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Le Pins du Feu [PV Mara]

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MessageSujet: Re: Le Pins du Feu [PV Mara] Le Pins du Feu     [PV Mara] - Page 3 EmptyLun 4 Juil 2016 - 17:09
  Et le froid tomba alors que le crépuscule commençait à colorer le ciel en orange doux – au début, on le sentait à peine, mais les promesses des hommes des Joyaux furent vite tenues et le mercure, grippé, prit froid et descendit. Peu à peu, les marins adoptaient un style vestimentaire bien plus fourni et en distribuaient à tous les équipages : des vestes bien chauffées, doublées de fourrure, et disposant d’une capuche chaude pour protéger la tête et les oreilles des vents glacés qui secouaient les voiles du navire. Mais de toute façon, c’était un luxe que mon professeur ne me permettait pas.

  Krib était un coach effroyable qui, depuis le début de la traversée, ne m’avait pas laissé reposer une minute pour que je prenne les armes et qu’on s’entraîne chaque minute qui passait pendant plusieurs heures, et ce, malgré la pluie légère qui avait rendu le pont glissant. Au vu de ma fatigue, je n’avais pas du tout froid de toute manière, tout mon corps était en surchauffe, et je remerciais le ciel d’être sur Dreamland car je savais que si je ne me réveillais pas vite, je chopperais une crève monumentale. Et à Krib de dire que je n’en avais pas besoin de toute manière, de doudoune, que ça me ralentirait, et qu’en plus, le froid faisait du bien aux muscles, ça les crispait. Putain d’Arak. Il voyait pas que je crevais sur le pont, avec ma lance ? J’avais opté pour cette arme, qui ressemblait plus à mon panneau qu’une pauvre rapière, et j’étais bien plus doué avec, certes, mais pas encore pour rivaliser avec le chef des brutes qu’étaient les Araks. Salin s’était aussi dévoué comme professeur, mais Krib avait poliment (ou pas) refusé.

  L’important n’était pas la technique, que j’avais même déjà au vu de mon expérience avec mon arme de prédilection, mais de m’épuiser constamment et de m’entraîner sans relâche afin que je retrouve le niveau que j’avais avant, voire plus, si j’étais digne du Rituel. Et alors que je saignais à plusieurs endroits (je saignais seulement aux parties de mon corps qui n’avaient pas écopé de bleu), lui, encore moins vêtu que moi était toujours debout, crachant de la buée par la bouche et les naseaux, et criant avec vigueur :

« Si le Roi des Ombres a ta puissance, il faut que tu sois encore plus fort qu’avant ! Allez, lève-toi, feignasse ! Si t’as été capable d’abattre un monstre en un seul coup et que l’ennemi dispose maintenant de cette force, il faut que tu la regagnes, on n’a pas le choix. Dès que tu seras complètement épuisé que tu baveras à la place de parler, tu auras une heure de pause, puis tu affronteras tous les marins du navire. »

  Il passait aussi son temps à regretter que je ne l’accompagne pas avec les Araks pour qu’il continue de superviser mon entraînement, mais je ne pouvais pas m’éloigner de Mara car seule une stratège comme elle serait capable d’utiliser l’Artefact pour accomplir le Rituel. S’ils voulaient, hein…. Il me semblait qu’elle avait endossé de cette fonction complètement par hasard. Peut-être que la foi suffisait pour baptiser quelqu’un sous le titre de stratège, que voulez-vous… Je me relevais tant bien que mal et continuait à frapper l’énorme hache virevoltante de Krib ; même si j’étais exténué, il avait raison sur un point : je devais retrouver mon ancienne force, elle serait plus qu’utile dans les événements à venir.

__

Hely regardait son père s’entraîner, et sous l’assaut du froid, décida de rentrer voir Mara. Elle croisa le dernier d’Herman qui les avait rejoints dans l’expédition, le petit Eryk, qui était en train d’apprendre les rudiments de combat (les positions en tout cas) auprès de son frère avec une arme imaginaire. Elle trouva la stratège dans sa chambre et lui échangea les premières banalités de la discussion, comment elle allait, est-ce qu’elle n’avait pas le mal de mer, si le voyage n’était pas trop long. Par contre, elle tiqua quand elle vit les affaires de cette dernière.

« Excuse-moi, je peux voir… ? » Sans attendre de réponse, trop ébahie pour respecter la moindre politesse, Hely se permit de ramasser l’arme que son amie se trimbalait partout. Elle la retira de son fourreau et une pulsion magique lui confirma ses hypothèses : « Mais où est-ce que tu l’as eu ? C’est une arme légendaire des Marches de la Fêtée ! Tu te rends compte de sa valeur ? » Elle s’approcha de son amie pour parler plus bas, comme si cela devenait un secret national qu’il fallait garder à elles deux ; c’était juste qu’Hely, sous le poids de cette nouvelle donnée, ne put que parler à voix basse : « Tu connais ses capacités, au moins ? Elle nous sera grandement utile pour la suite !
_ Excusez-moi mesdemoiselles ! »
, lança à la cantonade et bien bravement pour son âge Erik, bien habillé. « Je souhaitais savoir si tout allait bien pour vous. »

__

« Libérez Tonio ! C’est un ordre !
_ Mais chef, ce n’est pas…
_ En rien un traquenard, mon garçon. Il faut que vous appreniez certaines choses, les temps ont changé, arrivent ceux de l’alliance. »


  Gohort vit les portes rocailleuses s’ouvrir, normalement invisibles pour le commun des mortels, le secret était parfait, et il rentra avec la troupe de Robin derrière lui : Gaston qui était impatient de retrouver son fils, Adrien, toujours aussi discret mais notant au passage comment rejoindre la porte de sortie le plus rapidement possible, Emelia, toujours aussi digne, et le chef de la Guilde des Marchands, aussi soucieux que les soldats révolutionnaires qui voyaient le chef ennemi rentrer impunément dans leur base.

  Gohort rassembla son armée et leur expliqua la situation. Vu qu’ils étaient majoritairement terrés dans leurs grottes sans rien connaître des nouvelles entre les Royaumes, ils étaient désespérément coupés du monde et ignoraient que toute Olivie volait en plein ciel. Et voilà qui forçait tous les soldats, qu’ils soient ennemis ou non, de Merta, à s’allier malgré les énormes différends entre eux.

« Salim, tu seras le chef en mon absence, mène tous les hommes que tu auras sous tes ordres à un jour d’avance par rapport au château, le temps qu’on trouve quelque chose.
_ Ne souhaitez-vous pas que je le suive directement en-dessous ?
_ L’armée des Ombres s’y trouve déjà, Salim, évite-les par-dessus tout. Anticipe les trajectoires.
_ Gaston, je te confie la même mission. Tu épauleras Salim comme Salim t’épaulera.
_ Et vous, mon prince ?
_ Nous, nous allons à Dulle. Là-bas seul se trouvera la magie nécessaire pour nous sortir de là. »


__

  Anaka était une sorcière et par ce fait, elle maintenait le froid à l’écart. Enfin, c’est ce qu’elle répétait à tous, mais elle se gèlerait sur le pont du navire si elle n’avait pas son infusion qui lui tenait chaud au corps. Maintenant que la nuit était presque complètement tombée, aucun rayon du soleil ne viendrait réchauffer ne serait-ce que légèrement l’embarcation qui slalomait entre les glaces. Elle ne disait rien, mais ça ne voulait pas dire qu’elle ne faisait rien : elle observait, c’était son rôle de prédilection. Et c’était tant mieux car il n’y avait qu’elle qui avait le tableau d’ensemble et ses détails, et ça la rassurait un peu.

  Elle était contente de voir qu’Ed progressait : c’était même plutôt perceptible. Lui avait-on volé ses pouvoirs ou les avait-on diminués ? Quand on voyait à quelle vitesse il progressait sur les quelques jours, il y avait de l’espoir et elle était heureuse que quelqu’un comme Krib, avec une tête dure, s’occupait de cette affaire. Elle était aussi la seule à se rendre compte qu’Erik n’était pas là par hasard : une petite subtilité d’Herman il fallait croire, mais il lui semblait bien que le benjamin de la famille royale des Joyaux était là pour séduire Mara, ou au moins passer du temps avec… A leur âge, sérieusement. Mais une Stratège était toujours un bon parti, c’était certain.

  Elle eut une pointe de regret en sachant qu’aucun mari digne de ce nom ne frapperait à la porte d’Hely : fille d’une sorcière sans patrie et d’un Voyageur sans patrie non plus, elle n’avait aucune valeur en tant que femme. Au moins aurait-elle des chances de trouver l’amour librement, s’il existait.

« Vous y voyez quelque chose, vous ? » lui demanda Weld en se posant près d’elle.
_ Mes yeux sont habitués.
_ Il se débrouille bien, hein ? »
Weld faisait certainement référence au fait qu’Ed se tenait au milieu du navire, avec dix marins tabassés par une arme en bois autour de lui. Vrai qu’il y avait une semaine, il paniquait contre les brigands.
« Il va falloir qu’il fasse mieux encore plus tard.
_ Ils vont continuer toute la nuit à votre avis ?
_ Connaissant les Araks et leur jusque-au-boutisme, oui. Sauf si vous proposez de l’alcool. »


__

  Planqué du froid dans les cabines, chauffées au charbon, on se partageait les bouteilles d’alcool que Weld avait réussi à rameuter sur le vaisseau, et dont il aurait bien tu l’existence si ça ne s’était pas ébruité comme un feu de paille. Il ne semblait toutefois pas las de le partager au vu du petit cercle qu’on faisait avec les autres marins. Personne ne dit aux enfants que boire de l’alcool était interdit, et Anaka ne faisait absolument rien pour empêcher Hely d’y goûter. Pour le coup, j’en avais pris trois verres après la fatigue de la journée, et je pouvais vous dire que ça réveillait bien. Un peu trop même. Surtout au vu de comment je me pressais contre la sorcière, comme ça, pour ne pas qu’elle m’oublie, pour qu’elle pense à moi.

  Les histoires de marin des Joyaux se succédèrent les unes après les autres dans de grands mouvements de bras et de vociférations. Le tour passa, et le mentor des enfants d’Herman parla alors de la grande légende qui avait façonné le monde. Je pourrais vous la répéter, mais sans trop de détails parce que l’alcool avait brisé net ma concentration… même l’histoire en fin de compte, j’aurais déjà du mal à vous le dire. Mais ça parlait de Grima, énorme dragon des ténèbres, qui avait bolossé un peu le monde entier après avoir mangé le reste des dragons, à l’époque qu’on appelait Âge des dragons, et il s’en était pris aux humains, jusqu’à esclavager les survivants. Seul l’Emblème du Feu avais permis de le repousser et de le contenir quelque part… Il y avait des détails sur les rôles qu’avaient joué chaque famille dans la bataille, chaque famille ayant ensuite pu créer leur Royaume et arriver à la division dans laquelle ils étaient actuellement… et qui leur réussissait bien.

« Mais l’Emblème du Feu, entre de mauvaises mains, peut raviver un chaos dans le monde qui le chamboulerait pour toujours. L’Emblème du Feu n’est jamais espoir, il peut aussi apporter la souffrance et la mort. Tout cela est au bon-vouloir de la personne qui en est le propriétaire.
_ Vous qu’êtes forte en histoire, m’sieur »
, intervins-je en me battant contre ma langue, « v’savez p’rqwa Olivie a un système d’défense qui la fait woupvoler dans les yeux ?
_ Ça  dépasse quelque peu mes connaissances, je te l’avoue. Je suis plus à l’aise avec les histoires qu’avec l’Histoire. Mais c’est à méditer. C’est vrai qu’il semble que c’est assez étrange comme moyen de protection pour se demander quelles sont les véritables raisons d’une telle magie.
_ Et s’yl bouge alors que rien ne le fait bouger sinon lui, où qu’il va ? »
Je me rendis compte que ma question était bien plus intéressante que ce que je le pensais actuellement ; là, je le demandais par fantaisie. Avec de la réflexion, c’était effectivement une interrogation qui méritait qu’on s’y arrête.
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MessageSujet: Re: Le Pins du Feu [PV Mara] Le Pins du Feu     [PV Mara] - Page 3 EmptyMar 5 Juil 2016 - 15:20
Une arme légendaire? Alors qu'elle regardait d'un air perplexe une Hely pour sa part ébahie, elle songea à toutes ces fois où elle l'avait traînée, balancé indifféremment à terre pendant les pauses, ou tout simplement s'était battue à grands coups hasardeux en utilisant son fourreau. Ah bah mince, si elle avait su... Elle en sursauta presque quand le garçon débarqua joyeusement dans la cabine, et elle le fixa avec une certaine surprise avant de calculer qui c'était. Erik... Elle le trouvait bizarre. Peut-être que c'était juste qu'elle n'avait pas l'habitude de fréquenter des gens de son âge à Dreamland. Ou alors peut-être que c'était juste car c'était un garçon? Elle était toujours un peu intimidée par ceux de son âge en vrai, assez mal à l'aise, au-delà de la simple timidité, mais à Dreamland... Quand elle se souvenait de sa première nuit, il lui semblait qu'elle s'entendait plutôt bien avec Pan. Peut-être car leur rencontre avait été assez... vive?

"Le froid commence à percer à travers les murs du bateau, n'est-ce pas?" poursuivit le garçon en s'avançant d'un pas dans la pièce, bien droit et affichant un grand sourire. "Si vous désirez des couvertures supplémentaire, n'hésitez pas à me demander!"

Ok, c'est bon, elle venait de comprendre.
Il parlait comme un vieux. C'était ça qui était bizarre.
Détournant le regard, un peu gênée par sa soudaine présence, Mara s'efforça de dire sans trop marmonner:

"Mmmh, nan merci, ça va là, y fait bon. Mais merci, hein! C'est gentil!"

Du coin de l’œil, elle le vit se pincer les lèvres en se frottant la nuque, mais Hely intervint avant qu'un blanc gênant ne s'installe. Se redressant en laissant l'épée, elle s'approcha de son cadet en souriant avec sympathie et se mettant à son niveau, elle lui dit:

"Ne t'inquiète pas pour nous, on se débrouille! Par contre, tu peux nous laisser un peu seules s'il te plait? Je voulais discuter d'un truc avec Mara..."

"Ah oui, pas de problème. Eh bien, à plus tard!" répondit-il avec le sourire, bien que celui-ci sembla presque dépité, avant de quitter la chambre.

Quand il eut fermé la porte derrière lui, la fille d'Ed vit avec surprise la Voyageuse soupirer de soulagement. Lui lançant un regard interrogateur, elle n'eut pour toute réponse qu'un haussement d'épaule et un mouvement de la main qui sous-entendait que tout ceci n'avait pas vraiment d'importance. Elle reprit simplement la parole pour d'abord répondre à la première question de son amie:

"Bah, je l'ai eu quand je suis arrivée ici pour la première fois. Y avait un type très fort qui m'a sauvé d'une bande de monstre avec cette épée, puis il a commencé à parler du retour d'un sorcier au nom imprononçable et m'a dit de m'enfuir avec son cheval et... de remettre cette épée à son prince, je crois. Sauf que je savais pas quel prince c'était. Mais si c'est celui des Marches de la Fêtée, ça explique pourquoi il me regardait si bizarrement..."

La magicienne ne répondit que par un regard désabusé par tant d'irresponsabilité, alors que la fillette fronçait les sourcils, revoyant la scène avec en tête les nouveaux éléments auxquels elle pensait. Le sorcier noir qui les avait attaqué, c'était pas celui sensé créer le Roi des Ombres? Mince, elle avait frôlé la catastrophe dans ce cas... Mais un autre truc la perturbait: sur le coup, elle avait considéré que le type qui l'avait sauvée ne la connaissait pas, mais aller jusqu'à lui confier un tel artefact, sans préciser le royaume du prince à qui le donner... Elle repensa à la sosie qui avait débarqué alors que Sasha activait le système de défense. Était-il possible que cette seconde Mara ait été là avant son arrivée et que le héros l'ai confondue avec elle dans l'urgence?

... Non, lors de la rencontre avec les dirigeants, le Prince Nirsan n'avait pas semblé la reconnaître. Et puis pourquoi une Créature avec son nom et son apparence aurait popé dans un Royaume avant même qu'elle n'y pose les pieds? Elle se compliquait l'esprit sans raison, c'était ridicule, et ça n'aiderait pas à résoudre quoi que ce soit. Secouant la tête comme pour se débarrasser de ces idées parasites, elle soupira en faisant glisser ses doigts sur la lame claire:

"J'sais pas ce qu'elle a comme capacités, j'avoue que j'l'ai toujours vue comme une épée précieuse mais sans plus, j'm'en rends pas trop compte... Mais du coup, faudrait que je la rende au Prince Nirsan? Déjà qu'il m'en veut sans doute pour tout plein de raisons alors que je lui ai rien fait..."

"La lui rendre n'est pas la question," la rassura son aînée, qui ne put s'empêcher de retirer la main de Mara qui tripotait l'artefact sans aucune attention. "Cette arme dispose d'un pouvoir latent exceptionnel, qui peut accomplir des miracles au service du Bien, comme des désastres au service du Mal. Le simple fait de l'avoir en notre possession empêche l'ennemi d'avoir recours à son potentiel. Tu peux la manier?"

Le secouement de tête de la petite fit faner le sourire de la grande qui grimaça, demandant si elle avait une idée de qui pourrait l'utiliser. Bah le prince, ça semblait évident pour la jeune fille. Enfin à la reflexion, le type avait parlé de son fils, mais comme il avait un air royal, elle avait interprété. Mais attendez, pendant la réunion des puissants, Nirsan n'avait-il pas parlé d'un "guerrier" qui...

"Tant pis," trancha Hely en interrompant son fil de pensées. "On fera avec. N'avoir personne pour la manier est dommage, mais elle pourra toujours servir de catalyseur ou de réservoir magique en cas de problème. En tous cas, cette arme est vraiment importante Mara, alors garde-la très précieusement, compris?"

Elle ne lâcha son expression sérieuse et son regard réprobateur que quand la fillette répondit à voix haute au lieu de simplement hocher la tête. Puis, face au silence qui s'installait, elle proposa à son amie de faire un tour dehors, histoire de s'aérer un peu les idées. Avec quelques couches de fourrures, c'était presque confortable après coup, non?

_________________

"Bande d'abrutis incapables!" s'exclama rageusement l'ancien chef de la résistance face au gardien de la cellule. "Comment une telle chose a pu arriver alors que des gardes surveillaient l'endroit!?"

Le vieux borgne déchargeait sa colère sur le capitaine des gardiens des geôles, ce dernier recevant la cascade de reproches et d'insultes sans broncher, attendant une ouverture pour se défendre. Tout en se demandant qu'est-ce qui pourrait le défendre. Pensant percevoir une ouverture, il émit faiblement:

"Nous sommes vraiment désolés, nous avions pensé que vous aviez emmené les deux et-"

"Oh, vraiment?" trancha son chef, "Car ça m'arrive si souvent que ça d'emmener un prisonnier et de soigneusement refermer sa cage vide derrière lui !? Je l'avais refermée, la cage de l'autre !?"

Et il pointait furieusement les deux cages vides, l'une ouverte qui avait hébergé Edffry, et l'autre fermée, qui aurait dû retenir Tonio. Mais qui ne retenait visiblement plus personne. C'était à n'en rien comprendre: aucune trace de dégradation sur les barreau ou la serrure, aucun indice ne laissant supposer une quelconque forme de suicide ou d'assassinat... L'unique mage qui avait pu venir observer la scène n'avait décelée aucune trace de magie connue... Vraiment, à n'en rien comprendre. Gohort se serait volontiers penché sur ce mystère un peu plus en profondeur, s'il n'avait pas eu un puissant chevalier dans le dos. Puissant chevalier qui s'avérait être le père du disparu et qui était beaucoup trop silencieux pour que son tout nouvel allié ne se sente en confiance. En vérité, il n'avait dans l'immédiat plus qu'un seul objectif. Convaincre Gaston que cette disparition était indépendante de leur volonté.

Un silence très très lourd s'installa face à la menace qui émanait de l'homme, mais ce dernier s'anima finalement dans un cliquetis d'armure et souffla d'une voix lourde, en articulant lentement:

"Mon Prince m'a donné un ordre que je dois suivre, mais sachez que si je n'ai aucune nouvelle de mon fils lorsque nous en aurons terminé avec l'armée des Ombres... Je jure sur mon honneur de vous retrouver et de m'assurer personnellement de votre mort."

Et il se détourna brusquement, empruntant à pas violents l'escalier qui remontait vers les étages supérieur. Les borgne grinça des dents. Il n'aimait pas être menacé de la sorte, mais il avait lui-même faillit à son honneur en ne pouvant remettre l'otage. Il se rendait parfaitement compte qu'ayant bafoué l'un des termes du serment qui le liait à Robin, il mettait chaque membre de son groupe en péril. Car s'il était encore en vie, c'était uniquement car son armée rebelle pouvait faire la différence pendant l'affrontement contre les ombres.

_________________

Mara était assise sur un tonneau, écoutant Weld raconter ses histoires. L'odeur de l'alcool montait un peu, aidée par la chaleur qui augmentait avec tant de monde réuni dans un espace plutôt étroit, mais la petite préférait éviter de boire. La dernière fois qu'elle avait bu de l'alcool, même si ça avait été une première fois un peu brutale et involontaire, lui avait laissé des souvenirs... plutôt inexistants à vrai dire. Et elle avait moyennement envie de retenter l'expérience. Pas qu'elle s'inquiéta de ce qu'elle ferait dans son sommeil, c'était pas comme si il y avait un autre Dreamland dans Dreamland, mais bon... Enfin, elle en savait rien, mais dans ce Dreamland bis elle devait être une Rêveuse, donc c'était pas bien grave. Sauf que quand elle regardait Ed qui tanguait un peu, elle se disait que la sobriété c'était plutôt pas mal. Puis elle comprenait pas trop ce qu'il disait, mais ça devait être une question d'habitude, vu que le conteur réussissait à répondre à ses questions.

C'était vrai que le fait qu'Olivie se déplace avait été admis, mais que personne ne s'était encore posé la question de sa destination... Le château aurait limite été mieux protégé en restant immobile, au lieu de s'approcher de montagnes comme il le faisait... Elle se rappela que Sasha avait dit que son père avait fait mettre en place ce système, mais la dame chez l'Oracle lui avait dit que l'ancien Roi était un tyran sanguinaire... Il n'était pas difficile d'imaginer que sa solution pour défendre Olivie n'aboutisse à une riposte brutale. Mais sous quelle forme? Elle espérait que ça n'avait aucun rapport avec le lieu où était enfermé Grima, dont avait parlé son double. Elle espérait, mais envisageait quand même le pire.

L'un des quelques marins restés à l'extérieur pour diriger le navire passa la tête dans la cabine, annonçant vivement qu'ils commençaient la manœuvre d’accostage et qu'ils allaient avoir besoin d'aide. Les membres d'équipage se levèrent pour la plupart rejoindre le premier, et Mara sortit aussi, curieuse d'assister à la scène. Le froid lui coupa de nouveau un peu le souffle, mais le fait d'enfoncer son menton dans les fourrure aidait à lutter contre le vent. Elle se posa dans un coin pour ne pas gêner les marins et observa avec fascination leur chorégraphie entre les différents côtés du pont, tirant, relâchant, déplaçant tel ou tel cordage...

"N'est-ce pas impressionnant?" dit fièrement Erik à côté d'elle, la faisant sursauter, "Les marins des Joyaux sont les meilleurs du monde!"

"Mmmh, j'suis jamais montée sur un bateau avant d'arriver ici," avoua la Voyageuse après un regard dans sa direction, "J'imagine que c'est moins impressionnant quand on a l'habitude..."

"Il est vrai que je navigue presque depuis ma naissance, les transports entre les îles sont nombreux..." rit un peu le garçon. "Mais ne sous-estimez pas la difficulté de navigation dans ces conditions, j'ai rarement vu un équipage si talentueux et efficace malgré le vent et le froid!"

"Tu t'sens vraiment obligé de me vouvoyer, là?" soupira-t-elle, "Sérieux, on a le même âge, c'est trop bizarre..."

"Je veux bien te tutoyer, si tu veux," lança l'autre en souriant.

Elle ne répondit que part un haussement d'épaules un peu engourdi par le froid et s'appuya contre une paroi pour ne pas basculer lorsque la coque de la frégate cogna un ponton gelé. Le capitaine annonça d'une voix forte aux passagers, qui étaient sortis pour la plupart, qu'il valait mieux qu'ils passent la nuit à bord pour partir le lendemain matin. Le blizzard qui soufflait ne se sera sans doute pas calmé, mais au moins pourront-ils se reposer dans un semblant de confort et partir frais et dispos. La plupart approuvèrent, même si la position du soleil n'était pas visible, la fatigue se faisant un peu sentir. Sauf chez Kirb, qui gratifia son élève d'un grand coup dans le dos en évoquant les exercices du soir. La jeune fille dut avouer qu'elle ressentait une légère pitié pour Ed, dans l'immédiat.
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MessageSujet: Re: Le Pins du Feu [PV Mara] Le Pins du Feu     [PV Mara] - Page 3 EmptyVen 8 Juil 2016 - 21:46
  Le réveil ne ressembla pas à un réveil, mais plutôt à une séance de torture qui se terminait pour en laisser place à une nouvelle. Evidemment, les courbatures furent tellement nombreuses que j’aurais pu remplacer le mât tant je semblais être fait de bois, les blessures étaient légions sur les bras, les jambes et les côtes, et j’avais déjà des bandes partout pour aider le sang à coaguler aux endroits les plus endommagés, l’alcool, je n’en avais pas pris tant que ça mais au final, je m’en sortis sans gros mal de crâne sinon un long bourdonnement inextinguible. Puis j’étais épuisé, le froid perçait les cabines sans difficultés, et l’agitation autour de moi me faisait dire que j’allais devoir trimer.

  Hely fut la première personne que je croisai, et je lui fis la bise en lui demandant comment elle allait. Quand je sortis dehors, je remarquai, en même temps qu’elle me l’annonça : le blizzard avait disparu. Ce fut un soleil cinglant qui m’illumina les yeux, le genre de soleil d’hiver qui ne réchauffait point, mais éblouissait énormément, et coloriait les paysages comme dans un filtre. Ce fut donc en me cachant les yeux que je m’avançais sur le pont, esquivant des hommes décidément en forme qui s’activaient, et que je mis à admirer le paysage une fois les pupilles habituées aux brûlures.

  Le paysage était magnifique, autant vous prévenir de suite, autant qu’il était sommaire. La neige recouvrait la zone, mais pas une neige de poudreuse, plus blanche que blanc, plutôt une sorte de plaine enneigée avec ses vallons, ses sentiers camouflés, et surtout, on pouvait voir l’horizon. C’était pour ainsi dire un désert entièrement blanc qui s’étendait devant nous, avec des dunes, des chaînes de montagne qu’on devinait par là-bas, au lointain, mais sinon, du blanc, du blanc et du blanc… et au vu du rayonnement du soleil, le ciel était presque blanc à son tour, un bleu bien trop éclairé, et absolument sans nuage. C’était un temps magnifique malgré la neige, et le froid certes était toujours aussi mordant, mais rien que les rayons réchauffaient légèrement tout ce qu’ils pouvaient toucher. Le trajet serait long, mais certainement apaisant.

  On fut une petite vingtaine à partir alors dans les plaines de neige, laissant une partie des hommes s’occuper du navire, et laissant Krib rejoindre les siens pour les rameuter en masse et créer une petite armée de fous furieux à cornes. Le voyage fut long et dura plusieurs heures, et les plaines étaient aussi charmantes de loin que rapidement usantes à la longue. Elles étaient toujours magnifiques et quand on fut assez loin pour être au milieu de rien, guidés par le cerveau et l’expérience de Salin, on se rendit tous compte que nous étions au milieu de nulle part, cernés par des horizons, avec nulle forêt ou paysage différent pour venir nous réconforter. On se sentait terriblement seuls, il fallait le croire, mais à entendre quelques personnes, qui n’avaient pas le courage d’affronter voire même de penser une armée des Ombres, ils s’y sentaient parfaitement en sécurité. Personne n’irait s’aventurer ici.

  Maintenant qu’ils le disaient, conformément à ce dont je me rendais compte inconsciemment sans mettre la main dessus… nous étions les seuls êtres vivants aux alentours. Hely, qui était une petite encyclopédie comme sa mère, indiqua qu’il n’y avait absolument aucune sorte de végétation, que les terres étaient stériles (c’étaient des rochers surtout, mais avec cinq centimètres de neige, tout était bien camouflé), et donc qu’aucune sorte d’animal ne vivait présentement. Il n’y avait pas d’insecte, pas de mammifère, ou de monstres en tout genre. La majorité des migrations évitaient de passer par cet endroit même si on pouvait voir des troupeaux de grands cerfs, une fois par an, qui traversaient d’une traite le désert par paquet de milliers.

  Mais j’aurais encore préféré marcher dans ce désert silencieux, à moins quinze degrés, plutôt que d’affronter ce qui nous tomba dessus dans la seconde partie de l’après-midi, et qui nous harcela jusqu’au coucher : une énorme tempête de neige, avec rafales de vent dans la tronche. Il était bien plus dur de s’orienter maintenant qu’on ne voyait plus rien à dix mètres, et les pas étaient considérablement ralentis pas le froid. Je me rendis compte que Mara et moi, Voyageurs de notre état, survivions bien mieux aux chocs des éléments, mais ce n’était pas le cas de tout le monde par ici. J’aidais notamment Anaka et la petiote Hely à parcourir l’immense blizzard, alors que l’obscurité, déjà bien pesante, passa de sombre à complètement obscur.

  On pensait pouvoir rejoindre Aniamante à la fin de la soirée et y trouver de quoi dormir… perdu, il faudrait passer une nuit supplémentaire en plein dans le blizzard. Ce n’était pas très sûr de rester bloqués ici à essayer de dormir et prier pour que les tentes ne fussent pas déchirés, mais au vu de la journée de marche, trop de monde n’en pouvaient plus d’affronter à ce moment-là une tempête déchainée, et il valait mieux essayer de trouver le repos que de perdre une partie des gens avec nous.

   Alors que la température descendait à des profondeurs inimaginables et que je sentais la moitié de mon visage gelé, celui à découvert malgré les écharpes et les capuches, on montait les tentes, on faisait tout ce qu’on pouvait pour éviter d’en perdre, on se surveillait les uns les autres, car qui savait, il suffisait d’une bourrasque pour emporter quelqu’un à trois mètres, et l’emporter encore plus, encore plus, jusqu’à le perdre de vue. Mais au bout d’une heure à aider tout le monde, pour que cinq tentes complices se dressent dans l’obscurité, on put tous s’y loger et essayer de trouver un peu de chaud dans les couvertures.

  J’étais dans la tente avec Anaka, Salin, et un autre de ses hommes, et on mangea un repas vraiment frugal : des haricots congelés. Ça n’aidait en rien la faim, ça ne réchauffait pas, mais au moins, ça aiderait légèrement à s’endormir si le ventre était plain, et ça calmait légèrement l’estomac qui se faisait moins bougon. On ne pouvait pas allumer de feu dehors (la bonne blague, la magie ne servait pas toujours), et à l’intérieur d’une tente, il valait mieux éviter d’y penser sauf si on voulait se serrer dans les autres. Une fois le repas avalé, on commença à parler un peu avant de s’endormir, et avec une rafale de vent plus violente que les autres, j’en vins à demander à la sorcière où se trouvaient les filles.

« Elles sont dans la tente juste en-face. Je ressens les pulsations magiques de ma fille, s’il y a un souci, je le saurais. » J’étais rassuré de la réponse… mais quand même pas tant que ça. Alors, je continuais à demander :
« Elles sont avec des soldats pour les protéger ?
_ Non, idiot. »
Ah bah c’est gentil. Mais le ton d’Anaka était plus doux qu’à l’accoutumée, elle était légèrement souriante, et me répondit, en me soufflant à l’oreille : « Il y a le prince Erik avec elles. Il est là pour faire la cour à Mara. » Oulà, qu’est-ce que c’était que ces histoires ? Je préférais faire une grimace explicite. Je ne savais pas pourquoi, mais je n’étais pas d’accord avec ça. Mara était encore très jeune, je ne savais pas comment ça se passait ici, mais ses sentiments étaient encore un terrain inconnu avec lesquels il valait mieux ne pas jouer. « Puis, il y a Rodlin avec elles aussi. C’est un bon guerrier. Mais il a clairement des vues sur notre fille. » Là, c’était trop pour moi. Je répondis, aigre :
« Très bien.
_ Ferme bien la tente derrière toi. »
, fit Anaka en se couchant contre son sac de voyage qui servait d’oreille, heureuse de se rendre compte qu’elle avait anticipé exactement ce que j’allais faire. Je lui filai une petite tape sur la cuisse, autant pour lui souhaiter bonne nuit que pour répondre à sa prévoyance.

  Je sortis dehors en ouvrant les deux couches en fourrure de la tente, et les refermai du plus rapidement que je ne pouvais, car les grondements du blizzard se faisant plus fort, j’étais bien moins couvert (même si j’avais gardé mes affaires pour dormir, soit un petit sac pour l’oreiller et une couverture faite en peau d’ours à ce qu’il paraissait, un gros ours que nous n’avions pas dans le monde réel), et je grelottai distinctement alors que je n’étais même pas complètement dehors. Je traversai les quelques mètres qui me séparait de la tente d’un sprint qui me fit glisser par terre, et je me relevai avec de la neige sur tout le corps et dans le bide. J’ouvris la première couche de la tente que je visais, je la refermai, puis la seconde, et les quatre, qui essayaient de dormir, les filles à gauche et les garçons à droite, purent me voir débarquer dans la tente, et je leur dis à voix à peine basse, refermant la seconde couche.

« Salut tout le monde. Il y a peu de places ailleurs, je viens squatter ici. » Il y eut quelques grognements, difficiles de savoir de quelles gorges ils venaient, mais de mon point de vue, ça ne venait que des mecs. Je m’installai au milieu, séparant les sexes, obligeant tout le monde à bouger, et je réprimandai ceux qui parlaient un peu fort : « Laisse-moi près de ma fille, toi, on ne s’est jamais vu auparavant. Merci. Non mais, incroyable ça. Mais je suis content de votre hospitalité, vraiment. Allez, tout le monde dort. » Et tout le monde dormit, sous ma surveillance.

  Ce fut désagréable et au réveil, j’étais à peine mieux qu’à la soirée, mais au moins, ma conscience paternelle naissante (ma détresse soudaine, surtout) était pleinement satisfaite, et j’essayais de retrouver dans les yeux d’Hely un signe de remerciement… ce fut très dur.

  La marche reprit sous une neige très douce qui tombait paresseusement, et effectivement, ce fut avant midi qu’on arriva dans la première ville du royaume d’Aniamante, et pour ainsi dire la capitale, Alma, où e trouvait le château royal, accompagnés par des nuages blancs extrêmement fins, les dernières traces du blizzard de la nuit.
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MessageSujet: Re: Le Pins du Feu [PV Mara] Le Pins du Feu     [PV Mara] - Page 3 EmptySam 9 Juil 2016 - 18:02
L'annonce de l'arrêt pour monter le camps provoqua chez Mara un mélange de soulagement, pour le repos qu'il présageait, et d'appréhension à l'idée de rester plus ou moins statique dans le blizzard pendant qu'ils montaient les tentes. Heureusement, le camps fut vite mis en place, et la répartition dans chaque tente fut à peine organisée, tant chacun sembla juste se ruer sur la plus proche. La fillette se trouva donc avec son amie et Erik, à proximité d'elle, et avec un autre garde qui faisait parti de l'escorte, sans doute veillant sur le garçon. Elle trouvait ça presque bizarre de dormir dans une tente mixte, mais le climat n'était pas vraiment au chipotage, et au moins elle était avec Hely.

Finalement, quand l'heure de dormir arriva, elle fut assez surprise de voir Ed débarquer comme ça, et s'installer entre les filles et les garçons. Elle s'était dévouée pour avoir le côté toile, vu qu'elle tenait mieux le froid qu'Hely, qui se retrouva donc à côté de son père, mais fallait dire qu'on était un peu serré d'un coup. La tente étant faite pour quatre, avec deux enfants, un cinquième adulte pouvait bien rentrer... Mais bon, elle qui n'était pas habituée à se tenir bien droite en longueur dans son lit, elle mit quand même un peu de temps à s'endormir, bercée par les fracas du vent sur la tente.

Et le lendemain matin, le réveil fut un peu difficile, entre les muscles légèrement douloureux de la veille et le froid pénétrant. Elle fut réveillée par le silence qui régnait, entrecoupé parfois des respirations lentes des autres, un ronflement sortant par moment. Restant immobile avec les yeux fermés, elle profita encore quelques instant de la chaleur de la fourrure dans laquelle elle était enroulée, jusqu'à ce que les autres ne commencent aussi à remuer en émergeant. Se frottant les yeux pour finir de se réveiller, elle se prépara à affronter l'extérieur quand les autres lui eurent dégagé le passage.

Le froid lui coupa le souffle, mais la beauté des lourds flocons qui planaient délicatement vers le sol la réconcilia rapidement avec son environnement. Une fois les tentes repliées et chacun nourri d'un morceau de pain pour affronter la fin du trajet, ils se remirent en marche. Mara peinait particulièrement dans la neige qui dépassait le niveau de ses genoux, et elle remerciait encore son corps de Voyageuse qui lui offrait l'endurance de suivre les autres. Hely et Erik, qui n'avaient pas sa chance, progressaient dans le sillon qu'elle créait dans la poudreuse.

Au bout de quelques heures, ce qui n'avait longtemps été qu'un point brillant à l'horizon formait finalement leur objectif: Aniamante. Le centre de ce Royaume nordique était un immense cité pâle à flanc de montagne, semblant presque faite de glace ou de cristal. Le château doté de nombreuses tours s'élançait vers le ciel presque dégagé, et les maisons encastrées dans le mont ou au niveau du sol étaient essentiellement en hauteur et cylindriques. La ville ressortait beaucoup sur la neige, surtout car les bâtiments étaient assez colorés, et plus le groupe s'approchait plus ils pouvaient constater la simplicité de l'architecture, finalement bien plus pragmatique qu’esthétique.

Ils progressèrent le long de structures en toile qu'Hely supposa être des serres, et pénétrèrent finalement dans l'enceinte de la ville. Curieusement, les rues pavées semblaient sèches, comme s'il n'avait jamais neigé, mais le froid régnait toujours et les nombreux locaux qu'ils croisaient portaient aussi plusieurs couches de vêtements chauds. Ils étaient pour la plupart pas si grands, bien que dépassant toujours Mara, et ils portaient presque tous des cheveux longs et pâles, et un visage barbu pour les hommes. Sans doute qu'avec ce climat, avoir du poil en plus sur la tête était plus confortable... Mais Herman n'avait pas menti, ils semblaient costauds. Peut-être que les épaisses fourrures renforçaient cet effet, mais beaucoup transportaient de grosses charges sur leur dos sans afficher de difficultés particulières.

"L'économie de ce royaume repose essentiellement sur ses ressources minières," glissa Anaka en voyant la blondinette observer les nombreuses bijouteries, forges, magasins de matériel en acier et quelques armureries. "Ils se nourrissent en faisant pousser des plantes grâce à la magie mais chassent rarement, faute de gibier. Ils sont finalement davantage renommés pour leur artisanat que pour leurs guerriers, mais leur robustesse est certaine avec un tel environnement."

Salin conduisait les autres le long d'une avenue principale qui menait au palais lui-même, mais ils attiraient des regards curieux de toutes parts, ce qui avait le dont de faire rougir Mara. Remarquant ce détail, le petit frère de leur guide lui tapotait l'épaule avec le sourire, espérant sans doute la rassurer, mais la fillette préférait se cloisonner entre les membres plus grand du groupe pour échapper aux regards des passants, dominée par sa timidité. Elle faillit donc se cogner contre Weld quand tout le monde s'arrêta devant la porte, laissant le premier se présenter aux gardes.

Quelques mots échangés suffirent ainsi à ouvrir les grandes portes et à révéler l'intérieur, largement plus ornementé que l'extérieur, avec de nombreux tableaux, gravures, et des sortes de sculptures métalliques à base de minces chaînes et de plaques ornées accrochées aux murs. C'était des décorations qu'elle n'avait jamais vu dans la vraie vie, mais elle ne pouvait s'empêcher de trouver ça joli. Ils progressèrent le long d'un couloir et de plusieurs escaliers, accompagnés par un majordome qui les introduisit finalement dans une salle de réception et les invita à s'installer, avant de lui-même repartir. Le groupe attendit donc, les quelques membres de l'escorte préférant rester debout et Mara balançant ses jambes du haut du siège où elle s'était installée.

L'attente dura une dizaine de minutes, et l'enfant s'était déjà lassée de la décoration quand le majordome annonça finalement la reine Dulle et une demi-douzaine de conseillers qui entrèrent à leur tour. Commença alors plusieurs échanges de politesses qui perdirent presque instantanément Mara, à base de formulations de saluts traditionnels compliqués et de mouvements à faire dans le bon ordre et au bon rythme... Elle se contenta d'appliquer le conseil d'Erik, soit "s'incliner en souriant quand on lui parlait". Hely semblait pour une fois nager autant qu'elle et Ed n'avait pas l'air bien à l'aise non plus. Pendant un instant, elle envia l'escorte qui n'avait qu'à rester droite et immobile en attendant que ça se passe.

Une fois tout ceci terminé, la jeune reine s'assit dans le fauteuil royal et se relâcha un peu en soupira, disant d'une voix fatiguée:

"Bien, le courrier que votre père m'a envoyé m'annonçait votre arrivée et résumait sa demande d'alliance, mais il disait que vous pourriez entrer plus en détails. Je vous écoute donc."

Sa voix était bien moins solennelle que pendant les salutations, et Mara devina une procédure obligatoire ou traditionnelle. Mouais, ça restait bizarre comme méthode. Surtout quand on avait pas l'habitude. Hésitant un peu à se rasseoir, elle appuya simplement ses fesses contre l'accoudoir de son fauteuil tandis que Weld prenait la parole en acquiesçant, avec un ton bien moins relâché que celui qu'il nous avait montré jusque là. Regardant la dirigeante locale, la fillette tenta de l'imaginer hors de son aspect droit et royal, quand elle n'avait pas à traiter ou négocier des trucs et qu'elle pouvait se détendre.

"Il est en effet question d'une alliance, principalement. Vous devez avoir connaissance de la situation qui règne en ce moment même au cœur du continent, et nous avons besoin de toutes les forces possibles pour espérer repousser l'armée des Ombres. L'Archipel des Joyaux espère donc fonder une alliance avec le Royaume d'Aniamante pour que votre armée nous vienne en aide, et pour cela l'ambassadeur Herman propose le mariage, son fils Salin étant à présent en âge."

Il acheva et indiquant à son protégé de s'avancer. La dame l'observa et haussa un sourcil, reportant son attention sur le négociateur, remarquant:

"Il n'est guère dans les usages des Joyaux de former une alliance purement militaire sur une base aussi solide qu'un mariage."

"En effet," sourit l'homme. "L'Archipel est une nation marchande, et nous espérons renforcer les liens entre nos deux pays afin d'ouvrir une voie commerciale. Vous êtes en quasi autarcie pour l'instant, et vous vous en sortez bien, mais ne seriez-vous pas intéressée à l'idée de vendre vos produits à l'étranger et d'en recevoir de nouveaux chez vous?"

Dulle éclata de rire face à l'expression de son interlocuteur et répondit:

"Cela pourrait être intéressant en effet! Mais sachez que mon peuple n'est pas usité aux relations avec les étrangers, ils leur faudrait un certain temps d'adaptation avant votre schéma idéal. J'y réfléchirais donc, soit. Vous visualisez sur le long terme en tous cas, alors que la menace des ombres est loin d'être réglée..."

"Nous sommes des marchands, votre Altesse, nous avons tout intérêt à être optimistes."

"Je vois ça," s'amusa Dulle, avant de poursuivre avec plus de sérieux: "Dans tous les cas, cette armée est aussi une menace pour nous, et nous avons tout intérêt à vous soutenir dès maintenant, vous aurez l'aide de mes hommes."

Un soupir de soulagement traversa le groupe face à cette bonne nouvelle et après les avoir survolé du regard, la reine poursuivit:

"Mais je présume que si vous êtes venus si nombreux, ce n'est pas uniquement pour cette demande, n'est-ce pas?"
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MessageSujet: Re: Le Pins du Feu [PV Mara] Le Pins du Feu     [PV Mara] - Page 3 EmptyMer 13 Juil 2016 - 12:24
On n’aurait pas l’air de quémander maintenant, c’était bien ; je notai que Weld hocha la tête pour dire que la reine avait touché le point névralgique de notre présence ici, car avoir des hommes, c’était bien beau, mais il faudrait avant tout pouvoir en faire quelque chose. Et ça, il n’y avait que des Artefacts qu’elle pourrait nous procurer qui renverserait la balance.

Pendant l’échange, je m’étais placé derrière Mara, d’une stature procédurale, les mains croisées dans le dos, et j’arrêtais de bouger : c’était ma façon de respecter le protocole, ne rien faire qui pourrait le contrarier. Je souris un peu pour me donner l’air avenant, restant sérieux la plupart du temps, et surtout, ne parlait pas. Dreamland avait sa propre culture empruntée à la nôtre, puis modifiée par je ne savais quel filtre, et n’importe quel geste, aussi ridicule était-il, pouvait se conclure par un drame terrible. Et vu qu’il y avait des centaines de milliers de Royaume, essayez de savoir pourquoi les Voyageurs n’étaient pas aimés… et essayez de les comprendre. On fut patient durant les brefs échanges, jusqu’à ce que Weld reprenne la discussion, scrutés par tous les conseillers de la reine Dulle.

« La guerre est loin d’être gagnée, Votre Altesse, et les circonstances terribles qui affligent le continent nous obligent à certaines mesures pour éviter des catastrophes plus dramatiques encore. Et pour ce faire, nous vous demandons à genoux certains des Artefacts de votre collection. » Les conseillers de la Reine se dépêchèrent alors de fomenter dans leur barbe :
« Impossible.
_ Intolérable.
_ Ma Reine, n’acceptez point.
_ Quel genre d’Artefact ? »
demanda-t-elle quand même, curieuse, et certainement agacée par la volée de mouches que la demande de Weld avait fait se lever. Il se mit bien droit, conscient que de tous les objets magiques qu’il recherchait, il n’allait pas savoir si on pouvait emprunter le couteau à beurre magique.
« En premier lieu, il nous faudrait tout simplement un Sacralis. » Les conseillers ne tardèrent pas à s’enflammer : apparemment, l’objet était précieux et réservé aux plus grands des guerriers ; vu que eux l’avaient, c’était un de leur combattant émérite qui devait se l’accaparer, pas un étranger. Déjà, ça sentait le roussi. « Secondement… Nous recherchons tout artefact ou toute magie qui nous permettraient à tous de rejoindre les Pics d’Ambur, et, ou, Olivie qui siège dans les cieux. » Là, ils faisaient moins les malins, les conseillers. Ils devaient faire l’inventaire de toutes les stratégies possibles avec les grimoires ou ustensiles légendaires qu’ils possédaient : comme quoi, des fois, l’avarice, ça pouvait être utile, vu qu’ils s’y mettaient tous pour savoir ce qu’on pouvait leur prendre, et donc nous aidaient à deviner ce dont on avait besoin.

On sentait que la Reine faisait déjà moins la maligne et réfléchissait intensément à notre demande ; au moins, cela voulait dire qu’il y avait des chances à ce qu’on trouve ce dont on ait besoin. Sinon, ils nous auraient tranquillement annoncé qu’on pouvait aller se faire voir. Le plus vieux des conseillers souffla quelques mots à sa Reine, et celle-ci l’écouta le visage neutre. Elle soupira et revint vers nous :

« Pour qui serait le Sacralis ?
_ Pour un de nos meilleurs guerriers »
, répondit Welde en s’inclinant et me faisant signe d’avancer. Pas très protocolaire, je cherchais encore ma position alors que Dulle me jugeait, puis elle demanda innocemment :
« Est-il brave ?
_ C’est un héros. »
Je voulus me dandiner, mais me retins.
« Est-il fort ?
_ Très »
, mentit Weld, mais je ne toussai pas pour autant.
« Nous avons bien deux Sacralis, mais l’un est réservé pour l’héritier du trône, il est ainsi hors de question de le céder. Le second est réservé au plus fort de nos lieutenants, Karim.
_ Organisons alors un duel de celui qui est le plus méritant »
, déclara Weld, le ton provocateur. Ce qui fit que le premier conseiller intervint dans la discussion :
« Et contre quoi ? Le mariage vous assure notre soutien et notre armée dans la bataille à venir.
_ Vous profiterez des routes commerciales entre nos…
_ VOUS profiterez de VOS routes commerciales, marchand. »
, le coupa le conseiller, et pire, il n’avait pas tort. « Votre Altesse, vous ne pouvez laisser ces individus nous quémander sans rien leur demander en échange. La situation de crise ne peut être un prétexte, s’il faut ‘rester optimistes’. » Il avait lâché ces derniers mots en les appuyant, pour reprendre les mots de Weld tout à l’heure.
« Le temps nous presse trop pour qu’on jacasse ! Ce sont des ressources de guerre, et il faut savoir les exploiter au mieux ! Discuter sur qui doit prendre quoi revient à perdre du temps, et perdre le temps, c’est perdre la guerre ! » La Reine Dulle passa à un autre sujet, pour éviter la question qui fâchait.
« Nous avons les magies qu’il nous faut pour ce que vous demandez. Il faudra cependant tracer un pentacle d’envergure dès maintenant. Tout ce qui se tiendra dans le cercle sera transporté dans l’endroit demandé, inscrit en symboles dans la langue des Dragons, par les courants telluriques. Il en faut donc un de la taille d’une armée, le pentacle disparaissant juste après. » C’était déjà une bonne nouvelle. Attendons la suite. « Quant à rejoindre le château depuis les Pics… Voilà qui est une belle idée. Nous avons plusieurs wyvernes que nous élevons, même si elles ne sont pas adaptées pour voler aussi haut, ce sont des bêtes très résistantes. Si elles partaient depuis les hauts sommets d’Ambur, elles sauraient réussir à atteindre le château. Mais j’ignore jusqu’où il se situe dans les cieux.
_ Peut-être suffisamment, de ce que j’ai vu. J’étais là quand la ville entière s’est mise à flotter. Ca nous servira à envoyer quelques hommes, ça sera plus que suffisant pour endiguer la menace qui proviendra des murs du palais. »
Les conseillers haussèrent les épaules pour dire que tout était réglé. La Reine Dulle conclut :
« Nous lancerons l’assaut demain matin, le temps que notre armée se prépare, et que le pentacle soit prêt. Ce soir aura lieu le duel entre nos deux officiers pour déterminer qui aura droit au Sacralis. » Cette décision bouscula les conseillers, mais ils ne pouvaient se permettre de décrédibiliser leur Reine en l’infantilisant. « En attendant, vous êtes nos hôtes. J’aimerais m’entretenir avec votre stratège cependant, il semble qu’elle ait un Artefact intéressant, et je voudrais voir avec elle des opportunités qu’il nous offre. Puis j'aurais une mission à lui confier, dans l'intérêt du Royaume, peut-être que cela aidera les plus illustres et sages de nos citoyens à digérer notre effort de guerre. », fit-elle acidement à l'égard de ses conseillers. Weld demanda à Mara de suivre la Reine Dulle alors qu’elle se levait de son trône pour rejoindre je ne savais quel quartier royal d’un geste du menton. Au revoir Mara, porte-toi bien avec des gens qui avaient techniquement le pouvoir de te décapiter si tu baillais trop proches d’eux.

Les conseillers suivirent leur Reine au-dehors de la pièce, laissant notre petite délégation seule. Weld soupira, mais Anaka était la plus joyeuse : tout s’était parfaitement déroulé. Oui, parle pour toi, tu n’allais peut-être pas affronter un super guerrier dans quelques heures. Même le vieux guerrier des Îles grinçait des dents sur cette définition du parfait : il se demandait si les conseillers n'avaient pas été trop forts dans leur revendication juste pour permettre à la Reine de leur demander plus, jouant au bon dos, et en créant une fausse rivalité entre les différentes sphères politiques. En tout cas, Weld nous dit maintenant qu’il ne nous restait plus qu’à nous reposer.

Reposer était pour lui, un très grand mot.
Anaka me demanda de la suivre : les montagnes étaient proches, et des créatures terribles s’y terraient, des sortes de singes polaires qu’on pouvait associer à des yétis. Il faudrait que je les affronte toute la journée pour récupérer le plus possible ma force d’antan avant le duel de ce soir et d’être sûr de récupérer l’Artefact convoité. Et si on n’en trouvait pas, ce qui était parfaitement possible, alors il y avait souvent des cercles de combattant dans les grandes villes d’Aniamante, afin qu’on ait le plaisir de se mettre sur la gueule, au poing, contre des vikings. Je ne savais pas lequel des deux m’enchantait le moins – la sorcière serait aussi intransigeante que Krib sur la question de mon entraînement, et je pouvais les comprendre : que fusse prêt à temps était un atout décisif.

Des serviteurs emmenèrent Salin voir sa promise, la nièce de Dulle, une danseuse magnifique à ce qu’il paraissait, pour que les deux futurs mariés firent connaissance le plus vite. Personne ne le vit de la journée, se dérober ainsi devant la princesse héritière revenait à de l’impolitesse flagrante.

Hely et Erik restèrent seuls pendant un moment, mais Hely cherchait à trouver Mara le plus rapidement possible pour qu’elles ne soient pas seules dans cet immense château. Elle en profita, en attendant son amie, de visiter le palais de fond en comble (sauf les pièces non autorisées) afin de se faire une idée de cette culture dont elle connaissait peu de choses au final. Elle tomba sur une bibliothèque qui la laissa bouche bée, et l’aspira un temps indéterminé.
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MessageSujet: Re: Le Pins du Feu [PV Mara] Le Pins du Feu     [PV Mara] - Page 3 EmptyJeu 14 Juil 2016 - 22:25
Mara n'avait pas le même talent que les autres pour rester impassible face au mensonge. Comprenant peu à peu où Weld était en train d'en venir en défendant Ed, craignant que son expression n'éveille les soupçons des dirigeants locaux, elle porta toute son attention sur une décoration du siège de Dulle. N'écoutant que d'une demi-oreille, ne calculant pas réellement ce qui venait à elle, elle réagit cependant à l'annonce d'un combat entre le meilleur guerrier d'Aniamante et le Voyageur affaibli. Levant le regard vers ce dernier, elle fit de son mieux pour se mordre le plus discrètement possible l'intérieur des joues, alors qu'elle se demandait très sérieusement s'il pourrait faire face à quelqu'un qui se démarquait parmi ce peuple déjà réputé pour sa robustesse.

Heureusement, le sujet changea avant qu'elle ne perde son semblant d'impassibilité. En effet, il était maintenant question de nouvelles montures volantes potentielles, plus robustes que des pégases et moins rares que des griffons. La fillette laissa filtrer un sourire content à l'idée que son idée qu'elle trouvait si bancale soit écoutée et approuvée, c'était plutôt bon pour l’ego. Quelque part elle avait rarement été dans un Royaume où les gens portaient une telle attention à ce qu'elle disait, même si elle avait un peu l'impression que c'était sur la base d'un malentendu. Et que ça impliquait parfois de se retrouver avec de nouvelles responsabilités dont elle se serait volontiers passée. Typiquement, quand la tête dirigeante la plus proche indiquait qu'elle souhaitait s'entretenir avec elle, comme ça. Typiquement.

Faisant un nouvel effort pour paraître imperturbable alors que les regards se posaient sur elle pendant quelques instants, plus ou moins en vain, elle finit par acquiescer en silence à la demande. Jetant un coup d’œil au reste de son groupe qui commençait à sortir, cherchant un soutien quelconque, elle finit par suivre la femme ainsi que trois de ses conseillers, les autres se retirant aussi. Sa cape tombant sur ses bras, ils étaient camouflés tandis qu'elle tordait nerveusement ses mains dans son dos. Elle avait beau se considérer comme spécialement timide, Dreamland avait le don de soigner ce handicap de manière assez radicale. Un peu comme apprendre à nager à un paraplégique en le balançant dans une eau à cinq degrés, vêtements et fauteuil roulant compris.

Mais elle se laissa faire en silence, incapable de ne serait-ce que d'oser émettre un semblant de protestation. Suivant un couloir plus sobre que ceux ouverts au public, mais non moins agréable à l’œil, ils entrèrent ensuite dans une salle aux murs dénués de tout ajout, uniquement ornementée de moulures au plafond. Un joli table basse de bois meublait le centre de la pièce, entourée de fauteuils et de canapés. Mais rien d'autre, ni fenêtre, ni autre porte, ni autre meuble... Un frisson parcouru le dos de la fillette, alors que son esprit commençait à imaginer tous les pires scénarios et pourquoi toutes ses potentielles tentatives de s'en sortir seraient vouées à l'échec. Levant un regard inquiet vers la reine, celle-ci lui rendit un sourire suffisamment avenant pour la rassurer un peu et elle l'invita à prendre place, s'installant elle-même sur l'un des canapés.

La fillette s'installa donc en face d'elle, posant son épée sur ses genoux en devinant que la conversation allait tourner autour d'elle, et attendit timidement que l'autre commence à parler. Ce qu'elle fit sans plus tarder, souriant de nouveau, comme devinant le malaise de l'enfant. Si elle avait encore semblé plutôt formelle en recevant le groupe, elle paraissait à présent totalement détendue, bien qu'une certaine grâce n'émane naturellement de son maintien:

"Eh bien, stratège du Prince Robin, puis de l'Archipel des Joyaux, tu as fait du chemin! Mara, n'est-ce pas?"

Qu'est-ce que je dois répondre? Dire oui? Non? C'était un reproche? Juste une remarque comme ça? Pour engager la conversation? Mais on a plus important à parler, non? Ça veut dire que c'était important à dire ça aussi? Y avait des sous-entendus? Lesquels? Elle me tutoie, ça veut dire que je pourrais faire pareil? Non non non, j'oserais jamais. Au moins elle me donne pas de titre, c'est un peu moins inconfortable. Mais c'était pas une preuve de mépris ou quelque chose, hein? Je sais pas comment les autres s'adressent aux autres stratèges... Robin utilisait juste mon nom mais en même temps, il appelait pas non plus Sasha "Princesse". Sasha... Je me demande comment elle est maintenant... Et Robin...

Sans se dandiner, la jeune fille avait la gorge sèche et semblait visiblement nerveuse. Son interlocutrice fut peut-être attendrie, à moins qu'elle n'ait simplement pitié de sa perte totale de moyens devant sa question, elle en vint donc au fait, pointant l'épée du doigt:

"Dis-moi, as-tu idée de la valeur de l’artefact que tu transportes? Sais-tu de quoi il s'agit?"

"Vous êtes la deuxième personne à me poser cette question."

Le constat avait fusé tout seul et dès l'instant où elle eut terminé, le regard courroucé des conseillers debout derrière la reine eut tôt fait de lui faire se mordre les lèvres, devinant qu'elle avait dû sembler impertinente. Cette dernière ne sembla cependant pas lui en tenir particulièrement rigueur, et interpréta:

"Je prend donc ça pour un oui."

"J'ai une vague idée de ce que c'est, je sais que ça appartient aux Marches de la Fêtée," précisa précipitamment Mara. "Je sais que ça peut faire des miracles pour le Bien ou le Mal, mais je sais pas m'en servir..."

Ça valait peut-être la peine d'ajouter ce détail, même si les regards inquisiteurs des trois hommes n'avait pas le don de la mettre en confiance. Dulle se permit cependant un doute:

"Tu en es sûre? Tu ne veux pas essayer maintenant?"

"Ma reine! Vous savez bien que c'est imp-"

La femme le fit taire d'un claquement de langue et reporta son attention sur la jeune stratège qui ne comprenait visiblement pas très bien. Elle s'expliqua donc:

"Tu es une Voyageuse, n'est-ce pas? Le temps s'écoule plus vite dans notre monde que dans le tien, j'imagine donc que depuis la discussion avec les autres dirigeants à Olivie, tu as dû disparaître au moins une fois." La désignée acquiesça en silence. "Or, quand tu es revenue, tu avais visiblement cette arme. Je doute qu'un habitant de ce Royaume qui la trouve n'ait voulu te la rendre. Elle s'est donc liée à ta personne, même si je ne savais pas moi-même que cela était seulement possible. Essaye de la dégainer, peut-être pourras-tu la manier."

"Êtes vous sure que c'est bien prudent?" souffla le plus calme de ceux qui l'entouraient à son oreille.

"Je lui fais confiance, je doute qu'elle ne tente de m'attaquer," confirma Dulle.

Ne sachant toujours pas quoi dire face à ces remarques, la blondinette se leva donc et dégaina doucement l'épée, la levant à une main en faisant attention à ne pas sembler agressive. Elle n'était pas particulièrement légère, mais sa condition physique lui permettait largement l'effort. Elle fit glisser son regard le long de la lame brillante, se rendant compte qu'elle l'avait pour ainsi dire jamais observée ainsi. Elle sentit un frisson la parcourir en serrant le pommeau dans sa petite main. Et si... Et si...

"Mmh, non, tu ne peux en effet pas la manier," fit tomber la Dame, cassant les débuts de rêves d'héroïsme de la petite, qui ne répondit que par un simple "Ah".

"Ce n'est guère étonnant quelque part," constata-t-elle, l'air légèrement déçue. "Cet objet est un élément bien trop essentiel pour cet endroit pour le quitter avec un Voyageur."

"Pourtant, vous aviez dit..."

"Oui, elle s'est lié à ta personne car elle n'avait pas le choix, je pense. Son précédent utilisateur te l'a confié n'est-ce pas?" Nouvel acquiescement de Mara, avec une seconde de réflexion. "Il ne s'attendait sans doute pas à ce qu'elle s'attache à toi, mais ce qui est fait est fait."

"Mais du coup," raisonna l'enfant. "Si elle est liée à moi mais que je peux pas la manier, qui peut...?"

"À vrai dire, c'est un cas jamais vu," admit son interlocutrice. "Je ne serais pas étonnée que l'épée ait créé un avatar quelque part qui puisse la manier à ta place, une véritable créature des rêves."

"Oh..."

Un silence songeur régna un instant, tandis que la fillette avait la furieuse impression que quelque chose d'évident était en train de lui passer sous le nez. Le calme fut cependant coupé par la reine qui soupira, avant de l'inviter à poser l'objet sur la table, prenant de nouveau la parole:

"Bon, j'imagine qu'au vue des événements récents, tu dois savoir ce qu'est l'Emblème de Feu. Il faut savoir qu'il s'agit d'un sceau, le symbole d'un bouclier contre le dragon Grima. Cette épée n'était rien de moins que l'arme utilisée pour le retenir tandis que la cérémonie pour le sceller était en cours. Tant qu'elle se trouve entre nos mains, elle s'avère être la principale menace pour nos adversaire."

La petite se tut, renonçant à n'émettre que des monosyllabes qui n'apportaient au débat qu'un indice sur toute l'étendue de son ignorance.

"J'avais été surprise par l'avancée fulgurante de l'armée des Ombres, à vrai dire. Le fait que cet artefact soit en ta possession en est l'explication. Tant qu'elle n'est pas entre les mains de son véritable manieur, son influence est terriblement amoindrie. Alors imagine quand elle disparaît totalement de Dreamland, lorsque tu t'éveilles."

La jeune contrôleuse ouvrait et fermait alternativement la bouche, ne sachant quoi dire alors qu'elle se rendait compte qu'elle était purement et simplement la cause du déferlement de chaos qui avait lieu en ce moment même. Elle avait la gorge nouée et les regards mi choqués, mi agressifs des hommes qui accompagnaient la reine, en plus de l'expression dure de celle-ci, ne l'aidaient pas vraiment à reprendre contenance. Les conseillers semblaient même sur le point de déchaîner un tonnerre d'accusations mais la dirigeante prit de nouveau la parole:

"J'imagine que tu as à présent conscience de l'urgence de la situation. Cependant, puisque tu l'as ici, il t'incombe certaines responsabilités. Tout d'abord, il faudra que tu trouves la personne qui pourra s'en servir, et entre temps il te faudra restaurer sa puissance. À la fin de la grande guerre, les différentes nations se sont réparties la puissance de l'Emblème et de cette épée, symbolisés par les artefacts eux-même et par des gemmes de puissance, telles que celle-ci."

Et elle illustra son propos en tirant de sa robe un pendentif au bout duquel pendait une petite boîte dorée dont elle tira une jolie perle bleue, sous les regards choqués des autres.

"Tu ne peux pas la manier, donc en faire mauvais usage, et le fait que tu sois revenue ici après ton réveil prouve que tu portes une certaine attention à cet endroit, j'espère donc que tu ne l'abandonneras pas, car cela impliquerait de nous condamner purement et simplement. Il te faudra donc mettre la main sur trois autres gemme. Celle des Araks ne devrait guère être difficile à récupérer, puisque Kirb vous accompagne. De même pour celle des Joyaux, Herman sera certainement très capable de vous la fournir. Seulement, il semble que son altesse Noïlissima se trouve sur l'île volante, la sienne ne sera donc certainement pas simple à obtenir. Tu as donc une importante mission devant toi, tu en as bien conscience?"

"Oui," fit-elle, enfin capable d'émettre un son audible.

Les conseillers ne savaient plus quoi dire face à la fatalité de la chose. Qu'il s'agisse de Mara ou n'importe qui qui porte ce fardeau, le résultat sera le même, à la différence près que la Voyageuse était protégée par son rôle de stratège et qu'elle avait visiblement largement la force de se protéger elle-même, sans oublier qu'elle ne serait sans doute pas occupée en première ligne, contrairement aux plus puissants guerriers. Sans pour autant ouvertement approuver la position de leur reine, ils s'inclinèrent donc avant de se retirer, prêts à annoncer la nouvelle aux autres.

Mara salua la reine du mieux qu'elle pouvait et commença à arpenter les couloirs, parvenant parfois à demander des indications à un serviteur. Finalement, la première connaissance qu'elle croisa fut Erik, qui la salua joyeusement. Rassurée, elle se laissa guider tandis qu'il commençait à lui faire visiter ce qu'il avait déjà vu et à son tour enthousiasmée, elle s'amusa avec lui a visiter les ailes où ils n'étaient pas encore allés. Rodlin, le soldat qui accompagnait le plus jeune fils d'Herman partout où il allait, les empêcha cependant d'aller se perdre dans la ville. Il proposa innocemment de s'installer dans la grande bibliothèque, mais les deux enfants n'étant pas très emballés à cette idée, ils finirent par s'accouder sur un balcon qui donnait sur la cours d'entraînement des soldats, tentant de deviner lequel Ed allait-il devoir affronter le lendemain. Ils étaient impressionnés par la force de tous les soldats, hommes comme femmes.

La Voyageuse grimaça à l'idée du combat pour désigner celui qui allait obtenir le scolaris... Mais elle commençait à avoir faim, donc toutes ces réflexions eurent vite fait de la quitter tandis que le trio partait en quête de nourriture.
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MessageSujet: Re: Le Pins du Feu [PV Mara] Le Pins du Feu     [PV Mara] - Page 3 EmptyJeu 21 Juil 2016 - 0:32
Vouliez-vous que je vous raconte toute la journée ? Je pouvais, pas de souci, mais j’espère que ça serait plus agréable à lire qu’à vivre. Non pas que je ne trouvais pas ça intéressant d’explorer des contrées inconnues et d’avoir la sensation de se redécouvrir un peu plus à chaque fois que je m’entraînais, mais l’inquiétude de ne pas retrouver mes pouvoirs… Je ne savais pas, c’était bizarre, ça me travaillait toujours, et j’étais plus stressé que d’habitude dans ce genre de situations. L’atmosphère rapide à la Dreamland, soit le : une catastrophe qui va ravager le pays en moins d’une semaine, ça coupe aussi.

Bon, déjà, la ville était belle, alors que j’étais sorti dehors avec Anaka et que j’explorais des rues qu’on n’avait pas eu le temps de visiter auparavant, trop pressé de rentrer dans le palais royal ; la sorcière posa tout de même quelques questions aux autochtones pour s’orienter et je savais à peine ce qu’elle recherchait. Mais même si la ville était jolie et que les habitants, atypiques, ajoutaient une touche d’exotisme, il faisait froid merde, il faisait bien froid, et se recouvrir de couches de vêtements n’aidait qu’à suer.

Puis ensuite, je compris ce que j’allais faire le reste de la journée, et ce fut exactement comme il y avait deux jours : frapper, frapper et frapper jusqu’à ce que le soir tombe et que le duel commence. La classe. Nous étions arrivés dans un grand cercle tracé avec des rondins de bois dans la neige, et on voyait des sortes de gros vikings, balèzes comme tout, qui s’envoyaient des patates en duel, bam bam, le rendu était impressionnant. Si c’étaient nos futurs alliés, je comprenais pourquoi ils seraient utiles dans la guerre à venir. C’était une sorte de fight club nordique, mais avec plus de sang, plus de hurlements, de vivats, d’encouragement, et de membres cassés. Ils envoyaient du lourd, là, on les entendait à cent mètres à la ronde, et pourtant, on était en ville. On voyait certains adversaires qui semblaient être les maîtres du tournoi, vu par leur allure et qu’ils gueulaient le plus fort : l’organisateur déjà, torse poil, barbe orange tressée, et yeux qui pouvaient pêcher des monstres de mer, puis y avait un énorme type, avec de la graisse partout, mais tu sentais les muscles qui saillaient ici et là, et un autre, avec ses peintures de guerre, qui se cognaient le torse et arrêtaient pas de donner des conseils à ses favoris.

Une fois que plusieurs duels s’étaient terminés, Anaka alla voir le chef de toute cette petite tribu pour m’introniser en tant que combattant. Il rigola en voyant ma silhouette de poiscaille (je pouvais pas lui en vouloir, il me prenait d’une tête et son bras était presque aussi épais que mon corps), mais il n’était jamais contre un nouveau combattant tant qu’on lui payait ce qu’il fallait. La sorcière paya de sa poche en me disant que c’était bon, et elle me dit sobrement d’aller me battre. Bon, bah très bien.

Je m’avançai sur le cercle, et il y eut plus de silence que d’habitude, les guerriers étaient attentifs, les barbares se taisaient, ils me jaugeaient, mais aucun ne me hua ou me siffla, ce qui était encourageant, c’était pas des connards. Ils attendaient que le premier duelliste vienne m’affronter, et on cherchait encore le gars en criant dans la foule à qui mieux-mieux, jusqu’à ce qu’un type, avec des cornes acceptent de venir se battre contre moi. Je dû respecter le signal de départ, frapper les deux poings de l’adversaire avec ses poings, reculer, puis hop, le combat put commencer. Ils avaient dû m’envoyer un faible au départ, car je le pris facilement, et surpris par ma vitesse et ma force de frappe, il ne pesa pas grand-chose. Un coup de poing dans le bide, dans la tronche, dans le bide, puis coup de boule.
Simple.

Je fis ça pendant sept heures d’affilée. Et vous, votre journée ? Parce que moi… Cogner des gars, attendre mon tour, faire des exercices qu’Anaka me prodiguait entre plusieurs combats, recogner des gars, de plus en plus fort, et je devais avouer que merde, en force brute, ils me valaient presque. Pour des Créatures Oniriques, ça témoignait d’un certain niveau. Si au début, j’avais des guerriers vikings, de plus en plus tatoué et de plus en plus enragé, je passais rapidement au niveau supérieur alors que je ne sentais plus mes poings, et j’allais contre les Araks dès l’après-midi. Ils étaient aussi salement costauds et impossibles à renverser, merci la galère. Je frappais, je frappais, et toujours, je remportais mes duels, force de Voyageur oblige. Anaka elle, ne pouvait me soigner alors que je fatiguais et que mes blessures m’handicapaient de plus en plus à chaque combat, mais elle apportait son soutien constant avec des onguents qu’elle achetait en ville, qu’elle m’étalait sur les mains, et même en me massant, maintenant qu’il faisait si chaud et que je devenais assez résistant au froid pour enlever moi-même le haut, ne gardant qu’un pantalon. Alors que deux Araks se frappaient comme ci et comme ça dans le cercle de neige ensanglanté, je demandais à la sorcière, dont les mains parcouraient les épaules et les bras pour soulager un peu les muscles avant le prochain affrontement :

« Tu te donnes du mal, ça doit être dur d’attendre pendant sept heures à rien faire.
_ Tu es un espoir que je ne néglige pas »
, répondit-elle sans hausser ne serait-ce qu’une seule syllabe. Je grognai les premières choses qui me passèrent par la tête :
« T’es quand même bien coincée. » Excusez-moi, mais Anaka parlait toujours comme si elle devait mettre une distance avec n’importe qui (exceptée Hely, c’était vrai), pas de sentiment, que de la réserve. On avait couché ensemble, merde ! Et dire que quand elle était apparue pour la première fois au groupe, il y avait quoi, une semaine de ça dans Dreamland, elle était apparue avec plus de charme, plus d’entrain. Une couverture ? Elle paraissait plus amicale lors du premier jour que du huitième. Anaka fut surprise par mon ton, mais elle n’en dit rien. Enfin, elle arrêta de me masser l’omoplate pour me filer une taloche. Une petite, une qu’on faisait avec le sourire.
« Si t’étais plus intelligent… » Elle laissa sa phrase en suspens et repartit sous mes omoplates.
« Quoi ? », demandais-je, n’en pouvant plus du suspense.
« Je crois que sans son voyage dans le temps, on ne se serait peut-être pas recroisés. Ça n’empêche qu’Hely connaissait ton nom et qu’elle avait pour ordre de te trouver. Tu n’avais jamais remarqué ça ?
_ C’est toi qui l’aurais envoyée ?
_ Elle me l’a dit, oui. »
Vu sous cet angle... Je remarquai que ses doigts se faisaient plus doux. « Elle va se battre au front, demain.
_ On la protégera. Et je protègerai Mara aussi. J’ai une ou deux dettes envers elle. »


J’abattis les uns après les autres les meilleurs champions de leur arène de pacotille. D’abord le tatoué, puis le gras-double, puis enfin, juste après, Garh, l’organisateur lui-même. Notre duel se fit en deux temps : premièrement, avec les poings, où je le battus néanmoins, et ensuite, avec des armes, moi avec une lance et lui, avec deux haches. La victoire me fut encore acquise, plus facilement encore. Il me promit que demain, dans l’énorme combat, il se battra derrière moi si la stratège la lui permettait. Je l’entendais à peine, couché ventre contre la neige, les muscles détruits.

Le soir était tombé, ainsi qu’un plus grand froid encore, alors qu’il était heure de retourner au château. J’étais courbaturé de partout, le visage bien démoli, et des vêtements abîmés. Ceux qui me virent avant que je ne passe dans les mains d’un guérisseur pouvaient remarquer que je marchais en boitant, ma lance me servant de seconde jambe. Il était beau, le futur guerrier. Je me sentis toutefois en pleine forme quand on me guérit avec des tomes blancs, et on me prépara pour le duel.

Je rentrais dans une grande salle de banquet où les tables formaient un grand U afin de pouvoir voir le combat. Je voyais que Dulle, par politesse, avait laissé Mara s’installer à sa droite (ça va la petite, toujours pas stressée, tu mangeais avec des princes et tout et tout ?). Les plats avaient déjà commencé à être entamés, et je pouvais voir qu’une partie de notre groupe attendait avec impatience le plat principal qui ne viendrait qu’après le duel. Super récréation dis-donc, j’espérais qu’un œil ne sortirait pas pour tomber dans un bol de potage.

On nous applaudit quand on arriva au milieu de la centaine de convives présents, par des portes différentes. Moi, avec des vêtements bleus typiques d’Aniamante, et lui, dans un soldat de lieutenant qui lui allait ravir. Cheveux noirs entassés sur la tête, bouclés, traits perçants, yeux acier comme les miens, barbichette sombre. Une fois que les vivats furent tus, on nous laissa nous mettre en position, à trois mètres l’un envers l’autre, et de nous préparer. Karim se dévêtit alors de sa tenue militaire (oui, quoi ?), et une fois ceci fait, il se transforma dans un grondement magique (je comprenais mieux pourquoi il ne portait pas d’arme). A la place de l’homme à moitié sauvage, il y avait maintenant une sorte d’énorme loup anthropomorphe , toutes griffes et crocs dehors. Voilààà, maintenant, on était bel et bien en position. Un métamorphe ? Ce monde avait encore des surprises à révéler.

L’arbitre martial nous autorisa à nous battre. Karim-loup bondit d’un pas vif sur moi…
… que j’esquivai sans souci, que je bousculai pendant le saut, et alors qu’il roulait, ma lance lui perça juste la peau du cou.
Il était fort surpris, le loup, l’assistance aussi, mais le duel venait de se terminer en trois secondes après avoir commencé.

Sans m’en rendre compte, mes pouvoirs initiaux étaient revenus, ou presque, j’en étais pas loin du tout ! J’étais de nouveau au haut sommet de la chaîne alimentaire de Dreamland. Ce n’était pas une Créature de la Zone 2 qui pourrait m’inquiéter facilement. Je lançai un grand sourire à Mara et Hely alors que les applaudissements (presque polis au vu des circonstances) retentissaient dans la salle – rien de spectaculaire malheureusement mais au moins, la victoire était nette. Dulle eut un hochement de menton, et peut-être même, pas loin d’un sourire en coin. Elle conclut le combat elle-même :

« Le Sacralis revient donc au Voyageur Free. Nous remercions les deux combattants pour leur participation, et les invitons à prendre place pour déguster avec nous le banquet avant la bataille. » On applaudit la Reine qui se rassied, on me présenta ma place, près d’Hely et de Weld, jusqu’à ce qu’un messager débarque en courant :
« Votre Altesse ! On demande un entretien urgent avec vous !
_ Qui donc ? Je suis attablé.
_ Le Prince héritier de Merta, Robin. Il vient d’arriver et se tient dans la hall. »
Oh oh… Je jetais un coup d’œil à Mara en toussant. La Reine Dulle fronça les sourcils, mais était assez joviale pour indiquer :
« Qu’il entre donc me parler ici. S’il veut nous rejoindre pour la bataille, il est tombé à la bonne adresse. »
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MessageSujet: Re: Le Pins du Feu [PV Mara] Le Pins du Feu     [PV Mara] - Page 3 EmptyJeu 21 Juil 2016 - 17:55

Même si le bruit de ses petites mains ne sortaient pas vraiment de la masse qui l'entourait, Mara applaudissait avec entrain, souriant à Ed en retour. C'était vrai que maintenant qu'elle se concentrait, elle rendait compte que l'aura du Voyageur était d'un tout autre niveau, comme la première fois qu'ils s'étaient croisés. Atteindre un niveau pareil en deux nuits, c'était... wow. Même si elle ne comptait plus les heures où lui avait dû s'entraîner pendant qu'elle faisait autre chose, présenté comme ça, ça aurait presque semblé facile. Mais d'un autre côté, c'était sans doute plus simple de rattraper un niveau perdu que de le dépasser... Mais bon, dans tous les cas, ça allait vraiment être un atout incroyable. Du genre dont on a vachement besoin quand la fin du monde est proche et tout et tout.

Elle le regarda s'asseoir avec les autres, ce qui lui rappela à quel point elle était mal à l'aise d'être installée parmi les grands conseillers. Le membre de son groupe le plus proche était Salin, assit à côté d'une fille aux longs cheveux roses et aux grands yeux absents qui devait être la fameuse nièce de Dulle. Ils avaient l'air de discuter, mais sans échanger passionnément des confidences en gloussant, ce qui aurait été le signe typique d'un coup de foudre parfaitement bien tombé. Au moins, ils avaient pas l'air de se cracher dessus... La fillette ne savait pas trop quoi penser de tous ça, et elle se trouvait toujours très nulle pour deviner les sentiments des gens donc tant pis. Elle espérait qu'ils soient heureux quand même.

Son observation fut cependant interrompue par l'annonce de nouveaux arrivants. Et elle mit bien trois secondes à associer "Prince héritier de Merta, Robin" à Robin. Leur Robin, le fameux Robin qu'ils avaient fui car il avait menacé Ed, et en emportant sa petite sœur au passage. Toujours les mains entre les jambes en attendant que la suite du banquet arrive, la Voyageuse se figea, et dut prendre un peu de temps pour dépatouiller ses pensées qui partaient salement en cacahuètes. Ok ok ok, donc quoi faire? Bah elle savait pas, elle envoya un regard de détresse absolue vers l'autre Voyageur, comme pour le supplier de les tirer de cette situation. Après tout, c'était un peu à cause de lui qu'ils avaient leur ancien groupe sur le dos, non? En même temps, l'envoyer en ambassadeur au prince était sans doute la pire idée imaginable. Bon, normalement ils allaient pas se faire trucider sur place. Ils étaient là avant et elle doutait que Dulle ne laisse les nouveaux venus trucider ses hôtes, avec qui elle venait de passer un accord. Ils auraient un peu de temps pour tenter de désamorcer la situation. Il allait falloir qu'elle choppe Anaka, négocier avec Ed était fichu d'avance et Hely ne les avait pas assez accompagné pour avoir une grande influence. Mais si Robin savait qu'Anaka les avait espionné ça n'allait pas arranger les choses... Argh, elle avait pas du tout envie de l'affronter toute seule, elle le sentait absolument pas.

Mais ce qui devait arriver arriva et le groupe pénétra la salle. L'héritier d'Olivie en tête, avec l'air droit et neutre qu'il réservait aux autres dirigeants, accompagné de l'aîné d'Herman dans son armure, et les deux étaient suivis par un chevalier Gaston au visage fermé, sir Adrien qui restait impassible, Roterro de la guilde des marchands qui semblait avoir gagné en robustesse, une fille en armure légère que Mara jurerait avoir déjà croisé quelque part, et enfin l'escorte qui avait suivi le fils de l'ambassadeur des Joyaux. Simons fit un signe jovial à ses deux jeunes frères qui lui répondirent, Erik avec un entrain particulier. Ce qui eut le don d'attirer l'attention du leader des arrivants. Et son regard tomba les deux mages et le Voyageur.

Un silence eut le temps de s'installer, les gens attablés attendant que la conversation ne commence, et Robin qui ne pipait mot. Mais il reporta finalement son attention sur la Reine qu'il salua en s'inclinant légèrement avant de prendre la parole. Se rendant compte qu'il ne l'avait probablement pas remarquée, ou que s'il l'avait vue il ne l'avait pas jugée du regard, Mara ne put retenir un soupir de soulagement.

"Je vous salue, Reine Dulle d'Aniamante. Je souhaite m'entretenir avec vous au sujet du fléau qui ronge le cœur de nos terres."

"Je vous remercie, Prince Robin de Merta," salua la Dame en retour. "Je devine la teneur de votre requête, et je vous propose d'en discuter après le banquet. Je vous invite à ma table, soyez mes hôtes, votre voyage a dû être long."

"Merci pour votre invitation, il est vrai que le trajet fut harassant," sourit son interlocuteur en s'inclinant légèrement de nouveau.

Et des serviteurs les installèrent là où il y avait des places libres. Tous furent plus ou moins dispatchés, et Robin trouva place non loin de la dirigeante, du côté opposé à l'autophobe. Cette dernière nota avec un sentiment d'injustice qu'eux n'avaient pas eut droit à tout le protocole bizarre, mais avait d'autre préoccupations que d'essayer de comprendre pourquoi. En effet, l'héritier qui s'installa à la table de Dulle semblait particulièrement épuisé, et pas uniquement physiquement. Quelque part, elle ressentait une certaine compassion à son égard. Perdre la moitié de son groupe, dont sa sœur, et voir cette dernière s'envoler littéralement avec sa capitale, alors même que cette dernière était sur le point d'être envahie... L'enfant peinait à se rappeler l'expression presque insouciante qu'il avait lors de leur première rencontre.

Le repas fut assez agréable, les sources de tensions étant suffisamment éloignées les unes des autres pour ne pas entrer en conflit, chacun discutant avec son voisin. Surtout que la nourriture était ultra bonne, même si l'enfant fut rapidement repue. Cette dernière échangeait parfois quelques mots avec Dulle ou le conseiller qui était assis à côté d'elle, mais elle restait la plupart du temps silencieuse, faisant semblant d'écouter. Comment discuter avec Robin? Comment le convaincre qu'ils étaient alliés et qu'ils devaient le rester? Elle espérait qu'il sache que la situation était trop urgente pour qu'ils ne cèdent aux petites querelles. Mais elle ne savait pas quels mots choisir. Son pouvoir n'avait pas d'effet sur Robin, elle devrait encore une fois jouer des mots. Sasha lui revint à l'esprit, et elle pria juste pour ne pas pleurer devant lui. Elle doutait même que ça ne puisse seulement l'attendrir, mais de toute façon, c'était une question de principes.

Lorsque le banquet arriva à son terme, Mara parvint à attirer l'attention d'Anaka et à lui indiquer de venir seule, faisant des signes de négations quand d'autres se levaient. La plupart des convives quittaient d'ailleurs la table pour aller discuter avec des personnes plus éloignées, et le fait que la mage quitte sa chaise n'attira pas particulièrement l'attention. À son expression tandis qu'elle se rapprochait de la blondinette, elle semblait deviner de quoi il allait être question. Se levant à son tour, la cadette lui fit part en quelques mots de ce qu'elle comptait faire et après lui avoir donné quelques conseils, l'aînée approuva finalement et l'accompagna vers leur cible.

Tandis qu'elles s'approchaient, Robin se retourna sur sa chaise, ayant sans doute remarqué leur manège. Il leur lança un regard indéfinissable et se leva à son tour, tandis que Mara commençait, hésitante:

"Prince Robin..."

"Mara," répondit-il d'un ton froid, presque comme un constat, puis poursuivant sans même laisser la petite reprendre la parole: "Je suppose que vous êtes venue pour m'expliquer votre fuite, ce qu'il s'est passé à Olivie et ce que vous faites ici."

Ouch. La fillette s'était quand même plus ou moins attendue à pouvoir en placer une, elle fut totalement prise au dépourvu. Face à sa surprise, la sorcière fut plus réactive, parlant d'un ton sévère frôlant presque l’impertinence:

"Votre Altesse, comprenez bien notre fuite est uniquement due au menaces que vous avez proféré à notre égard, d'après ce que nous a rapporté Ed, je vous prie de ne pas nous charger de l'intégralité de la faute. Concernant Olivie, son envol est le fruit d'un regrettable enchaînement de circonstances, dont nous sommes les victimes plus que les initiateurs. Et si nous sommes ici, c'est simplement car contrairement à ce que vous semblez penser, le sort de ce monde nous importe et nous avons des atouts pour aider à le sauver."

Robin sembla sur le point de rétorquer quelque chose, mais la fillette osa le couper alors qu'il ouvrait la bouche:

"S'il vous plait...!"

Elle aurait préféré qu'Anaka soit un peu plus délicate dans sa manière de parler, mais elle avait globalement raison, et avait bien répondu aux accusations du prince. Elle poursuivit donc, remettant plus ou moins en place le discours qu'elle avait mentalement préparé:

"Même si je sais pas vraiment c'que vous nous reprochez, je pense qu'y faut vraiment mettre ça de côté. J'veux dire, y a quelque chose de gros qui se passe, là, et faut qu'on soit unis, pas qu'on se marche sur les pieds! J'vous demande pas de vous entendre avec nous, Ed nous a raconté c'qu'y s'est passé entre vous, même si je comprends pas tout et que j'ai du mal à y croire... Je vous demande juste de nous offrir votre soutient, pasqu'on offre déjà le notre."

Il l'observa quelques instant, sans particulièrement adoucir son expression, et répondit d'un ton simplement dur:

"Je ne suis pas idiot, je sais quand séparer mon devoir et mes émotions. Jusqu'à peu, je n'avais pas compris que vous étiez ce genre de "Voyageurs", je doute qu'Edfry ne puisse réellement nuire ici. J'espère simplement qu'il pourra réfléchir un instant au fait qu'il n'a pas connaissance de toutes les règles qui régissent nos royaumes, et qu'il comprendra qu'il ne peut rien faire de bien en commençant à vouloir changer les choses à sa manière." il s'arrêta un instant, et reprit en croisant les bras: "J'offrirais mon soutien bien sûr, mais pas à vous. Je l'offre à la coalition qui se forme pour lutter contre l'invasion, et même si vous en êtes des éléments non négligeables, vous n'êtes pas à sa tête."

Il sembla satisfait face à l'acquiescement de la jeune fille, mais cette dernière avait remarqué un détail qui la perturbait légèrement. Souhaitant le régler dans la foulée, elle demanda d'un ton hésitant:

"Et... où est Tonio?"

"Introuvable," souffla sèchement le futur roi.

La jeune fille lança un regard au père du disparu, et à son expression presque aussi fatiguée que son armure qui n'avait pas vu de forge depuis longtemps. Elle se contenta finalement de baisser les yeux, sans vraiment savoir quoi dire, si s'excuser serait vraiment bienvenu. Elle le salua finalement et commença à faire demi-tour, tandis que la mère d'Hely lui signalait que la remise du Sacralis aurait lieu après le repas. Cependant, Robin l'arrêta d'un appel et lui demanda d'une voix plus basse:

"Sasha... Elle est là-haut n'est-ce pas? C'est elle qui..."

Sa main serrait nerveusement le dossier de sa chaise et il se tenait droit, la fixant directement dans les yeux. Mara se contenta de souffler un "Oui" en se forçant à soutenir son regard même si dans l'immédiat, elle avait juste envie de partir en courant. Face à cette réponse, la main de l'homme se relâcha et il sembla d'un coup épuisé, mais il ne se rassit pas. Il se contenta de murmurer:

"Je vois... merci, je... voulais juste être sûr."

Lui jetant un coup d’œil inquiet, la petite le salua de nouveau en silence avant de se retirer avec Anaka. Les autres membres du groupe avaient déjà quitté la salle et la plupart des convives étaient partis. Elle remercia au passage la reine pour le repas, cette dernière restant jusqu'au bout, et emprunta un couloir en emboîtant le pas de la mage.

Au delà du cas de Robin, elle appréhendait. Le grand départ allait être le lendemain. Jusque là, pour cette nuit, ils progressaient en terrain relativement connu et prévisible, mais à partir du moment où ils seraient téléportés sur place, ils n'étaient plus sûrs de grand chose. Leur plan reposait sur plusieurs "si", et même s'ils parvenaient à atteindre le Olivie, qui savait ce qu'ils allaient y trouver? Et l'histoire avec l'épée et l'emblème de feu qu'elle comprenait à moitié et le fait de réunir les gemmes qui reposait un peu trop sur ses épaules à son goût... Finalement, son seul soulagement était la surpuissance qu'avait récupéré Ed. Sans lui, elle se serait sans doute déjà roulé en boule dans un coin. La nuit de sommeil qui précédait le jour J allait être courte.
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MessageSujet: Re: Le Pins du Feu [PV Mara] Le Pins du Feu     [PV Mara] - Page 3 EmptySam 23 Juil 2016 - 13:18
  Cela faisait déjà deux journées que Tonio était enfermé dans sa cellule, deux jours sans voir ne serait-ce le soleil, et à rester silencieux vu que les gardes n’étaient pas présents, trop sûrs de leur système. Il n’y avait pas d’échappatoire, et il se demandait encore où était passé Ed et s’il n’était pas un traître depuis le début, vu comme il s’en était bien tiré. Il se doutait que si son père savait où il était, nul n’aurait pu l’empêcher de le délivrer, mais voilà, sous les cavernes labyrinthiques, qui aurait pu aller le trouver là.

  Au bout de deux jours cependant, quelqu’un passa voir Tonio. Un adulte, avec un sourire ravageur, un sabre magnifique, une assurance de tous les instants. Les gardes n’étaient pas présents, mais lui avait les clefs.

« Bonjour Tonio. » dit-il en lui ouvrant la porte. Cependant, l’individu ne le laissa pas s’enfuir, il  referma les barreaux juste derrière lui, et se posta, assis en tailleurs, devant. Tonio ne l’avait jamais vu, mais au vu de son regard, il savait que c’était un allié et qu’il était sauvé. Il avait une pleine confiance pour l’homme en-face de lui. Mais qui exactement ?
« Qui êtes-vous ? Je ne vous jamais vus auparavant.
_ Quoi ? Tu ne me reconnais pas ? »
L’individu paraissait amusé, comme si c’était un jeu. « Je te le dirai après, Tonio, mais ce qu’il faut que tu saches, c’est que je peux te faire délivrer d’ici.
_ Vous avez des conditions ?
_ S’il te plaît, tutoie-moi. Et oui, j’ai une condition. Que tu écoutes mon histoire, puis ensuite, que tu me dises ce que tu en penses.


__

  C’est l’histoire d’un mec qui lutte contre des vikings, un Arak acharné, qui s’entraîne tout le temps jusqu’à l’humiliation de se cacher derrière une petite fille de douze ans, tout ça parce qu’il a perdu ses pouvoirs et qu’il devait absolument les récupérer avant que ne vienne l’Apocalypse, ainsi que de pouvoir être le sujet d’un rituel qui lui permettrait d’accepter sa force seulement s’il en était digne.
Et bah justement :

« Vous n’en êtes pas dignes, j’ai l’impression… » commenta la Reine Dulle, soulignant parfaitement les émotions de désespoir, de déception et de honte qui me traversaient devant la petite assemblée qu’était les lieutenants de la Reine (dont Karim), quelques vieux conseillers, notre propre petite troupe, et évidemment, Mara, dont les mains faisaient luire l’Artefact ressemblant à un petit soleil, preuve qu’il la reconnaissait comme stratège, mais qui n’arrivait pas à le faire rentrer en moi comme il était censé faire. Rah, mais la honte.
« Je suis désolé…
_ Stratège Mara, gardez-le tout de même, on ne sait jamais, peut-être qu’il lui servira pour plus tard. »
 Ah bah, je priais pour. Il n’y avait plus qu’à traîner mes pieds dans la chambre et y dormir ; j’aurais pu essayer de m’entraîner un peu pour voir si le Sacralis se faisait moins têtu, mais merde, je n’avais qu’une seule envie, et c’était de dormir.

__

« Je pense que tu vas avoir du mal à me croire, dans ce cas, je suis désolé d’avance, mais je viens du futur.
_ Pardon ?
_ Un sort temporel, je peux te garantir que c’est faisable, je ne suis pas le seul à être venu. Actuellement, nous venons de changer le cours de l’histoire pour éviter le pire.
_ Le pire ?
_ Oui. Poursuivis et sans renfort, votre petit groupe aura une perte : Sasha, la princesse héritière. Ne t’inquiète pas, elle est actuellement en vie. Mais chez moi, l’ayant perdu, et m’ayant perdu, Robin, soutenu par mon père, deviendra fou et rasera la campagne pour la venger avec ses troupes, sans savoir que des Royaumes se battront pour le sien. Je te passe le cours de l’histoire, mais je peux te garantir une chose : il y aura des guerres pendant des années entières, auxquelles j’ai participé. Les adultes étaient tous devenus dingues et il y eut bien peu d’alliance face aux trahisons qui s’enchainèrent. Pendant quinze ans de guerre terrible, il n’y eut nul vainqueur. Les batailles s’arrêtèrent d’elle mêmes, fautes d’effectifs, faute de renforts, faute de ressources. Notre monde fut dévasté, Tonio, à un point qu’il est difficile d’imaginer quand on voit l’opulence dans lequel il est bercé. J’ai vu mes proches et ma femme mourir les uns après les autres, j’étais encore un des rares hommes survivants qui n’étaient pas mutilés. Pendant ce temps, les Îles se querellaient les unes avec les autres, sans chef, le commerce n’existait que très peu, Olivie s’est envolée, comme actuellement, activée par les pouvoirs incroyables de Mara Leros, la stratège, coincée à tout jamais dans un cristal protecteur, Aniamante s’est recroquevillée sur elle, dans des blizzards rouges, et les autres nations ne sont plus que l’ombre d’elle-même. Le pouvoir n’existe plus, la justice est une légende : les bandits sont les seuls maîtres, soit eux, soit des guerriers plus forts pour les en empêcher, mais on ne peut être partout.
_ C’est la vérité ?
_ La pure, Tonio. »  
souffla l’adulte avec des yeux sombres. « Et tu peux me croire : je suis toi. Quinze ans plus tard. »

__


  On toqua légèrement à la porte de Mara, peu après que le palais se soit éteint pour laisser le sommeil régner en maître dans les chambres. Une fois qu’on était sûr que la stratège était un peu levée, Hely pénétra à pas doux dans la chambre. Elle marchait à pas feutrés, mais avait un grand sourire qui annonçait une belle joie. Hely se précipita sur le lit afin de s’y reposer, légèrement fatiguée tout de même, et annonça :

« Regarde ce que j’ai trouvé ! »  Et de sa poche, elle sortit un autre Sacralis, exactement comme celui que portait la stratège donnée par la reine Dulle. « C’est ma mère qui me l’a passée avant de m’envoyer vous retrouver. Elle ne m’a pas dit à quoi ça servait, mais de le garder précieusement en cas d’ennui, et de demander à un stratège de l’utiliser sur moi quand le moment était venu. J’avais préféré ne pas y penser, mais maintenant que je sais que c’est un Sacralis, il faut absolument que tu l’essaies sur moi ! »  Hely était toute excitée, elle battait des pieds et des mains. « Je me sens prête, vas-y… » dit-elle en fermant les yeux, se mordant les lèvres – un Sacralis, un objet aussi sacré !

__

« Et comment puis-je vous aider, alors ? Ou nous aider ?
_ Il se trouve une magie noire, pas loin, un grimoire ancien qui permet à Gohort de créer ses monstres. Ce livre appartenait d’abord au grand sorcier noir Khâmtlarksh, puis une de nos amies magiciennes a su récupérer toute sa magie qui pourrissait dans son corps endormi à tout jamais, ainsi que ses plus vieux sortilèges. Elle se l’est malheureusement faite subtiliser par Gohort, ce voleur impétueux, et maintenant, nous pouvons le récupérer.
_ Mais la magie noire n’est-elle pas… ?
_ Maléfique ? Bien sûr que non. C’est la personne qui l’utilise qui décide de son utilisation. C’est juste une pure magie de destruction très utile contre les mages, normal qu’ils rouspètent et appellent à de la malédiction dès qu’ils ne peuvent surmonter quelque chose. Mais Hhâmtlarsksh était un génie,  et plus grand sort est cette création de monstres, le gros souci, c’est qu’actuellement, le grimoire ne fonctionne pas très bien : il peine à les créer, et ils obéissent à peine. Mais toi, Tonio, venant de cette dimension, n’étant pas perturbée par la quantique magique, tu peux t’emparer de cette magie et en faire tienne.
_ Pour lever une armée de monstres ?
_ Absolument. »

__

  Anaka lisait tranquillement, assise en tailleurs sur son lit encore fait. Elle ne parvenait pas à dormir, c’était parfaitement inutile avant une bataille, ça la stressait trop. Alors elle avait consulté la bibliothèque d’Aniamante et s’était emparée des meilleurs ouvrages afin de lire le plus de pages possibles avant que ne vienne le temps du départ. Amusée d’ailleurs par le fait qu’elle évolue dans un futur proche, assez pour pouvoir guider sa fille dans les couloirs du temps, elle s’était décidée à consulter dès maintenant les ouvrages qui traitaient des magies temporelles. Et la boucle est bouclée, pensa-t-elle en souriant devant ce superbe paradoxe.

  Elle lut plusieurs heures, emmagasinant toutes les connaissances, souvent théoriques, dans son esprit, une pile de bouquins près d’elle. Elle se mit tout de même à bailler, pensa qu’il faudrait tout de même qu’elle se crée un petit remontant de sa fabrication pour que le sommeil ne lui fasse pas défaut lors des pires moments demain. Elle tremblait face à l’ampleur de la tâche qui les menaçait. Mais rapidement, ses yeux sautèrent un paragraphe et lisaient en diagonale. Elle se ressaisit, pensant que c’était important, son cerveau l’avait prévenue, donc elle relut précautionneusement les lignes :

« Les voyages temporels sont les plus puissants des sorts connus à ce jour, et rares sont les essais tant ils s’avèrent infructueux – nous pouvons tout de même douter qu’il y a eu plus de voyages temporels que recensés, bien évidemment. Cependant, il est une chose de sûre, c’est que le sortilège demande un équilibre énorme entre les différentes branches du pentacle, ainsi que les composants utilisés (que ça soit le moment de la journée, la personne qui lancerait le sort, ou le minerai utilisé pour tracer au sol). De façon générale, l’équilibre n’est pas retrouvé, et le succès des opérations temporelles dépendent d’un cocktail d’ingrédients que nous ne connaissons pas encore. La seule chose certaine, c’est que pour atteindre l’équilibre des composants, le sortilège venant des arcanes lunaires (symbole féminin), et du sol (aussi symbole féminin, dit Terre-Mère), il est fondamental que le mage qui se risque à de telles expériences soit un mâle. Autrement, cela ne marche point. »
Anaka relut le paragraphe doucement, en s’aidant de son doigt… et dès qu’elle l’eut saisi, se rendit compte alors du problème qu’il y avait. Elle jura en se levant à toute vitesse :
« LA PETITE… ! »

__

« Devant une telle menace, annoncée par notre amie, les royaumes vont faire exactement ce qu’on attend d’eux : ils vont arrêter les guerres et se replier entre eux pour éviter les massacres à venir. Troublés par les bêtes, ils vont tenter alors de s’unir les uns envers les autres, telle une fratrie, pour venir t’affronter. Mais ce n’est pas le but que nous visons. Ton armée nous servira surtout après.
_ Après ?
_ Après que les systèmes d’Olivie, en train de planer dans les yeux, soient opérationnels : ils vont arriver dans un endroit, caché dans les Pics d’Ambur, le sanctuaire aux Dragons, là où ils dorment, reposent en paix, et que personne ne doit troubler. Sasha sera censée pouvoir les contrôler depuis son cristal une fois qu’ils se réveilleront, furieux. Il faudra la réveiller tout d’abord, mais seulement une fois qu’on sera arrivés, et réussir à les contrôler nous-mêmes. Notre amie devrait avoir une force suffisante grâce à un Sacralis pour pouvoir réussir cet exploit. Nous disposerons d'une force à même d'arrêter toutes les guerres à venir, nous serons les vecteurs de la paix pour plusieurs générations.
_ C’est complètement dingue…
_ Oui. Le seul souci dans notre plan actuellement, c’est Folichon. Une arme sculptée par la lumière, et qui entre en résonnance avec toutes les magies de lumière. Imprégnée, elle peut soigner des gens, elle peut détruire les ténèbres, ou résonner avec des artefacts en particulier.
_ Je ne comprends pas trop…
_ Je t’ai dit que dans notre espace-temps, Mara était celle dans le cristal, pas Sasha ? Folichon l’a invoquée ici aussi, pour nous contrer. »


__

  C’était complètement dingue, c’était complètement dingue… Le temps manquait à Mara, mais elle ne savait même pas comment elle pouvait résoudre la situation. Elle était presque seule dans le palais et ses soldats la protégeaient contre les intrus, mais elle n’y arrivait pas. Il fallait tirer Sasha de son cristal avant qu’elle n’ils n’atteignent l’endroit où dormaient les Dragons… Elle avait mimé devant sa jumelle d’un autre espace-temps qu’elle ne désirait que Grimma… Elle espérait que ça forcerait les gens à grimper au ciel pour venir l’aider dans sa tâche. Elle se sentait terriblement seule… Qu’est-ce qu’elle faisait ici ? A part faire croire aux soldats des Marches de la Fêtée que oui, effectivement, elle était en train de s’occuper à libérer le dragon maléfique à leur compte… Elle jeta un coup d’œil au cristal en forme de Sasha et se sentait désolée pour son amie qu’elle croyait morte… Elle priait pour qu’on vienne lui porter secours, elle avait tout essayé, mais rien ne marchait. Peut-être qu’avec Folichon…

__

« VOTRE ALTESSE ! Il y a urgence ! On nous a volés le second Sacralis ! [/color]
_ QUOI ?! Que tous les gardes soient en alerte ! Retrouvez celui qui a osé ! »


__

« Alors, Mara, tu essaies ? » , demanda Hely, toujours les yeux fermés.

__

« ED ! Il faut absolument capturer Hely ! C’est une traîtresse !
_ Qué ? »


__

« Tu seras le Roi des Ombres dans quelques instants, Tonio, ça ne durera plus très longtemps.
_ Dans dix minutes, à peine »
, se félicita une version plus âgée d’Erik, qui manipulait les rayons ténébreux autour du corps endolori du fils de Gaston. Tonio et Erik étaient les deux adultes de la bande, et donc le second et troisième cerveau. Le premier était un guerrier émérite, plus fort encore que son père, et le second, un magicien aux connaissances inépuisables.
« Notre chef devrait bientôt pouvoir accès à la puissance nécessaire pour contrôler les dragons » , hocha Marine de la tête, fille de Robin et d’Emelia. Son frère cadet, Erdoan, secoua la tête.
« Un Sacralis apposé par un stratège, après qu’elle ait absorbé les meilleurs de cette dimension. » rêva doucement Agathe, fille de Simon et de la fille de Dulle, aussi mariés dans cet espace-temps.
« Les pouvoirs du sorcier, et la force physique d’un puissant Voyageur » , compléta Valeau, fils d’Adrien et d’une aristocrate.
« Le Roi des Ombres, une quasi-Déesse, et des Dragons, le plan est parfait. Une force de dissuasion qui calmera toutes les guerres à venir. Nous vivrons enfin en paix… » soupira Allette, nièce de Nirsan.
« Trop tard pour reculer de toute manière. Nos parents vont tous payer pour ce qu’ils ont contribué à faire. » , admit Nils, fils de Rottero. Tous ces enfants, adolescents et jeune adultes ne pourraient jamais changer leur monde : il était détruit. Leur seul espoir était d’empêcher celui-ci de l’être. Quitte à accomplir des actes qu’ils jugeaient de base, immoraux.
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MessageSujet: Re: Le Pins du Feu [PV Mara] Le Pins du Feu     [PV Mara] - Page 3 EmptyDim 24 Juil 2016 - 8:33

Mara songeait. Pendant la cérémonie, ou plutôt l'échec de cérémonie, la conclusion avait été qu'Ed n'était pas digne, le Sacralis se refusant à lui. Après tout, il y avait peut-être même des explications logiques: peut-être qu'un Voyageur n'était pas assez proche du Royaume pour utiliser ses Artefact, la fillette en avait déjà fait les frais avec Folichon. Pourtant, cette éventuelle explication n'était pas la première à être venue à l'esprit de la petite. En vérité, de son point de vue, il y en avait peut-être une bien plus simple: elle n'était pas une vraie stratège, pas au sens où l'entendaient les gens d'ici. Oui certes, l'Artefact s'était mis à briller, mais peut-être que c'était simplement car les gens lui avaient attribué ce rang, non? Après tout, elle ne savait pas ce qui faisait un stratège ici, si ça se trouvaient, ils connaissaient de procédures de cérémonies ou des formules qu'elle n'avait pas, et elle ne pouvait donc pas attribuer le Sacralis. Alors oui, tout le monde lui avait dit qu'il suffisait de l'approcher du candidat, mais qui sait ce que pouvait réciter quelqu'un dans sa tête en faisant ce simple geste? Quelque part, elle s'en voulait un peu.

Elle avait même agit de manière terriblement égoïste, en refusant de soumettre l'idée de faire faire la cérémonie par quelqu'un d'autre. Les stratèges pouvaient pas être si rare que ça, non? Y devait bien y en avoir au moins un qui traînait dans le grand Nord! Mais elle avait préféré se taire. De peur d'un second échec après un sursaut d'espoir chez son groupe peut-être. Ou plus probablement par crainte d'une réussite. Quoi qu'elle en dise, quoi qu'elle en pense, quelque part au fond d'elle, elle aimait bien sa position. Ça lui donnait un peu trop d'importance pour sa timidité, ça la mettait dans des positions parfois embarrassantes, mais ça rehaussait incroyablement son ego. Et une nuit comme ça, où elle pouvait jouer un rôle qu'elle aimait pour aider un Royaume entier, c'était trop précieux pour être bêtement gaspillé.

Sauf que voila, depuis presque une heure maintenant, elle réfléchissait allongée sur son lit, à la seule lueur d'une bougie. Et elle se demandait si ça valait la peine. Si ça valait la peine de se priver de meilleurs éléments potentiels, de mettre un péril une alliance en la basant sur un mensonge, si ça valait la peine d'empêcher un monde d'être sauvé uniquement pour flatter son fameux ego. Et si ces nuits dans une position avantageuse aboutissaient finalement à un massacre en règle et l'apocalypse qui allait avec? Elle ne savait pas et pour la cinquième fois, se frotta vigoureusement les yeux en se disant qu'elle se posait des questions vachement trop compliquées.

Ce fut l'entrée d'Hely qui parvint à lui faire quitter ses pensées, et la voir si heureuse lui réchauffa un peu le cœur. Alors qu'elle se redressait pour laisser à son amie la place de s'asseoir, écoutant ce qu'elle lui racontait, elle trouva légèrement surprenant qu'Anaka puisse confier un tel Artefact sans prévenir sa fille de son utilité, au risque qu'il reste inutile. Bah, si elle le lui avait refilé dans l'urgence, au dernier moment, ou si la fille n'avait simplement pas entendu les explications, ça pouvait se tenir.

Mais alors qu'elle saisissait l'objet, observant avec un peu moins de fascination que la dernière fois la lumière pâle qu'il émettait ou la curieuse sensation de léger froid qui traversait ses bras, elle se demanda si elle ne devait pas faire part de ses doutes à son aînée. Elle leva les yeux vers cette dernière, assise en tailleur devant elle, yeux fermés et visiblement très excitée. Ce fut d'ailleurs ce moment qu'elle choisit pour demander:

"Alors, Mara, tu essaies?"

"Je me demande..." lâcha-t-elle finalement. "T'es sûre que ça marcherait? J'veux dire, si c'est moi qui le fait..."

La jeune mage rouvrit les yeux, l'air interrogateur, demandant ce qu'elle voulait dire. Ce à quoi l'autophobe répondit en soupirant:

"Baaah, déjà que Folichon me reconnaît pas, j'vois pas pourquoi un truc aussi sacré le ferait... J'veux dire, j'suis une Voyageuse, j'peux pas être une "vraie" stratège, comme vous les voyez et tout..."

La fille d'Ed s'approcha alors, posant une main sur son genou, et dit d'une voix douce et rassurante:

"Écoute Mara, partout ailleurs, tu es une Voyageuse. Mais ici, dans notre monde, tu es une Stratège, il suffit que tout le monde te voit comme telle pour en être une, et le fait que l'artefact brille en est la preuve irréfutable. En tant que stratège, tout ce que tu fais, c'est l'activer. Après ça, n'importe qui avec assez de potentiel qui s 'en approche peut l'absorber. Je sais pas si tu t'en veux pour Ed ou pas mais ça peut pas être ta faute, tu avais fait ta part du travail." Elle retira sa main, se reculant pour se remettre comme elle était, mais souriant plus franchement. "Si tu veux, tester sur moi peut être un moyen très simple de te le prouver, je suis sure que ça va marcher! Et je pourrais encore mieux aider, papa et maman seront si fier..."

Mara se demanda si Ed serait vraiment content de voir sa fille réussir là où il avait raté, vu l'air déprimé qu'il avait à la fin de la cérémonie, mais elle finit par conclure qu'elle ne le connaissait pas assez bien pour en juger. Acquiesçant finalement à son amie, qui referma les yeux, elle approcha doucement l'orbe pâle autour duquel deux anneaux tourbillonnaient, et vit avec surprise qu'il réagissait. En effet, la lueur se faisait de plus en plus forte et le frissonnement frais devenait presque glacial, sans pour autant être douloureux, aussi bizarre que ça puisse paraître. Écarquillant les yeux face à ce nouveau phénomène, Mara n'entendait même pas les bruits de cavalcade dans le couloir. Elle regardait simplement avec stupeur l'objet quitter le support de ses mains et se positionner au dessus de la tête de son amie. La voyant baignée d'une lumière de plus en plus forte, son instinct lui souffla d'instaurer une marge de sécurité entre elle et la réaction nouvelle. Et elle eut bien raison, car la lumière se mua en violent flash qui la fit à nouveau reculer de deux pas, levant les bras par réflexes pour protéger ses yeux.

Sauf qu'elle cogna quelqu'un en reculant. Elle voulut se retourner pour s'excuser par habitude, et peut-être pour voir de qui il s'agissait, mais la lumière était trop forte pour distinguer quoi que ce soit. Mais son interrogation trouva une réponse par elle-même, quand elle sentit des mains se déposer sur ses épaules et la voix de la mère d'Hely dans ses oreilles qui soufflait:

"Qu'as-tu fait..."

Ah mince, elle aurait peut-être dû demander la permission quand même...

~~~~~~~~~~~~~~

L'armée des ombres progressait, rapidement et sûrement. Et au cœur de celle-ci, un chevalier, monté sur un puissant étalon noir dont la queue comme la crinière semblaient s'évaporer en une brume sombre. L'armure qui protégeait Tonio le grandissait  légèrement, dégageant une aura funeste qui aurait le don de faire fuir n'importe quel fou souhaitant s'approcher de lui. Mais en vérité, cette aura n'émanait pas seulement de la protection issue de la magie noire, elle provenait aussi du garçon lui-même. Il bouillonnait de colère, la rage alimentait ses veines. Il savait que ce n'était pas anodin de ressentir une émotion à un stade si extrême, il le sentait bien, mais pour l'instant, il s'en fichait. Car cette fureur servait son besoin.

Il avait été convaincu par les enfants du futur, la sincérité se sentait dans leurs regards comme dans leurs voix. Au début, la mesure qu'ils prévoyaient lui avait semblé extrême, il s'était demandé si c'était la meilleure solution. Mais ils avaient besoin d'une solution, et lui-même était incapable d'en trouver une autre aussi durable, il avait donc accepté. On l'avait prévenu que la magie noir était un tel ajout de puissance que sa personnalité pouvait très légèrement varier, on lui avait dit qu'en acceptant ce rôle, il deviendrait l'une des figures maléfiques de l'histoire. Mais il avait accepté. Quitte à ce qu'il y ait un Roi des ténèbres, autant que ce soit lui, il se considérait capable d'éviter les dérapages inutiles.

Mais quand il avait vu sa capitale assiégée, quand il avait vu la fumée s'élevant des hautes murailles et que ses éclaireurs lui avaient rapporté les hurlements de la guerre, quand il avait vu la cité où demeurait encore sa mère s'arracher du sol et s'envoler vers les cieux, alors il avait craqué. La colère l'avait submergé avec une facilité déconcertante, et il avait rappelé toutes ses troupes. Même celles restées en faction aux côtés de son ancien groupe, autant pour les empêcher d'intervenir que pour les protéger des troupes ennemies ou pour communiquer avec leur amie. Et toutes s'étaient déversées sur le camp des Marches de la Fêtée, tel une marée obscure qui remplirait un trou. Et il avait observé, regardé le massacre silencieux, et il avait presque été surpris de son manque de réaction. Et surtout, il avait compris la démarche des autres. Il n'y avait pas d'autres solutions que la voie du massacre, pas d'autre paix que celle de la terreur, pour ces populations stupides et divisées.

Et dans sa poursuite du château, fabuleux guide volant vers la suite de leur plan, sa colère avait évolué, se muant en une fureur froide et pragmatique, quelque peu influencée par son état d'esprit initial, un objectif de paix. Ainsi, il progressait, parfaitement conscient de la présence des régiments qui suivaient son armée, des troupes humaines, disparate comparées à la ruche sombre qu'il menait. Elles ne savaient que faire en si petit nombre, attendant des renforts, pas même capables de tenter une manœuvre d'encerclement pour ralentir cet ennemi en attendant leurs alliés. Mais il ne les tuait pas, il n'ordonnait pas leur extermination.

Presque sage, il poursuivait son chemin tout droit, tandis qu'à l'horizon, la lueur de la lune dessinait la silhouette d'une large chaîne montagneuse dont les pics s'élevaient tels de dents vers le ciel. La frontière idéale entre le monde des humains et celui des dragons.

~~~~~~~~~~~~~~

Hely était maintenant debout à côté du lit, inspirant et expirant lentement pour se remettre de ce brusque changement d'état. Elle avait remarqué l'arrivée de sa mère, ainsi que celles d'Ed et de quelques autres, dont des gardes locaux qui l'observaient d'un air effaré. Mais elle voulait profiter de cette sensation nouvelle et délicieuse, cette impression d'être une autre personne. Quelque part, ce n'était pas réellement une impression, utiliser un Sacralis changeait la nature même d'un individu, l'exacerbant, l'améliorant à un tout autre niveau. Mais là...

Elle daigna finalement ouvrir les yeux, croisant les regards tantôt ahuris, tantôt désespéré, tantôt hésitant... et celui dur d'Anaka. Elle décida de l'ignorer pour le moment, tournant la tête vers un miroir qui ornait un des murs de la chambre, se détaillant tranquillement.

Le premier changement frappant était l'aura qu'elle dégageait. Elle avait gagné en puissance, c'était indéniable, et cela pouvait presque se ressentir par sa posture plus droite, plus fière malgré sa robe de mage. Le second changement remarquable était ses oreilles. Elles qui étaient auparavant presque ronde, en raison de l'héritage de son père, étaient à présent particulièrement pointues, presque plus élancées que celles des autres Créatures des rêves locales. Et enfin, en plissant les yeux, elle put aussi distinguer que sa pupille était à présent fendue. Elle passa sa langue le long de ses dents pour une ultime vérification, et sourit. Elle avait réussit. Elle avait accompli l'impossible, l'impensable. Elle venait de ressusciter une race pour en réveiller une autre.

"Qui es-tu?"

L'ancienne magicienne tourna la tête vers Anaka et répondit, en toute sincérité:

"... Je suis ta fille! C'est toujours moi, c'est Hely!"

Mais l'adulte alla droit au but et fit tomber:

"Je n'ai pas pu te renvoyer dans le passé. Je n'en aurais pas été capable. Alors si tu es vraiment ma fille, qui t'as envoyé ici? Et pourquoi?"

Un silence s'installa, laissant l'accusée baisser les yeux, puis les relever en s'approchant de la juge, répondant:

"C'est vrai, ce n'est pas toi qui m'a renvoyé ici, c'est un ami à moi. Un mage incroyablement puissant, remarquable. Et pourquoi... Tu as déjà la réponse: pour changer un futur apocalyptique, et donner un espoir de paix à ce monde." son interlocutrice semblait sur le point de lancer une autre accusation mais elle ne lui en laissa pas le temps "Je suis désolée de vous avoir menti mère, mais... je voulais votre confiance, je voulais vous accompagner. Et vous ne croyez en personne d'autre qu'en vous-même, mon histoire était le seul moyen pour que vous acceptiez ma quête." Elle s'approcha encore et sans lui laisser le temps de réagir, elle s'enfouit dans ses bras et chuchota: "Vous êtes morte pendant la guerre, un an avant mon départ, j'avais à peine quatorze ans. J'étais seule, effondrée, incapable d'agir par moi-même, mais quand s'est présenté une opportunité... Une mission pour retourner dans le passé, à cette époque..." Elle se détacha lentement, saisissant ses mains et la regardant droit dans les yeux. "Peut-être était-ce stupide et immature, mais il n'y avait que peu d'autres candidats capables, et j'y suis donc allée. Pour tenter de sauver le futur, certes. Mais surtout pour retrouver ce fragment de moi-même qui s'en était allé avec vous."

Et sur ces derniers mots, elle replongea dans les bras d'Anaka qui ne savait plus quoi dire, un peu désorienté, mais qui lui rendit son étreinte. Mara ne disait rien, émue. Elle venait d'imaginer dans quel état elle serait si elle devait perdre ses parents et cette simple idée la poussait déjà au bord des larmes, larmes contre lesquelles elle s'empressa de lutter fermement. Un silence s'était installé face à ce discours, mais un garde intervint finalement assez agressivement, après avoir remarqué sur la table de la chambre l'Artefact que la Reine Dulle avait laissé à la jeune Voyageuse, au cas où:

"Vous venez d'utiliser un Sacralis, n'est-ce pas? D'où venait-il?"

Hely tourna un regard interrogateur vers lui, se contentant de répondre:

"Du futur, on me l'avait donné mais je ne savais pas ce que c'était, alors que l'ai laissé au fond de mon sac... pourquoi?"

C'est avec un air suspicieux vers la jeune fille qu'il annonça que celui du royaume avait été volé. Des moues surprises fleurirent sur les visages des gens présents mais c'est avec un regard choqué que la fille du Voyageur se détacha de sa mère et souffla un "Quand?" inquiet. Et face à la réponse, à savoir approximativement une heure plus tôt, elle se décomposa en se rendant compte à voix haute que depuis le temps, le voleur pouvait être n'importe où. Le garde la rassura, lui disant que des escadrons fouillaient déjà la ville, et il repartit arpenter le palais sur une dernière remarque, adressée à Mara cette fois:

"Stratège, comprenez bien qu'un Sacralis est essentiel pour conserver la puissance de la lignée royale. Si nous échouons à retrouver le nôtre, nous vous prierons de nous remettre celui qui vous a été confié."

La fillette se contenta d'acquiescer, légèrement dépassée par les événements. Les personnes qui étaient venue commençaient peu à peu à s'éparpiller et Mara entreprit de retourner se coucher pour de vrai, après un dernier câlin de remerciement de la part de son amie. Plus elle était proche, plus sa nouvelle puissance semblait écrasante. Elle serait vraiment un atout de poids pour le lendemain. Mais pour l'instant, la blondinette espérait juste s'endormir rapidement histoire d'avoir un minimum de repos malgré tout.

~~~~~~~~~~~~~~

Dans le couloir, Hely et Anaka avançaient côte à côte, cette dernière se massant le front et mettant le doigt sur ce qui la perturbaient finalement le plus, à présent:

"Mais... c'est impossible, les Manakete sont une race à par entière. Les Sacralis peuvent exacerber des aptitudes déjà existante, mais ça c'est... C'est un changement de race, c'est impossible, c'est du jamais vu!"

"Mère," soupira gravement l'autre. "Je suis née de l'union d'un Voyageur et d'une Créature des Rêves, et je suis retournée dans le passé. La magie permet de faire des choses incroyables, et l'impossible devient simplement l'improbable, vous le savez mieux que quiconque!"

"Certes, mais... comment?" il fallait vraiment qu'elle se fasse son remontant, la fatigue et l'émotion l'empêchaient de réfléchir proprement.

"J'avoue que je ne sais pas. Mais comme je l'ai dit, je suis le résultat d'une union improbable et j'ai voyagé dans le temps," raisonna la cadette. "Qui sait ce qui se balade en moi?"

"Mmmh," soupira la mage. "Dans tous les cas, il va falloir que je te confectionne une dracopierre, il ne faut pas te laisser comme ça, tu pourrais perdre le contrôle."

"Merci maman," sourit la fille en embrassant sa mère sur la joue. Elle lui souhaita d'ailleurs aussitôt bonne nuit avant de dépasser sa chambre et pénétra dedans. Et dans le calme soudain, dans la pénombre de la nuit, Hely s'assit lourdement sur son lit et expira profondément.
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MessageSujet: Re: Le Pins du Feu [PV Mara] Le Pins du Feu     [PV Mara] - Page 3 EmptyLun 1 Aoû 2016 - 20:50
  Le début de soirée fut agité ; la folie soudaine d’Anaka envers sa fille s’était terminée d’une façon si embarrassante (et mignonne, mais devant un palais entier, ça devenait embarrassant) pour la première que la cour du château réveillée préféra tousser dans ses mains et aller voir ailleurs s’ils y étaient plutôt que d’essayer de comprendre ce qui l’avait poussé à foutre le ramdam. Par sollicitude, je restai un peu plus longtemps que les autres et en profitai pour considérer ma fille qui s’était… transformée. Par un Sacralis en plus ! Je ne savais pas pourquoi, j’avais du mal à voir ceci d’un bon œil ; certainement parce qu’en fait, savoir que ma propre fille avait réussi là où j’avais échoué et où je me voyais comme le héros parfait de la situation me restait en travers de la gorge. C’était toujours un avantage, ceci dit, mais après une telle journée, j’aurais préféré hériter de la récompense des regards rivés sur moi plutôt que de voir ma fille me la chiper sous les yeux. Il n’y avait plus qu’à croiser les doigts pour en devenir digne durant la bataille et recouvrer l’entièreté, voire plus, de mes capacités.

  La nuit, j’eus moins de mal à m’endormir (pouvait-on s’endormir sur Dreamland ?) que la plupart des Créatures Oniriques qui allaient devoir mettre leur vie en jeu demain. Maintenant qu’Hely ne devrait plus avoir de problèmes dans la bataille, peut-être que je pourrais me concentrer plus sur la protection de Mara, qui allait devoir être au milieu d’une guerre bien différente des petites escarmouches que l’on faisait aux débuts de nos aventures. Je sombrai comme une masse, en réfléchissant à peine à ce qui arriverait le lendemain. Trop d’armées, trop de responsabilités… J’avais appris à envoyer foutre tous mes sentiments et toutes mes appréhensions pour pouvoir me concentrer au maximum. Il ne fallait pas perdre la boule et garder le sang-froid.

  Je fus réveillé juste après m’être endormi – du moins, ce fut l’impression que j’en retirai car j’eus autant de mal à me réveiller qu’après une soirée qui se serait déroulée jusqu’au bout de la nuit – et mes yeux papillotèrent longtemps après que je sortis de ma chambre en m’étant vêtu des mêmes vêtements que la veille. On m’escorta poliment vers la sortie de la ville, ‘on’ étant des officiers de l’armée d’Aniamante.

  Parce que c’était impressionnant, le bousin, y avait pas à dire ! Alors que je parcourais la ville, je pouvais me rendre compte de tous ceux qui empruntaient le même chemin que moi. L’armée royale, une partie de la milice de la ville, des vikings arborant des armes aussi impressionnantes que leur musculature, des chevaux en voulais-tu en voilà, des officiers chichement décorés, mais remplaçant les médailles par un charisme dévorant et la force de l’âge, des wyverns qui parcouraient le ciel pour vérifier que tout se passait bien. Tout le monde s’était déjà préparé, mais le Royaume ne semblait pas être expert en habillements collectifs qui distinguaient les armées des uns et des autres, comme dans le premier millénaire européen. Chacun avait plus ou moins la même tenue agrémenté de ses goûts personnels ; c’était plutôt rafraîchissant.

Dans ce fatras d’hommes, alors que j’étais enfin sorti de la ville, et à deux kilomètres de cette dernière, je me rendis compte que nous marchions sur un pentacle dantesque dans lequel on essayait de faire passer le plus de bataillons possibles. On nous demanda d’éviter absolument de fouler du pied les écritures, et il fallait passer plusieurs couches de symboles de plusieurs mètres chacun pour rejoindre un centre dont on aurait pu faire tenir une cargaison romaine. Pour les chevaux, des passerelles avaient été dressés. Je me tins alors tout près de Mara et d’Hely, et pas loin de Robin, dont j’évitais le regard. Je me rendis compte que Karim se tenait présent à quelques mètres devant moi, et il fallait que tout ce petit monde se serre afin que les derniers arrivants puissent laisser passer les nouveaux derniers arrivants. Rah, tu parlais d’un bordel.

  Pas mal de compagnons qu’on avait vus durant nos aventures étaient présents, et certainement qu’on en trouverait d’autres après nous être fait téléporter. Il fallait juste attendre… Et attendre, on le fit bien, hein. Ca faisait combien de temps qu’on restait debout à attendre la suite ? Au bout d’une heure, des chamans d’Aniamante, sous la surveillance de la Reine Dulle et de ses conseillers, commencèrent à réciter les incantations pour nous téléporter dans les Pics où la bataille finale se jouerait. Peut-être que là, en voyant ces centaines d’hommes qui nous entouraient, qui faisaient cliqueter leurs armures, qui se parlaient entre eux, mais toujours avec une sorte de solennité, de voir toutes ces épées, ces armes tranchantes, là, je commençais à flipper : on se rendait compte en direct du sérieux de notre ennemi. Puis attendre une heure, merci pour le stress.

  La téléportation fut bien plus agréable qu’imaginé : j’eus l’impression d’être léché par de la sève d’arbre sucré… Un peu comme la sensation d’un whisky puissant, mais non pas dans ma gorge, mais sur l’ensemble de ma peau. Cela dura quelques secondes dans laquelle je complètement aveugle, des tâches de lumière me clairsement ici et là… puis après…

  Les montagnes. Je me sentis directement minuscule en-face des monts et des plateaux qui nous faisaient face durant ce soleil flamboyant… où de nouvelles armées alliées nous attendaient. On amenait le gros des troupes, mais le paysage était maintenant splendide avec ces tentes et ces hommes, et c’étaient maintenant des frissons d’excitation qui me parcouraient la peau.

  Nous étions dans une chaîne de montagnes gigantesques, à vous pendre la mâchoire : les pics acérés dominaient les terres et les cieux, les cols devenaient un enchevêtrement de labyrinthes, et l’on devinait aux lieux son lot d’histoires, de légendes, et de cavernes. Le ciel parfaitement bleu, éclairci quelques fois par quelques nuages, rendait hommage au terrain épique de la bataille à venir. Je remarquai toutefois qu’au plateau inférieur, à des kilomètres de là, des grains de ténèbres se déplaçaient par milliers. L’armée des Ombres serait bientôt sur nous. Et nous, qu’avions-nous ? Heureusement, Salim, se présenta à nos officiers et Mara, dont le rôle de Stratège attirait toujours les personnes de haut-rang, et il détailla la situation :

« Nous avons avec nous des révolutionnaires de Gohort ainsi qu’une bonne partie de l’armée de Merta, prise en traître et emprisonnée par les hommes de Noïlissima lors de sa rapide conquête ; nous en avons d’ailleurs une ou deux garnisons, ils ont accepté notre requête. De plus, avec votre cortège d’Aniamantiens et des troupes des Îles des Joyaux, nous avons une armée solide.
_ Les Araks sont présents et témoigneront de leurs haches la défaite de nos ennemis », annonça Krib qui s’avançait vers nous. Ca faisait plaisir de le revoir. Il avait à sa droite le fils aîné d’Herman, Simons, qui détailla les troupes.
« Stratège, nous avons toutes les troupes dont vous avez à votre disposition. Cavaliers, archers, pégases, wyverns, généraux, espions et assassins, mages, et soigneurs, et plus encore. Vous serez en charge de déployer notre stratégie.
_ Le château, que vous voyez là-bas, dans le ciel, avance vers nous et pourra être joignable en Wyvern dans un peu plus de cinq heures. Sans compter leurs propres unités volantes. L’armée ennemie devrait être sur nous dans moins d’une heure. Il faut donc tenir quatre heures contre ces monstres avant d’envoyer nos hommes en-haut. »
Tout capish, Mara ? Je n’aimerais pas être à ta place. Ce fut pour ça que je lui posai ma main sur l’épaule :
« Tu peux m’utiliser pour gérer n’importe quel front. Je le ferai.
_ Moi aussi ! »
, hurla Krib avec un sourire terrible.

  Les hommes se tinrent peu à peu près pour les monstres qui allaient nous tomber dessus… enfin, tomber, nous étions en hauteur quand même par rapport à eux. Mais certains semblaient capables de voler, il faudrait gérer ça, d’autres passaient par d’autres cols, ouvrant de nouveaux fronts un peu partout, et je ne comptais même pas ceux qui essaieraient de passer par des tunnels, qui étaient légions dans la région. Il fallait tenir compte de tout ça à la fois… Et bien sûr, le front principal : une pente qui passait de leur plateau au notre, cent mètres plus haut environ. Complexe. Cependant, plusieurs hommes dignes de confiance étaient disponibles pour aider Mara dans sa tâche.

  On pouvait compter sur moi qui venait de retrouver mon panneau de signalisation fétiche grâce à Roterro qui avait donné son chariot à l’armée postée dans les montagnes, Hely et Anaka qui joueraient les magiciennes, assistées par Erik qui découvrait depuis peu les arcanes, Gaston en cavalier, Robin en épéiste accompli, Sir Gaston et Simmons se partageaient le rôle du meilleur archer des différents royaumes, tandis qu’Emelia pourrait s’occuper des airs avec son pégase. Il fallait compter aussi sur Karim, le chef de l’armée d’Aniamante, métamorphe de son état, Salim, le chef des Révolutionnaires qui semblait être un assassin accompli, Krib et sa hache démesurée, presque rivalisés par Garh, le puissant viking que j’avais affronté la veille. Il fallait aussi rajouter Salin et Weld, tous deux d’incroyables lanciers, ainsi que Sonia, que nous n’avions jamais vus, et qui se trouvait être une guérisseuse des Altribes. L’ennemi d’hier… Sans compter Mara, elle-même, bien évidemment.
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MessageSujet: Re: Le Pins du Feu [PV Mara] Le Pins du Feu     [PV Mara] - Page 3 EmptyMar 2 Aoû 2016 - 23:29

Après le déroulement finalement plutôt sympathique de ce qui aurait put être une erreur assez mal venue, Mara se recoucha le sourire aux lèvres, sa confiance légèrement revenue. Sauf que voila. Journée animée pleine de nouveaux éléments à considérer, l'arrivée de Robin, la transformation d'Hely, la puissance retrouvée d'Ed, l'armée de Dulle, la réaction d'Anaka... Ou plus simplement, la veille d'une grande bataille dont la victoire risquait de reposer sur ses stratégies. Ses muscles se tendirent tous d'un coup et la fillette changea brusquement de position sous ses draps. Puis après une demi-seconde de réflexion, vira carrément ceux-ci à grands coups de pieds. Elle respirait mieux avec un peu d'air. Étalée dans la position la moins naturelle du monde pour dormir quand on était en bonne santé, soit sur le dos, les bras le long du corps et les jambes très légèrement écartées l'une de l'autre, elle fixait la pénombre du plafond de ses yeux grands ouverts.

Elle était épuisée, mais son corps refusait de s'endormir, c'était la première fois que ça lui arrivait. D'habitude, ses vagues insomnies étaient dues à son impression d'être en forme, mais là... Sans doute le stress. Évidemment Mara, quel meilleur moment pour une nuit blanche que la veille d'une guerre à petite échelle dont dépendrait fortement la qualité de tes raisonnement? Vas-y reste réveillée, tu seras extrêmement productive. Et naturellement, aucun réveil sous les yeux pour la rassurer/traumatiser concernant le temps qui lui restait à dormir. Elle se redressa en position assise sur son lit, constata que ça n'allait strictement rien changer à sa situation, et retomba lourdement sur son oreiller. Elle émit un soupir frôlant l'exaspération et remonta ses draps pour se rouler dedans avant de retourner son oreiller sur sa face froide. Elle s'étala presque en étoile sur le ventre, membres écartés et nez enfoncé dans le support de sa tête. Elle tint une vingtaine de secondes ainsi et se résolu à tourner la tête pour arrêter de s'étouffer. Cependant, craignant que dormir dans cette position ne lui donne mal au coup, elle roula de nouveau sur le dos.

Ça ne menait à rien. Elle posa sa main sur son torse pour constater sans surprise que son cœur était en cavale et repoussa de nouveau ses draps d'un coup de pied. Posant l'un de ses bras sur ses yeux, elle se résolu à rentabiliser ce temps comme elle pouvait. Après tout, un conseil récurent au collège était de relire son cours avant de dormir, pour qu'il cogite pendant son sommeil. Elle doutait qu'en tant que Voyageuse cette technique soit efficace, mais peut-être pourrait-elle tenter ici?

Elle décida donc de faire le point. Sur ce qu'elle savait, sur ce qu'elle devrait faire, et essayer de trouver un semblant de plan. Au moins un début, une base à laquelle se raccrocher pour le lendemain. Sa gorge se nouait à cette idée, signe qu'il fallait vraiment qu'elle se concentre sur autre chose que les nombreuses pertes à venir. Les combats avaient jusqu'à présent été plutôt simples, à une exception près, mais entre diriger une poignée de proches et une armée entière... sa gorge s'assécha et elle se reprit en main.

Le point donc.
L'environnement serait montagneux, ils arriveraient sans doute en hauteur par rapport à l'armée des ombres qui aurait fait le trajet sur la plaine. C'était bien, la hauteur était communément considérée comme un avantage, à raison. Plus facile de définir la trajectoires des flèches, qui avaient plus de puissance en tombant, on avait la protection de la paroi lorsque l'armée d'en face était découverte... Plus facile de créer une petite barrière de protection magique le long du vide qu'un gigantesque dôme au dessus de plusieurs milliers d'individus, supposait-elle. Se servir du terrain? L'idée de provoquer des éboulements lui vint mais malgré le potentiel destructeur, les masses rocheuses faciliteraient l'ascension des adversaires. Éboulement ou pas? Tactique agressive ou tenue de siège? Bataille rapide quelque soit son issue, au risque d'être trop brusque pour être contrôlée, ou bataille de tranchées laissant davantage le temps de réfléchir, au risque de taper dans l'endurance des troupes? La jeune fille mit cette idée de côté, elle dépendra bien trop des circonstances, de leur positions, du timing, et surtout des adversaires...

Les adversaires. Elle n'avait vu les ombres qu'une fois en action et à part leur sauvagerie, elle n'avait noté que le silence du massacre qu'elles avaient proféré. Leur nature magique semblait évidente, mais qu'est-ce que ça impliquait? Une résistance, voire une immunité à la magie ou aux armes normales? Ou au contraire, une faiblesse? Il faudra mettre rapidement ça au clair. Elle projetait déjà assez naturellement de diviser sa stratégie en deux étapes évidentes: la première où ils bombarderaient leurs ennemis à coups de projectiles physiques ou magiques, et la seconde qui se ferait au corps à corps. Avec un peu de chance, ils pourraient localiser le corps à corps dans une zone obligeant les adversaires à s'étaler, permettant aux mage/archers/autres de continuer à décimer du méchant. Plus elle y songeait, plus elle pensait à l'attaque du camps des hommes de Nirsan, et plus elle avait peur pour les guerriers.

Elle serra le poing du bras posé sur son visage. Elle ne pouvait pas bien réfléchir. Il était foncièrement impossible de mettre en place une stratégie sans connaître les détails du terrain, s'il y avait une formule magique qui s'adaptait à tout, ça se saurait. En même temps, elle avait quoi comme expérience? Un sourire jaune se dessina sur ses lèvres. Jeux vidéos, film éventuellement, livres... Ces deux derniers n'étaient en fait même pas à considérer. Le bouquin auquel elle pensait était pour les jeunes et de toute façon, un écrivain faisait ce qu'il voulait de ses batailles, puisqu'il décidait de tous les éléments qui la composaient. En plus, elle ne se souvenait même pas quels genres de stratégies les personnages mettaient en œuvre. Et pour les films, ceux qu'elles avaient vu mettant en place un contexte médiéval... Bah déjà, elle ne se souvenait pas d'unités volantes, donc y avait pas tous les critères. Et en plus, son père lui avait fait remarquer que la mise en scène visait à la fois le spectacle et la compréhension du téléspectateur: donc des tactiques simples et impressionnantes. Encerclement, prise au piège dans un canyon... Des classiques. Et scénarisés, évidemment.

Ne lui restaient donc que les jeux vidéos qui pouvaient vraiment la faire réfléchir. Elle ironisa mentalement, en pensant aux gens qui accusaient les jeux de guerre de rendre les joueurs violents. Bah on allait bien voir si les jeux de stratégie pouvaient rendre les joueurs intelligents... Pour peu que de tels jeux puissent être représentatifs de la réalité. À son grand regret, Civ n'avait pas la place dans sa réflexion, jouant plus de la gestion et de la géopolitique que de la stratégie en temps réelle. Pour la saga des Heroes, c'était le problème dans l'autre sens: des combats à trop petite échelle. Peut-être pouvait-elle penser en termes de Age of'? Y avait aussi Starcraft, si on oubliait le contexte, ou encore Warcraft, quoique les batailles impliquaient rarement beaucoup d'éléments... Mais dans ces jeux, sa stratégie consistait généralement à bourrer les unités surpuissante et à faire une grande offensive d'un coup. Elle employait quand même des stratégies extrêmement agressives, voire carrément bourrines. Bien sûr, augmenter la difficulté imposait un peu plus de doigté, mais ce n'était pas ces jeux auxquels elle jouait quand elle voulait réfléchir. Elle aurait dû y penser dans la journée, se faire une partie ou écumer des forums de fans pour se trouver quelques idées. Y avait Warhammer qui lui vint en tête, finalement plutôt représentatif de ce que pouvait être une véritable bataille rangée, à ses yeux. Mais est-ce que ça serait vraiment une bataille rangée? Comment savoir, à part en étant sur place.

D'exaspération, elle se frotta les yeux avec ses poignets. Elle ne pouvait réfléchir à aucune stratégie, soit. Mais à force de jouer à ces jeux, elle avait quand même des automatismes qui lui servaient d'une licence ou version à une autre, non? Repérer les points de spawn et leur fréquence et les exploiter au mieux (mouais, nan), définir si l'adversaire avait une tendance agressive, tenter de repérer des catégories d'intelligence artificielles (elle allait manquer de temps mais pourquoi pas), sauf qu'elle faisait ça en envoyant ses unités proches de l'ennemi, pour voir quand elles se faisaient attaquer (un peu moins enthousiasmant d'un coup), étudier les capacités ennemis (ça sera moins facile que ne passer un curseur sur une unité, mais il lui fallait au moins définir ce qui pouvait les tuer, et comment ces saletés pouvaient tuer), placer ces troupes afin de gagner le plus de temps possible au début de l'attaque (facile à mettre en place, quoique ça dépendait du temps qu'elle avait devant elle), préparer le terrain selon ses besoins (ça allait encore dépendre desdits besoins qu'elle ne connaissait pas, mais il faudrait qu'elle pense à demander ce qu'ils pouvaient faire pour piéger la zone), gérer le moral des troupes (merci Heroes finalement, mais il allait falloir qu'elle trouve quelqu'un pour faire un discours galvaniseur à sa place)...

~~~~~~~~~~~~

Quand Anaka recroisa sa fille, le lendemain matin, son visage exprimait à la fois la satisfaction et une légère anxiété, soulignées par ses traits tirés par sa nuit blanche. Elle la prit à part avant d'aller manger et lui remit entre les mains une petite orbe vert sombre qui luisait d'un éclat brillant. Semblant hésiter quelques instant avant de prendre la parole, elle souffla finalement:

"Je l'ai synthétisée en peu, très peu de temps, elle n'est donc pas très stable. Je t'en prie Hely, il s'agira de ta première fois sous une telle forme et je doute que cette dracopierre ne supporte plusieurs transformations, ne l'utilise donc qu'en dernier, tout dernier recours. J'ai ta parole?"

"Oui, mère," souffla sa fille en observant l'objet avec fascination.

~~~~~~~~~~~~

Peu à peu, Mara s'était finalement endormie d'un sommeil lourd mais tardif, impliquant que son réveil quelques heures plus tard lui offrit un esprit un peu trop embrouillé à son goût. Elle se força a manger quelque chose, malgré sa sensation d'avoir une brique dans l'estomac, et prit le Sacralis dans une sacoche avant de rejoindre les autres. Les gardes n'étaient pas venus le lui reprendre, elle espérait que c'était car ils avaient retrouvé le voleur. En même temps, pour un Artefact aussi précieux, ils n'allaient probablement pas arrêter les recherches au bout d'une nuit seulement. Seulement, quand elle croisa Dulle, celle-ci détruisit son espoir en annonçant l'échec de la traque. Elle lui demanda cependant de le garder en sécurité, le temps de la bataille: il était très probable que son fils s'en montre finalement digne au milieu de la bataille, et utiliser l'objet sur lui pourrait très bien en changer le cours. La fillette eut une pensée pour Ed qui était implicitement retiré du jeu et tout en acquiesçant, elle décida qu'il valait mieux ne pas lui en parler.

Ayant retiré sa cape avant de dormir, un peu par inadvertance pour être honnête, celle-ci avait bêtement disparu. Il fallait dire, pour une fois qu'elle dormait dans un vrai lit dans une vraie chambre confortable... Elle n'avait donc que ses vêtements fournis quand elle s'était endormie, mais qui commençaient vraiment à donner des signes de faiblesse. Elle s'était donc résolue à prendre de nouveaux habits, gardant malgré tout ses propres bottes. Elle était donc vêtue d'une tenue assez locale dans les teintes bleues et mauves, pas excessivement trop grande, rehaussée de fourrure par endroit et lui donnant l'agréable illusion d'être un peu mieux protégée. Et plus par habitude que par confort, elle avait passé une cape plutôt sombre dont le gros col de fourrure lui rappelait agréablement son manteau, bien qu'il n'y manque la capuche à oreilles. Bah, plus à ça près.

Elle rejoignit rapidement son petit groupe, plongé dans un mutisme essentiellement causé par la vision de toutes ces vies qui allaient dépendre d'elle, et remerciait ses vêtement épais de cacher ses tremblements. Elle prenait bien soin d'enjamber les marques au sol, arrivant un peu trop vite à son goût au centre du pentacle. Durant l'attente, elle espérait à chaque seconde qui passait que le départ soit repoussé encore davantage, tout en priant pour que tout soit fini le plus vite possible. C'était quoi ça, elle avait l'impression d'être déjà épuisée alors qu'ils n'étaient même pas partis...

Finalement, alors qu'Hely finissait de tresser sa tignasse pour s'occuper les mains, la téléportation eut lieu. Mara eut une désagréable sensation poisseuse le long de sa peau, malgré une odeur qui aurait presque été alléchante, si elle n'avait pas été sur le point de rendre son morceau de pain du matin. Celle-ci fut cependant rapidement soufflée par une bourrasque froide qui passa d'un coup entre les soldats pour s'étaler sur son visage. Un coup d’œil au ciel confirma qu'ils n'étaient plus au même endroit, le bleu pâle et uniforme ayant été remplacé par une gigantesque étendue bleu vif, malgré quelques nuages qui pointaient ça et là. Cool l'ambiance. Manquait plus qu'à s'extirper de la foule pour enfin savoir à quoi allait ressembler le fameux environnement.

Laissant les soldats s’égayer un peu, Mara commença à observer son environnement, tordant ses doigts sous sa cape pour évacuer son anxiété de sa réflexion. Bon déjà, le front principal était une pente et non pas une falaise, vachement moins facile à défendre mais la possibilité de l'éboulement était d'un coup plus intéressante. Mais avant d'avoir pu étudier le reste du paysage, un parfait inconnu du nom de Salim se présenta à elle et aux autres officiers, entamant une sorte de réunion stratégique.

Elle écouta les informations qu'on lui apportait, les résumant mentalement pour tenter de mieux s'en souvenir. Ils avaient les révolutionnaires (grosse troupe variée dans son souvenir), l'armée de Merta (bonne partie = beaucoup sans doute), garnisons de Noïlissima ( = pas tant que ça, même s'ils ont pu emprisonner pas mal d'hommes), Aniamantiens (beaucoup beaucoup), Joyaux (beaucoup espérait-elle), Araks (même remarque). Concernant les unités donc, cavaliers (mèneront la charge au moment du contact), archers et mages (canarderont en première phase, viseront l'arrière de l'armée en seconde, peut-être voir s'il y aurait pas des magies utiles pour tourner le terrain à leur avantage), pégases et wyverns (harcèlement des troupes par dessus? Il serait peut-être plus intéressant de les utiliser pour s'occuper des unités qui voudraient escalader ou prendre en traître, vu leur mobilité, mais c'était sans compter les potentiels ennemis volants), généraux (des gens en armures bien lourdes de ce qu'elle voyait, ils formeront sans doute mieux la ligne défensive pour empêcher les ennemis de trop avancer, et pour stabiliser les gains de terrains afin d'assurer le recul des monstres), espion et assassins (seront-ils vraiment utiles face à ces choses? D'un autre côté, leur agilité pourrait leur donner le même rôle au sol que les combattants volant, et c'est sans doute eux qui piégeront le mieux le terrain), soigneurs (il faudra gérer le transfert des blessés vers l'arrière... peut-être donner ce rôle à quelques soldats?), et les "plus encore" étaient sans doute toutes les catégories de guerriers (dont le rôle sera simplement de faire manger leurs dents aux méchants). Cette réflexion lui redonna espoir et motivation au point que quand on annonça la durée de l'affrontement, elle considéra simplement que ça valait une matinée de cours, entre huit heures et la pause midi. Elle trouva même la force de sourire aux remarques du Voyageur et du chef Arak.

N'importe quel front... Car oui, il y en aurait plusieurs. Elle était bien belle, la pente qui menait droit aux défenseurs, mais toutes les trouées entre les roches qui la contournaient n'étaient pas invisibles... Combien de tunnels, de tranchées pour les cerner? Ils avaient une heure pour se préparer, juste une heure, qui paraîtra terriblement longue pour certains soldats autant qu'elle lui paraissait déjà dramatiquement courte à elle. Elle devait aussi penser au groupe qui irait sur l'île, mais les quelques connaissances qu'elle avait accumulé autour de ces deux nuits avaient des compétences suffisamment variées pour qu'elle ose les choisir. Mais du coup, elle ne pouvait pas vraiment se permettre de trop les épuiser durant cet affrontements... Elle leur demanderait de se battre à proximité et de ne pas trop s'éloigner, ils pourront toujours passer par la case "soigneur" avant de s'envoler.

Son regard survola pensivement la ligne noire qui s'étendait au loin, grossissant peu à peu. Elle avait eut une idée pendant l'attente, il fallait qu'elle demande si elle était applicable. Mais avant tout, mettre en place les éléments essentiels. Se tournant vers Salim qui discutait avec un groupe de personnes vêtues de cuir noir, bien loin des armures rutilantes et des grosses armes des autres. Comptant sur sa tension et la confiance que lui portaient les gens pour mettre sa timidité de côté, elle détermina ce qu'elle voulait demander avant d'ouvrir la bouche:

"Est-ce que vous avez des explosifs? Et est-ce que vous êtes à l'aise dans ce milieu, là? Vous aurez pas trop de mal si 'faut escalader ou sauter de roche en roche ou quoi?"

Les individus échangèrent des regards qui réussirent à mettre la fillette mal à l'aise, mais le chef de la Révolution prit la parole d'un ton relativement respectueux:

"Si vous voulez exploser des choses, cherchez du côté des mages, on donne plutôt dans le discret à vrai dire. Et pour être à l'aise dans cet environnement... C'est pas celui qu'on préfère mais il est évident qu'on se déplacera plus facilement que les autres, on est quand même bien entraînés. Vous attendez quelque chose de nous?"

"Bon, j'suppose que vous devez quand même vous y connaître un peu en pièges, même si c'est pas forcément pasque vous les installez..." commença à hésiter Mara, heureusement revigorée par un acquiescement. "Allez trouver des mages, faudrait que vous piégez le chemin en bas de la pente, autant pour bloquer que pour détruire l'ennemi, mais faite ça avant que les ombres soient trop proches... Puis faudrait aussi que vous formiez des troupes d'éclaireurs, alliez-vous aux pégases ou aux wyverns peut-être, pour tenter de faire s'ébouler l'entrée des cavernes les plus proches. Et aussiii..." elle réfléchit quelques instants en marmonnant, avant de reprendre: "Nan, ça sera tout pour l'instant, nan en fait si, essayez de voir si vous pouvez rétrécir un peu la largeur de la pente, sans forcément en faciliter l'accès par les côtés. Moins le front est large, mieux nos troupes peuvent se reposer et plus l'ennemi s'expose en attendant son tour. Oui, voila. Et pendant la bataille, essayez surtout de repérer les troupes d'ombres qui s'écartent des fronts, soit pour les éliminer, soit pour les anticiper... Ne bouchez pas les entrées cavernes de notre plateau, par contre: si elles sont bouchées et que les ombres ont put rentrer dedans et nous attendent derrière, on risque de se faire prendre par surprise."

Elle resta un instant pensive, revigorée par les idées qui lui venaient, puis confirma qu'elle avait fini en hochant la tête. Elle fut satisfaite de voir que la bande se séparait déjà en deux groupes pour trouver des collègues, et repéra grâce à eux un groupe de mages. Elle se précipita d'abord à leur rencontre, impatiente de savoir si son idée était réalisable ou pas. Puis elle ralentit un peu devant les regards un peu hautains des individus en robes, et préféra partir chercher Anaka. Elle trouva cette dernière assise en tailleur au bord de la plate-forme, face à l'armée. Qui se rapprochait vachement. Préférant ne pas faire sursauter la femme, elle l'appela par son nom pour attirer son attention. Cette dernière l'invita à parler sans se retourner, et la Voyageuse se racla la gorge avant de dire:

"Alors en fait, j'voudrais un conseil, rapport à ce que les mages peuvent faire ou pas..."

"Demande toujours, mais je n'ai pas la science infuse," répliqua-t-elle un peu sèchement, avant de se reprendre: "Hum, désolé, je suis assez nerveuse. Si je ne sais pas, je t'indiquerais qui pourra te répondre."

Légèrement hésitante malgré tout, la fillette demanda:

"À ton avis, est-ce que c'est possible d'élever un mur assez haut, mais dans la plaine? Est-ce que c'est possible et surtout, est-ce qu'on a le temps?"

L'autre songea un peu avant de dire: "Je ne crois pas, la manipulation d'élément comme ça, au point de modifier le paysage, n'est un don offert qu'à de rares personnes, et je doute qu'on en ait ici. À part des mages de foudre, de feu, de vent et éventuellement quelques mages noirs, n'espère pas grand chose." Elle s'était tournée sur ces derniers mots, et voyant sa cadette se mordre l'intérieur des joues, elle demanda: "Que voulais-tu faire?"

"Un test, déjà," lâcha la petite en haussant les épaules. "Savoir avec quelle facilité les ombres pouvaient escalader, donc à quel point on pouvait s'inquiéter sur le nombre de futurs fronts... Pis aussi, je pensais diviser l'armée en deux vu qu'elle contournerait l'obstacle, avec les archers qui attaquent d'un côté et les mages de l'autre... Voir ce qui est efficace contre eux, surtout..."

De nouveau, Anaka s'accorda un temps de réflexion avant de proposer: "Pour opposer un obstacle séparant l'armée, demande plutôt aux mages de vent. Il leur sera peut-être possible de créer une zone de turbulence où les ombres ne pourront progresser... Par contre pour le test de l'escalade, je ne vois pas. S'ils contournent les rochers sur leur chemins, cela voudra dire au moins que c'est plus facile de progresser sur du plat qu'en pente... Enfin, si tu as d'autres questions n'hésite pas."

Mara la remercia, et se tourna pour trouver des mages de vent, qu'elle chercha un peu avant d'en repérer en train de méditer dans un coin. Leur parlant de son idée, il réfléchirent un peu, discutèrent en proposant des noms de sorts qui ne lui disaient strictement rien, et confirmèrent finalement qu'il pourraient, mais que ça risquait de les épuiser. Elle leur assura qu'ils pourraient se reposer au début de l'offensive et se retourna pour réfléchir à qui d'autre elle pourrait parler. Alors que dans un coin de sa tête, elle se demandait quel ajout les mages de vent apporteraient à la bataille, elle se posa la question de si les ombres mourraient en tombant de haut, bousculés par une rafale. Hum, énième question sans réponse pour le moment...

Avisant un officier qui discutait avec Weld, elle s'approcha et émit un petit "pardon" pour attirer l'attention. Le premier se tourna complètement vers elle, lui demandant si elle avait mis au point sa stratégie. Plus ou moins ouais, là elle pensait commencer à diriger les soldats vers leurs positions... Mais elle ne serait pas contre un avis sur ce qu'elle avait déjà fait. Elle lui fit donc part de sa demande aux espions et assassins et du rôle qu'elle leur avait attribué, qu'il approuva sans trop d'hésitation, puis évoqua son idée d'obstacle magique, qui le fit un peu plus grimacer. Il s'expliqua alors:

"Eh bien, c'est en effet pratique pour déterminer leurs potentielles faiblesses, mais en les séparant ainsi, vous les faites gagner en surface, surtout en attaquant ensuite leur front, et un plus grand nombre risquera de ne pas venir ici, là où on les attend... Sans oublier le risque d'être pris en tenaille."

Ah, pas bête, la fillette n'y avait pas pensé. Rongeant l'ongle de son pouce en réfléchissant, le même officier lui apporta une réponse qui la satisfit plutôt:

"On peut garder cette idée, mais en ordonnant aux tireurs de viser les flancs extérieurs, ça incitera l'armée à se retrancher vers le milieu..."

"Oui, on fera ça," acquiesça la jeune fille. "Je pense même qu'on peut poster les mages et les archers plus en hauteurs, sur les pics rocheux qui dépassent et qui entourent un peu la zone... Ça va pas être facile de les installer mais de là-haut, ils pourront facilement viser les côtés et l'armée qui s'avancera... En fait, ils auront même un angle de vue assez large pour attaquer sur plusieurs fronts!" conclut-elle en frappant ses mains ensemble. "Faudra juste sécuriser l'accès pour pas qu'ils se fassent attaquer de trop près ou par surprise... En même temps, ils pourront voir ceux qui s'approchent trop."

Plutôt satisfaite d'elle-même, elle laissa l'homme s'occuper de la répartition des tireurs. Les montures volantes s’affairaient déjà beaucoup. Mmh, c'était moyen, il ne fallait qu'elles soient épuisées dès le début de la bataille... Enfin, elle comptait sur leur monteurs pour anticiper. À propos, de montures volantes, elle voulait bien vérifier un truc. Voyant justement Emelia qui posait son pégase, elle hésita un peu avant de faire un pas dans sa direction. Puis elle renonça. La princesse avait immédiatement entamé une discussion avec Robin et vu la proximité de leurs corps, c'était peut-être pas le meilleur moment. Se retranchant donc sur un autre cavalier volant qui se posait, elle l'apostropha et lui demanda rapidement combien y avait-il de zones potentiellement faciles à gravir pour l'armée qui arrivait, soit combien de gros fronts. De ce que l'homme lui répondit quand elle lui eut expliqué qu'elle ne connaissait pas ses points cardinaux, une à droite et deux à gauches quand on regardait la masse noire. Elle le remercia, alla demander à quelques autres éclaireurs pour avoir confirmation, et se posa donc.

Quatre fronts, hein? La principal sera celui-ci, c'était clair, mais il fallait répartir les troupes. Celui le plus à l'extrémité sera sans doute le moins agressé, mais il n'aura pas la défense des tireurs. Peu de troupes suffiraient... Juste Ed ou Kirb, qui avaient l'air de se dire capable de défendre un front à eux seuls? Mouais nan, déjà elle préférait qu'ils s'éloignent pas trop et ensuite, capable ou pas de décimer cinquante bestiaux qui faisaient la queue pour mourir, ils étaient mieux au front principal. Surtout que des forces de frappes pareilles, dans la catégorie "moral des troupez", c'était un sacré bonus. Peut-être les séparer un peu quand même sur les trois plus grosses zones... Elle commença peu à peu à structurer son plan.

Finalement, l'autophobe rejoignit un autre commandant, lui demandant de placer les escouades des Altribes sur le front extrême, avec quelques unités volantes et de distance en plus pour les soutenir. Elle hésita un peu à séparer Emelia de Robin mais celle-ci demeurait la princesse de ce peuple, et l'élément du comando "château dans le ciel" le plus apte à parcourir une grande distance... elle ajouta donc Emelia au flanc le plus à gauche, et décida qu'Anaka pouvait bien l'accompagner. Elle demanda ensuite à ce que l'armée de Merta se positionne dans la gorge à droite, soutenue par les archers perchés, ainsi qu'avec Robin, Gaston, sir Adrien et Hely. L'autre front de gauche serait tenu par l'armée des Joyaux, soutenue elle par les mages perchés, et accompagnée par Simmons, Salin, Erik et Weld. Le front central enfin, tenu par le peuple de Dulle et par les Araks, contenait en particulier Garh, Kirb, Karim et les deux Voyageurs. Beaucoup de combattant se démarquant au corps à corps dans ce dernier, mais il était soutenu par les deux groupes de tireurs, et c'était celui qui risquait de subir la charge la plus violente. Chaque armée était suffisamment variée pour qu'elle préfère laisser les peuples entre eux pour profiter de leur cohésion, et chacun avait une personnalité d'importance capable de les galvaniser. Et elle avait fait répartir les soigneurs de façon relativement proportionnelle, selon le nombre de combattants. La plupart des unités volantes allaient former un mur aérien, au cas où certaines ombres ne se sentent prises d'affection pour les cieux et pour protéger les tireurs.

Une fois ses directives données, Mara s'assit par terre alors que tout le monde s'agitait autour d'elle. Plus qu'une demi-heure. Déjà? On l'informa que la turbulence centrale serait sans doute créée au dernier moment, mais c'était très bien comme ça. Les unités terrestres se dépêchaient de rejoindre leurs zones, passant par la plaine rocheuse quand il n'y avait pas de sentier de montagne. Le stress était à son comble et enfin, la jeune stratège se le prit de plein fouet.

Dans l'agitation, son esprit s'était détournée de la tension et maintenant qu'elle reprenait son souffle, son cerveau ouvrait les vannes de toutes les informations reçues par ses sens, et qu'il avait prit le soin d'occulter. Les chuchotements anxieux, les cris des bêtes, les soldats qui s'apostrophaient de loin... Aucun rire, aucune voix joyeuse, simplement des cliquetis métalliques et les pas lourds des pieds ou des sabots... des prières aussi, ici et là. Et l'air qui devenait lourd, de plus en plus chaud... À l'horizon, à l'une des extrémités de la chaîne de montagne, une masse nuageuse semblait prévenir d'un orage à venir, et la brise semblait vouloir le confirmer. L'odeur de la poussière, de la sueur, sa langue était pâteuse dans sa bouche. Elle avait l'impression d'avoir froid et chaud en même temps. Levant les yeux vers l'armée sombre qui s'approchait, elle se demanda s'ils étaient vraiment sûrs de leur timing, s'ils n'allaient pas arriver plus tôt que l'heure fatidique.

Elle visualisa brusquement la violence du choc entre les armées et eut un haut-le-cœur alors que ses yeux s'écarquillaient. Qu'est-ce qu'elle était en train de faire? Était-elle vraiment en train d'organiser une bataille? Elle? Non. Non, c'était juste de la défense, se protéger contre leurs agresseurs. Rien de plus. Puis brusquement, aussi bêtement que ça, elle se rappela qu'elle était sur Dreamland. Dreamland, oui. Qu'est-ce que ça changeait? Rien. Au pire, elle perdrait sa vie de Voyageuse ouais, et des milliers de soldats perdraient la vie tout court, simplement car ils étaient nés avec des oreilles pointures. Un monde avec soi-disant moins de risque concrets, mais avec assurément une multitude d'événements désagréablement improbables en poche. Dreamland, qu'est-ce que ça changeait? Son réveil la ferait quitter cet endroit. Elle se tendit d'un coup, c'était pour bientôt? Elle se remémora sa première nuit ici, remarquant qu'elle avait duré environ trois "jours", et qu'ils avaient entamé le troisième "jour" de cette nuit-ci. Sa bataille sera donc sans doute la dernière. C'était bizarre, pensé comme ça. Même si elle n'accordait pas une immense valeur à sa vie onirique en comparaison à celle des autres, elle n'avait pas non plus envie de la perdre.

Elle tordit ses doigts entre ses mains pour évacuer ces pensés et laissa un frisson la traverser, avant de s'approcher d'un pégase de rechange déjà harnaché, à qui elle demanda s'il pouvait le prendre sur son dos. Elle n'avait pas fini, elle ne devait pas se relâcher, pas tout de suite, pas avant plusieurs heures. Voyageuse sur Dreamland, elle avait un pouvoir qu'il serait idiot d'ignorer. Elle demanda donc à la monture si elle savait quels genres de créatures pouvait-on trouver entre ces pics, ce à quoi l'animal répondit qu'il s'agissait essentiellement de petits animaux, de rapaces, et de quelques wyverns. La bouche de Mara se tordit, dans la mesure où elle ne comprenait même pas le langage de ces derniers, elle n'allait pas pouvoir les rameuter. Au moins, elle pouvait parler aux chevaux ailés qui étaient plutôt dociles... Par contre les rapaces, pourquoi pas. Même si elle doutait de leur potentiel offensif contre des entités ténébreuses en masse, ils feraient d'excellents messagers entre les fronts ou surveillants pour le déroulement de la bataille.

Elle entreprit donc de diriger son conducteur là où elle entendait des voix, tentant de rameuter le maximum d'oiseaux. Le temps passait trop rapidement à son goût et quand elle revint finalement, une dizaines de bêtes à plumes escortant celle à sabots, les cris de guerre montaient déjà, en réponse aux orateurs qui les encourageaient. L'armée était proche, si proche... Elle déploya ses nouveaux compagnons, en gardant trois à portée.

C'est alors qu'une quantité remarquable de poussière se soulevait, révélant une sorte de tornade au niveau du premier rang des ombres, que Mara nota quelques chose qui fit s'étirer un sourire presque ironique sur ses lèvres. Était-elle idiote? Arrogante? Simplement peureuse? Car dans les faits, malgré sa force, elle n'avait pas envisagé qu'elle pourrait aussi aller elle-même au combat.
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MessageSujet: Re: Le Pins du Feu [PV Mara] Le Pins du Feu     [PV Mara] - Page 3 EmptySam 20 Aoû 2016 - 16:38
Si facile de laisser à Mara toute la responsabilité de l’armée de plusieurs Royaumes anciennement ennemis alors que de mon côté, je ne fis rien. Une gosse de pas treize ans qui allait voir les officiers les uns après les autres pour leur demander conseil, et ceux-ci, sans se surprendre plus que ça de l’âge terrible de leur commandante, lui répondaient avec autant de tranquillité qu’ils étaient capables. Je pense que c’était pour ça que je n’aidais pas Mara, parce que le caractère de tous les autres ne faisaient pas attention à sa jeunesse. Qu’est-ce que ça valait, l’âge, sur Dreamland ? Etait-ce moi qui devais m’en préoccuper quand toutes les Créatures des Rêves ne pouvaient comprendre qu’à l’âge de treize ans, on était encore un enfant, certes grand, mais enfant quand même ? Et que pourrais-je répondre au vieux qui me dirait quel était alors le bon âge pour bouffer du titan… Est-ce que j’aurais répondu le mien ? Certainement que nan…

On m’installa un peu d’armure, on avait compris qu’avec les Voyageurs, la peau suffisait amplement, et que des breloques de ferraille ne serviraient qu’à concasser mes articulations et mon agilité. Comme au tout début de la toute première nuit, j’avais quelques morceaux de cuir ici et là à l’épaule, et les soldats avaient terminé de poser d’autres plaques afin que j’acquiers une certaine symétrie. Je n’étais pas dupe, ça pouvait à peine servir contre des chocs et des lames, mais surtout, nous affrontions des monstres pour qui les armures ne devaient pas beaucoup peser. Je me souvins du premier que j’avais écrasé il y avait de cela des centaines d’heures et essayai de savoir jusqu’où des soldats lambdas auraient du mal contre eux… c’était pas clair. Nous avions l’avantage du terrain, mais eux, ils avaient leurs monstres. Quant au nombre que leur armée comportait, difficile de l’estimer, comme il était difficile d’estimer le nôtre. Après, il faudrait tenir quatre heures… Enfin, pour arriver au château, la bataille n’allait pas s’arrêter aussi promptement. Elle s’arrêterait pour tous ceux qui seraient disponibles pour grimper dans la ville volante, et je serai certainement de la partie. Il faudrait faire au plus vite pour arrêter la guerre avant que tout le monde ne meure.

Il y eut cependant une indication que personne n’eut, c’était l’ordre d’attaquer le Roi qui commandait aux saloperies rampantes. En l’évacuant rapidement, ne serait-il pas possible d’arrêter l’armée des ombres ? Ou en tout cas, la déstabiliser assez pour les cogner facilement, les voir s’entretuer ? Etait-ce une cible importante ou non ? D’après les éclaireurs, il ne serait pas en première ligne, était-il alors puissant, faible, d’une importance vitale ?

J’avais l’air de me poser beaucoup de questions, mais ce n’était pas cette nervosité que je ressentais : je répondais de manière superficielle à tout ce fatras d’interrogations, sans véritablement m’intéresser à la réponse. J’étais posé, j’avais mon panneau grâce à Rotero, je contemplais l’horizon qui s’épaississait au fur et à mesure de l’avancée ennemie. Dans quelques instants, j’allais partir au premier front avec les vikings oniriques (si je survivais, je chérirais ce moment) ainsi qu’avec Krib. J’étais content qu’il y eut Garh avec nous, Garh et sa troupe de grands combattants, je me demandais vraiment comment ils pourraient se débrouiller, car si monstre il y avait en-face, de ce côté-ci du camp, au-delà de l’expérience des gnons, il y avait une énergie vorace et déterminée pour la victoire. Regardez-les s’échauffer un peu, pousser des cris, se mettre leurs peintures de guerre. Karim menait Aniamante, Kirb, ses troupes, et moi, étroit des épaules, j’étais coincé au milieu d’eux. Je serai le porte-étendard, disons, celui qui rentrait les panneaux dans la gueule. Donne un sens à ta présence Ed… C’est facile de se sentir noyé à travers autant de soldats, surtout quand ils venaient d’autant d’horizons différents. Ils avaient des patries à eux, tous. Moi, j’étais juste là, comme ça, pépouze… avec le clan des Voyageurs, j’incorporais Mara avec moi. Ou alors le clan des sans-patries, on ramenait Anaka et Hely dans le lot.

Le fracas un moment, relevait l’absence de mots. Le silence vocal était assourdissant, et dès qu’on s’en rendait compte, on avait un peu de mal à respirer. Dès qu’on tâtait l’ambiance, elle vous étranglait. Personne ne cherchait à connaître ses chances de survie ou non. C’était étrange, c’était un de mes réflexes d’habitude. Mais nous étions trop forts, et eux aussi, pour savoir qui réussirait à obtenir la victoire entre les deux camps. De mon côté, tout irait bien. J’avais récupéré quasiment l’intégralité de mes pouvoirs et je me sentais prêt à dégommer du monstre sans souci. Les autres… Je n’aimerais pas trop être à leur place. Perdu dans le temps, voyant les monstres s’approcher et la nervosité gagner les foules, je fis la chose qui me parut la plus sensée : je m’échauffai. Riez, hein, mais on verrait qui se ferait des claquages cons en plein combat. Quand on misait sa survie, valait mieux pas avoir un membre douloureux qu’on traînerait dans chaque geste.

« Ils sont nombreux, hein ? » Aussitôt que Krib ait dit ça, les officiers se mettaient à hurler de se préparer : l’horizon bavait sérieusement de monstres et ils n’allaient pas tarder à arpenter vers nous. Ils étaient dans les airs aussi, et d’autres étaient assez massifs pour dépasser les huit mètres. Pas d’engin de siège, pas d’engin tout court, des bestioles noires, violettes, avides d’obéir aux ordres.
« Je ne vois pas le Roi qui commande à tout le bousin.
_ Il se cache. Pourquoi viendrait-il ? Les chefs qui se mettent devant sont des fous, ou des leaders qui veulent motiver leurs troupes. A-t-il besoin de motiver des monstres pareils ?
_ Il aurait pu avoir la politesse d’être fou, alors. »
, commentais-je. Un général s’approcha de nous avec son cheval, et nous prévint :
« Le Prince Robin fait un discours. Venez.
_ Je passe, j’en ai déjà entendu trop.
_ J’en ai déjà fait trop, idem. »
Le cavalier s’enfuit pour écouter son chef, mais ça ne nous empêcha pas d’écouter la voix qui portait du jeune prince de Merta.
« … Et c’est ainsi que l’aube arrive ! C’est ainsi que la nuit, se cache dès que le soleil de courage et d’hommes, ressort de la terre dans un silence marmoréen ! Nous sommes la lumière de notre monde, et les ténèbres ne peuvent que se cacher quand par nos lames, nous l’éblouirons ! » Vivats des soldats. Je pourrais faire un bingo avec les phrases qui revenaient sans cesse. « Vient le temps de la bataille, de l’espoir, du fracas des boucliers ! Vient le temps des hommes, du feu, et de la détermination ! Mais ne viendra jamais le temps de l’obscur ! POUR NOTRE MONDE !!!
_ POUR NOTRE MONDE !!!
_ POUR LES ÊTRES QUI NOUS SONT CHERS ! POUR LA FLAMME DE NOS CŒURS !!! POUR LE BIEN, QUI NE POURRA ETRE RENVERSE TANT QU’UN D’ENTRE NOUS RESPIRE ENCORE !!!
_ YAAAAAAAAAAAH !!!
_ Zoroastre.
_ C’est une insulte ?
_ A l’époque de mon monde, ça l’était pour la moitié des gens. »
Je me retournai vers la vallée aux monstres, et ne pus que répéter ce qu’avait dit Krib : « Oh putain, ils sont combien ? »

La vallée était noire de monstres, mais noire. C’était horrible, on aurait dit que la nature avait attrapé une maladie, et maintenant, j’étais catégorique : ces saletés étaient plus nombreuses que nous, beaucoup plus nombreuses, beaucoup beaucoup plus nombreuses. L’avantage du terrain serait-il suffisant pour calmer les milliers, les milliers et les milliers d’énormes bêtes qui déferlaient sur nous ? Nan mais attendez, c’était un cauchemar. Et ça arrivait encore, merde ! On ne voyait plus le sol ! Je dégainai mon panneau de signalisation en même temps que les troupes s’approchaient de moi pour former la première ligne. Tout tout à ma gauche, des mages en rang serré, la tornade qui était apparue pour diviser les monstres leur permettrait de tester leurs capacités.

Il y avait les vikings à ma gauche, Garh près de mon bras, et les Araks à ma droite. Tout le monde était en position de combat, à patienter. Je cherchais d’autres gens du regard, comme Anaka, mais elle n’était pas du tout sur mon front, loin de là, mais tout le monde s’était immobilisé, je devais faire de même. J’étais prêt à partir, mais ça n’arriverait pas avant une bonne dizaine de minutes. Karim, aussi sur ma gauche, hurlait :

« Soldats, vous attendez ! Archers, préparez-vous ! » Cela inspira Krib qui ordonna aussi à toutes ses troupes de géants gris comme lui :
« Les mégères, sortez les crocs et les haches ! Le premier qui meurt deviendra la risée de nos cent tribus ! » D’énormes explosions saluèrent la première ligne des bestioles quand elles se posèrent sur la pente inclinée et rocheuse qui les menait à nous. On put voit des colonnes de fumée et de flammes emporter des dizaines de corps dans des déflagrations titanesques. Pendant quelques secondes, après qu’une trentaine d’explosions ait couvert notre ligne sur plusieurs épaisseurs, l’armée des bêtes surgit de la fumée, lancée à la même vitesse.
« ARCHERS, ENCOCHEZ LES FLÊCHES !!! »
Des centaines de traits noircirent le ciel après qu’il leur ait été donné l’ordre de tirer. De nombreuses bêtes furent touchées, et peu d’entre elles tombèrent définitivement au vu du nombre de flèches envoyées. Les monstres continuaient de courir, mais une nouvelle volée de pointes en faucha quelques dizaines, puis une nouvelle encore clairsema les premiers rangs. C’était bientôt à nous. Ça sentait la peur autour de moi, le stress, et une certaine dose d’adrénaline.
« CA VA BIENTÔT ÊTRE A NOUS DE JOUER !!! »hurla Krib, et tout le monde se raidit. « ON VA PAS ATTENDRE ICI, ON VA CHARGER, ILS SONT PEU MOBILES, SI ON RESTE IMMOBILES, ILS VONT NOUS ECRASER SOUS LE NOMBRE ET LE POIDS !!! ARAKS, VOUS ÊTES PRÊTS ???!!! » Des hurlements terrifiants répondaient à Krib. « CHAAAAAARRGGEEEEZZZ !!! »

Comme si je faisais partie des Araks, je chargeai, et je fus imité par le reste des premières lignes qui préféraient foncer dans le tas plutôt que de se faire rouler dessus. Les monstres étaient de toute façon, pas à cinq secondes, c’était pour qu’on profite tous de l’avantage de la charge et son énergie cinétique. Les monstres étaient bientôt à portée et merde, j’avais oublié à quel point ils étaient gros. Mon bras bougea tout seul.

J’envoyai une telle patate à mon premier adversaire, juste après avoir échappé à une de ses pattes terrifiantes, qu’il en eut la tête retournée et qu’il s’en alla rejoindre la terre sans bouger ; j’en profitai dans cette seconde de satisfaction pour me rendre compte que ça se passait moyen-moyen autour de moi, que certains avaient assez de science pour échapper d’abord aux bêtes, leur administrer une belle entaille pour que ceux derrière les achèvent, et les autres… se faisaient emporter. Je dégommai le second monstre sans plus de subtilité que le premier alors qu’autour de nous, un énorme nuage de poussière brune, dérangée par la bataille, donnait un certain cachet au tableau.

J’évitai un monstre qui me sauta dessus, une hache plantée dans la tête, vis Krib tourner autour d’une des bestioles pour lui briser une patte, la seconde, la troisième, puis lui écraser le crâne d’un savant coup de hache, je vis Garh et ses hommes hurler après s’être occupé d’une bestiole, mais ce moment de distraction causa la perte d’un des vikings qui se fit emporter dans la tourmente des sabres et des membres terrifiants aux alentours. Je pus voir aussi tous ses lanciers qui essayaient de dresser leur pique entre eux et les monstres, mais celles-ci ne parvenaient jamais à les protéger – dans le meilleur des cas, elles se plantaient dans le corps chitineux de la bestiole et la blessaient suffisamment pour permettre à d’autres de s’en occuper après coup. Beaucoup d’hommes périssaient autour de moi, mais je ne vis personne ne pas mettre toutes ses forces dans la bataille avant de cracher le dernier soupir.

Elles ne bénéficiaient pas d’avantages du nombre sur cette pente, et mieux encore, elles n’acquerraient pas d’expérience, contrairement au reste des hommes. Entendez par-là que pas mal des meilleurs combattants, après en avoir combattu une, se dépêchaient de réitérer l’exploit en anticipant mieux les bestioles. Il fallut un certain temps d’adaptation, mais au bout de dix minutes, je voyais déjà des guerriers qui sortaient du lot et s’en tiraient avec les honneurs. Personnellement, ils étaient bien plus méritants que moi, j’avais à ma disposition une force si dantesque que je pouvais remplacer sans souci leurs compétences martiales. Je sautai d’un coup pour éviter une griffe, et aplatis d’un coup terrible et vertical un autre monstre qui passait par-là.

La bataille était rapidement épuisante et je commençais en moins de dix minutes à suer et respirer plus profondément : ces foutues bestioles étaient très costaudes et très vives, obligeant tout le monde à des mouvements brusques et brutaux, et ça, ça attaquait rapidement l’organisme et son énergie, comme une partie de football américain. Stop and go, quoi. Heureusement que ces saletés étaient pas mobiles : elles étaient rapides certes, et plutôt vives, mais quand on passait près d’elles, elles avaient énormément de mal à pivoter, là était la faiblesse. On faisait passer le message tant qu’on pouvait, les meilleurs guerriers encore debout, voyant les plus faibles (et donc, les plus morts), se faire remplacer par les lignes précédentes. Mais ce n’était qu’une consolation face au fait que les monstres arrivaient sans discontinuité, nous forçant à toujours nous battre et les voir arriver par paquet de douze dès qu’on avait le malheur d’en tuer un. On était Prométhée, et voici les corbeaux. Je vis un petit garçon passer (un gosse ? Sérieux ?!), une casserole sur la tête en guise de casque, et qui hurlait, paniqué :

« ‘me suis pas assez entraîné ! ‘me suis pas assez entraîné ! »

Un monstre, comme l’entendant, se précipita pour l’écraser au sol dans un râle terrifiant alors que moi-même je devais jouer avec deux de ses congénères, que je dispersais violemment en agitant mon arme fétiche. Allez, dégage, connerie ! Dégage ! Krib tomba près de moi, poussé par une sale bête, mais dès que je le soulevai d’une main, il repartit à l’assaut, et à deux, sous les cris et le vacarme, on en fit plier deux autres.

Des meutes de loup énormes assiégeaient le flanc des monstres, des soldats se faisaient balancer par la toute-puissance des créatures, des bestioles nous assiégeaient par les cieux en fondant sur nous, capturant des proies et les relâchant seulement à une bonne hauteur où ils s’écrasaient après un dernier cri pleuré. Des boules de feu, des tornades, des machins, des je ne savais pas quoi ; nous étions au départ séparés en deux, mais avec le temps, guerriers et magiciens se rejoignaient dans la mêlée. Les bêtes semblaient craindre autant la magie que les lames, c’était une bonne chose. Le bruit en fait, était si assourdissant qu’on avait tôt fait de l’oublier : des lames, des hurlements, des blessés, des égarés, des monstres, des affrontements partout, à se demander où est-ce qu’on se situait. Des sauts, des cabrioles, des frappes, du sang, des titans de cinq mètres de haut, prenant des rochers et les envoyant contre nos troupes ; je me sentais responsable de leur mort, qui d’autre aurait le cran de s’en occuper ?

Mais dans l’affrontement cataclysmique, je remarquai aussi que malgré notre ligne de front tenue, et ça devait être la même pour les autres, les monstres passaient par d’autres chemins. Des galeries, peut-être… Mais certains étaient récupérés par leurs comparses célestes à la force immense, et envoyés en parachute derrière les lignes. Ce n’était pas encore un problème majeur. Ceux qui escaladaient les parois par contre, par paquets de plusieurs centaines, ignorant totalement les fronts, ça méritait déjà plus qu’on y prête attention. J’abats un monstre d’une tarte dans la gueule, et je me retourne, persuadé de toute manière que personne ne m’entendra même en y mettant toute ma force dans ce hurlement :

« ILS GRIMPENT !!! CES SALOPERIES GRIMPENT !!! »

Il fallait remonter les lignes vers notre plateau ? Mais je ne pourrais pas commander aux hommes, seule Mara avait ce pouvoir… Et merde et merde ! Je continue à hurler, me sentant de plus en plus impuissant dans cette bataille, et le château est si loin…
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Mara Leros
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MessageSujet: Re: Le Pins du Feu [PV Mara] Le Pins du Feu     [PV Mara] - Page 3 EmptyDim 21 Aoû 2016 - 0:59


C'était terrifiant. Le mot paraissait bien faible pour la scène qui se dessinait sous le pégase de Mara, mais elle n'était pas sûre qu'il existe un terme capable de représenter toute l'horreur de la situation. Pourtant, tout n'était pas désespéré. Contrairement à ce qu'une petite partie d'elle avait craint, l'armée "humaine" ne se faisait pas unilatéralement ratiboiser par l'armée ennemie. Et contrairement à ce qu'une part certaine d'elle avait craint, tous les types d'armes pouvaient vaincre les ennemis. Mais quand même, tous les films, tous les livres, ou même toutes les imaginations ne pouvaient pas la préparer à... à ça.

De la poussière rougeâtre était soulevée, semblant plonger les combat dans une sorte de brume solide et sordide. Elle était trop haute pour voir le sang, à son grand soulagement, mais le bruit était bien là, contrairement à la première attaque. Les coups, les choc, les éclats métalliques, les éclats rocheux, et surtout les cris de guerre, les grincements stridents émis par certains monstres, et les hurlements. Même de là où elle était, où les combats se transformaient en immense fourmilière mouvante et brillante par le métal des armures, elle devinait leur violence.

Elle ne voulait pas y aller.

Agrippée autant aux crins qu'à la bride de sa monture qui faisait du sur place dans les cieux, en évitant par moment quelques charges aérienne, elle tremblait. Elle était allée chercher une lance, par principe, et surtout car c'était la seule arme potable et qu'elle connaissait pour se battre sur un truc ailé. Son regard terrifié parcourait le champs de bataille, regardant avec désespoir tous les petits imprévus, tout ce qui tournait mal. Elle avait envie de tout arrêter là, de partir, de se réveiller, de tout oublier. Elle n'en serait pas capable. Qui avait, ne serait-ce qu'un jour, sincèrement cru qu'elle pourrait faire un truc? Qui la considérait réellement capable d'empêcher ces pauvres troupes de se faire noyer par l'océan ténébreux qui leur tombait dessus? C'était désespéré. N'importe quel soldat avec un minimum de nerf et une vague expérience s'en sortirait infiniment mieux qu'elle. Elle avait envie de pleurer.

Le combat avait commencé avec une violente charge entre les deux camps, le long des pentes. La tornade avait fait son œuvre, mais beaucoup trop de troupes s'en étaient sorties à son goût, même si les rangs avaient un peu été dispersés. En attendant, l'effet magique persistait, cassant la formation ennemie. Mais y en avait-il seulement une? Tout le monde disait que les Stratèges étaient tellement rares dans ce monde, leurs adversaires en avaient-ils un? Peut-être. Mais qu'il soit ou non de talent n'avait aucune importance, les créatures se suffisaient à elles-même. Entre les ombres guerrières qui enfonçaient directement les front, certaines atteignant même la ligne arrière des chevaliers, qui arrivaient malgré des difficultés à les repousser... Entre les sortes d'immenses chauves-souris qui sillonnaient les cieux, agressant les chevaliers volants ou les unités perchées en hauteur, attrapant les soldats et les jetant sur les armées alliées, tuant leur victimes tout en démoralisant leurs cibles... Entre les énormes bêtes qui accompagnaient les flancs des ombres, broyant les os malgré les armures... Entre les immenses titans qui restaient en arrière-ligne, projetant purement et simplement des rochers où leurs propres soldats sur les assiégés, envahissant l'arrière ligne dédiée au soins et forçant les soldats assignés à la récupération des blessés à délaisser leur tâche pour défendre leur vie et celle des soigneurs... La petite Voyageuse n'avait même pas la foi d'aller voir les autres fronts pour se rendre compte de leurs état. De ce qu'elle voyait de l'armée qui se séparait et de ce que lui rapportaient ses rapaces, tout le monde avait le même menu. Et ça faisait quoi? Seulement dix minutes? Parfait, plus qu'un peu moins de quatre heures à survivre. Pour elle et l'unité qui rejoindrait le château. Pour les autres, elle savait pas. Elle refusait de croire qu'ils allaient tous mourir, mais elle n'arrivait pas à se convaincre du contraire. Elle se sentait tellement... médiocre.

Lors d'une énième embardée de son pégase délaissé, elle vit plus qu'elle ne sentit une serre passer sur son visage, lui arrachant un cri de douleur après coup. Sa joue la brûlait, et elle avait l'impression que la balafre passait aussi sur le haut de son nez. L'esprit instantanément vidé par l'urgence, alors qu'une sensation chaude commençait lentement à couler de sa plaie, elle serra les dents et lâcha le crin et la bride pour saisir son arme à deux mains. Plaquant son torse sur le cou du cheval ailé, lui criant malgré le vent de suivre son agresseur, elle fit de son mieux pour ne pas basculer malgré son équilibre précaire. Même si une sangle la reliait à la selle, elle avait l'affreuse sensation de n'avoir absolument aucune équilibre. Le duo volant se rua donc à la poursuite de l'ombre volante, la rattrapant assez rapidement, et la petite hurla de toutes ses forces en maniant son arme davantage comme un bâton que comme une lance. Elle doutait de la valeur de l'effet de surprise dans une situation pareille, et elle ne savait même pas si ces créatures entendaient. Elle avait juste besoin de se donner du courage. Et ce fut avec une étrange facilité qu'elle abattit la hampe dotée d'une lame sur l'une des ailes adverses, perturbant juste assez son vol pour lui offrir l'opportunité d'un autre coup en plein dans son dos, achevant la chose qui chuta, visiblement hors de course. Et qui se désintégra avant de toucher le sol. Ah oui, c'est vrai, y avait ça aussi.

Déglutissant pour réhydrater sa gorge sèche, la moitié de son visage gêné par le sang qui y coagulait, Mara resta quelques secondes à fixer l'endroit où avait disparu son premier adversaire. Elle avait oublié qu'elle était forte. Enfin, "forte", par rapport à la vie réelle. Elle pouvait aider, elle pouvait faire quelques chose. L'adrénaline commençait finalement à couler dans ses veines, accélérant sa respiration et faisant naître un vague sourire d'espoir. Elle avait arrêté de réfléchir. Elle ne pensait pas à cette défaite qui ne semblait faire aucun doute, ni à ce qui tournait mal, elle ne pensait pas aux premières victimes et à la violence des assauts, elle ne songea même pas à sa propre arrogance, de considérer que sa venue pourrait changer la donne. Elle avait juste besoin d'un semblant d'optimisme, pour ne pas tomber en larmes. Elle avait beau avoir des principes, si elle restait plus longtemps spectatrice, elle-même ne pourrait s'empêcher de se rouler en boule pour pleurer. Il fallait juste qu'elle arrête de penser à tout ça, à ces cris, à ce sang, à cette défaite qui se profilait. Mara n'avait jamais fait de statistiques, et quelque part, c'était vraiment tant mieux. Après tout, la seule défaite inéluctable, c'est celle où on abandonne, non?  'Fin, à quelques exceptions près quoi. Mais là, elle pouvait et elle devait faire quelque chose.

L'un de ses aigles revint en lui annonçant que l'ennemi avait commencé à escalader les parois. Un coup d’œil lui confirma que les unités placées en hauteur risquaient d'être salement exposées. Elle avait indiqué aux chevaliers pégase et wyverne de s'occuper de ceux qui escaladaient, mais ils étaient déjà trop occupés avec ces fichues chauves-souries. Elle rapatria quelques uns de ses rapaces et leur demanda d'attirer l'attention des mages et des archers sur cette menace imminente. L'arrière des ombres ne serait plus harcelée, mais si ceux qui escaladaient passaient, déjà l'arrière des ombres ne serait plus jamais harcelée, et les combattants alliés se feraient prendre à revers. Puis une fois que cette menace serait un peu amoindrie, quelques mages et archers pourraient continuer à les retenir pendant que les autres recommenceraient à attaquer le reste de l'armée.

Son instinct et ses réflexes réagissant avant sa pensée, La fillette para habilement l'attaque d'un bestiau qui l'attaquait par en haut et après l'avoir repoussé , elle planta sa lance dans son ventre. Une substance noirâtre particulièrement immonde commença à couler le long de son armes et de ses bras, mais à son demi-soulagement, ce n'était pas une sorte d'acide flippant, juste du sang. Ça sentait juste assez fort, au point de lui donner une légère nausée. Faisant de son mieux pour faire abstraction, elle s'élança vers l'arrière garde où demeuraient quelques gradés, coordonnant les troupes du mieux qu'ils pouvaient. En fait, elle avait la sincère impression que les gens pouvaient se battre sans stratège, c'était juste qu'ils ne faisaient rien de très impressionnant. Elle commençait à être convaincue que son rôle consistait surtout à donner des idées originales pour se tirer des situations pourraves, mais ces types se débrouilleraient pour un affrontement banal. Heureusement en même temps, car même sans combattre, elle ne serait jamais capable de diriger individuellement plusieurs milliers de soldats sur quatre fronts différents par elle-même. En plus, ça permettait de refiler un peu de sa responsabilité aux autres.

Faisant se poser un peu brusquement sa monture devant un blessé qu'elle reconnaissait comme un assassin ou un voleur, d'après son armure, elle faucha presque sans y faire attention l'une des ombres un peu groggy qui avait été lancée au delà des lignes et s'adressa à l'homme en tenue de cuir sombre:

"Vous savez où sont les trucs pour les éboulements?" "truc", ce terme merveilleux pour remplacer dans l'urgence n'importe quel mot qui ne venait pas instantanément.

"Les pièges?" fit le blessé d'une voix rauque, devant Mara qui acquiesçait. "Oui, ils sont... ils sont au niveaux des "parois" qui séparent les fronts... pour des éboulements latéraux... Mais on n'avait pas anticipé que les archers et les mages seraient dessus, et ça risque de les fragiliser..."

"Les fragiliser..." répéta l'enfant. "Ça fera tout s'écrouler?"

"Non," fit l'autre en secouant la tête. "On devait pas prendre le risque d'élargir les fronts en faisant tout tomber, ça aurait juste créé une percée... Mais ça risque d'être moins stable pour eux en haut, et avec ces monstres qui balancent des rochers..."

Il toussa tandis qu'un soigneur courait à sa rencontre, l'air aussi épuisé que s'il était au cœur des combat. Mara le remercia vivement et fit reprendre son envol à sa monture après cette minute de repos. Elle la fit foncer vers la parois la plus proche, abattant sa hampe dans la nuque d'un monstre qui escaladait un peu trop haut à son goût. Elle arriva au niveau des mages qui bombardaient à présent ceux qui s'approchaient d'eux par le bas et avisa quelques assassins qui les aidaient avec des arcs. Appelant ces derniers, elle leur cria malgré les bruits de combats d'activer les pièges , confirmant quand ils lui firent remarquer que ça risquait d'être dangereux. L'un d'eux s'éloigna, et commença à désescalader la paroi sous ses yeux. Elle vit alors qu'à environ deux-trois mètres de la plate-forme en hauteur, de curieux glyphes rougeoyaient entre les roches. Et le type attrapa un gros caillou, visa et le lança au centre du symbole qui commença brusquement à luire d'une lueur inquiétante. Les autres tireurs s'étaient déjà éloignés du bord après la demande de la jeune stratège et ce fut une gigantesque chaîne d'explosions qui fit le tour du large plateau rocheux. Dans des craquements de fin du monde, de gros blocs de pierre commencèrent peu à peu à se décrocher de l'ensemble, chutant lentement vers le champs de bataille en rebondissant sur les murs, détachant d'autres pierres en chemin et emportant un certain nombre de ceux qui escaladaient. Et surtout, tombant droit sur les loups géants qui s'acharnaient sur les flanc des troupes alliées.

Un sourire d'excitation mêlé de satisfaction s'étala sur le visage de la jeune fille, et elle ordonna à trois rapaces qui lui tournaient autour d'indiquer aux autres parois piégées de renouveler l'opération. Entre les cris et les indications des oiseaux, et l'exemple de la première murailles naturelle qui s'était à moitié effondrée sur les ennemis, ils devraient comprendre le message. Par contre, Mara comprit enfin réellement ce que craignaient les poseurs des pièges quand un rocher projeté par un titan s'écrasa à moins de dix mètres des pieds de ce qui restait de ladite muraille, et que cette dernière fut secouée de tremblements. Ces créatures étaient vraiment des plaies, entre les soldats qui étaient envoyés derrière les lignes et ces attaques destructrices... Il fallait s'en débarrasser au plus vite. Elle ne se rendait pas vraiment compte de leur nombre de là où elle était, elle avait simplement l'impression qu'on pourrait les compter sur les doigts d'une ou deux mains.

Mais pour s'occuper d'eux, y aurait pas dix mille solutions, il fallait faire un commando. L'idée d'utiliser celui pour le château volant lui traversa l'esprit une demi-seconde, juste assez pour qu'elle ne conclut que ça n'apporterait rien et que ça ne serait pas pratique. Non, il faudrait passer au dessus des lignes ennemies, donc prendre des unités volantes. Sauf qu'elle doutait que ces dernières ne puissent vraiment gérer ces étranges titans, leur grande mobilité leur imposait quand même un champs d'attaque assez réduit, à cause de leurs montures...

"Dis, tu peux porter deux personnes?"

*Oui, même si c'est mieux si l'autre passager n'a pas d'armure...* répondit le pégase. *On est entraînés pour cette possibilité quand même.*

"Cool, merci!"

Maintenant, il fallait qu'elle récupère d'autres chevaliers volants... Attirant l'attention de ces derniers grâce à ses rapaces ou s'approchant elle-même, elle finit par pouvoir échanger quelques mots avec une demi-douzaine d'entre eux, leur demandant à chacun de prendre un passager assez fort sur l'un des quatre fronts, et de transmettre cette consigne à un autre volant. Puis tous les duos devraient aller vers les golems, ils allaient tenter de les harceler à plusieurs. S'ils tombaient, en plus d'être une menace en moins, ça devrait faire une jolie vision pour les alliés... Peut-être qu'ils allaient manquer de défenseurs célestes sur le front principal, mais elle avait remarqué que ces derniers changeaient assez spontanément de position pour compenser les faiblesses, elle ne se faisait pas trop de soucis sur ce point. Puis les unités à distances qui n'étaient plus autant gênées par les grimpeurs pourraient donner un coup de main contre les chauves-souris.

Après avoir descendu d'une de ces dernières, se faisant déchirer la manche au niveau de l'épaule et recevant une écorchure dans la foulée, elle jeta un coup d’œil en direction du premier éboulement. C'était un peu ennuyeux d'utiliser un tel atout après aussi peu de temps, surtout que c'était un atout à usage unique, mais ça avait au moins permis de faire face à une mauvaise surprise. Et les soldats devraient mieux pouvoir gérer, maintenant qu'il la connaissait et qu'un premier nettoyage avait été fait. Mais il fallait qu'elle se recentre sur des problèmes un peu plus immédiats.

Où est-ce qu'il était...? Oh, ici? Oui, ici! Ici... Oh la vache, mais il était en train de leur rouler dessus là! Enfin, plus ou moins. Disons qu'il leur roulait plus dessus que les autres, mais il était pas très rapide... Sans doute à cause de son panneau? Elle se souvenait encore du poids de ce truc, quand elle avait dû l'accrocher à son cheval alors que l'homme était tombé dans les pommes à leur rencontre. Mais il le maniait avec une telle facilité... Pendant quelques instant, Mara fit du surplace au dessus de l'autre Voyageur, envieuse au fond d'elle d'avoir une telle puissance. Comment avoir peur de quoi que ce soit avec une force pareil? Et au delà de ça, tout ce qui devenait possible avec une telle puissance, l'influence qu'on devait pouvoir gagner, on devait vraiment pouvoir changer les choses.


Mais elle se reprit finalement et cria le surnom d'Edffry, alors que ce dernier reprenait sa respiration entre deux coups. Piquant vers lui, elle profita des quelques secondes de la descente pour hurler "Monte!", avant de l'agripper par une sangle sur son épaule et d'entreprendre de se renvoler vers les cieux. Grimaçant à cause de la sensation de se déboîter l'épaule, tenant toujours sa lance et la bride du pégase de l'autre main, elle fit de son mieux pour aider son camarade de voyage à monter sur la bestiole malgré ses battements d'ailes. Il allait sans dire que ça mettait la fillette dans une situation relativement inconfortable qui, en plus de lui donner un mal de chien tout au long de la colonne vertébrale, lui permettait de constater que son statut de Voyageuse lui fournissait aussi des abdos à toutes épreuves.

Une fois qu'elle fut sure qu'Ed était bien installé derrière elle, même s'il n'avait pas le confort de la selle ou la sécurité de la lanière, elle lui indiqua d'essayer de s'accrocher à elle ou à quelque chose. Elle n'était pas sure d'être assez grande pour offrir une bonne prise mais elle avouerait qu'elle n'aimerait pas vraiment être à sa place à lui. Autant chevaucher à la sauvage un canasson normal, c'était tranquille, autant à vingt mètres du sol, c'était moins tentant. Surtout que lui avait les jambes derrières les ailes, donc pas vraiment calées. Grattant le sang séché sur sa joue pour retrouver un semblant de mobilité du visage, Mara se tourna ensuite vers son passager pour lui résumer le plan:

"On va s'occuper des gros avec d'autres!" le tout en pointant du doigt les fameux "gros".

Résumé, donc. Elle n'aurait cependant pas eu le temps d'en dire plus, car le pégase fit une embardée pour esquiver un monstre volant, lui tirant un petit cri de surprise. Prenant finalement pitié d'Ed, elle défit la ceinture qui reliait sa propre taille à la selle et la lui passa, tandis qu'elle-même s’aplatissait un peu plus contre la monture, commençant un peu à flipper. Elle avait déjà eut une expérience de combat à dos de canasson volant contre une bébête géante, mais c'était pas vraiment le même contexte. Et rien que cette expérience l'avait persuadée que c'était pas marrant du tout. Allez, ça faisait combien de temps depuis le début du combat déjà? Une demi-heure déjà? Ou seulement? Elle ne savait pas, elle ne se rendait pas bien compte.
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MessageSujet: Re: Le Pins du Feu [PV Mara] Le Pins du Feu     [PV Mara] - Page 3 EmptyMar 23 Aoû 2016 - 20:01
Les bras n’en pouvaient plus, alors on les envoyait, comme ça, d’un large mouvement et on les reposait trois secondes, trois secondes où les muscles rouges, on contemplait l’enfer qu’était devenu la pente. Le spectacle était sublimé par les montagnes magnifiques dont les silhouettes se dessinaient au travers de la fumée rougeâtre, on voyait le sang qui giclait, les bêtes qui chargeaient, et à ce moment, je reprenais le panneau et je frappais la plus proche, la plus dangereuse, que ce fut pour moi ou pour mes voisins. Les sifflements disparates, flèches, beuglements, cris de courage, magie de feu, de vent, de foudre, souffrance pure, me perforaient les tympans et transformaient la bataille en spectacle sonore dont il était impossible de s’échapper. Alors je cognais, le torse se soulevant au gré des frappes costaudes qui entraînaient tout le corps, ou bien juste d’une respiration saccadée et profonde qui me brûlait la gorge et l’estomac.

Il n’y avait plus de stratégie, il n’y avait plus de front à tenir, les monstres ne cherchaient pas à nous submerger pour prendre nos collègues par le cul, ils étaient ici pour nous tuer, et s’y employaient avec acharnement et malheureusement, une belle efficacité. Les corps de chaque camp traînaient ici et là sur le champ de bataille, le transformant en champs de mines immondes où s’échappaient des visions d’horreur sur des blessures ainsi que des odeurs pourries qui ne donnaient guère envie de les rejoindre. J’étais aussi content de pouvoir m’occuper de tant de monstres (j’en avais fait une trentaine depuis le début de la bataille), que d’être malheureux de voir que je ne servais pas à grand-chose d’autre : l’amplitude de mon panneau empêchait mes alliés de bénéficier du cercle de protection que je créais autour de moi, car en plus de dératiser clairement ma zone, les monstres, comprenant que le parti était trop gros, m’évitaient généralement et ne m’attaquaient que quand ils étaient obligés. Mais la fatigue, merde, cette fatigue qui me cisaillait les bras…

Quand Mara, à dos de pégase (tranquilloute la petiote), m’interpella et me tendit sa main, je fus aussi soulagé que coupable d’abandonner les autres à ce front sanguinolent. Mais bon, on ne pouvait pas refuser à la Stratège, hein ? Après un peu de temps, de cabrioles et la main de Mara (c’est une enfant putain, arrêtez avec vos blagues pédophiles), je réussis à monter sur le pégase et il nous entraîna dans les airs, en battant frénétiquement des ailes et en rappelant qu’il y avait une bataille aérienne qui se jouait, alors qu’il esquivait les ennemis volants qui fondaient sur nous. Trop rapides, et moi, ne voulant pas déstabiliser la monture, je laissais faire Mara et son nouvel ami et me servant de la selle pour m’accrocher contre les adversaires célestes, alors que les hauts et les bas nous amenaient lentement mais sûrement vers les cibles : les énormes titans qui nous pilonnaient. Oh putain, moi qui voulais me reposer. Je ne dis rien quand elle donna l’ordre, je me tins juste prêt à frapper quand elle passerait à-côté. Quoique nan, j’avais quand même des choses à dire :

« Fais un détour derrière leur tête quand tu passeras à-côté d’eux ! On risque de chuter sous le choc sinon ! »

Je ne savais pas si c’était vrai, mais je préférais en être sûr : une ligne droite et mon panneau les heurterait et je perdrais une épaule ou alors je déstabiliserais complètement la monture le temps que mon arme me revienne tranquillement. Il valait mieux faciliter le retour de mon arme en position de garde en restant près de la tête, donc en la contournant pendant le passage à tabac.

Et voilà notre vainqueur du jour ! Un brave titan qui venait de balancer un caillou qui nous avait « frôlé » d’une dizaine de mètres. Mara guida sa monture avec prestance, et j’armai le bras. Putain, ce salopard était en pierre, j’allais avoir très mal. Mais je n’avais pas le temps de faire dans la demi-mesure, j’étais prêt à exploser mon épaule pour le foutre à terre. Mara esquiva une autre bestiole volante, puis elle passa près de la tête, eeeet…
*DAAAANG !!!*
Et on repartit aussi sec. Mon omoplate faillit se démettre, mon panneau de signalisation se tordit légèrement sous le choc sourd, et la bête, elle, faillit tomber en arrière sous l’impact… Mais ce ne fut pas suffisant pour la mettre KO. Cependant, en regardant son visage, on pouvait y constater de profondes fissures qui prouvaient qu’elle n’avait pas aimé le tabassage.

Avant que la blonde ne me permette de lui flanquer un nouveau coup, le titan racla la pierre pour en faire une boule de roche, et nous l’envoya avec une super puissance ainsi qu’une précision hors-norme. Difficile de savoir si on aurait été touchés ou pas par le projectile de plusieurs tonnes, mais ce qui était du domaine du formel, c’est que j’avais créé une belle paire de portails, afin que la première intercepte sa boule de roche, et que la seconde la lui renvoie directement dans la gueule (le spectacle de cette énorme boule fonçant sur nous et disparaissant subitement comme un glitch était saisissant). Il y eut un nouveau choc terrible qui créa une belle quantité de poussière, et le titan tomba enfin sur le dos, non sans écraser une dizaine de ses petits camarades. Un de moins ! Plus que neuf environ !

Dans la voltige aérienne, un pégase s’approcha de nous, et c’était Anaka derrière une autre cavalière, qui se dépêcha de nous avertir par-dessus le vent et la bataille en-dessous :

« Ils sont sensibles à la magie ! On peut s’en occuper ! On peu… »

Elle ne termina pas sa phrase car on fut tous les quatre d’un témoin aussi incroyable qu’optimiste : une sorte d’énorme flèche, tirée par une balise, éclata complètement un autre titan au niveau de l’épaule, lui détruisant son bras et le faisant s’affaler sur les genoux. Au vu de la direction du projectile, il n’y avait aucun doute sur ses nouveaux renforts. Je hurlai, estomaqué :

« L’île volante ! Elle nous vient en aide ! »

Le château n’était pas visible, au-delà les nuages et au vu de notre position, mais ils s’étaient préparés en tout cas, et même s’il était encore à trois lentes heures d’ici, il était capable d’utiliser, grâce aux vents, leurs balistes qui faisaient extrêmement mal. Ça, c’était une bonne nouvelle qu’il était bon d’entendre.

Après vingt minutes d’escapade aérienne où on abattit un autre titan, et que les autres étaient en train de terminer le boulot non sans être gêné par les escadrons de chauve-souris gigantesques, il était temps pour Mara et moi de rentrer vers le front en espérant que tout le monde avait réussi à tenir (c’est bon Ed, tu n’étais pas leur maman et tu étais quoi, un soldat sur des milliers, ta disparition n’allait pas les laisser sans espoir). Je me dépêchais de dire à la blonde :

« J’ai besoin du Sacralis ! On ne tiendra pas si on laisse un tel Artefact derrière nous ! Essaie de le récupérer et file-le moi ! On s’en fout de Dulle, elle survivra si on lui chippe, ou elle en trouvera un autre. Mais on en a besoin maintenant ! »

Je retombai sur le front et repartis à l’assaut des sales bêtes, et même si mes bras avaient souffert d’attaquer les titans de pierre, il était maintenant temps de revenir aux bestioles tranquilles, et les frapper était presque revigorant tant la résistance n’était pas la même. Je fus tout de même à nouveau fatigué en trois minutes, mais je me dépêchais d’utiliser toutes mes ressources tant que je les avais à fond pour en dégommer le plus possible, j’en eus même trois à la suite en swingant autour d’eux, en ligne droite. Les douleurs revinrent, la respiration aussi, et me recevoir une frappe d’un de ces immenses enfoirés ne m’aida pas, alors que je me relevais péniblement sur le sol. Nos rangs étaient clairement clairsemés, ça me faisait mal de voir ça, et pire encore, on était en train de reculer. Consciemment, inconsciemment, qu’importe, les troupes se défendaient en reculant et c’était pas bon du tout. Malgré toute l’énergie que j’avais, j’essayais de les encourager en les débarrassant des plus féroces monstres, mais j’étais à bout de souffle et mes offenses commençaient à manquer tant de patate que les adversaires survivaient après avoir bouffé le panneau… C’était peut-être le début de la fin…

Un trait de baliste perfora les nuages pour tomber à cent mètres de nous, en plein dans le camp des monstres. Il ne toucha personne, malheureusement, essayez de lancer un cure-dents à cent mètres sur un troupeau de fourmis, c’est pas facile, mais cette fois-ci, contrairement à d’autres traits, il semblait y avoir quelque chose en plus… Ils ne tiraient pas aussi près pour éviter de nous bombarder habituellement, non, et en fait, l’énorme flèche dans les cieux avait quelque chose en plus : un sac qui était accroché au niveau de la hampe. C’était de l’aide. Je ne savais pas ce qu’il pouvait y avoir dedans, mais c’était assez précieux pour qu’on nous le largue malgré la difficulté de l’envoi et de ses aléas. Il semblait ne pas y avoir d’armes, le sac était trop petit, mais on ne savait jamais, ça en devenait aussi précieux que mystérieux.

« TOUS AVEC MOI !!! ON VA VERS LA FLECHE !!! J’AI BESOIN D’UNE DIZAINE DE COURAGEUX !!! »

Krib, Garh, Karim, et cinq de leurs hommes répondirent à mon appel en comprenant les enjeux. On fonça à travers le bloc ennemi dans des hurlements pour nous redonner du peps ; l’espoir avait une puissance psychologique incroyable. On les traversa comme dans du beurre, ces bêtes étaient plus efficaces pour attaquer que pour défendre. Le loup qu’était devenu Karim leur arrachait la gorge avec une agilité surhumaine, tandis que Krib et Garh, en moins de dix secondes, pouvaient se débarrasser d’une créature avec un panache impitoyable. Nous perdîmes les hommes au fur et à mesure, les sacrifiant pour avancer au fur et à mesure, dévorés ou écrasés par les bêtes et leurs longues pattes terrifiantes, puis enfin, je réussis à atteindre l’objectif. Je brisai la flèche d’un coup et récupérai le sac. Après un énorme coup latéral pour envoyer bouler deux monstres, je fus assez tranquille pour oser dénouer le cordon et vérifier le contenu. Ce que j’y trouvais était au-delà des mots, et jamais cargaison n’aurait pu être aussi précieuse : cinq Sacralis ! Cinq Sacralis, putain !

« OU EST MARA ?! »

Je n’avais pas oublié qu’il n’y avait qu’elle qui était capable de les déclencher, il fallait à tout prix qu’elle les récupère pour qu’elle puisse les répartir comme elle l’entendait aux troupes. C’était un super cadeau venant du château, il fallait absolument en profiter. Malheureusement, Krib et compagnie étaient trop occupés pour savoir où se trouvaient la Stratège, et on décida de reculer vers le front principal afin de soutenir les hommes et d’être moins encerclé.

Malheureusement, nous avions reculé jusqu’au plateau que nous commencions à envahir, et shit, nous n’étions pas les seuls fronts qui reculions. Certes, on n’allait pas se retrouver cul contre cul parce que le plateau était terriblement vaste, mais il suffisait que les bêtes poussent encore un peu pour nous forcer à être encerclé, et là, la situation deviendrait beaucoup plus complexe à gérer. Heureusement, alors que nos lignes de défense se faisaient trop malmener, je réussis à trouver Mara au loin. Je créai une autre paire de portails pour lui envoyer le sac, par surprise, certes, et qu’elle puisse utiliser ses dons incroyables. Il n’y avait plus qu’à tenir jusqu’à ce qu’elle nous donne un second souffle.
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