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Entraînement du soir, bonsoir [Quête solo dans le Royaume de la Claustrophobie]

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MessageSujet: Entraînement du soir, bonsoir [Quête solo dans le Royaume de la Claustrophobie] Entraînement du soir, bonsoir [Quête solo dans le Royaume de la Claustrophobie] EmptyJeu 13 Jan 2011 - 19:35
_ BAAAAAAAH !!! Je suis le fantôme d'une autruche carnivore et je hais la crème chantilly !!!
_ Regarde ça mec. Ce truc est trop perturbant.
_ T'as raison Bob, je suis vraiment perturbé...
_ Je cherche mon Royaume souterrain où je pourrais enfin vivre avec mes amis autruches, et manger des bols entiers de concombres violets avec de la mayonnaise.
_ Je sais pas quoi dire devant ça...
_ Et on fera la plus belle fête au monde et on invitera à notre banquet des statues égyptiennes avant de les tremper dans de l'eau vinaigrée ! NYYYYYYAAAAAAAH !!!
_ Eyh, moi non plus. En plus, il tourne en rond, c'est trop hypnotisant.
_ Je ne veux pas être complotiste, mais j'arrêterais tous les arbres pour espionnage industriel ! Et puis on les découpera pour les offrir à Noël comme gâteau d'anniversaire ! Et on les mangera !!! Puis je ferais une ronde en me roulant dans la fange, et j'aimerais ça !
_ Merde, je sais plus quoi penser devant ce truc.
_ Le monde ploiera devant moi, car j'ai des machinations diaboliques ! Et j'adore peindre avec mes papattes !
_ Moi non plus, il est trop perturbant...
_ BOMB !!!
_ Je trouve que la Première zone est inutile, on pourrait la faire sauter à la bombe Rêveuse. Puis les réfugiés iraient au Royaume des Chats, ça sera bon pour le commerce.
_ C'est tellement perturbant que je me demande même si c'est pas un rêve tu vois ? Ou bien une diversion quelconque. Tu m'entends Bob ? Bob ?
_ BAÏMMMM !!! »

Exactement neuf minutes et cinquante-trois secondes plus tard...
C'était plus fort que moi. Mais j'espérais qu'on ne me ferait pas chier avec ces histoires. Maze m'avait demandé d'arrêter ces petits connards, j'avais arrêté ces petits connards. Mais la première à gueuler, je pensais quand même que ça serait (et restera de toutes façons) Robin :


« Mais pourquoi tu fais toujours les missions sans partenaire ! Tu te fiches de la gueule du Seigneur en y allant seul. On te parle de la sécurité du Royaume et tu n'en fais qu'à ta tête !
_ J'étais pas seul, Fino était avec moi.
_ Yep. Grognasse.
_ Mais on... ne peut pas considérer Fino comme un partenaire ! Ce n'est... qu'un … ce n'est pas un Voyageur ! »


Robin ne me détestait pas. Elle me haïssait. Les seules raisons qui expliquaient le fait qu'elle ne se jetait pas sur moi pour me refaire la gueule, c'était petit 1, que j'étais plus fort qu'elle ; petit 2, j'avais quand même réussi la mission qui m'avait été confié ; petit 3, Fino était un supérieur hiérarchique aussi indirect soit-il.
Sur ce dernier point, je pouvais dire qu'il était à peu près aussi sérieux qu'un redoublant et un fainéant de première classe lors de cinq heures de compta. C'est-à-dire pour ceux qui ne comprendraient pas : très dissipé. Il pensait que ça serait cool d'être un des directeurs du Labyrinthe Démoniaque, à pouvoir choisir lui-même ses pièges diaboliques pour massacrer les quelques Voyageurs qui osaient s'aventurer dans cette caverne d'Ali Baba piégée comme un bunker russe. Au lieu de ça, il devait tremper sa petite papatte dans de l'encre pour approuver divers formulaires (je le soupçonnais de ne jamais les lire). Et les nouveautés du Labyrinthe était à décider entre les différents membres du Conseil qui régissaient le Royaume, où Fino n'avait qu'une voix mineure. Il se battait jusqu'au bout de ses moustaches pour
« aspirer à un Royaume plus ludique, plus intelligent et plus vicieux, afin de rendre les coûts plus attractifs et les récompenses plus persuasives en augmentant d'un chouïa la difficulté et DE LEUR TROUER LE CUL !!! ». Mais les autres partis avaient pour but de rendre le Royaume moins dangereux afin de réduire le nombre de morts et éviter une guerre avec les autres Seigneurs qui pourraient y voir là une forme d'attaque non ciblée. Il fallait donc dire que les plans prévus par Fino n'étaient pas spécialement appréciés dans son entourage. Au comble du désespoir (enfin, de la fureur suprême surtout quand Maze avait refusé d'exécuter ses homologues pour assouvir la soif de sang du phoque), il passait ses journées dans le Royaume de la Claustrophobie. Dès que j'étais de passage car les Private Jokes s'accordaient une pause, je n'hésitais pas à régler quelques affaires et lui n'hésitait pas à m'accompagner. C'était une bonne excuse pour échapper à Robin, la Claustrophobe blonde qui n'arrivait pas à me sentir. Ces arguments étaient logiques mais j'étais prêt à me défendre face à Maze. Toutes les missions qui m'avaient confié, je les avais réussi. Certes, elles n'avaient jamais été trop dures mais je n'avais jamais rechigné à la tâche. Et je n'arrêtais pas de remercier Fino pour me permettre d'échapper à cette peste. Elle passait son temps dans le Royaume à s'entraîner. Je ne savais vraiment jusqu'où allait le fruit de son entraînement mais je pensais qu'elle avait peur de Dreamland. Maze avait dû la prévenir et diaboliser le monde afin qu'il ait toujours un serviteur de qualité à ses côtés.
C'était bien la quatrième fois que je remplissais une petite quête pour le compte de mon Seigneur, et c'était la quatrième fois que j'avais faussé compagnie à Robin. S'il y avait eu un autre Voyageur Claustrophobe qui se serait résigné à m'accompagner, je n'aurais pas dit non. Mais la Robin avait un comportement bien plus insupportable que Fino (seulement sur certains points). Et je n'aimerais pas avoir à lui baffer pour expliquer certains points. Elle se sentait toujours supérieure à moi parce qu'elle côtoyait l'entourage direct de notre Seigneur alors que j'avais largement dominé notre combat dans le Labyrinthe. Elle n'en revenait toujours pas d'avoir échoué à l'épreuve et me jugeait seul responsable de sa déchéance (vraiment désolé ma vieille, mais je servais à ça). En gros, c'était une peau de vache qui passait son temps à me donner des ordres. Et elle suivait ceux de Maze à la virgule près. Rien de plus important pour elle que la hiérarchie. Cependant, la seule exception était Fino. Lui, elle le prenait pour un espèce de crétin qui avait réussi à obtenir sa promotion elle ne savait comment, en profitant des déboires avec le Royaume de l'Agoraphobie. En bref, on était le duo qu'elle ne pouvait pas sacquer et usait de toutes les combines pour nous discréditer auprès de Maze. Heureusement que celui-ci était coulant et avait appris à ne pas trop prêter oreille à la Voyageuse quand elle parlait de nous. C'était un Seigneur très intelligent, mais qui détestait réfléchir. Pour lui, tant que les résultats étaient là, il n'y avait pas de problème. Il savait que les missions qu'ils me confiaient étaient peu périlleuses.
Aujourd'hui, j'avais dû débarrasser les alentours de deux espions dont la particularité était de s'enfuir à la vitesse de l'éclair. J'avais joué la carte de la sûreté en utilisant Fino comme appât. J'avais joué sur leur cerveau déficient et ça avait marché. Et Fino restait une carte maîtresse quand on voulait une bonne diversion. Je m'étais enfin débarrassé de Robin, traînant derrière moi les deux espions par le crâne. J'avais mal au bras mais j'étais bientôt arrivé au château. Fino fidèle à lui-même était en train de complexifier la véritable version de l'histoire pour se donner le meilleur rôle possible. Il y parvenait bien. Il en était à la version où il avait fait la diversion qui avait réussi, où je m'étais fait assaillir par un troisième ennemi tandis que je m'approchais des deux autres, et où il avait pris mon panneau pour assommer les trois gaillards. Et comme le troisième n'était pas sur la liste, Fino l'avait découpé en rondelles avec un couteau et l'avait donné aux créatures avoisinantes. Et ce pourquoi on ne ramenait que deux brigands... J'avais appris à fermer les écoutilles quand Fino me parlait, car il révélait être une pipelette indomptable. Et quand il était refermé sur lui-même, vous pouviez être sûr qu'il vous sortirait une saleté grossière pour vous faire chier.
Je rentrai dans le château et on s'occupa de mes deux prisonniers. Des gardes à l'air patibulaires me remercièrent et me demandèrent d'aller voir Maze, qui se faisait chier sur son trône. Le vocabulaire était graveleux, mais malheureusement vrai. Quand je pénétrais dans la salle du trône, une pièce circulaire aux dalles noires, le Seigneur était en train de lire le DreamMag, et tournait les pages d'un geste las. Fino descendit de mon épaule où il était toujours perché afin de paraître plus présentable. Il se racla la gorge pour attirer l'attention du Seigneur mais ce dernier ne daigna pas baisser son journal pour nous regarder. Il se contenta d'une voix morne :


« Je suppose que c'est Ed et Fino qui se tiennent devant moi.
_ Oui Seigneur.
_ Et je suppose que Robin qui vient de partir a cherché à vous faire part de son mécontentement.
_ Yep Big M.
_ Je suppose qu'elle vous a dit que je voulais te voir en privé Ed.
_ Non, ce sont les gardiens à l'entrée qui me l'ont dit.
_ … TE voir en PRIVE Ed.
_ Ooh ! C'est bon, je dégage ! »


Fino rampa furieusement sur le sol et se dirigea vers la sortie. Il insulta la poignée et la porte s'ouvrit toute seule. Les gonds claquèrent, remplissant la pièce d'un écho détestable. J'étais seul face au Seigneur et j'avais peur de ce qu'il serait capable de me dire. Autant les reproches sortant de la bouche de Robin ne me faisaient pas plus d'effet qu'un courant d'air, autant j'avais peur de ce que pouvait dire Maze. Il était pas du genre à rigoler et s'il commençait à essayer de réfléchir à une punition adéquate, mieux valait ne pas se trouver sur son chemin. Réfléchir, ça l'énervait et quand il était énervé, il avait le poing facile. Je baissais ma tête, faisant une sorte de moue enfantine. Maze abaissa son journal pour mieux me considérer mais il n'avait vraiment pas envie de commencer la discussion. Super l'entretien privé. Mais mieux ne valait pas trop essayer de percer les rouages de son cerveau. Je repris la parole pour lui demander ce qu'il me voulait. Il me répondit lentement :


« Déjà, je voulais te remercier pour ton aide. Tu voyages peut-être dans tout Dreamland avec ton propre groupe, tu n'hésites pas à passer nous voir quand même pour t'occuper du Royaume. Et ta contribution avec l'affaire du Shaman reptilien a été des plus … fructueuse. Il n'arrête pas de se plaindre mais il est déjà en train d'accomplir un monstre pour nous. »

_ Ce fut un honneur, Seigneur.
_ Et Fino est bien plus à l'aise avec toi qu'avec les autres directeurs ; ces derniers n'arrêtent pas de plaindre de retrouver … des excréments de phoque sur les dossiers les plus sensibles.
_ Je lui dirais de faire attention.
_ Je te remercie. Pour le reste, je voulais te demander si ton panneau t'était utile. »


Si mon panneau était utile ? Depuis que j'avais une arme, j'étais devenu bien plus dangereux qu'auparavant. Je pouvais tenir mes adversaires à distance, les frapper et me débarrasser des gêneurs avec un seul coup. De la puissance destructrice, c'était ce qu'il me manquait principalement dans Dreamland. Pour en avoir d'avantage, je serais prêt à m'entraîner physiquement et aussi à développer mes cisailles via les portails. Avec ce pouvoir à disposition, je serais juste invincible. Mais ce n'était pas pour tout de suite et je rechignais même à l'utiliser alors que j'étais au passif. Mais mon panneau me suffisait largement pour tabasser quelques intrus sans trop me fatiguer et me blesser.


« Il me convient à merveille Seigneur. Il est parfait pour … faire passer des messages aux gens
(ce qui était vous me direz, sa véritable fonction).
_ Certes, j'ai vu que tu te débrouillais comme un chef. Selon les derniers classements, tu as atteint la troisième rang de la Ligue Baby et je te félicite. Mais dis-moi, est-ce que le pouvoir de ton panneau t'est utile.
_ Son pouvoir Seigneur ? »

Maze se prit soudainement en train de se frotter le front en marmonnant quelque chose dans la barbe qu'il n'avait pas. Il commença alors à me parler d'une voix lourde pour m'expliquer que si le panneau était bel et bien magique, c'était parce qu'il avait des pouvoirs magiques. Je le regardais sans comprendre, comme si je venais soudainement de me rendre compte que un plus un faisait deux. Bordel, j'avais été con ! Moi qui pensais que le panneau était juste un instrument pour assommer du monstre, et que son unique pouvoir magique résidait dans ca capacité à se régénérer chaque nuit et me suivre à chacune de mes apparitions à Dreamland. Je n'avais jamais envisagé qu'il ai un pouvoir quelconque ce brave machin...
Maze fit un petit claquement de doigt, et un pan du mur s'affaissa pour dévoiler un couloir aussi mince que ténébreux. Et il était très, très mince. Maze sortit un petit sourire de sa bouche et se leva de son trône de pierre. Puis il se dirigea vers l'entrée du tunnel en me faisant un petit geste de la main :

« Viens Ed Free. Tu évolues très bien tout seul, mais il serait temps que tu prennes exemple sur Robin et que tu t'entraînes ici. »


Je le suivis sans vraiment comprendre. A moins qu'il ne me fasse transbahuter direct dans la salle d'entraînement. Bah oui, c'était logique ! Je suivais donc mon Seigneur dans le couloir apparu de nulle part. Vu la minceur du passage, je serais obligé de sortir le panneau pour ne pas me faire coincer comme le premier idiot venu. Je le pris à la verticale pour être sûr qu'il n'aille pas percuter les briques sombres. Chacune de mes épaules frôlait le mur, alors je pouvais bien imaginer comment faisait mon Seigneur pour arriver à se dépatouiller tout en restant en ligne droite. En fait, en l'observant, je n'aurais su le dire. Il parvenait sans problème à passer, n'étant pas du tout inquiété alors qu'il était deux fois plus larges d'épaule que moi. Je ne pouvais pas vous expliquer comment il faisait. Les murs ne se courbaient, que ce soit physiquement ou une sorte d'illusion d'optique, Maze passait tranquillement sans se rendre intangible. C'était une affirmation sans explication. Maze ne pouvait pas être arrêté par des murs. C'était quelque chose que je ne pourrais jamais expliquer, hors de la portée de la compréhension d'un être humain. Il le pouvait, c'était tout et je ne pouvais que m'incliner devant cela.
Nous arrivâmes enfin à la salle d'entraînement. Elle était de large taille, carrée et assez lumineuse bien que toutes ses briques soient d'un noir dépressif. Mon Seigneur me fit un brin de causette pour m'expliquer que la salle d'entraînement était variable comme tout, et qu'il pouvait lui faire changer de forme selon ses désirs. Je me demandais bien comment j'allais devoir m'entraîner, et comment je devrais faire sortir de nouvelles capacités de mon panneau alors que je ne m'étais jamais douté qu'il en fut doté, sinon d'avoir un don prodigieux pour le ravalement de façade et la chirurgie esthétique au niveau du visage. Cette nuit décidément, j'étais vraiment en période de découverte. Bientôt, on m'apprendrait que Fino avait un journal intime.
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MessageSujet: Re: Entraînement du soir, bonsoir [Quête solo dans le Royaume de la Claustrophobie] Entraînement du soir, bonsoir [Quête solo dans le Royaume de la Claustrophobie] EmptyMar 18 Jan 2011 - 21:14
Je mis fin au silence :

« Donc ? Qu'est-ce que je suis censé faire ? Je vais devoir vider toutes mes forces sous un entraînement intense ? Je vais devoir me plonger dans des conditions extrêmes ? Je devrais patienter quelques nuits dans un état de concentration maximum pour faire le lien entre l'être et le paraître ? Je devrais vous battre une main attachée dans le dos ? Je vais devoir faire un duel intérieur contre moi-même ou contre le panneau ?
_ Euh... pas vraiment non,
me répondit Maze en m'offrant un visage particulièrement neutre, comme si ça lui était déjà arrivé de distribuer de tels exercices. Cependant, je ne serais pas contre que tu uses tous tes portails. »

Je ne savais pas si j'étais désappointé de si peu de folies, ou complètement soulagé. Je m'activais à user tous mes portails de cette nuit. Je fus un peu rassuré : je ne devrais pas combattre d'immenses monstres, ou de me faire faire des trucs impossibles. M'enlever des portails, c'était abaisser la difficulté maximale de l'exercice. Je fis ce qu'il me dit en espérant que je ne me sois pas trompé. Chaque paire fut volatilisée dans les airs jusqu'à ce qu'il ne m'en resta plus aucune en réserve. Je fus à peine essoufflé de l'exercice. Je n'avais jamais balancé mon pouvoir comme ça, mais j'étais entre de bonnes mains. Je sentis que le Seigneur eut un petit sourcil contrarié, style : C'est tout ? Il ne devait peut-être pas s'attendre à si peu de portails. Devais-je en déduire qu'il y en avait un autre comme moi qui possédait les mêmes capacités, ou bien Maze me comparait avec lui ? J'étais vraiment désolé mais j'avais mes limites et je faisais tout pour les repousser. On m'avait dit que j'étais super bien placé dans la Ligue Baby, c'était suffisant pour l'instant. Bon certes, j'avais eu du mal contre Clane and Co. Mais Jacob me permettait de pallier ce pouvoir avec ses défenses impénétrables.
Je tenais plus furieusement mon panneau entre mes poings. C'était mon seul allié et c'était avec lui que je devais coopérer. Je me demandais aussi si je devais faire quelques trucs de mysticisme pour joindre nos deux esprits par magie, ou un truc dans le genre. Mais je n'avais aucune envie de me mettre torse nu pour faire corps-à-corps avec un panneau routier. Tous mes vêtements étaient noirs aujourd'hui, de mes chaussures jusqu'à la chemise. Même mes branches de lunettes de soleil étaient parfaitement foncées.


« Maintenant Ed, je veux que tu m'attaques. »

J'aurais bien voulu répondre mais je préférai obéir. Il voulait certainement tester mes limites, ou un truc dans le genre.
Sans plus réfléchir, je fondis sur lui le panneau à une main. Je lui fis une déluge de coups pour le mettre à terre. Je savais pertinemment qu'il ne sentirait rien ou qu'il avait des pouvoirs qui lui permettraient de se défendre efficacement. J'y allais donc à fond : pas question de le décevoir en pensant que je ferais mal à un Seigneur Cauchemar. De plus, il était réputé pour être un des plus puissants...
Je lui envoyais une estocade directe, en plein dans le ventre en guise de bienvenue. Puis je fis une attaque en diagonale pour le frapper aux deux épaules dans deux coups descendants qui formaient un X sanglant. Je continuais en lui envoyant une bonne baffe dans les deux tempes, avant de tenter de lui péter le bras gauche d'un coup parfaitement horizontale. Je terminais ce combo en sautant bien haut pour lui foutre une bonne tranche dans le crâne dans une attaque verticale. A chaque coups que j'entendais, je sentais un immense bruit de métal résonner dans toute la pièce, comme si il s'était lui même défendu avec un panneau de métal. Ma surprise n'eut même pas le temps de m'arrêter : j'enchaînais direct en essayant de lui briser les pieds pour voir si ces protections étaient toujours aussi efficaces. Elle l'étaient. Je lui envoyais quelques coups au comble du désespoir, et Maze m'arrêta en me tendant une paume de main ouverte. Je rangeais mon panneau en sueur : manier une telle arme fatiguait drôlement vite, surtout en envoyant autant de coups d'affilée. J'attendis le verdict du Seigneur. Je ne savais pas si je m'étais bien battu. Pourtant, j'avais envoyé une palette de coups qui me permettraient soit d'infliger des douleurs à l'adversaire, soit de l'handicaper (même si des néophytes, voire des experts, pourraient me rétorquer que le panneau envoyait ces deux sortes de coups à la fois, quelque soit l'endroit visé).


« Tu manques cruellement d'originalité si tu vois ce que je veux dire.
_ Nyah ?
Ce fut le seul mot que je réussis à peu près à formuler devant une telle réponse. Je ne comprenais vraiment pas ce qu'il voulait dire, je ne voyais vraiment pas là où je manquais d'inventivité. Ça me frustrait de me faire rejeter sans même comprendre la raison. Il voulait quoi, que je fasse des cabrioles ? La déception que je lui avais causé à deux reprises se transforma en un espèce de gribouillis d'où sortaient la colère et la mauvaise volonté. Je lui demandais de m'expliciter ce qu'il voulait dire :
_ Vois-tu, tu ne fais que m'attaquer avec un panneau de signalisation. As-tu essayé de viser mon dos, de t'approche, de me feinter, ou je ne sais quoi d'autre ?
_ Sauf votre respect, c'est très perturbant de combattre une statue. J'obtiendrais de meilleurs résultats si vous me combattiez.
_ … Soit, je te crois. Mais je voudrais que tu fasses fonctionner ta cervelle plus efficacement la prochaine fois. Ton but n'est pas de me briser, c'est de trouver des failles, ou au pire de savoir en quoi consiste mon pouvoir. Tu as compris comment je me défendais ?
_ Je suis désolé. Mais pas du tout.
_ Ce n'est pas grave, je comprends parfaitement. Ce point est ardu. Passons à la suite. »


Sur ce, il frappa de ses mains deux fois. Je voulais vraiment savoir de quoi s'agirait la prochaine épreuve, et j'étais prêt à la réussir. Il me semblait que Maze ne savait vraiment pas quoi faire pour son entraînement. Ne pouvait-il pas me dire en quoi consistait mon pouvoir ? Ce ne serait pas beaucoup plus simple ? Puis je compris enfin que mes pieds se perdaient dans le vide. Je tombai juste après. Je poussais un cri qui pourrait passer pour de l'interrogation avant de m'enfoncer dans le néant absolu. Ce fut tout con, j'avais l'impression qu'on me prenait pour un imbécile complet... Trois secondes de vide où je ne pus rien faire sinon effectuer quelques pirouettes en fendant l'air de mes vêtements et en les faisant claquer dans une sorte de tunnel noir et carré. Puis en une seconde, je fus dans les bras de Maze. Il m'avait rattrapé comme un bébé tombait des escaliers. J'avais une face qui maîtrisait parfaitement l'art de l'incompréhension et elle s'en donnait à cœur joie maintenant. Les questions qui me taraudaient étaient aussi floues que nombreuses : Comment ? Pourquoi ? Pas compris de quoi ?
Mon Seigneur me reposa sur le sol comme si de rien n'était, mais je savais que j'avais échoué à cette nouvelle épreuve, puisqu'on pouvait penser que c'en était une. Même si elle était aussi imprévue qu'incroyablement retorse. Je ne savais même pas ce que j'étais censé accomplir dans une chute et je regardais mon entraîneur avec une gueule complètement hagarde et silencieuse (ainsi que décoiffée). Je remis une branche de mes lunettes derrière mon oreille tandis que Maze s'éloigna de moi en me disant de rester à ma place. Une chose me traversa l'esprit : il allait m'envoyer un truc en pleine gueule. Et si j'étais aussi doué pour résoudre la nouvelle énigme que les précédentes, j'allais devoir ingurgiter du poulet en soupe pendant le restant de la soirée.


"Allez, passons à la suite"


Je me souvenais vaguement du pouvoir de Robin : m'envoyer un muret dans la tronche. Une technique dangereuse dans un bâtiment mais d'efficacité moindre une fois à l'extérieur. Disons que l'attaque de Maze ressemblait aux capacités de la Voyageuse précédemment citée, mais qu'au lieu de m'envoyer un muret, c'était une façade de montagne entière qui englobait toute la salle, naissant de sa main. Je fis un vague hochement de tête inquiet, juste avant que l'immense mur fonça vers moi dans un raclement de diable, un séisme ambulant. Rien qu'au bruit, si on faisait abstraction de la taille gigantesque, je sus directement que je ne pourrais pas l'arrêter. Je tentais de me mettre en position de défense mais je fus avalé par l'attaque comme un surfeur devant un tsunami d'équinoxe.
Alors que je fus projeté au loin comme frappé par un boxeur surhumain, je remarquais que le mur avait disparu. Que ma gueule était en sang, et que mes mains aussi. Mon panneau s'envola au loin. Et que j'avais vraiment mal. Je m'écrasais sur le sol comme une poupée sans chiffon, complètement immobile. Je me souvins de l'impact, puis de la douleur, puis de l'impact puis de la douleur et du sol.
On me remit debout (certainement Maze) et j'essayais de tenir comme je pus. Ma tête tournait sans que mes jambes ne bougeaient. J'étais encore sous le choc (mon mauvais humour provenait directement de l'Everest que je venais de me prendre en pleine gueule). J'entendis des paroles devant moi :


« Je ne pensais pas que tu réussirais de toutes façons, Ed Free. C'est normal, mon but était que tu comprennes ce que tu allais devoir affronter pour confirmer ton nouveau pouvoir.
_ Nyah ?
_ Il te permettra de réussir l'épreuve de la chute sans utiliser de portails, ainsi que te défendre contre une attaque démesurée.
_ Nyah ?
_ Non, je ne te dirais pas la capacité que tu convoites. Il faut que tu fasses un peu marcher ta cervelle, ok ? Je veux que par la suite, tu puisses m'impressionner avec ton panneau, que tu réussisses les deux énigmes. Et si tu peux, déterminer la technique que j'ai utilisé pour me défendre.
_ Nyah. »


Je me réveillais juste après dans un nuage de fumée.

Tandis que ma journée se déroula sans autre accroc qu'une alarme en plein cours, je pensais à mon étrange nuit, à mon entraînement et à la façon déroutante de Maze de superviser mes progrès. Ok, il m'avait foutu quelques déconvenues terribles à coups de chutes, de remarques et de panneaux. Je venais enfin de comprendre que ce n'était pas un sain ce type-là. Il avait du mal à doser sa force, où je ne percevais pas encore toutes les richesses de ses épreuves? Fallait quoi ? Que je trouve le pouvoir par moi-même pour éviter une chute ainsi qu'arrêter un mur de dix mètres de haut ? Je ne voyais vraiment pas le pouvoir qui me permettrait ces deux exploits conjoints, malgré mes nombreuses réflexions qui me rendirent moins assidus dans les cours (ouais, moins assidus une fois sur deux quoi, vous m'avez compris). Et le pouvoir de Maze avait-il aussi un lien avec ce nouveau pouvoir ? Et surtout, il ne m'avait pas donné d'informations pour dompter mon panneau. J'étais dans le flou total et Maze n'avait fait que soulever plus de questions à quelques réponses.
Je rentrais chez moi la gueule pâle, à force de réfléchir. Bordel, l'entraînement était beaucoup moins excitant. On aurait cru que je venais de commencer un sport que je voulais absolument jouer, et que les premiers apprentissages n'étaient que des parties théoriques. Une amère déception que je goûtais. Le pire était que je ne savais même pas si l'entraînement serait de même teneur, encore pire niveau physique ou mieux. Même si cette dernière solution me paraissait absurde. J'allais en chier, je le savais mais refusais de l'avouer. Les pâtes que je firent cuire me regardaient d'un drôle d'air dans la casserole et mon chat me fit chier plus que de raisons. Je lui remplis sa gamelle de croquettes, mais il me regarda d'un air de pitié, m'envoya un concert de miaulements. Je fis un immense soupir, celui qui annonçait une crise de fureur imminente et qui permettait de temporiser quelques secondes. Je remis les croquettes dans l'immense sac jaune qui me présentait un chat se léchant les babines (pédale de merde obéissante) puis re-remplissais la gamelle des mêmes croquettes. Mon chat commença alors à avaler goulûment. La prochaine fois qu'il me faisait un coup pareil, pensais-je, je lui faisais bouffer sa gamelle. Au moins, il arrêterait de m'engueuler avec des miaous réprobateurs.
Je revins dans mon lit, disons animé d'un scepticisme qui ne savait pas si retourner dans Dreamland serait une solution plus confortable qu'une nuit blanche. Allez, un remède était toujours amer mais il permettait le bonheur à long terme. A très très long terme.

Ce fut simple. Quand je me retrouvais une seconde fois dans la salle d'entraînement qui était plus clair que jamais malgré le manque d'ampoule évident et que je vis ce qui m'attendait à l'intérieur, j'aurais largement préféré quelques cafés corsés puis un marathon dans les rues glaciales pour me maintenir éveillé.


« Bonsoir. Te revoilà au bon moment Ed Free. Je vais commencer ton instruction pour maîtriser le panneau avec l'aide d'un nouveau coach.
_ T'inquiète pas suceur passif, je te ferais tant crever de fatigue et de douleur que la seule chose que tu retiendras facilement sera de ramper comme moi sur le sol. »
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MessageSujet: Re: Entraînement du soir, bonsoir [Quête solo dans le Royaume de la Claustrophobie] Entraînement du soir, bonsoir [Quête solo dans le Royaume de la Claustrophobie] EmptyMer 19 Jan 2011 - 22:28
Pendant la grosse semaine qui suivit, je passais mes nuits dans cette salle pour me fortifier physiquement et mentalement. Mon entraînement pour parvenir à la maîtrise de mon panneau pouvait facilement se découper en trois catégories, sur lesquels je jonglais selon mes progrès ou les leçons qu'on devait inculquer.

Entraînement 1 : Le panneau en question.


Là, ce n'était que de la théorie. Mais c'était bien moins chiant que je ne le pensais. Disons que je pouvais poser toutes les questions que je voulais et que je n'étais pas obligé de suer sang et eau. C'était Maze qui me supervisait. Comme j'avais pu le deviner, c'était la partie la plus facile et la plus courte. Chacune des séances n'excédait pas la demi-heure (on avait atteint une heure un moment parce que Maze était parti dans un délire où il m'avait expliqué que le précédent détenteur du panneau s'amusait à arracher les yeux des globes oculaires avec. Ce fut la première fois que Fino écouta avec attention). En gros, je pouvais résumer le cours à ça :


« Le panneau est une arme, n'y allons pas par quatre chemins. Mais c'est aussi un artefact magique, qui possède un pouvoir. Et ce pouvoir ne peut être déclenché que par un Voyageur. Il faut reproduire la sensation du déclenchement de ton pouvoir sur le panneau. En gros, il faut activer le pouvoir du panneau comme si c'était le tien en s'appropriant sa magie. Une image que tu pourrais comprendre qui avait déjà marché sur un autre Voyageur : tu es dans ta chambre, tout est possible dans ta chambre. Et tu décides d'y allumer la lumière donc tu allumes une bougie. Pour un artefact, il faut que tu allumes la bougie dans une salle conjointe à ta chambre. Il faut que tu pénètres dans l'esprit, l'âme du panneau. »


Évidemment, il ne pouvait pas m'expliquer comment pénétrer en question l'esprit d'un panneau de signalisation. Là était tout le problème. C'était comme déclencher son propre pouvoir. Y avait de l'énergie que je sentais en moi et puis, je l'utilisais pour créer mes propres portails. Sans pouvoir avancer une théorie scientifique de nouvelles cellules qui permettraient la création des portes. On était dans un monde des Rêves, où les règles étaient beaucoup plus floues. Il ne fallait pas chercher des explications plus loin parce que personne pouvait vous en donner. Essayez de décrire comment siffler à un gars. Ici, c'était la même chose. Quoique... Pour que l'image soit plus juste, essayez juste de décrire à un gars pourquoi il rote. Pas dans le sens scientifique avec les histoires de bulle et d'estomac, mais pourquoi justement y a cette réaction. C'était ces genres de question qu'on était obligé de garder en nous sans aucune réponse : on ne pouvait qu'accepter. Bref, on était bien incapable de m'expliquer comment j'étais censé activer ce foutu panneau. Heureusement, loin de cette déception, je pouvais affubler mon professeur de questions qui me taraudaient l'esprit et dont la plupart permettaient de meubler la discussion que Maze avait du mal à entretenir, hors des sentiers battus de l'apprentissage :

« Pourquoi c'est si difficile d'activer le panneau ?
_ La majorité des objets magiques, disons même quatre-vingt dix neuf pour cent s'enclenchent très facilement. Aussi simplement qu'avec son pouvoir propre. Pour le panneau, c'est différent. De une parce qu'il reste un artefact à haut niveau. Dans les mains d'un cador, il fait des ravages grâce à son allonge, et son poids ne devient plus un handicap vu la puissance physique accumulée dans les zones les plus reculées de Dreamland. C'est une arme redoutable. De deux...
_ De deux, le gars qui l'a fabriqué était un putain d'incapable.
_ … De deux, le panneau a des processus complexes incompréhensibles qui ne le destinent pas à la portée du premier Voyageur venu. Peut-être que son créateur s'il y a créateur – au pire le rêve qui l'a conçu, l'a voulu dans les mains des vétérans.
_ Pourquoi je ne peux pas savoir la technique associée au panneau ?
_ Parce que tu n'en tirerais rien. Ça ne te servirait à rien de la savoir. Je préfère prendre une approche plus pédagogique qui te permettra d'utiliser ton panneau à bon escient, afin que tu découvres ses limites. La pratique est bien plus efficace que la théorie pour te faire connaître l'étendue des capacités du panneau et je suis persuadé que tu comprendras mon optique une fois le pouvoir assimilé.
_ Pourquoi suis-je obligé de faire autant d'exercices juste pour déclencher mon pouvoir ?
_ Pourquoi tu veux pas fermer ta gueule ? »


J'avais remarqué un point étrange, et je pense que le lectorat aussi : alors que tout le monde considérait Fino comme un salopard de première catégorie, Maze ne relevait jamais ce qu'il disait. Mais jamais ! Il ne lui a jamais dit d'arrêter de préférer des obscénités ou de se comporter grossièrement. Et le mystère quant à ce silence était complètement inconnu. Peut-être que Maze s'en foutait totalement de ses sous-fifres tant qu'ils faisaient bien leur boulot (ce n'était qui certainement pas non plus le cas de Fino), ou alors qu'il avait une stratégie de management basé sur le laissez-faire. Intéressant....
En plus de ces cours, Maze me demandait plusieurs fois d'essayer de sonder l'énergie du panneau, un truc dans le genre. Pas vraiment un fluide magique, mais entrer en résonance avec, tenter de savoir où se trouve la bougie que je devais allumer. Même si je n'avais eu aucun résultat probant. Et que j'avais l'air con à tenir mon panneau devant moi en le fixant pendant un quart d'heure, attendant la prochaine vanne de Fino (
« Eyh, je vois qu'on est ambidextre, c'est bien »). A part ça, rien d'autre à signaler.

Entraînement 2 : Duel contre Fino


Ne croyez pas que j'ai cherché à tabasser le phoque avec mon panneau. Le combat aurait été bien trop inégal car je savais que Fino était un incapable complet quand il s'agissait de défendre chèrement sa peau. Mais il avait une veine assez incroyable pour être toujours parvenu à survivre malgré son caractère de merde : disons qu'à chaque fois qu'il rencontrait un danger mortel, il avait toujours un comparse prêt à le sauver ou à prendre les coups à sa place (une observation tirée de les propres expériences personnelles). Cependant, il y avait deux éléments qui changeaient complètement la donne. D'abord, comme me l'avait expliqué Maze, on pouvait changer la forme de la salle d'entraînement comme on le désirait. Puis enfin, Fino portait une casquette bleue et un sifflet autour de son cou inexistant. Et cette vision me terrifiait.
Le but de l'exercice était de dégommer les divers carrés qui apparaissaient du sol, guidés mentalement par Fino. Disons qu'il faisait apparaître des cibles n'importe où autour de moi et que je devais me débrouiller pour les tuer le plus rapidement possible et de la manière la plus efficace. Avant l'entraînement, on me faisait épuiser tous mes portails pour que je n'utilisai que mon panneau. Fino faisait commencer l'exercice et c'était à moi de me débrouiller. Évidemment, tout cela était très, très épuisant. Bien trop exténuant. Les exercices pouvaient aussi durer jusqu'à une demi-heure, voire plus d'une heure si Fino n'avait rien à faire aujourd'hui. Et il n'arrêtait pas de commenter mes efforts tout en jouant du sifflet toutes les secondes. Plus que mes muscles endoloris, c'étaient mes tympans qui pleuraient. Le but de l'exercice n'était pas vraiment de me faire découvrir mon pouvoir, mais de m'entraîner avec. Je ne comprenais toujours pas.
A chaque fois que je me réveillais, il me semblait que j'avais des courbatures terribles. Ce n'était peut-être pas si sot : l'inconscient pouvait causer de terribles blessures physiques. Ça ne m'étonnerait pas que je reçoive des courbatures après un entrainement d'enfer dicté par la cadence infernale du sifflet du phoque.
Cette nuit-là, j'avais subi plus de trois-quarts d'heure de combat d'affilée et tout mon corps était en nage. Je regardais avec une terreur les nouvelles cibles que Fino s'amusait à créer par pure sadisme, en quantités non négligeables. Il était lui même posé tranquillement sur un immense carré à ma hauteur, et n'hésitait pas à m'encourager comme il le pouvait (vous m'avez compris, ce n'étaient pas de vrais encouragements). Au bout de la cinquantième minute, quand je réussis à dézinguer trois pauvres gus en les frappant sur la tête respectivement par flemme, en profitant du rebond que le panneau occasionnait, j'entendis Fino siffler avant de beugler :


« Allez, une pause pour le héros !!!
_ Merci Fino...
_ FIN DE LA PAUSE !!! Reprends l'exercice fainéant ! »


Un autre sifflement strident retentit, tandis qu'une dizaine de cibles apparut autour de moi. Je soupirais, le panneau traînant sur le sol. Je le relevais comme je pus en maudissant les parents du phoque.
La cinquième nuit, j'étais en bonne forme. Au bout de dix minutes de combat même si je fatiguais beaucoup, j'avais réussi quelques performances. Une cible derrière moi et je fis un demi-tour avec mon arme comme une faux qui lui balaya le niveau des côtes. Trois autres naquirent devant moi dans un bruit étrange : j'en détruisis une d'un coup large, je détruisis les mollets de l'autre avant de repartir dans un charmant uppercut de la main suivi d'un panneau de signalisation indiquant un sens interdit. Je me défis de vingt autres cibles de manière fluide tout en alternant les endroits visés et le sens des frappes. Je terminais finalement avec cinq cibles autour de moi, et je fis un coup impressionnant qui les annihila toutes d'un coup : une attaque à trois cent soixante degrés qui élargit mon champ visuel. Il y eut un sifflement aiguë du phoque (il ne s'en lassait jamais cet enfoiré), puis un autre, puis un autre , puis un autre, puis un autre. Mais aucune cible en vue.


« Bordel quoi ?
_ Ta dernière action était bien.
_ C'est vrai ? J'ai hésité à la faire mais...
_ … Bien pour tes ennemis, du con ! A cette vitesse-là, y en aura toujours un qui sera là pour te sauter dans le dos.
_ Fino, tu fais chier. TU FAIS CHIER, OK !!!

_ C'est mon job connard !Tu crois que ça m'amuse de voire un abruti frapper des cibles à longueur de temps ? Le vrai problème, c'est que tu n'as rien compris à ce qu'on attendait de toi. Enfin, à ce que Maze attendait de toi. Perso, j'en ai rien à battre et je suis pas aussi optimiste que lui en te faisant confiance.
_ Je suis... censé faire quoi ?
_ Approche ton oreille de ma bouche...
_ Tu vas me vriller les tympans.
_ Tu me connais bien... Le conseil que je peux te donner, c'est que je veux de l'exotisme ! Je veux que tu sois un acteur de merde qui surjoue ! Je veux que tu cabotines tes combats. Tu dois dépasser le stade de dégénéré du bulbe pour comprendre que tu peux te permettre des actions farfelues mais souvent utiles. Je veux que tu te laisses aller ! Que tu ne me fasses pas : je frappe, je frappe, je frappe, yeah, je frappe encore. Je veux voire Bruce Lee sous farine, c'est compris ? »


J'acquiesçais la tête. Mais je comprenais que je ne comprenais pas. Leur but, c'était que je fasse n'importe quoi ? C'était tout ? Je devais dépasser le style du rationnel pour entrer dans une transe... ? Même pas non. Il fallait que je réfléchisse au meilleure moyen pour faire n'importe quoi. Du grand spectacle. Il fallait que mes actions soient guidées par Michael Bay, que ce soit profondément inutile mais je devais ravir les yeux de Fino. Faire en sorte qu'il ne s'ennuie jamais. Je disparus rapidement après sans avoir essayé de tenter de nouvelles actions farfelues. Ma colère s'était dégonflée et il ne restait dans ma poitrine que de l'incompréhension mal assumée.
La sixième nuit donc, je revins dans la salle d'entraînement. Et une fois passées quelques réflexions métaphysiques qui me passèrent au-dessus de la tête, j'en arrivais à l'exercice physique contre des cibles. Fino ne me dit rien mais me fixa de ses petits yeux méchants. Il portait toujours sa casquette et son sifflet. Maze s'éclipsa donc, devant gérer un Royaume entier. Il n'avait ainsi jamais assisté aux folies que m'obligeait le phoque. Mais cette fois-ci, je me sentais prêt à faire du grand n'importe quoi. L'objectif n'était pas de tuer les cibles le plus rapidement possible, mais de la façon la plus absurde, ou la plus grandiloquente. Le coup de sifflet résonna dans la salle et je me mis en garde en même temps qu'une dizaine de cibles me firent face. Il ne me restait plus qu'à foncer vers elle en hurlant (oui j'avais hurlé). Je m'imaginais que chacune de ces cibles représentaient un connard que je n'aimais pas.
J'en détruisis deux d'un large coup, faisant disparaître deux de mes profs aussi incompétents qu'inutiles. Je fis un bond, sauta sur la tête de Jacob pour mieux écraser Robin avec le panneau. Puis je vins transpercer mon vieux compagnon à la tête sonnée de l'arrière de mon panneau avant de balancer mon arme une nouvelle fois en avant pour une estocade d'une dureté sans nom. Je fis quelques tours au panneau en jouant des poignets avant d'écraser Clane en lui faisant sauter la tête. Mais loin de le laisser crever gentiment et disparaître dans le sol comme si de rien ne s'était passé, je le pris avec une main et le balança sur la cible la plus éloignée. Elle écrasa ainsi un Loup Cauchemar. Mon panneau fit un demi-tour dans mes mains et je fonçai vers une cible, la transperçai de l'arrière du panneau et continuai ma route avec un trophée empalé. Je le jetai sur une autre cible (mon CPE) qui partit en miettes et anéantis l'autre cible en la soulevant du sol comme une simple brindille. Dès qu'elle retomba vers le sol, avec un timing incroyable, je la pulvérisais dans un geste qui sentait bon le Home-Run. Fino ne bougea pas d'un poil mais il me fit apparaître cinq ennemis en cercle dont je représentais le centre. Je compris la leçon de la dernière fois : aussi classe pouvait être une attaque de trois cente soixante degrés, elle restait trop dangereuse dans des conditions réelles. Je préférais donc écraser un ennemi d'un coup d'épaule pour sortir du cercle. Je fis un large mouvement de bras pour donner de l'impact à ma prochaine frappe, qui alla ruiner deux cibles d'un coup. J'effectuais un mouvement horizontal mais un poil ascendant, une représentation d'un courant d'air qui traversait enfin mon ancien dentiste. Le dernier, je fis un immense bond pour le plaquer à terre de mes pieds, avant de lui enfoncer la partie fine du panneau en plein dans le torse.
Je commençais à sentir mon front se mouiller, et j'étais prêt à réduire en cendres de nouvelles cibles. Mais aucune n'apparut. Je lorgnais le phoque : il siffla fort. Puis il me jeta un regard glacé :


« Enfin ! Je te ne demandais pas de t'économiser mais de faire le guignol. C'est bien, tu dois avoir un don naturel pour ça. Maintenant, on passe à la difficulté supérieure. Tout de suite. »


Par la suite, dans les trois nuits qui vinrent, je devais m'occuper de cibles plus difficiles à détruire, ce qui m'obligeait à moins doser les frappes et à mieux les préparer. Fino faisait parfois bouger des cibles pour esquiver mon attaque au dernier moment afin que je décidai si je devais continuer sur elle ou bien enchaîner sur une autre cible selon leur position respective. En faisant n'importe quoi avec le panneau, je devais avouer que je m'amusais un poil plus, mais que je me fatiguais bien plus vite. Je ne pouvais pas du tout tenir une demi-heure comme ça. Les cibles pouvaient sinon bouger de façon aléatoire ou bien régulière. Ça me donnait un drôle de combat où je devais optimiser mes déplacements tout en faisant du délire comme étaient capable de sortir les mauvais films américains. Les autres cibles avaient des bâtons qu'elles m'envoyaient dès que je m'approchais d'elles. Je devais donc attaquer et défendre. Ça ressemblait finalement bien plus à de vrais combats et je commençais à prendre enfin mon pied. J'inventais de nouveaux coups chaque nuit, de nouvelles parades rocambolesques et des enchaînements ridiculement impressionnants et dévastateurs. Je comprenais enfin comment je devais me battre. A la dernière séance, on me fit affronter les cibles qui pouvaient à la fois se déplacer et attaquer tout en ayant une défense solide. Et à défaut de mes performances, Fino s'amusait bien :


« ED ! J'aurais pu te toucher les yeux bandés ! Tu peux me dire si tu veux que je me retourne histoire de te faciliter les choses ! Mais quel nul ! Rohlala ! J'ai lancé le coup en cadeau pour qu'il puisse bien se défendre, et il se le prends en plein visage ! C'est ça, agenouille-toi, t'es dans la position parfaite. Connard ! Mais connard !!! Ce beleyage était injuste !!! »[b]

Il siffla plusieurs fois tel un arbitre qui s'était noyé dans de la liqueur. Je continuais cependant à exploser les cibles qu'il m'envoyait avec difficulté, et n'hésitait pas à me dégager une situation précaire en faisant un saut, où en m'aidant du panneau comme d'une perche. Je ne savais pas si j'avais fait des progrès, sachant que je doutais que ces techniques de combat soient plus efficaces qu'une bonne frappe usuelle. Quand je fis part de mes interrogations à Fino, il me tint à peu près ce langage :
[b]

« Va chier. C'est kifkif, sauf que tu es au maximum de ton potentiel en faisant des coups normaux. Adopter ces enchaînements grandiloquents, c'est repousser les limites de ce potentiel. Tu ne pourras pas t'améliorer en gardant ton ancien style, a contrario de ce que je t'apprends. Tu comprends les mots qui sortent de ma bouche ? ET REPRENDS L'ENTRAÎNEMENT !!! Tu crois que j'ai pas compris que tu me balançais des questions pour avoir quelques secondes de pause ? Fainéant de mes deux ! »

Entraînement 3 : La chambre noire


Mise à part les quelques exercices d'entraînement que je me coltinais avant chaque combat (sur Dreamland aussi on avait le droit aux claquages), il y avait aussi l'exercice de la chambre noire, ma foi la plus singulière. Disons qu'on me coinçait entre quatre murs. Je n'avais pas un mètre carré pour moi, je devais rester debout avec le panneau. Il aurait dû faire entièrement sombre mais une ampoule invisible me fournissait assez de lumière pour m'oppresser. J'étais dans une armoire, et les parois bougeaient imperceptiblement. Je me sentais écrasé dans cette petite salle que faisait naître Maze en une seconde. Dès que je plaçais entre trois des murs, il fabriquait le dernier pour m'enfermer, m'isoler.
Le Seigneur Cauchemar m'avait fait comprendre que c'était la partie la plus importante de l'exercice. Disons que je devais me sentir à l'aise dedans. Que je devais apprivoiser non ma peur, mais mon esprit. Car même pour un humain, rester dans une minuscule salle sans pouvoir esquisser un geste était une épreuve mentale assez difficile. Je devais m'accoutumer jusqu'à ce que je puisse me sentir dans ce résidus de salle comme un poisson dans l'eau (ou plutôt, dans l'eau de son aquarium). Le panneau naissait de la Claustrophobie, je devais vaincre la peur qui résidait en tout être humain, comme la peur de la noyade et autres joyeusetés qui n'atteignaient pas les inconscients ou les fous. Je devais me sentir à l'aise... c'était plus difficile à dire qu'à faire.
Je devais donc garder le panneau avec moi pour essayer de dénicher l'interrupteur, la bougie que je devais allumer, en essayant d'associer les besoins et ce que je fournissais à l'entraînement physique. Je devais caler ma respiration, essayer de tout faire pour apprivoiser la pièce et l'artefact en même temps. C'était assez reposant, si on omettait l'étroitesse du tout. Car si je ne poussais pas de grands cris en demandant à ce qu'on me sortit de là (de toute façons, Fino et Maze sortaient et allaient gérer comme ils le pouvaient le Royaume ; et s'il ne restait que le premier, nul doute qu'il sortirait un micro pour enregistrer mes hurlements et les envoyer dans tout le palais non sans lâcher quelques commentaires). J'étais seul et je n'avais rien à faire. Mais en même temps, il y avait une sorte d'énergie dans l'air. C'était un peu comme pour un Seigneur de flammes de prendre une douche de feu. Sauf que je n'étais pas encore assez mature pour transformer mon enfermement en jouissance. Je sentais donc le panneau réagir à tout cela, comme ma peau qui avait des frissons que je ne parvenais pas à décrypter. Je fis de mon mieux pour essayer de lutter contre la peur qui ceinturait mon âme. Pas que j'avais très peur, je le répétais. Mais rien qu'un sentiment de mal à l'aise, c'était une tâche de café sur une nappe immaculée. Et je devrais jouer à Monsieur Propre. Je devais tout faire pour ne rien sentir, faire comme si de rien n'était … Euh … surtout pas en fait. Je ne devais pas faire comme si, je ne devais pas me rassurer. C'était la preuve que je doutais. Le but de l'exercice était que je m'ennuyais dans cette sorte de cuve, que je n'y fasse pas attention. Je devais dénigrer l'épreuve, ou alors, je devais l'aimer. Voire ça comme une friandise qu'on m'offrirait, une récompense après. J'étais censé aimer ça.

Petit à petit, la chambre noire qui me prenait bien trois heures (et ouais, j'en avais chié) fut une sorte de seconde peau, que j'enfilais quand on me le demandait. Au lieu de me préoccuper d'elle, je me préoccupais du panneau qui tenait sur le mur à-côté de moi, passant sous mes pieds à cause de sa taille. Il fallait que je l'active, que je lui fasse je ne sais quoi... Je devais m'occuper seulement de lui et c'était ce que je faisais. Si on ne m'avait pas fait user de portails, je n'hésitais pas à chercher à les utiliser en lui, comme si je le poussais à me montrer ces capacités. Et même quand je ne pouvais plus faire apparaître de portails, je faisais tout pour lui faire lâcher un spasme d'énergie. Je devais utiliser mon pouvoir en me servant de lui comme un catalyseur. Ouais, c'était ça l'idée. Donc au lieu d'essayer à déclencher mon pouvoir pour lui faire découvrir le sien, je tentais de faire l'inverse : de le forcer à me donner de nouvelles capacités que je devais faire.
Dans cette cabine froide, je dressais des théories pour essayer comprendre comment cela fonctionnait. Elles ne me servaient aucunement mais un exercice intellectuel aussi futile soit-il me permettait de me concentrer et de me motiver. Je fis abstraction de la chambre close. Complètement. Elle passa du premier plan au second plan, jusqu'à ce que j'occultais. Je m'étais habitué à elle, tant et si bien que je ne la considérais plus. Je fixais le panneau des yeux, tentais de l'ausculter du regard, de percer son secret. J'avais progressivement tout essayé. Mais au lieu de me laisser aller au découragement, mes envies de conquête reprenaient le dessus. Et je savais que c'était l'influence de la chambre. Elle me faisait du bien, peu à peu. Elle semblait me guérir, masser mon corps endolori par les exercices de Fino. J'étais en meilleure forme quand je la quittais que quand je rentrais dedans. Pour vérifier ça, Fino qui se doutait de tout et tapait toujours dans le mille quand il y mettait du sien, me proposa un entraînement avant la chambre noire puis un second. Les résultats étaient à peu près égaux. Je sus qu'il en avait fait un rapport à Maze. Une nuit quand j'étais en train de respirer lourdement pour maximiser mon énergie, j'entendis les bruits de pas de Maze :


« Ed Free, tu es sur le bon chemin. Dis-moi ce que ça fait de rester dans la chambre noire.
_ Quelle chambre noire ? »

J'aurais pu entendre son sourire se mettre en place sur son visage. Étrangement, c'était dans l'exercice le plus énigmatique que je parvenais à m'en sortir. La volonté n'arrêtait pas de m'envoyer des coups de jus pour que je continuais mon bonhomme de chemin dans l'avancée vers mes nouvelles compétences, aussi épais le brouillard était-il. Des fois, c'était Fino qui venait me rendre visite.


« Si t'as encore peur, dis-toi que t'es aux chiottes.
_ Casse-toi Fino.
_ Je t'attendrais avec un paquet de mouchoirs. »


Puis je mis mes connaissances à disposition. J'allais essayer de percer le pouvoir du panneau. Peut-être que ça m'aiderait à m'y retrouver maintenant. Je pourrais annuler les chutes, stopper les attaques et surtout... il y avait quelque chose qui clochait dans l'entraînement de Fino. Plus je me rappelais ce qu'il m'avait crié, et plus je parvenais à lire entre les lignes. Est-ce que par hasard le nouveau pouvoir du panneau me permettra de me battre plus efficacement avec ce nouveau style de combat ? Est-ce que les cibles de Fino n'étaient pas un prétexte pour m'indiquer un indice. Ce ne serait pas invraisemblable. Le phoque était parfait pour faire du double-jeu. Je pourrais même dire qu'il ne racontait jamais à Maze les tuyaux qu'il m'avait refilé. A moins que ce ne soit une conspiration des deux... BAAAAAh, au lieu de spéculer, je devrais me concentrer. En tous les cas, le pouvoir serait polyvalent et lié à la claustrophobie. Je me demandais si je devais créer un parallèle avec les panneaux routiers qui parsemaient les routes dans le monde réel...
Une autre nuit, je tentais de prendre le panneau. Une sorte d'énergie grésilla en moi comme si j'étais un combustible magique. Jamais une fois je n'avais essayé de me forcer à la tâche. Je mis toute mon énergie et la concentrais dans mes mains (tout ceci était très dure à formuler. Disons que je visualisais cette image si fort que j'aurais pu m'éclater une veine). Mais ce fut voué à l'échec. Mon instinct me soufflait que je ne devrais pas forcer le panneau. Que je ne devais pas me dépenser pour l'activer. C'était ainsi avec tous les artefacts, sauf qu'ici, je devais trouver le moyen de l'utiliser.
N'arrivant à rien, j'essayais de ressasser tous les pouvoirs qui me permettraient l'exploit de réussir aux deux épreuves. Des tonnes d'idées me vinrent à l'esprit, mais elles étaient peu valables. Créer un mur stabilisateur à la façon de Robin pourrait être une idée mais je ne voyais pas l'intérêt pour les Voyageurs de la Claustrophobie. Et puis je ne voyais pas en quoi ça arrêterait le monstre de mur que m'envoyait Maze. Je fis un effort, tritura mon cerveau. Mais je n'arrivais à rien. Désespéré, je me relançais dans la recherche de l'activation du pouvoir. Il y eut encore ce grésillement, comme si deux aimants inverses se touchaient finalement. Il avait bien une forme d'énergie quelque part le panneau, mais je ne l'avais jamais ressenti. J'essayais de joindre mon énergie à la sienne : Nada. Je le reposais sur le mur, m'écartant un poil et le lorgnais. Puis je vis le détail qui tuait tout. Normalement, le panneau reposait près du plafond de la chambre, et je devais écarter les pieds pour que la tige puisse trouver de la place. Mais là, rien. Il avait une inclinaison différente, il était à peine penché comme d'habitude. Si je pouvais décrire ça, j'aurais dit qu'il avait rapetissé d'une vingtaine de centimètres. Mais ce n'était pas ça. Le panneau n'avait pas rétréci. Je me penchais sur le sol comme je pus pour chercher un indice. Quand je parvins finalement à le trouver, effectivement au niveau du plancher des vaches, j'eus un petit sourire. Je venais non seulement de déclencher son pouvoir, mais je venais maintenant de deviner sa nature. Je le repris entre mes mains et il avait retrouvé sa taille normale. En fait, il n'avait changé de taille, c'était juste qu'il avait …
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MessageSujet: Re: Entraînement du soir, bonsoir [Quête solo dans le Royaume de la Claustrophobie] Entraînement du soir, bonsoir [Quête solo dans le Royaume de la Claustrophobie] EmptyMer 19 Jan 2011 - 22:35
« Eyh Big M, je t'avais dit qu'il arriverait à rien. Trois plombes qu'on se débarrasse de lui dans le coffre et on dirait qu'il fout que dalle. J'ai l'impression qu'il passe une épreuve pour moine Shao-lin et qu'il cherche à atteindre la sagesse suprême.
_ Fino, je pense que tu le sous-estimes.
_ Pas mon style de sous-estimer quelqu'un en particulier. Je dénigre le monde entier mais c'est pas ma faute si tout Dreamland a deux mains gauches. La seule personne que je ne rabaisserais pas est celle qui me fournirait une augmentation de salaire.
_ J'accepterais si tu me promets d'arrêter de manger les papiers administratifs à chaque fois qu'un autre Directeur refuse tes projets.
_ Rah... Tu es dur en affaires... je te donnerais ma réponse sous les deux jours. »
, répondit-il, véritablement tiraillé.

Puis si je me mettais à leur place, je pourrais affirmer qu'ils virent tous deux un triangle de signalisation traverser le mur comme du beurre. Sans le détruire. Mais en le traversant littéralement. Comme s'il avait adopté une forme éthérée. Puis il bougea dans une sorte d'attaque et les molécules qui formaient le mur furent assez secoués pour se désintégrer. Bref, deux secondes après l'apparition du panneau, le mur s'effondra sur lui-même, me dévoilant avec un sourire fier. Juste avant de tousser comme un vieil asthmatique à cause de la poussière que j'avais engendré.


« Ça fera 10 EV Big M, je t'avais dit qu'il y arriverait.
_ J'ai réussi ! Enfin j'ai tout compris. »


Fino murmura un truc comme quoi il avait aussi prédit que je passais mon temps à la méditation pour atteindre la Sagesse et il cacha sa toux entre une de ses pattes. Maze me fit un lent applaudissement, il était content de moi et son visage le laissait transparaître. Il enchaîna directement :


« Je pense que tu es prêt pour l'évaluation finale. »


Comme d'habitude, il allait droit au but. J'acquiesçais sans sourciller. Maintenant que je connaissais les pouvoirs du panneau, les épreuves me semblaient très faciles. Je comprenais mieux pourquoi les exercices m'avaient paru si tortueux.
Maze tapa dans ses mains et le vide réapparut sous moi, désirant m'avaler. Je chutais.
C'était un peu aussi en pensant effectivement aux véritables panneaux de signalisation que le pouvoir m'était venu à l'esprit. Disons que le pouvoir se décomposait en deux parties. Tout d'abord, le panneau selon mon bon désir pouvait ignorer les murs. C'était le meilleur mot que j'avais trouvé pour décrire cette situation. Il restait solide et ne devenait pas entièrement intangible, juste qu'il me permettait de combattre dans des couloirs fins ou que je pouvais frapper à travers eux. Mais ça ne marchait que sur les longues surfaces, pas sur les êtres humain ou les monstres. La seconde partie pouvait se traduire de la façon suivante : le panneau une fois dans le mur, pouvait être « planté ». Ainsi, il restait stable et j'entrapercevais tout ce que je pouvais faire avec cette combinaison de pouvoirs. Sans compter mes portails.
Pour la pratique, ce fut tout con. Dès que je vis que j'étais en train de tomber, j'envoyais le panneau dans la paroi la plus proche que je frôlais d'un mètre. Je fis qu'il s'enfonça dans le mur puis je je le plantais. L'opération ne prit pas plus d'une seconde. Ma chute fut brutalement arrêtée, le panneau étant coincé dans le mur. Je me mis debout sur le panneau en équilibriste dont un bon mètre cinquante dépassait de la paroi. Je regardais au-dessus de moi : je n'étais pas tombé à plus de deux mètres. Fino et Maze me regardaient.


« J'aurais dû voire sa tronche la première fois qu'il était tombé comme un débile dedans. C'est beaucoup moins drôle quand il réussit. »


Je me baissai pour prendre mon panneau d'une main, puis sautais. Il se décoinça d'un coup et je parvins à attraper dans mon bond le rebord du gouffre fait maison. Je fus content quand ce fut Maze qui me tira de là en prenant le poignet : Fino s'était approché rapidement avec la ferme intention de me faire lâcher prise. Il me félicita (Maze, pas Fino mais je pense que c'était clair) puis me mit en garde pour la seconde épreuve.
Le Seigneur de la Claustrophobie s'éloigna à l'autre bout de la pièce et fit apparaître une nouvelle fois l'immense mur. C'était toujours aussi impressionnant. Je doutais de ce qu'il fallait faire mais il n'y avait que cette solution. Et tandis que je réfléchissais alors que le mur attendait patiemment son heure, Fino s'approcha de moi :


« J'espère de tout cœur que tu vas la réussir celle-là.
_ Merci Fino. Tu vois que ça fait pas trop de mal des encouragements.
_ NAAAN CONNARD !!! Je sais pas si tu vois mais je suis à-côté de toi ! Tu n'arrives pas à arrêter le mur, et c'est moi qui boufferais ! MAZE !!! POUCE !!! »


Mais Maze n'écoutait pas. Il n'avait certainement pas prévu que Fino ne se dégagerait pas mais s'en fichait. Il me faisait confiance et lança le mur dans ma direction. Le bruit de raclement me cassa les oreilles, tandis que la façade majestueuse fonçait vers moi. Je fis la seule chose que l'intelligence me permettait : je plantai mon panneau dans le sol et reculai d'un pas. Puis d'un autre et d'un autre. Fino était déjà en train de courir comme il le pouvait à l'opposé de la pièce. Le panneau était solidement ancré dans le sol tel l'épée Excalibur devant combattre une avalanche. Puis quand l'attaque parvint au panneau, il y eut un choc terrible. Toute la salle fut secouée, mais le bruit ne fut pas cataclysmique que ça. En tout cas, le mur était stoppé net et je n'avais reçu aucun dégâts. J'entendis un immense soupir sur le sol et d'un Fino qui m'avoua qu'il m'avait fait entièrement confiance. S'il y avait eu cette configuration dans des conditions réelles, je ne pourrais peut-être pas touché l'adversaire mais lui non plus ne le pourrait. Et si le panneau de signalisation pouvait stopper net un mur, il pouvait donc bien encaisser des attaques.
La montagne disparut. Elle avait écopé de quelques fissures et le panneau s'était enfoncé de dix centimètres en elle. Je repris mon artefact. Les deux épreuves avaient été réussis avec succès. Il ne restait plus qu'à démontrer à Maze mon nouveau style de combat enrichi de mes nouvelles capacités. Le Seigneur m'invita à le frapper. Fino me lança :


« Imagine que c'est une putain de cible. Tu fais comme à l'entraînement. Oublie pas de lui dire que tes progrès sont le fruit de mon programme d'enfer. »

Je ne répondis rien. J'avais appris à me taire quand Fino me parlait. Il chercherait toujours à avoir le dernier mot et s'il parlait à quelqu'un d'aussi puéril que lui, on n'avait pas fini de les séparer. Peut-être que Maze aussi avait compris le fond du phoque et que c'était pour cette raison qu'il ne cherchait pas à entrer dans son jeu.
Puis je me mis à frapper Maze de deux coups en X, descendant et descendant. Je fonçais vers lui, planta le panneau dans le sol brusquement et avec l'élan tout en tenant la barre des deux mains, lui envoya deux coups de pieds sautés dans le torse. Mes jambes rebondirent étrangement, je déliai le panneau de son socle, puis envoyai avec le panneau entre les jambes du Seigneur suivi d'un uppercut direct. Je sentis quelques phalanges céder sous le choc. Ce n'était pas normal, elles ne se brisaient pas aussi facilement d'habitude. Un sourire transfigura ma nouvelle cible : il devait croire que je commençais à comprendre. Donc frapper de mon corps était la clé pour la compréhension de son moyen de défense. L'idée résonna si fort dans mon crâne quand je trouvais la solution que je pus croire que les deux autres l'avaient entendu en même temps que moi.
Je savais que toutes mes attaques étaient vaines car tout le corps de Maze était enveloppé d'un unique portail. Il utilisait mon propre pouvoir comme moyen de défense. Et ce moyen de défense était ici un portail tourné dans la direction de l'adversaire et le second tourné dans la même direction complètement superposé à l'autre. En bref, c'était mon propre panneau qui s'arrêtait tout seul. Il entrait et ressortait en même temps, se cognant avec la même partie qu'il se défendait. C'était un truc de dingues. Bref, mes phalanges s'étaient brisées toutes seules sous le choc du contact … avec elle-même. De plus, le portail n'était pas droit, mais il enveloppait le Seigneur dans son ensemble. Si j'avais mes portail, je savais que je pourrais moi aussi réaliser ce système de défense, sans toutefois plier le portail comme il le faisait. C'était peut-être une garde encore plus impénétrable que celle de Jacob. Toutes les attaques s'annulaient elles-même en se détruisant. Une épée pouvait se briser sous sa propre attaque, etc. Je venais donc de comprendre le mécanisme en son ensemble et je sentis une pointe de fierté me faire tourner en bourrique.
Alors que je me remis en préparation, Maze m'arrêta à nouveau avec la paume de sa main :


« Ed Free, tu as compris. Et j'ai vu que tu te lâchais plus dans tes combats même si tu ne m'as envoyé plus de cinq coups. Tu as l'esprit maintenant.
_ Je vous remercie mon Seigneur.
_ Tu pourras reprendre ta route la nuit prochaine, je confierais des tâches à mes autres Voyageurs. C'était très bien, je suis heureux de voir que mes nuits d'entraînement n'ont pas servi à rien. »


Je fin un petit mouvement de tête avant qu'il ne partit. Puis je lui envoyais :


« Seigneur ! Pourrais-je vous emprunter Fino ?
_ Pardon ?
_ Je dirige un Royaume depuis peu et... je pense que j'aurais besoin de lui pour le gérer.
_ Je t'en prie Ed, prends-le avec toi. Il s'acclimate très mal à sa vie de Directeur, c'était un mauvais choix. Et je pourrais considérer que ce Royaume serait un avant-poste pour moi ?
_ Si j'ai des informations, je n'hésiterais pas à vous les envoyer.
_ Très bien Ed. Et merci pour lui.
_ Continuer votre discussion je vous en prie, j'adore être traité comme de la merde.
_ Désolé Fino, c'est que j'ai besoin de toi.
_ Comme d'hab'. Crache le morceau.
_ Ça de dirait d'être à la tête d'un Royaume ? »


Maze était sorti sans dire un mot de plus. Fidèle à lui-même, il ne passait pas son temps à réfléchir, de peur de s'énerver. Il n'était pas soupe-au-lait malgré les apparences : juste que son cerveau tournait à une vitesse démesurée et qu'il faisait attention à ne pas se surchauffer. Le phoque hésita longtemps, de ces hésitations qui n'en sont pas. Juste qu'il réfléchissait aux avantages qu'il pourrait en tirer en plus de sa position. Il ne tarda pas à accepter implicitement en prenant l'air à peine intéressé :


« Mon salaire ? Il sera plus élevé que celui que je dégotte ici ?
_ Je ne sais pas, ça dépendra de tes performances.
_ Diriger un Royaume, on s'ennuie vite tu sais ?
_ Tu auras plein de sous-fifres à tes ordres.
_ Combien ?
_ Plein j'ai dit. Le Royaume entier connaîtra ton nom et tu pourras le commander. »


Fino ne dit rien. Il semblait fixer un point dix centimètres au-dessus de mon oreille gauche. Des étincelles dansaient dans ses yeux et il ne faisait rien pour les cacher. Il imaginait certainement toutes les possibilités qui lui seraient offertes en troquant l'administratif contre une petite couronne. C'était le genre d'instants où il était heureux de m'avoir rencontré (disons que c'était aussi la première fois). Il était passé de simple sous-fifre de merde à Directeur, puis Intendant. Il deviendrait Roi de l'Univers dans quelques semaines à ce rythme (le pire, c'était que je ne doutais pas qu'il le devienne réellement un jour). J'attendis deux minutes, tandis que Fino rampait en long et en large pour savoir s'il acceptait. Je savais parfaitement qu'il allait accepter, juste qu'il essayait de me faire marcher. Puis soudain, il inspira avant de me répondre :


« Ouais nan, ça me tente pas trop en fait.
_ Pardon ?
_ BWAHAHAHAHA !!! T'es trop con ! Allez file-moi les clefs du Royaume ! C'est lequel ? »
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Entraînement du soir, bonsoir [Quête solo dans le Royaume de la Claustrophobie]

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