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Tournoi Equipes, 1ère manche, Vive Mort Courtoise Vs Aces, Khildar Versus Nedru

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Ed Free
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Ed Free
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MessageSujet: Tournoi Equipes, 1ère manche, Vive Mort Courtoise Vs Aces, Khildar Versus Nedru Tournoi Equipes, 1ère manche, Vive Mort Courtoise Vs Aces, Khildar Versus Nedru EmptyLun 3 Fév 2014 - 13:03
  Blablabla… Vous connaissiez la chanson… Il y avait dix arènes flottantes dans l’espace, neuf d’entre elles étaient utilisées (la dixième, la Big One, serait utilisée pour la finale), et toutes étaient pleines. Ici, ça ne serait pas l’exception qui dérogerait à la règle : les gradins se levaient tous à ma seule arrivée (qui n’annonçait rien d’autre que le véritable clou du spectacle). Les stades étaient bien plus profonds que l’arène du colisée du Royaume des Chevaliers de la Table Pentagonale, mais on entendait tout de même les hurlements, les ovations, et déjà, on pouvait voir de nombreux fanions s’agiter dans les airs avec les logos des différentes équipes. Ici, il y en avait de deux sortes, celles des deux équipes qui allaient s’affronter, même si les fans étaient encore peu nombreux. Je supposais que plus on allait avancer dans la compétition et plus des banderoles s’agiteraient.

Pour parler du terrain, il était grand... Voire très grand. Pour le moment, même si j'ignorais les intentions des organisateurs, le terrain était tout à fait normal : du sol avec du sable, très peu de sable, plus du sol gratté qu'autre chose, comme un Colisée romain en fin de compte. Les délimitations étaient établis par les débuts des gradins, mais avec un lieu grand comme deux terrains de foot pour se battre, y avait de grandes chances que les participants n'aillent pas taper au milieu des spectateurs. Dans le pire des cas, une barrière invisible étaient là pour les protéger et empêcherait tout "débordement".

  Aller au milieu du terrain fut plus long que prévu, mais le temps que j’y arrive, les deux écrans géants s’allumèrent dans un concert foudroyant qui déchaîna encore plus les spectateurs. Je me mis à hurler dans le micro afin que tout le monde m’entende, et l’habitude me fit penser que je devais être un expert de la voix saturée :


« HELLO TOUT LE MONDE !!! Ed Free à l’appareil, et je suis heureux de vous retrouver pour un tout nouveau tournoi d’un tout nouveau genre ! Le tournoi par équipes, équipes qui vont maintenant s’affronter devant vous après s’être créées une semaine auparavant ! J’annonce donc le premier combat de cette première manche !!! »

Ce que je fis, en parallèle avec les informations de l’écran géant :


__


Première manche !

Arène numéro 1


Tournoi Equipes, 1ère manche, Vive Mort Courtoise Vs Aces, Khildar Versus Nedru Logo_210           Tournoi Equipes, 1ère manche, Vive Mort Courtoise Vs Aces, Khildar Versus Nedru Logo_510


Khildar Blacksilver Vs Nedru Etol
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Nedru Etol
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MessageSujet: Re: Tournoi Equipes, 1ère manche, Vive Mort Courtoise Vs Aces, Khildar Versus Nedru Tournoi Equipes, 1ère manche, Vive Mort Courtoise Vs Aces, Khildar Versus Nedru EmptyLun 3 Fév 2014 - 21:49
Des cris, des coups, l'effervescence d'un peuple fébrile, violent et impatient... Tout cela résonnait, assourdi, au dessus de lui, plutôt mal assit dans le sas de l'arène numéro un. L'analyste devait faire un effort plus important qu'il n'eut crû pour interdire à son cerveau de décortiquer chaque son ou à son corps de s'imprégner de cette ambiance sauvage pour modifier son rythme cardique. Qu'il détestait être au centre de l'attention ! Mais restons concentré.

Une semaine s'était écoulée depuis l'annonce  du lancement du tournoi... Une éternité depuis que Nedru savait qui y participait. Un temps qu'il avait consacré à  dire à ses partenaires désignés tout ce qu'il savait à propos des adversaires qu'ils auraient à affronter, jusqu'à approfondir ses recherches sur certains d'entre eux avec plus ou moins de succès. Une semaine pour retrouver Alan Rin et son ancien cavalier, faire connaissance avec cette Lena et leur proposer à tous quelques stratégies pour cueillir une victoire qui n'avait, au fond, aucun intérêt à ses yeux. Sept jours, surtout, à tenter de trouver ce que désirait l'héritier de la famille Blacksilver.

Enfin, le jour était venu.

Devait-il louer la chance ? Lui et l'aristocrate étaient dans la même poule et se rencontraient lors du tout premier combat... C'était inespéré ! A ses yeux, le tournoi tout entier n'était qu'un prétexte destiné à provoquer cette rencontre. D'autres grands noms étaient là, certes ! mais aucun n'avait le moindre intérêt une fois considéré en dehors d'un monde imaginaire...

Il ignorait si Matthieu y était pour quelque chose mais se doutait que l'invocateur était resté aussi impartial que possible. Il était trop proche de celui que le Renard avait juré de tuer... Mais ceci attendrait. Nedru poussa un profond soupir pour évacuer une pulsion meurtrière et se redressa gravement. Ne gâchons pas cet instant unique !

Après tout l'artiste excentrique avait relevé son gant comme il l'espérait, sans qu'il n'ait eu besoin d'ajouter de post scriptum déplacé. Comment interpréterait-il sa lettre ? Le londonien sourit à l'idée que s'il connaissait son adversaire, l'inverse n'était probablement pas vrai. Surtout, qu'il ne le prenne par pour quelqu'un de sournois !

Le Gris enfila son manteau et vérifia que sa mise était impeccable avant de s'avancer vers la haute porte automatique qui le séparait de la foule, du sable et d'Oscar Allan Louis Alexander Blacksilver. Dans un chuintement suivi d'un grave bruit de roulement proportionnel au poids de ses battants, l'ouverture s'ouvrit lentement devant lui.

Le cri de la foule, comme une vague puissante qui s'abattait sur lui, l'ébranla moins qu'il ne l'avait craint. Son expérience sur le jeu d'échec géant n'avait été qu'un avant-goût fade en comparaison mais ici, l'acoustique était parfaite. Rien n'aurait-su plus le satisfaire.

Aussi le Gris s'avança-t-il d'une démarche qui ne trahissait aucun émoi, malgré le macabre bruit que fit la porte en se fermant derrière lui. Ses yeux étaient fixés devant lui et il contemplait son adversaire avec un air ravi, comme si la consécration de beaucoup d'efforts se tenaient là bas, derrière l'étendue de sable terne.

« Khildar Blacksilver », puisque telle était la façon dont il fallait le nommer sur cette terre, avançait lui aussi, d'un pas mesuré. Il aurait aimé pouvoir dire qu'il était tel qu'on lui avait promis, guère différent de ce que les photographies dépeignaient lors de ses expositions, mais un masque hideux lui dissimulait le visage.  Nedru força son pouvoir à analyser l'individu sans conviction et cela resta sans effet comme il s'y était attendu. Tant pis !

Le silence se fit dans l'arène alors que les deux Voyageurs s'arrêtaient l'un en face de l'autre.


- Monsieur, je suis partagé entre le plaisir et l'honneur. Il s'inclina légèrement. -Plutôt que nous battre ... voulez vous jouer ?

Il avait prononcé cette phrase un brin plus fort, afin de se rendre légèrement plus audible par la foule massée dans les gradins. Il reprit d'un ton plus badin ;

-Une joute verbale, en trois manches. Vous choisissez en premier, et donc en dernier, le thème ou les règles de l'affrontement. Si le public ne nous départage pas, je suis sûr que nous saurons laisser au moins bon d'entre nous laver l'affront en abandonnant avec dignité ?
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Khildar Blacksilver
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Khildar Blacksilver
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MessageSujet: Re: Tournoi Equipes, 1ère manche, Vive Mort Courtoise Vs Aces, Khildar Versus Nedru Tournoi Equipes, 1ère manche, Vive Mort Courtoise Vs Aces, Khildar Versus Nedru EmptyVen 7 Fév 2014 - 1:06
La scène était éclairée par des lumières artificielles. Spacieuse, immense, démesurée, elle s’emplissait d’un vide de sable. Les gradins qui l’entouraient offraient aux spectateurs une vue pleine et entière. Spectateurs en nombre conséquent et d’horizons multiples, avides de la pièce qui allait bientôt se jouer pour leur plaisir. L’impatience fut écourtée par la présentation des acteurs et accueillit avec enthousiasme. Des applaudissements et des hurlements saluèrent l’annonce, témoignages du désir du public de voir paraître les promis. Le régisseur à la voix de stentor s’éclipsa, cédant les planches aux annoncés.

Les coulisses étaient froides. Elles baignaient dans une pâle lueur synthétique. A l’image de l’arène située dans l’infini de l’espace, l’être siégeant en son sein était isolé dans cette pièce. Les clameurs ne l’atteignaient qu’atténuées. Tête basse, plongé dans l’abysse de ses réflexions, les mains jointes dans le calme offert,  l’un des comédiens patientait tranquillement.

Relisant mentalement la lettre que lui avait adressée son partenaire, la manière dont elle lui était parvenue lui revint en mémoire.

Un homme s’était éveillé à ses côtés deux nuits auparavant. Il portait un masque rond affichant un immense sourire et recouvrant l’entièreté de sa tête. Un sac à son dos et une peluche sur l’épaule, il avait semblé jovial. Après une démarche ridiculement enfantine pour un corps d’adulte, il lui avait tendu une lettre. Blanche, de facture administrative, le destinataire avait été indiqué à la plume d’une écriture élégante. Son contenu relut mentalement était une invitation.



A l’énoncé de son patronyme réduit, il redressa son visage et derrière son masque emprunté, il sourit. Ses mains se détachèrent et ses jambes entreprirent une marche lente mais précise. La porte s’effaça automatiquement à son passage dans un silence respectueux. Les trois coups n’avaient point été donnés mais le spectacle commençait.

La vive lumière n’affecta nullement la démarche souple et noble. Les dimensions honorables de l’espace à leur disposition se révélaient un défi à combler. L’occupation de la scène est indispensable pour maintenir l’attention. L’accueil fut acceptable, la foule s’époumonant avec joie pour accompagner la rencontre inéluctable des deux protagonistes.
Une part de son esprit espérait dans un orgueil étouffé instiller la crainte grâce à la tenue portée. L’élément devant stimuler les réactions dissimulait le visage ravi de l’intervenant. Un masque illustrant parfaitement l’esprit de la troupe dont le nom avait été présenté.

Tandis que ses pas soulevaient quelques poussières, le porteur du masque icône de La Faculté détaillait l’expéditeur de la noble invitation. Un jeune homme, une tignasse grisâtre, une fine silhouette élancée s’avançait, un manteau sur les épaules et un air ravi sur le visage.
L’invitation l’avait interpellé et rencontrer l’initiateur était un honneur. Il était indéniable que l’attention l’avait flatté et l’envie de féliciter l’instigateur de tout ceci le titillait. Seules la mesure et les bonnes manières le retenaient de le serrer dans ses bras et de lui montrer son affection.

Finalement, les acteurs furent en place. Face à face, scrutant l’autre, le temps et l’espace suspendirent leur envol, tout comme les spectateurs retinrent leur souffle. La première réplique fut prononcée, l’intrigue était lancée.

L’inclinaison eut sa réponse en révérence, miroir aux reflets antagonistes.
La proposition eut sa réponse en silence courtois, réceptacle des paroles.
Une fois l’énoncé achevé, le comédien au haut de forme laissa un nouveau silence s’inviter. La réflexion s’imposait. L’offre était digne d’un gentleman. En outre, sa seule présence était la preuve que le gant envoyé par la lettre avait été relevé.
C’est pourquoi il retira son masque avec lenteur, révélant un sourire aimable et un pétillement dans les yeux bleus acier. Jetant négligemment l’artifice destiné à marquer les esprits facilement impressionnables, Lord Khildar Oscar Allan Louis Alexander BlackSilver s’adressa à Nedru Etol, Goupil Informateur d’une voix maîtrisée
:

"C’est avec plaisir que notre rencontre prend vie. La participation à cette Divine Comédie m’enchante et votre synopsis me flatte. "

Il tendit la main pour sceller le pacte :

"Soyons les acteurs dignes de la grandiloquence de la scène. J’accepte votre duel et vos armes. Le coup d’envoi sera illustré par un sonnet, naturellement en alexandrin. Le thème tendra le miroir à l’autre, car il le présentera."

Derrière un sourire de façade et un maintien impeccable, un esthète et artiste jubilait, l’esprit remplit d’idées. La présentation des personnages était incontournable et elle n’avait été faite que sommairement. En outre, se présenter pouvait être interprété comme un orgueil déplacé, à éviter, donc. C’est pourquoi inviter l’autre à dresser son portrait s’était révélé le plus judicieux et le plus délicieux.

"Toutefois, la bienséance oblige à votre première participation. En effet, l’imposition des règles me retirent ce privilège. "

Les dialogues avaient été déclamés suffisamment fort pour être audible et suffisamment calme pour être élégant.

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Nedru Etol
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Nedru Etol
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MessageSujet: Re: Tournoi Equipes, 1ère manche, Vive Mort Courtoise Vs Aces, Khildar Versus Nedru Tournoi Equipes, 1ère manche, Vive Mort Courtoise Vs Aces, Khildar Versus Nedru EmptySam 15 Fév 2014 - 16:29
Ah, les paradoxes ! Rencontrer un personnage que l'on juge dangereux au milieu d'un tournoi digne du temps des Césars, dans le but d'organiser une rencontre pacifique, voilà qui avait le mérite d'être... original ? Nedru était plus que satisfait de cet état de choses, excitation que ne pouvait décemment pas tempérer la nature de son interlocuteur. Car le Gris aimait jouer, non pas parce qu'une simple et fugace diffusion d'endorphines à la proposition d'une activité plaisante se déclenchait, non ! Il aimait jouer de cet amour qui trouble l'ensemble de votre organisme et que l'on reconnaît par la tachycardie, la  dilatation des pupilles et des pores de la peau...

Mais mieux ! Non seulement il jouait, mais la scène était un plateau qu'il avait lui même dessiné et poli ; ce jeu était le sien et son adversaire était celui qu'il avait voulu.

L'aristocrate Blacksilver lui faisait face, un fin et doux sourire aux lèvres, l'angle de la commissure ne laissant cependant aucun doute sur les raisons de cette joie. C'était certainement là le plaisir vaguement condescendant des êtres s'estimant au dessus de leurs congénères, l'aimable rictus du prédateur qui se fait défier par une proie ou encore l'inclinaison polie du professeur qui fait semblant de croire au mensonge trop gros d'un écolier paniqué.

L'analyste connaissait ce sourire et il affichait à loisir un masque semblable... Mais ses lèvres ne formaient ce soir là que la moue ravie et faussement humble de celui à qui un individu renommé adresse des louanges, louanges qui furent prononcées en bonne et due forme pour la plus grande joie du Gris !

Quel bonheur ! Fallait-il que ce tournoi se poursuive après cela ?

Il y eut une sorte de flottement dans le public lorsque les gentlemans se serrèrent la main. Ces gens s'attendaient-il à une pareille rencontre ? Probablement pas... Mais cela ne lui important d'aucune façon. Le pouvoir de Nedru l'informa que l'aristocrate avait sans aucune difficulté beaucoup plus de poigne que lui et aussi qu'il n'appartenait vraisemblablement pas à l'ordre franc-maçonnique. L'analyste sourit en se détachant, tandis que l'homme au cheveux blancs énonçait les règles de la première joute.

Immédiatement, son pouvoir se mit en branle avec fureur. L'analyste avait préparé son terrain et il avait  prévu de nombreuses façons de tenir tête à l'artiste pendant la joute, apprenant par cœur tournures de phrases, allitérations, figures de styles et bons mots. L'héritier Blacksilver n'avait-il pas terminé sa dernière phrase qu'une série de verbes et rimes se bousculaient dans son esprit, attendant d'être ordonnées.

Mais l'analyste avait besoin d'un soupçon de plus de temps. En lui confiant la première main, par "bienséance" Khildar Blacksilver l'avait placé dans la situation la plus inconfortable. Aussi, pour faire juste...


-Trois sonnets, un chacun, tour à tour, pour la première joute. Car j'ose espérer que nos personnes respectives ne peuvent suffire à repaître douze vers...

Bien ! Il avait prononcé ce complément de règles avec une élocution suffisamment lente pour que son pouvoir achève de tisser l'introduction de son modeste ouvrage. Nedru n'était pas un poète et il n'avait rien d'autre à copier que ses propres pensées et souvenirs, mais cela ferait sans doute l'affaire. Il s'accorda cependant encore deux longues minutes de réflexion pour corriger des maladresses avant de se lancer ;


L'alexandrin convient au peuple de Ronsard !
Le Shakespeare dans vos veines est-il donc si taquin ?
Voilà que sur la toile se peint un premier point
Et si tel est le thème, explorons le miroir ;

A l'aube de l'histoire, un tragique manoir
Sur les cendres duquel naquit l'homme mondain
Dont la terre connaît l'art et Morphée les larcins
Oscar ou bien Khildar, deux noms pour un regard !


Les sonnets du dramaturge anglais n'étaient pas rythmés de cette façon ; il fallait repenser beaucoup trop de choses préparées par avance ! Nedru s'était exprimé d'une voix forte et claire à défaut d'être grave et puissante, tout en arpentant le sable de l'arène. Vrai, s'il avait eu le costume approprié, on l'eut prit pour un barde !

La pause que réclama Nedru en désignant son adversaire par ses deux bras tendus à la fin de la deuxième strophe ne se fit pas attendre, et l'analyste profita de ce remue-ménage dans le public pour réfléchir au reste de sa petite poésie. Etaient-ce des huées, des hourras ? Qu'importe, son esprit n'était plus concentré là dessus. Le silence revenu, il reprit en s'adressant, cette fois, directement à l'aristocrate. Sans doute cela avait-il fait illusion ?



Un reflet est honnête et si je suis sa voix
Précisons que votre être en abrite deux ou trois;
N'appréciez ce sonnet qu'en guise d'introduction.

Pour le croquis du noble, l'artiste marchand d'armes,
Le vivant paradoxe qui tue autant que charme
Mes rimes se terminent, avec elles le brouillon.


Voilà précisément la différence entre un cerveau bien fait et celui d'un poète ! Comment pouvaient-ils trouver une chute à la fin d'une forme poétique si rigide ? Cette exigence du dernier ver, quelque peu crispante, avait obligé le Gris à fournir des merveilles d'ingéniosité... sans succès.

Pourtant ! La performance restait, de son point de vue, plutôt bonne. Il n'avait guère mis plus de huit minutes pour penser et énoncer ce premier sonnet, ce qui n'avait sans doute pas permis à son adversaire de profiter pleinement de ces instants pour réfléchir convenablement de son côté. Nedru salua d'un air poli et tendit à nouveau une main vers Khildar ;


-A votre tour.

Ne perdant pas de temps, le brun entreprit de penser et structurer un second sonnet.
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Khildar Blacksilver
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MessageSujet: Re: Tournoi Equipes, 1ère manche, Vive Mort Courtoise Vs Aces, Khildar Versus Nedru Tournoi Equipes, 1ère manche, Vive Mort Courtoise Vs Aces, Khildar Versus Nedru EmptyMar 25 Fév 2014 - 19:52
Le complément de règles avait été accepté d’un hochement de tête entendu, un sourire forcé témoignant du goût désagréable que laissait cette petite défaite sur le palais délicat de l’aristocrate. En effet, les préliminaires de la joute verbale avaient été entamés dès l’élaboration des règles, preuve que les deux protagonistes possédaient un sens aiguë de la confrontation aimable ainsi qu’une honnête maîtrise des stratégies guerrières. Savoir anticiper, travailler le terrain pour en tirer avantage et dicter les règles du jeu parsemaient un des chemins menant vers la victoire.
L’issue de ces échanges courtois destinées en apparence à clarifier de menus points et en vérité à prendre l’adversaire en défaut s’était donc soldé par le partiel échec de l’aristocrate. Bien qu’il soit parvenu à obliger son opposant de tirer le premier, le malicieux pris à dépourvu avait riposté en complétant sur la quantité. Un habile coup que le noble peinait à concéder, tout en étant contraint de l’admettre dans toute sa bonne foi anglaise.

Les premières caresses ayant été prodiguées, Nedru Etol entama les premiers coups de semonces après quelques minutes de réflexion qui permirent d’établir l’atmosphère idoine.
Au cours de l’énoncé du sonnet, Oscar écouta attentivement tout en réfléchissant à ses propres vers. Il hocha la tête, fit des gestes de la main pour accueillir les paroles et les approuver, prouvant ainsi son attention et sa réception des alexandrins que déclamait avec clarté le barde improvisé. L’auditeur dynamique participait silencieusement au sonnet en réagissant aux paroles par une gestuelle accordée à son ressenti.

L’allusion parallèle de Ronsard et de Shakespeare provoqua un doux sourire, le dramaturge anglais ayant confectionné ses propres sonnets . C’était là une invitation à en adopter la forme particulière, sans aucun doute.
Son histoire dévoilée l’incommoda sur le moment un brin, une grimace et un rejet de la main en témoignant. Toutefois, il se voyait obligé de convenir que le titre d’informateur n’était en rien usurpé. En outre, tout à chacun du mondain connaissait l’incendie de sa jeunesse, moins les circonstances que les conséquences. Alors que les désagréables souvenirs s’invitèrent pour déposer un voile tragique, ils furent durement rabroués pour profiter pleinement de la prestation de son opposant oral. Qui venait d’ailleurs d’achever ses quatrains et profitait de la pause offerte pour rappeler à l’assistance le destinataire originel du portrait dressé.
Une rapide analyse des vers indiqua un miroir formé par les rimes, véritable métaphore du thème proposé. Cette utilisation audacieuse de la structure des quatrains charma l’esthète qui exprima son ravissement par une légère inclinaison du buste et une esquisse d’applaudissements.
Cependant, l’esquisse déclencha de véritables mouvements parmi les spectateurs. Entre incompréhension et félicitation des termes employés et de la tournure du combat annoncé, le public était partagé. Les sanguins réclamèrent leur dose de violence, les artistes prenaient plaisir et les indécis attendaient la suite. Certains quittèrent même leur place, déçus d’avoir été trompé par le contenu, pauvres fols consommant dans l’instant et demandant continuellement ; jamais rassasiés. Néanmoins, leur nombre était négligeable et leur présence intolérable, du fait de leur comportement irrespectueux ; incapables d’apprécier un duel de gentlemen.
Tandis que les réactions des spectateurs se dispersaient, le regard de l’invocateur sautait de son interlocuteur vers le public, détaillant son partenaire pour jauger un public plus ou moins attentif et assurément surpris. Nul n’avait prévu telles dispositions pour un combat et tous en étaient surpris, au grand bonheur d’Oscar. Prendre à dépourvu était un plaisir partagé.

La suite du sonnet vint apporter une présentation plus précise de sa personne, révélant le gîte qu’il offrait à ses démons, qui demeuraient silencieux pour le moment. Du moins, sans parole particulièrement notable. Naturellement, Khildar s’accordait avec son double, Laënoris respectait les intentions de son maître, Luëst désirait Nedru avec ardeur et Saënoris désirait Nedru avec sadisme. Hormis Laënoris qui décortiquait les vers par habitude et Khildar par mimétisme, aucun démon ne se passionnait réellement de cette joute verbale improvisée. Ils comprenaient que l’échange ne regardait que Nedru et Oscar, et seulement ces deux londoniens. Une affaire d’anglais en somme.
En ce qui concernait les deux tercets, la présentation de son être en tant que paradoxe revêtit un aspect plaisant qui fit terminer le premier sonnet sur une note satisfaisante. L’humilité feinte accusait une fausse modestie pernicieuse qui fit doucement sourire l’aristocrate.


"Avec plaisir" Répondit il

La main tendue par l’informateur fut délicatement cueilli par celle de l’invocateur, pour être légèrement relevée, afin de parfaire le mouvement d’inclinaison. Ainsi, les lèvres de l’aristocrate effleurèrent la peau de celui qui venait d’introduire son portrait, pour un baise-main des plus innocents.
Prolongeant le mouvement de rapprochement, la main gauche glissa sensuellement le long du bras tendu pour remonter avec grâce le cou et faire frémir les cheveux, s’attardant auparavant quelques instants sur une joue éclairée par les multiples lumières célestes.
Par ce geste anodin, la distance entre leur visage s’était vue réduite progressivement, leurs regards se croisant avec intensité. Le souffle chaud du voyageur au haut de forme s’échappait des fines lèvres à peine entrouvertes pour se dissiper dans l’air ambiant qui, par la manœuvre agile, se retrouvait réchauffée.
Le temps suspendit sa course pour s’attarder sur ce moment de complicité, où l’aristocrate dévorait de ses yeux pénétrant le visage de son partenaire pour guetter la moindre expression.
Alors que le silence commençait à déposer ses bagages, Oscar le renverrait prendre le train en s’écartant vivement de Nedru et proclama d’une voix forte et claire, sollicitant ses poumons et ses cordes vocales pour un portrait décrit avec fierté et commença par s’adresser aux spectateurs, tournant sur lui-même avec élégance
.

"Notez ! Chevelure d’ébène, feuillage
Environnant de ténèbres l’agile esprit.
D’yeux marron, billes de verres sur un visage
Rompu aux mentales dissections d’autrui

Un geste pour caresser cette peau de soie
Et aussitôt, le fin Goupil se soustraira.
Tenteriez-vous de briser ce masque de bois,
Orné d’un fieffé sourire, il s’enfuira."


Les parties avaient été désignées d’une main, d’un doigt, d’une inclinaison de la tête, accompagnant les mouvements virevoltants d’un poète en ébullition. Il s’exprimait enfin ! Son flot de paroles se déversait avec autant de plaisir que d’aisance. La violence imposée en ces lieux barbares avait laissé place à une poésie improvisée.
Le portrait se poursuivit, le ton mêlant sensualité et connivence, prenant à témoin le public
:

"L’ample manteau qu’il porte grime son allure,
Kyrielles d’informations y sont louées.
Osez secouer son réseau aux élevées ramures,
Alors il paraît, miroir aux reflets floués."


Pour les derniers vers, il se rapprocha derechef de l’objet du sonnet, ne le quittant pas des yeux et s’adressant plus à lui qu’aux alentours :

"Là, mon doux mignon, ôtez donc vos beaux atouts,
Ainsi votre vérité nue s’offrira à nous …"


Le ton  avait été revêtu d’une certaine malice, un éclat de lubricité dans le regard, accompagné d’un bras tendue et la paume ouverte, demeurant toutefois à distance respectable. Son sonnet avait été une ode à son partenaire et il se félicitait de l’avoir vêtu de fort habile manière. Certes, seule la surface avait été traitée. Cependant, il convient de débuter un portrait par les premières impressions, n’est ce pas ? Quand bien même, les apparences sont parfois trompeuses, la suite nous détrompera …. Ou non.

Se tenant à quelques pas de l’analyste, l’aristocrate sollicita l’aval du public pour confirmer ses dires et recueillir leur réaction, le bras ramené à son torse. Il jubilait et frétillait de poursuivre ces ébats verbaux en présence d’un partenaire aussi habile de sa langue.
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Nedru Etol
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MessageSujet: Re: Tournoi Equipes, 1ère manche, Vive Mort Courtoise Vs Aces, Khildar Versus Nedru Tournoi Equipes, 1ère manche, Vive Mort Courtoise Vs Aces, Khildar Versus Nedru EmptyLun 3 Mar 2014 - 19:34

Nedru ne sursauta pas lorsque l'aristocrate s'approcha, laissant sa main tendue se faire délicatement baiser. Cette introduction annonçant le reste du jeu, il ne fut guère plus choqué lorsque le geste se prolongea en une lente et sensuelle caresse. La comédie n'était certes pas l'outil qu'il utilisait le plus dans le monde onirique, mais il n'était pas étranger à certaines bouffonneries galantes lorsque l'occasion se présentait, notamment auprès de son groupe d'étude de l'université.

Les yeux braqués dans les siens, en revanche, le troublèrent plus qu'il n'eut fallu. Cet original allait-il l'embrasser pour de bon ? Le Gris s'empêcha de hausser carrément un sourcil et changea son visage en un masque de défi, joueur mais un brin hautain, assez -espérait-il- pour le repousser. Oscar s'éloigna fort heureusement brutalement pour déclamer.

Son adversaire ne manquait pas de talent... A peine avait-il pris quelques secondes pour penser ses strophes, qu'il les récitait avec des airs d'acteurs habitué des foules. Les rimes dont il faisait usage n'étaient pas aussi capricieuses qu'une forme classique « abab ababa », que l'analyste avait cru devoir user.

Cependant...

Nedru exagéra une grimace discrète, de façon tout aussi dramatique que le ton de son adversaire, à la fin de la deuxième strophe. Le rythme ne lui semblait pas approprié, certaines phrases déclamée accentuaient chaque syllabes, d'autres passaient sous silence la fin de certains mots... Cela ne correspondait pas à son esthétique personnelle de la poésie, ce qu'il fit ressentir au public en sursautant carrément à la rime « ramure », puis lors de la conclusion, sur le mot « votre » dont les « a » avaient étés prononcés ensemble pour respecter la contrainte de l'alexandrin.

Ce n'était pas vraiment très respectueux, mais après tout, ils étaient en train de lutter, avec leurs armes. Les bassesses polies sont le lot de la noblesse, après tout. Comme le Voyageur au haut de forme l'enjoignait, Nedru ôta d'un geste souple son manteau, avant de le jeter capuche en avant sur la paume tendue du noble devenu majordome. Il avait eu le temps de préparer la majeure partie de sa réponse. Et puisqu'une joute n'est pas qu'affaire de politesse ;


Aussi contemporain que soit votre art, milord
Le sonnet est rigide ! Or, vos rimes et structure
Forment un miroir aqueux, déformé et retors;
La poésie n'est pas une toile qu'on rature.


Il s'approcha aussi souplement que l'héritier Blacksilver l'avait fait, et mima la caresse qu'il lui avait faite l'instant d'avant. Miroir, miroir... Cette courte pause lui laissa le temps de composer ses derniers vers.

Sans doute les idées, dispersées dans l'effort
De contenter Luëst, votre soif de luxure,
Se sont muées en roses car mon portrait est d'or !
Nedru s'écarta d'un geste lui aussi, avant de conclure;
Mais gardant les épines, il est aussi torture.


Haussant le ton pour conquérir l'arène de quelques foulées, il poursuivit ;


Tenez loin de cette joute votre démon de Sade
Ordonnez au troisième; "rangez les vers en pieds !"
Je ne puis refléter pour toute une ambassade.


Il leva les paumes vers le haut dans un air d'impuissance, plaçant ici une pause propice à l'intention de la foule, puis conclut ;

Mais quel triste poème qui au thème ne sied  !
Consolez donc vos ombres que nul ne décrit
Et remarquez messire, que ce quatrain le fit.



Bien ! Cette fois, la chute était de mise. Nedru s'inclina avant de sourire d'un air ravi. Un léger frisson lui hérissa le poils de bras, sous sa chemise. Quel sport captivant ! Le fait que son adversaire soit capable de le plier en deux en cas d'affront trop prononcé participant d'autant à l'intérêt de ce duel. Nedru devait conquérir cet homme s'il voulait faire affaire avec lui, mais il voulait aussi -car il ne jouait pas pour perdre- gagner ce tournoi.

Encore qu'il puisse perdre les autres manches, par politesses. A son avis, il lui était impossible de perdre sur le thème du miroir. Il avait étudié son adversaire pendant des mois, tandis que ce dernier ne savait de lui guère plus que la couleur de ses yeux.

A nouveau, Nedru sourit et inclina la tête en désignant Khildar de la même manière qu'il l'avait fait plus tôt, bras tendue et paume ouverte.
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MessageSujet: Re: Tournoi Equipes, 1ère manche, Vive Mort Courtoise Vs Aces, Khildar Versus Nedru Tournoi Equipes, 1ère manche, Vive Mort Courtoise Vs Aces, Khildar Versus Nedru EmptyJeu 13 Mar 2014 - 22:57
Le manteau avait été réceptionné avec la justesse requise sans que l’affront occasionné ait entraîné quelques désobligeantes remarques. Tandis que le roturier introduisait la noblesse au sein de la populace en entamant le premier quatrain, l’aristocrate sans ombrage apparent se redressait avec une droiture exemplaire insufflé par un intime majordome de sa connaissance.
Certes le gant avait été jeté sous forme d’un manteau et formait une offense envers l’aristocratie en la traitant avec dédain. Cependant, ce mouvement contribuait à la Comédie Humaine qui se jouait devant un public encore à conquérir. C’est pourquoi la seule véritable réaction à ce geste s’illustra par un vif éclat meurtrier qui s’effaça aussitôt pour céder à une condescendance polie. La contribution de l’autre comédien au comique avait été honorable et ironique.
En outre, le manteau ôté représentait un aveu d’allégeance trop délicieux pour ne pas le savourer. Cette réponse positive à l’invitation de se dévêtir ravissait tant l’aristocrate qu’il s’élevait au-dessus des manigances pour profiter pleinement de la soumission que lui offrait son partenaire.

Le sonnet s’énonça pour se porter aux oreilles des spectateurs et du principal destinataire qui se dressait d’un noble maintien. A l’instar des manières lascives de sa (très) proche amie, son attitude s’accordait désormais avec celle de son majordome.
Par conséquent, le quatrain traitant des propos tenus précédemment ne s’accompagna d’aucun jeu, d’aucune sorte. Seul un sourire courtois subsistait sur le visage impassible de l’aristocrate. L’immobilisme se révélait une marque de dédain à peine dissimulée, renvoyant les remarques à son encontre d’un manque de réactivité flagrant. Cette absence de réception représentait une des nombreuses manières de signifier à l’interlocuteur qu’il avait beau s’échiner à rabaisser sa cible, celle-ci évoluait dans des sphères bien trop élevées pour être atteinte. Bien qu’intérieurement, Oscar trépignait de se précipiter pour défendre son originale poésie et honorer farouchement chacun de ses vers, la bienséance retenait son amour-propre piqué au vif.

Comment ne pouvait-il pas apprécier la forme adoptée au dramaturge anglais, alors qu’il en avait lui-même suggéré l’idée ? Par quel manque de goût ce philistin osait ignorer la structure fracassante des vers, démembrée avec justesse pour mettre en valeur le portrait torturé d’un sujet aux multiples facettes se dissimulant derrière force masques et mensonges ? L’esthète enrageait et la pointe dardant sur les prétendus talents de peintre de l’aristocrate paracheva une critique acerbe qui termina de combler la fureur ressentie.
Toutefois, la rage de plonger les attaques dans la gorge de l’effronté s’envola lorsque le jeu de miroir se poursuivit par une tournure surprenante. En effet, Nedru, dans un parfait mimétisme, inversa les rôles pour reproduire la caresse prodiguée. L’habile manœuvre constituait une humiliation supplémentaire qui manqua de conduire à un impair malheureux pour le doux visage de l’analyste. Il eut été fort regrettable d’entacher les yeux sournois d’un bleu douloureux. C’est donc une volonté de préserver l’intégrité physique de son partenaire accompagnée d’une satisfaction de voir à nouveau leur corps réuni pour une caresse voluptueuse qui suspendit un geste de la main du voyageur démoniaque.
Il conserva sa droiture et le manteau du cajoleur contre lui et se permit un sourire amusé, éclairé par une pointe de lubricité dans ses yeux bleu. Derrière s’agitait une luxure qui désirait consommer une ardente étreinte.

Le sujet du quatrain qui suivit entretint la flamme qui s’enchanta d’être ainsi proclamer dans un sonnet par des vers aussi bien fait que l’était son auteur. Il était indéniable que l’orateur possédait des qualités et l’érotique compagne n’y était point indifférente. Elle convenait des défauts du personnage tout en les effaçant devant la prestance et surtout l’honneur octroyé d’une place dans un sonnet. La joie la comble, faute d’un ébat désiré
.

"Il est trop chou ! Je suis bien contente que tu n’aies pas à lui taper dessus. Ça serait du gâchis."

L’évocation des épines délivrées par les roses de l’encensement produisit un rictus carnassier et un bref éclat triomphal dans un regard pénétrant. Les coups dévoilés ne le dérangeaient en rien. Ils étaient fierté et leur propriétaire se targuait d’en posséder d’autres par devers lui. La rage de vaincre et le désir de domination s’échappa un court instant en déformant les traits de l’aristocrate anglais pour reprendre une feinte modestie, accentuée par un léger mouvement de la main qui balaya les épineux doutes de son comparse qui s’était déjà éloigné pour entreprendre le premier tercet.

La référence à une figure littéraire n’atteignit pas la cible, cette dernière n’ayant pas connaissance de cet écrivain polisson. C’est donc avec candeur qu’elle s’enquit de son identité
:

"C’est qui ce Sade ? Tu nous aurais caché un autre démon ?"

L’explication vint de Khildar qui expliqua avec bienveillance de qui il en retournait. Une fois le portrait achevé, l’honorée ne sut comment réagir, écartée entre l’orgueil d’une comparaison à une figure aussi illustre et la vexation d’une volonté d’éloignement. Finalement, le boudoir se mit en place.
L’allusion au majordome sonna creux, l’intéressé rétorquant qu’il avait connaissance de ses obligations. Parvenir à se mettre à dos deux démons d’ordinaire affables dotait Nedru d’étranges facultés et d’autant de buts douteux.

La pause jouée d’impuissance permit à Oscar de débuter la cogitation quant aux vers suivants, tout en maintenant un maintien majestueux. Il attendait, écoutait, attentivement, superbe. Son regard portait dans le lointain, perdu dans les méandres de la réflexion.
L’hommage à ces démons fut salué d’une inclinaison de la tête, les ombres remerciant le poète en invectivant l’aristocrate de rabattre le caquet à ce bel ordonné connard d’analyste.

Quelques applaudissements saluèrent la prestation, aucune ne se fit entendre sur scène. Les spectateurs demeurés sur place savaient désormais à quoi s’en tenir et devenaient attentifs aux paroles prononcées, puisque telle était la métamorphose des armes.
Néanmoins, beaucoup s’interloquèrent de l’attitude du prochain parolier. La tête penchée, le dos courbé et un sourire trop étiré pour être honnête ornant le faciès composaient une posture inattendue.

Soudain, alors que l’analyste s’inclinait une seconde fois pour accueillir les remerciements d’un public réceptif, Oscar se précipita à son arrière, disposa le manteau si chaudement conservé sur le dos de son propriétaire originel, appliqua ses mains gantés sur le tapis improvisé et sauta par-dessus le poète monté.
Une fois les pieds retrouvant le sable dans une réception parfaitement alignée, un bras se tendit brusquement pour lancer le manteau, qui avait été gardé en main, dans les airs. Puis la veste portée par le taquin aristocrate fut ôté avec sensualité pour être lancée à son tour du côté opposé par un bras tout aussi tendu que le premier.

Ainsi, les bras brandis et après avoir chevauché un bref instant son partenaire, Oscar déclama
:

"Aussi habiles que rusés, vos vers éludent
Le sujet principal, préférant les ombres
D’une élégante toile, adhérant au sombre
Vil, nous voici abusés, vos pieds sont rudes


Se tenir debout devant le destinataire de ces reproches témoignait de la bouffonnerie instaurée ainsi que d’un mépris certain, même si celui-ci n’était qu’exagéré afin de suivre le ton donné. Cependant, il n’était pas convenable de prolonger et l’aristocrate faussement outré s’écarta de bonne grâce pour venir tourbillonner autour de sa nouvelle Muse. Les manœuvres de séduction s’exprimèrent par des caresses, des œillades et des baisers envolés, octroyant un temps de composition profitable tout en essayant de ramener son opposant à sa cause. Qu’il soit sous l’influence d’une pulsion intérieure ou bien que ses sentiments à l’égard de ce curieux représentant masculin soient fondés, il n’en avait cure. L’aristocrate désirait ce jeune homme et il l’aurait.
La suite attendue vint d’un ton plus guilleret
:

"Ainsi s’achève le séduisant interlude
Destiné à effacer ce malencombre
Extrayons vos pensées de cette pénombre
La sève sera suave, c’est certitude


Le dernier vers fut ponctué d’un passage délicat sur les fines lèvres du poète séduisant qui regardait d’un air mutin celui dont la sève devait palpiter sous les feux conjugués des projecteurs et des rimes.
Puis le taquin aristocrate se rapprocha, en sautillant presque, pour se glisser derrière l’analyste et le décrire en alternant la position de son corps de part et d’autre de l’objet de ses propos. Le ton se fit détaché, pernicieux dans quelques inflexions de la voix, sous-entendant une noirceur plus grande que celle présentée
:

"Manipulateur au sang froid, sans loi ni lieux,
Orateur suivant ses propres règles d'un jeu
de dupes, évitant la paume, point le vilain


A nouveau, il se détacha pour prendre à parti son interlocuteur et l’apostropha d’une voix faussement peinée, son sourire et ses yeux pétillants ne laissant aucun doute à la joie qui l’emplissait tellement l’exercice l’excitait :

"Informateur, mais à quels masques s'adresser ?
Rémunérateur, pour parvenir à vos fins,
Votre emploi livre secrets et vous, agressé


Le dernier terme du sonnet pouvait revêtir bien des sens avec le ton employé. Menace ? Avertissement ? Simple constat ? Oscar laissait l’interprétation libre au destinataire. La voix s’était éteinte dans un souffle alors que chaque vers l’avait rapproché derechef, complétant un mouvement de va et vient délicieux. La main s’était élevée pour esquisser une caresse au menton. Le geste demeura suspendu, la distance et les méandres de la réflexion les séparant.
En vérité, porter atteinte à ce visage constituait un crime si tentant …
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MessageSujet: Re: Tournoi Equipes, 1ère manche, Vive Mort Courtoise Vs Aces, Khildar Versus Nedru Tournoi Equipes, 1ère manche, Vive Mort Courtoise Vs Aces, Khildar Versus Nedru EmptyDim 23 Mar 2014 - 23:36


Malgré une différence de puissance certaine entre lui et son adversaire, Nedru n'était pas assez profondément handicapé physiquement pour ignorer le geste d'Oscar lorsque ce dernier se jeta sur lui. Ne lui restait plus qu'à réagir et pour cela en revanche, le temps lui manqua quelque peu. Dans cette posture, il pouvait soit plonger, soit rester de marbre et espérer. Mais puisque le lancé de veste effectué par l'aristocrate s'était fait dramatiquement et sans malice, le Gris resta dans sa position. La probabilité pour qu'un tel geste amorce un coup était infime. Lorsqu'il comprit l'intention de Khildar, il baissa la tête et poussa même légèrement sur les genoux quand les paumes prirent appui sur lui afin que la cabriole soit plus réussie.

Infantilisant ? C'était bien la moindre des choses devant pareil affront !

Mais tout de même, il lui était impossible d'en rester là. Se retournant pour faire face à la première salve de son adversaire, Nedru sourit d'un air aimable, dressant légèrement son index en l'agitant au rythme des syllabes du premier quatrain, l'agitant à la manière d'un chef d'orchestre de plus en plus satisfait.
Au mot « pied » cependant, pauvre petit qui ne méritait pas d'être coupé en deux selon ses conceptions artistiques de pleine bonne foi actuelle, il haussa légèrement les sourcils dans une mimique mi-amusée, mi-peinée tandis que sa baguette de chef d'orchestre imaginaire se perdait dans une courbe aussi tronquée.

Le fait que son interlocuteur choisisse cet instant pour papillonner autour de lui n'en fut que plus amusant et Nedru répondit à ces assauts par quelques amples pas chassés destinés à s'éloigner de Khildar, à l'esquiver en restant à portée comme autant de pas de danse. Sa réputation n'était pas usurpée ; le noble laisser facilement s'exprimer sa lubricité « galante » issue d'une époque révolue ! Mais qu'importe, la situation amusait le Renard, qui ne perdait pas un instant pour achever son propre quatrain. La structure globale avait été décidée depuis la première réponse de Khildar et son pouvoir, peu à peu, l'avait enrichi. Ne lui restait qu'à trouver de quoi meubler la seconde strophe et il s'en sortirait sans être déshonoré.

Il n'en écouta pas moins attentivement chaque mot, chaque rime, prêt à lui faire subir son opprobre discrète, se déplaçant sur l'arène pour récupérer son manteau et l'épousseter brièvement. C'est que ce richissime fou s'en sortait bien ! A croire que lui aussi était capable de faire plus d'une chose en même temps ? Le sang du brun se rafraîchit légèrement en constant que cet individu en connaissait sur lui bien plus qu'il n'eut fallu, mais il veilla à ne pas écouter la voix en lui qui s'interrogeait pour trouver la raison de ce mystère.

Sa physionomie changea elle aussi tandis que le sonnet s'achevait, le sourire moqueur laissant place à l'expression de tout à l'heure ; sourcil dressé et moue joueuse. Des menaces, vraiment ?

L'analyste ne laissa pas même une seconde s'écouler avant de jeter à Khildar sa réponse, déclamant d'une voix forte et sur un rythme qui frôlait l'agressivité ;


-Furieuse est mon image quand la teinte en est nette !
Acrobate potache votre verve est agile,
Il me faut remercier si aimable babil !  
Sachez cependant perdre si je vous bat d'une tête.


Nedru s'écarta légèrement de Khildar tandis qu'il déclamait le dernier vers, trotta sur quelques pas puis jeta son manteau vers le haut, à environ deux mètres de hauteur, avant de prendre appui au sol pour bondir brusquement par dessus, mimant le geste de Khildar à une hauteur légèrement plus impressionnante (en tout cas, pour un humain normal).

Il atterrit en dressant modestement les bras en V avant de se retourner vers son adversaire, et de le pointer du doigt d'un air faussement réprobateur. Il ignorait si la foule réagissait à cause de son geste ou de ses mots. A vrai dire, il ignorait si le public était seulement capable de l'entendre. Mais tant que son adversaire le pouvait, le reste suivait ;



-Oser dire que mes strophes sont au jeu malhonnêtes
Nonobstant que l'Oscar s'efface devant le "Khil";
Séduisants en autours, mais au pourpoint...
Il ferma son propre poing devant son visage en le contemplant avant d'achever ; facile ?
Allons; tant de menaces pourraient gâcher la fête.


Nedru s'imposa sa première pause, bien que le sonnet fut achevé depuis peu dans son esprit. Khildar devait entendre et intégrer chaque mot, chaque vers, qu'il entamait en prononçant légèrement plus le premier phonème. Cette pause lui laissa le temps de considérer que le jeu de mot sur le kill et le trophée sonnait étrangement mieux dans son esprit londonien, ce qui le força à reprendre sa déclamation. Décidé à jouer un peu lui aussi, il s'approcha à son tour lascivement du marchand d'arme, caressa du revers de l'index son col et prononça en le fixant dans les yeux ;

-Faisons fi de vos yeux, chapeau bottes et draps;
Folie se nomme la sève que coule sous votre écorce,
Avouons à ce propos; fou qui l'arrachera !..


Il se détourna pour pouvoir conclure plus fort sans crier dans les oreilles de son adversaire;


Impatient argent noir, souffrez que je m'y  force.
Répondant à vos voeux, je cesse la pastiche
Etonnant Koala, appréciez l'acrostiche.


Nedru inclina la tête sur le côté et fléchit les jambes dans une version simplifiée de la courbette (il n'allait pas se laisser sauter par dessus indéfiniment) puis glissa ses mains dans ses poches en observant avec intérêt la physionomie du Blacksilver.
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MessageSujet: Re: Tournoi Equipes, 1ère manche, Vive Mort Courtoise Vs Aces, Khildar Versus Nedru Tournoi Equipes, 1ère manche, Vive Mort Courtoise Vs Aces, Khildar Versus Nedru EmptyJeu 3 Avr 2014 - 0:04
[le sonnet viendra dans très peu de temps !]

Les va et viens initiés par le brun jeune homme avaient positivement répondu aux sensuelles invitations de son partenaire à la chevelure vierge de toutes couleurs. Bien qu’il se fût soustrait avec agilité aux caresses, il n’en avait pas moins amorcé une danse vivace tout en gardant la proximité de son compagnon. Le ballet voluptueux accordé avait enchanté l’aristocrate qui voyait dans ses exquises manières d’esquives un renoncement feint et un encouragement à poursuivre en cette délicieuse voie.

La noblesse permit à l’informateur de s’exprimer et le premier envoi du sonnet résonna dans l’arène. Le ton avait changé et d’agressivité l’air s’était chargé. Pourtant l’attaque ne porta pas, rencontrant un rempart de passivité sur lequel s’éclatèrent les vers ainsi déclamé. La posture conservait un maintien impeccable et les bras croisés témoignaient de l’accueil peu favorable que recevait ce début d’entretien.
Un rictus méprisant balaya la perfide insinuation. L’aristocrate dont il était l’esthète représentant ne pouvait avoir la décence d’abandonner face à ce roturier. Certes, il devait en convenir, il possédait d’aimables dispositions et des tournures agréables, mais le style classique entravait l’expression d’un esprit plus retors. Il était envisageable que la dimension magistrale de l’échange expliqua le manque d’audace. Peut-être qu’une intimité accrue libèrerait le timide ?

Alors que le loup observait avec suffisance l’agneau qui venait de bêler avec verve, l’homme à l’esprit capitonné de coton s’envola pour prendre de haut son supérieur social. L’effarement haussa le sourcil du prédateur stupéfié de surprendre sa proie s’élever alors que son moyen de locomotion habituel résidait dans la marche et non la lévitation.
La raison d’un tel saut échappa au bon sens qui se retira, penaud de ne pas trouver preneur de sa logique parfaite dans ce fol monde onirique.


"Il se barre ! Il fuit, le couard !" Commenta un Saënoris hilare

"Quelle grâce, tel un rapace !" S’extasia Luëst loin d’être de glace.

"Serait ce une volonté de démontrer ses capacités ?" Suggéra Laënoris avec sagacité.

"Ou un reflet déformé du saut précédemment effectué ?" Compléta Khildar avec une ironie accentuée

"Qu’importe l’étrangeté, puisque demeurant dans les tons formés, laissons là le mouflet." Siffla satisfait Oscar, aux bouffonneries habituées

L’atterrissage réprobateur ravit les spectateurs qui apprécièrent la prestation venue relever le babillage d’actions éclatantes. Les applaudissements fusèrent et ceux dans l’attente d’un combat qui ne venait pas se réveillèrent.
L’objet des représailles ne perdit aucunement contenance et la surprise du vol passée, l’amabilité polie avait retrouvé les traits de l’anglais semeur de pagailles. Bien qu’attentif aux moindres propos énoncés, les accusations ne l’atteignaient pas d’apparence et retourner un silence était plus respectueux que d’entraver la route entamée.

Le quatrain qui suivit fut reçu avec un dédain qui se mua en un sourire carnassier. Les lèvres s’étiraient progressivement pour révéler des canines avides tandis que l’éclat des yeux dévorait clairement l’orateur qui argumentait sur la vanité des menaces proférées. Le brasier des sentiments s’agitait sous le tison de la langue. La formulation plut assez à l’intéressé qui goûta les vers, osant s’humidifier les lèvres pour ne manquer aucune saveur. Les mots possédaient un fumet et ceux-là étaient fameux.
Dans l’expectative de jouer avec une langue aussi bien maniée et profitant de la pause offerte par les réflexions poétiques, le gourmet littéraire tritura la carcasse pour en extraire la substantifique moelle. L’insistance subtile des premiers pieds de chaque vers dissimulait une astuce qu’il commençait à en discerner les aboutissants.

Le jeu lascif qui s’en suivit fut apprécié comme de juste de la part d’un artiste libéré aux appétits divers et variés. Un regard langoureux accompagna le tour du soupirant. Toutefois, ne pouvant s’abaisser à répondre si rapidement aux avances, Oscar conserva une attitude courtoise malgré quelques agréments de son cru. Un sourire carnassier, des yeux flamboyants ponctués de luxure, une respiration chaude, un cœur battant … Tant d’éléments et bien plus qui ne laissaient aucun doute quant aux intentions envisagées.
L’envie brusque et bestiale d’arracher toute dignité pour jeter bas le désiré et le faire sien manqua de le prendre. Il aurait suffi d’un regard, d’un souffle, d’un geste. Mais ce fut la voix qui leva toutes envies, la concentration revenant, impérieuse.
En outre, le sens des propos tenus troubla leur destinataire. L’expression de ses envies auraient-elles été si puissante qu’elles en avaient été devinées ? Cette invitation à se mettre à nu coupait sous le pied l’herbe verdoyante et désirée. Cependant, la Folie évoquée eut pour conséquence un franc sourire d’acquiescement, écartant les éventuelles interrogations au sujet de la demande de nudité. Se gargarisant de son sang bouillonnant, le fol aristocrate écouta la conclusion du tercet, du sonnet et même de l’échange constituant la première manche.

L’aveu du pastiche complétait la joie d’Oscar. Ce Nedru admettait ne pas être à la hauteur, reconnaissait que sa poésie n’était que vaine tentative de dresser le portrait d’un être trop grand pour lui. L’orgueil de l’aristocrate faussait un jugement compréhensible pour un homme habitué aux éloges, véritables ou empreints de fausseté.
La révérence fut rapidement accompagnée par des applaudissements, l’initiateur du mouvement se dévoilant en la personne d’Oscar lui-même. Pourtant, ses mains frappaient un rythme régulier, lent, ironique. Il désirait autant saluer sincèrement la performance que se moquer, dans un esprit de compétition puéril. Dans une autre mesure, plus sous entendue, l’aristocrate saluait l’acrostiche.
En effet, l’astuce s’était dévoilée et s’était vu confirmée au fil du sonnet. Après tout, c’était lui qui avait été l’instigateur de cette figure.

La résolution de la formule se terminait avec l’aide d’un Laënoris serviable et extrêmement attentif qui délivra le sens du message
:

Spoiler:

Alors que les applaudissements terminaient les encouragements, une foultitude de questions assaillirent Oscar si fort qu’il cessa d’applaudir, ses mains demeurant en suspens. La proposition suscitait bien des interrogations.
*Faire affaire ? Pourquoi ? Pour quelles obscures raisons un humble jeune homme désirerait s’associer avec un illustre aristocrate inconnu ? Je me le taperais bien. Il est informateur, c’est établi. Quels bénéfices pouvait il en tirer ? Faut le buter ! Quels sont ses prix ? Son sexe ! Il propose des informations contre rémunérations. Quel genre d’information ? En quoi cela m’est il utile ? Il est si sexy … Il en sait trop ! Le prix n’est pas un problème. Des moyens existent ou peuvent se créer … Bute le, merde !*

De quelles informations, lui, Lord BlackSilver, avait il besoin ? Un regard sur sa main droite à la marque dissimulé par le gant blanc lui rappela cette maudite nuit de Décembre et ses recherches. Tant de temps dépensés, si peu de résultats. Des avancés, mais pas de réponses satisfaisantes.

*Pouvait il embarquer ce Goupil dans cette sombre histoire ? Il va t’avoir ! Oh oui, prenons le. Pouvait il se le permettre ?* Les remords et la possibilité de sa perte n’affectaient en rien l’aristocrate en proie à son esprit battant la campagne. La raison de l’hésitation résidait dans les capacités même dudit Gouil. *On sait pas grand-chose sur lui, juste un morceau*. Et la volonté d’évoluer seul, sans quelqu’un pour gêner ou partager un passé enfoui. *Mais déterré allègrement …*

L’intense réflexion s’exprimait par des froncements de sourcils, des regards agités, une mâchoire serrée, une pression dans les mains. Comme agité de spasmes, la statue du comédien se disloquait dans un débat intérieur.

Finalement, il explosa en un splendide éclat de rire féroce, ouvrant les bras pour accueillir la Folie du monde et libérer ses hésitations, ses colères, ses turpitudes. Le rire se prolongea, puissant et résonnant à travers l’arène, devenant un cri discordant  entrecoupé de respirations sifflantes. Cet épanchement octroya au poète un temps supplémentaire pour composer le dernier sonnet de l’échange, qui constituerait une réponse en connivence avec son potentiel associé. Cette réponse se devait d’être à la hauteur, autant pour faire honneur à son adversaire que pour le battre. Bien que d’autres enjeux se jouaient désormais, il n’allait pas s’avouer vaincu à un échange de sonnet.

Dans un même mouvement, il se précipita vers Nedru, commença à ôter son gilet rouge et entama le premier quatrain d’une voix amusée
:

"En généreux partenaire, voici l’écorce." Il accompagna le geste à la parole et lança le gilet.
Tentez d’en ôter plus, la sève coulera." Les lèvres de l’aristocrate en furent humectées.
Du reste, à vous, curieux, elle me liera.
Peste soient ces menaces contre votre torse."
Il pointa celui du destinataire en agitant négativement le doigt pour appuyer son propos, tout en ponctuant le vers d’un clin d’œil.

Il recula pour proclamer avec fierté
:

"Sont Rire et Folie le propre à mon agora !"
Un rien de cet esprit produirait votre force."
Conseilla t il, un air vicieux flottant dans son sourire.
Torturer si agile langue sans amorce ?" S’indigna t il, la mine faussement attristée.
Chez qui la logique pure s’étiolera ?"

En apparence, le Lord anglais s’inquiétait de l’état futur de son compagnon de verbe. Mais l’attention appuyée portée occultait tout doute. Il s’approchait d’avantage tout en déboutonnant sa chemise blanche. L’opération de séduction se poursuivait en contradiction avec les insinuations dissimulées derrière une affliction feinte. Les différents niveaux de lecture de l’attitude de l’aristocrate pouvaient perdre son monde, à dessein.
Il poursuivit néanmoins d’une voix claire et toujours empreinte d’un certain chagrin
:

"Vous gardez tant de facettes, face aux démons …" Il haussa les épaules de dépit.
Le portrait en est faussé, je suis bien en peine.
Vous figurez tant d’informations, de sermons …"


Oscar se mit à tourbillonner autour de Nedru dans une danse endiablée, le poursuivant en cas de fuite, s’offrant quelques temps supplémentaires pour la suite. Vint finalement la fin pour se positionner devant son adversaire. Il le fixa avec intensité, l’amusement s’était totalement éteint. La valse s’achevait, la dernière passe s’annonçait. Le voyageur à la chemise ouverte sur un torse glabre (et lui aussi teint de blanc) prononça avec détachement :

"Mais où réside votre intérêt dans l’arène ?
Votre miroir je me fis, vos reflets je vis.
Vos désirs sont superflus pour qu’ils prennent vie."


La formule était volontairement obscure. Sur ces ultimes syllabes, il tendit la main droite, marquée, gantée, prête à sceller un accord tacite entre deux adultes incluant des obligations de chaque parti. L’avenir dévoilera quel parti dégagera un ascendant.
En attendant le futur, le représentant d’une société passée présentait un splendide sourire, des yeux étincelant de joie, une forte respiration et surtout, une envie dévorante.

Oscar voulait gagner. Il voulait aussi travailler avec Nedru. Il voulait la prochaine manche pour découvrir son associé, il voulait se le faire. Dans tous les sens. Du terme. L’aristocrate anglais débordait d’envie. Il savait que les joutes suivantes détermineraient jusqu’où l’instigateur de l’entreprise pouvait aller, ce dont il était capable. Elles offriraient de même l’occasion de cerner de mieux en mieux le personnage.
Certes, il n’était pas entièrement ignorant de celui qui lui avait lancé l’invitation. Ce qu’il avait appris avait suffi à compléter son observation pour imaginer quelques sonnets. Cependant, il s’était bien gardé de révéler l’ensemble de sa main. Quelques cartes avaient été posées afin de voir comment l’autre allait suivre. Et le résultat n’avait en rien déçu l’aristocrate. De toute manière, un être qui avait un valet mystérieux valait forcément quelque chose, non ?
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Nedru Etol
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MessageSujet: Re: Tournoi Equipes, 1ère manche, Vive Mort Courtoise Vs Aces, Khildar Versus Nedru Tournoi Equipes, 1ère manche, Vive Mort Courtoise Vs Aces, Khildar Versus Nedru EmptyDim 13 Avr 2014 - 20:38

Nedru assista au spectacle de la réponse avec une neutralité digne de la proposition qu'il venait de faire à l'aristocrate. Il ne marqua plus le temps des vers, ne moqua aucune tournure de phrase et se contenta de laisser ses mains aux poches en plaquant sur son visage son rictus empli de curiosité, cherchant l'astuce dans le dernier quatrain de son adversaire.

Heureusement qu'ils s'étaient rencontrés ici. Oscar était fou et dangereux. Inutile d'exercer son métier pour être au fait de la chose ; des avis de recherche étaient plaqués ici et là, récompensant celui qui viendrait à bout de l'aristocrate. Aller à sa rencontre dans la terre des rêves, s'était s'exposer au risque d'apparaître dans un lieu fantasmé par la folie humaine et l'analyste était persuadé que ses pouvoirs y seraient inefficaces. Un lieu « normal » ou un rendez vous banal, en revanche, forcerait l'esprit du noble à se retrancher dans ses labyrinthes pour s'amuser et il était envisageable que son esprit s'égare dans des méandres étrangers à la notion de commerce ou d'affaire pour se tourner -au hasard- vers le meurtre par exemple.

Mais une arène ! L'esprit de contradiction devait probablement tendre l'esprit d'Oskhildar à envisager d'autres divertissements que le combat dans un premier temps. C'était trop plébéien et vulgaire pour un artiste. L'analyste avait tenté de faire vibrer sa corde d'aristocrate afin que la joute se passe dans des conditions au pacifisme optimal. Une réussite très nuancée, vu la tournure que prenaient les évènements...

Il avait sursauté au mot « partenaire » dès la première phrase d'Oscar et s'efforça dès lors de n'y laisser rien paraître. La mise toujours impeccable, il s'accorda le luxe de rire d'un air aimable aux moments du strip-tease pour finalement épousseter sa chemise du revers de la main tandis que l'aristocrate lui offrait son torse dénudé, ne répondant aux diverses attaques qui lui étaient adressées que par un sourire qui semblait dire « vraiment ? ».

Le dernier mot sonna finalement à ses oreilles sans qu'il n'y trouve de subtilité digne de le déloger. Il avait remporté la première joute, sans doute. Mais cette information sonna comme un échos loitain et fantasmagorique dans son esprit, comme une éventualité dénuée de la moindre importance. Seule comptait la main tendue que lui présentait l'aristocrate.

Son esprit s'égara un instant sur la présence du gant. Il aurait aimé l'ôter, saisir l'étoffe au bout de chaque doigt pour le retirer d'un geste sec, libérant la main avant de la saisir et continuer ainsi par la provocation l'effeuillage du noble. Mais les amateurs de gants avaient parfois leurs raisons et il valait mieux laisser ces choses en l'état. Et puis, inutile de trop l'encourager pour le moment...

Aussi l'analyste ôta finalement une main de sa poche et saisit -sans y ajouter de fermeté particulière- l'offre qui lui était faite. Le large sourire ravi qu'il offrit à l'artiste était plus éloquent que n'importe quelle saccade bourrue et il renvoya bientôt ses doigts rejoindre le fond d'une poche en gardant visible l'éclat  de ses dents.


- Brider votre esprit dans un carcan de forme, c'était sportif de votre part. Je saisis donc cette première victoire, avec votre bénédiction.

Ce n'était certes pas la chose la plus diplomatique à dire, mais après tout... Dans l'esprit du Renard, le respect de l'âme du sonnet (rythme et chute narrative aux deux derniers vers) ainsi que de l'objet du thème avait été largement plus maîtrisée lors de ses intervention. L'héritier Blacksilver pourrait avoir la mauvaise foi de ne pas l'admettre -auquel cas il n'insisterait pas – mais il restait nécessaire de lui faire d'abord remarquer.

Le londonien enchaîna ;


– Aussi pour cette prochaine joute ; thème libre. Le règles sont simples; monovoyelle en "a", vous commencez, je réponds, vous répliquez et je duplique. 10 minutes chacun.

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Khildar Blacksilver
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MessageSujet: Re: Tournoi Equipes, 1ère manche, Vive Mort Courtoise Vs Aces, Khildar Versus Nedru Tournoi Equipes, 1ère manche, Vive Mort Courtoise Vs Aces, Khildar Versus Nedru EmptyLun 21 Avr 2014 - 18:05
La poigne manquait de fermeté mais le sourire complétait suffisamment le mouvement pour plaire à l’autre partie. Bien qu’elle se retira un peu trop rapidement à son goût, la main scella l’accord, pour l’immense plaisir de l’aristocrate qui exultait. La bienséance l’empêchait de s’épancher d’avantage et pourtant, intérieurement, la satisfaction comblait le Lord anglais. Le splendide sourire affiché par l’heureux élu était le seul témoignage permit et derrière explosaient des flammes de joie. Les yeux habituellement de bleu glacé reflétaient les étincelles de cet ardent ravissement.
Le marché conclu incluait l’aveu de loyauté de la part de Nedru auprès de la noblesse. L’acceptation de cette position de soumission construisait une fierté qui élevait Oscar à une haute stature. La domination de son partenaire par leur liaison impliquant l’abandon de ses désirs constituait les premières marches vers un ciel majestueux. Toutefois, l’anglais serait bon prince et accompagnerait son ascension de fidèles sujets digne de cet informateur.

Ah, que la saveur de la victoire coulait douce à son palais ! Il venait de se lier à un être qui lui offrait ses services, lui apportant l’aide nécessaire. Son désir envers ce personnage recélant des atouts alléchant qui se laissaient deviner croissait progressivement. Son désir de possession s’intensifiait au fur et à mesure. La poignée échangée n’avait que d’avantage accrue la passion dévorante.
Oh oui, il lui ferait bien l’amour, là, tout de suite …


"Je saisis donc cette première victoire, avec votre bénédiction"

. . .
Il lui ferait bien la peau, là tout de suite. Les paroles proférées avaient douché froidement l’aristocrate. Le sourire se figea, l’éclat dans les yeux s’éteignit, les traits se glacèrent et il n’eut fallu qu’une once d’imagination pour sentir refroidir l’atmosphère. Les membres s’étaient raidis, les muscles tendus à l’extrême, les veines cessant d’irriguer.
La lame sortie de la bouche de l’avorton avait tranché net le fil du temps pour suspendre le surpris dans un état éloquent. Le feu de la passion victorieuse avait été soufflé par le glas gelé d’une victoire volée. Les flammes s’étouffèrent devant la statue de glace qui s’érigeait à la place. Chaque mot se cristallisait sur la peau déjà teinte de blanc.
Puis le cristal se fissura. Le foyer n’était pas mort. Les braises couvaient. Le cœur battait. Le fer devint chaud. Qu’importait le marteau et l’enclume. Le feu ne s’était pas transformé en glace, il lui avait simplement cédé la place le temps de revenir plus incandescent. Le feu et la glace s’était mélangé. Il en résulta une formidable explosion. L’esprit de l’invocateur venait d’imploser.

Une soudaine envie de le coucher à terre l’envahit. Non pas pour le prendre, mais bien pour ravager son sourire. Son putain de sourire hypocrite. Le désir charnel s’était métamorphosé pour devenir si charnel qu’il passerait pour du cannibalisme. Ses veines pulsaient de meurtres. Son sang battait ses tempes, faute de pouvoir battre le connard en face de lui
.

*Comment celui qui venait de lui proposer un accord pouvait le briser aussi rapidement et aisément ? Comment ce freluquet osait il avoir l’outrecuidance de briser sa parole aussi promptement ? Impossible de lui faire confiance, désormais. Il fallait être bien insolent, un véritable salaud … ou même … fou …*

Les vagues de colère, dont le seul témoignage extérieur résidait dans des muscles tendues, une veine apparente et un incendie oculaire, s’apaisèrent finalement après que les engrenages de la réflexion se mirent à nouveau en place avec l’effort du démon majordome assisté du jumeau démoniaque ; le démon sadique ne leur facilitant pas la tâche et la démonette étant trop effrayée pour agir.
Du nouveau courant de pensées il découla une nouvelle appréciation de la déclaration de victoire. Pour oser se proclamer ainsi, de la bravoure était nécessaire, d’une certaine manière. Un nouveau jugement s’ajouta au portrait incendié. De nouveaux attributs complétèrent le tableau. L’impertinence. Le culot. Et l’esprit. Cet être l’avait démontré avec ses sonnets savamment orchestrés.
Toutefois, Oscar accusait un orgueil trop important pour s’avouer vaincu. Mais il était trop noble et respectueux pour oser contredire son adversaire. Alors qu’un semblant de combat intérieur se dessinait, le démon majordome intervint pour abattre les remparts d’orgueil d’artiste sûr de lui. En effet, Laënoris abondait dans le sens de Nedru.
Certes, les sonnets de l’aristocrate brillaient de leur originalité burlesque et d’un rythme propre à imager l’esprit tortueux. Cependant, dans les formes, l’analyste s’était conforté aux règles élémentaires de meilleures manières. Le majordome développa cet axe pour sauver le culotté d’un écorchage : le public présent ne formait qu’une plèbe ignorante qui n’entendait en rien les subtilités de l’art chaotique à travers les mots. Et seul Nedru possédait l’esprit nécessaire pour saisir la portée des sonnets. S’il se déclarait vainqueur, c’était afin d’éviter à l’aristocrate de subir l’incompréhension de philistins qui rejetteraient une forme artistique qu’ils n’entendaient pas encore. Cet acte de charité pouvait énerver l’épargné de moqueries qui n’appréciait pas d’être pris en pitié. Néanmoins, il accepta l’explication de son fidèle majordome et par extension, l’intention louable.

Un soupir de soulagement siffla. Laënoris était parvenu à retourner l’offense pour rassurer son maître quant à ses talents tout en lui faisant accepter la victoire de son adversaire. Un beau tour de force que de calmer un artiste enfiévré par des pulsions sexuelles, échauffé par les lumières intenses et encouragé par une vue sur un corps et un esprit agréable, vigoureux et vif.
En conséquence de cette manœuvre, son maître se détendit et s’apprêta à réceptionner la suite. Elle ne mit pas longtemps à venir et le thème fut annoncé. La surprise arqua un sourcil, témoin de la détente de l’artiste. Puis en réponse à toute la pression accumulée tout en s’en acquittant, un formidable éclat de rire envahit l’arène. Ce ne fut plus le sourcil seul qui s’arqua, mais bien l’ensemble du corps du voyageur blanc, dans une torsion arrière assez souple. Les pans de la chemise ouverte s’écartèrent sur le ventre glabre, invitation involontaire à la chair.

Décidément, ce Nedru avait l’art de surprendre. Et Oscar raffolait de surprise, de bouleversements. Il n’allait pas s’ennuyer avec celui-là.
Concernant le thème, il plaisait assez. Les règles étaient simples, un gage de contournement. Elles pouvaient être tordre à l’envie pour convenir aux désirs. Des mots avec pour seule voyelle la première lettre de l’alphabet latin ? Mais mon mignon, si c’est l’unique règle qui s’applique, en dehors du temps limité largement suffisant et des répliques attendues, alors tout allait en s’amusant. Baste soit l’affront fait précédemment. Que le spectacle continue, pour le bonheur des petits et grands.
Et surtout le mien …

L’aristocrate en joie pointa donc un doigt malicieux accompagné d’une voix suave et d’un regard doucereux :  

"Ah, l’abracadabrantesque et dantesque algarade qu’v'là !"

Une simple phrase, issue d’une bibliothèque démente, tordue par les contraintes, annonçait le début de la joute. Certes, des incartades s’étaient glissées, mais avec un accent exagéré, le son requis apparaissait largement, assourdissant les autres.
Il s’amusait, ravi de pouvoir laisser libre cours à son esprit d’artiste. En effet, la contrainte de raison n’avait pas été évoquée, donc elle n’avait pas lieu d’être. Après une restriction de la forme qu’il s’était imposé pour la beauté du style, son partenaire lui offrait sur un plateau l’occasion de s’exprimer avec toute la folie acquise.
Une bien belle façon de se faire pardonner l’incartade d’une victoire usurpée.
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Nedru Etol
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MessageSujet: Re: Tournoi Equipes, 1ère manche, Vive Mort Courtoise Vs Aces, Khildar Versus Nedru Tournoi Equipes, 1ère manche, Vive Mort Courtoise Vs Aces, Khildar Versus Nedru EmptyDim 27 Avr 2014 - 0:14
Que pouvait-il se passer sous le fard qui abritant le visage du noble ? Bien peu auraient pu le deviner ! A son grand regret et pour sa plus grande frustration, Nedru ne faisait pas encore parti de cette caste privilégiée malgré un esprit et pouvoir entièrement dressés à l'assaut de la forteresse humaine. Du moins, il ne pouvait pas lire en lui comme dans un livre. Mais un peu de cryptographie ne doit pas faire peur à quelqu'un de sa profession !

Ainsi, la crispation de la mâchoire d'Oscar ne lui échappa pas, pas plus que l'artère gonflée à son côté. Paradoxalement, l'analyste ne remarqua le signe extérieur de colère contenue le plus évident qu'en dernier lieu ; une paire de prunelles ouvertes sur un torrent de lave, lente et brûlante fureur, le fixant avec une intensité terrifiante. La vie avait fait du Gris quelqu'un de peu impressionnable, et se faire fusiller du regard était, en général, le cadet de ces soucis. Cependant, cette fois, il était obligé d'admettre s'être mentalement préparé afin de pouvoir énoncer les règles de la joute suivante sans s'interrompre.

Heureusement, autre chose était passé dans lesdites prunelles. Tandis qu'il répondait à la morsure des flammes du regard de Khildar par l'éclat terne et gris de son œil curieux, l'analyste assistait à une métamorphose. Il est des regards que l'on sait posé sur vous, où l'on sent, voit ou devine être l'objet d'une attention précise alors même que celui qui le porte est occupé à une autre tâche, observe du coin de l'œil ou a les oreilles occupées par un compagnon bavard. Bien souvent, à la fin d'une telle œillade, l'observateur demande au compagnon de se répéter, ou bien se demande ce qu'il était en train de faire avant d'avoir été distrait.

Ici à l'inverse, l'œil de l'aristocrate se détacha imperceptiblement de la personne de l'informateur, comme fixée sur un point plus loin, alors pourtant qu'il le toisait physiquement d'un air royal. Il semblait « écouter » quelque chose qui était absent.  

Soudain, l'impression s'évanouit tandis que la physionomie exprimait dans toute sa complexité les émotions du marchand d'arme. La surprise, puis le rire. Comme le corps d'Oscar se pliait aux caprices de son maître, Nedru cessa de gainer le muscle de sa jambe gauche avec satisfaction. Fausse alerte.

Alors, l'artiste déroula ses mots et engagea le second jeu. Nedru accusa le choc avec une dextérité mentale et un sang froid exemplaire, louées soient ses interminables parties de poker. Son visage ne trahit aucune émotion, sinon le fin rictus qui ne le lâchait -malgré lui désormais- que dans de très rares occasions.

Abracadabrantesque ! Ce mot suffisait à qualifier la tentative de noble. Délirant, hors des sentiers et des règles orthodoxes. Une joute en monosyllabe, improvisée comme ici, induisait généralement des erreurs, lesquelles n'étaient alors plus une source de disqualification suffisante. Mais cette tirade ! C'était l'avoeu du respect poli aux règles en même temps qu'un cri qui hurlait le chaos et l'amour de la folie, des choses originales et sans le moindre sens.

Mais plus important pour l'heure ; cette tirade n'était rien face à celles préparées par Nedru. Après tout, il était venu ici en connaissant le terrain. S'il laissait à Oscar le choix de la majorité des jeux de la joute, il n'avait aucunement l'intention de passer pour un benêt lors de cet affrontement. Quel idiot proposerait un duel pour lequel il ne dispose d'aucune arme ?
L'analyste avait prévu cette manche, et la victoire en résultant. Mais... Il ne pouvait pas se permettre d'écraser le Blacksilver.

Aussi, prenant par politesse quelques minutes de réflexion en remuant en silence ses lèvres, gardant du coin de l'œil Khildar et guettant ses réactions, Nedru effectua quelques coupes dans la réponse qu'il avait prévue d'asséner. Il fallait calmer ce fauve.

Finalement, le Gris articula d'une voix puissante ;


Ah papa ! Une pause.

 Fard blanc! Black fanfan ! Chant hagard, salsa sans pas, bal plan-plan; patatras ! L'art-rat, dard bâtard, cassa au flanc !

Ca part mal, Alan...



Jaugeant la réaction de son compatriote, Nedru planta à nouveau sa jambe dans le sol, prêt à bondir au moindre mouvement trop brusque.
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MessageSujet: Re: Tournoi Equipes, 1ère manche, Vive Mort Courtoise Vs Aces, Khildar Versus Nedru Tournoi Equipes, 1ère manche, Vive Mort Courtoise Vs Aces, Khildar Versus Nedru EmptySam 3 Mai 2014 - 21:04
[Les combats du premier tour seront arrêtés dans une vingtaine de jours, le 24 Mai à 23h59]
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Khildar Blacksilver
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MessageSujet: Re: Tournoi Equipes, 1ère manche, Vive Mort Courtoise Vs Aces, Khildar Versus Nedru Tournoi Equipes, 1ère manche, Vive Mort Courtoise Vs Aces, Khildar Versus Nedru EmptyMer 7 Mai 2014 - 21:12
La réplique n’avait pas tardé à être envoyée. L’envolée lyrique dénotait d’un léger dénuement de logique qui n’était pas pour déplaire au destinataire. Le sens demeurait, dissimulé derrière des détours de mots et de formulations. La voix puissante vibrait dans le stade qui cherchait à profiter pleinement du spectacle.
L’amorce avait tâtée le terrain tout en tentant l’esthétisme. Le retour avait rabattu les hésitations. Toutes trêves tempérées étaient terminées.
L’abandon à la folie créatrice fit l’effet d’une douce enfilade entre de doux draps. Se glissant au sein du sens sans dessus dessous, l’aristocrate sourit d’une félicité non feinte.

Son sang bouillait derrière une peau enneigée. Son cœur battait sous des airs glacés. Ses gestes adoucissaient des ardeurs enflammées. Seul son regard insinuait le feu qui l’habitait. L’ivresse des sens s’apaisait pour la décence. Résister aux désirs de jouir de la proche présence de ce jeune homme aux traits d’ange suppliciait l’invocateur de démons.
Ses traits si sournois, cette voix pleine d’attraits, cette allure fine et ses gestes finauds, le portrait sublimé par une ambiance de scène suscitait un intérêt croissant pour les fesses de ce Figaro, entre autres parties de son anatomie.

Désormais, c’était à lui de s’exprimer. Il avait lâché prise. Qu’importait que des termes soient repris ! Pris pour prendre, reprendre pour donner. S’adonner aux douceurs délicates … Se donner la peine d’énoncer. Quelles paroles, quels mots, quelles syllabes choisir ? Pêle-mêle, délivré d’une voix déformée, riante pour gronder, le ton léger pour gravir des montagnes aussitôt dévalées, voilà la teneur du discours d’Oscar :


"Papa arqua mama." Un clin d’œil appuyé d’un coup de langue bien ajustée

"Là, amas falbala." Une tristesse jouée.

"Lava, dragua, pas cacha !" Une férocité amplifiée par des moulinets.

"Par arc ma lam’ alla. Va, gaga, cas chat. Patatras la fabl’ a mal, calqua Papa." Une extinction dégradée dans la voix soumettait la fin, et pourtant, il lança après une petite pause qui s’installait :

"Gras rat rata ta tata Tara Sarg !" Une grande fierté s’inscrivait sur les traits du voyageur.

Cette fois ci, la fin s’établissait bel et bien. Il ne savait si l'écoute attentive permettrait de déceler les manipulations de mots que sa duplique recelait.
En son intérieur, ses démons s’amusaient à renverser son esprit. Chacun y allait de sa malice, de sa facétie. Plus personne ne commandait et tout le monde dirigeait. Tel était parti le porte-parole de la Folie.
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Nedru Etol
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MessageSujet: Re: Tournoi Equipes, 1ère manche, Vive Mort Courtoise Vs Aces, Khildar Versus Nedru Tournoi Equipes, 1ère manche, Vive Mort Courtoise Vs Aces, Khildar Versus Nedru EmptyMar 13 Mai 2014 - 22:27

Il eut été imbécile de sous estimer son adversaire. Il n'existait pas beaucoup d'individus capable d'ordonner et arranger autant de mot, si rapidement, dans ces conditions. Le Gris n'était même pas sûr d'en faire partie. Sans son pouvoir, s'entend. En arrière plan, ce dernier aidait à effectuer ce qu'un assistant diligeant aurait fait avec une efficacité exemplaire.

Le problème étant, bien sûr, que le jeune homme n'ayant qu'un seul cerveau, ce dernier avait tendance à s'approprier les efforts du pouvoir, et le pouvoir à se focaliser sur des tâches que le cerveau ne lui demandait pas. Suivaient des phases assimilables à des pertes de connaissance, plus ou moins longues, où une boucle de pensées se répétait et s'approfondissait dans une cacophonie orgiaque.

Comme pour un animal un peu trop sauvage, Nedru avait appris à dompter sa capacité et, la plupart du temps, elle se contentait d'agir à côté de lui, exécutant les ordres qu'il lui donnait. L'absence « d'ordre »  restait un problème ; le pouvoir se focalisant alors soudain sur des foules de détails insensés, bombardant l'esprit du Gris d'informations qu'il ne désirait pas.

Mais pour l'heure, puisque Nedru avait déjà ses cartes en mains, il indiqua mentalement à sa capacité de se focaliser sur les mots du Fou. Khildar avait déjà caché une acrostiche dans des vers qu'il avait pourtant vraisemblablement composé sur l'instant. Il eut été imbécile de sous estimer cet adversaire.

Pourtant, les premiers mots de de l'aristocrate ne lui dévoilèrent rien. L'analyste se garda de lâcher la bride à son pouvoir et reprit les rênes sitôt que ce dernier s'attacha à utiliser des techniques de cryptoraphies arithmétiques pour trouver des sens cachés. Peut être même pesta-t-il mentalement contre cette sorcellerie incontrôlable.

Mais comment aurait-il pu deviner que son adversaire s'était amusé à utiliser la même série de voyelles et à les reproduire dans un ordre presque identique, en prenant soin d'y intercaler un nouveau phonème   de temps en temps ? Les manifestations de la folies -ou de l'art brut, selon les conceptions- lui étaient presque définitivement fermées. Khildar ne cachait pas de sens en faisant cela, ni n'obéissait à la moindre règle précise. Tout au plus s'était-il imposé une contrainte artistique, connue de lui seul, pour son bon plaisir.

Cependant... Tara Sarg ? Nedru et son pouvoir butèrent sur la dernière phrase, comprenant à la mine de l'adversaire que cette fusillade dissimulait quelque chose qui lui avait échappé. « Tara et sarg », ces mots là n'avaient pas le moindre sens, fussent-ils accolés au mot « tata », en considérant que ce dernier servait à désigner la sœur d'un parent ascendant. Les méninges de l'analyste s'activèrent à une vitesse décuplée par sa capacité, remuant en vain le sens de cette phrase.

C'était à son tour. Nedru continuait de sourire du coin de lèvres, sa posture encore inchagée. Et puis, le délic. Gras Rat. Tar Sarg. Ce n'était pas passé loin. Un presque palindrome, composé en l'espace d'une poignée de seconde.

Cette fois Nedru applaudit doucement et son sourire s'élargit. Quel adversaire remarquable ! Il modifia lui même ses cartes afin de leur donner une forme plus appréciable pour le fauve, puis se lança ;


- Aha ! Marrant, fanfan !.. J'attrap' l'appât; Tata Sarg a mal car... L'ananas à l'an ça t'abats l'anal !
Damn ! Charmants gags, nan ?  


Il accentua sa tirade d'une expression corporelle adaptée, puis la changea du tout au tout, passant du comique au dramatico-comique, un brin impérieux ;


Las drama, sans draps pas d'hagards kama-mantras; vas là bas, chacal !

Parc, bancs ! Lac ? canards ! Cafards ? Gaz.
Passant, phrasant, crânant, baladant ma part, chat sanglant chassant rats, l'As, tranchant katana, gagna.


Puis, s'autorisant le luxe de mimer le déplacement de pièces d'échecs, il ponctua doucement ;

Tac. Tac. Tac. Mat.

Il avait essayé de ne jamais se répéter mais... après tout. Mieux valait garder du sens. Le Gris ouvrit sa paume pour conclure;

-Ce sera tout pour cette deuxième manche. J'écoute vos règles, pour la dernière.  

Il se garda bien de donner, cette fois, son avis sur celui qui, des deux, était le plus méritant. Et après tout, le dernier jeu de la joute serait bien plus intéressante en cas d'égalité !
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