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Le Pins du Feu [PV Mara]

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Mara Leros
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Mara Leros
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MessageSujet: Re: Le Pins du Feu [PV Mara] Le Pins du Feu     [PV Mara] - Page 4 EmptyJeu 25 Aoû 2016 - 11:18
L'attaque des titans semblait être un succès, les équipes en abattirent plusieurs et surtout, chacun put voir la fabuleuse intervention du ciel qui venait en aide aux défenseurs. D'un coup, Mara se sentit parcourue par une nouvelle détermination. Ils avaient un allié, là-haut. Un allié qui les aidait à contrer les monstres, et sans doute un allié qui les soutiendrait une fois l'escouade dans le palais volant! Comme si ça pouvait changer quoi que ce soit, l'enfant sera ses poings autours des liens de cuirs qui lui permettaient de diriger le pégase sans avoir à parler, et un mince sourire fleurit sur ses lèvres. Il y avait moyen! Y avait totalement moyen! La Voyageuse suivait les demandes de son passager, tentant de le placer au mieux quand il lançait une attaque. L'optimisme lui permettait de profiter pleinement des acrobaties aériennes que leur monture faisait, mais la bataille était encore trop proche pour qu'elle ne s'autorise à rire d'une nouvelle rafale qui faisait voler sa tresse en fouettant son visage.

Finalement, laissant les autres groupes finir les géants qu'ils avaient ciblé, elle retourna sur le champs de bataille. Ce qui eut à vrai dire un peu de quoi doucher son enthousiasme. Le front avait reculé, non? Il avait même beaucoup reculé, non? Oh mince mince mince mince! Elle tourna à moitié sa tête vers Ed, alors qu'il lui demandait le Sacralis. Oui, il était au niveau des soigneurs, dans son sac, mais... le fallait-il vraiment? C'était... c'était du vol, l'Artefact devait revenir au prince, pas au Voyageur, Dulle avait été très claire... Et de ce qu'elle avait pu voir, ce dernier se débrouillait parfaitement sur le dos d'une wyverne... Elle se remit de face sans répondre, serrant les rêne d'hésitation, cette fois. Elle avait quand même quelques principes, et bafouer une promesse, aller à l'encontre d'une demande directe... elle aimait pas ça, pas du tout. Elle fut heureuse qu'Ed saute de lui-même alors qu'elle frôlait dangereusement le front, elle ne savait pas quoi lui répondre. Il était puissant oui, clairement. Mais valait-il vraiment la peine de lui remettre l'objet à lui et non à un habitant du Royaume? Pour peu que ça marche, est-ce que ça aurait réellement le même effet?

Elle sentait son cheval ailé renâcler et se plaindre de la fatigue, et le posa dans la zone plus ou moins sécurisée de l'arrière-garde. Elle sauta au sol en remerciant son compagnon, le laissant se reposer, et alla en direction du mur où elle avait laissé le sac. Évidemment, personne n'y avait touché, ayant sans doute mieux à faire ou ayant noté que c'était le sien, celui de la "Stratège". Allez Mara, motivation, motivation... Arrête de douter, essaye d'avoir un peu de fierté, le ciel est avec toi, le château dans volant est dans ton camps, c'est pas car ton armée semble perdre bien plus en taille que celle d'en face qu'il faut déprimer...

Puis le choc. Un trait qui tombe du ciel, droit dans les troupes sombres et qui se fiche dans le sol, tel un étendard à leur victoire à venir, ou au choix un doigt d'honneur à leur intention. Ce n'était ni le premier, ni le dernier pic qui chutait dans les rangs ennemis, loin de là. Mais c'était le premier à tomber si proche, et un groupe de combattants dut se faire la même réflexion qu'elle puisqu'ils entreprirent d’enfoncer le front ennemi pour atteindre la curiosité. Ils avaient vu quelque chose? Elle ne savait pas, elle flippait juste grave devant cette manœuvre tout sauf prudente qui relevait un peu trop du "tout ou rien" à son goût.

Elle restait débout dans l'arrière-garde, lance en main, serrant puis desserrant frénétiquement cette dernière pour faire passer cette nervosité qui la parcourait. Faites qu'il reviennent, faites qu'ils reviennent... Et faites que ce soit pas pour rien! Agacée d'attendre stupidement derrière, elle se retourna vers son pégase mais ce dernier avait été pris en charge par ceux qui s'occupaient des bêtes de rechange. Et apparemment, il n'y avait pas d'autre pégase de disponible. Par contre, il y avait des wyverns de dispos. Après tout, elle était Stratège, elle devait bien être capable d'en chevaucher, non? L'expression décomposée de Mara à la vue des dragons miniatures qui hurlaient face à la bataille, excités, aurait dû pouvoir répondre à ceux qui les lui avaient proposé. Mais visiblement, les éleveurs étaient assez imperméables à sa détresse, puisqu'ils la poussèrent avec une insistance enthousiaste sur le plus proche qui piaffait d’impatience. Ok, là c'était simple, elle ne lâcherait absolument aucun lien qui la relirait à la monture. Ce truc la faisait proprement flipper, et encore plus de près. D'autant plus qu'il lui vrillait les tympans.

Gémissant dans un soupir, elle monta cependant sur le cou de la bête, qui sembla particulièrement heureuse d'avoir un monteur. Plus qu'à voir si son pouvoir lui avait plus ou moins permis de savoir comment communiquer avec les bêtes, même sans l'effet traducteur...

"Heu... Salut?"

VRRRUUIIIIIIIIIIIIII !! répondit la créature en s'élançant d'un puissant coup de patte vers les cieux.

Oké, ceci était un "non". Plus qu'à jouer de la bride alors, elle avait au moins eut le temps de s'habituer un peu avec le pégase. Donc, s'approcher de l'escouade, s'approcher de la-

"UhaaaaaAAA!" se contenta-t-elle d'émettre en apercevant un étrange sac littéralement apparaître devant elle, balancé vers son ventre à toute vitesse.

Quoi? Quoi? Qu'est-ce que... La respiration légèrement coupée par le choc, elle parvint malgré tout à attraper le contenant, et l'ouvrit pour y jeter un regard inquiet... Qui se transforma instantanément en étincelle d'espoir dans les yeux. Cinq... cinq Sacralis...! Six avec l'autre dans le sac de son dos! Oh la vache, la vache, est-ce qu'elle pouvait vraiment...? Oui, il le fallait! Ceux-là n'étaient pas à Dulle, ils n'étaient à personne, et elle ne pouvait pas se permettre de les garder pour plus tard, c'était maintenant ou jamais!

Six Sacralis pour six soldats. Six soldats qui le méritaient et qui le recevraient pour changer la donne. L'un d'eux était dédié au fils de Dulle, qui serait donc un combattant aérien amélioré, et c'était très bien, car il porterait sa puissance sur plusieurs fronts. Un autre pour Ed, elle pouvait se le permettre, et un autre pour le Capitaine d'Aniamanti à qui le Voyageur avait volé son droit. Ça en faisait trois d'attribués, donc trois à desservir... Et trois fronts restant, puisque ceux deux derniers choix étaient sur le front principal. Toujours en sur-place relatif, la petite se remémora de sa répartition. Un pour Robin serait probablement assez bienvenue, parmi les trois fils d'Herman, autant le donner à l'aîné... Simons, non? Et pour le dernier front... Il était mené par Anaka et la Princesse Emelia. Laquelle le méritait le plus? Elle demanderait, elle y passerait en dernier. Elle ne devait pas perdre plus de temps.

Sa bête était à proximité du front des rescapés d'Olivie, elle préféra donc régler rapidement le cas de celui-ci. Survolant la zone en abattant in extremis une chauve-souris, notant qu'elles étaient quand même plus fragiles que les trucs au sol, elle aperçut d'abord le chevalier Gaston avant de voir son prince à ses côtés. Descendant assez difficilement vers lui, elle comptait bien plus sur l'expérience de sa monture sur les champs de batailles que sur sa propre technique pour ne pas blesser les soldats alliés en dessous. Elle voyait que l'homme était en plein combat, blessée au bras, et que ses assaillants ne lui accordaient aucun répit pour respirer. Elle n'allait pas pouvoir se permettre de l'appeler sans risque, il fallait qu'elle l'aide à éclaircir un peu le paysage.

Les deux sacs de Sacralis dans le dos, elle était agrippée comme toujours à l'harnachement du simili-dragon, et tenta de lui faire deviner ce qu'elle voulait. Elle-même ne se sentait pas capable de se servir de sa lance, là. Mais heureusement (?), l’excitation de la bête était telle que celle-ci s'attaqua spontanément aux cibles noires, les mordant ou les griffant avec une sauvagerie que la petite devinait facilement alors même que le spectacle était caché par l'animal. Finalement, quand la wyvern eut entamé son carnage au point que Robin puisse la regarder avec une fatigue surprise sans avoir à combattre, l'enfant appela ce dernier en sortant l'un des cinq nouveaux Artefacts. Elle sauta à terre, entourée par un petit périmètre protégé par la bête et par d'autres soldats, et s'avança en faisant briller l'objet. Ce fut Robin qui interrompit le silence, les yeux rivés vers la source de puissance, et qui demanda:

"Qu'est-ce que... D'où vient-il?"

"De là-haut, l'île volante! On en a plusieurs, prends-en un! Y a pas de temps à perdre!" Et tant pis pour le vouvoiement.

"D'Olivie..." souffla le garçon d'un air songeur. "Mais qui les... Peu importe, ils seront infiniment plus utiles ici que là-haut. Merci."

Ce dernier mot semblait respirer de soulagement alors qu'il acceptait le don en tendant le bras, et que l'objet le baignait de lumière. Le flash qui suivit déconcentra les troupes proches qui perdirent un instant leur concentration, mais elles furent sauvées par l'aveuglement qui prit les ombres du camps d'en face pendant ce même instant. Reculant doucement vers son nouveau compagnons à écailles, Mara gardait un œil sur Robin pour vérifier qu'il prenait bien la hausse de puissance. Et elle fut infiniment rassurée de le voir se redresser, son épée sacrée semblant presque brillante et avec une lueur déterminée dans les yeux. Alors qu'elle remontait sur la selle, il lança:

"J'aurais préféré que ce soit des combattants de Merta qui héritent de tous ces Sacralis, mais je peux comprendre que l'on ne peut se le permettre. J'espère juste que le monde à conscience de l'immense valeur de ce cadeau que fait ma cité." il reporta son attention sur la masse ennemie, brandissant sa lame en grimaçant: "Si j'avais su que la paranoïa de père nous aurait été si utile pour réparer ses erreurs..."

Et alors que la wyvern prenait son envol, il chargea en hurlant: "POUR NOTRE PATRIE!", provoquant en réponse un cri de guerre dans l'armée qui entourait le futur roi, ayant assisté à la fabuleuse hausse de puissance dont ce dernier avait hérité.

Les laissant se battre, la petite partit à la recherche du prochain à recevoir le don. Il était temps de passer au front central, pour Ed et Karim, mais en chemin, elle vit une wyvern particulièrement agressive qui décimait les ombres volantes avec une sauvagerie certaine... et cette dernière piqua vers elle, révélant le fils de Dulle qui la fixait d'un air furieux. Et ce dernier tonna:

"Qu'est-ce que cela signifie? Pourquoi avez-vous utilisé le Sacralis là-bas? J'ai vu un flash, expliquez-vous!"

Bah tant qu'à faire... Saisissant celui confié par Dulle, elle le brandit sous le regard surpris de l'homme et expliqua rapidement qu'ils en avaient obtenu d'autre de la part du château. Et que si lui était assez à l'aise sur ces genres de bête, elle voulait bien qu'il tente de monter sur la sienne pour lui simplifier la tâche. Reprenant une expression plus sage, l'héritier l'observa pendant une seconde et se leva, avant de se redresser, de marcher le long du cou de son porteur et de sauter derrière Mara avec une aisance qui forçait le respect, même si elle mettait extrêmement mal à l'aise. Se retournant à moitié, sans lâcher ses propres prises, la jeune fille se tourna vers son passager temporaire en tendant l'Artefact brillant, qui étincela d'autant plus qu'il se mit à planer au dessus du prince. Se retournant pour éviter d'être bêtement éblouie, elle sentit la nouvelle vague de puissance qui émanait de derrière elle, et vit avec surprise l'autre wyvern piaffer d'excitation alors que son monteur retournait sur son dos en la remerciant, emplis d'une toute nouvelle force mêlée de détermination.

Ceci fait, elle piqua vers le front principal, repérant rapidement le Voyageur et l'homme-loup qui se battaient du mieux qu'ils pouvaient. Ce front semblait quand même plus violent que celui de Robin, elle craignait de ne pas réussir à créer un périmètre tranquille à la seule force des crocs de son animal, même s'il elle s'habituait peu à peu au tempérament de ce dernier. Ainsi, elle se contenta de... crier, de hurler sur les monstres, et son monstre à elle sembla saisir le message, puisqu'il leur offrit un rugissement de toute beauté, perturbant à peu près tout le monde, pendant juste assez de temps pour atterrir entre les deux hommes, et leur tendre à chacun un Sacralis lumineux à bout de bras. Et naturellement, chacun le reçu. Quelque part, elle se fit la réflexion qu'à ce stade de la bataille, à peu près touts les combattants encore en vie devaient plus ou moins être digne d'en recevoir un, et elle avait totalement conscience de les distribuer un peu par goût et logique personnelle, mais elle ne pouvait pas vraiment se permettre de perdre trop de temps en réflexions. Du moins essayait-elle de se convaincre.

Les laissant à leur bataille, elle se renvola d'un puissant coup d'aile pour rejoindre le front suivant. Frôlant la paroi qui séparait les deux champs de bataille, sa monture balaya quelques grimpeurs d'un mouvement de queue avant de passer la paroi toujours fragilisée par les éboulements, voyant le second plus gros front s'ouvrir sous ses yeux. La vache, eux prenaient vraiment cher, ils étaient encore plus reculés que les autres. Il fallait que plus de volants viennent soutenir ici, sinon ils allaient se faire décimer. Piquant vers l'arrière, elle vit Simmons sur une corniche un peu en hauteur, qui tentait d'abattre le plus de monstres possible avec une réserve de flèches assez remarquable derrière lui, déjà à moitié entamée. Elle se demanda un instant comment le Sacralis renforçait les archers, si ça augmentait leur force, leur précision, mais elle décida finalement que ça devait bien être utile à un truc et se posa à proximité pour lui remettre à son tour son dû. Elle descendit ensuite pour demander aux gradés locaux de faire venir plus d'unités célestes en soutien, ce qu'ils firent avec un corne de brume relativement impressionnante, et elle se dépêcha finalement de s'envoler vers le dernier front, n'ayant toujours pas décidé laquelle des deux femmes méritait le plus l'Artéfact.

Elle les croisa finalement toutes deux, littéralement, puisqu'Anaka était aussi revenue de l'arrière-garde des titans, et qu'elle attaquait depuis le pégase d'Emelia. La mage semblait épuisée, de grandes cernes parcourant son visage, mais son expression et son regard étaient toujours aussi sérieux et concentrés. Attirant leur attention en faisant briller le dernier Sacralis, elle s'approcha autant qu'elle le pouvait avec les ailes de son reptile, pour leur poser la question fatidique:

"On a trouvé des Sacralis en plus! Mais il en reste plus qu'un pour ce front! Qui le prend!?"

Anaka sembla être sur le point de dire un truc, ouvrant la bouche avec les sourcils froncés, mais Emilia la coupa avec une voix qui tremblait d'épuisement:

"Donne-le à Anaka, je n'ai pas encore assez... Assez d'expérience pour le mériter...!"

Ok, ça réglait le problème, même si la passagère lançait un regard surpris à la conductrice. Elle semblait visiblement assez abasourdie par la situation, peut-être car elle était mise en avant par rapport à une personnalité royale? Personnellement, Mara ne réfléchit pas plus que ça, et faisant assez d'acrobaties pour approcher sa propre monture au dessus de celle des deux femmes, elle fit tomber la sphère lumineuse vers Anaka, qui n'eut même pas besoin de la rattraper puisqu'elle flotta tranquillement jusqu'à elle, l'arrosant de puissance.

Regardant ainsi la dernière personne à recevoir un Sacralis, la fillette s'autorisa une minute de pause pour assister au spectacle de la femme qui appréhendait la nouvelle puissance qui coulait en elle. Mais alors que la mage clignait un peu des yeux en secouant la tête, elle leva le visage vers l'armée ennemie.

Et malgré sa nouvelle énergie un masque de frayeur s'abattit sur son visage.

_________________

Camouflé au cœur de son armée à l'aide d'un savant sort d'illusion, Tonio regardait d'un air impassible ses flots de Créatures s'abattre sur la défense ennemie. Il se fatiguait à les invoquer ainsi à la chaîne, et la perte des titans avait été un coup presque aussi dur que l'intervention soudaine du château volant, mais il ne lâchait pas prise. Il voyait bien que ceux d'en face perdaient bien plus que lui, et la satisfaction de dominer à lui seul l'alliance de plusieurs nations était hautement satisfaisante... Mais le temps pressait, et il devait rejoindre les autres avant l'arrivée du château. Ils s'étaient téléportés avec l'aide d'Erik pour préparer le rituel... Mais lui avait dû progresser à pied avec l'armée des ombres.

Le château approchait, il devait être sur place avec ses soldats... Il devait passer, et vite. Il était déjà sur la voie de la victoire, mais il ne pouvait se permettre de prendre davantage son temps. Ils aurait préféré ne pas sortir cette carte qui demeurait terriblement coûteuse pour lui, mais il devait se dépêcher.

Lâchant la bride de son cheval, le Roi sombre écarta les bras et déversa sa puissance dans ses soldats. Et ainsi, chaque front fit face à un spectacle aussi curieux qu'inquiétant. Par-ci ou par-là, différents monstres de toutes sortes commençaient à fuir les combats et à reculer vers le centre de leur armée et... à se monter dessus, à se fondre les uns dans les autres. Ils étaient de plus en plus à fusionner, plusieurs centaines selon le nombre d'envahisseurs à proximité. Et le résulta qu'ils formaient grandissait, encore et encore, formant ainsi quatre silhouettes noires et imprécises, gigantesques et menaçantes, qui, après avoir ouvert ce qui ressemblaient à des sortes d'ailes atrophiées, poussèrent des rugissements à faire perdre le courage des plus grands paladins. Avant de s'avancer un pas à près l'autre vers les humains et Araks, faisant montre d'une lenteur terriblement menaçante.

Voyant son travail accompli, Tonio baissa les bras en haletant derrière son casque. Pourvu que le fameux chef réussisse à récupérer l'Emblème de Feu, où qu'il soit, car ils manquaient furieusement de délais avant le moment fatidique.
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MessageSujet: Re: Le Pins du Feu [PV Mara] Le Pins du Feu     [PV Mara] - Page 4 EmptyJeu 25 Aoû 2016 - 18:47
[HRP : Y a une musique pas bien cachée dans le post]



  Il me sembla que j’avais donné à Mara les Sacralis depuis plus d’une heure, alors qu’elle eut la gentillesse de m’en filer un (‘gentillesse’… On dirait la maîtresse qui donnait des cookies en récompense à un examen). Je me dépêchais de m’en saisir et alors que la lumière scintillait dans les mains de la Stratège, elle devint encore plus éblouissante quand elle passa dans les miennes. J’étais digne enfin. Mon sourire s’élargit, je savais qu’il suffisait que je bute quelques saloperies pour pouvoir l’utiliser. Un monstre s’approcha trop près de moi, je sentais son haleine, mais Krib se chargea de lui d’un virevoltant coup de hache dans la gueule… Une fois que la scène fut passée, alors que Karim avait aussi le droit à son Sacralis (je culpabilisais moins d’un coup, merci Mara), il y eut une sorte de nuage noir qui m’ensevelit, et je tombai dans un autre monde.

  J’avais maintenant la sensation d’un rêve (je m’en souvenais à peine de ce genre de sensations, le prix pour être Voyageur), mais en tous les cas, la notion de l’espace et du temps devenait complètement floue, voire relative, mais ce qui était certain, c’est que j’étais dans le noir complet. Je pouvais me voir, donc non, je n’étais techniquement pas dans le noir, j’étais dans le néant. J’imaginais que je pourrais rester deux heures à buller ici sans qu’une seconde ne se passe de l’autre côté de la conscience, alors je prenais. Mes bras ne brûlaient plus, j’étais plutôt en forme, je pouvais être heureux. Ça ne serait plus le cas après, c’était juste du soutien psychologique.

  Mais une seconde présence se fit bientôt sentir, et sortant des ténèbres du rien, je pouvais me rendre compte que c’était moi, dans le futur, qui apparaissait. Pas besoin d’être physionomiste, je le savais. Toujours les sensations du rêve. J’étais (tiens donc) plus musclé que ma stature en cure-dents habituelle, fallait croire que j’irais dans les salles de sport ensuite, j’avais une barbe, mais surtout, j’avais les cheveux mi-longs. Et un peu plus de rides. C’était bon, j’allais bien vieillir, c’était une bonne chose à savoir. A moins que la projection, venant avant tout de Dreamland, n’était que pure fantasme.

« Comment ça va, Ed ? » Et shit. Ce ton de voix, cette façon de se tenir. Ce n’était pas exactement moi en fait, pas plus que ne l’avait jamais été le MMM. Car c’était bien lui en-face, sans son attirail de général sombre et sans son masque compliqué. En fait, il portait tout juste les mêmes vêtements que moi. « Les temps se concordent, on dirait.
_ Pardon ?
_ Tu as le choix de tes pouvoirs Ed, profite-en, c’est un choix unique. Et qui dit changement de pouvoir dit aussi changement de destinée. Ou presque. Tu peux premièrement, rester tel que tu es, dans ce cas, tu resteras dans la droite lignée de tes ambitions et objectifs. C’est de base, ton destin principal. Sinon, tu peux basculer mage et te faire envahir par la puissance. »
Son aura s’amplifia d’un coup, et des dizaines de portails apparurent autour de nous, telle une nuée de galaxies. « Tout comme moi. En prenant cette destinée, tu auras toute la puissance que tu désires pour accomplir tes rêves : libérer Ophélia, rivaliser avec Pijn, te défaire une bonne fois pour toutes de Maze et vaincre Jacob. » Quoi ? Je le battais pas sinon ? Ueh, connard !
« Et je finirais comme toi ?
_ Alors ça… »
Et il sourit tel un requin. « Chaque être porte en lui les germes de sa propre destruction. Mais la puissance est un terreau magnifique au lâcher-prise sur les considérations morales. De la force naît la responsabilité, et de la responsabilité naît des décisions difficiles, et des décisions difficiles, de profondes et terribles introspections. Mais après, qui t’empêche de récupérer tout mon pouvoir et t’en servir pour le bien ? Tu ne te fais pas confiance ? » Je ne répondis rien. Le laissant continuer : « Si tu as peur de moi, tu vas te bloquer à l’avenir. Et si tu te bloques, tu risques de te rapprocher de moi.
_ T’as fini avec ton speech de merde ?
_ Il manque encore une dernière voie : celle du guerrier.
_ Ah bah voilà. »
Là, ça sonnait bien.
« Je dois te prévenir, Ed, sur cette voie. Elle est inconnue, c’est un chemin encore à défricher. Elle peut te mener vers les ténèbres plus sûrement que celle du mage.
_ Si on sait pas, on s’en fout.
_ De plus, la voie du guerrier va te forcer à te réveiller.
_ Me réveiller… ?
_ Tu n’arpentes plus Dreamland comme avant, à cause de moi et de Pijn. Tu recherches juste la puissance et passe ton temps à attaquer les Von Jackson quand tu peux, en espérant naïvement que ça te rapporte la force nécessaire pour accomplir tes buts. A part ça, tu es stupidement oisif. En prenant la voie du guerrier, tu vas te retrouver dans de nouvelles aventures mortelles qui se succéderont et te feront la peau aussi sûrement que le temps. Le genre d’aventure que tu cherches justement à éviter.
_ C’est juste un choix de pouvoir.
_ Et comme je te l’ai dit, ça se résume à un choix de destinée.
_ Et donc, tu connais le futur ?
_ Je peux l’imaginer. »
Chelou, cette affaire. « Tu as affronté ton présent et ton futur ces dernières années, Ed. En prenant la voie du guerrier, le passé se joindra à eux, tu seras cerné de toute part. Si tu réussis ce combat, tu pourras aller de l’avant et t’accomplir. Si tu le perds, tu mourras.
_ La voie du guerrier est quitte ou double ?
_ Quitte et double.
_ Je la prends. »
Le MMM me sourit. Je me rendis compte qu’il venait de perdre ses cheveux et qu’il était complètement chauve comme un bonze. Qu’est-ce que ça voulait dire ?
« Petit salopard. Prépare-toi alors. Les ennuis vont arriver très vite. »

__

  Krib achevait le monstre d’un second coup quand je me réveillai. Je me rendis compte que mes vêtements avaient changé : j’étais désormais torse-nu, dévoilant mon tatouage de taureau en maori, et je portais un pantalon en cuir marron. Je disposais en plus d’un panneau tout frais tout beau, et me rendis compte que je n’avais pas de sandale. Quoi, j’étais devenu un moine ? Non, par contre, je le sentais clairement, l’effet du Sacralis. Oh putain, j’étais bien plus léger qu’avant. C’était quoi cette puissance de dingue ? Par contre, comme je le pensais, je ressentais moins mes portails qu’avant, je les maniais bien moins et ça me faisait pas plaisir : quand j’appelais mon énergie intérieure, je me sentais si maladroit que j’avais l’impression d’être revenu la nuit dernière. Bon, très bien, j’utilisais peu les portails en combat tant j’avais peur de les user trop vite et terminer sans joker, un complexe que je me trimballais depuis mes premières nuits à Dreamland.
Ca remontait super loin…
Jusqu’où j’avais progressé maintenant ?

Je partis vers un monstre assez vite pour que mes cheveux claquent sur la nuque ; je lui envoyai un poing si brutal qu’il lui fit rentrer sa tête dans le corps et son corps, dans une quinzaine de ses congénères derrière qui arrêtèrent soudainement de pousser pour venir sur le front. Je rigolai comme un bêta, encore plus quand je vis que Karim était maintenant en loup gigantesque de quatre mètres de haut et qu’il était capable de déchirer une créature en deux en la tirant de ses deux mains. Fufu… Je me retournai et hurlai de toutes mes forces de Voyageur :

« TOUS AVEC MOI !!! »

  Je fis tourner mon panneau de signalisation autour de mon poignet avant d’envoyer une frappe latérale si percutante que quatre créatures s’envolèrent au loin sans même arrêter mon coup. ENFIN, CE ROYAUME COMMENCAIT A ME PARLER !!!

  Les soldats retrouvaient un nouvel espoir dans les Sacralis et les nouvelles capacités que nous avions obtenu Karim et moi. Ils se relevaient, remontaient les armes, et se mettaient à hurler comme des déments. Les vikings sortaient une seconde arme, les archers allaient chercher de nouvelles flèches, les Araks se frappaient le crâne avant de repartir au front, les  guerriers d’Aniamante reprenaient position et retrouvaient la tête froide dans de dangereuses manœuvres qui dégagèrent les créatures les plus proches.

  Une fois que tout ce beau monde était capable de se battre à nouveau, que les soldats restés derrière, assez neufs, avaient retrouvé leurs forces et revenaient en renfort, il était maintenant temps de sonner la seconde manche. Ils se mirent tous à courir, une nouvelle fois, et dans cet élan d’espoir, tout semblait si simple, et même les quatre monstres énormes qui se formèrent ne parvenaient pas à nous faire peur. Parce que de toute manière, on avait déjà une énorme ligne à contrer juste en-face de ces saletés rampantes. Avant même qu’on ne les rejoigne, des chauves-souris nous assiégèrent, mais des chevaliers pégases, faisant le tour des garnisons pour s’en débarrasser, les chassèrent avant même qu’elles ne nous touchent… Puis après trois secondes de course, les créatures à nouveau.

  Karim et moi, en position devant, clairsemons les rangs de plusieurs frappes monstrueuses qui ne calmèrent que modestement les adversaires. Puis ce fut  nouveau le choc des armes et de la chair sombre quand des centaines de soldats embrochaient les monstres dans des beuglements guerriers, avant que ceux-ci ne parviennent à concasser le crâne des plus malchanceux. Tout le monde avait récupéré le rythme et semblaient danser autour de leurs adversaires avec talent. Certes, ça ne réussissait pas à tout le monde et ceux n’ayant pas eu cette présence d’esprit se dépêchaient de mourir sous la force de frappe des ennemis, mais cela faisait plaisir à voir que le front de ces salopards n’en menait pas large.

  J’avais de nouveau la pêche, je pouvais encore affronter les créatures sans trop me fatiguer : je n’avais pas véritablement gagné en endurance, mais en force, et en économisant ma puissance, ce qui revenait aux frappes dont j’étais capable pré-Sacralis, j’obtenais des résultats encore meilleurs et en conservant mon énergie, c’était impeccable. Lancé dans la bataille, aujourd’hui moins que jamais ralenti par le poids de mon arme extravagante, je frappais tout ce qui était à ma portée dans un rayon mortel que je déportais où je voulais sur les lignes de front. J’enchaînais les mandales, les cris, les encouragements aux autres, les sauvetages, les uppercuts, les blessures aussi malheureusement, je n’étais pas plus invincible qu’avant, contrairement à ce que j’aurais pu croire, et j’étais plus insouciant. Mais je faisais tout ce que je pouvais, je donnais tout, alors que je voyais Karim et sa meute écraser des flancs ennemis en esquivant habilement les coups les plus féroces, je voyais les Araks qui se jetaient sur leurs adversaires sans réfléchir, enfonçant les armes et percutant les crânes, je voyais les vikings qui dansaient non sans un certain panache autour des créatures, attaquant les jambes, les flancs, puis la tête, sautant d’une créature à l’autre en ayant oublié tout instinct de survie. Les mages ne tardèrent pas à cracher leurs flammes et leurs foudres pour nous supporter sur les flancs, et une fois que c’était fait, je pouvais voir un des énormes enfoirés créés d’on ne savait où par on ne savait quelle magie s’approchant.
Chiche.

  Je me mis à courir vers le titan, tout en dézinguant tous ceux qui me barreraient la route. Puis rapidement, je sautai par-dessus la vague ennemie et bondissais de monstre en monstre non sans les aplatir violemment contre le sol à chaque fois que je prenais de l’élan. Je m’éloignais des autres, oui, mais que pouvait-il m’arriver maintenant ? J’étais indestructible. Je mis dix créatures à terre en dix bonds, et le titan m’aperçut. Il prépara un coup gigantesque pour m’apprendre à foncer, mais il manquait clairement de rapidité : son poing ne fit pas la moitié de la distance vers le sol que j’étais déjà près de sa tronche, le panneau armé. Puis je frappai avec toutes mes forces, profitant de mes nouvelles capacités, et sans chercher à sortir une punchline quelconque. Je voulais juste le dégommer.
Et le dégommage fut.
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Mara Leros
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MessageSujet: Re: Le Pins du Feu [PV Mara] Le Pins du Feu     [PV Mara] - Page 4 EmptySam 27 Aoû 2016 - 18:15

Mara regardait avec horreur les quatre titans grandir doucement depuis la masse des ombres, dépassant les cloisons qui séparaient les fronts pour offrir un spectacle plus qu'inquiétant. Oh la vache. Elle vit les gigantesques créatures lentement se mettre en branle, comme une introduction pour la destruction qui se profilait. Cette vision lui fit en plus un peu penser à une scène d'un vieux dessin animé des studio Ghibli qui l'avait parfaitement terrifié, juste au cas où une miette de confiance serait restée quelque part en elle. Finalement, elle fut détournée de cette vision quand elle entendit Anaka prendre la parole malgré le bruit du vent.

"Bien. Il semble qu'on va rapidement voir l'efficacité des Sacralis. Moi qui m'inquiétait pour Hely, je ne l'imagine pas un instant capable de perdre, maintenant..."

Puis elle s'inclina pour dire un truc à sa conductrice, sans doute une indication que la fillette n'entendit pas. En effet, le pégase qui portait les deux femmes prit de la vitesse et s'envola vivement vers la gigantesque cible en faisant une courbe parfaitement calculée. Et d'un coup, alors que le trio n'était qu'une vague silhouette à plusieurs centaines de mètres de là, tournant autour de la tête du géant, une immense colonne de feu en jaillit et frappa l'ennemi de plein fouet, qui tituba en grondant, fumant là où il avait été touché. Pris de rage, il tenta d'attraper l'insecte destructeur qui l'agressait, il agitait ses moignons d'ailes avec violence, mais une minute plus tard, une autre gerbe surpuissante le cueillit en plein dos. Même s'il était loin de mourir en deux coups et qu'elle ne se rendait pas compte de la réserve d'énergie que pouvait avoir la Mage, la stratège était proprement fascinée. Ce spectacle était d'ailleurs en train de ragaillardir les troupes aux sol qui chargeaient les ombres, un peu moins nombreuses depuis la fusion, et Mara ne douta plus de leur potentiel à surmonter cet élément perturbateur.

Se reprenant en main, elle alla jeter un œil au front voisin. Il géraient un peu moins bien le colosse, n'ayant pas le même potentiel annihilant, mais les flèches tirées par Simmons depuis sa corniche semblaient voler en ligne droite à travers tout le champs de bataille vers l'être, se fichant ici et là et l'handicapant étrangement efficacement malgré le rapport de taille. Et ce soutien payait particulièrement bien, permettant au autres troupes d'harceler plus efficacement le monstre. Il serait peut-être le plus dur à battre des quatre fronts, mais elle ne doutait qu'ils finiraient par s'en sortir, quitte à amener du renfort. Profitant d'une opportunité pour abattre sa lance sur l'aile d'une chauve-souris avec autant de technique et de grâce que si elle maniait une batte de Baseball, elle vit s'approcher l'un de ses aigles, qui lui signala que le front de l'armée de Robin s'en sortait magnifiquement, l'épée de se dernier étant devenue extrêmement efficace contre les  créatures d'ombres. Quand elle lui demanda des nouvelles du front principal, vers lequel elle se dirigeait, il lui dit que le combat n'avait pas encore été engagé. Mais bon, ceux-ci avaient deux Sacralis, elle ne s'inquiétait pas trop. D'ailleurs, parlant du nombre de Sacralis, elle pourrait peut-être envoyer le fils de Dulle aider Simmons...

Ce fut dans cette optique qu'elle fit accélérer sa monture vers le front principal, le dernier endroit où elle l'avait vu. Et elle avait à peine dépassé la paroi où demeuraient les tireurs qu'elle vit le titan basculer. Quoi, déjà? Mais il n'était pas encore au niveau du front! Se redressant un peu sur sa selle malgré son malaise, elle scruta la scène du regard, cherchant à comprendre contre quoi ou qui luttait déjà la menace. Et quand elle fut assez proche, la première chose qu'elle reconnut fut le panneau de signalisation qui s'abattit avec une telle violence qu'il parvint à ébranler le monstre. Et il était seul. Il était à une centaine de mètre de la ligne de front, et il était littéralement en train de se farcir ce truc seul, uniquement avec de la force brute.

Un autre coup de panneau fit vaciller l'être, qui semblait de plus en plus peiner à tenir debout. La preuve, il avait dû décaler l'un de ses pieds pour garder un semblant d'équilibre, et le choc de l'appui avait fissuré le sol. La jeune fille regardait la scène, figée, laissant sa wyvern esquiver les attaques aériennes à sa place. Elle avait la bouche légèrement entre ouverte, et elle mit bien plusieurs secondes à remettre ses idées en place et à comprendre pourquoi.

Elle avait peur. Présentement, Ed la terrifiait purement et simplement. C'était possible d'obtenir un telle force sur Dreamland? Était-ce vraiment possible? Et vraiment.. était-ce vraiment bien? Elle-même... 'fin, elle se rendait compte que sa force n'était plus normale depuis longtemps, elle devinait qu'elle serait totalement capable de porter ses propres parents d'un seul bras, mais là... Est-ce qu'il n'y avait pas... un risque? Quelque chose? Une sorte de fascination bizarre pour sa propre force qui inciterait à faire des mauvaises choses? Dans le monde des Rêves, voir dans la vraie vie? C'était impossible de pas être dangereux avec une puissance pareil. On ne pouvait faire tout le temps attention, il y aurait bien un moment où ça déraperait. Sauf que quand ça dérape alors qu'on a la force de briser un bloc de pierre d'une pichenette, c'est...

L'enfant se força à inspirer jusqu'à remplir entièrement ses poumons, retenant un frisson qui menaçait de la prendre et ignorant sa gorge nouée. C'était pas le moment, c'était... Elle verrait plus tard. Y avait... y avait plus urgent, sans doute. Elle lança un dernier regard effrayé à l'homme, se retenant de se mordre la joue, et soupira de soulagement en voyant l'un de ses rapaces lui apporter un message. Il disait que de plus en plus d'ombres parvenaient à esquiver les fronts pour se faufiler dans les cavernes. Il ne pouvait pas lui donner un nombre, mais ça fit serrer les dents de la jeune fille. Elle n'avait pas été assez prudente, elle aurait dû intervenir plus tôt, elle ne savait pas si les troupes furtives qui surveillaient les lieux pourraient les retenir... Raah! Elle vit passer la wyvern du prince au loin, qui se dirigeait tout seul vers le front qu'elle voulait lui indiquer, tant mieux.

Lâchant prudemment les rênes de sa bête et coinçant son arme sous son coude, elle commença à malaxer ses tempes avec ses paumes. Qu'est-ce qu'elle faisait là... Non. Plus tard, il ne fallait pas y penser. Puis ça allait, elle n'avait pas non plus à abuser avec son pouvoir... Déjà que son inquiétude et l'ambiance commençaient à lui refiler un sacré mal de crâne, ses propres ondes de confiance l'auraient vraiment pas arrangé. Bon, il fallait déjà qu'elle prévienne les arrière-gardes de surveiller les entrées des grottes proches, pour pas se faire surprendre par des attaques dans le dos... Et peut-être qu'elle devrait demander à quelques combattants ici et là de quitter le front pour nettoyer les cavernes... Ouaip, elle allait faire ça.

_____________

"Erik? Je... je crois que j'ai trouvé" lança Erdoan, le cadet de Robin et Emelia.

Le mage s'approcha de l'adolescent, scruta pendant quelques instants le petit cercle parfait creusé dans la roche, un trou qui semblait attendre simplement que quelque chose s'y incruste. Il faisait à peine cinq centimètres de diamètre, et même si la roche autour était incroyablement lisse, il aurait été impossible de le voir de loin. Il sourit de toutes ses dents et posa une main sur l'épaule du garçon, disant d'un ton admiratif:

"Oui, c'est ça, c'est exactement ça! Tu es incroyable!"

Le jeune homme acquiesça en souriant, fier de l'attention qu'on lui portait. C'était sa grande sœur qui avait hérité de l'aisance avec les animaux de leur mère, et des talents au combat de leur père. Lui même se débrouillait en escrime, mais son seul réel talent était une sorte d'instinct, une curieuse capacité à analyser son entourage et à en noter tous les détails, surtout ceux d'origine magique. Sans celui-ci, sans doute que le groupe aurait refusé sa venue: après tout, il avait à peine 14 ans. Il vit le sorcier lancer un sort vers le ciel, indiquant aux autres où ils étaient.

Dix minutes plus tard, tous étaient là, regardant avec curiosité l'emplacement et les glyphes qu'Erik avait commencé à tracer autour. Redressant son arc dans son dos, Valeau lança:

"Tonio est resté en haut pour surveiller l'avancée de l'armée de son "lui" passé. Ça progresse lentement, l'alliance se défend assez bien."

"Je me demande comment le mien s'en sort," fit l'arcaniste en continuant à dessiner, un sourire aux lèvres. "C'est à cet âge que j'ai commencé la magie, et je n'aurais jamais voulu être tenu à l'écart..."

"Arrête donc avec ta fausse nostalgie," répliqua le fils d'Adrien sur le même ton amusé, avant de s'adresser à tout le monde: "Par contre les nuages couvrent entièrement le ciel, difficile de dire où se trouve le château, quelqu'un a compté le temps qui nous reste?"

"Une heure et demi, ou deux heures..." émis le cadet, remercié d'un mouvement de tête par le noble.

"Quand arrivera la chef?" intervint Marine, sa grande sœur, tout en caressant son vieux pégase. "Elle ne devrait pas déjà être là avec l'Emblème?"

"On ne sait pas encore," dit Agathe, la fille de Salin. "Si elle n'a pas réussit à nous rejoindre avant, elle arrivera sans doute avec tout le monde quand Olivie se posera dans la plaine. Mais je ne doute pas du tout de son talent pour chiper la broche."

Quelques rires ponctuèrent sa dernière remarque, puis tous se calmèrent, laissant leur autre leader finir le cercle magique autour du socle. Une certaine tension les parcourait à l'idée de l'échéance qui approchait. Ils avaient beau être convaincus de leur cause, ils avaient conscience que l'efficacité de leur méthode n'avait de telle que son horreur, et le savoir de plus en plus proche... Un coup de tonnerre résonna au dessus de leur tête, mais aucun ne leva les yeux, toute l'attention focalisé sur le bâton qu'utilisait le sorcier pour graver dans la roche. Ce fut la nièce de Nirsan qui brisa finalement le silence, une main sur la hanche et un air oscillant entre l'incompréhension et l'agacement:

"Alors quoi, Grima est scellé dans la montagne? Tu nous avais pas dis que l'Emblème de feu avait été apposé directement sur son corps? On a épluché tous les os du cimetière pour rien, nous!" et elle ponctua sa réplique d'un large mouvement de bras qui embrassa la plaine derrière eux, recouverte d'ossements de wyvern essentiellement, mais aussi d'une demi-douzaine de squelettes de dragons bien plus gros ici et là.

"Arrête Alette, c'est pas comme si tu avais assidûment cherché... Mais c'est vrai que j'aimerais que tu nous expliques," intervint Nils, qui avait préféré la voie des armes à la guilde des marchands de son père.

"Eh bien... disons simplement que j'avais sous-estimé sa taille..." souffla l'adulte en faisant glisser son regard sur la gigantesque chaîne de montagne qui protégeait les lieux, traversant presque tout le continent.
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MessageSujet: Re: Le Pins du Feu [PV Mara] Le Pins du Feu     [PV Mara] - Page 4 EmptyLun 29 Aoû 2016 - 21:15
Le reste fut flou dans ma tête, l’adrénaline était de bonne compagnie durant les batailles et permettait les actions les plus insensées sans s’arrêter aux détails métaphysiques superficiels (comme la taille du colosse), mais au fur et à mesure, on se rendait compte qu’on ne se souvenait aucunement des événements, la force du présent empêchant les informations de s’incruster, mais qu’en plus, il laissait le corps mou et maladroit. J’avais eu un sursaut d’adrénaline, mais après un combat antédiluvien avec la créature gigantesque qui dura à mon avis, aussi bien quelques secondes que plusieurs minutes, elle s’effondra sur le sol, dans une chute rapide qui surprit les bestioles qui traînaient dans ses alentours ; elle avait le crâne éclaté, complètement en miettes de créatures, et elle émit un drôle de grondement avant que le sol ne l’achève et l’explose en autant de monstres tous crevés. Je tombais à mon tour sur le sol, les jambes pas bien, les bras en compotes, entourés de monstres très surpris de ma présence, et très très loin du front.

Les souvenirs me manquèrent encore, alors que j’étais dans l’infirmerie tenue par de nombreux prêtres et autres sages sœurs, qui me faisaient patienter comme ils le pouvaient alors que les blessés affluaient de tout part, ramenés par leurs partenaires de combat ; je me souvenais, alors que je regardais ce que je pouvais, depuis ma position allongée, des différents combats qui se jouaient autour de moi et des batailles qu’on entendait. Deux géants étaient tombés, le mien donc, et celui du front d’Anaka (il venait tout juste de se faire dévisser, mais elle, à dos de pégase, revint complètement crevée et s’était allongée, plus loin dans l’infirmerie), mais les deux autres allaient rapidement tâter du front direct et là, on risquait de perdre énormément d’hommes. Je n’étais malheureusement pas en état de repartir au combat, mon panneau était complètement détruit (mais certains prêtres l’avaient récupéré pour s’en occuper, sympa, je savais pas qu’ils étaient aussi forgerons). Alors qu’une brave fille, robe de trente kilos sur les épaules passaient près de moi, je lui demandai si elle pouvait me régénérer au plus vite pour que je puisse y aller, mais elle ne me répondit que :

« Désolé, il faut attendre votre tour. »

Je me fis un sang d’encre alors pour tous ces hommes qui étaient en train de périr les uns après les autres, de tous les côtés, devant, à droite, derrière, une hécatombe que mes yeux ne retranscrivaient pas si bien par rapport à mes oreilles, qui entendaient le vacarme de la guerre partout ; des milliers de coups d’épées, de lances, de haches, de boucliers, de sifflements de traits ou de magie, et quelques fois, presque tout le temps en fait, on entendait au-delà du bruit un cri terrifiant sorti de la bouche de quelqu’un qui venait de crever ou se faire blesser si sauvagement que la contenance, elle, était bien morte.

On pouvait aussi être témoin de la bataille avec la charge des blessés qui faisaient crouler sous le travail tous les infirmiers de la zone : on pouvait voir des généraux, la belle armure brisée, essayant de revenir dans notre monde en arrêtant de bégayer, on faisait taire les blessés les plus défaitistes qui à coups de cris et d’accusations, sapaient le moral de ceux qui les entendaient, ceux qui étaient entre la vie et la mort et que les médecins ne savaient s’il fallait s’occuper d’eux en priorité ou utiliser leurs ressources et leur temps avec des gens plus chanceux (ils les délaissaient le plus souvant j’avais l’impression), des cavalières qui hurlaient et pleuraient pour qu’on n’achève pas leurs pégases, inguérissables, sans faire attention à leurs propres blessures, mais cela ne retenait pas le coutelas du bourreau, les mages qui ne pouvaient activer leur magie, et les grimoires étaient malheureusement rationnés pour les plus efficaces d’entre eux, ils pouvaient alors rejoindre le camp des infirmiers une fois qu’ils étaient en état, il y avait aussi les combattifs, pas mal d’Araks, qui souhaitaient retourner au combat non pas dès qu’ils le pouvaient, mais maintenant, brancard ou pas brancard, ceux qui hurlaient parce qu’ils avaient trop mal, ceux qi suppliaient qu’on les soigne, qu’on les crève, qu’on les laisse ici pour ne pas qu’ils retournent là-bas.

En reportant mon attention sur mes alentours et pas sur les batailles, je me rendis compte donc qu’ici aussi, la guerre battait son plein, et que les soldats qu’étaient les prêtres, les sœurs, les troubadours, combattaient nos blessures et nos problèmes, mais ils étaient peut-être encore plus débordés que les vrais soldats du front, tant les blessés arrivaient par centaines et que leur équipe réduite avaient du mal à gérer le dixième de leur travail total. Ils couraient, ils se filaient des bâtons spéciaux, ils se hurlaient dessus, constamment, toujours sous pression, la vie de tant de gens entre leurs mains et qui leur filaient entre les doigts. La fatigue devait être physique certes, mais aussi morale – en signe de défense ou d’abandon, certains s’étaient transformés en zombies livides qui couraient entre les blessés.

Je regardais mes propres blessures, plus graves que ce que j’aurais pu penser, entre le front, les bras, les jambes, trois doigts de pétés, idem pour les dents, un coude qui n’existait plus et surtout, une épaule complètement démise. Vu ma constitution de Voyageur, je pouvais encore tenir sans problème et je comprenais que je n’étais pas la priorité, mais c’était la fatigue surtout, qui me plaquait contre le sol : le Sacralis, contrairement à ce que j’avais cru, ne m’avait pas refilé toute mon énergie et remis les pendules à l’heure, niveau endurance. Je m’étais retrouvé à batailler contre ma fatigue durant le monstre, et perte de vitesse, d’adrénaline, et harassé comme jamais, revenir jusqu’au front fut une épreuve terrible, surtout que ma nouvelle force me pompait beaucoup, à mal l’utiliser. C’était Karim qui m’avait récupéré et foutu ici, par les crocs du pantalon (bah ouais, j’avais perdu le haut grâce au Sacralis, il avait fait quoi, fondre mes vêtements pour m’en faire un gain de puissance ?).

En tout cas, les lignes ne désemplissaient pas, nos hommes tenaient de mieux en mieux, se succédant par couches, et géraient très bien les créatures qui fonçaient à leur encontre, mourraient rapidement avant de laisser la place à deux congénères. J’eus aussi le droit à un nouveau voisin tiens, le prince Robin qu’on posa près de moi, et évidemment, il aurait le droit à un soin vitesse grand V. Pendant que moi, je regardais partout aux alentours voir comme les sœurs se débrouillaient, Robin, lui regardait le ciel.

« Tu cherches quelque chose ?
_ Le château. Il ne devrait plus être bien loin, mais il faut qu’on commence à se préparer. Ca prendra un peu de temps pour le rejoindre.
_ On sera combien à grimper dessus ?
_ Une douzaine. Dulle nous a passés ses douze wyverns les plus vigoureuses, celles qui seront capables de grimper à de telles hauteurs. Ça sera à Mara de décider qui elle veut emporter à Olivie. Sachant que connaissant le château, je fais bien entendu partie de l’expédition. »


Ses blessures furent soignées, et il intercéda en ma faveur pour qu’on s’occupe directement de moi. Je fus sur pied en moins de cinq minutes, et on me donna même mon panneau de signalisation tout neuf (c’était gentil, je ne savais pas du tout comment vous avez fait, mais l’intention était belle, j’avais un bon feeling avec cette arme, et je ne voyais pas trop de lances pouvoir rivaliser avec les tatanes que je mettais). Je repartis sur mon front, prêt à m’envoler quand on me le demanderait.

__

Hely attendait le bon moment pour agir, mais déjà, il fallait qu’elle survive aux attaques de ses alliés ; elle ne faisait pas du tout dans la finesse, elle n’avait pas besoin de faire semblant de combattre, il y avait tellement de monstres dans les alentours que même si elle s’en occupait d’une bonne cinquantaine au fur et à mesure des heures, le reste des soldats n’en souffriraient pas trop, ils avaient leur lot de créatures qui les débordaient. Elles se fichaient de les piéger maintenant ou non, ce qui importait, c’était de libérer la puissance draconique qui mettrait le monde à genoux, mais il fallait absolument accomplir le rituel avant que les dragons ne soient relâchés, cela voulait dire, une demi-heure après l’atterrissage de l’île, ce qui arriverait environ une bonne heure après que le commando (dans lequel elle n’était pas certaine d’y être) de l’alliance se serait posée. En gros, dès que l’équipe décidée par Mara serait prête et sur l’île, une heure et demi plus tard, leur plan aurait réussi. Sinon, ce monde courrait encore plus vite à la catastrophe que leur ligne temporelle à eux.

Elle leva subtilement le pied afin de ne pas être fatiguée, elle voulait être présentable quand Mara appellerait l’équipée sauvage qui serait envoyée sur la flottante Olivie et son mystérieux château. Tonio ne faisait pas les choses à moitié en tous les cas, c’était parfait, ça occupait l’esprit de tout le monde : briser cette armée, physiquement et moralement, serait d’une grande aide pour la suite du plan.
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MessageSujet: Re: Le Pins du Feu [PV Mara] Le Pins du Feu     [PV Mara] - Page 4 EmptyMar 30 Aoû 2016 - 1:00

Mara commençait vraiment à fatiguer. Pas la fatigue de fin de nuit, non, ou alors pas seulement, c'était surtout le fait de chevaucher une bestiole qui faisait des cabrioles dans le ciel depuis un moment maintenant, et de donner de violents coups de lance ici et là. Ainsi, sans être davantage blessée qu'une simple balafre au visage et que quelques écorchures sur les bras ou dans le dos, elle avait surtout l'impression d'être devenue une énorme courbature avec un peu de peau et d'os autour.

Elle avait eut des rapports des tunnels, apparemment pas mal de monstres s'y engouffraient mais très peu avaient atteint des points stratégiques potentiellement dangereux, la plupart semblaient s'être purement et simplement perdus dans les réseaux de galeries. Sans doute y avait-il une raison de s'inquiéter, voir plusieurs, mais la petite commençait a en avoir tellement marre qu'elle avait simplement décrété que s'ils n'allaient pas trucider d'autres soldats dans l'immédiat, c'était tant mieux. Que les troupes continuent à surveiller les tunnels menant aux défenses, elle ne pouvait pas se permettre de retirer plus de soldats du front. Quand elle survolait les champs de batailles, même si les ombres étaient moins nombreuses et ne semblaient plus sortir de nulle par à l'infini, ses propres troupes formaient une masse à présent bien faible qui avait depuis longtemps arrêté de se battre sur la pente pour tenter de défendre le plateau en hauteur. Manquerait plus qu'il se mette à pleuvoir, songea-t-elle avec un coup d’œil aux nuages orageux qui leur servaient à présent de toit. Traverser ça pour atteindre le château allait être une horreur. D'ailleurs, les interventions de ces derniers étaient de plus en plus rares, faute de munition sans doute. Et même si leur intervention avait été salutaire, elle ne serait peut-être plus aussi pertinente à présent que les monstres étaient moins massés.

Deux aigles lui parvinrent. Parmi la troupe qu'elle avait récupéré au début, elle n'était pas sure que tous volent encore à la recherche d'informations à lui apporter. Les volatiles lui donnèrent des nouvelles des deux fronts où demeuraient encore un colosse noir. Celui affrontant l'armée des Joyaux progressait, mais la présence de deux soldats boostés au Sacralis se faisait sentir, même s'ils n'étaient pas les plus destructeurs. Il faisait des dégâts, mais serait assurément repoussé. Les nouvelles étaient cependant moins bonnes du côté de Robin puisque, justement, Robin n'était plus là. Il avait été trop gravement blessé avant d'atteindre le titan, et n'avait pas pu lui faire les gigantesques dommages que promettait son arme améliorée, et avait dû quitter le front. Ainsi, l'armée se faisait presque proprement décimer par le géant, malgré les efforts d'Hely et des plus puissants soldats sur place. Bon, elle pouvait bien donner un coup de main aussi... Peut-être que se battre la remettrait un peu en forme en la décoinçant?

Cette idée lui parut tellement stupide qu'un ricanement lui échappa.

Elle partit malgré tout en direction du front droit, faisant signe à quelques unités volantes de lui venir en aide. Aucune n'était de trop dans les cieux, mais la gigantesque menace était autrement plus urgente que la multitude de chauve-souris sombres. S'approchant donc de la cible, il lui sembla reconnaître dans la charge Gaston, parmi la masse de combattants, ainsi qu'Adrien qui menait les archers. Hely multipliait les éclairs, n'utilisant pas sa nouvelle forme, mais sa cadence de tir laissait deviner sa fatigue. L'enfant ressentit quand même une pointe de soulagement en devinant qu'elle n'était en tout cas pas blessée, ou du moins pas au point de quitter le combat. Faudrait voir si elle serait cependant assez en forme pour aller là-haut... Mince, faudrait qu'elle sache combien de personnes elle pourrait prendre. Projetant une onde de confiance, elle fit venir le rapace le plus proche et lui dit d'attendre des instructions à proximité de l'enclos des montures au repos.

En attendant, elle reporta son attention sur l'immense être. Allez, Ed s'en était bien farci un à lui tout seul, non? Ouais mais en même temps, il semblait avoir la force de lui faire sortir les poumons par le torse d'une simple tape dans le dos maintenant... En plus, l'un de ses éclaireurs lui avait annoncé qu'il s'était retrouvé dans un état si pitoyable qu'il avait quitté le champs de bataille. Bon, courage, Anaka aussi s'en était incroyablement bien sortie, et puis elle n'allait pas devoir se fair le monstre toute seule, il y aurait plein de troupes avec elle. Serrant un peu plus fort la nouvelle lance qu'elle avait récupéré, l'autre ayant fini par se casser par la force des choses, elle s'allongea sur le cou de sa wyvern comme un signal qu'il était temps de piquer. Cette dernière semblait trop épuisée pour pousser les cris de joie qu'elle lui avait servi pendant un moment, mais elle s’exécuta quand même, rentrant ses ailes et traversant l'air à toute allure.

Se redressant juste à temps pour ne pas s'écraser sur l'épaule de leur cible, elle la frôla d'assez près pour y laisser une longue balafre avec ses propres pattes, renchérie par une profonde estafilade de la part de la lance de l'enfant. Bon, évidemment, c'était rien, c'était pas la première que l'ennemi recevait et il avait l'air de s'en balancer pas mal, mais il en avait tellement que ça devait quand même le gêner d'une manière ou d'une autre. C'est pour ça qu'elle recommença, encore et encore: le ventre, le dos , les jambes, les bras, le crâne ou les moignons d'ailes... Tandis que les troupes au sol essayaient de le faire tomber ou de l'escalader, les troupes aériennes lui tournaient autour telle une nuée de moucherons acharnés. Cependant, l'impression de ne faire finalement pas grand chose était forte. C'est pourquoi elle eut une idée assez bête, qui avait peut-être ses chances de marcher.

Un truc pareil, ça devait avoir des yeux, non? Il était globalement noir et un peu fumeux, mais ils enfonçaient bien leurs lames dans quelque chose à chaque fois, non? Il était donc peut-être temps de faire un petit tour de côté de la tête! Et c'est ainsi qu'elle fit prendre de l'altitude à sa monture, tournoyant autour de l'immensité pour finalement contourner son extrémité haute. Volant derrière son crâne, elle en fit enfin le tour pour se trouver face à son visage, où elle distinguait deux billes brillantes... Oui! Brandissant sa lance, elle encouragea sa bête effrayée d'un cri et cette dernière chargea ce monstrueux visage.

La monumentale baffe qui cueillit la petite et son faux dragon avant même que l’œil ne soit touché fut d'une violence rare. Tous ses muscles crispés, la jeune fille fut arrachée de la selle et tourbillonna un peu avant de percuter brutalement une surface où elle planta instinctivement son arme. Haletante, elle vit avec horreur la wyvern s'abîmer vers la masse noire et y disparaître, juste avant qu'une vague de douleur ne la traverse. Elle avait la bouche en sang, le goût métallique de ce dernier l'envahissant à tel point qu'il l’écœurait, l'empêchant presque autant de respirer que cette autre impression d'avoir des côtes défoncées. Chacune de ses respiration s'accompagnait d'un gémissement de désespoir et de douleur, l'une de ses jambes ne répondait plus et elle était agrippée au manche de sa frêle lance, planté dans l'un des bras du géant qui s'agitait toujours, à peut-être plusieurs dizaines de mètres du sol, elle ne savait pas trop. La peur envahissait chaque fibre de son corps, sa jambes valide s'agitait inutilement alors qu'elle redoublait de petits cris et de gémissement, s'approchant de plus en plus de la crise de panique.

Elle avait déjà commencé à pleurer de douleur, dans une situation trop extrême pour essayer de s'en empêcher, cherchant autour d'elle un semblant d'aide. Ce fut finalement quand elle se rendit compte que le géant avait arrêté d'avancer et tentait de chasser tous ses agresseurs avec d'amples mouvements de bras qui la secouaient comme pas possible, qu'un vague semblant d'arrière conscience décida de prendre le relais.

Tremblante, prête à lâcher à tout instant pour rejoindre le sort de sa monture, elle commença à s'accrocher encore plus fermement à sa lance. Avisant une petite hache de jet plantée pas trop loin, elle s'approcha de la peau du monstre et commença à tâter à la recherche de prises. Elle sentit une sorte de dégoût de second plan alors que ses doigts s'enfoncèrent dans un interstice moite, une blessure ou la frontière entre deux des créatures qui la composaient, peu importait car elle s'y accrocha. Arrachant sa lance avec une énième plainte sourde, voyant à peine ce qu'elle faisait à travers ses larmes, elle la replanta un peu plus haut, et se hissa à la recherche d'une autre prise pour sa main gauche. Après avoir finalement atteint la hachette, elle poursuivit son escalade des plus laborieuses, ressentant presque une étincelle de satisfaction en croyant entendre les cris de douleur du monstre, étincelle vite éteinte à chaque fois qu'elle devait s'interrompre et s’accrocher pour ne pas tomber lors d'un brusque mouvement de bras.

Elle passait la moitié du temps en apnée, insultant tous les codes de l'escalade sécurisée simplement car respirer lui procurait une douleur atroce à travers tout le corps. Elle sentait quelque chose couler sur son menton, sans savoir si c'était le sang qui débordait de sa bouche ou juste la salive qu'elle n'avait plus la force d'avaler. Elle avait de toute façon arrêté de réfléchir, son instinct primitif ayant repris le dessus pour chercher tout moyen d'assurer sa survie immédiate. Quand elle fut sur l'épaule et qu'elle atteignit finalement le cou, un autre sursaut de conscience la prit. Et alors, toujours agrippée à sa lance plantée, elle leva sa hache et l'abattit sur la liaison entre le tronc et la tête. Encore, encore, et encore. Tel un automatisme, sans réfléchir davantage. Et trop occupé à lutter contre les autres attaques, le géant n'arrivait jamais à dégager ce moustique qui l'agressait sans fin. Finalement, l'insistance eut son effet et la fusion vacilla sur ses appuis, menaçant de s'effondrer lentement mais surement. Entrevoyant vaguement au delà de l'épaule que le sol se rapprochait, la terreur étreignit de nouveau l'enfant qui activa son pouvoir comme un automatisme de dernier secours.

Une puissante onde de confiance, un gigantesque appel à l'aide aux êtres les plus proches, un éclat de pouvoir qui lui vrilla si violemment le crâne qu'il lui arracha un nouveau sanglot. Heureusement il ne fut pas vain, le pégase le plus proche cessa de suivre les ordres de son mqître et s'approcha de la silhouette qui ne se tenait plus à rien sur l'épaule du monstre. Le chevalier reconnut la jeune Stratège et la récupéra dans l'urgence, l'allongeant devant lui au travers de la croupe de son cheval volant avant de l'amener le plus vite possible du côté des soigneurs. Lui-même était blessé au bras mais refusa de faire une pause, retournant à l'assaut avant que l'adrénaline ne retombe.

Un troubadour se précipita à son chevet et lança un sort assez puissant pour lui redonner des forces. Sans pour autant être totalement guérie, loin de là, elle était au moins capable de se tenir assise et de donner des directives. Quand elle fut redressée, elle vit la personne qui l'avait soigné courir vers un autre blessé, maugréant qu'elle était inconsciente de se mettre dans un danger pareil avec les responsabilités qu'elle avait. Elle frotta ses yeux d'une main sans grande conviction. Elle arrivait de nouveau à respirer et elle pouvait bouger sa jambe, mais la douleur l'habitait toujours autant. Elle espérait qu'ils remettraient totalement sur pieds l'équipe qui devait aller là-haut car sinon, ne serait-ce que pour le vol, ils ne feraient pas long feu. Elle se sentit étouffer un peu et se penchant vers le sol, elle toussa en crachant du sang dans la foulée. Elle refoula un haut-le-cœur à cette vue et plaqua sa manche contre sa bouche, cherchant absolument à ne pas faire attention à la masse de blessés et de mourants autour d'elle, au point de se rendre compte que ses vêtement étaient trempés. Observant ce phénomène avec une demi-surprise toute artificielle, elle fit tomber son autre main sur sa natte pour constater que c'était aussi son cas. Il avait du se mettre à pleuvoir, elle n'avait pas fait attention. Elle était pourtant bien trempée quand même. Au moins ça lui apportait une sorte de fraîcheur un peu moins désagréable que toutes les autres sensations qui lui venaient.

Son attention fut attirée par un visage familier qui s'approchait, et elle vit Anaka se poser lourdement au bout de la couchette qui l'accueillait. Elle tremblait de partout, ses cernes semblaient dévorer son visage et le reste sa peau était terriblement pâle. Elle n'avait pas l'air de saigner quelque part mais sa fatigue était si palpable qu'on en venait à se demander s'il lui serait possible de récupérer. Peut-être était-ce le regard vaguement curieux ou inquiet de sa cadette qui lui fit prendre la parole, mais elle le fit avec une voix rauque et basse que son interlocutrice peinait à entendre:

"J'ai consommé chaque fraction de mon énergie magique... je ne serais plus bonne à grand chose avant un moment... Sans oublier qu'en toute logique je dois être enceinte d'Hely en ce moment même, il vaut mieux ne pas insister..." elle lâcha ce qui ressemblait à un petit rire et reprit avec plus de sérieux: "Mara, il faut que tu choisisses ceux qui iront en haut... Il n'y a plus beaucoup de temps devant nous, et il faudra les réunir et les préparer."

"Je... J'en ai marre, j'en peux plus..." fit la petite en laissant tomber sa tête sur l'épaule de son aînée, qui lui tapota le coude.

"Courage, tu as bientôt fini, encore un peu..." c'était tellement facile à dire... "Ça sera moins difficile, vous devez avoir des alliés là-haut... sans doute Noïlissima, c'est une mage de talent tu sais?"

"Si j'suis la Stratège, comment ils vont faire, ceux avec qui je serais pas..."

"Tu vas avec ceux d'en haut," trancha la magicienne avec assurance. "Ici, tes ordres ont déjà été donnés et pour le reste, tu ne peux plus diriger grand chose, c'est trop chaotique... adviendra que pourra... Allez, choisis l'escouade, il y a douze wyverns, onze personnes en plus de toi..."

Un petit silence prit place. La jeune fille n'avait pas envie, mais elle n'arrivait pas à réfléchir assez pour trouver de faille dans les arguments de la femme, qu'elle accueillit donc sans autre forme de procès. Elle tentait de remettre ses idées en place, et soupira finalement:

"Si faut vraiment que la mission réussisse, à tous prix... Ceux qui ont eut un Sacralis... ça fait toi, Ed, Robin, Karim je crois, Simmons, le prince volant aussi... pis Hely... ça fait combien?"

"J'ai dit que je ne pouvais pas venir," répondit Anaka en secouant la tête. "Je ne peux plus me battre pour l'instant... et quand j'aurais repris des forces, cette bataille aura besoin de ma puissance... Et le fils de Dulle ne veut se battre qu'ici, il ne pourra pas aller en haut... Il te faut encore six personnes..."

"Je... la copine de Robin, là... Puis Kirb..."

"Ils peuvent, oui... La princesse Emelia est plus à l'aise sur pégase mais elle devrait pouvoir se débrouiller sans... et elle fait un excellent duo avec Robin..."

"Encore combien?"

"Encore quatre..."

"Euh... Gaston et Adrien...?"

"Sir Gaston veut rester sur le champs de bataille mais sir Adrien pourrait oui... Il faudrait prendre un soigneur, ça vous en ferait un de plus, donc encore deux." poursuivit la dame, empêchant la fillette de s'endormir sur son épaule en lui frottant délicatement le bras.

"Y a... Le type qui gérait là... le chef des furtifs, Si... Si-quelque chose..."

"Salim."

"Oui, voila... encore deux, non?

"Encore un," corrigea l'adulte.

"Oui, y a Salin aussi, le frère là..."

"Il ne pourra pas, il est trop blessé," intervint d'un coup le jeune Erik en débarquant. "Je suis un bon mage, je peux venir."

La Voyageuse le regarda un instant, puis secoua difficilement la tête, s'adressant à Anaka:

"Sinon, y avait Weld, non?"

"Il devra rester aux côtés de Salin," insista le jeune garçon. "Je suis le seul disponible!"

"Et l'autre barbare là, Grarh...?" insistait aussi Mara, regard rivé dans celui de la dame.

"Garh est au cœur de la bataille, il se bat avec un tel entrain qu'il mène presque la charge à lui seul... il est bien mieux ici..." trancha-t-elle avec un ton qui laissait deviner qu'elle se rangeait de l'avis du garçon.

"Mais t'es trop jeune, comment on pourrait te protéger...?" lâcha finalement la Voyageuse, se résignant à regarder le nouveau venu.

"Et toi, qui te protégera?" tempêta-t-il alors. "On a le même âge que je sache, et je sais me battre, je l'ai assez prouvé durant ces dernières heures!"

"Mais c'est pas pareil," tenta faiblement la petite. "Le temps passe plus vite ici... t'as pas vraiment douze ou treize ans, pas comme moi..."

"Avec cette logique, même Anaka ou mon père sont plus jeune que toi, et pourtant tu les écoutes!" s'énerva vraiment Erik, avant de la saisir par les épaules et de lui dire droit dans les yeux: "Il est hors de question que tu ailles là-haut sans moi, tu m'entends !?"

La petite faillit rétorquer quelque chose, mais le regard sévère du jeune cloua ses mots dans sa gorge. Se dégageant finalement plus ou moins fermement, elle souffla en retombant sur son lit:

"Faites ce que vous voulez, m'en fiche... J'espère juste que vous vous souvenez de qui j'ai dit, pasque moi pas..."

"Un soigneur, Salim, Erik, Simmons, Emelia, Robin, Adrien, Karim, Kirb, Hely, Ed et toi... Douze en tout, je m'occupe de faire passer le message," souffla la mage épuisée en passant une mèche de la Stratège derrière son oreille avant de la laisser se reposer un minimum, emmenant le jeune magicien avec elle.
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MessageSujet: Re: Le Pins du Feu [PV Mara] Le Pins du Feu     [PV Mara] - Page 4 EmptyMer 31 Aoû 2016 - 17:46
  L’ordre tomba : il était temps de rejoindre le centre de notre plateau afin de pouvoir décoller au château dans le ciel. Garh deviendrait le chef de cette section tandis que Karim et Krib étaient appelés en plus de moi pour se rendre à Olivie.  La bataille faisait toujours aussi rage, jusqu’à en devenir injuste pour ceux qui survivaient et devaient se cramer les bras à bouger encore leurs armes dans les tronches ennemies. Les lignes reculèrent instinctivement quand on partit, les soldats se mettaient cette fois-ci en défense afin d’économiser leurs forces : ils tueraient moins d’ennemis certes, mais au moins, ils souffriraient d’avantage du nombre. Après, il faudrait faire au plus vite, évidemment, mais qu’est-ce qu’on était censés faire là-haut justement ?

  Heureusement, quand on était les douze et que les wyverns nous étaient apportés, Anaka, se traînant avec les forces qui lui restaient, se chargea de nous faire le briefing. Elle toussait pas mal, elle n’était pas en forme, et surtout, les batailles terribles qu’on devinait proches ne nous aidait pas à être pleinement concentrés :

« Vous avez deux objectifs dès que vous serez montés au ciel : premièrement, empêcher le clone de Mara de provoquer l’Apocalypse. Secondement, récupérer la perle de la reine Noïlissima afin de compléter l’Emblème du Feu. Personne ne sait à quoi il nous servira dans la situation présente, mais il nous permettra d’éviter le pire si Grima venait à être invoqué. Faîtes en sorte que cette bataille cesse le plus rapidement possible s’il vous plaît. Vous êtes le dernier rempart pour nous protéger, bonne chance à vous. »

  Une fois qu’elle eut parlé, elle nous abandonna avec nos wyverns et quelques pilotes qui nous aideraient à atteindre le château. Plus professionnels que guerriers, il ne faudrait pas compter sur eux une fois là-haut. On nous enfourcha les uns après les autres, certains moins à l’aise (comme Kirb et Karim, qui répétaient qu’ils n’avaient pas deux pieds pour rien, et que c’était anti-naturel d’aller voler dans les cieux – ça ne leur posait problème que quand c’était à leur tour de s’envoler). On était tous sur selle, les bestioles s’agitaient et on pouvait presque distinguer sur les nuages l’ombre du château qui allait passer dans quelques instants au-dessus de nous. On nous indiqua quelle position il fallait avoir pour être le plus aérodynamique possible, car aller tout en-haut ne serait pas de la tarte, il fallait aider les sous-dragons (désolé pour ce surnom) du mieux qu’on était capable.

  Il y avait une certaine gravité dans la préparation, cinq minutes avant le décollage ; on avait effectivement une certaine responsabilité. Mais de l’autre côté, il n’y avait rien de plus impossible que ce qu’on avait laissés derrière nous : les hommes se battaient pas centaines et par milliers tout autour du champ d’envol, nous faisions partie d’eux, et maintenant, ce qu’il fallait faire, c’était arrêter une fillette qui ne semblait pas avoir réussi à invoquer Grima de toute manière. Et de demander poliment à Noïlissima de nous filer une rune, et vu la merde dans laquelle elle se trouvait depuis une semaine, je ne pense pas qu’elle fasse sa maligne très longtemps. Rien de trop compliqué en somme, mais nous avions prise avec de la magie, des malédictions et des sorts millénaires, alors qui savait ce qui pouvait arriver. On restait à Dreamland.

  On décolla dans des cris de bête déchaînées par des rênes, d’un coup, et les ailes puissantes supervisaient le vol en battant des ailes toutes les trois secondes, ce qui au vu de leur ampleur, semblait plutôt frénétique. On était souvent presque à la verticale (elles avaient une force incroyable ces bêtes), mais quelques fois, on les faisait se reposer dans des courants aérien ascendants avant qu’elles ne regrimpent de façon plus directe, faisant fi de toute loi de la gravité. Le vent fouettait le visage, les mains, les oreilles, remplaçant peu à peu les bruits des combats en-dessous, qui semblaient si futiles vu de là-haut.

  Les bêtes forcèrent encore un peu et traversèrent des nuages ; le ciel était finalement d’un bleu pur et le soleil était à son zénith et enflammait tout l’espace. Les nuages étaient parfaitement blancs, duveteux, et nous étions ainsi au paradis. Mieux encore, l’île flottante, que nous revoyions enfin semblait si majestueuse vu de nos montures toute seule, présente, seule, loin de tout, faisant juste siffler le vent. Tellement grosse qu’on ne pouvait pas la voir bouger ; on pouvait juste s’en rendre compte.

  On la voyait encore un peu d’en-bas, mais maintenant qu’on se rapprochait du bord, on pouvait apercevoir le tout Olivie (et juste Olivie, les murailles étaient déjà à moitié détruites à cause de l’atterrissage, le sort était plutôt précis), et surplombant les maisons, le château royal, magnifique, qui luisait dans l’or du soleil. Punaise, c’était beau. Miyazaki… Nous voilà. Il ne nous manquait plus qu’atterrir tranquillement et rechercher nos deux cibles. Et aussi remercier ceux qui nous avaient fourni les Sacralis. On posa pied sur Terre, mais on ne trouva personne pour le moment – c’était presque étrange, ils devaient essayer de voir ce que l’on faisait, non ? Même pas des habitants ? Ils s’étaient peut-être réfugiés dans le château, remarquez.

__

« Ma Reine, ils viennent d’atterrir », le prévint son chargé en informations cruciales et en s’inclinant devant elle. « Et le Prince Robin a bel et bien l’Emblème du Feu avec lui. »

  La semaine avait été riche en émotions pour Noïlissima… en émotions positives surtout. Certes, il avait fallu rationner la nourriture pour les jours à venir, mais avec l’aide de son armée et des habitants, tout s’était bien passé, la survie avait poussé l’entente entre les deux nations ennemies… Jusqu’à ce qu’elle se proclame reine de l’île volante. Elle logeait actuellement dans la chambre royale où elle sirotait les plus délicieux vins de la cave.

  Mais le meilleur restait à venir : elle avait trouvé dans les couloirs du palais une petite Mara Leros, mais une autre, venant d’un autre espace-temps, qui lui avait tout ce qu’elle voulait savoir une fois que ses gardes-du-corps avaient péri dans de brutaux affrontements. Mara pensait tourner la Reine à sa cause en lui expliquant la situation : des gens manœuvraient pour contrôler le monde, le leur ayant été détruit, et pour cela, il fallait rassembler l’Emblème du Feu qui n’allait pas tarder à arriver, si les gens de ce monde n’étaient pas trop bêtes. Avec lui, on était capable de briser les sorts et les malédictions de magie ténébreuses, là où Folichon s’associait avec la lumière ; avec lui, on était capable de sauver Sasha. L’Emblème du Feu… Pile l’Artefact que recherchait Noïlissima.

  Elle avait fait emprisonner la petite blonde qui en savait tant, et maintenant, il n’y avait plus qu’à attendre que l’escouade de la nouvelle Alliance arrive : elle allait leur réserver un accueil particulièrement chaleureux. Elle tourna du poignet et ordonna :

« Tuez-les tous, et ramenez-moi l’Emblème.
_ Tous nos hommes sont en position pour ça. Notre stratège Erdmann est prêt.
_ Qu’il me fasse un joli carnage. Qu’il profite des maisons serrées de la ville pour les encercler et les cribler de flèches, et dans le pire des cas, qu’ils les coincent aux murailles du château. Si les envahisseurs de l’autre dimension contre qui la fille nous a prévenus venaient, tuez-les aussi. »

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MessageSujet: Re: Le Pins du Feu [PV Mara] Le Pins du Feu     [PV Mara] - Page 4 EmptyVen 2 Sep 2016 - 19:11

Le départ était lancé, les gens étaient globalement soignés, les wyverns s'envolaient vers les cieux et bien vite, les regards inquiets ou coupables en direction du champs de bataille se tournèrent vers les épais nuages noirs. Les "conducteurs" des wyverns qui accompagnaient le groupe avaient d'abord fait preuve d'une certaine inquiétude vis à vis du passage dans la masse orageuse, mais celle-ci se fit sans encombres, faisant débouler la troupe vers un paysage presque enchanteur. Le dessus des nuages était blanc, surprenant Mara qui aurait vraiment pensé qu'un nuage d'orage serait gris des deux côtés. Elle avait déjà vu des films ou des dessins d'une vue surplombant une mer de nuage, mais c'était la première fois qu'elle voyait ça en vrai. À vrai dire, elle faisait plutôt partie de ceux qui regardaient le ciel autour d'eux avec admiration, sans s'attarder particulièrement sur la structure volante. Car bon, voila quoi, c'était juste une ville où elle était déjà allée, le phénomène était impressionnant mais l'objet en lui-même restait plutôt banal...

Mais comme il fallait bien passer aux choses sérieuses, tous se posèrent finalement sur l'île volante, sur une place non loin du palais, l'une des rares assez grandes pour accueillir tout le monde ensemble. Du moins, "non loin du palais" était le point de vue que l'on avait quand on survolait l'endroit, plus ils s'étaient rapprochés, plus ils s'étaient rendus compte qu'ils allaient quand même avoir une petite trotte à faire. Limite étaient-ilétaient en fait plus proches de l'extrémité que du centre. Mais bon, c'était le prix de la sécurité...

D'ailleurs, à propos de sécurité, l'absence de monstre se faisait bien sentir, entre le brouhaha de la bataille et le vent dans les oreilles pendant le vol, la fillette avait l'impression de redécouvrir le silence, ce qui n'était pas désagréable. Bien que quelque part rarement bon signe pour elle, puisqu'il signifiait aussi l'absence de cible pour son pouvoir. Mais bon, sans menace, pas besoin de se défendre, n'est-ce pas? Pour peu que ce calme absolu soit vraiment signe d'une absence de menace.

Mince, elle devenait parano maintenant...

Enfin, en tous cas tout le monde était bien là, tout le monde était en forme à part Karim, adossé à une maison en train en haletant et en affichant une mine pâle. Mais un coup d’œil eu direction de l'endroit vers lequel il regardait rassura tout le monde sur le fait qu'il avait surtout mal vécu le voyage. Pourvu qu'il s'en remette vite... Y avait Kirb aussi qui avait pas l'air bien, mais c'était surtout car il restait totalement impassible, bras croisés visage neutre et regard dans le vide. Sans doute une manière à lui de reprendre contenance. Mara en aurait bien ris si elle n'avait pas été dans un tel état de stress refoulé.

Mais bon, quand il fallait y aller, il le fallait, elle proposa donc aux chevaucheurs de rester sur place avec leurs wyverns, quitte à s'installer sur les toits les plus solides pour avoir une vue d'ensemble sur les alentours. De leur côté, quand tout le monde se fut remis et que certains commençaient à fureter dans les ruelles adjacentes, Mara laissa Robin prendre la tête des opérations. Elle supportait encore de passer pour la Stratège en cas de combat, mais pas en permanence non plus, elle aussi elle aimait bien suivre les ordres de personnes plus en confiance qu'elle.

Le groupe s'enfonça donc dans une petite rue sous la direction du prince, observant et commentant discrètement les alentours. Car il y avait de quoi commenter. Où était les habitants, les animaux? Et où étaient les corps ou les destructions de la guerre, comme le fit remarquer Hely? Robin supposa que la population avait dû être réunie dans les hauts-quartiers ou dans le palais, pour des raisons de sécurité... Mais sans preuve, il y avait de quoi s'inquiéter. L'autre Mara avait-elle commencé un rituel quelconque pour réanimer Grima, et qui aurait  impliqué de faire disparaître une population entière? Encore plus que l'idée même, les quelques regards qui se tournèrent brièvement vers elle fit frissonner la Voyageuse. Elle n'aurait jamais fait ça, elle n'aurait jamais pu, ça ne lui serait même pas venu à l'idée, elle n'imaginait même pas qu'il puisse exister une bonne raison de le faire. Mais si l'autre n'était qu'une création de Dreamland dont le seul intérêt était d'avoir le même corps qu'elle... qui savait ce qu'elle pouvait être devenue?

Après plusieurs embranchements dans d'étroites ruelles, ils débarquèrent enfin sur l'artère principale, devant mener droit aux portes du palais. Et tout le monde n'avait pas déboulé dans le large espace que les premiers se figèrent. Sur les toits des maisons, des dizaines d'archers stationnaient. Et en voyant les intrus se dévoiler, il avaient bandé leurs arcs dans leur direction. Un volée de flèches s’abattirent autour de l'endroit où Robin se trouvait un instant avant, le groupe ayant eut le bon réflexe de se réfugier à l'abri de la ruelle et de son étroite ouverture au ciel. Et ils étaient restés à découvert juste assez longtemps pour voir des troupes d'infanterie stationner  dans l'avenue.

À peine quelques mots plus tard, et le groupe s'enfuyait, difficilement guidé par un Robin qui ne connaissait pas parfaitement ces bas-quartiers et poursuivis par des soldats dont le blason ne pouvait pas tromper. L'idée d'avoir Noïlissima pour alliée sembla finalement assez ridicule, et l'héritier grinça des dents en se sentant une nouvelle fois trahi. Mara, pour sa part, commençait vraiment à avoir la sale impression que se perdre dans les ruelles n'allait pas du tout les aider à s'en sortir. À la limite, une personne seule aurait pu se cacher, mais un groupe... et qui savait de quelles troupes les Altribes disposaient pour s'occuper d'eux?

La solution vint, assez étonnement, de Salim, l'assassin, qui souffla au prince de chercher des plaques d’égout. Devinant son idée, l'autre haleta qu'ils ne pourraient pas s'y réfugier, ceux-ci ayant justement été construits trop étroits pour permettre le passage d'un homme et éviter les réunions clandestines, mais le premier insista. Quand tous furent sûrs qu'ils n'avaient pas de soldats directement sur les talons et qu'ils avaient un peu semés leurs poursuivants, le meneur les conduisit jusqu'à un embranchement, puis un autre, puis un autre jusqu'à trouver un fameux disque de métal encastré dans le sol, orné de trous sur le contour et au centre pour permettre l'évacuation de l'eau de pluie. S'en saisissant d'un geste expert mais usant d'un effort certain, le lieutenant de l'armée révolutionnaire souleva la dalle et leur indiqua du menton d'y entrer, trouvant le temps de s'excuser ironiquement pour la propreté des lieux. L'homme-bête trouva en premier le courage de s'y engouffrer, rapidement suivi par tous les autres, et Salim s'y fit tomber en dernier, replaçant soigneusement mais non moins rapidement l'ouverture avec une discrétion toujours aussi remarquable.

Ils étaient dans un minuscule tunnel, de peut-être un mètre de diamètre, et tous n'abordaient pas avec la même flegme l'idée de se balader à quatre pattes dans l'eau des égouts. Mara en particulier faisait une grimace vraiment dégoûtée, la gorge nouée par l'odeur, et regardait avec pitié Karim devant elle qui devait souffrir le martyr sur ce point. De plus, il faisait à présent totalement sombre et si un peu de lumière filtrait de temps à autre des plaques, elle était loin d'être suffisante pour éclairer le boyau. Guidés à présent par l'assassin, tous se mirent à progresser à tâtons, quelques grognements de douleur retentissant parfois quand quelqu'un se cognait ou faisait un faux mouvement. Finalement, ce fut Robin qui prit la parole en premier, chuchotant d'un air excédé:

"Comment se fait-il que ces égouts soient si larges, ils n'ont jamais été réaménagés..."

"C'est simple, Merta est dans une zone pluvieuse, on ne peut pas draguer l'eau d'une averse avec de trop petits égouts." rétorqua le révolutionnaire sur le même ton, avant de s'adresser d'un air rassurant aux plus mal à l'aise: "Je vous emmène sous les grosses voies, la boue y sera plus propre puisqu'elle n'aura pas encore profité des déchets des maisons."

Petit détail qui fit s'envoler l'imagination de la blondinette, et qui amplifia significativement son écœurement, là ou Robin rebondit:

"Comment pouvez-vous connaître de tels passages? C'est absurde!"

Ce à quoi le nouveau guide répondit d'abord par un coup d’œil indéchiffrable dans l'ombre, avant de faire tomber:

"Si vous pensiez vraiment que la résistance ne se terrait que dans la nature, vous êtes encore plus naïf que je ne le pensais."

L'accusé était sur le point de rétorquer quelque chose, lorsqu'une voix claire retentit d'un coup:

Quelqu'un?

Tous se figèrent brusquement. Enfin, pas tous, d'après les bruits de heurts qui se firent entendre alors que ceux qui avançaient encore cognaient ceux qui s'étaient arrêtés. Même le premier de la file s'était retourné un mètre plus loin, en se rendant compte que l'avancée avait cessé.

"Qu'est-ce qu'il se passe?" demanda Emelia avec inquiétude, regardant son fiancé qui semblait s'être brusquement gelé.

Quelqu'un peut m'entendre?

Robin allait hurler le nom de Sasha mais en le voyant inspirer, Salim eut le bon réflexe de plaquer son bras contre sa bouche. Mara, elle se contenta d'articuler le nom de son amie, sous le choc. Elle croisa le regard d'Hely, juste derrière elle, qui fronçait les sourcils en essayant de comprendre ce qu'il se passait tout en jetant des regards autour d'elle. Peut-être ne reconnaissait-elle pas bien la voix de la princesse, n'ayant finalement que peu discuté avec? Mais un coup d’œil à la princesse des Altribes devant elle renforça l'étrange pressentiment que tout le monde ne se rendait pas compte de ce qu'il se passait. Prenant soin de chuchoter, elle demanda juste assez fort que tout le monde la comprenne:

"Vous aussi vous l'avez entendue? La voix?"

Vous m'entendez? Oh, je vous en supplie, dites oui...!

Trois affirmations se firent entendre, mais tous les autres nièrent, demandant ce qu'il se passait, de quoi parlait-elle... Ce fut finalement Robin qui, une fois libéré de son bâillon, souffla d'un ton rauque:

"Sasha, c'est moi! Où es-tu?"

J-je suis désolée, je... Je suis devenue la ville entière, je vis en elle, mais... Mais je n'ai pas le sens de la vue ou de l'ouïe, je ne sais pas qui me parle... Je peux juste ressentir les réponses, et deviner qui est qui en différenciant des sortes d'auras... Mais sans savoir, je ne peux pas connaître l'identité des gens!

"C'est moi," insista-t-il. "C'est Robin, ton frère!"

Robin! Mon Dieu, tu es là! Mais quand, pourquoi... Non, plus tard, il y a plus urgent!

"Quoi, vous parlez à Dame Sasha, là?" intervint Kirb, évitant de peu de couper de parler en même temps que la voix. "Faites attention, ça doit être un piège... Sans doute un truc de magie..."

"Sasha, pourquoi tout le monde ne peut pas t'entendre?" intervint d'un coup Mara, inquiète et espérant pouvoir remédier à ce problème.

Seuls ceux qui ont connaissance de l'endroit où je suis, qui savent que je suis la cause de l'envol, peuvent m'entendre, mais évitez d'en parler, je... Il vaut mieux que l'information ne se répande pas trop, je ne peux pas "trier" les gens à qui je parle. Mais qui es-... non, plus important! Mara était là, elle m'a aidé à reconstruire les dommages de la ville en me guidant, mais elle a été emprisonnée!

"Hein?" lâcha la fillette, mais sa surprise fut mal interprétée par la princesse, qui expliqua:

Le sort me permet de contrôler les éléments de la ville, à petite échelle bien sûr, pour déplacer des pierres, ou quoi... Mais comme je suis aveugle dans cet état, je ne sais pas quoi faire, il faut une personne pour me donner des directives! Mais quelqu'un l'a trahie, j'imagine que c'est la Reine Noïlissima mais je ne peux que spéculer...

"Plus important," fit Robin d'un ton rude qui cachait mal son émotion. "Si tu contrôle un peu la ville, il faut que tu nous aides, les troupes des Altribes sont justement à nos trousses, comment faut-il faire?"

Oh, je vois... Ça explique une telle quantité de personnes... Je... Il y a des points de connexions un peu partout dans la ville, qui me permettent de localiser et de comprendre la géographie des environs. Ce sont des sortes de gemmes comme le cristal que j'ai activé, et apparemment elles brillent depuis que je la contrôle... Mais il faut être relié à moi pour les utiliser et me dire quoi faire... Donc à part les quatre personnes que j'arrive à comprendre dans ton groupe, seule Mara pouvait faire quelque chose... N'hésitez pas à me demander, c'est difficile de faire trop de changements autour d'un même point de connexion, mais je suis sure de pouvoir faire des choses!


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MessageSujet: Re: Le Pins du Feu [PV Mara] Le Pins du Feu     [PV Mara] - Page 4 EmptySam 3 Sep 2016 - 16:34
Avec l’aide providentielle (et très magique) de Sasha, on était capables de s’en sortir sans trop de pertes (enfin, aucune). L’armée des Altribes était plutôt nombreuse et assez remontée, mais avec le commando de chocs qu’on avait ainsi que le contrôle mineur du terrain que Sasha nous permettait, on pouvait prendre l’avantage. On n’allait pas se faire arrêter à aussi bon chemin de sauver le monde par une folle dingue pareille. La plaie, quand même, certains avaient failli y passer sous les archers postés aux toits des bâtiments.

On décida aussi qu’il fallait à tout prix rejoindre le château, c’était là que devait se trouver Noïlissima ; vu la taille de son égo et ses ambitions, pourquoi résider ailleurs que dans le château alors qu’il était parfaitement vide ? Salim nous aida à nous diriger au plus proche de lui, avant que ça ne devienne infranchissable, que ce fut à cause de la configuration du terrain ou à cause de grilles. Il fit en tout cas le guet à l’extérieur en essayant de rechercher nos ennemis. Il nous prévint qu’on était recherchés et que certains avaient déjà émis l’idée qu’on fut planqués dans les égouts. Il fallait donc agir vite avant qu’ils n’encerclent toutes les bouches qu’ils croisaient.

On se mit aussi proche du palais que possible et le plus proche possible des points de connexion dictés par Sasha, dont je percevais quelque peu l’aura (ainsi qu’Hely, Robin et Mara). Dès que la stratège eut mis son plan à exécution, on attendit le signal de départ, et c’était tant mieux car patauger dans les égouts dégueulasses, pestilentiels, et boueux, ça ne plaisait étrangement à personne, un deux trois, et on remonta aussi vite par les échelles dès que possible… divisés en trois équipes.

La première, dont je faisais partie, visait un nœud magique de la ville, avec les personnages les plus rapides du groupe, donc Salim et Karim. Il suffisait qu’on traverse trois rues, alors qu’on accaparait le plus d’attentions possibles, avant de trouver la gemme qui nous intéressait. En la touchant et en délivrant mon pouvoir (le processus habituel n’est-ce pas ; je dis ça, mais ça me prit quinze secondes en fait, quinze secondes où les deux protecteurs firent le ménage autour de moi sans oublier de m’insulter). Une fois que je réussis à activer cette foutue gemme (bordel de merde), je demandai à Sasha de détruire la maison qui se trouvait à-côté. Bon, fallait pas être teubé non plus, elle ne l’explosa pas salement, mais elle péta si bien les bases que le toit sur lequel se planquaient cinq archers, s’écroula d’un coup.

Le second groupe, mené par Hely, fit tout pareil de l’autre côté d’une grande avenue ; elle était épaulée par Simmons et Adrien, et provoqua un autre éboulement, prenant en dépourvu une autre brochette d’archers… permettant au dernier groupe, le principal, avec Mara, Robin et tout le bardas, de les écraser en quelques secondes alors qu’ils se remettaient encore debout dans les ruines. De nouveaux archers vinrent de toit en toit pour nous accabler, mais Adrien s’en chargea merveilleusement bien, avec l’aide chevrotante d’un Erik qui mettait tout son courage dans sa magie. La stratégie se passa très bien, et nous nous étions débarrassés des gêneurs principaux.

Les ennemis nous attaquèrent alors de tous les côtés, mais nous nous étions encore bien placés, car Mara, en utilisant une autre veine de jonction tellurique, créa quelques remparts derrière lesquels nous abriter quand les ennemis nous abreuvaient de projectiles. La polyvalence de notre groupe était si solide qu’il suffisait de bien placer les alliés pour supporter n’importe quelle offensive. Aux attaques de chevaliers titanesques, dans des armures pesant je ne savais combien de tonnes, complètement infranchissables, on envoya Erik et Hely qui les firent cuire dans leurs armures. Contre les cavaliers, on envoya Karim et Krib, le premier sachant parfaitement comment arrêter les chevaux et le second, aussi technique que bourrin, savait esquiver les piques pour contre-attaquer d’un coup si sec qu’il désarçonnait l’homme de sa monture.

Les archers ne purent jamais rivaliser contre Simmons et Adrien, notamment le premier qui, boosté aux Sacralis, se transformait en baliste humaine. Contre les duellistes et autres épéistes, le corps de l’armée, c’était Salin, maniant une lance parfaitement équilibrée et moi, maniant une arme pas du tout équilibrée, qui les écrasions dès qu’ils faisaient mine de s’approcher de trop près, et contre les barbares, rien ne valait la technique perfide de Salim basée sur son agilité et sa connaissance du corps humain et de ses faiblesses, ainsi que l’attitude princière de Robin qui, face aux carrures imposantes de ses adversaire, ne céda pas d’un poil et savait placer ses attaques avec vitesse et précisions meurtrières. Mara et Ludovic, notre soigneur attitré, un brave moine transportant deux haches pour la baston, restaient en soutien, à épauler les fronts qui avaient le plus besoin d’aide. Seule Emelia, timide face aux flèches, évitaient de s’avancer trop sur le terrain.

Les vagues se succédaient rapidement mais nous arrivions toujours à mener nos adversaires jusqu’à ce que ces corps éparses se forment ici et là. Mais les dernières troupes, d’élite assurément, menées par le stratège officiel de Noïlissima, Erdmann (merci Emelia pour l’indication), nous obligèrent à reculer et à resserrer les rangs tant la pression était forte. On avait des mages sur des chevaliers qui nous éclaboussaient de magie contre laquelle on ne pouvait pas grand-chose, et Ludovik fit tout son possible pour bloquer les boules de feu et nous soigner si nous, on se faisait toucher, alors que des cavaliers et des bretteurs aux talents incroyables nous assiégeaient de tous les côtés, en nous obligeant à changer sans cesse de formation. Mara faisait tout ce qu’elle pouvait, mais elle commença rapidement un duel contre le dénommé Erdmann, qui était aussi redoutable en magie qu’au corps-à-corps.

Je me battais comme un beau diable, mais il fallait assurément être plus technique que les vagues de monstre de tout à l’heure ; les adversaires semblaient même avoir reçu l’ordre de s’éloigner de moi tant que possible, et de me gérer plutôt avec des marées de flèches et de magie contre lesquelles je ne pouvais me défendre autrement qu’en me repliant légèrement, donnant du terrain aux combattants adverses. On m’envoya ensuite gérer un front à moi tout seul, rempli de forces de la nature titanesques afin d’éviter de se faire envahir par la gauche.

__

Durant l’âpre bataille, alors qu’ils essuyaient quantité de magies venant de sorciers montés, une terrible incantation de vent frappa le terrain. Hely se la prit si bien qu’elle s’envola à plusieurs dizaines de mètres du champ de bataille… enfin, ce n’était pas comme si elle n’avait pas voulu la recevoir. Une fois qu’elle était légèrement éloignée des autres, elle prit une petite orbe qui se trouvait dans une poche, l’activa et parla :

« Erik, j’ai besoin de tous les renforts disponibles ici, l’Emblème du Feu est convoité par une armée entière en plus du commando spécial. Venez tous sur le château dès que vous pouvez, et abattez tous ceux qui ne sont pas du commando. Evitez de vous attaquer à l’équipe de l’alliance si vous les croisez, on leur tendra un piège le moment venu pour être certain qu’ils ne nous ennuient pas. Le plus important est de prendre le contrôle des salles spéciales. »

Elle revint aussi vite qu’elle le put sur le champ de bataille, et se transforma, grâce à la dracopierre que lui avait taillé sa mère, en dragon de belle taille qui créa une brèche de belle taille dans l’offensive de leurs ennemis.

__

Les combats duraient pour le moment depuis une quinzaine de minutes, mais les ennemis n’avaient plus de renforts et s’acharnaient quand même à repousser les héros dans des attaques désespérées, guidés par Erdmann qui était suffisamment puissant pour résister à la force de Mara. Mais cette dernière fut très vite rejointe par Emelia qui repoussa l’agresseur d’une estocade qui le fit reculer sur plusieurs mètres. Il lui parla malgré la distance :

« Princesse, je suis désolé que nous ayons à nous affronter ainsi.
_ Vous n’êtes pas du bon côté, Erdmann ! Comment pouvez-vous ne pas le voir ? Ma mère est devenue folle à diriger un pays dans les cieux sans comprendre les magies qui planent autour d’elle. Elle a perdu la tête !
_ La loyauté est plus forte que la rationalité, c’est à ça qu’on reconnaît l’honneur.
_ Votre loyauté envers votre princesse, vous voulez dire ?
_ …
_ Erdmann, rejoignez-nous pour nous aider à sauver le monde afin qu’il ne soit détruit. Et si votre loyauté envers ma famille est plus forte que cette idée, alors rejoignez-moi, mais de grâce, ne restez point attaché à de si stupides ambitions. Vous en perdriez votre soi-disant honneur.
_ …
_ Ma mère veut-elle ma mort ? Moi, je ne veux pas la sienne. Vous servirez ma famille au mieux si vous nous évitez de périr en nous entre-dévorant, non ?
_ …

Vous avez raison. J’accepte de faire partie de votre groupe. »
C'était rapide.

Erdmann avait peut-être abdiqué quand il s’était rendu compte que même à bout de souffle, nous avions défait tous ses soldats Le groupe se réunit et notre soigneur se dépêcha de soigner les plus blessés d’entre-nous en utilisant toute la magie contenue dans un bâton. Il en changea et nous estima aptes à continuer. Erdmann nota cependant :

« La Reine est dans les quartiers royaux du château. Y pénétrer ne sera pas facile, elle a laissé plusieurs garnisons pour sa surveillance. Elles sont postées aux remparts, aux prisons où croupissent de nombreux soldats de Merta ainsi qu’une autre Mara, et près des hauts-quartiers.
_ On l’a déjà fait avec Mara et Hely »
, le prévins-je, puis je crée une paire de portails menant directement dans les couloirs du palais. « On connaît un raccourci. »
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MessageSujet: Re: Le Pins du Feu [PV Mara] Le Pins du Feu     [PV Mara] - Page 4 EmptyDim 2 Oct 2016 - 15:04

"Tout le monde est bien dans le cercle? Parfait."

Sur ces mots, le grand Erik joignit ses mains et se concentra intensément, ses veines palpitantes visibles sur ses tempes. Les silhouettes du groupe en provenance du futur s'illuminèrent un bref instant avant de se désagréger tel de la poussière, ne laissant à proximité du sceau de Grima qu'un pentacle pour retrouver magiquement l'endroit, ainsi que divers sceaux le protéger et pour guider les Ombres qui passeraient la chaîne de montagne.

______________________

Une fois passé le portail d'Ed, le groupe se retrouva au sein même du palais. Mara ne s’habituait pas vraiment à ce changement soudain d'ambiance, c'était assez brutal: un instant plus tôt, ils étaient dehors, à l'air libre et juste après, paf en intérieur. Bon, ce n'était pas aussi brusque que ça, vu qu'il fallait traverser les fameux portail... Mais le changement était plus net qu'au travers d'une simple porte. En tous cas, tout le groupe était bien là, plus leur nouvel allié assez bienvenu au vu de sa force, et Hely avait même pu se retransformer en humaine, sa forme de dragon étant un poil trop grande pour  passer sans forcer Ed à utiliser plus de son pouvoir. La jeune stratège aurait d'ailleurs bien aimé pouvoir observer plus en détail la nouvelle forme de son amie, mais tout s'était passé finalement plutôt vite et l'autre ne voulait pas abuser du pouvoir de la dracopierre en l'utilisant trop longtemps.

Quand tout le monde se fut remis, ce fut finalement à Robin de prendre la parole, reprenant les rennes pour organiser les prochaines actions du groupe:

"Bon, tout d'abord, il faut libérer le reste de notre armée," lança-t-il. "Une fois plus nombreux, nous ne devrions pas avoir de mal à remettre cette traîtresse à sa place pour reprendre le contrôle de la cité. On avisera ensuite ce que nous permet le contrôle de Sasha."

Vous êtes à l'intérieur? Je perçois une aura en plus... c'est normal?

"Oui," fit la petite Voyageuse sans faire attention aux regards surpris d'Erdmann qui n'avait pas encore l'habitude. "Le stratège de Noïlissima nous a rejoint, c'est normal!"

D'accord, d'accord... Vous pouvez aider Mara du coup? Elle doit être avec les autres prisonniers!

"Ne t'inquiète pas," se contenta de répondre Robin en échangeant un regard avec l'enfant puis avec les autres.

La principale raison qui les avait mené ici était la menace que représentait le double de la Voyageuse, si elle voulait réellement invoquer Grima. Si elle s'avérait finalement être une alliée, c'était à n'en plus rien comprendre. L'autophobe se sentait un peu perdue, d'ailleurs. En y repensant, l'autre Mara semblait aider le Prince des Marches de la Fêtée, mais c'était justement l'armée qui s'était faite détruire par l'armée des ombres... Jouait-elle en fait seule? Mais quel pouvait être son objectif si elle pouvait se permettre d'ordonner la destruction de ses propres alliés? Et pourquoi elle avait aidé Sasha alors? Pour gagner sa confiance? L'enfant grimaça, plus elle y pensait, plus elle était convaincue que l'unique chose qu'elles avaient en commun était leur corps, elle-même ne pourrait jamais être aussi tordue.

Mais elle garda ces réflexions pour elle, suivant le groupe qui se dirigeait discrètement vers la section des prisons. Les plus furtifs du groupe parvenaient à éliminer rapidement les quelques gardes qui se dressaient sur leur chemin, et ils parvinrent étonnamment sans encombre au sous-sol. Quelqu'un exprima même la perplexité du groupe à voix haute, faisant remarquer qu'il s'attendait à plus de résistance, mais les faits étaient là, ils étaient bien arrivés. Progressant prudemment dans la crainte d'un piège, ils atteignirent les cellules des prisonniers, qui étaient aussi tous là. Sans armures, moins mal nourris que la fillette l'aurait crains, mais sans être particulièrement en forme non plus, quelques uns reconnurent leur Prince et la rumeur s'étendit bien vite entre les cellules, et des acclamations s'élevèrent à leur attention.

À l'aide de clefs récupérées dans la salle des gardes, la plupart des membres du groupe s'empressèrent d'ouvrir les cellules les unes après les autres, et alors que Robin discutait avec Sasha de comment ils étaient traités, de où étaient les habitants et de ce qu'il s'était passé, se sentant sans doute plus en sécurité à présent, Hely prit Mara à part et lui chuchota hâtivement:

"Écoute, je sais pas pourquoi ton double a agit comme ça, mais quand on l'a rencontrée, elle était clairement mauvaise. Je ne sais pas à quel point tu t'en souviens, tu étais assez mal à ce moment... Mais il est très possible qu'elle se soit fait passer pour toi auprès de Sasha pour gagner sa confiance et l'utiliser. Rappelle-toi, ce n'est pas parce que nos ennemis l'ont fait prisonnière qu'elle est une alliée, alors soit prudente, d'accord? Et surtout, ne lui donne pas ton épée."

Surprise par son ton mais comprenant ses arguments, la fillette acquiesça et confirma qu'elle serait prudente. Mais malgré tout, alors que les soldats allaient récupérer leurs équipements, elle commença à fouiller les cellules du regard, convaincue que toutes avaient été ouvertes mais n'ayant toujours pas trouvé l'autre fille. Peut-être y avait-il d'autres zones dans la prison? Pourtant Robin n'avait pas demandé à vérifier ailleurs, et elle aurait été surprise qu'il connaisse le nombre exact de ses soldats. Puis c'était bizarre aussi, il n'y avait aucun prisonnier normal, elle avait l'impression. Les cellules d'Olivie étaient-elles vraiment vides? Ou alors les Altribes les avait recruté...? Bah, il y avait sans doute une explication. Peut-être même que les prisonniers étaient pas dans ces prisons lors de l'attaque, elle ne savait pas. Elle demanderait à Robin, au pire.

Alors qu'elle jetait à présent des coups d’œil un peu négligents, elle sursauta en apercevant une silhouette au fond de l'une des prisons. Elle resta bien figée quelques instants, échangeant un long regard avec son reflet autonome qui était assise en tailleur, adossée au mur malgré la porte de sa cellule ouverte. Elle semblait en meilleur état que les autres militaires qu'ils avaient récupérés, elle était clairement plus propre, et elle lui renvoyait un regard particulièrement surpris. Elle devait être là depuis très peu de temps.

Pendant un instant, toute les mises en garde d'Hely et des autres lui revinrent, et la Mara originale se sut pas vraiment que faire, une main tenant les barreau de la porte ouverte. Finalement, ce fut l'autre qui prit la parole, d'une voix qui semblait osciller entre le reproche, le soulagement et l'incompréhension:

"... Qu'est-ce que tu fais ici?"

La vache, entendre comme ça sa propre voix c'était... Mince, elle parlait vraiment aussi aigu? Non, c'était pas le moment de penser à ça. L'originale se reprit un peu et demanda:

"Je viens te... vous... 'fin, on a besoin d'aide, et Sasha nous a dit que..."

... Elle ne s'était pas repris longtemps. L'autre fronça un peu les sourcils, l'air ennuyé, mais se leva malgré tout, s'avançant jusqu'à sa hauteur, sans pour autant sortir de la cellule, puis prit sévèrement la parole:

"Tu ne te souviens pas de ce qu'il s'est passé la dernière fois? Tu n'apprendras donc jamais? Tu n'as vraiment pas la moindre notion de prudence en toi?"

Ma petite resta interdite, ne comprenant pas pourquoi sa copie se mettait à la gronder comme ça, et la laissa continuer sans rien dire:

"Je débarque en disant que je vais invoquer Grima, je menace de tuer des gens, je menace tes amis devant toi, et alors que je suis en prison, tu débarques comme une fleur à essayer de me libérer? Est-ce que tu es vraiment à ce point une abrutie? En plus, je suis sûre que beaucoup de gens t'ont mis en garde, alors pourquoi tu viens?" elle s'arrêta un instant pour passer ses doigts contre ses yeux, l'air exaspérée, avant de lâcher dans un souffle: "Désolée Sasha, c'est elle la vraie Mara, moi je suis l'autre."

Je... Je...

L'autophobe regardait la création de l'épée sans vraiment savoir quoi faire ni penser, puis lâcha finalement:

"Mais si tu es tellement dangereuse pour moi, pourquoi tu me mets autant en garde?"

"Pour gagner ta confiance...? Car je te connais plutôt bien, dans la mesure où on n'est plus ou moins la MÊME personne?" rétorqua-t-elle en levant les yeux aux ciels, comme si c'était une évidence.

"Oui mais nan," lâcha la première. "T'aurais aussi bien pu gagner ma confiance sans essayer de me mettre le doute, à accepter comme une fleur d'être libérer et à jouer la gentille."

Un silence répondit à la remarque, alors que les deux fillettes de douze ans se toisaient, et la double lâcha finalement:

"Je m'inquiète pour toi. C'est tout. Ta naïveté est pour toi un danger que tu cernes à peine, tu es bien trop manipulable pour ta propre sécurité. Si j'arrive à te faire acquérir assez de bon sens pour me laisser ici, je ne pourrais me sentir que plus rassurée."

"Sauf que là, on va avoir besoin d'aide pour la suite, t'es puissante, on peut pas te laisser là!"

"Mara!" La double fit finalement un pas hors de la prison pour saisir brusquement son modèle aux épaules, "Je me fiche de ce Royaume, peu importe l'état dans lequel il est laissé, il y aura toujours quelqu'un pour lui rendre son état de base dans peu de temps, ne serait-ce que des Rêveurs, je m'inquiète pour toi, là! TU n'as pas besoin de te sacrifier pour ça!"

Effrayée, la blondinette repoussa l'autre d'un revers de la main, l'observant avec horreur et rétorquant aussi violemment:

"Comment tu peux dire qu'on est la même personne alors que tu penses comme ça? C'est... c'est..."

"Égoïste?" soupira l'autre en levant les yeux au ciel, reprenant un peu ironiquement. "Oui, sans doute. Car surprise! Je suis toi, oui, mais toi à quinze ans."

Un autre silence s'en suivit. Silence durant lequel la Voyageuse un peu perdue observait de haut en bas le corps qui lui faisait face, absolument identique au sien. Voyant son air perplexe, l'autre se frotta encore les yeux en marmonnant:

"L'épée m'a créé à ton image, mais pour pouvoir m'intégrer aussi brusquement au Royaume, elle m'a fait venir du futur avec les autres. Je proviens donc de quinze ans dans le futur du Royaume, soit trois ans dans le monde réel, j'ai donc mentalement trois ans d'expérience de plus que toi, mais avec le même corps."

"... Tu es moi dans le futur?" tenta de comprendre la plus jeune, plus ou moins en vain.

"Oui, mais c'est pas grave, je-"

"Je deviens quoi plus tard?" s'exclama la petite, regardant son double droit dans les yeux.

"Je n'ai rien l'intention de te raconter, là, n'essaye même pas." fit-elle durement, mais l'originale ne fit pas très attention à elle et commença à marmonner:

"Mais du coup tu dois venir de la même époque qu'Hely, pourquoi elle ne m'a pas prévenu..."

Ce fut au tour de la double d'être prise au dépourvu, et elle demanda d'un coup:

"Attends, Hely est avec vous? Hely la mage de foudre? La fille d'Anaka?"

"Bah oui, pourquoi?"

Encore un silence, songeur cette fois, et la création de Dreamland souffla finalement:

"Bon, c'est une autre histoire, vous allez vraiment avoir besoin de l'épée. Si Grima est invoqué, je ne sais pas s'il se cantonnera à ce petit coin de Dreamland. Je viens."

"... Ah, ok." fit l'autre sans vraiment comprendre. "Mais du coup, je vais garder l'épée avec moi, hein...?"

"Oui, parfait." dit-elle, "Tu as récupéré les gemmes pour l'Emblème de Feu?"

"... Je... Ah oui, ça... J'ai celle de Dulle, et pour les autres... J'imagine qu'en demandant à Robin et Kirb, je peux avoir les autres... mais celle des Joyaux... Pis celle des Altribes aussi..."

"Herman est malin, s'il a quelqu'un de son Royaume dans votre groupe, il a dû la lui confier. Et celle de Noïlissima, il faudra la prendre de force. Mais au moins, les gemmes sont à portée de main et dans notre camps, c'est bien. Allez, rejoignons-les, je te suis."

"Je... d'accord...?"

"Au fait, attend un instant, je peux vérifier quelque chose?"

"Euh... je.. oui?"

La seconde Mara contourna la première, qui saisit d'une main le fourreau de son épée, dans le doute, mais sa clone ne sembla pas s'en préoccuper, repoussant la chevelure de son modèle et abaissant un peu son col. L'autophobe sentit que l'autre touchait un peu sa nuque et inquiète, elle lui demanda ce qu'il se passait, ce à quoi l'autre répondit dans un soupir de soulagement:

"Non, tu n'as rien, c'est bien."

"Tu cherchais quoi?" répéta la première, avant de faire le rapprochement: "Qu'est-ce que t'as sur la nuque, toi?"

"Une source à problèmes que tu n'as pas, c'est tout ce qui compte."

Et elle s'éloigna de quelques pas, comme pour clore la discussion qui se profilait. Malgré sa curiosité, la petite n'insista pas et les deux se mirent donc en route. Mara ne comprenait pas vraiment l'expression sérieuse de l'autre, mais ils rejoignirent assez rapidement le groupe. Toute l'armée était à présent équipée et la Voyageuse mit un peu de temps à trouver Robin, pour le prévenir qu'elle était là, et que tout allait bien. Il était un peu hésitant devant les deux fillettes, mais Sasha annonça qu'elle avait suivit la conversation et que tout c'était bien passé, même si elle semblait un peu ébranlée d'avoir été trompée tout ce temps. La clone proposa même de se faire entailler le bras pour qu'on puisse les distinguer facilement, le tout avec un parfait sérieux devant lequel l'originale ne savait pas vraiment comment réagir. Mais c'est ce qu'ils firent malgré tout et la Mara de Dreamland se retrouva affublé d'une longue coupure sur l'avant-bras qu'elle tamponnait avec un tissu comme si de rien n'était.

Le groupe était à présent prêt, tout les soldats étaient équipés, la blondinette ne savait pas trop où étaient les autres mais personne n'avait l'air inquiet donc tout le monde se mit bravement en marche vers la salle du trône, se préparant à un terrible combat pour le bien de leur patrie et pour celui du continent entier. Même Sasha les encouragea:

Allez, ça va être facile! Le reste de votre groupe est déjà sur place!

Sauf qu'alors que Mara concluait que les autres étaient partis devant, Robin fronça les sourcils et dit:

"Quels autres? Je n'ai pas envoyé de premier assaut!"

Ah bon? Pourtant ce sont des nouveaux venus aussi, ils ne sont pas là depuis longtemps... Tu es sûr de toi, Robin?

Soudain inquiet, le prince fit accélérer le pas de ses troupes sans répondre et quelques minutes plus tard, il ouvrait violemment la porte de la salle du trône, poussant d'un coup les deux lourds battants grâce à sa force du Sacralis. Et devant eux, une scène de bataille. Ou plutôt, une scène d'après-bataille. Au centre, Noïlissima était assise sur le trône, une épée sous la gorge tenue avec beaucoup de prestance par une adolescente. Aux côtés de laquelle se tenait un garçon plus jeune, tenant lui aussi une lame. Tous les soldats étaient au sol ou immobiles, comme tenus en joue, et au centre demeurait un homme plutôt grand, adulte lui, portant une tenue de mage et dégageant une aura à la puissance clairement tangible, et qui se tourna vers eux et lança à leur approche:

"Bonjour à vous."

Mara avait la terrible impression qu'il fallait qu'elle remarque quelque chose. Ceux qui lui faisaient face, elle ne les avait jamais vu, mais...
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MessageSujet: Re: Le Pins du Feu [PV Mara] Le Pins du Feu     [PV Mara] - Page 4 EmptyMar 4 Oct 2016 - 0:59
  La bizarrerie est bien. C’était un des plus beaux préceptes de Dreamland, et loin d’être un discours qu’on retrouvait sur des petits panneaux dans la cuisine afin d’être ironiquement original, cela voulait dire qu’après une aventure complexe et alambiquée, après qu’on ait traversé toutes les illusions d’une histoire simple quand on se doute bien que c’est faux, voir de la bizarrerie signifiait donc qu’on approchait de la fin. C’était une vue de l’esprit par mon expérience personnelle, vous n’étiez pas obligés d’approuver, mais généralement, quand on commence à se poser des questions sur ce qui se passe, c’est que le camp d’en-face, qui fomente tout pour provoquer un cataclysme au moins d’ordre social, n’a plus trop de quoi essayer de vous embobiner avec des intrigues vite ficelées pour vous faire croire que félicitations, la boucle se bouclait aussi rapidement.

  Premièrement, se rendre compte que la seconde Mara qui auparavant n’était qu’une stratège ennemie nous rejoignait (vous me diriez, c’était pas la première) easy peasy, parce qu’en fait, elle était gentille et voulait aider Sacha. Déjà, tant mieux d’avoir des alliés à ce stade-là de la guerre, on prenait toujours car on manquait cruellement de bonnes nouvelles. Ce ne fut toutefois qu’un amuse-gueule face à la prochaine péripétie qui nous mit tous sur le cul.

  Après qu’on eut délivré énormément de prisonniers et qu’on se dirigeait vers les dernières salles où on devrait mener notre dernière bataille, on ouvrit la porte qui nous conduirait aux emmerdes… et au final, ce fut plutôt rassurant de voir tous ces corps allongés, massacrés par un autre groupe (désolé du cynisme, c’était un bouclier efficace pour garder le sang-froid et ne pas se déconcentrer) ; quitte à cumuler les ennemis, c’était mieux s’ils s’entretuaient. Je m’étais préparé à un ancien prêtre obscur de Grimma, l’ancien sorcier au nom imprononçable qui faisait peur à tant de monde il y avait des journées de ça, et c’était parti qu’ils voulaient invoquer/utiliser la puissance/asservir/ressusciter le Dragon des Ténèbres, mais en fait, ce fut bien pire que ça, et bien plus insidieux.

  Il y avait un groupe en-face de nous, que des guerriers bien entraînés au vu de leur performance, assez pour que je me dise qu’on avait à faire à une bande très dangereuse s’ils se trouvaient être nos ennemis. Leur position, leur loquacité, me faisaient malheureusement craindre cette hypothèse. Tout notre groupe sortit ses armes. Ça ne sentait pas bon du tout, il y avait quelque chose de bizarre dans l’atmosphère (encore un truc), la façon dont nos adversaires nous regardaient comme si nous n’étions pas prévus, ou autre chose, je pourrais pas mettre le doigt dessus. Les salutations de leader furent glaciales, mais d’une façon étrange, comme si nous étions des connaissances.

  Si leur meneur tenait une posture droite tout en dévoilant une aura très dangereuse, les autres de groupe restaient sur la défensive, nous jaugeant les uns après les autres ; impossible de savoir quelles émotions les traversaient à ce moment précis, je ne comprenais absolument rien à ces tenants et aboutissants.

  La pensée comme quoi le meneur ressemblait étrangement à Salin m’effleura au même moment qu’une dague en argent me rentra dans le corps, affolant tous mes nerfs jusqu’à me faire ressentir une puissante douleur qui manqua de peu de me tuer sous la décharge. Je tombais sur le sol en hoquetant je ne savais quoi, chialant à l’intérieur de moi sous la souffrance, puis j’essayai de savoir qui avait fait ça en ayant déjà ma petite idée sur le coupable, que ce fut par intuition, en cherchant la pire combinaison possible, ou juste en essayant de me rappeler qui se trouvait derrière moi à ce moment-là. On essaya d’attaquer mon assassin qui esquiva la frappe avant de sauter de retrouver l’autre camp. Je fis un léger coma, allez quoi, quelques secondes. Le temps d’apercevoir Hely dans mon champ de vision, tournée vers nous, aux côtés du mage ennemi, dans sa main, un couteau à la lame gorgée de mon sang.
Ah génial. Je me perdis dans l’obscurité avant même de comprendre tous les enjeux qui secouaient nos ennemis, ainsi que leur véritable identité.

__

  On se dépêcha d’envoyer l’infirmier sur Ed, mais la blessure était assez profonde pour lui causer bien des soucis… jusqu’à ce qu’une flèche lui perfore la gorge, tirée par Valeau d’un geste sec. La puissance du trait, la précision de son auteur ainsi que la qualité de l’arme ne laissait plus aucun doute sur la dangerosité des nouveaux intervenants ; le fait qu’ils étaient leur ennemi aussi, d’ailleurs. Robin se mit à leur hurler dessus, son épée royale brandie :

« Comment osez-vous ?! Qui êtes-vous ?! Libérez la reine de suite.
_ Je suis Marine, héritière du Royaume de Merta et des Altribes. »
Robin n’avait même pas besoin de formuler la question sur ce qu’il pensait être une parfaite imposture ; les plus rapides du groupe avaient déjà compris, mais Marine se dépêcha d’aider les plus indécis : « Et je vous salue, père. »

  Sous la violence de la révélation, les noms se dépêchèrent d’affluer : en quelques phrases, bien trop choquantes pour le groupe de Robin, tous se transformèrent en parents en quelques secondes et pouvaient contempler leur future progéniture qui les regardait sévèrement dans les yeux. Tout le monde était déboussolé, et les soldats délivrés ne savaient plus où donner de la tête. Le mage ennemi frappa tout de même dans ses mains et dévoila sa propre identité :

« Et moi, je ne suis qu’Erik. Il y a d’ailleurs Tonio juste là. » Personne ne savait trop quoi dire, alors Erik, bien aimable, continua : « Nous venons tous du même futur, un futur où aucune grande ville ne survit, où tous les royaumes se sont effondrés sur eux-mêmes suite aux guerres infinies que vous tous ici présents avez causé.
_ Nous sommes pour la paix !
_ Oui, évidemment, c’est ce que vous pensiez. Mais tenir les rênes du pouvoir entraînera des responsabilités, des corruptions, des envies. Et vous achèverez ce monde. Nous savons bien que ce n’était pas uniquement de votre faute, vous avez hérité d’un monde trop difficile à gérer, et vous n’aviez pas les épaules. Mais ce qui sera est. Vous allez provoquer peu à peu la destruction du monde si bien qu’en à peine plus de vingt ans à partir de cette époque, les récoltes auront été diminués par dix, la population, quatre, et que chacun vive dans la peur des bandes de brigands qui ont pris le contrôle de la région. Nous nous sommes ainsi tous concertés pour réussir à remonter dans le temps et changer le cours des choses. Tout ça en partie grâce à Hely.
_ Je suis venue vous espionner et récupérer un Sacralis durant vos aventures. Sacralis qui me permet maintenant de contrôler les dragons, que nous allons bientôt réveiller, dès qu’Olivie se sera posée.
_ En possession des dragons, nous pourrons alors régner sur le monde et empêcher les guerres qui nous déchirent. Plus personne n’osera nous attaquer face à cette arme de destruction massive »
, surenchérit Tonio, ses deux mains sur ses poignées de sabre.
« Vous êtes devenus complètement fous ! » leur cria Robin, qui se tourna alors vers sa fille future : « Marine, écoute-moi !
_ Vous ne pouvez nous raisonner »
, fit Erik, « Nous avons vu toutes les misères du monde et…
« JE PARLE A MA FILLE !!! FERME-LA ! »
Il se sentait légitime de dire ça, et demanda, la voix émue : « Tu serais capable de provoquer tout ça ? » Marine resta vaillante et répondit en hochant de la tête :
« Oui, père.
_ Seras-tu capable de porter la main sur moi alors ? »
Elle parut hésitante mais trouva la bonne parade :
« Je vous retourne la question à vous : pourriez-vous attaquer votre fille et votre fils qui ont parcouru les dimensions pour échapper aux horreurs que vous allez commettre ? » L’assistance connaissait déjà la réponse. La voix de Marine, ayant trouvé de l’ampleur, continua : « Je vous pose la question, ici, à tous ! Serez-vous capables de nous attaquer quand nous essayons juste de sauver le monde que vous avez détruit ?! Alors qu'il ne nous reste nulle part à aller ?! » Certains parents avaient déjà baissé leurs armes. Bien sûr que non, ils n’en étaient pas capables. Emelia tenta tout de même :
« Et vous, seriez-vous capables de dominer le monde par la terreur ? Vous pensez que c’est la bonne solution ? » Personne ne répondit sinon quelques grognements des plus vieux. Erik conclut :
« Nous ne nous sommes pas obligés de nous battre, certes. Nous pouvons toujours discuter. Laissez-nous sauver le monde, nous venons du futur, nous savons tout ce qu’il va se passer !
_ Le sauver de quoi ? De choses que nous n’avons pas commises ?! »
, se défendit Krib.
« Nous pouvons encore changer le cours des choses si vous êtes là pour nous guider », plaça astucieusement le prince Robin. « Vous pouvez changer le cours du temps, faîtes-le pacifiquement. Aidez-nous ! Plutôt que de vouloir commettre cette folie d’écraser le monde sous votre force ! » Cet argument fit réfléchir quelques enfants, et Robin, conscient de cela, continua : « Nous pouvons vivre en paix, tous ensembles. Nous pouvons éviter ce que vous avez commis, vous êtes bien venus pour cela, non ? N’est-ce pas le meilleur consensus qu’on puisse trouver ? Nous n’avons pas à nous battre, nous n’avons pas à laisser des dragons envahir notre monde ! Dès que vous êtes venus dans ce monde, vous nous avez changé, nous ne sommes déjà plus les mêmes que ceux qui vous ont fait du tort. » Beaucoup des parents approuvèrent cette phrase du menton, et certains n’hésitaient pas à reprendre les mots de Robin en suppliant leur ou leurs enfants de cesser cette folie. Jusqu’à ce qu’Hely s’avance d’un pas et prenne la parole, si furieuse que cela cloua le bec de toutes les supplications :
« ET PUIS QUOI ENCORE ?! » Ses yeux étaient devenus rouges et elle hurlait si fort avec sa voix draconique que personne ne pouvait l’interrompre : « Nous vous connaissons ! Nous avons vu tout ce que vous avez mis en œuvre, malgré toute la bonne volonté dont vous vous croyiez capables ! Nous avons vu de nos yeux des forêts de feu dévorer des milliers d’enfants, des villes tomber dans l’apocalypse que vous dirigiez depuis vos trônes et vos échiquiers ! Jamais vous n’avez agi en préparant un monde pour nous, vous vous en fichiez ! Pourquoi prendre le risque que vous recommenciez alors qu’on sait pertinemment que ce qui vous intéresse le plus, c’est le vin et le sang ! Pas nous ! Vous vous fichiez de vos enfants, personne ne s’est dit qu’il fallait rendre le meilleur pour nous ! Vous le disiez en slogans, oui ! Vous le disiez pour calmer les peuples ! Nous allons attaquer ce royaume pour que nos enfants n’aient plus à vivre dans la crainte ! Nous allons pendre ces villageois pour éviter que des rebelles ne menacent la stabilité de notre pays ! » Sa fureur fut telle que ses yeux devinrent humides d’émotions : « NOUS ALLONS PILLER, TUER, VIOLER, INCENDIER, RASER, DECAPITER, ECORCHER POUR QUE NOS ENFANTS PUISSENT S’EPANOUIR DANS UN MONDE EN PAIX !!! VOUS ME DEGOUTEZ, HAUTS DE VOTRE IGNORANCE, CROYANT VOTRE VIE VIERGE DE TOUTES CES HORREURS !!! MAIS VOUS LES AVEZ COMMISES !!! TOUS !!! VOUS ETES TOUS COUPABLES !!! ET SI VOUS VOUS ENTETEZ A NOUS EMPECHER DE SAUVER CE MONDE, VOUS LE DEVIENDREZ ENCORE !!! MILLE FOIS !!! » Une fois que la crise fut passée, Hely reprit, la voix blanche, triste, tremblante de colère contenue : « Il n’y a pas de discussion ! Je vous demande, tous vos enfants vous le demandent, de poser vos armes, maintenant, et de vous rendre. » Personne ne sut réellement quoi faire. Fallait-il abdiquer ? Etait-ce possible ? Et si non, que faire d’autres ? Il était impensable de déposer les armes, mais ça l’était cent fois plus que de tous les attaquer. « Et je demande en plus que vous me remettiez l’Emblème du Feu, toutes vos gemmes et Folichon. » Un silence d’une puissance impossible à mesurer s’installa dans l’immense salle où reposaient des dizaines de cadavre, la reine à genoux, des parents héroïques face à leurs enfants héroïques.
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MessageSujet: Re: Le Pins du Feu [PV Mara] Le Pins du Feu     [PV Mara] - Page 4 EmptyJeu 20 Oct 2016 - 23:41

Mara cligna des yeux, le temps d'un instant. Et ce qui s'en suivit semblait tellement synchronisé avec ce clignement que pendant une fraction de seconde, au fond d'elle, elle se reprocha de ne pas avoir gardé ses paupières grandes ouvertes. D'abord il y eut un bref bruit, difficile à identifier, presque absorbé par l'action: un froissement de tissu, un trébuchement, un hoquet... Et immédiatement après, un mouvement de foule, les voix qui montaient, quelqu'un qui fuyait, un autre qui tombait. La fillette n'était pas à côté d'Ed quand l'attaque eut lieu, elle était juste assez loin pour que le temps qu'elle ne se faufila entre les soldats, elle n'arrive à l'instant précis où le soigneur se faisait froidement abattre d'un trait.

Elle resta figée devant le spectacle qui venait de se dérouler devant elle, respirant à peine et ignorant totalement l'échange qui se formait entre les différentes personnes. Elle avait la gorge nouée à l’extrême. Nouée par la terreur, par le constat que leur élément le plus fort venait d'être si facilement mis hors-jeu, par l'observation de la facilité avec laquelle quelqu'un avait été tué, par la prise de conscience que celle qu'elle considérait comme une vraie amie les avait littéralement poignardé dans le dos... Elle n'arrivait pas à se détacher de cette image des deux corps par terre, et surtout de la plaie du Voyageur qui imbibait peu à peu ses vêtements, même s'il respirait encore. Elle se mit à frissonner nerveusement, sa poitrine était agitée de soubresauts.

Les phrases qui lui parvenaient était lointaines, mélangées, elle assimilait les informations sans s'en émouvoir davantage, toute prise au déluge de craintes qui l'envahissait systématiquement dès que la situation commençait à dégénérer. Elle se tendit simplement encore un peu plus en entendant le voix de son "amie" se déchaîner avec colère, elle avait l'impression de vouloir rétrécir à chaque parole violente qu'elle hurlait, mais elle restait debout, trop incapable du moindre effort pour se laisser tomber au sol. Ses mains serraient avec force les manches de son manteau, presque à deux doigts de les arracher.

Le silence tomba finalement, l'ultimatum était lancé, et les regards se tournèrent vers les concernés. La plupart des soldats regardèrent les dirigeants, craignant ou espérant telle ou telle réaction, sans doute heureux pour la plupart de ne pas être responsables des décisions. Plusieurs membres du groupe de base lancèrent des regards vers le dos de la petite Voyageuse, hésitant peut-être à lui prendre de force ou à la protéger. Mais personne ne bougea vraiment. Seul régnait ce silence désagréable et tendu, typique de la peur et de la colère. À tel point que la jeune sursauta vraiment en sentant un soudain contact sur son épaule.

- Mara.

Elle fit volte-face, à peine consciente de l'impression qu'elle devait donner aux autres, de la pâleur de son visage, de l'appréhension qui transparaissait sur chaque détail de son expression et de sa tenue générale. Et si se retrouver face à son sosie ne l'aida pas particulièrement à reprendre contenance, cette dernière semblait bien loin de vouloir faire preuve de patience à cet égard. Saisissant ses épaules, la regardant droit dans les yeux, elle dit d'une voix basse, dont le calme apparent camouflait à peine l'impression de tension, de stress ou d'excitation qu'elle générait:

- Mara, donne-moi l'épée. Maintenant.

Elle n'avait pas parlé très fort, mais sans pour autant chuchoter, la fillette ne savait pas si beaucoup avaient entendu l'autre. Sur le coup, elle s'en soucia même plus que de répondre à son ordre. Puis les paroles l’atteignirent enfin et elle fixa son regard sur sa double. Elle fut prise de confusion pendant quelques seconde, se rappelant toutes les mises en gardes que l'on avait levé à son encontre. Puis elle se souvint de qui elles provenaient pour la plupart. Et elle eut alors l'horrible impression de devoir faire un choix crucial et impossible, car il lui manquait bien trop d'éléments pour être sûre d'elle. Fallait-il se méfier? Ou avoir confiance? Elle était sûre qu'à sa place, n'importe qui aurait été infiniment plus apte et plus conscient des conséquences, n'importe qui aurait put prendre une bonne décision. N'importe qui d'autre qu'elle. Mais interrompant sa réflexion, elle sentit la pression des mains sur ses épaules s'intensifier et son corps basculer vers l'avant. Puis un sifflement aigu et mortel lui frôler l'arrière du crâne et percuter violemment l'armure d'un garde, l'abîmant au point de blesser l'homme en dessous. Un petit cri lui échappa, et elle leva la tête vers la fausse Voyageuse, qui toisait rageusement en direction du groupe qui se dressait devant eux. L'autophobe fit de même, avisant l'archer du groupe qui avait toujours son arme brandie, visiblement furieux d'avoir raté sa cible. À présent tout le monde les regardait, et quelques boucliers s'étaient levé pour empêcher Valeau de s'attaquer à un autre. Ce qui n'était certainement pas pour plaire au groupe du futur, mais ils ne paraissent pas encore décidés à attaquer.

- Mara, insista celle qui semblait décidément garder la tête froide. Donne-la moi, s'il te plaît. Peu importe ce qu'ils crient et défendent, peu importent leurs convictions, ils ne doivent pas accomplir leur objectif. Personne ne peut contrôler Grima, même avec leur puissance, c'est simplement une question d'échelle. Une bombe atomique ne peut pas souffler un soleil. Mais pour les affronter, j'ai besoin de l'épée.

Avec l'impression d'être un peu en décalage, l'enfant lâcha d'une petite voix, cherchant une assurance, quelque chose à quoi se raccrocher:

- Je croyais que t'en avais rien à fiche de ce Royaume...

- C'est le cas, confirma l'autre en surveillant la menace d'un œil, ignorant les regards choqués ou agressifs des plus proches. Mais j'ai été créée par l'épée pour contrer cette menace précise, et la personnalité qu'elle m'a donné passe en second plan. J'ai parfaitement conscience de ce qu'est Grima, de ce que son réveil impliquerait, et je sais qu'il ne faut pas en arriver là.

- Tu le prends bien, d'être juste une création d'un Artefact... marmonna la plus jeune dans un gloussement-sanglot difficile à identifier.

- Telle est ma nature et je n'ai pas le temps de m'en plaindre, s'agaça l'autre. J'en ai conscience, comme toutes les Créatures des Rêves ou presque savent ce qu'elles sont, c'est d'ailleurs la principale raison qui peut me permettre d'agir efficacement. L'épée n'aurait eut aucun intérêt à me flanquer des remords et des envies, d'autant plus que j'ai aussi de nombreux avantages.

- Comme quoi...? souffla la première, sachant à peine pourquoi elle continuait à parler.

- Mara! s'exclama la seconde en sentant la conversation dévier. Ton épée, c'est important!

Ébranlée, la Voyageuse ne réfléchit pas plus et se contenta de passer la sangle de l'arme au dessus de sa tête, puis de la tendre mollement à sa copie, qui s'en saisit vivement. Attrapant la poignée d'une main experte, elle glissa délicatement la lame hors du fourreau, regardant la lame s'illuminer d'une lueur pure tandis que sur son visage semblait pour la première fois se dessiner un sourire sincère. Sa veste sembla légèrement soulevée par l'aura de l'arme légendaire, et elle fit plusieurs moulinets assez gracieux avec la lame, affichant une force et une maîtrise que son corps et la personnalité de son modèle ne laissaient pas supposer. Se tournant vers les dirigeants qui se trouvaient entre elle et le groupe d'adversaires, elle leur lança un regard sévère et dit:

- J'ai besoin des gemmes. Il me les faut pour arrêter vos enfants avant qu'ils ne fassent la pire erreur de leur vie. Il n'y a aucune bonne issue à la voie sur laquelle ils veulent s'engager.

Un silence répondit tout d'abord à sa demande, et les enfants du futur se tendirent, prêt à se mettre en garde. Puis, le premier, Robin fit un geste. Tête baissé, presque décomposé par l'hésitation, il fit un pas vers la porteuse de l'arme et glissa une main dans une sacoche à sa ceinture, à la recherche de l'objet. Derrière, une voix vrillée par la colère et la déception cracha:

- Faites donc, Père! Faites! Laissez les autres faire le sale boulot à votre place! Laissez-les donc se salir les mains, tandis que vous restez au chaud au sommet de votre trône doré! Moi qui, pour un instant, avait commencé à retrouver foi en vous...

L'homme se figea. Face à lui, la manieuse de Folichon insista avec une voix douce, ne voulant pas le perdre:

- Je sais que c'est difficile, mais ignorez-la, votre Altesse. Elle se bat pour ses convictions, mais vous ne devez pas oublier les vôtres. Peu importe ce dont elle vous accuse, ça ne s'est pas encore produit, et...

- Ce n'est pas ça! la coupa Robin, la terreur se dessinant soudain dans son regard. Je ne les trouve plus! Ni la gemme, ni l'emblème!

- Hein?

Et comme si l'instant avait été chronométré à la seconde, une silhouette sombre passa à côté de la sosie et profita de sa surprise pour lui dérober la gemme de Dulle, avant de disparaître. Soudain, tous ceux qui gardaient la perle de leur Royaume commencèrent à la chercher frénétiquement, se rendant chacun compte qu'elles avaient purement et simplement disparues. Et tandis que tous cherchaient du regard le voleur, celui-ci se révéla en tendant son butin au sorcier, un air décidé peint sur le visage:

- Je n'ai pas besoin de voir mes enfants me faire la morale pour savoir que le système actuel est pourri jusqu'à la moelle, fit Salim. Mon groupe a déjà fait appel à la magie noire pour tenter de le changer, mais il semble que nous ne nous étions pas investis assez fort...

- Merci, sourit Erik, je suis content de pouvoir compter sur quelqu'un de clairvoyant ici.

- Inutile de me caresser dans le sens du poil, rétorqua l'autre, impassible, en se retournant face à la petite armé. Je ne partage pas toutes vos convictions et j'aurais aimé une solution moins fourbe que d'utiliser des enfants pour cette bataille. Mais entre les deux camps qui se proposaient à moi...

- Traître! hurla Robin, vers qui le révolutionnaire leva un regard méprisant.

- Il y aurait eut trahison si je vous avait prêté allégeance. Je ne me souviens pas que cela ait été le cas.

La Mara du futur bouscula presque Kirb en s'élançant vers ses adversaire, l'épée brandie et poussée par l'urgence de la situation. Et comme perdant tout sens de la mesure, comme sous l'ivresse de puissance léguée par l'arme, elle hurla un cri du guerre.

AAAAAAAAAAAAAAAAAH!

Mais elle fut interrompu dans sa lancée, en percevant le cri de douleur ou de peur de Sasha. La petite Mara se recroquevilla, les mains plaquées sur les oreilles, Robin approcha une main de sa tempe, puis lança un regard terriblement inquiet vers le plafond. Et tous les enfants du futur adoptèrent une expression différente, allant de la satisfaction chez Erik à une sorte de malaise gêné chez Erdoan, qui se rapprocha de sa grande sœur tandis que cette dernière assommait posément Noïlissima. Ce fut Hely qui prit la parole d'une voix difficilement qualifiable:

- Il semblerait que l'on arrive à destination.

- En effet, nota le grand Tonio, je ne pensais pas que ton ombre serait si efficace pour contrôler le cristal de la princesse.

- L'atterrissage risque juste d'être un peu brusque, conclut presque joyeusement le sorcier, visiblement impatient.

Pendant les quelques secondes qui suivirent ces mots, la scène sembla se figer, et à l'instant où la porteuse de Folichon allait faire un pas menaçant, un vacarme particulièrement violent retentit et le sol trembla, les murs se fissurèrent et de la poussière tomba du plafond. La petite autophobe faillit tomber sur le jeune Erik qui appuyait un tissu sur la plaie d'Ed, sans doute le seul moyen qu'il avait trouvé pour se remettre de l'idée qu'il deviendrait la personne qui leur faisait face. Et alors que chacun tentait de retrouver l'équilibre ou de se relever, la personne en question lança à l'assemblée:

- Eh bien, il semblerait que nous arrivions à destination.

Puis baissant les yeux vers le petit emblème à présent orné qui siégeait au creux de ses mains, il murmura une incantation et la bande s'évapora sous les yeux impuissants du groupe qui avait quitté le champs de bataille et des soldats libérés.
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MessageSujet: Re: Le Pins du Feu [PV Mara] Le Pins du Feu     [PV Mara] - Page 4 EmptySam 22 Oct 2016 - 20:38
Relecture à venir, désolé ^^']



Olivie pouvait bien être une ville gigantesque surplombée par un palais à se décrocher la mâchoire, elle restait minuscule face à la chaîne de montagnes qui semblait pouvoir accueillir, dans ses plateaux ou ses cols, bien plus qu’une minuscule ville entre ses mains de titans. Ce fut cependant dans un énorme plateau, en pulvérisant des roches et des maisons et en aplanissant légèrement les environs, que la capitale de Merta se posa avec douceur si on prenait en compte les milliers de tonnes qu’elle représentait. Certes sous le choc, le paysage de la ville vut largement modifiée et de nombreux quartiers s’écroulèrent, les fondations n’étant plus viables sur un terrain accidenté. A plus de mille mètres d’altitude facilement par rapport au niveau tranquille de la mer, le vent soufflait fort entre les pics et le froid, annonciateur d’auteurs plus élevés, régnait déjà en maîtres.

Mais en se posant, fruit d’un système magique hors-du-commun, fruit de trente années de travail de milliers de mage, un pentacle apparut autour de Merta, ayant bien réceptionné la ville. Des lumières rouges et orange tel un magma évanescent, s’échappèrent de fissures taillées il y avait de ça deux décennies, traçant une figure complexe de plusieurs dizaines d’hectares, si bien qu’il fallait bien être aux dernières strates du ciel pour apercevoir la complexité de la figure. Tous ces réseaux de magie s’allumaient progressivement dans un bruit indéfinissable, et finirent toutes vers une paroi d’une montagne si large qu’on ne pouvait facilement en deviner les limites. Les tracés formaient un rond parfait, gigantesque, qui semblaient bel et bien pouvoir laisser des dragons en sortir s’ils venaient à créer un portail.

Ce fut devant cette roche massive que l’équipée des descendants arriva, alors que les lumières terminaient de former l’ultime contour. Erik fut le premier à bouger devant cette magie d’une puissance insondable, et se dépêcha de toucher la paroi de sa main. Une décharge électrique lui parcourut le corps, mais il tint bon, et alors dans sa tête résonna une voix surpuissante ne pouvant venir que d’un être transcendant la condition humaine.

« Qui es-tu pour nous déranger ?!
_ Votre libérateur. »
, répondit-il à voix haute, alors que chacun se demandait bien qui avait pu lui parler. Seule Hely était capable de saisir les pensées du dragon.
« Ouvre donc la porte, et nous nous agenouillerons devant toi. » Ca, il en était persuadé, pensa Erik, demandant confirmation du menton à Hely si elle était prête à pouvoir lancer son sort.

C’était terra incognita maintenant, à eux d’improviser, de s’en sortir… Mais pour le moment, le plan avait si bien fonctionné, la théorie était parfaite. Ils allaient sortir ils ne savaient encore combien de dragons, dix, cent, dix mille, qui pouvait savoir, mais il suffisait déjà d’une dizaine pour représenter une force de frappe que nul Royaume ne saurait égaler : il suffisait d’un dragon seul pour mettre à bas une ville sans réelle difficulté. Et ils ne savaient pas ce que voulait dire la seconde Mara à propos de ce Grima, mais ils étaient certains qu’ils n’étaient pas avec les autres dragons, il était ailleurs, perdu dans des dimensions démoniaques où les anciens héros l’avaient enfermés via l’Emblème du Feu.

Erik n’eut même pas besoin de lancer un sort pour invoquer les dragons, le pentacle magique qui se nourrissait de la magie contenue dans le palais était automatique. Il fallait juste attendre un peu… Un trou rouge commença à pointer au milieu du cercle magique, sur la roche. Il allait s’étendre au fur et à mesure et dès qu’il serait à la taille du périmètre des lumières, le portail serait ouvert… et Hely pourrait lancer sa magie.

__

Le haut de mes hanches, ma colonne vertébrale, mon corps de façon générale, avaient été remplacé par des cubes de chardons ardents, qui me brûlaient les os et les organes et les muscles dès que je voulais ne serait-ce que trembler.

J’étais perdu dans une semi-inconscience, comme dans un rêve, et je sentais qu’on se pressait autour de moi et qu’on me faisait mal, mal, mal à répétition. Heureusement, je n’étais que spectateur de la douleur, la ressentant plus par empathie pour mon propre corps que la ressentant directement.

Mais j’étais crevé, imprégné de fatigué, pétri de douleur, condamné à l’immobilisme. Me sentais aspiré au fur et à mesure… j’étais de plus en plus petit dans mon esprit, un petit corps obscur dans un espace de néant. Sasha parlait aussi, j’entendais les mots et ne les comprenais pas.

« Je fais tout mon possible pour que le portail ne draine pas la magie d’Olivie, mais ça ne les retardera pas jusqu’à la nuit des temps. Et je suis la seule à pouvoir sauver Ed… » Ah, Ed, ça parlait de moi. « Si vous me libérez avec l’aide de Folichon, le portail ne mettra que dix minutes à s’ouvrir, mais si je ne sors pas d’ici, Ed risque de mourir. Il faut que vous vous teniez prêts à agir… Mara, la responsabilité te revient : à toi de voir ce que nous sommes capables de faire ou non… » Puis dans un soupçon de voie mentale : « A toi aussi de décider si tu es d’accord avec eux ou non… » J’entendais les gens gueuler autour, Robin certainement, des exclamations, mais Sasha continua : « Nous n’avons pas le droit de parler, mon frère, si nous sommes effectivement coupables de ce dont les enfants nous accusent. C’est maintenant à Mara de décider qui soutenir. Je remets ma décision entre tes mains, tu peux nous aider à savoir ce qui est juste, ou non. »

__

La bataille dans les monts tournaient court pour les défenseurs : sans les meilleurs éléments qui s’étaient accaparés les Sacralis, sans le charisme des meneurs, et avec la certitude que ce n’étaient plus sur leurs épaules que se jouait le destin du monde, la fougue des soldats diminuait petit à petit sous des assauts toujours plus incessants. Anaka essayait malgré sa fatigue de diriger encore les troupes après les instructions de Mara, mais elle ne pouvait pas jouer la stratège aussi facilement.

Alors petit à petit, les soldats étaient acculés, petit à petit, ils périssaient, les fronts, reculant, se mirent à se confondre en un seul point autour des blessés qu’ils défendaient chèrement… Mais la volonté était morte, la fatigue l’emportait, et peu à peu, quand ils étaient parfaitement encerclés, les bestioles s’arrêtèrent d’avancer, mues par un commandement silencieux. Les défenseurs attendaient que quelque chose se passe… et après trois minutes, ils purent voir le chef ennemi, cet empereur des ombres sur son cheval de brumes ténébreuses, s’avancer vers eux, sans crainte, casqué si bien que nul ne pouvait entrevoir son visage. Il rugit alors si bien que tout le monde pouvait l’entendre :

« Votre bataille est maintenant perdue d’avance. Je vous permets de vous rendre. Nous ne vous attaquerons plus, et vous serez aussi bien traités qu’on puisse le faire avec des prisonniers. Vous avez combattu avec courage et noué des alliances incroyables, vous accréditant d’un mérite certain, que je ne saurais ignorer. Je vous demanderai en contrepartie, de nommer tous vos généraux et de les faire s’avancer jusqu’ici. Ce seront les seules exécutions que je me permettrais. »
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MessageSujet: Re: Le Pins du Feu [PV Mara] Le Pins du Feu     [PV Mara] - Page 4 EmptyMar 25 Oct 2016 - 18:45

La tension régnait dans les restes fragmentés de l'armée cernée par les ombres. L'ultimatum du Roi sombre planait au dessus de leurs têtes comme une malédiction, et peu espérait sincèrement sortir d'ici en vie. Une véritable sensation d'échec pleine d'amertume siégeait au fond de chaque gorge, souvent entourée du goût aigre de la peur.

Tout ça pour ça.

Telle était l'unique pensée qui finissait d'abattre moralement la petite centaine qui tenait encore debout, une arme entre les mains. Les blessés semblaient innombrables, et les gémissements de douleurs qui montaient depuis les zones de soin brisaient le silence, comme une réponse à eux seuls. Ils ne pourraient pas se battre, c'était fini. Les quelques bons éléments à être restés étaient soient à bout de force, soit conscients que leur sacrifice ne mènerait à rien. Et le cavalier noir observait ce spectacle d'un air impassible, ne semblant pas porter le moindre intérêt aux regards emplis de haine, de pitié ou d'appréhension qui montaient jusqu'à lui.

La rage insoutenable qui avait alimenté Tonio durant cette bataille s'était peu à peu amoindrie. Était-ce car elle était issue de sa magie, qu'il avait utilisé en grande quantité? Ou sa disparition était-elle le résultat d'un sentiment de vengeance légèrement assouvi? Une partie de l'esprit du garçon y songeait, peut-être même envisageait-il la possibilité que cette colère n'ait été générée par Erik, et qu'elle s'amoindrissait à présent que la puissance du sorcier était allouée à une tâche plus ardue. Mais l'attention de l'adolescent était essentiellement dédiée au groupe de vaincus qui lui faisait face. Une fois décapitée, une armée devient impuissante, ne serait-ce que pendant une période donnée. Il n'était plus alors que de la responsabilité du conquérant de tenir ses promesses, pour empêcher les conquis de se rebeller.

C'était son père qui lui avait appris ça. L'armée de Merta appliquait surtout cette méthode contre les révoltes paysannes, dans la mesure où le royaume ne s'attaquait pas vraiment à ses voisins. Du moins, depuis que le père de la fratrie royale était décédé. Tonio avait souvent vu cette manière de faire appliquée, il savait qu'elle fonctionnait, et ce malgré tous les ressentiments des vaincus. C'était une étape par laquelle il fallait passer. Quelque part, il savait qu'il faisait ainsi écho aux actes abjects que le groupe du futur voulait dénoncer, mais n'était-ce pas une manière de les dresser face à leurs propre méfaits, que de leurs infliger leurs propres méthodes?

Il attendit donc patiemment que finissent de se présenter les responsables. Le prince héritier du royaume d'Aniamanti se dressait déjà devant les troupes, une lueur de défi dans son regard fier, malgré les multiples blessures qui le contraignaient à rester dans une position courbée, une main pressée contre ses côtes. Sa monture avait été abattue en plein vol, et son autre bras pendant dans un angle anormal laissait deviner comment s'était terminée sa chute. Un autre général arrivait en boitillant douloureusement, manquant de s'effondrer aux côtés du prince, qui le retint par le bras. Celui-ci semblait dénué de tout semblant de volonté, la tête basse, son expression camouflée par des mèches sales de poussière et de sang.

__________

- Je dois y aller!

- Non, répondit implacablement Weld en retenant Anaka sur sa couchette.

La mage était toujours pâle, vidée de toute puissance magique, peinant à respirer, mais son regard était assez vif pour fusiller le lancier. Ce dernier ne lui rendit qu'une expression fatiguée et dégoûté par la situation, et la femme s'exclama:

- C'est ridicule, tu ne peux pas faire comme si je n'avais pas été une des têtes pensantes, j'ai mené l'un des assauts avec la Princesse Émelia!

- Je vais me gêner.

- Espèce d'imbécile, insista-t-elle, tentant vainement de hausser le ton. Que crois-tu qu'ils vont faire s'ils se rendent compte que tous les gradés ne se sont pas rendu!

- Ce n'est pas la question, soupira-t-il d'un ton bourru. Tu n'étais pas gradée, un point c'est tout. Il n'y a aucune raison de sacrifier plus de vie que nécessaire.

- Car tu trouves vraiment qu'on en est à une vie de plus ou de moins là? cracha-t-elle.

Elle s'agitait de plus en plus fort, toujours plaquée au niveau des épaules par un bras du mentor de Salin qui restait assis à côté d'elle. Il semblait n'avoir aucune difficulté à la retenir, sous les regards des quelques blessés conscients des alentours et des soigneurs épuisés. Finalement, Weld planta son regard dans le sien, avec un air si sérieux qu'il surprit la femme au point de l'immobiliser.

- Anaka, je te connais depuis à peine quelques jours, mais il y a définitivement quelques chose que je comprends pas. Tu donnais l'impression de n'agir que pour toi-même jusque là, tu suivais les autres plus par devoir moral ou par contrainte que par honneur ou sens du sacrifice. Depuis quand tiens-tu tant à mourir?

Un silence s'ensuivit. Pendant un instant, la femme songea à faire comme si ça n'avait rien à voir, qu'il se trompait, à hausser les épaules ou à lui dire qu'il ne la connaissait pas assez pour tirer de telles conclusions. Mais elle était épuisée. Elle se contenta de tourner la tête de l'autre côté et de se taire.

Elle était enceinte. Il n'y avait concrètement aucun moyen d'en être sûre aussi tôt, pas avant au moins quelques jours, mais en y songeant c'était la seule possibilité. Avant même de croiser Hely, elle avait déjà considéré que cette nuit aurait été un moment agréable mais sans suite. C'était évident. Même sans ces histoires de voyages dans le temps qui leur était tombé dessus, l'expérience avec Ed ne se serait sans doute pas reproduite. Si elle devait avoir un enfant avec lui, elle devait donc déjà le porter. Seulement... Elle peinait à se sentir à l'aise avec Hely, avec sa propre fille. Elle n'arrivait simplement pas à lui accorder sa confiance. Quelle genre de mère pouvait-elle être, alors même qu'elle savait déjà quel genre de personne sa fille deviendrait? C'était trop... C'était... Elle avait peur. Elle ne saurait l'expliquer, mais Hely lui faisait peur, et l'idée de la mettre au monde la crispait. C'était vrai, depuis quand tenait-elle tant à mourir? Elle ne savait pas. Sans doute depuis qu'elle avait l'impression que son destin se moquait d'elle et prenait un malin plaisir à lui échapper des mains.

Elle se détendit en peu, toute volonté partie, et Weld relâcha lentement sa prise, restant à côté d'elle pour la surveiller, tout en essayant d'écouter les sons qui provenaient de l'extérieur.

__________

Sir Gaston avait rejoint les deux autres face au chef ennemi et se tenait aussi droit et fier que possible, malgré une balafre qui lui avait pris un œil, plusieurs côtes particulièrement douloureuses et diverses plaies. Il regardait l'ennemi avec la ferme intention d'honorer le nom du Royaume de Merta. Seuls trois gradés avaient survécu, en plus de ceux qui étaient partis dans les cieux. Il espérait que le Prince s'en sortait de son côté et rageait d'avoir échoué lors de cette bataille. Il avait beau constater que les monstres semblaient se multiplier sans fin alors que les humains tombaient comme des mouches, il avait l'amère sensation de se chercher des excuses.

- C'est donc tout? Vous êtes les seuls généraux? souffla le cavalier sombre d'une voix apparemment dénuée de toutes émotions.

Le fils de la reine Dulle répondit par l'affirmative et le chef ennemi fit voler son regard sur les troupes, à la recherche d'un signe montrant le contraire. Mais les énergies qui lui venaient étaient faibles, et aucune ne sortait du lot. Il se contenta dons d'acquiescer en silence et leva lentement se main droite, paume vers le ciel. Au cœur de celle-ci se forma peu à peu un petite sphère composée de faisceaux ténébreux qui tournoyaient lentement. En voyant ce spectacle, le grand chevalier d'Olivie prit la parole:

- Vous semblez respecter les codes d'honneur de la chevalerie, je souhaiterais vous demander une faveur.

Et alors que le Roi sombre tournait son attention vers lui, Gaston planta son regard dans le sien et fit:

- Si je dois mourir, je préfère que ce soit par le fer. Plutôt que d'utiliser la magie, utilisez vous-même votre lame.

__________

Mara ne put s'empêcher de lever un regard légèrement blasé vers la statue de cristal qu'était devenue Sasha. Même sachant qu'elle n'était plus vraiment uniquement dans son ancien corps, la proposition qu'elle leur avait fait lui semblait tellement stupide qu'elle n'était pas vraiment sure de comment réagir. Elle jeta un œil vers les quelques uns qui étaient montés avec elle. Il y avait eu quelques hésitations au début, mais quand les gens avaient compris que sacrifier Ed ne permettait de gagner que quelques heures avant l'arrivée des dragons, les gens s'étaient allignés. Même si leurs troupes de l'autre côté de la chaîne de montagne surmontaient l'armée des ombres, elles ne seraient sans doute pas en état de faire face à une telle menace. Alors au point où ils en étaient, autant récupérer une soigneuse et leur meilleur élément.

À présent, c'était l'autre Mara qui conservait l'épée et son fourreau, et ce fut donc elle qui s'avança vers la princesse. Délicatement, elle apposa sa lame contre le cristal qui se mit à briller à son contact, et la lumière s'étendit sur toute la surface, illuminant la petite salle où ils se trouvaient. Le flash dura plusieurs seconde et fut accompagné d'un parfait silence. Finalement, il s'apaisa doucement, révélant une silhouette qui commençait à se mouvoir. Robin fut le plus rapide, se précipitant pour rattraper sa sœur qui chutait. La prenant dans ses bras, il la serra contre lui pendant quelques secondes avant de relâcher son étreinte et de l'aider à s'asseoir. La jeune princesse semblait peiner à retrouver ses repères, clignant des yeux et frottant ses mains entre elles. Son frère lui demanda d'un ton inquiet:

- Sasha, ça va...?

- Oui... répondit-elle d'une voix légèrement enrouée. On... On n'a pas de temps à perdre... Où est Edffry?

On lui indiqua la direction du Voyageur allongé sur le ventre et elle s'avança péniblement vers lui, malgré le soutien du prince. Remerciant la première Mara qui lui tendait un bâton de soin, elle regarda la plaie de l'homme vaguement bandée d'un air plein de pitié. Le retirant le plus délicatement possible, elle approcha son bâton et ferma les yeux. Approchant la main de la plaie, sa magie commença à luire et chacun put assister au rétablissement d'Ed. Les quelques grognements que lâchait inconsciemment ce dernier laissaient deviner que ce n'était pas de tout repos, et Sasha se justifia d'une voix encore un peu faible en faisant remarquer qu'il n'était pas passé loin. La guérison dut prendre environ une minute, si bien que dès que la soigneuse retira ses mains du blessé, ceux qui étaient là étaient prêt à partir. Robin prit sa sœur sur son dos, tandis que les deux Mara se saisissaient de l'homme encore inconscient.

La sensation de course contre la montre était belle et bien présente. La bande eut rapidement fait de rejoindre le reste du groupe, resté à l'écart du passage secret, et Simmons se saisit du Voyageur. Tous se dépêchèrent d'atteindre la sortie du palais, puis d'évoluer dans la ville malgré les éboulements provoqués par l'atterrissage de la cité. Il avançaient le plus vite possible le long de l'avenue principale d'Olivie, voyant pour toute horizon une immense chaîne montagneuse. Et sur toute la surface de cette paroi rocheuse se formait un disque lumineux qui donnait une étrange impression de profondeur... Le tout ne pouvait que dégager une impression inquiétante, mais les quelques-uns qui savaient ce qui attendait de l'autre côté ressentaient en plus une terrible sensation d'abattement.

La plupart disait qu'il fallait arrêter le groupe ennemi, interrompre leur invocation, mais les dirigeants de Merta savaient que c'était inutile et les futurs parents étaient encore incapables de se résoudre à la violence contre eux. De plus, le temps filaient vite, bien plus vite que l'escadron ne progressait dans la ville. Il n'étaient pas encore sortis d'Olivie, que déjà le disque se s'assombrissaient et que s'y démarquaient des silhouettes ailées. Bon, au moins un coup d’œil confirma à la double de Mara que tout n'était pas intégralement perdu, puisque Ed semblait reprendre conscience, mais... Disons que l'espoir ne volaient pas bien haut non plus. La preuve en était que le groupe courrait un peu moins vite à présent.

La création de l'épée savait qu'elle avait encore un tour à jouer. Après tout, un Artefact lié à un Royaume, mais suffisamment puissant pour créer une entité possédant des détails issus de l'extérieur... ça ne pouvait pas être un Artefact vraiment basique, n'est-ce pas? Cette épée était plus qu'une arme magie, c'était une divinité. Une entité qui avait accepté de sacrifier une partie de sa conscience et son instinct de paix pour devenir une arme capable de contrer Grima. Une épée qui, entre les mains de sa manieuse, pouvait donner à celle-ci sa forme originelle. Seulement...

Ladite manieuse passa sa main contre sa nuque et serra les dents. Quelque part, elle se détestait de ne pas pouvoir prendre immédiatement cette forme. Pas qu'elle en soit incapable, loin de là: la simple présence des dragons suffisait pour autoriser l'activation de ce sort. Seulement, elle-même était affaiblie: s'être dévouée à la place de Sasha pour devenir le cristal, dans l'univers d'où elle venait, avait été un tel acte d'altruisme qu'elle avait frôlé la mort. À présent, compte tenu de l'immense aide qu'apporterait cette forme draconique, il va sans dire qu'il serait bien plus confortable pour la santé de la seconde Mara de ne rien faire, mais ça serait aller à l'encontre de de l'instinct fondamental ancré en elle. Peut-être même que ça aurait été plus confortable de voler l'épée à son modèle, un peu plus tôt, mais elle se rassurait en^se disant qu'en agissant ainsi, elle se serait retrouvé avec tout le monde sur le dos. Ainsi, la seule solution qui lui restait était de se transformer le plus tard possible, et de préférence à un moment ou ça passerait pour le plus pur pragmatisme.

Profitant que le groupe cessait de courir pour regarder le spectacle d'un air ahuri, la clone fit glisser sa main de sa nuque à son cœur et ferma un instant les yeux, respirant profondément. Les dents toujours serrées, faisant tout pour évacuer toute idée d'action sympathique envers autrui, elle jura mentalement, pour la énième fois.
Foutu Crazy.
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MessageSujet: Re: Le Pins du Feu [PV Mara] Le Pins du Feu     [PV Mara] - Page 4 EmptyJeu 27 Oct 2016 - 0:49
  La sensation de guérir était toujours, généralement, linéairement agréable, car quand vous aviez passé le stade critique de la douleur et de la fatigue (physique ou morale), vous saviez que la maladie ou la blessure allait peu à peu disparaître pour que vous recouvriez vos forces d’origine. Là, ce fut cette courbe inversée… mais bien plus rapide. Du néant je passais aux couleurs ; de la souffrance, à l’apaisement ; de la fatigue au réveil… Il ne fallut quelques milliers de secondes évanescentes.

  J’étais tout de même trimballé comme un sac par une ou deux personnes (désolé, tête encore lourde), et ce fut au mesure et à mesure de la redécouverte de mes sensations que je me souvenais d’où on était et de la masse des soucis qui nous encombraient les épaules. J’avais mi-somnolé pendant les premières phrases de la trahison, mais à ma demande, Emelia se dépêcha de me refaire un terrible résumé des événements passés, et ce fut en me pinçant les lèvres, et en retrouvant le plancher des vaches, que je subis les pires moments… Et bah putain… Ouais, à voir les tronches des autres, c’était obligé… Personne n’avait envie de combattre ses propres enfants. Tout le monde fonçait pour faire bonne mesure à leur morale ou aux livres d’histoire, mais aucun ne se sentait pressé de frapper la chair de leur chair. Je pouvais presque les comprendre... Voir Robin avec cette tête, des plus fragiles les joues rouges, sans comprendre, quelques-uns qui essayaient de se persuader que non, ils seraient capables de se battre en priant que leur corps en serait capable, en retrouvant les visages de la progéniture. Ah putain, c’était génial… Jamais je ne m’étais retrouvé dans une situation semblable, avec des alliés qui ne pouvaient décemment affronter les ennemis.

  Le ciel, comme rouge de sang et de magie, nous accompagnait aux bordures de la ville où un immense portail de lumière et bourré de maléfices semblait vriller de plus en plus vite. La porte pour faire sortir les dragons de leur tombe, j’imaginais. Elle semblait luire de plus en plus, émettant un bourdonnement indescriptible, tel un tremblement de terre dans les cieux, dans les sentiments, quelque chose qui semblait menaçant, tout-puissant… Je n’arrivais pas encore à imaginer que j’avais failli perdre la vie tout à l’heure (ça me frapperait plus tard, l’adrénaline retombé et le chapitre bouclé), mais là, je commençais à se dire que quelque chose, malgré ma nouvelle force physique, allait être plus grosse que moi.

  Nous nous arrêtâmes, à une cinquantaine de mètres du groupe des gosses, future génération, alors que le portail émettait des éclairs terrifiants, en signe de conclusion de la fin du monde. Il était terminé, abouti, il ne grossissait plus et on devinait déjà l’aura qui se cachait derrière cette porte, d’une énergie si étrange, si puissante, que j’étais incapable de pouvoir l’identifier… elle était mystique, à tomber, à faire peur. ET MERDE !!!

« La porte est terminée ! La bataille aussi… » nous cria Erik depuis sa position après qu’il eut retiré sa main de la paroi devenue pure magie. « Nous n’avons plus de raisons de nous battre.
NOUS ARRIVONS, HUMAIN !!!

  Tout le monde fut surpris de cette voix, qui ne semblait pas tant venir de la roche que de l’espace tout autour de nous, mais il était indéniable qu’elle n’était pas humaine, et qu’elle pouvait ravager n’importe quoi rien qu’en hurlant. Et puis juste après, alors que tout le monde s’attendait à ce que le monde explose sous la densité d’énergie… le portail explosa dans un grondement cataclysmique, dont l’onde de choc fit trébucher tous ceux qui en étaient trop proches. Et enfin, quelque chose en sortit.
  Sauf que ce n’était pas du tout un dragon.

__

  Une monture avait été préparé pour Gaston. Une monture, un minimum d’armure, pas plus que ce que s’autorisaient les chevaliers dans des joutes illégales, d’entraînement, et il avait obtenu un bouclier usé mille fois par la bataille ainsi qu’une lance trempée dans du sang séché. Un énorme duel aurait lieu, le chef du seigneur des ombres, cet empereur maudit que personne ne connaissait, face au plus puissant chevalier de tout Merta, et donc peut-être, du monde. Gaston n’avait pas de casque, on ne le lui avait pas autorisé à en porter, et de toute manière, il ne l’avait même pas demandé : sans casque, il se sentait libre. Il pourrait laisser parler sa technique. Il ne se demanda pas s’il avait une chance de vaincre cet adversaire terrifiant, sorti des enfers. Gaston avait trop d’expérience, trop de force, trop de combats derrière lui pour ne pas avoir à se poser la question : il avait toujours une chance. C’était obligé. Un général ne se mesurait pas à la quantité d’hommes qu’il avait sous son commandement… peut-être moins à leur nature, se rattrapa-t-il en reconsidérant les bêtes immenses qui formaient une arène ovale étirée où la vitesse des chevaux pourrait s’exprimer.

  Il était en place, bien en selle, la bride tenue par une main, et Gaston regarda son adversaire : le chef ennemi était peut-être plus petit qu’il ne l’imaginait, mais son armure, ainsi que son cheval fait de ténèbres, tronquaient sa véritable taille. Il était en tout cas muni d’une épée d’obsidienne et d’un bouclier tout aussi sombre. Les deux se tinrent prêts, aucun arbitre ou dame ou trompette n’allait lancer l’assaut. Alors dès qu’ils se rendirent compte que l’adversaire en-face était prêt, sans échanger un seul mot ou un seul geste, ils se laissèrent quelques respirations… avant que Gaston ne lance le premier assaut.

  Les deux chevaux se frôlèrent sans que leurs deux cavaliers, sous cette première joute, ne tombe à terre. Ce premier échange (où chacun para le coup de l'autre par le bouclier), rassura considérablement Gaston qui s’était rendu compte que malgré la technique de son adversaire, sa force n’était pas aussi surhumaine qu’espérée. Il était très costaud et savait manier ses armes, mais Gaston sentait que cet adversaire pouvait être vaincu. Il n’avait nulle idée du sort qui lui serait réservé même en cas de victoire, mais s’il avait vécu par la lame, il voulait au moins mener un dernier combat qui clôturerait d’une magnifique manière sa vie.

  Les deux chevaux firent demi-tour, et les armes se fracassèrent à nouveau contre les parois des boucliers. Alors les cavaliers fonçaient à nouveau, fonçaient à nouveau, les sabots sur le plateau éclatant les roches, mais aucun ne parvenait à prendre le dessus de l’autre. Contrairement aux témoins de la scène, ce n’était pas exactement parce qu’ils étaient de forces égales. Gaston, lui, dès le huitième échange, surpris que le combat dure autant, se rendit alors compte de la supercherie. Non, ils n’étaient pas forcément complètement égaux… ils avaient juste la même façon de se battre. Il testa alors plusieurs coups pour tester la défense de son adversaire, et se laissa attaquer, jusqu’à ce que cela lui parut clair au bout du quatorzième tour où ils s’étaient à peine égratignés l’un l’autre.

  Alors que les montures étaient prêtes à retourner à l’assaut, supportant deux chevaliers lourds, Gaston lança à son adversaire :

« Tu es Tonio ! » Il arrêta son propre cheval, le forçant à rester immobile. Sous ce nom, comme accusé d’un méfait plus grave encore que de menacer le monde, le chevalier noir s’immobilisa à son tour. « TU ES TONIO, N’EST-CE PAS ?! » Gaston se mit à renifler, passa son gant de métal pour essuyer quelque chose qui aurait pu être de la morve, et devant l’indécision de son adversaire, le grand chevalier olivien jeta sa lance au sol. « QU’EST-CE QU’ILS T’ONT FAIT ?! » Sa voix était déchirée. Il descendit de son cheval et ce fut sur ses jambes qu’il traversa le terrain, se retenant de pleurer face à l’armée infinie des ombres, qui n’essaya même pas de l’attaquer ou de le retenir. Il se retrouva alors aux pieds de la monture de l’empereur et hurla : « Si c’est toi, mon garçon, descends de là, et viens dans mes bras ! » Un petit silence avant une réponse fluette.
« Je suis désolé, père. » C’était bel et bien la voix de Tonio. Non camouflé par des subterfuges magiques… juste la voix d’un enfant qui grandissait, emplie d’une tristesse insondable comme s’il venait de se réveiller du pire des cauchemars. « Je suis tellement désolé. » Il pleurait. Mais il n’osait pas descendre du cheval.

__

  Ça avait bien la forme d’un dragon, oui, mais ça n’en était pas un, c’était impossible. L’aura qui le recouvrait n’avait rien à voir avec l’impérialité de ces majestueuses créatures. Ce qui arriva fut plutôt une sorte de squelette de dragon. Assez massif tout de même, il faisait cinq mètres de haut, trente de longueur queue comprises, et l’envergure était difficile à mesurer entre les os qui ressortaient, et la peau pourrie qui semblait vouloir dégager là et là. C’était comme un dragon-zombie. Et avant même que les enfants, complètement perturbés, ne comprennent ce qu’il se passait, trois autres en sortaient déjà, sans rien dire de plus que la voix étouffante qui nous avait prévenus. Puis trois autres dragons, plus ou moins abîmés par le temps, en décomposition. Erik lui-même semblait être troublé par ces apparitions, ils devaient imaginer dans sa tête qu’il allait pouvoir contrôler des créatures de légende dont la beauté les honorait tout autant que leur puissance. Et ben, c’était perdu. Mais lui aussi devait ressentir le côté malsain de la scène alors que c’était maintenant une vingtaine de dragons qui étaient sortis de la porte, et qui commençaient tranquillement à prendre leurs aises sur terre ou dans les airs, voletant autour de la scène comme une bande de requins démoniaques.

« Hely… ? » demanda Erik, pour voir si elle aussi trouvait ça normal. Mais Hely ne répondait pas, elle regardait tous les dragons étranges, comme sortis d’un cimetière, animés par quelque chose de grotesque. « Hely, tu comprends ce qu’il se passe ? »
MERCI POUR L’ENERGIE

  Une sorte d’énorme boum fit gronder non pas les environs, mais l’entièreté de la chaîne de montagnes. Des roches s’écroulèrent, peut-être que des avalanches au loin se déclenchèrent sous ce spasme marmoréen. C’était quelque chose de terrible qui se tramait.

« Désolé Erik. Je n’ai jamais voulu contrôler le monde. » Elle avait l’emblème du feu en main, et les cinq perles dans l’autre ; personne ne savait quand elle se les était toutes accaparées. Et elle lança ces dernières en l’air de son bras. Chacune des perles de l’emblème fut avalée par un dragon différent, alors que la porte avait recraché le dernier lézard morbide, amenant leur nombre final à une trentaine. Une trentaine d’énormes bestioles maudites qui nous encerclaient tous dangereusement. « Longue vie à Grima. »
MERCI, PETITE
IL EST TEMPS DE ME REVEILLER
IL EST TEMPS DE ME REVEILLER DE MON LONG SOMMEIL
ET D’ECRASER A NOUVEAU LES ÂGES DES HOMMES


  Et à nouveau, la terre trembla dans des craquements terrifiants.

« C’est une blague…
_ Ne me dîtes pas que…
_ Si, si… »
, achevais-je en lorgnant de tous les horizons. « Grima est la chaîne de montagnes gigantesque. » Normal shit.

  Les trente dragons, en vol serré, se serraient, signe qu’ils allaient bientôt tous nous attaquer, que ce furent notre groupe, ou celui des enfants, indécis, et j’imaginais malgré la distance, complètement stupéfaits de cette trahison d’Hely. Chacun son tour. Tout le monde était trop horrifié par le spectacle pour réagir ou prendre une décision. Il était temps que les Voyageurs prennent le cours des choses, nous étions habitués à ce que la situation tourne au vinaigre.

« Mara, elle a dispersé l’emblème du feu, ça veut dire qu’il pourrait être assez puissant pour empêcher le réveil de Grima. Tous ces cons vont n’écouter que toi, essaie de récupérer les perles. Moi, si tu me le permets, je vais attaquer ma fille. » Hely venait tout juste de s’être transformée en dragons, certes plus fins que ses homologues zombifiés, mais avec une impression de force décuplée. L’emblème du feu, dans la transformation, n’était devenu qu’une de ses écailles brillantes, entourées d’écailles complètement noires qui semblaient absorber la lumière. Elle avait planifié ça depuis combien de temps ? Jusqu'où les avait-elle manipulés, pour qu'ils suivent tous son plan ? « Oh oui, elle a bien besoin d’une fessée. »

  Et à moi d’agripper mon panneau de signalisation d’une main ferme… et à Hely sous forme de dragon démoniaque de me plonger dessus, toutes griffes dehors, tel un torrent de ténèbres hurlant. Je bloquais la mâchoire avec mon panneau de signalisation, mais fus emporté par son élan jusque dans la ville où nous traversâmes un, puis deux, puis trois maisons qui explosèrent sous le choc.
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Mara Leros
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MessageSujet: Re: Le Pins du Feu [PV Mara] Le Pins du Feu     [PV Mara] - Page 4 EmptyVen 11 Nov 2016 - 16:59

C'était quelque chose de surréaliste qui se jouait sous leurs yeux, alors que la trentaine des reptiles décomposés et menaçants volaient au dessus de leur tête et qu'un grondement venu du fond des Âges et du sol montait jusqu'à eux. Ed s'était dressé le premier face à la menace, entre autres car ladite menace avait piqué dans sa direction avec une violence et une colère difficile à justifier. Volant au loin, aux prises avec sa fille, il laissait à l'armée le soin de s'occuper des autres dragons ressuscités. Jusqu'à ce que ce qui semblait être Grima ne s'éveille, et alors Mara imaginait sans le moindre problème qu'ils n'auraient plus la moindre micro-chance de survie. Elle se trompait peut-être après tout, mais... ça avait un peu l'air d'être du bon sens quand même.

Bon, ne pas penser à ce qu'il s'était passé plus tôt, ou du moins essayer... Peut-être même que les enfants du futurs pouvaient les aider, et sa clone devait penser pareil vu qu'elle s'avançait déjà vers Erik. Mais en attendant ils avaient juste une petite armée effrayée face à une nuée de dragons. Elle avait peur bien sûr, mais à vrai dire, ça commençait à faire un moment que cette peur l'emplissait. Ça avait commencé quelques heures plus tôt, alors qu'ils partaient pour la bataille des ombres, et entre l'arrivée de l'armée, les retournements de situation, l'arrivée dans le ciel, la prise de conscience des informations... Autant dire que son cœur n'avait pas vraiment eut d'occasion de se détendre. Du coup, ses battements frénétiques semblaient être devenu un état normal pour le corps de la fillette qui luttait contre l'épuisement à grands coups d'adrénaline.

Ainsi, elle avait peur mais son instinct de survie reprenait le dessus. Elle ne voulait pas mourir, et le moyen le plus efficace de rester en vie était tout de même d'éliminer la menace. Allez Mara, un dernier combat, une dernière et épique bataille, et tout sera terminé. Et peu importait la fin, pour peu qu'au réveil, toutes ces préoccupations qui la rongeaient n'aient disparu.

~~~~~~~~~~~~~

La porteuse de Folichon s'approchait du Sorcier, le regard dur et déterminé. L'incertitude n'était plus permise, il fallait aller de l'avant pour sauver ce qui pouvait encore l'être. Ce dernier regardait les dragons voler, décomposé. Pour la première fois depuis qu'il était arrivé dans ce monde, il avait l'impression que tout lui échappait. Il laissa s'échapper dans un souffle, peut-être conscient de la présence de l'avatar derrière lui:

- Je ne pensais pas... Je n'imaginais pas... Pas comme ça...

- Ce n'était pas faute d'avoir prévenu, fit durement tomber la seconde Mara dans son dos, le faisant enfin se retourner. On en est donc là, Grima se réveille car les dragons qu'il avait dévoré pour asseoir son règne s'échappent de lui. Ce sont vos propres légendes qui le clamaient, comment pouvez-vous dire que vous n'étiez pas au courant? Que vous ne l'aviez pas même envisagé?

Il la regarda, gardant le silence. Autour de lui, les différents membres de son groupe lançaient des coups d’œil inquiets dans sa direction ou vers le ciel. Il parla encore, l'air absent, incapable de comprendre où il en était:

- Elle était comme une sœur pour nous... Quand... Comment...?

- Erik! L'appel claqua presque aussi violemment que le coup de poing qu'Alette assena dans le dos de son leader. Reprends-toi!

Elle saisit le col du magicien, et voyant qu'il avait encore un air légèrement hagard, elle lui assena une gifle magistrale. Enfin, le forçant à la regarder dans les yeux, elle cracha:

- Sors de ton monde, arrête d'être aussi naïf et admet l'évidence! Hely s'est foutue de nous! Je sais pas depuis combien de temps Grima est son objectif, si ça date d'avant qu'on ne la rencontre, ou quoi, mais il faut faire quelque chose. Elle se tourna à demi vers la seconde Mara, lui lançant un regard mauvais, et dit à son attention: Je ne t'aime pas, tu as volé l'héritage de notre famille. Folichon aurait du être mienne, mais cette Mara a brisé la lignée en la prenant à mon père. Mais je ne suis pas stupide. Elle se détourna de nouveau vers l'aîné. Si nous voulons sauver ce monde, il nous faut lutter contre Grima, il faut nous allier. Quitte à trouver après une autre méthode pour changer ce monde, mais il faut se rendre à l'évidence: notre idée est vouée à l'échec à présent.

Erik semblait de nouveau avoir recouvré ses moyens, et il se contentait à présent de regarder son interlocutrice sans piper mot. Nils prit la parole d'un air songeur puis d'un ton aigre:

- Peut-être même l'a-t-elle toujours été. Hely avait soumis ce dessein et avait tout organisé, mais elle devait sans doute nous manipuler pour arriver à ses fins... Je suis dégoûté.

Derrière lui, Marine grinçait des dents, son poing rageusement fermé autour du pommeau de son épée, l'autre bras sur l'épaule de son jeune frère qui fixait le ciel avec effarement. Valeau s'approcha de la fille de Robin, posant sa main sur la sienne comme pour essayer de la détendre, mais lui-même fixait le ciel avec rage. Enfin, une voix douce s'éleva d'un ton inquiet: celle d'Agathe, l'enfant de Salin et de la fille de Dulle.

- Erik... Tu n'avais pas envoyé Tonio au front pour aider son alter ego et l'armée des ombres...?

- ... il ne dit rien en se tournant vers sa cousine, et souffla enfin: Oui... je pensais qu'on n'aurait plus besoin de son aide ici...

~~~~~~~~~~~~~


- Tonio, reprends-toi! N'oublie ce que l'on t'a dis!

Le père et le fils se tournèrent vers la voix, le second bien plus brusquement que le premier, et tout deux purent voir les ombres s'écarter respectueusement pour laisser passer une grande silhouette. Quand celui-ci s'arrêta finalement, il était à quelques mètres de Gaston, le regardant d'un air neutre, campé sur ses deux jambes. Il se tenait droit, son armure partielle rutilante le protégeant efficacement tout en lui laissant une liberté de mouvement totale. Même si quelques cicatrices étaient visibles sur son corps, il restait dans un état infiniment meilleur que le chevalier qui lui faisait à présent face, toujours aussi blessé. Et qui tressaillit en entendant la voix de son fils derrière lui souffler:

- Oui, je sais...

- Qui es-tu! cracha brutalement le mentor de Robin. Qu'as-tu fais à mon fils!

Il était désorienté. La posture et le visage du bretteur qui venait d'arriver lui étaient terriblement familiers, mais il était persuadé de n'avoir jamais croisé cette personne. Il ne comprenait pas, était-ce de la magie? Était-ce comme ça qu'il avait réussi à manipuler son garçon? Mais il ne poussa pas la réflexion plus loin, car l'inconnu venait de dégainer son épée. Le suintement métallique qui monta jusqu'à lui fit naître un frisson dans son dos, comme un pressentiment. Mais il comprit le signal et en lançant un regard en biais à la lance qu'il avait jeté plus loin, il dégaina l'épée qui pendait à sa ceinture et brandit la lame rougie et presque émoussée par la bataille devant lui. Son adversaire s'adressa enfin à lui, tenant simplement son arme sans se mettre en garde:

- Je lui ai simplement parlé, raconté mon expérience. Son visage se durcit. Étrange comme la vérité peut transformer les opinions d'une personne, n'est-ce pas?

- Qu'est-ce que...?

- Voyons si cela fonctionne aussi avec toi. Il commença à marcher lentement vers lui. Je suis le fils de deux soldats, un chevalier et une épéiste, tous deux des combattants émérites qui servaient aussi fièrement que fidèlement leurs Seigneurs. Ils exécutaient leurs moindres ordres sans un instant les remettre en question, effectuant les pire atrocités, les actes les plus immoraux avec la satisfaction du travail bien fait, à défaut d'y prendre un réel plaisir sadique. Et c'est ainsi que j'ai été élevé, que j'appris à combattre, que j'assimilai leurs "valeurs". Il se tenait à présent à quelques centimètres de la pointe de l'épée de Gaston, et ce dernier aurait pu l'abattre d'un coup s'il l'avait voulu. Il continua froidement: Il me fallut près de dix ans pour m'en rendre réellement compte. Dix ans de guerres, de massacres et de désespoir où je vis tous mes proches disparaître. Dix ans pour comprendre que tout ceci était de leur faute. Que cette vague de violence n'était que le résultat d'une obéissance aveugle à des Roi aveugles, que cette inconscience de la réalité avait mis des centaines de peuples à feu et à sang. Il ne me restait que l'amertume. Que l'amertume et une jeune amie qui me soutenait. Et nous avons décidé de mettre nos anciennes légendes à l'épreuve, de voir si elles détenaient un fond de vérité, ou si elles n'étaient que fiction. Nous avons cherché un moyen, et il nous a fallu encore cinq ans pour le mettre en œuvre. Et il a fallu, comble de l'ironie, que ce soit aux côtés des derniers héritiers de ces fameuses lignés qui avaient détruit le monde par l'argent et par les armes. Mais peu importait, nous atteignions notre but et nous sommes donc revenus à cette époque, où tout est encore possible.

Un violent tremblement de terre secoua d'un coup la zone, agrémenté d'un grondement semblant venir tout droit de l'enfer. L'épéiste se servit de son épée pour ne pas tomber, mais Gaston fut forcé de mettre un genou à terre, le visage livide, tandis que les chevaux ruaient. Plusieurs éboulement dévalèrent les pics de la chaîne de montagne, mais l'inconnu n'y porta aucune attention. Enfin, il saisit son pommeau de sa seconde main, fléchit les jambes et brandit la lame en biais devant lui. D'une voix légèrement plus sombre, il souffla:

- Peut-être avais-je sous-estimé la haine qui s'était développé en moi au fil de ces années. Mais ce qui est fait est fait. Il ne reste plus à présent qu'à voir si l'union des peuples face à Grima n'était que le fruit de l'imagination des poètes. Quand à moi, il me reste une dernière chose à régler pour aider Tonio.

Gaston se redressa difficilement, grimaçant sous l'effet de ses blessures, et regarda la posture de son adversaire. Il ne savait plus quoi penser, cette affaire devenait bien trop personnelle pour qu'il puisse réfléchir posément. Il avait compris qui lui faisait face, la technique ne mentait pas. Au fond de lui, il ressentait une petite tristesse à l'idée que son fils ait bel et bien finit par suivre les trace de sa mère plutôt que celles de son père, mais cette tristesse était bien trop enfouie pour qu'il ne lui prête de réelle attention. Pour l'instant, il se contenta de lever difficilement son épée.

~~~~~~~~~~~~~

La jeune Voyageuse regarda sa double la rejoindre, l'air déterminé. Elle lui annonça que le groupe du futur les aiderait à se battre, mais que leur plus puissant guerrier (qui s'avérait être le Tonio du futur) était allé sur l'autre champs de bataille avant l'ouverture du portail. Tous espéraient qu'en voyant la montagne trembler avec le réveil de Grima, il ne se rende compte qu'il y avait un problème... Mais ce front-ci allait devoir se passer de son aide.

L'objectif était clair en tous cas: il fallait survivre aux dragons et faire son possible pour récupérer les perles de puissance. Sans elles, impossible de refermer le sceau du titan ou simplement de rendre Folichon efficace contre lui. Sauf que les perles se cachaient dans certains dragons et ils avaient beau être presque entièrement décomposés, il semblait impossible de les repérer. Sauf que... Marine, l'aînée de Robin, attira l'attention sur son jeune frère. Apparemment, avec de la concentration, ce dernier pourrait peut-être les repérer... La petite Stratège ne disait pas non à un tel avantage, pour peu qu'il fonctionne. Ainsi, elle commença à imaginer un schéma de bataille. Ils étaient attaqués par le ciel par des montres volants, mais il lui semblait que dans ce monde, tout ou presque pouvait mourir tant qu'un tapait assez fort dessus. Il fallait déjà voir à quel point ils étaient solides.

Pour l'instant, l'armée profitait des ossements qui jonchaient le cimetière pour se protéger des attaques aériennes, les archers parvenant un peu à repousser les assauts des monstres volants, mais l'un des squelettes qui servait de protection s'était déjà effondré sous le harcèlement des reptiles ressuscités. Ils avaient donc une solution de protection, mais temporaire. Elle songea un peu à la ville, mais la plupart des bâtiments faciles d'accès s'étaient effondré pendant l'atterrissage. D'autant plus que vu l'état de la ville, s'y réfugier deviendrait vite handicapant face à une menace volante, autant rester sur la plaine. Sans oublier que si les unités à distance pouvaient se débrouiller, celles au corps à corps étaient un peu démunies. Pour que tout le monde puisse se rendre utile, le meilleur moyen restait sans doute de faire se crasher certains dragons pour que les guerriers puissent les achever. L'enfant serra de nouveau les dents à la pensée d'Hely, qui aurait été un tel atout dans cette bataille si elle ne les avait pas trahi...

Son attention fut brièvement attirée par la chaîne de montagnes qui trembla de nouveau, mais elle fut rapidement ramenée à la menace principale par sa copie qui la projeta au sol, la protégeant du piqué de l'un des dragons. Mara pesta mentalement contre son pouvoir trop faible pour contrôler ces créatures, elle ne pouvait même pas comprendre ce qu'elles disaient. Mais au moins, elles semblaient avoir un comportement assez prévisible et vue la puissance de leurs assauts, ces créatures n'étaient pas infiniment plus fortes qu'elle. Ou alors c'était juste qu'elles se réveillaient à peine, auquel cas la petite armée avait vraiment intérêt à s'en occuper le plus vite possible.

Ainsi, enfin décidée, Mara fit part de sa stratégie aux combattants les plus proches, qui se dépêchèrent de la communiquer aux autres. Les enfants du futur qui les rejoignaient étaient au nombre de sept. Naturellement, Erik était un puissant sorcier et les talents à l'archerie de Valeau étaient un atout indéniable, mais une autre agréable surprise était Marine, qui appela d'un sifflement un magnifique pégase doté d'une corne. Si son jeune frère savait manier l'épée, Mara préférait quand même qu'il reste en sécurité pour chercher les points faibles des ennemis ou ceux qui gardaient les perles. Elle se fit la remarque que connaissant ce monde, il ferait un excellent Stratège, mais il ne semblait pas vraiment parti sur cette voie. Pour sa part, Nils maniait une hache particulièrement aiguisée et quelques haches de jet pendaient à sa ceinture, et Alette maniait fièrement un long katana. Enfin, Agathe se contentait d'une simple lance qu'elle maniait sans être une combattante exceptionnelle, mais ses camarades assurèrent qu'elle tenait de sa mère un don incroyable pour augmenter le moral des combattants qui l'entouraient.

Ainsi, tous les mages et les archers se répartissaient en groupes sous les différents amas d'os, accompagnés des unités au corps à corps. Les quelques unités volantes harcelaient les dragons sur leur terrain, chacun transportant un soldat. Ils avaient récupéré une demi-douzaine de pégases dans les étables du palais, et quatre des monteurs de wyverns qui les avaient mené jusqu'à Olivie étaient encore présents. Marine et Emelia s'occupaient de mener les assauts, la première transportant Valeau et la seconde Robin. Mara avait préféré compter sur la mobilité pour exploiter sa propre force et monta sur une wyvern, ne se considérant pas capable de gérer son stress en restant passivement au sol.

Les chevaliers volants tournaient donc autour des dragons, faisant de leurs mieux pour les blesser malgré l'envergure de leurs ailes, et quand les différents groupes au sol n'étaient pas occupés à repousser un assaillant, ils envoyaient des nuées de flèches et de sorts vers le ciel, s'arrangeant pour tirer là où ils ne toucheraient pas leurs alliés. À un moment, le groupe où restait Erdoan commença à concentrer ses tirs vers un dragon qui volait plus bas que les autres, et dès qu'ils le remarquèrent, les autres groupes firent de même. La cible volait de plus en plus difficilement, hurlant de rage et de douleur, jusqu'à ce que Robin ne tombe sur son dos, plantant vaillamment sa lame dans l'articulation de l'une de ses ailes. Ce dernier poussa un terrible sifflement de douleur et incapable de battre des ailes normalement, s'écrasa au sol tandis qu'Emelia récupérait son fiancé. Les soldats les plus proches se ruèrent dessus, s'attaquant à ses ailes pour l'empêcher de repartir et frappant avec l'énergie du désespoir jusqu'à ce que la bête ne rende finalement l'âme.

Les efforts des archers et des mages n'avaient pas suffit pour empêcher quelques monstres de piquer sur les combattants à leur merci et il y eut des pertes. De plus, le cadavre ne renfermait même pas de perle, ils avait peiné pendant plusieurs minutes pour l'abattre et il y en avait encore vingt-neuf en vie, même si beaucoup avaient déjà reçu quelques attaques. Ces créatures de légendes semblaient d'ailleurs hurler de colère, redoublant d’agressivité face aux assassins de l'un des leurs. Mais au moins une chose remontait le moral des troupes. Au moins, ces dragons pouvaient être tués.

~~~~~~~~~~~~~

Le chevalier Gaston s'était bien battu, compte tenu de son état. Mais l'issue avait été inéluctable dès l'instant où les combattants s'étaient élancés l'un contre l'autre. Le Tonio du futur avait tous les avantages: la santé, l'équipement, le moral, et même l'expérience, ayant fait face à des situations bien plus extrêmes que son père. Il avait presque dansé autour de lui, maniant son fer comme s'il s'agissait d'un prolongement de son corps. Il n'avait infligé aucune blessure supplémentaire à l'homme, se contentant de déjouer ses feintes, le harcelant pour le forcer à se battre sérieusement, plantant son regard dans le sien, lui imposant les yeux de son fils qui avait vu sa vie détruite par sa faute. Finalement, dans une ultime virevolte, il enfonça sa lame dans la poitrine de son père. Durant deux secondes le temps sembla s'arrêter, puis le vaincu laissa tomber son épée, qui tinta en rebondissant contre le sol rocheux.

Le sang coulait le long de son armure brisée par les combats, de même que les larmes coulaient sur son visage. Mais son adversaire semblait à peine s'en soucier et il ramena brusquement son épée en arrière, faisant voler des gouttelettes rouges plus loin. Déséquilibré par ce mouvement qui le privait d'un appui, Gaston chancela et ramena difficilement un main contre son torse, comme pour tenter d'empêcher l'hémorragie. Il releva laborieusement son visage vers le parricide qui lui faisait face, incapable de penser, rongé par la douleur. Et ce dernier lui dit d'une voix basse, peut-être légèrement plus douce:

- À défaut d'avoir été un homme bon, au moins auriez-vous été un bon père.

Et sur ces mots, le plus grand Chevalier de Merta chuta, ses jambes incapables de le maintenir debout et le regard vitreux. Et derrière lui, son jeune fils ramena lentement son heaume sur son crâne, cachant de nouveau son visage au monde extérieur. Si son alter ego du futur n'avait pas fixé son regard en direction des gigantesques montagnes qui tremblaient légèrement, peut-être aurait-il pu voir l'une des mains du Roi Sombre frissonner. Mais non, il se contenta de susurrer pour lui-même:

- Courage Hely...
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