoire, Clem n’arrivait pas à se souvenir qui avait dit que Joel possédait l’authentique médaillon de l’artiste Gomont. En fait, cette affirmation avait été prit pour argent comptant alors qu’elle n’avait jamais été vérifié : on avait associé l’ancienne richesse de Joel à la certitude qu’il possédait le bon médaillon sans autre raison que cela. Pourtant, c’était ce médaillon qui l’avait envoyé en prison, cette preuve formelle de sa culpabilité devenait soudain branlante. Si Clem avait vu juste, alors ses soupçons selon quoi un autre assassin l’avait fait accuser devenait soudain beaucoup plus probable qu’avant.
Donc en résumé, Clem devait lever ce doute une fois qu’il serait revenu à Dreamland. Comment ? Il suffisait de le demander, sauf que Joel avait fait veux de silence et qu’il n’avait quasiment jamais parlé depuis plusieurs décennies, sans compter le fait qu’il était injoignable à cause de Fouqulet. Restait la seule personne qui connaissait Joel depuis suffisamment longtemps pour pouvoir dire à Clem ce qu’il voulait entendre : C’était tristement Vignasse. Tristement car Vignasse (en partie à cause des litres de bourbon qu’il engloutissait chaque jour) disposait d’une mémoire de poisson rouge et qu’il disposait d’une capacité de concentration à peine supérieur à celle d’un canard. Clem préférait encore poser sa main à plat sur une table et de donner un marteau à Fouqulet plutôt que de confier cet important aspect de l’enquête au grand canyon de la mémoire qu’était Vignasse, mais ce n’était pas comme si il avait le choix.
Là, sur le moment, il attendait avec impatience que les cours soient terminés pour enfin pouvoir rejoindre le monde des rêves afin de continuer son enquête… le début de la folie ? Il passait en ce moment une phase que tout lycéen connaissait : Les rumeurs d’absence concernant les professeurs. C’était une étape obligatoire quand on avait, dans moins de vingt-quatre heures, un interminable cours de quatre heures avec un seul prof. L’après-midi du mercredi qui plus est. Le principe de la rumeur est simple : un élève disait à un autre que ça serait bien que le prof soit absent, puis, les oreilles d’un autre élève à cinq mètres de là n’entend que ce que son propriétaire voulait entendre ; avant de répéter à un autre la version épurée. Les phrases se chuchotaient, les esprits s’échauffaient, une réalité alternative s’installaient pendant que les plus convaincus imaginaient déjà comment ils allaient se passer leurs heures nouvellement libres. De façon assez étrange, ces rumeurs s’intensifiaient quand le cours était en réalité un contrôle long de plusieurs heures, et c’est pourquoi quasiment toute la classe de Clem avait déjà succombé à la tentation de modifier mentalement leur emploi du temps du lendemain et franchement, Clem les aurait certainement rejoints s’il n’avait pas déjà d’autres soucis en tête. En plus d’être déjà en cours il avait un camarade de sa classe derrière lui qui avait planté sa gomme dans son compas avant de le battre en cadence au son de la musique : « Je suis pas tout seul dans ma tête » qui était une balade magnifique qui consistait à répéter en boucle son titre jusqu’à ce que qu’un camarade excédé vous plante sa règle en métal dans votre œil. Clem regarda sa montre et soupira : la journée promettait d’être longue.

Il fallait donner raison aux chipoteurs : les journées étaient techniquement toutes aussi longue les unes que les autres mais nous savons tous à quel point le temps pouvait être relatif. C’est pourquoi, et envers toutes les règles de l’horlogerie, la soirée fut aussi longue que l’ensemble des cours et que le diner dura trois fois plus longtemps que le déjeuner. Plus l’heure d’aller au plumard s’approchait et plus le temps s’allongeait en proportion : le vieux théorème de la balle qui n’atteindra jamais on objectif car il lui restait en encore la moitié du chemin à parcourir, et encore et encore et encore.

Mais s’il y a une chose sur laquelle on peut être sur avec le Temps, c’est qu’il était toujours à l’heure et qu’il était impossible à repousser un rendez-vous avec lui. Nombres de poètes s’étaient plains, au fil des siècles, de sa ponctualité mais on pouvait au moins lui donner ceci à son crédit : inutile de tirer des plans sur la comète, elle finira forcément par vous tombez dessus un jour ou l’autre.

Heureusement pour Clem, il était un couche-tôt, avant Dreamland, il s’en fichait, pendant Dreamland, il aimait l’idée de rejoindre le monde onirique plus tôt même si cela supposait ne pas pouvoir rejoindre son frère tout de suite car il s’endormait forcément avant lui. Mais vu que ce soir, ce détail anatomique lui permettait de s’endormir plus vite alors il n’allait pas s’en plaindre ; du moins pas ce aujourd’hui.

La sensation d’entrer dans Dreamland, c’est comme la sensation de s’endormir pour un très long rêve (logique me direz-vous) sauf que l’on restait éveillé pour en profiter (déjà un peu moins logique) : les membres s’engourdissaient lentement mais surement, on s’enfonçait dans le tissus du lit (lentement mais…) et puis on se retrouvait d’un seul coup dans une plaine tellement immense qu’en plissant les yeux on voyait ce qui s’y était passé la journée d’avant avec une bandes de monstres qui voulaient vous dévorer ; on avait intérêt à rester éveiller dans ces cas là.


Et Clem se retrouva pour la troisième fois dans le royaume des chevaliers de la table pentagonale (bien que cela dit en passant il n’en n’avait vu pour l’instant pas l’ombre d’une épée) et se demanda, comme de juste, comment il allait faire pour retrouver ce poivrot de Vignasse. Il essayait de retracer le chemin qu’il avait parcouru sa première nuit dans l’espoir de retrouver le bar où il s’était fait éjecter, peut-être qu’il était connu dans le coin. Il retrouva assez facilement le marché principal, évita de justesse le dealer au (très mauvais) faux accent africain avant de tomber enfin par hasard sur la ruelle où il l’avait rencontré, lui et Joel. Le bar était juste ici, la fenêtre n’avait toujours pas été réparée mais c’était certainement par flegme et par habitude : Vignasse ne devait pas être le seul à la traverser régulièrement.

A l’intérieur, on lui apprit que Vignasse était venu se soûler ici au beau milieu de la nuit et qu’il ne devait pas être très loin car il avait du mal à marcher comme qui dirait et qu’il avait emporté une bouteille avec lui et qu’il en renversait la plupart autour de lui. On lui conseilla de suivre des taches de vin qu’il avait forcément du laissé derrière lui. C’était un des clients qui s’était sentie obligé de lui faire cette remarque. Clem se dit qu’il y aurait toujours un crétin pour dire tout haut ce que tout le monde pensait tout bas même si c’était une pensée stupide.

Dans les faits, suivre les taches que Vignasse avait laissé derrière après s’être enfoncé dans les ruelles sombres, fut beaucoup plus compliqué que Clem l’avait pensé. Les taches apparaissaient de façon sporadique et n’étant pas les seuls sur le pavé, Clem avait du, à deux reprises, les humer pour être sur de leur provenance. En fait, l’apparition d’une ou plusieurs taches était plus pour Clem l’assurance qu’il ne s’était pas trompé de chemin.

Il vit finalement au détour d’une ruelle un nombre plus conséquent de tache de vin ainsi que des flaques par endroits, comme si Vinasse avait fait la fête tout seul dans son coin et avait lancé sa bouteille encore ouverte en l’air avant de la rattraper. Là, une jambe dépassait d’un coin, Clem se dit que Vignasse devait être tellement beurré que jamais il ne pourrait répondre à ses attentes et qu’il ferait mieux de le réveiller, de le secouer un peu avant d’attendre qu’il décuve.

C’est en se rapprochant d’un peu plus près qu’il remarqua qu’il n’entendait pas de ronflements sourds propre aux alcooliques qui dessoulaient tranquillement en dormant. Pris par un mauvais pressentiment, Clem se pencha vers Vignasse et aperçu ce qu’il n’aurait jamais voulu apercevoir : Vignasse ne répondrait plus jamais aux attentes de personne désormais, un gros trou parfaitement rond lui creusait des rides sur sa gorge et avait laissé s’échapper de son corps tous les liquides qu’il contenait, c’était un peu plus noir que le vin et ça avait un gout autrement différend. Clem réalisa alors qu’il n’y avait pas que du vin dans les flaques autours, et que Vignasse était on ne peu plus mort, et le renseignement de Clem aussi par la même occasion. On disait toujours qu’on ne prenait conscience de la véritable valeur des choses qu’après les avoir perdus, gens compris. Donc là, Clem devait l’avouer à sa propre honte qu’il regrettait plus l’info qu’il n’aurait jamais que le personnage qui la détenait. Bon, il ne connaissait pas forcément beaucoup le personnage mais quelque chose lui dit qu’il ne l’aurait pas trop aimé de toute façon : question de choix sociaux. Mais la moindre des choses que pouvait faire Clem était d’arrêter son assassin une fois pour toute.
C’est après avoir pris cette résolution que Clem entendit le bruit de bottes de cuivres frappant une flaque de liquide.

Il ne se retourna pas, ce qui lui sauva la vie.
Clem plongea et roula sur le sol tandis qu’une lame faisait vibrer l’air au dessus de sa tête. Il se releva après avoir fini de rouler-bouler sur le sol pour voir une silhouette entièrement habillé de noir de la tête aux pieds ; non mais vraiment certain cliché avait la vie dure quand même mais c’était peut-être plus simple pour s’habiller d’un seul coup, histoire de retirer le vêtement en un clin d’œil une fois le travail fini. En fait non, la silhouette n’était pas entièrement habillée en noir : seules ses mains restaient nues de tout gant… Peut-être l’élément le plus important pour un assassin. Mais Clem se rappela qu’on ne récupérait pas les empreintes digitales dans ce royaume, juste les cadavres et encore, quand on les trouvait. Une autre raison pour laquelle des gants n’étaient pas indispensable pour son adversaire était que cela aurait été gâché des gants que de les mettre à ce personnage : Les lames étaient incrustés carrément dans les paumes, tenu ni par les paumes, ni par un dispositif stupide et complète qui les feraient côtoyer le même axe que la veine sous les paumes, mais par les paumes elle-même. Les lames sortaient directement du milieu de la ligne de vie.

Clem recula lentement et vit qu’il avait le dos collé contre un mur. Le combat restait la dernière option mais il n’avait jamais appris à se battre contre un adversaire munis d’armes blanches (en fait il n’avait pas véritablement appris à se battre contre n’importe qui mais on pouvait toujours trouver un moyen contre ceux qui n’était pas armé). Clem se tenait néanmoins prêt ; prêt à s’enfuir dès que l’occasion se présenterait. Ce n’était pas qu’il était lâche mais avoir vu le cadavre de Vignasse avait sérieusement refroidis ses ardeurs guerrières.
Il n’eu pas le temps de penser plus : il y eu un mouvement flou, un éclair blanc, et son épaule gauche fut projeté contre le mur, une lame directement plantée contre le muscle et le mur.
Bien que la lame ne fût pas brulante, Clem avait l’impression que sa chair autour de la blessure était chauffée à blanc, monopolisant tous ses nerfs ; tout son être était accaparé par la mince tige blanche qui lui rentrait dans la peau. La deuxième s’avançait déjà vers lui, visant la tête. Clem savait qu’il ne pouvait éviter ce coup tandis qu’il était cloué au mur ; il para donc la seconde lame avec sa main, doigts dépliés. Sa paume finit par rencontrer la garde (ou plutôt une autre paume) et le coup s’arrêta à quelques centimètres de sa tête. Une lutte silencieuse s’engageait pour savoir s’il aurait assez de force pour la repousser.

Clem savait qu’il n’avait pas l’avantage dans cet affrontement, non pas qu’il l’avait eu ne serait-ce un seul instant mais il voyait bien que ce n’était qu’une question de temps avant qu’une de ces lames ne lui perforent quelque chose d’important. Si ses bras étaient occupés ailleurs, il lui restait ses jambes. Son adversaire était trop occupé à essayé de le planter par la voie express et ne fit pas attention au geste qu’amorça Clem qui était le coup le plus connu lors d’une bagarre de rue : parmi tous les coups de pied lancés aux croquignoles depuis l’aube de l’humanité, cinq seulement était considéré comme les plus beaux et les plus injustement vicieux, celui-ci aurait pu figurer parmi les favoris si Clem avait activé son pouvoir pour plus d’efficacité ; mais une petite voix au fond de Clem lui disait que ce n’était pas une bonne idée de réduire les distances alors qu’une aiguille blanche dansait devant ses yeux. En fait, cela aurait certainement sa dernière idée. Mais le coup eu l’effet escompté et Clem sentit les deux lames se retirer pour ne laisser que deux traces rouges de couleur et de douleur sur son corps.

La silhouette encapuchonnée s’était retiré un instant de l’affrontement, bloquant toujours un des passages de la rue mais même si Clem pouvait partir par l’autre, il ne s’en sentait pas vraiment la force, mais il savait que l’autre bougeait trop vite pour qu’il puisse espérer le vaincre tout seul. Il allait devoir s’enfuir, échapper à l’autre connard et espérer de ne pas trop se perdre avant de rejoindre un semblant de civilisation. On pourrait penser que Clem serait en colère contre lui-même de s’être fait piéger ainsi comme un bleu dans ces ruelles obscures mais il avait autre chose à penser pour l’instant.

Il avait à peine commencé à esquisser un mouvement que son adversaire fit un grand geste dans un tourbillon de couleurs noire et blanc métallique et Clem sentit l’acier mordre sa joue de bas en haut avant de perforer son œil et de couper en deux son arcade sourcilière. Son premier réflexe fut de recouvrir son œil avec sa main tandis qu’un petit flot de sang coulait le long de sa joue et un autre de larme de la part de l’autre œil encore valide pour le faire. Le traumatisme plus que la douleur le fit mettre à genoux tandis que le choc de réaliser qu’il allait probablement mourir dans les secondes qui allaient suivre le paralysa complètement, annihilant ainsi ses dernières chances de survie. Le fait était stupide mais malheureusement commun.

Après, Clem ne se rappelait plus de grand-chose : il se rappelait surtout des bruits environnant que de l’action qui s’était passé, mais une deuxième silhouette était apparue et elle avait engagé le combat avec l’agresseur de Clem. Le sifflement de l’air qui accompagnait tout objet en mouvement rapide combiner au bruit sourd des explosions collait assez bien aux éclats de lames touchant le sol. Un bruissement de cape lointain fit comprendre à Clem qu’une des silhouettes s’était enfuie. Il leva les yeux pour pouvoir voir laquelle était resté auprès de lui mais son regard était brouillé par les larmes de son dernier œil et il ne vit qu’une silhouette floue indistincte, mais la couleur qui la dominait était le marron : il fallait croire que Clem était tiré d’affaire pour le moment même s’il ne connaissait pas les raisons qui animaient son sauveur. Il devait toutefois tenir à son anonymat car il s’avança lentement vers Clem et il vit une pointure de chaussure sur toute sa longueur coté sol avant qu’elle n’emplisse complètement son champ de vision.

Mais ce ne fut pas le noir pour autant : Clem était étalé sur le dos, la face en feu et son dernier œil définitivement noyé sous ses propres larmes quand il entendit une voix : « Merde ! D’habitude ça marche du premier coup… bon c’est pas grave. Où est cette connasse de veine. Clem sentit une main tâtonner son cou. Ne vous inquiéter pas monsieur Free c’est juste l’heure de faire dodo mais je vais m’arranger pour qu’on vous retrouve ici.

Après, ce fut le noir.
Il était de notoriété publique de savoir qu’une personne qui se réveillait ne savait pas combien de temps elle s’était endormie ni où elle se réveillait. Ces détails lui était connus quand elle avait enfin la force de se lever afin de recevoir en plein sur la vue l’heure indiqué par son réveille-matin qui est posé sur sa table de nuit, recevant ainsi les deux informations en même temps. Sur ce lit, Clem vit vite qu’il n’avait ni table de nuit ni de radio-réveille poser dessus (comme de juste) mais qu’au moins, ses blessures avaient été bandé et que son œil coupé reposait derrière un bandeau. Il tourna la tête et vit alors qu’il était dans une salle qui devait faire office de chambre car en plus du lit sur lequel il était couché se trouvait un bureau… ainsi que le capitaine qui le regardait d’un drôle de regard. ‘ Drôle’ pour signifier en fait ‘bizarre’ car Clem voyait les deux yeux du capitaine, il comprit alors d’où venait son bandeau et mit instinctivement sa main dessus.
« Le prêt est provisoire, je compte bien le récupérer avant que vous ne disparaissiez avec. »
Clem avait du mal à comprendre qu’il parlait avec le capitaine car celui-ci était ‘en civil’ et il était de ses hommes qu’on n’imaginait pas autrement qu’en armure cabossé et pleine de sang, comme si le Père Noël se ramenait en bermudas. Clem se redressa sur le lit et prit alors conscience que le capitaine représentait la loi et que Clem avait certainement été retrouvé par les autres gardes à coté du cadavre de Vignasse et qu’il allait certainement devoir subir un interrogatoire qui allait commencer maintenant.
« Ecouter, je sais que les apparences joue contre moi mais je n’ai…
-Quelles apparences ? Le fait que je vous ai trouvé dans une ruelle baignant dans votre sang avec le cadavre d’un de mes hommes ferait plutôt de vous une victime. Clem se détendit grandement.
« Il m’a piégé, commença t-il, il a tué Vignasse et m’a attendu pour m’avoir aussi.
-Vous tirez des conclusions un peu trop hâtives : vous n’avez pas été attaqué par l’assassin de Vignasse.
-Comment ça ?
-Réfléchissez un peu : comment savait-il que vous étiez à la recherche de Vignasse ? Quand on tue quelqu'un on, ne reste pas près des lieux pour massacrer tous ceux qui s’en approchent, pas quand on a décidé de laisser le cadavre au beau milieu d’une avenue.
-Heu… c’était plutôt une ruelle sombre.
-Pour vous c’est une ruelle sombre mais pour moi, c’est une des rues les plus fréquentés du vieux quartier : ce n’était qu’une question d’heures avant qu’il ne soit retrouvé.
-Et comment savez-vous que l’on n’a pas été attaqué par la même personne ? Vignasse a bien été tué par une blessure au couteau, non ?
-Non, la blessure est bien trop ronde pour ça ; en fait, j’ai l’impression que celui qui a fait ça s’est servi de ses doigts. Il a du en enfoncé un avec une force prodigieuse.
-Hum… une force prodigieuse ? Comme celle qui a ‘dévissé’ Kératine ? Il aurait aussi éliminé Vignasse ?
-Non, celui qui a tué Kératine est le même qui vous a agressé. Clem Free, vous n’avez jamais entendu parler du Maître d’école ?
-… Non.
-Il est considéré par certain comme une légende local dans Dreamland, une sorte de juge/bourreau qui parcourt ce monde en pratiquant une justice aussi expéditive qu’irréversible.
-Une sorte de Père Fouettard avec des clous au bout de la branche.
-Si seulement il se contentait de clous. Quand le Maître d’école trouve une personne qui a fait selon le sens qu’il donne à ce mot, un crime ; il s’occupe lui-même de son exécution et il ne s’embarrasse pas de procès intermédiaire.
-Et quel rapport avec moi ? Pourquoi m’a-t-il attaqué ?
-La seule explication que je trouve c’est qu’en tant qu’inspecteur de la défense vous devez le gêner dans son ‘travail’. Pourtant d’habitude il ne s’attaque jamais à une personne innocente. Le capitaine fixa Clem du regard un petit moment mais même avec un œil, celui-ci vit où il voulait en venir.
-Je suis comme vous je ne comprends pas, se défendit il. Peut-être pense t-il que le fait de défendre les criminels donnent à leurs défenseurs les mêmes charges…
-Et vous le pensez aussi ? Et vous continuez à défendre Joel alors qu’il a assassiné De Frometon ?
-On n’en sait rien justement. Il n’y a aucune preuve contre lui.
-Et le médaillon ?
-Qu’il soit vrai ou faux personne ne savait où Joel avait trouvé le sien.
-Savait ?
-Oui, Vignasse devait le savoir : ils se connaissaient depuis longtemps.
-Mais il a été tué. Clem acquiesça.
-Puis, vous avez été attaqué par le Maître d’école. Clem acquiesça encore une fois, les événements de la journée se remettaient en place.
-Et là une personne, certainement l’assassin de Joel, vous a sauvé.
-Mais pourquoi ?
-Parce que vous brouillez les cartes monsieur Free. Vous avez foutu un bordel pas possible dans cette enquête. Si l’assassin vous a sauvé la vie, c’est que, quelque part, vos actions doivent lui servir.
-Ou que je gêne le Maître d’école.
-A ce stade on peut penser que c’est à peu près la même chose.
-D’ailleurs, comment m’a t-il retrouvé ?
-Qui ? L’assassin, ou le Maître d’école ?
-Les deux.
-Pour le Maître d’école j’ai peut-être l’explication : j’enquête sur lui depuis de nombreuses années et je sais qu’il est un voyageur, il vous à peut-être retrouvé en pensant à vous avant de s’endormir.
-Depuis plusieurs années ?
-Une fois que le Maître d’école quitte une ville, il n’y revient, pour ainsi dire, jamais pour éviter d’être trop connu ; mais j’appartiens à un bureau spécial qui donne la chasse à ce genre de personnage. Cela fait maintenant plusieurs années que j’ai la charge de son dossier.
-… Un bureau spécial ?
-Qui se charge de l’identification et de l’élimination des voyageurs parmi les plus dangereux pour les habitants de Dreamland.
-Et cela fait plusieurs années que vous vous intéressez au Maître d’école et vous n’avez même pas son nom ?
-Ni son pouvoir.
-… Vous avez quoi au juste ?
-On a en quelque sorte son schéma opératoire : quand il arrive dans une ville, il vide d’abords les prisons de ses criminels les plus dangereux avant de faire régner sa justice dans les rues. Il se constitue un réseau d’indics qui l’orientent vers ses prochaines victimes.
-Et vous pensez qu’il fait pareil ici ?
-Oui, à ceci près que grâce à Fouqulet, nos cellules sont vides de tous criminels dangereux.
-Sauf un : Joel. J’imagine que le Maître d’école ne compte pas attendre la fin de notre enquête.
-Sauf deux : je vous rappelle qu’il vous a aussi dans sa ligne de mire.
Il y eu un silence tandis que Clem digérais une fois de plus cette information ; même s’il se plaisait dans le rôle de celui qui traquait son frère à travers Dreamland, être la proie de quelqu’un rendait le jeu subitement moins drôle.
-Ne vous inquiéter pas vous êtes en sureté ici.
Clem entendit plusieurs voix féminines venant du plancher (étage donc) et une vieille association d’idées lui vinrent à l’esprit.
-Vous m’avez caché dans une… hum… maison close ? Le capitaine lui répondit du tac-au-tac : « Non : vous êtes chez moi. »
Un long silence gêné s’ensuivit ; enfin, Clem était gêné et le capitaine avait surtout l’air de s’en amuser.
-Non croyez moi, les maisons closes, c’est le pire endroit pour se cacher si on vous recherche.
-Si vous le dîtes… alors... on est chez vous ?
-Je loue une chambre ici en effet.
-Et c’est sûr ?
-Assez sur en effet, c’est un atelier de couture ; et les filles que vous entendez doivent toutes remplir des commandes de coutures voyez-vous.
-Oui, oui je vois c’est bon, Clem se sentait déjà honteux de sa remarque vis-à-vis d’elles même si elles n’en auraient jamais connaissance.
-Avec deux aiguilles.
-Oui oui, c’est bon, j’ai compris, dit Clem qui voyait bien que le capitaine se payait de sa tête.
-Et un crochet… quelquefois, dit le capitaine qui souriait carrément maintenant.
-J’ai compris, j’ai compris, je suis désolé ! Bon, et après ? C’est juste que je suis poursuivi par un tueur implacable mais si vous dîtes que c’est endroit est plus sûr que toutes les confiseries du coin je suis preneur. Le capitaine retrouva son sérieux :
« Il ne faut surtout pas que vous sous-estimer le réseau d’information du Maître d’école ; il peut allez prendre ses renseignements là où il veut, sa réputation de croque mitaine lui suffit dans la plupart des cas pour recevoir des renseignements extrêmement fiables et concrets.
- Comment fait-il ? S’il ne tue que les criminels, les indics ne devraient pas avoir aussi peur de lui.
-Déjà, vous êtes la preuve vivante que nous ne savons pas tout de son échelle de valeur, et il prend soin à demander des renseignements à des types pas très bien dans leur peau et dans leur âme, histoire qu’ils soient un maximum nerveux quand il leur posera ses questions. Je connais la technique j’emploi la même : les René Pas-Touche, les Jacques l’Anguille et les Christophe Sans-Histoire, je sais comment leur faire cracher leurs valdas.
-… J’aime beaucoup l’expression ‘preuve vivante’.
-Ne vous inquiétez pas ce n’étais qu’une façon de parler mais vous avez raison de vous penchez sur un point : le Maître d’école à suffisamment assez de force pour plier toute la garde de cette ville.
-Je croyais que vous n’avez pas son pouvoir.
-Certain des plus gros criminels qu’il a… disons « châtié » étais dehors quand il les a tué.
-Et ceux des prisons ? Comment il fait pour s’y introduire ?
-Très certainement avec son pouvoir : je n’y suis pas allé dans toutes mais les rapports disent tous que les serrures avaient été forcées.
-… Je pense que ça correspond avec son pouvoir, commença Clem mais le capitaine l’interrompit tout de suite.
-Vous l’avez vu ? Je n’en espérais pas autant ! Il s’était penché vers Clem avec une expression de sadisme et de gourmandise sur le visage, preuve que les prochaines paroles de Clem allaient être d’une importance capitale. Même s’il était complètement sûr de la véracité de ses informations, Clem était un peu nerveux de faire l’objet d’une telle attention ; comme s’il allait se tromper dans les derniers instants.
-Il a du crocheter les serrures je pense : il a des lames qui lui sortent de partout dans le corps, j’imagine qu’il maitrise suffisamment son pouvoir pour en faire sortir aussi des rossignols.
-Hum… des lames… le capitaine releva la tête. Ça peut coller.
-Mais c’est la première victime qui a été tué avec les armes contondantes, celle du Maître d’école a été… étranglé.
-Encore une preuve indirecte ! Il fait toujours attention à tuer ses victimes sans installer de schéma particulier pour qu’on ne puisse pas les relier entre eux.
-… Donc dès que vous avez sous les bras un meurtre non expliqué d’un criminel, vous le lui imputer directement.
-A vrai dire, c’est le seul moyen qu’on a pour le suivre à la trace car il ne laisse aucun autre signe de lui, et je vous ai déjà dit que lors se qu’il quittait une ville c’était pour ne jamais y revenir.
-Donc inversement, quand vous le perdez de vue, vous vous installez dans une ville où il n’est jamais intervenu et vous l’attendez.
-Voila ! Cela fait longtemps que je suis de faction ici alors j’ai eu le temps de monter en grade mais au moins cela m’a permis de me constituer un réseau d’indic important, et en plus grâce à votre travail vous l’avez retenu dans la ville le temps qu’il s’occupe du cas de Joel.
-Et du mien, par la même occasion.
-Justement il faut que je vous en parle : vous compter faire quoi demain ?
-Quoi ? Ben je vais certainement ne jamais remettre les pieds ici !
- J’ai besoin de vous pour attirez le Maître d’école.
-Et moi j’ai besoin de ma peau pour rester en vie. Je suis désolé mais il va vous falloir vous débrouillez sans moi, il vous reste Joel après tout.
-Joel est actuellement sous le contrôle de Fouqulet et je n’ai actuellement pas le temps d’user de mes prérogatives pour le récupérer. De plus, j’ai besoin d’un leurre mobile.
-Ecouter, c’est juste que je trouve ça trop dangereux. Une rencontre avec le Maître d’école m’a suffit, dit Clem en montrant du doigt le bandeau qui cachait son œil récemment crevé.
-Si vous avez besoin de quelque chose…
-Il ne s’agit d’une récompense : je ne suis pas un mercenaire.
-Non, mais s’il y a quelque chose que l’on peut faire pour vous récompensez, on pourrait…
-‘On’ ? Votre bureau chargé de surveiller les voyageurs dangereux pour les êtres de Dreamland ?
-Celui là même.
-… Vous avez un dossier sur mon frère : Ed Free ?
-Long comme mon bras.
-…J’en veux une copie.
-… C’est d’accord ! Si vous survivez bien sûr.
-…
-On sort ! On a un paquet de truc à préparer ! Il faut déjà commencer à piéger la zone en somme.
-Et… Mais Clem fut interrompu par des cris venant du bas de la maison : des cris d’hommes lourds et possessifs face à des protestations de femmes scandalisées. Finalement, la porte de la salle où se trouvait Clem et le capitaine fut ouverte en grand pour laisser passer Fouqulet et une équipe de gros bras qui faisait quatre fois la taille de leur chef. Clem ne l’aurait pas juré mais c’était peut-être les mêmes qui l’avaient passé à tabac dans la ruelle la nuit dernière.

Fouqulet embrassa tranquillement la salle du regard tandis qu’il se mettait un vieux cigare dans la bouche.

« Bien, bien, donc : Clem Free, vous êtes en état d’arrestation pour le meurtre du garde connu sous le nom de « Vignasse » et selon l’article quatre-vingt quatre alinéa ‘b’ iii) sur les crimes commis par les voyageurs, vous allez devoir payer selon la loi du Tallon.


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Clem Free
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MessageSujet: Re: (Quête solo): Série de meurtre au royaume des chevaliers (Quête solo): Série de meurtre au royaume des chevaliers  EmptyMar 14 Juin 2011 - 17:22
Chapitre 5 : Cours particulié

Les oreilles de Clem bourdonnèrent tranquillement le même message qui repassait en boucle tandis que le sourire de Fouqulet s’étirait en longueur tandis que ses oreilles à lui répétaient exactement la même chose, sauf que ce n’était pas lui le sujet du verbe « arrêter ».

Le capitaine se mit entre Clem et les gardes de Fouqulet et commença ce qui aurait été une mémorable engueulade professionnel sauf qu’il était toujours en habit de civil, qu’il n’avait donc pas son armure, son bandeau et son cigare au bec ; en plus, le ton de sa voix laissait penser à Clem qu’il avait parler avec un peu de légèreté par rapport à sa certitude quand à l’innocence assuré de Clem :

« Fouqulet ! Qu’est-ce que c’est que ce bordel ? Vous n’avez rien absolument rien à faire ici ! Vous allez me faire le plaisir de déga…
-Vous tombez bien monp’taine j’ai aussi un mandat pour vous.
-
-Vous avez caché, soigné et protéger un assassin : arrêter moi si je me trompe mais cela fait de vous son complice. Dans ce genre de cas, je crois que le complice se prend la moitié de la peine du suspect principal : on ne vous tuera qu’à moitié. La figure jubilatoire que tirait Fouqulet révélait bien à quel point il prenait plaisir à condamner les gens, on ne pouvait pas dire de lui qu’il avait manqué sa vocation. Le capitaine tenta de redresser la barre :
-Selon la loi, nous devons êtres soumis à un procès en bonne et dû forme !
Fouqulet sortit des plis de son veston un petit manuel de notes qu’il fit semblant de consulter.
« Un point pour vous pour le procès capt’aine mais soit c’est écris tout petit mais je n’arrive pas à voir les mots ‘en bonne et dû forme’. Ne vous inquiéter pas pour votre protégé. Je vais moi-même choisir les membres du juré, le juge et les avocats, que des types qui ont, un jour ou l’autre, perdu des proches à cause des exactions des voyageurs se baladant dans notre ville, comme ça l’issue n’en ferait aucun doute. Oh ! Et je vais demander au cordonnier de bien vérifier la solidité de la corde, histoire qu’elle ne fasse pas défaut au dernier moment ; et je pense que j’huilerais moi-même la trappe, ça serait bête qu’elle se bloque quand il voudra descendre non ? Ça me prendra le temps que ça me prendra mais ce n’est pas grave : je prendrais sur mes heures sup’ j’adore faire ça.

« Bon, c’est pas tout mais faut se dépêcher de le conduire à la prison avant qu’il ne se réveille, j’ai fait acheter à la municipalité un nouvelle objet magique qui le contraindra à rester en cellule jusqu'à ce qu’on en ai finit avec le procès.
-Ah parce qu’en plus je n’y assisterais pas ?
-Ben, vous croyez qu’on a besoin de votre présence pour prouver un meurtre que vous avez commis ? Bordel de merde mais bien sûr que oui ! Mais il fallait croire qu’ils avaient leur propre logique. L’un des gros bras s’avança vers le capitaine, épée et menottes aux poings.
« Vous croyez faire quoi là ? L’invectiva le capitaine.
-Ben… Je vous arrête monp’taine, répondit il d’une voix amusé comme s’il trouvait les deux dernières répliques amusantes.
-Et bien vous le faîte mal : quand on veut arrêter quelqu'un on ne le laisse pas vous parlez comme je le fait, on n’échange pas des blagues stupides avec lui, on ne s’avance pas comme un con avec ces putains de menottes dans la main et la bouche en cœur et surtout on ne laisse pas vous attrapez le bras comme ça ! Pour vous le mettre dans cette position là de manière à le briser comme ça ! Et on tient fermement son épée avec sa main pour ne pas qu’il ne vous l’arrache comme cela ! Et qu’il la presse contre votre gorge pour menacer vos camarades de cette façon là ! Et maintenant reculer bande de connards !

Les copains du pauvre quidam infortuné reculèrent avec une lueur de crainte dans leur regard tandis que Fouqulet se tenait la tête des deux mains en prenant note d’affecter ce garde au nettoyage des toilettes publiques.


Clem n’avait pas besoin que le capitaine lui fasse remarquer qu’il devait s’enfuir d’ici. Apparemment il était au premier étage d’une maison mais même s’ils s’étaient reculés, les gardes de Fouqulet bloquaient la porte – par laquelle ils étaient rentrés – donc il ne lui restait plus que la fenêtre. Il fit apparaître un wormhole réducteur de distance et profita de ses effets pour ouvrir la fenêtre avec son poing qu’il lança en avant en même temps qu’il en profita pour sauter à travers l’ouverture ainsi crée. Bien sûr, cela aurait été beaucoup plus classe s’il avait plongé directement par la fenêtre et qu’il aurait atterrit sur le sol en même temps que les premiers bouts de verre mais il y avait toujours un risque que la fenêtre soit plus résistante qu’on ne le croie et cela aurait été le comble du ridicule si Clem s’était écroulé sur le sol de la chambre après avoir percuté la vitre.

Il retomba sur le sol et vit que Fouqulet avait prévu ce genre de réaction et un garde maintenait Clem en joue avec son arbalète mais Clem avait toujours sur lui son wormhole : les distorsions qu’il opérait dans le continuum de l’espace firent pleurer les yeux du garde qui n’avait pas l’habitude de voir le monde sous cette forme là. Des gouttes perlèrent aux bout de ses yeux et il eu le réflexe malheureux de les essuyer avec sa main ; Clem, toujours accroupi après sa chute, eu le réflexe heureux de lui lancer son pied en plein dans le gras du ventre, plus précisément dans le foie. Le choc coupa les jambes du garde qui s’écroula sur le sol. Non désireux de se prendre un carreau dans le dos, Clem lui arracha son arbalète des mains avant de la jeter au loin, même si elle était lourde, elle retomba une vingtaine de mètres plus loin grâce à l’influence du wormhole. Clem avait déjà commencé à courir avant qu’elle ne retombe sur le sol.

Clem était un expert de la fuite, non pas qu’il avait beaucoup d’expérience dans ce domaine mais les observateurs s’accordent tous à dire que ses capacités à la course en générale se trouvèrent significativement améliorées depuis qu’il avait acquis le pouvoir de réduire les distances. Gardant le wormhole au creux de sa main droite, Clem n’avait besoin que d’une seul foulé là où il aurait du en faire plusieurs pour parcourir le même chemin.

N’ayant pas le désir de rester dans les grandes artères principales où il se trouvait, Clem s’engouffra dans la première ruelle qui croisa son chemin et continua sa course dans les dédales des ruelles qui devenaient de plus en plus sombre et de plus en plus tortueuse. Clem du annuler lui-même son wormhole avant qu’il ne se prenne de plein de fouet un mur sur le coté de la tronche.

Visiblement, tous les gardes de la ville s’étaient passé le mot pour savoir que Clem était le nouvel ennemi public numéro un, car il avait à peine eu le temps de tourner dans quelque rues le temps qu’il se réveille qu’une patrouille l’avait déjà pris en chasse (tout ça sentait quand même les heures supplémentaires de Fouqulet). Clem prenait un virage à chaque fois qu’il le pouvait pour échapper à la vue de ses poursuivants mais soit ceux la étaient des experts dans la chasse à l’homme soit ils étaient tout simplement trop nombreux et Clem ne disposait pas d’une rate qui lui permettait de courir indéfiniment comme ça ; il y aurait forcément un moment où il allait devoir se faire arrêter. Sa seule chance était de leur échapper suffisamment longtemps pour qu’il puisse se réveiller et là, il n’était pas près de revenir de sitôt.

Les virages se faisaient de plus en plus fréquents et Clem vit que des riverains le regardaient avec un air effrayé avant de courir de toutes leurs forces dans la même direction. Clem comprit dans un juron que ce n’était qu’une question de minutes avant que le Maître d’école ne soit au courant qu’il déambulait dans les ruelles, complètement perdu, complètement seul. Sa situation n’était déjà pas brillante mais elle empirait déjà de seconde en seconde. Combien de temps avant qu’il ne se réveille ? Clem savait que la durée qu’un voyageur passait dans Dreamland était extrêmement variable du fait de la perméabilité très changeante du temps. Il savait juste qu’il y aurait forcément une fin. Clem espérait juste qu’elle soit à sa convenance.

Soudain, une douleur au niveau de ses côtes lui coupa le souffle et il mit ses deux mains sur les genoux pour le reprendre tranquillement : c’était juste un putain de point de côté qui le faisait souffrir le martyr mais Clem savait que ce serait pire s’il tentait de courir maintenant. Bordel de merde il avait pourtant bien tenté de respirer régulièrement alors pourquoi maintenant ? C’était mille fois pire que n’importe qu’elle cours d’endurance dans le parc du lycée : les profs d’éducation sportive n’avait pas encore l’habitude de lâcher des chiens sur les élèves retardataires.

Clem entendit dans son dos les cris d’exclamation des gardes qui l’avaient rattrapé et s’obligea à continuer à courir même si chaque respiration de sa part lui donnait l’impression qu’un anneau de fer lui écrasait le rein. Il préféra ça à la corde de chanvre autour du cou.

Soudain, il y eu un claquement dans l’air, comme un tissus battant le vent, le bruit que faisait une paire de bottes en cuir touchant le sol, deux, trois, quatre chocs sourds ; et quand Clem se retourna, une silhouette drapée et cagoulée de vêtements marron beige avec des grandes lunettes de natation se tenait seule, entouré des corps inanimés de quatre garde en armure qui fumaient tranquillement d’une vapeur évoquant le lardon fumée. La silhouette mit ses mains devant son visage et elle se concentra un instant : une lumière discrète qui luisait plus qu’elle brillait d’une lueur blanche comme une couche de peinture brillante. La silhouette se baissa, posa ses mains sur le sol et Clem vit la lueur bouger et onduler come un serpent, elle coula sur le sol où elle se plaquait comme une ombre avant de venir se mettre aux pieds des maisons qui encadraient la rue. La silhouette qui avait sauvé Clem se remit debout, leva une main et claqua des doigts. Aussitôt, la drôle de teinte blanche devient une fraction de seconde trop brillante pour être vu par des yeux non-protégés.

Et elle explosa.
Par explosion, il faut se mettre d’accord sur le sens donner à ce mot car il y a deux types d’explosions : la déflagration, si chère au cinéma et aux jeux vidéo où des colonnes de flamme remplissent chaque centimètre carré d’air libre ; et la détonation – celle qui nous intéressent – qui est quasiment invisible à l’œil nu, la détonation, on la devine par le bruit qu’elle fait et par les différentes matières soufflés par l’onde de choc qu’elle dégage tel que la poussière, le mortier, des mains, des bras. Clem leva les yeux en l’air et évita les plus gros blocs de pierre qui tombaient à proximité de lui mais ne put rien faire pour la pluie fin de gravats divers qui s’abattit dans toute la zone, L’espace entre le cou et le col compris.

Les deux maisons, sciées à la base, commencèrent à combler l’espace vide de leur rez-de-chaussée avec les pierres du premier étage dans le plus parfait désordre et la plus complète anarchie ; il aurait été candide de croire que l’étage supérieur allait parfaitement remplacer celui du dessous qui manquait, les gravats avaient tendance à dépasser de l’espace qui leur avait été indiqué par le cadastre original. Mais cela devait être l’objectif du saboteur entièrement recouvert de marron car chaque maison ayant débordé de son espace, la ruelle qui avait tout juste la place de laisser passer trois personnes ne laissera même plus passer un chat dans l’état où elle se trouvait.

Mais la rue dans laquelle se trouvait Clem et son mystérieux sauveur pouvait toujours être atteint par des ruelles encore plus petites et c’est ce qui fit un garde qui courait vers le voyageur au mystérieux pouvoir explosif, l’épée à la main. Le garde fit un large mouvement des deux bras pour amener son épée au dessus de sa tête avant de la baisser brutalement vers la bas ; la main du voyageur fit le mouvement inverse et les deux se rencontrèrent à mi-chemin, il y eu le même éclat blanc et l’épée fut briser en plusieurs morceaux tellement petits qu’ils en devenaient inoffensifs, seule la garde de l’épée subsistait mais celui qui la tenait l’avait lâché sous le choc et il tentait de sortir un couteau de sa ceinture mais son adversaire ne lui laissa pas le temps : il attrapa le garde par le col avant de lui faire traverser un mur sur lequel il l’avait lancé.

Un autre garde arriva avec une arbalète sur l’épaule, il vit son confrère au sol, épaula l’arbalète et tira un carreau vers le voyageur au pouvoir détonant ; celui-ci mit ses deux mains en protection devant lui, il y eut encore un éclair blanc et le carreau fut vaporisé en petites échardes qui partirent en sens inverse car trop légère pour lutter contre l’effet Venturi de l’explosion, les oreilles de Clem sifflèrent sous le changement de la pression de l’air. Il réalisa maintenant que ce mystérieux voyageur devait être celui qui l’avait sauvé plus tôt dans la soirée : cela devait être avec son pouvoir explosif qu’il avait coupé les lames du Maître d’école.

Le voyageur sortit des relents de sa cape une bille de fer toute grise qu’il chargea avec son pouvoir, la bille devint tout blanche et quand il la lança contre le garde qui chargea nerveusement un autre carreau dans son arbalète, elle fonctionna comme une parfaite grenade et explosa, seuls les traits gris de poussières et le corps inerte du garde qui volaient dans le ciel laissait deviner l’explosion sourde qui avait eu lieu.

Sa tâche ainsi terminé, la silhouette se tourna vers Clem qui se rappela que, selon la théorie du capitaine, devait être l’assassin de De Frometon, la première victime, en outre, la dernière fois que Clem avait croisé la route de son sauveur, celui-ci l’avait assommé plutôt sauvagement, c’est comme cela qu’il engagea la conversation :

« Et là, vous allez faire en sorte qu’on puisse me retrouver c’est ça ? »
-Hélas non monsieur Free. Dit le voyageur, sa voix était déformé par les vêtements qu’il portait : tout son visage était recouvert de ce tissu marron qui tirait vers le sableux et ses lunettes laissait ses yeux voir le monde autour de lui sans que le monde puisse voir ses yeux. Tout les blancs qu’il laissait des ses phrases était occupé par d’autres sons qui n’étaient pas encore sortit, comme si ils faisaient la queue pour sortir de l’enfer de textile où ils se trouvaient.
« Cette fois je crains que les seuls personnes qui vous cherchent ne le font que pour vous tuez. » Cette réponse rassura Clem, indirectement, elle avait de grande chance de signifier que la personne avec qui il conversait ne venait pas pour le massacrer.
« Il va falloir faire vite monsieur Free, reprit il. Il me faut absolument votre parole sur laquelle vous vous engager à revenir la prochaine nuit. »
-Et... pourquoi ça ?
-Voila, c’est comme ça, on n’a pas vraiment le temps il faut faire vite avant que l’on ne se réveille tous les deux : j’aurais besoin de vous la nuit prochaine, ici.
-…Mais…
-Ecoutez, vous n’avez pas envi de connaître toutes les réponses aux questions que vous vous posez ? C’était le genre de question où Clem avait toujours tendance à soulever la petite bête.
-… Toutes les réponses ?
-Seulement celle que je pourrais vous fournir et croyez-moi j’en dispose de beaucoup, seulement il faudra que vous veniez le plus tôt possible.
-Comment ça le plus tôt possible ?
-Et bien, je sais que nous sommes dans le même fuseau horaire donc on va dire en début d’après-midi vers deux heures.
-… Je n’ai pas l’habitude de faire la sieste le mercredi.
-Vous avez bien une pharmacie familiale où trouver des somnifères ?
-Certainement… mais vous savez, j’ai cours le mercredi après-midi.
-Et alors ? On s’en fout !
-Et alors ? Vous me demandez de sacrifier mes obligations du monde réel pour celle de Dreamland ! Je veux bien admettre d’être impatient de m’endormir toujours plus tôt pour la rejoindre rapidement mais j’en suis pas au point de me droguer pour me viander plus vite.
-Vous n’avez qu’à faire une exception pour cette fois : la nuit prochaine, ça sera le point de non-retour, je dois être sûr que je pourrais compter sur vous.
-Compter sur moi pour faire quoi ? Et vous n’êtes pas sans le savoir que je suis poursuivi par le Maître d’école vu que c'est vous qui m'avez secouru ce matin, vous n'avez toujours pas changer de vêtements ! Après cette dernière phrase, le mystérieux voyageur garda quelque temps le silence avant de poser une main sur l’épaule de Clem et d’ajouter :
« Si vous accepter de me suivre pour la prochaine nuit monsieur Free, je vous promets que le Maître d’école ne vous fera aucun mal.
-Vous m'avez l’air bien sûr de vous.
-Ne vous inquiétez surtout pas, jamais il ne sera un problème pour moi.
-Si vous le dites… bon, c’est d’accord, qu’est ce qu’on fera demain ?
-Je vous donnerais les détails le moment venu, pour l’instant, il va falloir tenir le temps que vous vous réveillez, surtout resté près de moi. Oh et en fait ! Vu que j’ai une sainte horreur de ce déguisement et que je veux garder mon identité secrète tant que je ne serais pas sûr de votre parole, vous allez me faire le plaisir de garder les yeux fermés pendant qu’on attende ensemble la fin de cette nuit.
-Vous voulez dire que vous allez encore…
- Exactement, fit-il en levant sous les yeux (oups ! Sous l’œil) de Clem un doigt qui brillait d’une petite lueur blanche qui brillait des plus en plus.

Il y eu un éclat blanc et Clem se retrouva sur son lit, probablement après avoir fait un petit somme dans le monde des rêves. Il avait conscience que tout le reste de sa journée allait s’articuler en fonction de la « sieste » qu’il allait devoir s’offrir pendant l’après-midi. Clem n’aimait pas l’idée de précipiter son arrivé à Dreamland mais il avait accepté d’aider son sauveur même s’il y avait un risque que ce soit l’assassin qui à déclencher toute l’histoire, Clem avait quand même une dette envers lui et il faut dire qu’il avait été passablement impressionné par le combat de tout à l’heure et il était très disposé à croire qu’il pourrait le protéger contre le Maître d’école. Et il avait aussi furieusement envie de connaître le fin mot de toute cette histoire, juste pour voir jusqu’à quelle point il ne s’était pas trompé en tant qu’enquêteur. Voir son score en quelque sorte bien qu’il était conscient que ce n’était pas un jeu, loin de là. Mais une curiosité toute légitime le poussait à voir jusqu’à quel point il avait été un gros abruti pendant son enquête. Il voyait bien maintenant à quel point cela avait été stupide de rejoindre cette enquête, dès le début, il aurait du partir dès le début. Il pensait que les solutions des meurtres dans la réalité n’étaient pas aussi abracadabrantes que dans les romans américains mais il avait négligé un détail : il n’était pas dans le monde réel, il était à Dreamland, ce qui étais aussi grave que de confondre un gluon avec une kinase (mais cet échelle de valeur ne convenait pas à certaine personne). Il avait cru qu’il suffirait d’enlever certains stéréotypes de coté pour pouvoir trouver la vérité et il s’était pris ces mêmes stéréotypes sur le travers de la tronche. La perspective de revenir et d’en finir dans les règles de l’art avec cette histoire lui donnait des démangeaisons dans tout le corps, il voyait bien que son mystérieux allié était plutôt en marge de la loi et qu’il allait devoir passer sa prochaine virée à Dreamland dans une certaine discrétion (peut-être était-ce pour ça qu’il devait s’endormir tôt).

Quitter le lycée plus tôt ne fut pas vraiment un problème car les entrées et les sorties d’un lycée ne sont absolument pas contrôlées (pour le plus grand bonheur des ex-collégiens) et malgré ce que Clem pensait de cette sortie dreamlandesque un peu rapide, la perspective d’échapper à un contrôle d’une durée de quatre heure n’allait pas l’attrister le moins du monde : ce sont les retombés qui vont être attristantes, mais Clem s’en foutait pour le moment. La seule chose à laquelle il pensait, c’était naturellement des pensées sur ses actions, faîtes et à venir qu’il a fait dans Dreamland. C’est comme tout : quand on a sacrément envie de connaître la fin d’une histoire, on a tendance à la précipiter et à ignorer les éléments autour, le fait de connaître cette vérité ne l’atténuait absolument pas.

Quand Clem mit la clé dans la serrure de la maison familiale, il se sentit quand même un peu honteux, coupable de, d’une certaine façon, trahir ses parents, ses profs, tout ça quoi ; le fait de préférer le monde des rêves au leur où il lui avait aussi des obligations (même si cela était certainement vrai). Il savait que ce qu’il allait vivre cette nuit (ou plutôt cet après-midi) allait être l’aboutissement de toutes les autres qu’il avait passé dans ce royaume et il se dit que cette situation était exceptionnelle et qu’il ne recommencerait (l’espérait-il) jamais.

C’est en allant vers le tiroir où étaient rangés les médicaments de toute la famille et où on y trouvait forcément des somnifères d’habitude réservés aux membres les plus âgés que le téléphone sonna, vu qu’il était directement à sa portée, Clem l’attrapa environ une demi-seconde après qu’il ait commencé à sonner et se traita d’imbécile à peu près au même moment : c’était à tous les coups un membre administratif du lycée qui appelait pour voir si, par hasard, Clem serait suffisamment stupide pour répondre juste après avoir séché les cours, si tel était le cas, il n’allait pas être déçu. Mais le cerveau de Clem ne possédait pas aujourd’hui d’un semblant d’instinct de conservation et il eu même la stupidité (ou plutôt le réflexe) d’engager la conversation pas les salutations d’usage, comme ça, la personne qui l’appelait n’allait plus avoir aucun doute sur l’identité de leur correspond.

« Bonjour monsieur Free ; alors comme ça on se prépare à une petite viré hors du lycée ? »
Merde, il y avait une perspective tellement chiante que Clem n’y avait même pas pensé : c’était que ce soit son prof lui-même qui l’appelle pour lui demandé pourquoi il ne s’était pas présenté en cours… enfin merde ! Clem avait réellement plus urgent à faire que de se faire remonter les bretelles par son prof. Si encore il avait été appelé par des surveillants, il leur aurait servi des salades du style… une crise d’agoraphobie par exemple, cela n’aurait pas été la première fois qu’il manquait des cours à cause de sa phobie mais son professeur, Mr. Fonteneau, suivait la scolarité de Clem suffisamment longtemps pour savoir que cela faisait des mois qu’il n’avait plus eu de problème avec cet handicap (à juste titre d’ailleurs). Clem eu à peine le temps de baragouiner quelques mots qui auraient servi d’introduction à une excuse bidon morte d’avance que Mr. Fonteneau le coupa :
« Vous avoir au bout du fil me rassure Monsieur Free, laisser mois une vingtaine de minutes avant d'utiliser vos somnifères : je ne retrouve plus les miens.
-Mais… vous…
-Je croyais que vous étiez avec moi non ?
-Oui…je crois mais… vous êtes…
-J’étais atomosophobe : c’est la peur des explosions nucléaires.
-Ah, parce que vos explosions étaient nucléaires ?
-Ne cofonder pas ‘nucléaire’ et ‘radioactive’ merci. A tout de suite monsieur Free, fit il en raccrochant.

La tonalité du téléphone se fit entendre une demi-douzaine de fois avant que Clem ne le raccrocha aussi, le fait d’apprendre qu’un de ses professeurs était un voyageur était peut-être un choc aussi important que d’apprendre qu’il était trempé dans une sombre affaire de meurtres, il se souvient aussi qu’il avait affronté les gardes comme s’ils n’existaient pas, avec une facilité indécente.

Donc, résumons : un voyageur qui cache son visage affrontait des gardes d’une ville et un mystérieux assassin habillé en noir dans le seul but de protéger Clem quand il se retrouvait dans le vieux quartier dont il connaissait la position, certainement grâce à son réseau d’indics certainement composé de mendiants et de dealers. Quand on pense que ce voyageur dans la vie réel, il ne fallait pas être un génie pour comprendre que la théorie du capitaine était complètement foireuse… et que Clem bénéficiait de la protection du Maître d’école en personne.

Clem s’endormit donc avec le goût amer des somnifères dilués dans un verre d’eau dans la bouche et des images de Mr. Fonteneau plein la tête. Il y avait des façons plus agréables de rejoindre le monde des songes.

_______

« Excuser-moi pour ce vilain tour monsieur Free mais je ne veux prendre aucun risque. »
Lors se que Clem eu la force d’ouvrir un œil, il vit que Mr. Fonteneau se tenait devant lui et qu’il portait la même tenu marron/beige de la nuit dernière sauf qu’il ne s’en était pas recouvert la tête mais qu’il avait gardé ses étranges lunettes sur le front, des lunettes qui ressemblait à des lunettes de natation mais elles étaient suffisamment grosses pour recouvrir la moitié du visage de quiconque les portaient. Des lunettes qui ne tenaient pas par des branches posées sur les oreilles mais par un plastique souple qui faisait le tour de la tête. Clem voulu faire un mouvement mais plusieurs signaux nerveux envoyées par son corps lui indiquèrent qu’il était assis sur une chaise en bois et qu’il avait les mains attachés derrière le dos et le dossier de cette même chaise.
« Hum… vous ne faîtes pas confiance c’est ça ? »
« Bien sûr que si ! Sinon, votre tête ne serait pas sur vos épaules. Mais puisque je vous connais assez bien, je sais que vous l’avez à plus d’un titre : deux pour ce que j’en sais ; et c’est pour ça que je prends le risque de parler avec vous maintenant.
-Hum… on n’est jamais trop prudent n’est-ce pas ?
-Si je dois prendre pareilles précautions c’est en grande parti à cause de vous monsieur Free : tout aurait été bien plus simple si vous n’avez pas défendu aussi efficacement le coupable.
-Efficacement ?
-Cela fait maintenant trois jours qu’il n’a pas été exécuté et par rapport à la moyenne de Fouqulet c’est énorme, on peut donc en conclure que vous l’avez défendu efficacement.
-Donc il y a vraiment de quoi énerver le Maître d’école comme ça hein monsieur ? Bien sûr que Clem avait mit un maximum d’ironie dans sa voix mais Clem était nul à ce genre de jeu mais son but était tellement évident que son interlocuteur n’avait même pas besoin de réfléchir pour voir où il voulait en venir.
-Alors vous êtes finalement moins abruti que je ne le pensais… je peux savoir comment vous en êtes venu à cette conclusion ?
-En réfléchissant.
-…Houuaaa ! J’aimerais que l’on puisse continuer cette discussion à condition que vous compreniez que je ne suis pas un débile mental, okay ?
-Enfin, je voulais dire : en réfléchissant moi-même. Depuis le début. J’ai laissé d’autres gens réfléchir à ma place et je n’ai pas vu le tableau dans son ensemble : je suis partis sur des mauvaises bases.
-Qui sont ?
-Que vous êtes l’assassin et que l’autre type de la nuit dernière, le Maître d’école.
-Et pourquoi ? Même voyageur, Mr. Fonteneau gardait des gènes de professeurs profondément enracinés dans son ADN qui le poussait à poser ses questions à la fréquence d’une batterie de canon si l’élève interrogé ne parlait pas assez vite ou ne donnait pas les bonnes réponses.
-Parce que tant que j’étais l’inspecteur de la défense, je suis utile au coupable et coupable a vos… aux yeux du Maître d’école.
-Et comment avez compris qu’il s’agissait en fait de l’inverse ?
-En prenant les données que le capitaine m’avait donné sur le Maître d’école et voir à qui elles correspondaient le mieux : vous en quelque sorte. Vous savez que vous avez un enquêteur Dreamlandien qui essaie de vous coffrer depuis plusieurs années ?
-Oui je sais il est rigolo, dit il avec le grand sourire que l’on arbore quand on entend une bonne blague sur une personne de sa connaissance particulièrement ridicule. Quoi comme genre d’information ?
-« Je ferais en sorte que l’on vous retrouve » m’avez-vous dit avant de… me laisser. J’en conclu que vous et le capitaine avez des connaissances communes dans vos réseaux d’indics mais que leur loyauté va d’abord au plus menaçant : vous encore une fois. Et enfin, quand vous m’avez secouru contre les gardes, j’ai vu vos informateurs partir vous informer que j’étais poursuivi et après, vous êtes effectivement venu, signant, en quelque sorte, que c’était vous le Maître d’école.
-Et c’est tout ?
-Non, il y a autre chose : c’était il y a deux jours quand j’ai croisé trois clochards qui m’ont laissé un message pour moi, un message d’avertissement disant que je devais m’écarter de l’enquête. Il venait certainement de vous, dans l’espoir que je me tienne tranquille. Et ils m’ont rapportés vos paroles exactes où vous m’appeler « monsieur Free » comme la nuit dernière quand vous m’avez sauvé des gardes. Déjà, je me suis toujours balader avec une plaque d’inspecteur ne m’appartenant pas et ensuite, vu nos relations dans le monde réel, jamais vous ne m’appellerez « Clem » comme je ne vous appellerais jamais…
-Oui ! Je vois que vous m’avez enfin démasqué, je pense que l’on peut passer à autre chose.
-Non, je veux juste savoir pourquoi : la théorie du capitaine se tenait, je suis un obstacle pour vous, il aurait été plus simple pour vos plans de vous débarrasser de moi.
-Vous savez monsieur Free, quand on est face à un… « obstacle » comme vous dîtes, il est toujours plus efficaces de le retourner dans son camp que de le détruire et je savais qu’avec vous cela serait possible.
-… Je ne marche pas.
-Pardon ?
-Maintenant que je sais que vous êtes le Maître d’école, je vois quelle genre d’aide je peux vous offrir : vous avez besoin de moi pour infiltrer la prison où se trouve Joel c’est ça ? Par égard pour mon travail, tout le monde dans la caserne parle de lui comme étant « le suspect principal » seul vous le désigner comme le coupable. Et vous en parler avec insouciance mais je pense que l’inspecteur qui est à vos trousses vous met dans une situation bien pire que vous ne voulez me le faire croire. Vous croyez que votre réseau était sécurisé mais cela fait des mois qu’il attend votre venu je pense que vous n’êtes plus totalement libre de vos mouvements, Clem fit semblant de regarder autour de lui pour la première fois et rajouta : On est où là ? Dans une cave ? Vous en êtes réduit à m’enfermer dans une cave pour me soutirer mes informations ?
Il y eu un silence où Clem pensait que son prof allait se mettre en colère et qu’il était peut-être allez un peu loin (pour un gars qui était attaché contre une chaise) mais à la place, Mr. Fonteneau fit un grand sourire et ajouta d’une voix radieuse :
« Bien je n’aurais donc pas besoin de vous expliquer tout ça alors, je vois que vous avez compris les grandes lignes de ma situation à ceci près que ce n’est pas votre « capitaine » qui me cause du souci. Figurez-vous que je ne suis pas venu tout seul à Citadelle. Partout où je vais, je suis accompagné d’un… problème, un obstacle. Vous voyez, dans le monde, et que l’on soit en physique, en automatique ou tout simplement morale ; chaque action quelque quelle soit va forcément engendrer une ou plusieurs réactions s’opposant à celle-ci. Ainsi, je ne pourrais pas vous dire ce qui le motive vraiment mais je suis suivi par un voyageur qui essaie de soustraire mes cibles à leur châtiment. Un protecteur des criminels. »
-… Et vous voulez que j’attire son attention pendant que vous irez vous occupez de Joel ?
-Et pourquoi s’occuperait-il de vous ? Non, je veux que ce soit vous qui vous vous occupez de Joel.
-Quoi ? Alors là il n’en n’ai pas question ! Ce n’est pas moi qui irais dans la prison pour tuer une personne dont je ne sais rien ; personne n’a de preuve de sa culpabilité et certainement pas vous ! Le Maître d’école se pencha alors vers Clem et lui demanda d’un ton qui ne laissait absolument pas penser à une blague :
« Le plus simple serait alors de lui demander directement, non ?
Clem considéra la question sans rien dire pendant un petit moment ; dit comme ça, il était clair que c’était la proposition la plus simple pour tout le monde. Il y avait juste deux problèmes qui faisaient que la tache n’avait pas encore commencé : premièrement, Joel était officiellement sous le contrôle de Fouqulet mais Clem allait le devenir aussi s’il se faisait capturer, non ? Le plus dure serait fait, hein ? L’autre problème était bien sûr le fait que Joel n’avait pas lâché un mot à qui que ce soit depuis… depuis longtemps en tout cas ; Clem n’avait aucunement envi de le torturer pur lui arracher les vers du nez mais l’idée d’avoir un semblant d’entretien avec la seule personne qui pourrait l’éclairer sur le fondement de l’affaire ne le déplaisait pas. Ce qui le déplaisait c’était que le seul moyen d’engager cette conversation était d’aller en cellule dans l’attente d’un jugement qu’on lui avait promis rapide et sans surprise. Il y avait de quoi doucher l’enthousiasme de chacun.
« Au fait monsieur ? Clem avait depuis le début de la conversation une question qu’il voulait lui poser mais il n’avait pas réussis à l’introduire subtilement et maintenant que la conversation touchait vers sa fin, son dernier recours était de la donner directement comme elle l’était :
« Pourquoi vous faîtes ça ? Je veux dire ; parcourir Dreamland en pourchassant des criminels issu d’un monde parallèle, vous pensez que ça vaille le coup ? Enfin merde je m’exprime mal mais…
-Je comprends parfaitement votre question monsieur Free et je vous signalerais quand même que ma façon d’arpenter Dreamland, ce n’est absolument pas vos affaires mais si je devais répondre franchement… je dirais que c’est tout simplement parce que ça m’amuse de procéder ainsi. Et si je devais me psychanalyser, je dirais que j’ai été probablement influencé par toutes ces histoires de super-héros rendant la justice eux-mêmes et dégageant cette morale pragmatique toute simple : et Dreamland est juste le monde où je peux faire ce qui me chante sans risquer de finir en taule. Et ce n’est pas parce que ces crimes se déroulent à Dreamland qu’ils sont moins importants. Et puis je pense vraiment que mes actions ont changés les choses : dans les villes où je suis passé, le crime organisé c’est trouvé soudainement très désorganisé : il n’y a quasiment aucun organisme qui survit après avoir la tête tranché.
-Si les vers de terre, fit Clem machinalement.
-Parfaitement ! Fit Mr. Fonteneau avec l’expression du professeur qui venait d’amener son élève exactement là où il le souhaitait. Et savez-vous comment on capture des vers qui ne veulent pas quitter leur cachette ?
-Oui : on frappe le sol avec un bâton pour leur faire croire qu’il pleut et les inciter à s’aventurer à la surface, après, on plante ce même bâton sur le sol et il ressort conchié de vers qui se sont accroché à celui-ci. Clem avait tourné sa phrase de façon à bien montrer qu’il avait bien compris la métaphore.
« Et je vous conseille de trouver un autre bâton pour cette dernière étape. »
« Ecouter monsieur Free, je ne vous demande pas d’y allez pour le tuer mais juste d’y allez : j’ai juste besoin d’un bâton pour faire sortir de terre le pire des connards.
-Et vous croyez qu’il se bougera pour moi ?
-Oh que oui : il l’a déjà fait quand vous avez découvert le cadavre de Vignasse.
-… Vous boulez dire que…
-Je veux dire que si vous vous approchez de Joel à moins de cinquante mètres, il sortira à la surface, il ne peut pas prendre le risque que vous découvrez le véritable meurtrier.
-Parce qu’il le protège c’est ça ?
-Voila. Il surveille l’enquête depuis le début et il doit penser que vous êtes le type le plus inquiétant pour son protégé et il ne va pas rester inactif si vous vous en approchez.
-Et Fouqulet ? Ce type essaie quand même de condamner Joel depuis le début de l’affaire et c’est moi qui l’en ai empêché. Je vois pas pourquoi je serais, pour lui, une menace plus directe que Fouqulet.
-Ce n’est qu’une théorie mais je pense que le protecteur de Joel a un plan pour le faire quitter la prison mais pas la cellule ; il a donc peut-être besoin qu’il quitte la cellule escorté par les gardes et là il pourra agir.
-Et pourquoi on continu de parler de Joel comme si c’était vraiment lui le meurtrier. Je veux dire, toutes vos stratégies s’articule autour de cette vérité alors que personne ne sait si elle est vrai.
-Monsieur Free, dit le Maître d’école avec une brutalité dans ses paroles qui indiquaient bien à quel point il commençait à en avoir marre de la naïveté de son élève, même si Joel était innocent, le fait de le savoir reste d’une importance capitale quand des personnes comme vous cherchent le vrai responsable. Et j’ajouterais que s’il y a une personne qui connaisse l’identité de l’assassin, c’est bien son protecteur.
-Il n’a pas d’autre nom ? Une appellation comme vous ? Mr. Fonteneau le regarda avec une surprise non feinte, « Pourquoi il en aurait une ? Il ne tue personne, ne fait pas les manchettes des journaux comme moi et c’est bien suffisant pour rester inaperçu.
-C’est un voyageur ?
-Oui et vous connaissez déjà son pouvoir : celui de faire apparaître des lames de toutes les parties de son corps ; il a aussi une mallette magique contenant des drogues dopantes contenus dans des seringues qu’il s’injecte dans les veines pour améliorer ses capacités ou pour user de pouvoir qu’il n’a normalement pas.
-Comme le fait de faire apparaître du feu en claquant les doigts ? Une horrible image venait de passer dans les yeux de Clem.
-Des choses comme ça, oui, fit son professeur qui avait vu le verso de l’image seulement en regardant la tête que tirait Clem.
-Et il essaie de parler en faisant un horrible accent qui ce veut africain ?
-Il en change régulièrement mais vous avez raison : parler avec lui vous donnes très vite mal à la tête.
-…J’hésite quand même pour votre plan.
-C'est simple ! vous êtes le seul à avoir un billet express pour la prison où Joel est enfermé.
-Oui : un allez simple.
-Pas problème je vous offre le retour, Fonteneau lui tendit un sac que Clem découvrit rempli de petites billes semblables à celle qu’il a utilisé pour se débarrasser de l’arbalétrier la nuit dernière.
« Vous les secouez avant d’en introduire une dans une serrure et elle s’ouvrira comme par magie.
-Avec grand fracas et coups de tonnerres qui alerteront les gardiens ?
-Ne vous inquiété pas pour ça elles sont plus silencieuses qu’on ne le pense, bon maintenant il va falloir préparer votre voyage.
-Je ne peux pas simplement me rendre à Fouqulet ?
-Beaucoup trop louche malheureusement, je crois juste qu’un mercenaire atomosophobe va vous capturer et vous livrer inconscient aux gardes après avoir vu une annonce locale demandant la chasse à votre personne.
-Inconscient, hein ? Je vais finir par croire que vous aimez ça.
-Et vous n’aurez pas entièrement tord, fit il en faisant briller ses doigts encore une fois devans les yeux de Clem. « On y va ? »







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Clem Free
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MessageSujet: Re: (Quête solo): Série de meurtre au royaume des chevaliers (Quête solo): Série de meurtre au royaume des chevaliers  EmptyVen 17 Juin 2011 - 22:52
Chapitre final : Remise des diplômes

Content. Cela faisait longtemps que Fouqulet n’avait pas été aussi content ; il s’était habitué à son métier depuis tant de temps qu’il n’avait jamais vraiment réfléchi à monter en grade. Il faut dire que, vu qu’il était le meilleur Inspecteur de l’Attaque depuis des années qu’avait eu la caserne que de son point de vue, recevoir une promotion aurait été une perte de grade. Mais voilà qu’il avait arrêté son propre capitaine ce qu’un IA n’était pas sensé faire mais personne ne lui avait adressé de remontrance mais depuis que celui était dans les cellules du dongeon, la place avait été comme qui dirait porté vacante et le travail n’allait pas se faire tout seul n’est ce pas ? Il fallait que quelqu’un s’occupe de la paperasse qui s’entassait sur le bureau, quelqu’un qui pose ses fesses sur le fauteuil et fasse avancer la machine non ? Il était confortable ce fauteuil d’ailleurs, plus confortable que ce que Fouqulet l’avait imaginé ; en fait, comment ne l’avait il pas remarqué avant ? A quel point il était confortable ? Il allait peut-être l’occupé encore un moment alors. C’était qu’il y avait encore beaucoup à faire : rien que classer cette montagne de papier qui lui bouchait la vue allait certainement prendre plusieurs mois. L’ancien capitaine était partisan de la maxime « poser donc cela quelque part » et il avait pour principe de ne jamais jeté un œil aux documents ‘à lire d’urgence’ qu’au moment où une personne entrait dans le bureau en levant les bras et en poussant des cris excédées. Mais avec Fouqulet, oups ! Le capitaine Fouqulet ! Bref, donc avec lui, la caserne allait arrêter d’être un boui-boui tous les jours. Fouqulet comptait bien garder le doigt sur la couture du pantalon et pas un poil de cul n’allait dépasser sans qu’il le veuille : fini la sieste du cinq heure avec une tasse de thé et place au vrai travail du policier efficace ! Des rondes efficaces et répressives, voilà ce qu’il fallait à la population pour qu’elle se sente tranquille. Il fallait qu’elle est le sentiment qu’elle soit protégé contre tous les dangers et si au passage on la protégeait vraiment, alors c’était tant mieux mais le but premier était que tous sache que l’on n’allait plus se moquer de la garde de la ville comme ça ! Des répressions efficaces et ciblées allaient mettre cette ville au pas en quelque semaine seulement. Une main de fer dans un gant de toilette, voilà ce qu’il disait toujours ! Pas question pour les innocents d’en pâtir (trop) mais la racaille devait être éliminé ; comprenez par racaille tous les gens qui s’éloignaient peu ou beaucoup de l’image que l’on se faisait du citoyen modèle et respectable. Fouqulet savait que l’on n’en trouvait pas beaucoup mais peut-être allait-il ainsi obtenir des crédits pour pouvoir enfin agrandir le nombre de cellule car il commençait à avoir beaucoup de monde à l’intérieur de la prison, quoiqu’ elle sera bientôt libéré d’au moins deux places car le voyageur et l’autre clochard allait bientôt passer à la trappe. Pas besoin de préparer de procès bidon : il suffisait juste de venir dans leur cellule et de leur dire qu’il l’avait perdu. Au pire on préparait un compte rendu au cas où ils gueuleraient et le tour était joué ! Fouqulet eu un sourire compulsif quand il repensa à sa dernière trouvaille pour capturer les criminels ; bon certes, ce n’était pas une trouvaille de mettre des affiches de recherches pour retrouver les fuyards mais c’était Fouqulet qui avait ajouté une récompense à la clé : auparavant, seul les gardes étaient concernés quand ils voyaient ce genre d’affiche mais là, tout ce que le patelin comptait de voyageurs et de mercenaires avait réussis à mettre la main sur Clem Free qui reposait bien en chaud dans sa cellule, toujours assommé depuis qu’un mercenaire l’avait amené mais bien vivant et il avait suffi d’une fouille sommaire pour récupérer sa montre magique qui avait poussé des soupirs, de satisfactions ou de déceptions ? Fouqulet avait été trop occupé à donner des ordres pour qu’il soit emmené dans sa cellule qu’il n’avait pas fait attention sur le moment, toutefois, l’objet en question était maintenant dans le local où se retrouvaient toutes les affaires des criminels enfermé. Utiliser des mercenaires étaient mal vu et ne ce faisait quasiment jamais du temps de l’ancien capitaine mais Fouqulet préférait l’efficacité au paraître.

Il reprit d’un seul coup ses esprits quand il repris conscience de la montagne de travail qui le narguait du haut de ses multiples formats A3, il avait entendu parler d’une machine où il suffisait de tourner une manivelle pour broyer tout ce qui était moins résistant que le bois. Fouqulet était très intéressé par toute cette nouvelle technologie du moment qu’elle servait à détruire plus efficacement les choses ou les gens : l’efficacité avant le paraître. Il s’était par exemple personnellement offert une petite arbalète à un coup suffisamment fine pour se glisser dans la manche et il avait commandé aux ingénieurs du royaume un simple système de poulie à installer sur la potence pour être sûr que le condamné n’allait pas mourir sur le coup : c’était tout simple en fait, le condamné ne tombait plus, il montait. Fouqulet avait hâte de l’essayer sur Clem Free, l’un des seuls voyageurs qui allaient être exécuté publiquement depuis des lustres. Ils avaient bien fait de garder ce tampon magique qui obligeait le voyageur marqué à réapparaître au même endroit toutes les nuits, histoire qu’il ne se fasse pas la malle avant qu’on ne se soit occupé de lui. Ils avaient tous cette agaçante capacité de passe-partout qui hantait les cauchemars de tous geôliers normalement constitués. Fouqulet fit tourner le tampon dans sa main plusieurs fois avant de le remettre dans une des poches intérieures de son manteau bleu marine d’où il dépassait quand même et se mit au travail.

____

Le bureau de Fouqulet se situait dans le palais, de même que la prison, seulement, pour rejoindre l’un de l’autre, il fallait parcourir une série de couloir avant de retrouver la massif double porte en chêne qui donnait sur ce qu’on appelait « la douane » où on enregistrait le nom des prisonniers avant de mettre leurs affaires dans le local situé à coté, puis on les emmenait prendre l’escalier qui menait au dongeon où se trouvaient les cachots remplissant les emplacements libres entre les deux couloirs parcourant chaque étage.

Clem se réveilla dans l’une d’elles.
Il avait la tête lourde et les pensées encore plus après avoir été assommé par son professeur et il regrettait déjà d’avoir suivi son plan sur cette partie de l’opération : sa gorge était chaude, sa langue pâteuse et il avait une soif de tous les diables. Il y avait bien un petit broc d’eau à sa disposition mais elle avait une couleur évoquant la boue et l’encre et son odeur avait suffi à Clem pour prendre une résolution que rien ne détruirait : il ne boirait cette eau que le jour où il aurait décidé de mettre fin à ses jours et ce n’était pas pour tout de suite. Il y avait bien une fenêtre bloquer par des barreaux mais elle était trop haute pour que Clem puisse y jeter un coup d’œil : il le savait pour y être déjà venu mais ici, les cellules et les couloirs étaient plus large que haut car la hauteur était bien la seule variable que l’architecte pouvait utiliser à l’infini quand on construisait une tour à Dreamland.

Clem commença directement à chercher sur lui le sac de billes explosives que Mr. Fonteneau et c’est là qu’il remarqua qu’il lui manquait sa montre à gousset, il étouffa un juron en se dit qu’il allait devoir la récupérer quand il allait devoir mettre les voiles… en fait comment devait-il mettre les voiles en fait ? Cette partie du plan n’avait pas été prévu ou bien son professeur avait jugé plus rigolo de lui omettre de le mettre au parfum. Respire calmement et fait une chose à la fois ; il se préoccupera de ce problème une fois qu’il aurait vu Joel.

Clem fouillait ses vêtements en silence mais nerveusement car il était conscient qu’il était dans cette cellule pour y être exécuté, donc tant qu’il restait ici, il était en danger de mort, logique. Clem remarqua un tatouage représentant un rond et plusieurs signes tribaux cylindriques sur les veines de l’avant bras gauche et il avait assez de jugeote pour comprendre que c’était là le moyen de ses geôliers pour s’assurer qu’il ne joue pas les filles de l’air quand il se réveillerait ; Fouqulet en ayant fait allusion dans la chambre du capitaine. Clem était belle et bien coincé et même s’il arrivait à sortir d’ici il reviendrait là quand il se révei… suffit, respire calmement et quitte déjà cette cellule tu verras la suite après.

Mais il avait beau fouillé dans tous les recoins de ses vêtements, chercher des doubles fond dans ses poches là où il n’y en avait pas et il commença sérieusement à paniquer cette fois : les prochains sons qu’il entendrait serait certainement un garde venant le chercher pour l’emmener à l’échafaud. Clem était en train de se dire que le sac avait du mal être caché et retrouver dans la fouille des prisonniers quand il entendit des bruits de pas feutrés au son croissant : quelqu’un venait dans cette direction. La porte qui fermait Clem au monde extérieur n’était pas une succession de barreau de fer mais d’une solide porte en bois renforcé par des pointes et des clous en acier aux endroits les plus vulnérables et seule une chatière laissant passer la nourriture et une petite fenêtre au niveau des yeux permettaient à Clem de voir le couloir en dehors. De là, il pouvait voir le tronçon du mur qu’occupait l’escalier en colimaçon, l’unique de toute la tour, la seule échelle entre les étages. Et il pouvait aussi voir que l’individu en question descendait au lieu de monter l’escalier, il y avait donc peu de chance que ce soit un garde, se disait Clem, mais il lui avait suffi de détailler l’individu qui c’était arrêter à cet étage pour comprendre qu’il était sans doute pire qu’un garde : même s’il avait troqué sa robe verte contre une noire (la même qu’il portait quand il avait essayé de tuer Clem devant le cadavre de Vignasse) il avait cette fois ci garder son horrible turban jaune vif qui agressait les yeux. Etourdis par son mal de tête lancinant, Clem ne put que grincer des dents lorsque l’individu commença à parler :
« Alors ? Il itit temps qui l’on se rencontre sidi Free. Nom de Dieu c’était insupportable.
-Que me voulez-vous ? Dit Clem que la fatigue et le mal de crâne rendait cassant.
-Seulement vous prisenti à missi Joel, je crois que vous vouli le rencontri, non ?
-Et pourquoi ? Clem se dit un instant que, vu qu’il était dans une cellule, c’était qu’il était lui aussi un criminel non ? Donc peut-être qu’il avait basculé dans le camp de ceux qu’il devait protéger, hein ? Mais si l’autre savait qui avait tué Vignasse, alors il devait savoir que ce n’était pas Clem, peut-être l’aidait il par ennui et parce qu’il n’avait rien d’autre à faire.
-Ji suis curieux di voir ce qui vous alli bien vous dire, ji n’ai pas ri-ussi à lui tiri un seul mot.
-A ce sujet, vous êtes vraiment obligé de parler comme ça, avec cet accent ? Il est tellement horrible qu’on ne doute pas une seule seconde qu’il ait faux.
-… yen ai bien d’ôtre à ma dispositionné.
-On peut s’en tenir au commun, à l’universel ?
-Si c’est la seule chose à faire pour que vous vous taisiez… il avait l’air déçu. Et maintenant écarter vous de cette porte ça va faire du vilain. Clem recula et essaya de deviner ce que l’autre avait en tête en regardant la porte tandis que l’autre en question lui épargnait cette peine car il décrivait ses actions en même temps qu’il les faisait et semblait y prendre beaucoup de plaisir à maintenir cette conversation à un seul sens :
« Au cas où vous vous demanderez pourquoi je ne projette pas de crocheter cette porte – car je pourrais le faire – c’est parce que cela avait été la croix et la bannière d’ouvrir celle de notre ami commun alors je vais plutôt scier celle-ci en enlevant sa serrure comme ça on y verra un peu plus clair.

En même temps qu’il parlait, un ronflement sourd, grave et strident qui rappelait furieusement une tronçonneuse tandis que, là où c’était tenu la serrure quelque instant plus tôt se trouvait maintenant un trou remplit par un bras d’où des dents de métal hérissées tournaient avec entrain autour de la longueur du bras. Apparemment, il maitrisait suffisamment son pouvoir de sortir des lames du corps pour se faire une simulie-tronçonneuse à la place du bras, même s’il gardait les doigts, ça restait menaçant. En fait, tout le bras était présent, on voyait juste les dents qui tournaient selon un chariot complexe qui se trouvait sous la peau. Le bras bougea dans tous les sens comme un requin prit dans un filet pour agrandir un tant soit peu le trou qu’il avait crée et buta contre le mur de pierre qui soutenait la porte du coté où elle se fermait. Il dégagea les restes du mécanisme qui faisait la liaison entre la serrure et le mur avant d’ajouter fièrement : « Ja ! Je crois qu’il ne nous poserait plus de problème maintenant ! Il faut juste une poussé pour l’ouvrir maintenant. » Il y eu alors un coup sourd au niveau du sol et il avait du manifestement se faire très mal à l’orteil car il poussa une bordé de juron avant de tirer la porte qui s’ouvrit docilement. Ce genre d’accident arrivait à n’importe qui à n’importe quel endroit.

« Suivez moi, on doit monter pour retrouver Joel. »

Alors sortir de la cellule… c’est fait et apparemment la suite était déjà en train de s’imposer d’elle-même mais il y avait un petit détail qui le rendait nerveux quand même : s’il était allez en prison de son plein gré, c’était certes pour servir de leurre, histoire que Mr. Fonteneau règle son compte à l’autre gugusse, alors soit le plan de son professeur était en train de se passer à merveille et Clem n’en verrait la subtilité quand il se serait vraiment enclenché soit il était dans la merde jusqu’au col car son seul allié avait été par l’autre gugu… l’au… le protecteur des…
« Heu... Fit Clem tandis qu’ils montaient les escaliers. qu'elle est votre nom en fait ? »
-Luigi ! répondit il au tac-au-tac.
-Okay merci pour votre franchise, dit Clem en grinçant des dents ; il était désormais obliger de l’appeler mentalement sous ce patronyme stupide qui n’était certainement pas le sien. Enfin quoi il fait un complexe d’infériorité vis-à-vis de ses origines ? Ne pas se présenter sous son vrai nom, parler avec un accent qui n’était pas le sien, et puis il y avait ce turban.

« Ah, c’est ici ! Attention, il faut l’enjamber celui là sinon vous risquez de tomber, il ne voulait pas que je passe voyez-vous. »
Si Clem enjamba facilement le garde qui était bien visible, allongé au milieu du couloir, il n’avait malheureusement pas vu la flaque de sang à cet coté et Clem put donc enfin savoir que ses bottes marrons n’étaient pas étanches, pas plus que ses chaussettes d’ailleurs.

« Voila ! Prenez le temps qu’il vous faut surtout ; j’ai même eu la gentillesse de vous trouver une chaise pour vous ainsi qu’une table pour que vous ayez les coudes francs.
Il en fait trop, pensa Clem quand il vit à quoi ressemblait la cellule de Joel ainsi, une table rectangulaire entouré de deux chaises, sur l’une d’elle se trouvait Joel qui avait la tête basse. Avec le rectangle de lumière qui sortait de la fenêtre et qui frappait en plein milieu de la table, on se serait vraiment cru dans une salle d’interrogatoire mais c’était bien un interrogatoire qui allait s’y passer, mais ce n’était pas Clem qui allait pas tenir le rôle de l’officier.

Puisqu’il n’avait pas le choix, il prit la chaise en s’assit dessus avec un maximum de compromis entre l’assurance et la nonchalance de peur que l’excès de l’un ou l’autre ne fasse peur à Joel et ne se ferme définitivement comme une huitre mais il le regardait avec un regard tout ce qu’il y avait de plus triste, de plus ennuyé, comme s’il avait été vidé de l’intérieur. Une fois assis, Clem se tortilla, mal à l’aise.

« Et bien… je ne sais pas par quoi commencer… commença t’il mais Luigi, qui c’était placé derrière Joel l’interrompit :
« Parfait ! Parfait ! Ce n’est pas la peine d’aller plus loin, je crains fort que cela ne serve à rien mon cher Free ! Mais puisque vous êtes là je vous en prie, j’ai quelque petites questions à vous posez mon cher.

Voila qu’il parlait comme un aristocrate maintenant, c’était vraiment son lexique d’origine ou c’était par plaisir ? Clem savait que Mr. Fonteneau lui-même aimait tourner ses phrases ainsi. Il se retourna et vit que rien ne l’empêchait de prendre la tangente par le couloir sinon que Luigi avait refermé la porte derrière lui mais il n’avait pas du la refermé à clé pour une raison toute simple : il ne l’avait pas car il avait du crocheter la porte. De quel coté s’ouvrait la porte déjà ? Clem se souvient qu’il fallait la poussé si on se retrouvait à l’intérieur.

« Alors mon cher, cela va se passer de cette manière : je pose mes questions et vous y répondez, si après je suis satisfait par vos réponses alors je consentirais peut-être à répondre à quelques unes des vôtres… Quelle sont vos conclusions pour le premier meurtre ?
-Lequel ? Celui de De Frometon ? Luigi acquiesça silencieusement de la tête. Je sais juste qu’il est mort de quatre blessures et qu’on a pu suivre la trace car le meurtrier avait laissé une trace de son parfum et on a pu l’identifier.
-Vous avez retrouvé sa trace ? Laisser moi rire ! Je sais bien que vous l’avez retrouvé parce qu’il a été tué par le Maître d’école ! Le nez est le seul organe qui nous permet de voir dans le passé et c’est avec plaisir que je l’ai orienté là ou je voulais. Là-dessus, Luigi sortit des relents de sa tenue une fiole en verre transparente et vide qu’il lança à Clem, celui-ci l’attrapa et vit qu’elle était complètement vierge à ceci près qu’une craie avait laissé des lignes caractéristiques, un nom puis une profession : « Kératine marchand de saveurs »

Or Kératine gravait son nom sur nom sur ses bouteilles avec un couteau « pour éviter qu’on ne lui les chipe »

« Vous avez placé cette bouteille dans la pièce après le meurtre ? »
-Et avant que vous n’arriviez, ce qui a laissé tout le temps au Maître d’école de la prendre et de rendre justice soi même haha ! Excusez-moi, c’est nerveux.
-Vous l’avez orienté vers une personne innocente c’est ça ?
-Ce brave Maître hihi ; il est comme un taureau fou furieux, il suffit de peindre un bonhomme un rouge pour qu’il passe un très mauvais quart d’heure entre ces mains. Je pensais qu’après cette feinte, Joel se serait éloigné de son courroux.

Le cerveau de Clem s’embraya dans une nouvelle direction mais il n’avait plus le temps de poser des questions stupides du style : « alors finalement c’est Joel le coupable ? » tout ce qu’il avait à faire était de continuer cette discussion le plus intelligemment possible en espérant que le Maître d’école déboule ici pour le sauver car il ne doutait pas beaucoup de la clémence de Luigi qui avait assassiné Kératine pour protégé Joel aussi sûrement que si cela avait été lui qui lui avait arraché la tête à force de la tourner. Il n’avait plus qu’à allez de l’avant tandis que la seule conviction qui l’avait porté tout le long de son enquête soit détruite au détour d’une phrase banale, comme si son interlocuteur n’était pas au courant de son ignorance. A dire vrai ; seul lui et Joel croyait encore à l’innocence de Joel alors qu’absolument tout le monde leur disait l’inverse et dans le lot il y aurait forcément un connard pour lui dire « je vous avez prévenu », les paris étaient ouverts pour savoir qui allait se moquer le plus de Clem pour c’être accroché pitoyablement à cette croyance mais il avait trouvé l’enquête plus facile à suivre tant que l’on restait accroché un angle de vision qui devait maintenant changé par la force des choses : donc Joel avait commis le premier meurtre, vient Luigi d’on ne sait où, qui parfume la scène du crime avec un parfum contenu dans une bouteille où il inscrit le nom d’un innocent afin de se débarrasser du Maître d’école en l’envoyant vers une fausse cible. Mais Luigi avait fait une erreur : « Vous avez laissé une fausse preuve sur les lieux du crime mais vous n’avez pas vu que Joel en avait laissé une vraie : son médaillon. »

Luigi lança alors un regard mauvais à Joel ce qui confirma alors la dernière phrase de Clem. Mr. Fonteneau avait du, lui, trouver le médaillon et l’avait quand même laissé, sans doute pour la laisser trouver par Fouqulet que son réseau d’information parmi les citoyens avaient du le décrire comme un second Maître d’école qui utilisait la loi pour parvenir à ces fins. Mais alors que le sort de Joel allait être réglé par l’Inspecteur d’Attaque, Clem ramena sa fraise (d’on ne sais où aussi d’ailleurs) et commençait à retarder la condamnation de Joel voir à menacer de l’annuler complètement par son travail de désinformation. Irrité, le Maître d’école avait du penser à supprimer ce voyageur importun pour laisser Fouqulet se salir les mains à sa place mais (et ce n’était que pures suppositions de la part de Clem) ne le faisait pas car lui et Clem se connaissait dans la vie réelle où il était son pédagogue, alors à la place, il décide de laisser un message à son attention en chargeant plusieurs de ses indics de lui transmettre au cas où ils le rencontreraient ; un message lui intimant de laisser tomber l’enquête dans les plus brefs délais. On arrivait donc au troisième meurtre : celui de Vignasse.

« Qui a tué Vignasse ? » Demanda-t-il en espérant de tout cœur que Luigi allait lui donner les réponses sans attendre.
-Ah, on arrive là au plus important point de cette discussion. Voyez-vous, je vous propose un échange d’information : on s’aidera mutuellement pour retrouver le meurtrier même si je sais que c’est chacun pour des raisons totalement différentes mais… Clem n’entendit pas la suite : c’était comme si tout son sang c’était retiré de ses veines et qu’on les avait remplacé par de l’azote liquide. Tout un frisson glacial parcourait son corps tandis que la partie de son cerveau qui était chargé de maintenir son hôte en vie lançait continuellement le même message à travers toute sa moelle épinière : « DANGER »

Pourquoi des raisons totalement différentes ? Pourquoi Luigi le considérait autrement que comme l’inspecteur de la défense qu’il était sensé être ? Le boulot de Clem n’était pas de protéger les criminels ? Après tout, tout le long de l’enquête, il avait été à Luigi ce que Fouqulet était à Fonteneau. Luigi devait donc être au courant que Clem et le Maître d’école était de mèche : le matin où Vignasse était mort et où ces deux là c’étaient battu à coté de son cadavre avait il été le moment où Luigi avait comprit que Clem et le Maître d’école étaient alliés ? Peu probable car à ce moment là, Clem ne le savait pas lui-même. Luigi avait du penser que Fonteneau l’avait attaqué car ils s’étaient croisés dans la même rue (pour des ennemis jurés c’était normal de s’attaquer dès qu’ils se voyaient) et pas forcément pour protéger Clem particulièrement. Si Luigi savait que Clem était de mèche avec le Maître d’école c’est qu’il avait du les voir discuter à un moment ou à un autre… Clem comprenait maintenant pourquoi Mr. Fonteneau lui avait exposé son plan dans une cave à l’abri des regards, ils avaient du se trahir dans la ruelle peu de temps après l’accrochage avec les gardes.

Soit l’expression de Clem avait changé de manière significative, soit le message qui résonnait en boucle dans son corps se faisait entendre au dehors soit Luigi avait tout simplement remarqué la gaffe qu’il venait de formuler. Quoiqu’il en soit, son regard se fit plus dur et Clem vit qu’il savait qu’il savait… plus la peine de faire semblant donc.

« Donc c’est pour ça que vous ne faîtes pas évader Joel de prison tout de suite : vous aviez l’intention de coincer le Maître d’école en vous servant de lui comme appât, dit Clem en pointant Joel du doigt, celui-ci fixa toujours ses pieds non pas par honte mais par lassitude de regarder devant lui.
« Effectivement… c’était effectivement un piège pour ce brave Maître d’école mais je n’attendais pas à ce qu’il envoi un leurre lui aussi : il vous a bien piégé vous aussi. »
-Ce n’est pas… commença Clem mais il c’était trop tard car il était déjà en train de douter lui aussi : Mr. Fonteneau l’aurait il envoyé dans la prison pour qu’il se sacrifie et que sa mort lui apporte une certitude, une autre carte à jouer dans le jeu du chat et de la sourie auquel il jouait avec Luigi et exclusivement avec Luigi comprit Clem.

Non ! Cela n’avait pas de sens : pourquoi l’aurait-il envoyé ici si c’est pour que Clem se fasse tuer que ce soit de la main de Fouqulet ou de Luigi ? Pensait-il réellement que Clem allait sortir de la prison sain et sauf après avoir parlé avec Joel ? Dans ce cas, Clem lui avait certainement sauvé la vie et tombant dans me piège de Luigi à sa place. Donc… si Clem voulait que son professeur récupère l’avantage et que son plan, quel qu’il soit se mette en place, Clem devait quitter la prison dans les plus brefs délais. Luigi avait du aussi commencer à avoir cette conclusion car il termina par :

« Bref bref, je vois que notre conversation tire à sa fin, Clem entendit le chatoiement du métal froid prenant position dans des recoins entre le tissu et la peau, et n’y voyer rien de personnel mais je préfère m’assurer que cette conversation reste entre nous… une assurance ad vitam aeternam. »

Clem vit la suite des opérations avant même qu’elles ne se passent : il prit le col de Joel qui se trouvait devant lui et le tira de manière à le placer entre lui et Luigi. Il n’agissait pas du tout à l’instinct mais bien d’un mélange de sang froid et de nécessité. En un seul coup, il se surprit à éprouver de la rage pour cet homme qui avait commis un meurtre de sang froid et à qui Clem avait évité la potence quatre jours durant ; certes c’était Vignasse qui avait demandé à Clem de le défendre en prétextant un mensonge et Joel ne pouvait être blâmé pour des évènements qu’il ne contrôlait pas mais Clem ne pouvait se retirer de la tête qu’il avait protégé d’arrache pied pendant quatre jours un criminel ! Bien qu’il était le seul à blâmer réellement pour s’être comporté de façon aussi stupide ; il était réellement très difficile de se détester soi même et il était beaucoup plus logique de détester une autre personne de l’histoire et c’était encore plus facile que quand c’était un salopard.

C’est pour cette raison et pour quelques autres – incluant la nécessité physique de sortir vivant de cette cellule – que les trois couteaux lancés par Luigi s’enfoncèrent dans le dos de Joel et non dans le ventre de Clem. Ils n’avaient fait pourtant aucun bruit mais Clem avait distinctement senti trois chocs qu’il avait encaissé avec son avant bras tandis que feu Joel s’affaissait contre lui. Luigi regardait la scène, hébété comme s’il n’avait aucunement prévu ce cas de figure. A voir sa figure ahurie, la tentation était grand pour Clem de lancer une réplique bien américaine du style : « ça devait bien rester seulement entre nous non ? » mais on n’était pas dans un roman et dans la réalité, la peur de se faire tuer l’emportait toujours sur la stupidité infantile et Clem n’attendit pas une seconde de plus pour faire volte-face et ouvrir la porte dans une charge désespéré, sauter par-dessus le cadavre qu’il garde qu’il avait enjambé il y a à peine une dizaine de minutes même s’il aurait juré le double avant de s’enfoncer dans les escaliers tandis qu’un protecteur de criminel le poursuivait pour avoir tué un criminel et Clem n’avait pas envi de payer pour cela.



Les marches étaient petites et étroites ce qui empêchait Clem d’activer son wormhole pour prendre de l’avance sur son poursuivant mais il faisait surtout attention à ne pas tomber car la perspective de dévaler les marches jusqu’au rez-de-chaussée n’était absolument pas comique et Clem n’était même pas sûr qu’il irait plus vite de cette manière là. Le fracas désordonné de ses bottes l’empêchaient de tendre ses oreilles pour être sûr que Luigi le poursuivait mais il n’avait pas envi de s’arrêter pour en être persuadé. En fait, il ne voulait pas grand-chose ! Juste sortir d’ici vivant et si possible en bonne santé mais vu le prix de la santé ces cinq dernières minutes c’était peut-être trop demander.

Clem réussit finalement à arriver à la « douane » et à la place des deux gardes qui étaient en faction ici il avait droit à deux cadavres identiques à celui qu’il avait vu en haut de la tour, à croire que Luigi n’avait pas eu de passe pour venir autre que son couteau qui devait valoir tous les papiers du monde. Clem savait que deux portes s’offraient à lui où l’une le mènerait dans les couloirs du palais tandis que l’autre se terminait en cul-de-sac car c’était le réduit où les gardes rangeait les objets magiques et dans sa précipitation faussé par la peur, Clem prit la mauvaise porte.

Il comprit tout de suite le danger qu’il courait quand il vit les étals d’objets et d’armes entreposés ici : il était fait comme un rat et il eu juste le temps de fermer la porte avant d’entendre les pas de Luigi résonner dans la douane, il devait se demander une fraction de seconde quelle porte avait emprunté Clem : il devait penser que si Clem se cachait dans le réduit, c’était peut-être pour espéré qu’il le cherche dans les couloirs, le chemin le plus évident à prendre. Mais Clem eu sans doute la même pensée que Luigi : si Clem s’était enfui dans les couloirs, il n’aurait pas refermé la porte tandis qu’il était logique qu’il referme celle du réduit pour se cacher. Donc si les deux portes étaient fermées alors il y avait de grande chance que Clem se soit enfermé dans une impasse et attende que Luigi parte le rechercher dans toute la ville.

Clem entendit les bruits de pas de plus en plus distinctement et puisque Luigi venait par ici, il renversa une étagère pour bloquer la porte un court instant le temps qu’il cherche quelque chose de précis dans la salle. La peur avait dopé son cerveau et un espoir fou s’y était accroché comme une sangsue et il n’avait que quelque seconde pour le vérifier car maintenant Luigi devait être sûr que Clem se trouvait derrière cette porte. Heureusement, ce qu’il cherchait n’était pas un objet inanimé.

« Par ici ! Hey ! Par ici ! Non plus haut ! » Clem leva les yeux et vit sa montre à gousset qu’il s’empressa d’attraper, maintenant, si Clem n’avait pas été pris d’une intuition totalement bidon alors il devait y avoir…

« Merde mec ! Je sais ce qui c’est passé mais j’ai mal aux engrenages là ! Je crois que j’ai des gazes ! »
-Je sais que cela peut te sembler dingue mais c’est exactement ce que je voulais.

Sans prêter plus d’attention aux gémissements de sa montre, Clem la retourna et ouvrit la petite trappe qui menait droit à l’intérieur de l’objet magique. A l’intérieur, entre les engrenages cylindriques se trouvaient cinq petites billes de couleur grises. Clem les prit entre ses doigts délicatement comme quand on manie un disque de DVD précieux (ou des putains d’explosifs dans son cas) et les mit au milieu de sa paume. Fermant le poing, il secoua vigoureusement la main tandis qu’un énorme bras difforme parcouru de scies était en train de trouer la porte à grand coup lame : Luigi avait du sortir ses drogues dopantes et il avait du s’en injecter une dose massive dans le bras. Un sifflement strident sortit d’entre les jointures de Clem et celui-ci lança les billes en direction de la porte. Aucune ne passa par le trou et aucune n’explosât quand elles percutèrent la porte et s’entassèrent en un tas à son seuil. Clem était en train de maudire son professeur quand toutes se mirent à briller en même temps et que l’enfer se déchaina dans le local, lançant des souffles d’air brulant et des restes d’objets calcifiés à travers la pièce sans que de trop sérieux atteignent Clem qui avait trouvé refuge derrière une étagère qui finissait de bruler tranquillement. Clem s’en étonna : de ce qu’il en avait vu, les explosions de son professeur ne dégageaient pas de flamme mais peut-être qu’il maitrisait les deux types d’explosions et qu’il avait varié les types dans les billes qu’il avait fourni à Clem pour plus de puissance destructrice. En tout cas, la voie était libre : il n’y avait plus de porte et plus de Luigi dans l’immédiat. Clem sortit précipitamment de la salle et fonça dans les couloirs tandis qu’un tas de gravats fumant encastré dans le mur d’où dépassait un bras énorme qui était en train de se dégager de là. Clem était en train de se demander de quelle manière il allait se perdre dans les couloirs quand ce problème fut d’un seul coup résolu car le couloir central qu’il était en train d’emprunter était fermé par un cordon de gardes portant boucliers et épées et fermant parfaitement le couloir dans un demi-mur parfait. Le seul point faible se trouvait au milieu où se tenait un gnome pas plus grand qu’un gros chien et qui tenait son ridicule petit fascicule et faisait encore semblant de s’en servir pour combler ses trous de mémoire.

« Alors… ‘meurtre’ ‘meurtre’, je cherche… Ah voila ! Il secoua la tête en signe de négation. Toujours illégale monsieur Free, alors vous avez besoin d’aide pour retourner dans votre cellule ou il faut qu’on vous y aide ?

Clem se traita d’idiot de ne pas avoir pensé que Luigi avait peut-être du attirer l’attention en entrant par effraction dans la prison et qu’il avait devant lui probablement les meilleurs troupes du palais pour mater ce qu’ils pensaient être une évasion en masse de la prison tandis que Fouqulet… et bien on trouvait toujours Fouqulet là où on ne le désirait pas.

Heureusement pour Clem, le couloir était dégagé et il y avait une dizaine de mètres entre lui et les gardes sensés lui barrer la route. Clem n’était pas forcément très grand mais l’échelle à laquelle il se référait appartenait à un autre monde ; ici, il était considéré comme assez grand et il devait facilement approcher la taille des plus grands gardes se tenant devant lui. Donc, selon la plus pure tradition des dessins animés, s’il prenait son élan il pourrait sauter par-dessus la barrière métallisé qui lui barrait le chemin mais l’idée était ridicule car jamais il ne pourrait sauter assez haut pour ça.

Ce qui était pratique avec le pouvoir de Clem s’était qu’il pouvait dans une certaine mesure les détails du style « pas assez haut » ou « trop loin ».

Il fit apparaître un wormhole qu’il lança par-dessus les gardes bloquant le couloir et le suivit dans une course suivi d’un saut qui, attiré par la réduction des distances engendrées par son pouvoir, le fit planer à mi-chemin entre la tête des gardes et le haut plafond pour finalement atterrir à une demi-douzaine de mètres derrière les gardes qui l’avait suivi des yeux. Du coté du dongeon, Luigi commençait à arriver mais la déformation qui n’avait que toucher son bras commençait maintenant à gangréner maintenant toute l’épaule et le haut de ses côtes gauches, le faisant ressembler de plus en plus à une abomination de laboratoire sous mauvais acide. Si affrontement il y avait, Clem ne parierait pas une seconde sur lui. Fouqulet prit alors une décision digne des chefs qui survivent : « Vous deux ! Avec moi, on s’occupe du voyageur ! Les autres vous m’arrêter cette chose là puis vous empêcher les gens de sortir de la prison allez ! »
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Clem Free
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MessageSujet: Re: (Quête solo): Série de meurtre au royaume des chevaliers (Quête solo): Série de meurtre au royaume des chevaliers  EmptyVen 17 Juin 2011 - 22:57
Suite du chapitre final

Clem lui était reconnaissant : il n’y avait donc que trois gardes à sa poursuite mais Luigi n’allait pas être longtemps retardé par ces gardes sous cette forme là qu’il ne l’avait été par une porte en bois. Ainsi, Clem continua de courir vers ce qu’il espérait être la direction de la sortie, vers les grands escaliers que gardaient Vignasse et Pisse autrefois. Clem rencontrait parfois des gardes ou des résidents du château sur son passage mais, protégé par l’influence du wormhole, il avalait littéralement les distances et les personnes qu’il croisait comprenaient qu’il était poursuivi par les gardes que lorsqu’ils voyaient Fouqulet et sa clique le suivre en courant, loin derrière.

Finalement, Clem réussit par chance à trouver les portes qui menaient à la ville mais un autre problème s posait à lui : deux gardes étaient en faction de ce coté ci des portes et ils étaient certainement aussi nombreux de l’autre coté, Clem n’aurait jamais le temps d’ouvrir les portes en paix et ils n’allaient jamais le laisser faire bien tranquillement : sans compter que Fouqulet se rapprochait petit à petit et il saurait leur donner les ordres adéquats.

Là encore, le problème se régla de lui-même car – et ce fut bref – mais les jointures des portes laissèrent entrer une grande lumière éblouissante, comme si Dieu ou quelque autre saint descendait du ciel et atterrissait pile devant ces portes, puis elles explosèrent dans un fracas assourdissant et les divers morceaux de bois épais s’écrasèrent un peu partout dans un fracas qui aurait tiré une larme à n’importe quelle bucheron parmi les plus endurcis, inutile de dire que les gardes qui se tenaient près de la porte furent balayés.

Et là, se distinguant nettement dans le nuage de poussière soulevé par la détonation qui avait arraché les portes de leurs gonds se tenait le Maître d’école. Il leva la tête et souris quand il vit Clem comme s’il ne venait pas de faire sauter les portes du palais alors que tous les gardes étaient au niveau d’alerte maximal et coursait son élève. Celui-ci rejoignit vite son professeur mais le hall semblait désert malgré le bruit qui aurait du attirer plusieurs gardes déjà. Peut-être que Luigi était en train de faire un ménage efficace plus loin dans les couloirs.

« Alors comment ça c’est passé avec Joel ? »
-Rien, juste que Luigi m’attendait dans sa cellule et qu’il comptait vous attraper à ma place, oh et en fait : Joel est mort. Mr. Fonteneau mit ses mains sur les épaules de Clem, un air d’incrédulité sur le visage.
-Vous avez tué Joel sous le nez de Luigi ? Et vous êtes encore là ?
-On peut dire les choses de cette façon, dit Clem un peu gêné, n’assumant pas totalement le verbe « tuer » qui collait désormais à sa peau, l’étiquette « assassin » sur le col de sa chemise, et le regard d’admiration que lui donnait ‘son’ Maître d’école le mettait mal à l’aise.
« Bon, c’est quoi le plan maintenant ? »
-Cela dépend, où est Luigi ? Ah, que ce soit son vrai nom ou pas, il semblerait qu’il ait l’habitude de le donner à tout le monde ce patronyme.
-Il s’est refilé suffisamment d’acide pour ramener Bob Marley à la vie, la dernière fois que je l’ai vu, il combattait des gardes avec tout un bras borborygmé.
-Attention monsieur Free, ses drogues ne font pas que doper son corps mais ils lui permettent aussi d’acquérir des pouvoirs comme s’il était un voyageur avec plusieurs phobies. Maintenant que l’occasion est trop belle, je vais m’occuper de son compte, vous, quitter la ville vous n’avez plus rien à faire ici.
-Si, il reste encore l’assassin de Vignasse : même Luigi ne connait pas son identité.
-Ne me dîtes pas que vous avez chopé le virus hein ? Lui rétorqua son professeur un brin moqueur et un brin… inquiet ? Comme s’il ne voulait pas que Clem devienne comme lui. Clem se souvenait de la sauvagerie du meurtre de Kératine et il se demandait si c’était uniquement par amour de la justice s’il avait embrassé cette voie du bourreau solitaire ou si c’était plutôt parce qu’aucune autre voix ne lui était permis pour assouvir ses pulsions meurtrières. Peut-être que si Mr. Fonteneau n’était pas devenu un voyageur, il serait devenu un serial-killer dans le monde réel alors qu’ici, il se défoulait chez ceux qu’il avait jugé coupable et essayait de rendre le monde des rêves plus sûr contre les gens comme lui.
-Non ! C’est juste que… je veux savoir c’est tout !
-Mais regardez autour de vous monsieur Free ! Fonteneau fit un large geste en embrassant le hall ruiné autour d’eux avec ses deux bras, faisant comme si Clem était sensé oublier qu’il était la cause principale (sinon unique) de l’état aussi soudain que dévasté de la salle. L’heure n’est plus aux questions ni à la recherche d’informations ! Nous en sommes à l’étape où chaque camp dévoile sa main avant de voir si elle vaut mieux que celle des autres ! Et celui qui c’est révélé le plus mauvais bluffeur doit ramasser ses dents ! Mais grâce à vous, j’avais une carte de plus que ce bouffon alors rien que pour cette fois monsieur Free, je vous remercie.
-Super : je me sens vraiment honoré qu’un assassin en puissance me remercie d’avoir tué un assassin amateur. Clem voulait quand même rappeler à son professeur qu’il n’adhérait pas à son idéologie de père fouettard conservateur. Mais il ne releva pas la pique : juste après que Clem eu fini sa phrase, la figure de Fonteneau se décomposa avant qu’il n’attrape Clem par le col et le jette contre le mur ; l’instant d’après il fut percuté par une grosse masse grise avec un turban jaune sur la tête qui l’entraina dehors et ils déboulèrent ensemble sur les marches. Clem se précipita pour l’aider mais il fut arrêter par une voix :

« Pas un pas de plus monsieur Free ! » Alors, oui, ce n’était pas exactement la phrase en elle-même qui l’avait arrêté mais elle lui rappela qu’il n’était pas du niveau des deux monstres qui se battaient plus bas sur les marches et que sa place était plutôt finalement ici. Il se retourna et vit que Fouqulet était toujours accompagné des deux gardes qu’il avait emmené avec lui, personne d’autre à l’horizon, Luigi avait dut attirer tous les gardes du château avant de les réduire en velouté de tomate. Clem tenta un peu inutilement de raisonner Fouqulet par les mots :
« Ecoutez Fouqulet ! Ce n’est pas moi qui est assassiné Joel, vous poursuivez la mauvaise personne, je suis innocent ! »
« Non monsieur Free : personne n’est innocent en ce bas monde, il eu un sourire mauvais, il n’y a que des criminels et malheureusement pour vous, il y a moi. Attraper le !

Aussitôt, les deux gardes foncèrent vers Clem qui n’allait pas attendre qu’ils prennent l’initiative, il créa un wormhole qui lui permit de rejoindre plus vite les gardes qui ne s’attendait pas à le voir déboulé si vite. Ils étaient tout les deux armés de lances, donc la stratégie de Clem était de s’approcher un maximum d’eux pour les rendre inoffensifs. Il attrapa d’une main la lance du premier garde pour s’assurer qu’elle reste bien à sa place et chercha avec la deuxième le couteau que tous les gardes avaient à leur ceinture. Clem savait qu’il en avait un car il avait passé le plus clair de ses quatre derniers jours avec eux et une fois qu’il agrippa finalement la poignée, il s’en servit pour taillader le bras du garde jusqu’à l’os et celui-ci recula précipitamment contre le mur pour s’y adosser.
Toute la scène avait à peine duré cinq secondes.
On n’était pas dans un champ de bataille ici, on était dans un endroit civilisé avec des hôpitaux et des infirmeries à moins de dix minutes de n’importe quel endroit de la ville. Les gens ne se battaient à la mort que s’il y était obligés et donc, par extension, Clem n’avait qu’à blesser ses adversaires pour leur faire quitter le ring.

Seulement des adversaires, il en avait deux, le second garde que Clem ne s’était pas occupé lui porta un coup dans son dos. Seul un sixième sens caché ou un super réflexe né de l’audition du mouvement d’air engendré par le mouvement de la lance permit à Clem de se jeter sur le coté au dernier moment et ainsi, à la place de recevoir un coup de lance en plein sur l’estomac, il la reçut sur les côtes mais le mouvement du garde était mauvais ou gêné par le wormhole mais le bout de la lance ripa contre son flanc en laissant une trace noire qui suintait du sang bordeaux. Clem se jeta contre son deuxième adversaire et, par l’action conjugué de sa rage et du wormhole, abattit une pluie de coups sur les parties non protégés du garde tel que la tête, les jambes et les bras. Jouant des poings, des pieds, des genoux et du front, Clem eu tôt fait de réduire son adversaire en une bouillie sanguinolente qui tremblait de douleur contre le sol. Clem se tourna finalement vers Fouqulet.

Peur. Fouqulet n’avait pas peur ; au final le but de toutes ces armes, ces dagues, ces épées, ces gourdins ; ces fléaux et toutes ces conneries, c’étaient des armes de parades. Leur but n’est pas de tuer mais bien d’éviter le combat au contraire. On les portait en évidence pour inciter l’adversaire à ne pas se battre, le foudroyer de trouille sur place. Une vraie arme ne servait à tuer qu’une fois que tout son pouvoir psychologique était épuisé, une fois qu’il n’y avait plus rien à faire, c’est comme ça que les flics portaient leur arme. Fouqulet au contraire, cachait dans sa manche une arme faite pour être caché, une arme qui n’avait qu’une seul fonction et elle n’était pas psychologique bien au contraire. Une fois que cette arme sortait de sa cachette, elle tuait quelqu’un dans la seconde.

Alors Fouqulet n’avait pas peur, bien qu’il aurait du s’il n’avait pas cette arbalète à un coup caché dans la manche de son manteau. Il n’avait pas peur même quand il vit Clem ramasser une lance qui trainait sur le sol pour être sûr de garder une allonge contre le nain qu’il était, il vit le voyageur tourner la lance dans sa main avant de lancer :

« « Voie de fait sur un agent dans l’exercice de ses fonctions »… toujours illégale je crois ; vous disiez quelque chose au sujet de ma culpabilité Fouqulet et bien je pense que vous aurez raison dans exactement cinq secondes. »

Trois secondes plus tard et Fouqulet lui tira dessus.

La flèche s’enfonça dans le ventre sans autre bruit que le chuintement de l’air qu’elle déplaça en plus du bruit que fit Clem quand son air à lui quitta ses poumons d’un coup sec sous le choc qui lui a aussi fait lâcher la lance qu’il tenait quelques instants plus tôt. Il baissa les yeux et vit le bout du carreau dépasser de son ventre sans qu’il puisse en déduire d’emplacement précis. Ses jambes refusèrent syndicalement de le porter plus longtemps tant qu’il garderait son demi-pouce d’acier dans le ventre et il tomba à genou tandis que Fouqulet s’avançait tranquillement vers Clem en sortant sa dague de sa ceinture. Clem n’eu d’autre choix que d’ignorer les protestations de son corps qui lui interdisait de bouger ne serait-ce qu’un orteil et se jeta vers Fouqulet alors que celui-ci croyait son adversaire immobilisé. Il réussit facilement à faire chuter Fouqulet de surprise et engagea un pugilat à même le sol qui les fît rouler tous les deux vers l’escalier menant à la ville.

Clem aurait eu un avantage s’il avait été au mieux de sa forme mais Fouqulet profitait de sa petite taille pour porter ses meilleurs coups car il n’avait pas besoin d’élan lui ; Clem profitait de son allonge et de ses bras plus longs que ceux de son adversaire pour lui porter des coups qu’il ne pouvait parer et il réussissait à tenir à distance le couteau que celui-ci tenait toujours, répondant à un mouvement rapide de sa part par un autre mouvement rapide dans sa direction pour parer l’attaque. Résultat : il avait deux trous dans la main et des multiples éraflures partout des doigts jusqu’au coude. Fouqulet ne se gênait pas pour aussi donner des petits coups de pieds et de genoux traîtres sur la blessure au ventre de Clem.

Au même moment, Clem se dégagea de Fouqulet et inversement ; là, ils repartirent tous les deux à l’assaut en même temps. Il y eu deux secondes de folie pure dont Clem n’en retira aucun souvenir mais une fois qu’elles furent finis, Fouqulet était allongé sur le dos, Clem était penché sur lui, à genoux et il vit que le couteau que tenait Fouqulet s’était retourné contre lui, planter dans son ventre dans une blessure semblable qu’exposait Clem, sauf que celle de Fouqulet était un peu plus haut et un peu plus à gauche… il crachait également plus de sang que Clem qui remarquait enfin que toute sa bouche était métallisé par le sang qui y sortait en creusant des sillons sous les joues et le menton.

Soudain, certainement grâce à un probable second souffle, Fouqulet se redressa à moitié et attrapa l’épaule de Clem qui n’eu d’autre choix que de se baisser encore plus pour entendre ses dernières paroles :

« Pas d’innocent… personne n’est innocent ici… il n’y en a pas plus chez la populace que chez les flics qui font de leur mieux pour les protéger… il n’y a pas une once d’innocence chez le héros qu’il n’y en a chez le criminel qu’il poursuit… vous êtes un criminel monsieur Free, Joel est un criminel… je suis un criminel… Et Vignasse… en ai un aussi au même titre que Joel… quand deux épées transpercent un corps… il y a quatre blessures… J’ai punis Vignasse… en lui écrasant la gorge avec le bout en bois de ma lance… plusieurs fois… Toute ma vie j’ai espéré rencontrer quelqu’un comme vous… un abruti de héros… suffisamment con et naïf pour croire en l’innocence… pour se révéler être un criminel aussi vous comprenez ? Pour la première fois… enfin… j’ai enfin une vraie preuve disant… que j’ai toujours eu raison sur toute la ligne… sur toute la ligne…

Froid. Fouqulet avait froid…

Clem descendit tranquillement les escaliers en prenant tout son temps, remerciant sa blessure au ventre qui l’empêchait de réfléchir aux dernières paroles de Fouqulet ; puis, quand la douleur fut pour son corps un élément familier qui ne méritait pas plus d’attention que cela, il réfléchit aux paroles de Fouqulet parmi les moins traumatisantes : celles qui parlaient de Vignasse et de Joel. Finalement, Clem aurait eu raison sur un point : Joel n’avait pas été tout seul pour commettre son meurtre, il avait eu un complice avec lui : le seul ami qu’il n’avait jamais eu. Voulant tout les deux la mort d’un autre pour des raisons qui échappaient à Clem mais il ne voulait pas les savoirs de toutes façons. Maintenant il comprenait pourquoi Vignasse lui avait dit que la seule parole qu’avait prononcée Joel depuis des années était un appel à son innocence : il avait tout simplement menti à Clem ; non pas pour protéger son ami mais surtout pour se protéger lui. Il avait espéré que ce voyageur qu’il ne connaissait que depuis qu’une nuit allait se révéler plus efficace que ce lourdaud de Pisse. Et il avait touché juste : il avait tapé dans le mille ; parmi les milliers de voyageurs se baladant sur Dreamland, il en avait trouvé un suffisamment con est naïf pour se persuader qu’il existait encore de l’innocence ici bas, un voyageur qui c’était révélé aussi meurtrier que lui.

Flûte, voila qu’il y pensait finalement.

C’est pour cela qu’il marchait : il avait besoin voir Fonteneau, il ne savait pas pourquoi mais il sentait qu’il devait lui parler ; peut-être parce qu’il savait qu’il avait forcément du vivre les mêmes événements que lui, parcourir les mêmes interrogations qu’il traversait en ce moment même.

Quand il arriva en bas des marches, tout le marché avait été ravagé par le combat entre les deux voyageurs. Quelques passants se tenaient loin des premiers étals ravagés, et s’enfuirent chez eux quand ils jetèrent un regard à Clem et à la tache de sang qu’il trainait derrière lui. Il devait vraiment avoir mauvaise mine. Fonteneau aussi avait une sale mine. Clem le vit s’avancer vers lui entre deux étals brulés et un troisième congelé (signe que Luigi ne s’était pas contenté d’utiliser ses simples drogues) et mis à part des éraflures extérieures décoratives il n’avait pas l’air mortellement blessé, sa main droite était noire de sang séché mais il n’avait pas l’air de lui appartenir. Quand Clem lui demanda où était Luigi, il leva cette même main et lui dit :

« Il appartient désormais au passé. Et vous que vous est-il arrivé ? Votre état m’a l’air sérieux. »
-J’ai trouvé l’assassin de Vignasse, le coupable du troisième meurtre, ajouta t-il au cas où Fonteneau ne connaissait pas le sens de ce nom, et… je l’ai…
-Vous l’avez tué ? Dit-il avec (comme Clem l’avait prévu) une pointe d’horreur dans la voix.
-Mais s’était un accident ! Se défendit Clem, C’était comme pour Joel ! Je ne voulais pas…

Il n’eu pas le temps pas le temps de finir sa phrase que la main de Fonteneau claqua sur la joue de Clem et l’envoya au sol ; il sentit une crise de protestation venant de sa plaie sur son ventre et essaya de plaisanter dessus :
« Je croyais que mon état était grave. »
-Plus que je ne le pensais c’est sûr ; Maintenant monsieur Free, que ce soit bien clair : la nuit prochaine, vous ne pensez pas à moi, vous m’oubliez. Plus vous vous tiendrez loin de moi et plus cela vaudra pour vous. Je n’aurais jamais du vous laissez revenir dans cette ville à cet instant. Je voulais vous montrez que le monde n’était pas aussi manichéen que vous le pensiez et je crois que ma leçon a été trop efficace.

Clem ne répondit pas. Lui aussi avait envi de rentrer dans le Dreamland qu’il connaissait : plus simple et plus mensongers qu’il ne paraissait au premier abord mais il avait comprit que, dans certains cas, il valait mieux s’en tenir au paraître et ne pas chercher à savoir les horreurs qui se passaient dans les coulisses pour que le devant d la scène soit bien rose.

Quand les brumes du réveil ramenèrent Clem dans le monde réel, il se dit qu’il pouvait toujours se brosser pour avoir son dossier sur son frère. Et quand il fut sur son lit, une seule chose retient son attention.

Il avait encore mal à la joue.




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(Quête solo): Série de meurtre au royaume des chevaliers

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