« Nous sommes à la seconde nuit du Tournoi des Jeunes Talents par équipe ! » La bête se réveille dans un hurlement, boulimique, mais pleine à craquer de vivats et de bras qui s’agitent et qui me percutent par ondes de choc. Je garde le sourire sur le terrain, je prends mon micro aux deux mains et j’approche mes lèvres pour continuer ma sentence maintenant que tout le monde se tenait prêt pour les prochains combats : « Chers spectateurs, voici la seconde manche, et donc le second combat de la seconde poule ! Cette fois-ci, nous avons d’un côté le Brain Storming qui va devoir faire face à une équipe qui a les crocs, les Desperadoes ! Et pour ce premier combat, les mieux classés de chaque bande vont se combattre dans un duel féroce, presque fratricide même ! Nous avons d’un côté Clem qui ne compte pas se laisser distancer par un Kala qui boue d’impatience ! Voilà les deux gladiateurs qui rentrent sur l’arène ! »

  Les deux personnes furent libérées et s’avançaient vers le milieu du terrain, tandis qu’au-dessus d’eux, les écrans géants faisaient défiler les informations à savoir sur le prochain match. Dès qu'ils s'approchèrent de moi, je donnai le micro à Kala qu'il puisse parler (ils étaient un peu rivaux, ils avaient des choses à se dire), et dès qu'il eut terminé, je le tendis à Clem pour qu'ils ripostent verbalement, et enfin, je pus repartir dans les gradins.

C’était l’heure du deuxième combat du tournoi pour Clem. L’agoraphobe s’était inscrit au préalable afin de voir s’il pouvait améliorer son mental lors des combats et se débarrasser de certains mauvais réflexes empoisonnés par son ancienne lâcheté qui datait de ses débuts de voyageur. Quelque part, on pouvait dire que le premier combat avait été probant vu qu’il s’était battu jusqu’au bout sans ressentir d’anxiété ni d’appréhension pendant le combat en lui-même (car avant le combat c’était autre chose…) même s’il devait bien admettre qu’affronter un nouveau venu dans la Major n’était pas forcément source de stress face à quelqu’un dont la tête était mise à prix par l’un des seigneurs cauchemars les plus puissants de Dreamland (okay, il avait dragué la mauvaise fille pour y avoir droit, mais n’empêche, ça c’était quelque chose à mettre sur son CV). Il devait aussi avouer que, s’il estimait avoir bien mené son combat, la raison de sa victoire provenait du réveil intempestif de son adversaire, aucune excuse n’était tolérée pour ça. Aux yeux de Clem, il n’avait toujours pas gagné un seul combat ce soir.

Mais la suite promettait d’être d’un niveau au dessus. Moins parce que la puissance de son prochain adversaire promettait d’être plus difficile à contraindre que le précédent, mais parce que l’adversaire en question, il le connaissait. Kala Kourou. Clem en connaissait des irresponsables, à Dreamland comme dans la vie réelle, mais Kala restait son unité de mesure. L’agoraphobe, qui appréhendait chaque situation et pesait chaque décision soigneusement, avait vite trouvé un ami face à sa sorte de contraire. L’hydrophobe était souvent plein d’énergie, enthousiaste et de bonne humeur. Clem se demandait encore comment ils avaient pu être ami alors qu’il était lui-même gris et cynique la plupart du temps. Mais si ça se trouve, c’était bien pour ça qu’ils étaient amis.

Mais tout ami que Kala était, cela n’était pas cela qui allait empêcher Clem de mettre toute son énergie dans ce combat. Certes, pour lui un ami n’était pas le genre de type auprès qui on avait envie de lâcher ses pires tatanes mais la promesse qu’Héliée lui avait fait si l’agoraphobe perdait le tournoi était suffisamment effrayante pour inhiber toute les réserves qu’il aurait pu avoir à l’idée d’affronter Kala.

En parlant d’Héliée, Clem vit justement son seigneur entrer dans les vestiaires des Brains-Stormings et s’approcher de son voyageur. Le seigneur de l’agoraphobie arborait un sourire guilleret qui achevait de donner à Clem l’impression de passer sur le grill. Le sourire en question n’avait rien de menaçant en soi mais Héliée l’avait toujours sur son visage cinq secondes avant de commettre un meurtre ou de provoquer une guerre, après quoi il le reprenait la plupart du temps. Ce n’était pas forcément la grimace qui annonçait les pires représailles : Héliée l’avait aussi quand il donnait des ordres, félicitait quelqu’un, préparait des crêpes ou se réveillait le matin. Si Héliée était un joueur de poker, il serait du genre à ne jamais vous laisser deviner quand il avait une bonne main ou quand il allait sortir son colt pour abattre le joueur en face de lui.

Clem nota que ni Isabella, ni Tommy ne firent de commentaire sur le nouveau venu, ce qui était intelligent de leur part vu qu’Héliée avait pour habitude de faire taire les voix dérangeantes le concernant par la technique dîtes du meurtre en deux temps. Au premier on bougeait le bras, au deuxième on le laissait redescendre contre son corps et entre les deux, et seulement si on était Héliée, le facond était mort. Clem se dit que ses compagnons devait sentir l’aura du seigneur de l’une des phobies les plus représentés sur Terre et conclurent que s’ils devaient faire des réflexions dessus, il vaudrait mieux attendre que le seigneur devait se trouver à plusieurs kilomètres de là. C’était en tout cas la technique de Clem. De son côté, Héliée ignorait superbement les deux (trois ?) autres membres des Brains-Stormings.

« Ah tu es là toi ? Je te croyais déjà enfui à bord d’une navette quelconque pour sauver ta peau. Tout laissait croire que tu aurais les chtouilles à l’idée d’affronter l’hydrophobe. Puis j’ai compris que c’était un combat martial, et non qu’on y déterminait qui était le plus gringalet d’entre vous deux donc tu dois estimer avoir tes chances. »

Clem acquiesça sans répondre, déjà parce qu’Héliée avait le débit d’un hamster dopé à la caféine et que l’interrompre pour en placer une était une forme légale de suicide dans le Royaume de l’Agoraphobie mais un silence un peu trop long de la part de son seigneur lui apprit qu’il avait l’autorisation de parler.

« Vous aviez fait tout ce chemin depuis le royaume pour vérifier ma présence ou vous avez autre chose à me dire, seigneu…
-Oui oui ta gueule, j’en viens. Bon voila, le combat que tu vas faire maintenant, il est comme qui dirait politique. Une partie de Dreamland a les yeux rivés sur ce débile de tournoi et toi tu es le seul agoraphobe inscrit dedans ; avec ma bénédiction en plus. Tu représentes le Royaume de l'agoraphobie aujourd'hui, si tu éternue dans l'arêne c'est mon royaume qui se mouchera. Qui plus est la brindille que tu vas affronter est aussi le seul représentant de son royaume. Donc aux yeux de Dreamland, c'est un peu comme si c'était un combat entre moi et Amvrossi. Ce qui est con, mais on n'y peut rien. Enfin j'dis pas ça pour te mettre la pression, hein ? J'te dis juste ça pour que tu saches que je risque de te défoncer ta vie si jamais tu échoues à ce match. Y'a pas d'embrouille comme ça. Oh et en fait, quand ton frère te filera le micro, crie "J'aime les poros à moustache" dedans. Tu regarderas sur google en te réveillant.


Plus tard dans l'arêne. Il y rêgnait la même tension habituelle. Une atmosphère rendu suffocante par les vivats de la foule et dense au point qu'on aurait pu y découper des tranches avec un couteau. Ed tandit le micro à Kala qui le dédaigna. Clem pensait comprendre les raisons de l'hydrophobe : ce combat était entre eux et à haut. Les autres dans les gradins n'étaient que des spectateurs inopinés. Ed tandit également le micro à Clem. Ce dernier fit un clin d'oeil à Kala avant de rendre l'objet. Il était hors de question de suivre la recommandation d'Héliée, l'agoraphobe savait reconnaître une horrible blague de son seigneur quand il en voyait une ; et tant pis si se dernier s'en sentirais frustré.. Plus loin dans les gradins, plus précisément au niveau de la place d'Héliée, une rangée de siège vola dans les airs.

Kala lui lança ensuite sa diatribe, comme quoi il faudrait qu'il se batte à fond sinon il allait perdre parce que blablabla... Clem n'écouta que d'une oreille, et encore. Ce n'était pas qu'il dédaignait les paroles de Kala, c'était juste qu'il connaissait suffissament l'hydrophobe pour savoir ce que ce dernier voulait lui dire sans avoir à l'écouter en entier. Bon il parla aussi d'une écharpe mais Clem ne pigea pas grand chose à cette phrase là. Kala devait certainement faire allusion aux écharpes qu'ils portaient tous les deux quand ils avaient débuté à Dreamland. Mais le symbolisme n'était pas la tasse de thé de l'agoraphobe. Surtout qu'il ne portait plus son écharpe jaune depuis un bon bout de temps.

"C'est bien que tu sois dans cette optique, autrement tu aurais perdu à coup sûr. Au moins comme ça tu auras une chance d'égaliser."

Ah ça oui, Clem était toujours un peu cassant quand il parlait sous tension. Mais de la même manière que Clem avait largement deviné les paroles de l'hydrophobe avant que ce dernier ne termine sa phrase, Kala ne devrait pas être choqué le moins du monde par la réponse de Clem.

Bon, visiblement, l'hydrophobe ne devait pas avoir envie de bouger. Habituellement, c'était Clem qui ne débutait jamais un combat mais là il avait bien envie de faire une exception. Il savait qu'il lui faudra faire très attention au pouvoir de Kala qui est une horreur à affronter. D'une main, il fit apparaître un wormhole réducteur de distance qu'il lança en trace directe par dessus l'épaule de l'hydrophobe. Le mouvement était tellement rapide qu'il espérait que Kala aurait le réflexe de jeter un coup d’œil rapide derrière lui même si les probabilités que cela se fasse étaient faibles. Après tout, l'hydrophobe connaissait son pouvoir, même s'il devait redouter que Clem se soit amélioré depuis la dernière fois qu'ils s'étaient vu et avait découvert de nouvelle fonction à son wormhole.

Une fraction de seconde après avoir lancé sa sphère, Clem se détendit en une détente sèche. D'un bond, il se retrouva à mi-hauteur de Kala et dressa son genou pour lui écraser le visage. Bien que le wormhole se trouvait derrière Kala, sa zone d'effet était suffisante pour envoyer Clem vers son adversaire de façon quasi-instantanée. Si le coup portait et si Kala était projeté en arrière, alors l'élan de l'agoraphobe lui permettrait de suivre son corps et le suivant par le dessus, là il pourrait alors lui porter un second coup, certainement un punch dans le ventre pour foutre l'hydrophobe au sol.

Il était illusoire de se débarrasser de Kala d’une seule attaque, ni de réussir à porter le premier coup, même si Clem aurait préféré qu’il en fut ainsi. Cela aurait plutôt arrangé ses affaires. Le contre de l’hydrophobe l’avait fait dévier de sa trajectoire et Clem se rétama quelques mètres plus loin, toujours dans la zone de son pouvoir. Il eut à peine le temps de se relever que Kala lui envoya une bordée de bulles tirées par son pouvoir. D’un réflexe pavlovien née de son entrainement dans son royaume, Clem annula son premier wormhole et en recréa un autre, de ceux qui agrandissaient les distances. Cette technique, qui avait déjà prouvé son efficacité contre MARvINE, servait finalement à agrandir les écarts déjà existants entre Clem et les projectiles qui étaient lancés à son encontre. Cette astuce lui permit d’écarter une grande portion des bulles lancées par Kala ; mais pas toutes. L’une d’entre elles toucha Clem à l’épaule et une autre se fracassa contre son genou. Un terrassier aurait tout aussi pu lui envoyer deux coups de pelle, l’effet aurait été le même. L’agoraphobe accusa le coup avec une grimace. Son corps de voyageur lui permettait de subir ce genre de choc en début de combat sans se tordre de douleur. Ce qu’il ne pourrait pas faire plus tard dans le combat.

Clem hésitait à tenter le combat psychologique contre Kala comme il avait tenté le coup avec son précédent adversaire. Il ne savait pas vraiment comment l’hydrophobe y réagirait mais le fait que Clem soit son ami réduirait presque à néant la charge en intimidation de cette technique. Contre le nouveau voyageur qu’était Lucas, ça avait été une autre paire de manche ; moins chargée en tissu.

Annulant derechef son nouveau wormhole, Clem se jeta sur Kala avec une vitesse qui n’était pas dû à son pouvoir et sauta sur un de ses bras tendu, enserrant ses jambes autour des épaules de l’hydrophobe, Clem contorsionna son corps et pivota sur son torse, obligeant le corps de l’hydrophobe, si celui-ci ne parvenait pas à résister à la traction, à effectuer une roulade vers l’avant. Si la manœuvre marchait, les deux voyageurs seraient allongés sur le dos, l’un plus sonné que l’autre, et il suffirait à Clem d’étirer son corps au maximum tout en conservant sa prise sur le poignet du voyageur pour lui faire sauter l’articulation du poignet ou du coude. Tout dépendra de celle qui cédera en premier.

A une seconde près. Si Clem avait été plus vif pour tirer son corps, il aurait à la fois fait sauter l’articulation de Kala et éviter le sa balle d’eau. La water bullet lui claqua la face et sa nuque partit en détente sèche vers l’arrière. Il y eut un craquement, mais il vint du nez de Clem. Le sang coula à flot des narines écrasées, mais sa quantité et sa fluidité devaient être expliqué par le fait que le projectile de l’hydrophobe lui aspergea le visage une fois que son énergie cinétique se fut projeté sur la figure de Clem.

En parfait combattant, Kala profita de ce temps gagné et roula sur le sol afin de permettre à son bras d’échapper à la poigne de l’agoraphobe tout en se trouvant dans une parfaite position pour lui vider le reste de son arme sur la gueule. Seulement, Clem s’y attendait, il bloqua sa  tête entre ses épaules et rentra le menton. Ainsi caparaçonné, il pouvait faire affronter son crâne contre une cascade et ne récolter qu’une migraine. Ce qu’il récolta d’ailleurs. Les tirs à répétition de Kala lui tancèrent violemment la peau sous le cuir chevelu et le crâne qu’il y avait en dessous. Empirant son saignement nasal. Entre deux trombes, il entendit Kala gueuler à son égard, il le remercia mentalement et envoya violemment le plat de sa botte dans la direction du cri, espérant toucher le crâne de l’hydrophobe.

Cette tentative de kick le déséquilibra néanmoins et Kala en profita en utilisant une de ses bulles d’air pour éjecter le corps de Clem dans les airs. La vue de l’agoraphobe fila tel un kaléidoscope en avance rapide et il sentit sans la voir une barre de fer se planter dans son bide. C’était du moins l’impression que lui laissait la jambe de Kala lui enfoncer le foie. Clem s’écrasa contre le sol et fit un demi-tour avant de s’arrêter. Il avait la sensation des jambes coupé et il cracha du sang noir. Ouais, c’était bien le foie qui avait été touché. Prenant le pas sur son corps, Clem parvint à se relever sur des jambes tremblotantes et activa un wormhole. Il mobilisa tout son pouvoir entre-temps, cela se répercuta sur sa sphère qui commençait à se déformer dangereusement, trahissant la surcharge de pouvoir que l’agoraphobe commençait à emmagasiner. Sa concentration était maximale. Tous les muscles de son visage, de sa tête et de son cou était tendu, de grandes veines saillaient entre ses goutes de sueurs. Si Kala disposait d’un minimum de sensibilité, il ne manquerait pas de louper le fait que son adversaire tentait de se transformer en dynamo.

Plus loin, Héliée se redressait sur son siège.

“C’est incroyable. Je ne pensais pas que ce cloporte avait progressé à ce point là.”
-Qu’il y a t-il ? lui demanda Liz
-Il semblerait que le petit Free ait grimpé d’un palier dans sa maitrise du wormhole, et pas n’importe lequel ; du genre que peu atteigne, et toujours par hasard. Devant l’expression de pure incompréhension de sa seconde, Héliée poursuivit,

“Le wormhole, c’est juste un machin qui te tord les distances au départ. Mais si tu concentre toute ton énergie de la bonne façon comme ce que ce petit couillu est en train de faire, tu vérifie en direct une des théories d’Einstein à propos des trous noirs.”

“Tu ne t’es jamais demandé pourquoi on disait “le continuum espace-temps” et pas “espace” ou “temps” tout court ? Et bien c’est parce que les deux sont intiments liés. Force à fond le monde physique et tu crée une brèche dans le temps. Contrôle à fond ton wormhole tout en y balançant toute ton énergie et tu back dans le futur –ou dans le passé- comme tu veux. Sur ce coup là, le petit Clem s’est vraiment déchiré, il m’impressionne.

Liz resta abasourdi quelques temps avant de se reprendre.

“Clem peut vraiment voyager dans le temps ? C’est incroyable !”

“Hein ? WAKE UP DÉBILE ! Il faudra trois ou quatre milliards de Clem pour percer un trou dans le temps de cinq minutes. Je sais pas ce qu’est en train de foutre cet abruti. Il essaie peut-être de chier une pendule pour ce que j’en sais.”

-C’était trop beau...

-Non je déconne

- ?

-Il préparer un Mass Effect. Deux, pour être exacte. L’un après l’autre. Le wormhole n'est qu'un leurre. Installe toi bien sur ton siège, fit Héliée en suivant son propre conseil, c’est là que le combat devient intéressant.

La clé d’un mass effect, c’était la concentration. Habituellement, quand Clem en sortait un, il occultait totalement le monde autours de lui. Excepté la cible de son pouvoir, tout le reste était retiré de sa sphère d’attention. Le mass effect était une technique puissante mais ele présentait un énorme inconvénient. Un inconvénient dont Clem était parfaitement au courant. En préparant sa technique directement devant Kala, il savait qu’il s’exposait à des attaques de l’hydrophobe. Attaques qu’ils devaient impérativement s’interdire à voir venir, car son adversaire n’était pas la cible de son premier wormhole. Il était la cible du deuxième, lui.

En premier lieu, Clem voulait se propulser en l’air. Profitant de la grande hauteur de l’arène et au fait que son pouvoir l’y permettait d’y accéder, à défaut de s’y mouvoir, il avait la possibilité de lâcher sur Kala une sacrée attaque aérienne. Le prix à payer était une vulnérabilité de plusieurs grappes de secondes dont sont adversaire allait fatalement en profiter.

La réaction de Kala ne se fit pas attendre, à moins que la concentration de l’agoraphobe était tel que sa perception du temps en tait dilaté. Tout occupé à son affaire, il ne perçut pas les couteaux venir dans sa direction mais il les sentit bel et bien. Le premier lui entailla le bras à moitié tendu qui tenait son wormhole tandis que le deuxième s’enfonça en haut de sa cuisse, juste sous l’os du bassin. Il sentit la douleur bien après le choc sourd de l’enfoncement et chancela tandis qu’un mince filet de sang courant le long de sa jambe. Clem chancela mais tint bon. Le couteau s’était planté selon un angle assez droit. L’hémorragie serait plus importante une fois que la lame sera retiré.  

La prochaine attaque fut une bulle dos d’une taille assez conséquente et filant depuis les airs. Le choc fut lourd et s’abattit sur les épaules de l’agoraphobe comme s’il était la cible de la fameuse blague consistant à piéger le haut d’une porte avec un seau d’eau ; excepté que dans le cas présent, le seau était tombé aussi, et il était en plomb.

La réaction de Clem fut surprenante, mais bienvenue, considéré avec le recul. Sa concentration se relâcha en même temps qu’une partie de l’énergie emmagasiné et son premier Mass Effect se détendit presque tout seul sous la surprise, d’une poussée de la jambe, l’agoraphobe se retrouva plusieurs dizaines de mètres en l’air. Il avait mal partout et remerciait le fait que ses blessures allaient disparaître avec son réveil, sinon il aurait clopiné le dos courbé pendant un bon nombre de semaine une fois que l’adrénaline serait retombée.

L’autre partie de l’énergie qu’il avait emmagasiné était toujours présente et c’est bien plus facilement qu’il pu déclencher son second Mass Effect. Une partie de l’entraînement des agoraphobes consistait à souvent être en chute libre, si bien que Clem s’estimait assez calme compte tenu du fait qu’il était actuellement en train de chuter. Le mantra « Connaissance/Pouvoir/Energie/Masse/Espace » lui revenait facilement en mémoire. Sa cible était toute désignée : Kala Kourou.

Pour ce qui était de ce dernier, il était probable qu’il a vu dans quelle direction Clem s’était échappé. Après tout l’agoraphobe ne s’était pas téléporté mais déplacé à une vitesse affolante, de façon à ce qu’un œil avertit ai pu entrapercevoir où est-ce qu’il filait. l’inconscient de n’importe quel cerveau un tant soi peu alerté ferait le reste et déduirait la suite. De plus le terrain sur lequel ils se battaient ne laissait place à aucune cachette : si Kala ne voyait plus son adversaire en regardant autours de lui, il devrait vite deviner où il n’avait pas regardé. De toutes façons, même si Kala était dans la tête de Clem à ce moment là, les chances qu’il échappe au Mass Effect était très faible.

L’agoraphobe était en train de chuter, le mouvement était donc déjà initié. Clem fondrait sur l’hydrophobe à la fraction de seconde où la technique s’activerait. Sa fenêtre d’esquive serait donc extrêmement réduite. Il y avait également la possibilité que Kala se ménage des protections avec son pouvoir. Mais quelle qu’elles soient, elles verraient leur épaisseur se faire réduire d’un cinquantième, ce qui allait sévèrement réduire leur utilité, si ce n’est l’annulé, étant donné que celles de Kala seraient aqueuses.

Le pied vers le sol –celui qui n’était pas blessé- de manière à frapper son adversaire à la tête ou aux épaules avec ce membre, Clem activa son deuxième Mass Effect.

Ah oui, c’était là un autre défaut du Mass Effect : une fois l’attaque lancée, il n’était plus possible de faire machine arrière. C’était aussi une de ses forces quelque part puisque cette inéluctabilité était la conséquence de sa rapidité. De son extrême rapidité. Clem fut sur Kala en moins d’une seconde. Quelque chose lui passa en un coup sur le corps mais trop concentré à sa technique, il le ressentit à peine. La douleur allait devoir prendre son dû un peu plus tard. A la vérité, les bulles de Kala s’écrasèrent contre Clem tout le long de sa descente, causant un vrai feu d’artifice aquatique mais l’agoraphobe les ressentit toutes comme une seule, énorme ; le veinard.

Leur corps se percutèrent un en craquement. Ce qui était souvent synonyme d’un mass effect réussi. Ce qui l’était moins, c’était que ce soit l’os de Clem qui soit responsable du bruit. Un scénario qui était tout à fait dans l’odre du possible. Mais pour cette situation là, l’agoraphobe n’avait pas l’impression que la puissance de sa technique se soit retourné contre lui. Déjà il y avait le fait que cela ne s’était jamais produit quand il avait activé contre un humain (ou quelque chose ayant leur résistance en tout cas). Pour l’heure il avait roulé sur le sol de l’arène comme un chiffon balayé par sa propre technique et était sûr et certain qu’à ce moment là c’était son autre jambe qui lui causait extrêmement de douleur, celle qui avait été planté par l’hydrophobe. Cette dernière pissa doucement le sang tandis qu’il se relevait, l’obligeant à mettre son poids sur son autre jambe et de boitiller quand il se déplacerait. Kala n’avait pas fait mine de l’attaquer pendant ce moment. Sans doute qu’il avait d’autres chats à fouetter. Ou alors Clem s’était relevé plus vite qu’il ne le pensait. L’adrénaline bouillonnait toujours dans ses veines même s’il sentait son flux ralentir. Et quand on était au point où l’on pouvait sentir sa propre adrénaline refluer, alors c’était qu’il en restait vraiment peu.

Le cerveau un peu en bouilli par l’intense concentration qu’il avait du fournir quelques instants auparavant, le corps clopé de partout après son affrontement –bref mais violent- avec l’hydrophobe, Clem boita vers Kala. Il ne savait pas vraiment ce qu’il lui ferait lorsqu’il arriverait à son niveau. Son cerveau avait fermé boutique et refusait d’organiser une stratégie ou une astuce quelconque. Clem arriva vers Kala et, sans se préoccuper de sa garde ( sans même se préoccuper de quoi que ce soit d’ailleurs), il ferma le poing et envoya ce dernier sur la joue de Kala. Il était dans un état de fatigue tel qu’il présenta même à l’hydrophobe la moitié de son dos, son corps avait été emporté par la force d’inertie de son coup avant que sa jambe d’appui ne le rattrape.

Clem se demanda finalement s’il n’avait pas frappé un tantinet trop bas et heurté la mâchoire de Kala car il lui semblait que plusieurs doigts de sa main étaient méchamment fracturés. Une chose qui arrivait assez souvent si l’on frappait tout et n’importe quoi sans réfléchir... ni viser. Ou alors il avait bien jauger son coup mais c’était son corps fatigué qui tombait en lambeau. L’agoraphobe était tellement crevé qu’il lui semblait que c’était là une raison valable, même s’il elle était dénué de logique biologique. Il ne s’en souciait plus vraiment à présent.

Kala avait profité de l’ouverture que lui avait apporté le déséquilibre de son adversaire d’une étrange manière. Alors qu’il était possible d’exploiter de mille et une façon (certaines plus efficaces que d’autres bien sûr), l’hydrophobe s’était juste contenté de lui filer une baffe sur le dos. Il devait lui aussi avoir le cerveau en bouilli ou quelque chose dans le genre, sinon Clem aurait eu droit à bien pire.

Bon dans le fait, la poussé de l’attaque l’envoya quand même sur les rotules et il du se rétablir avec ses mains pour ne pas faire un bisou au sol de l’arène. Il fallait maintenant voir pour sa contre-attaque. N’importe quel combattant (ou n’importe quel combattant possédant un sens idiot de l’honneur) se serait relevé pour faire face à son adversaire ; avec fierté ou quelque chose dans ce genre. Pour sa part, Clem préféra juste pivoter sur ces genoux pour arrêter de montrer son dos à Kala et s’élança en détente sèche vers ce dernier, sans prendre la peine de se relever. Avec l’intention manifeste de faire rentrer sa tête dans l’estomac de l’hydrophobe. La suite, amusante serait de relever le buste d’un coup sec et de faire rencontrer son front de rouquin avec son menton d’albinos.

Dans certains livres ou même film (ou même n’importe quoi qui raconte une histoire, une nounou par exemple), on y trouvait parfois une morale, slash, règle universelle, slash, phrase qui se veut classe proclamant l’idée suivante : “à chaque action, une conséquence”. Clem trouvait que c’était une phrase particulièrement stupide à proclammer comme façon de voir le monde tout simplement parce qu’ils y avaient parfois des actions sans conséquence comme il y avait parfois un peu trop de conséquences pour une seule action.

Par exemple, en attaquant l’estomac de quelqu’un, on pouvait exercer une pression suffisante sur son poitrail pour couper toute sensation qu’il avait de ses jambes et le faire effondrer à terre sans qu’il ne puisse opposer de résistance à cela, même si frapper le foie était bien plus efficace pour atteindre cet objectif là. Une autre conséquance était également le fait que Kala risquait de chialer sa mère la pute de douleur. Mais il y avait également un contrecoup auquel l’esprit embrouillé de Clem n’avait pas pris en compte. C’était le fait que l’hydrophobe lui adresse ses remerciements personnelles pour la raclée en pâté jaunasse fluo. Joie.

Mais ce qui aurait été une tragédie lors d’une soirée mondaine se révélait, pendant un combat aussi âpre qu’un désert de sel, juste un léger inconfort passager doublé d’une odeur incommodante. Une broutille comparé à ce que tout son corps affrontait chaque seconde pour empêcher Clem de s’écrouler par terre.

Oh oui, quatrième réaction : la “seconde” contre-attaque de Kala. Un peu plus terre-à-terre et martial celle là en revanche. Avant que l’agoraphobe eut le temps de dire “baisse les yeux et marche à l’ombre” très très rapidement, son adversaire lui choppa le crane et lui envoya son poing sur la gueule. Le choc fut tel que la tête de Clem partit sur le côté et, réaction incongru –là encore- fut que sa jambe cessa de supporter son poids et il du mettre un genou à terre en quatrième vitesse, s’écorchant ce dernier au passage. C’était sa jambe qui avait été planté par le couteau de Kala quelques instants plus tôt. Quelque part au fond de son cerveau, Clem savait qu’il ne parviendrait pas à la relever du combat, peut-être même de la nuit. Sans se laisser démonter, il attrapa le col de l’hydrophobe et, tout en relevant son corps endolori de quelques centimètres, tira violemment le bras afin de lui envoyer un coup de boule monumentale sur le nez. Ouais les poings c’est useless.