[Quête avec Nedru] Je suis fan.

Messages : 207 Date d'inscription : 25/12/2012

Petit à petit, Shad voyait se profiler au loin les bâtiments du Royaume de School-land, il y était presque et il n’était pas tout à fait heureux. Que faisait-il là ? Il faut remonter le temps de quelques dizaines de minutes pour le savoir.

La, relativement, petite créature du Royaume Obscur dénommée ci-dessus était en train de parcourir encore un peu les plaines d’un pas lent mais déterminé. Il voulait quitter cet endroit, maintenant que le jour s’était levé. Il ne savait pas trop où aller pour vraiment gagner en puissance, il n’était largement pas prêt à retourner devant son « mentor » pour lui dire qu’il n’avait que si peu progressé. Il fallait qu’il continue à arpenter Dreamland, ses merveilles et dangers afin de parfaire son éventail de techniques et de faire alors un bon Duc Obscur.

Il parvint à une limite tracée dans la plaine par le rehaussement d’un plateau de pierres. Il y avait des arbres touffus sur le dessus de ce plateau et l’entrée d’une grotte perçait la paroi en trois endroits juxtaposés. Sans vraiment se poser de question, Howl décida d’y pénétrer, car il y faisait plus sombre à l’intérieur, une aubaine pour lui. Evitant les gros cailloux étrangement disposés en cercle non loin devant l’embouchure de la cavité. Il se planta un moment devant, comme s’il n’osait pas y pénétrer. Il avait comme excuse qu’il ressentait énormément de présence dedans, que ce soient des Rêveurs ou des Voyageurs, peu importait, il y en avait beaucoup.

Finalement, il fit le premier pas d’une longue série afin de pénétrer dans ce renfoncement rocheux. Il ne savait bien entendu pas ce qui l’attendait plus profondément, mais il était trop tard, il était en marche. Il admirait le noir qui commençait à régner autour de lui. Il pouvait voir à travers, mais tout son corps lui disait qu’il était dans un lieu familier, les ténèbres. Avec un sourire aux lèvres, l’ombre continua son avancée.

Soudain, au détour d’un virage, la créature cauchemar rencontra une torche éternelle, elle ne pouvait pas être éteinte sauf si elle était noyée et se rallumait toute seule au bout d’un petit moment. Qu’est-ce qu’un objet aussi rare et utile fichait dans un endroit pareil ? Peut-être mise par des inconscients qui n’en connaissent pas la valeur. Bien que ce fût une source de lumière, Shad ne pouvait s’empêcher de laisser son regard fixé dessus, réfléchissant à comment elle avait de toute manière pu être récupérée. D’accord, il n’en existait pas qu’un seul exemplaire, mais tout de même.

Une fois le « choc » passé, il reprit sa marche… pendant deux pas, avant de voir sa route barrée par une fille, sans doute une Voyageuse, vu le regard qu’elle avait. Elle semblait contrariée de la vue qu’elle avait sur lui. Les bras croisés et une jambe légèrement sur le côté, ça faisait un petit moment qu’elle était là. Il ne l’avait pas sentie arriver, trop occupé à se demander comment la torche avait élu domicile à cet endroit. La blonde soutint le regard mauvais que lui avait adressé en retour l’être des ténèbres. À bien la regarder, elle n’était pas tellement épaisse, mais il ne fallait pas se fier à cette unique apparence. Elle n’avait que peu de bijoux sur elle ; en fait, le seul qu’elle avait était une boucle d’oreille qui fut révélée lorsque la jeune femme remit sa chevelure en place, toujours sans un mot. Elle se décida enfin à prendre la parole, de manière sèche et froide :

- Dégage, créature cauchemar.

Howl parut alors comme choqué par cette phrase si directe et haineuse envers sa personne. Jamais on ne s’était comporté ainsi… quoique, Dante avait fait fort, lui aussi. Lui, l’avait carrément menacé de mort dès leur première rencontre. Donc la créature du Royaume Obscur relativisait la phrase de cette demoiselle. Il fit un pas en avant et remarqua tout de suite que la Voyageuse avait serré ses deux poings, elle se préparait donc à attaquer. Il tenta alors de la calmer :

- Tout doux. Je ne fais que passer.

Son « tout doux » avait été prononcé comme si on disait à un chien d’arrêter de faire le fou sur les jambes des invités ; ce n’était pas vraiment fait pour calmer la jeune, mais la créature cauchemar n’avait pas assez de tact pour cela. C’est ainsi que le combat commença… pour se terminer aussitôt par le roulement d’un caillou, sous le pied de l’adversaire de Shad, qui l’envoya s’étaler juste devant lui. Légèrement surpris, il saisit néanmoins cette opportunité pour poser un pied sur la tête de l’autre folle et de l’utiliser comme marche. Puis, tranquillement, il se baissa pour prendre ses deux poignets et ses deux chevilles, avant de descendre de sa tête et de la soulever haut au-dessus de lui, comme une espèce de trophée. Une petite musique retentit alors, une musique d’un jeu Zelda, lorsqu’on trouvait un objet. Mais bien sûr, l’ombre ne connaissait pas Zelda.

Transportant la jeune fille qui ne pouvait pas faire grand-chose dans cette position –ou plutôt, si elle tentait quoique ce soit, elle se ferait mal plus qu’autre chose-, l’être obscur continuait de marcher tranquillement, mais plus lentement qu’avant. La pauvrette s’époumonait pour sommer à Howl de la lâcher, mais ce dernier ne l’entendait pas de cette oreille du tout. Il aimait profiter de ses cris et de ses implorations désespérées. Il aurait pu rester comme ça pendant des heures, si seulement il n’arrivait pas à un débouché de la grotte qui ouvrit sur une immense ville souterraine.

Il y avait des centaines d’habitations creusées dans la roche, un vrai quartier général pour quelques milliers de personnes, Rêveurs et Voyageurs confondus. Dès que l’ombre se fit remarquer par un groupe de pas moins de six Voyageurs, dont, apparemment, le chef ordonna :

- Lâche notre copine tout de suite si tu n’veux pas qu’on t’arrange le portrait, l’affreux.

Shad se dit alors que, décidément, il y avait vraiment des Voyageurs malpolis et sûrs de leur force. Néanmoins, là, il fallait avouer que six et demi contre un, il n’avait quasiment aucune chance, à part si c’étaient des gens classé à plus de 15 000ème à la ligue Major. Alors, Shad fit un tour de passe-passe avec la jeune fille qui cria de surprise et la posa par terre avant de la pousser violemment vers ses coéquipiers. Il lâcha alors, du haut de sa suffisance :

- La prochaine fois, vous n’oublierez pas de donner ses croquettes à votre animal hystérique.

La jeune fille alla se planter devant son groupe, dos à eux avec un air colérique sur le visage et grogna quelque chose comme « La prochaine fois, je te redessine les contours du visage à coup de poing. » L’ombre entendit alors de légers applaudissements, des applaudissements lents et peu puissants. Elle dirigea sa tête vers cette source de bruits et vit un homme encapuchonné, tout de noir vêtu, ne laissant paraitre que le bas de son visage. Il souriait. L’être des ténèbres vit alors que lui, ce n’était pas de la rigolade, comparé à l’autre groupe de nullos. D’ailleurs, celui-ci s’était éloigné sans demander son reste.

L’homme était assis sur un banc collé à la paroi rocheuse et portait donc un hoodie noir avec la capuche rabattue sur sa tête, un pantalon de jogging noir et des baskets de skate noires. Seules ses mains étaient visibles, si on faisait abstraction du bas de son visage souriant. Il les avait l’une dans l’autre, comme quelqu’un qui attendait nerveusement. Mais il ne paraissait pas le moins du monde nerveux, au contraire, il roulait presque des mécaniques.

Un profond respect envahissait Howl sans qu’il ne comprenne vraiment pourquoi, c’était rare qu’un Voyageur l’attire aussi facilement, cela ne devait pas être n’importe qui. La créature, amusée, s’approcha lentement de lui. Plus il le faisait, et plus le respect se transformait en crainte. Pas aussi forte que la crainte qu’inspirait Mickaël, l’invocateur d’ombres, mais elle naissait timidement en Shad. Il s’arrêta à trois mètres de lui et lui demanda :

- T’as l’air de bien connaître Dreamland, toi. Tu peux me faire une courte description des environs ?

L’homme tout noir prit une grande inspiration et se mit lentement à rire, de manière croissante, aussi. Après quelques secondes, il se calma et déclara :

- On peut dire que tu as du cran, créature des ténèbres, de t’aventurer dans cette ville pleine de voyageurs qui rêveraient de se mesurer à toi juste pour ajouter un être obscur à son palmarès. Shad tiqua sur cette réplique. Le Voyageur ajouta : Ce n’est pas mon cas, tu n’as pas l’air très fort pour moi, même si tu as battu cette fille par un fait que j’ignore. Son pouvoir est celui de l’impact. Chacun de coups qui touchent leur cible voit l’impact multiplié par quatre.

Shad voyait maintenant comment il avait pu la maintenir en l’air aussi longtemps. Elle avait un pouvoir de combat intéressant, mais elle s’était plantée lamentablement toute seule. S’il s’était pris un seul de ces coups, qui sait s’il n’aurait pas été en train d’agoniser dans ce couloir menant ici ? Il avait eu de la chance, mais la chance, il paraitrait que cela faisait aussi partie de la force… il paraitrait. Mais l’ombre se moquait totalement de ce que pouvait bien raconter cet homme sur cette Voyageuse, elle n’en avait cure, elle voulait autre chose, comme réponse, et Hoodie-man avait esquivé la réponse. Ce qu’elle s’empressa de rappeler :

- T’as pas répondu à ma question.

- Et alors ? Tu devrais aller voir par-là-bas, ils cherchent quelqu’un pour faire un boulot, ça pourrait t’intéresser, et peut-être qu’ils répondront à ta question, qui sait ?

À la mine renfrognée de la créature obscure, l’homme encapuchonné répondit par un sourire mauvais, ce qui la força presque à partir. Elle se dirigeait vers l’endroit indiqué par ce sombre individu, en espérant que ce n’était pas un traquenard à la con pour le buter discrètement.

La devanture de la maison était assez classique par rapport au reste des lieux. À savoir, de la pierre entourant la résidence plus le grand mur de façade percé d’une grande fenêtre qui ne permettait pas d’avoir une vue sur l’intérieur et d’une porte classique ouverte, avec des rideaux gris accrochés dessus. Sur le rebord de la fenêtre luisait deux points rouges brillants dont l’origine était une énigme pour Howl ; qu’est-ce qui l’attendait à l’intérieur ? Une seule façon de le savoir, pénétrer dans la bâtisse. Il poussa d’autres rideaux gris qui fermaient simplement l’entrée et découvrit…

Un spectacle assez réjouissant. Tous les murs du couloir qui s’offrait à lui étaient noirs et recouverts de toiles d’araignée. Il y avait diverses décorations assez morbides un peu partout, comme cette étrange poupée placée dans un coin, avec un sourire faux. L’ombre entra dans le salon et six regards se tournèrent vers lui dans une unité presque effrayante. Tous les jeunes hommes le regardaient avec un air légèrement surpris, tellement c’était rare qu’il puisse y avoir une créature cauchemar à cet endroit de Dreamland… surtout une créature du Royaume Obscur. Celle-ci avait un large sourir franc mais avec quelque chose de malsain ici, il se sentait chez lui, presque, si on omettait la lumière des bougies et la présence de Voyageurs. Le premier à prendre la parole fut un jeune homme d’environ 18 ans, grand, avec les cheveux bruns –le seul qui n’avait pas les cheveux noirs, d’ailleurs- et une corpulence qui forçait le respect. Sur son T-shirt se trouvait un crâne vert aux reflets violets à l’air menaçant. Il entama donc la discussion :

- Euh… salut ? Qu’est-ce qu’une créature cauchemar du Royaume Obscur vient faire dans les environs ?

- On peut même dire, une créature qui a les couilles de se promener dans une ville remplie de Voyageurs de tous niveaux.

Le garçon qui avait prononcé cela était assez jeune, environ 14 ans, c’était le plus petit, mais son regard dégageait quelque chose de malsain. Il avait un petit sourire espiègle accentué par ses taches de rousseurs. Oui, il avait donc fait une teinture pour avoir les cheveux de cette couleur, un noir tirant légèrement sur le rouge. Ses cheveux étaient plutôt courts et étaient coiffés en boule avec des mèches sortant du lot, par-ci, par-là. De toutes les personnes présentes, c’était celle avec qui Shad avait le plus d’affinité, celui qui lui avait fait la meilleure première impression. Les quatre autres étaient un peu plus classiques, bien qu’habillés de noir. Le garçon poursuivit :

- Dis-nous ce que tu veux. Car ça m’étonnerait que tu sois venu ici juste pour chercher la baston.

- En effet… avoua l’être des ténèbres, toujours avec son air réjoui. D’après un type que j’ai croisé dehors, je pourrai trouver ici un boulot intéressant… Vous voyez de quoi je parle ?

Le type le plus dans le fond eut comme une révélation et se leva avant de passer à côté de l’ombre et de sortir. Il n’était pas bien grand pour son âge, d’environ 20 ans. Il n’avait pas l’air très puissant ni très original, mais il avait eu un regard déterminé. Ce qu’il allait faire dehors, il allait le mener à bien. Le garçon laissa tomber sa tête en avant, légèrement sur le côté et souffla :

- Eh voilà, il va le tenter à nouveau et encore se faire éclater… Bref, cessons de parler de lui et revenons à toi, ombre. Tu viens ici pour un boulot qu’on te proposerait, mais as-tu seulement les tripes pour un tel travail ?

Sur ces derniers mots, Shad eut une mise renfrognée, voire énervée. Comment cette demi-portion pouvait l’insulter ainsi ? Peut-être voulait-il avoir une bonne fessée ? Il lui lança :

- Si j’ai les tripes pour ça ? Tu te moques de moi ? Dites-moi l’objectif de ce travail, je me chargerai de vous le prouver ! Si toute fois ce travail est assez bon pour m’intéresser…

Il avait soupiré sa dernière phrase pour leur dire que si c’était aller chercher le chat de la voisine coincé en haut d’un arbre après avoir mangé des fleurs au Chili, ce n’était même pas la peine de compter sur lui. Il n’était pas le genre à faire des boulots pour rien, surtout pas pour aider les gens dans le besoin. Non, lui, ce qu’il lui fallait était un travail à risques dans lequel il en sortirait grandi, plus puissant encore. Le morveux s’exclama d’un air réjoui et un peu dérangé à la fois :

- Ha ! En voilà un qui me plait bien ! Explique-lui, toi.

Il s’était adressé au grand homme assis sur le fauteuil en face de lui, celui avec le crâne vert et violet. Celui-ci soupira et se tourna vers l’ombre d’un air complètement détaché et expliqua rapidement :

- Nous devons retrouver un objet mythique à School-land ayant appartenu au meilleur de tous. L’homme le plus classe, le plus puissant, le plus charismatique, le plus beau, le plus…

- Ça va, j’ai compris Trancha Howl.

Ce dernier réfléchit un instant. Ces gens-là étaient loin d’être des nullos comme le groupe du hamster hystérique rencontré un peu plus tôt. En entendant parler ce cet homme, tous avaient affiché des mines envieuses, pleine de désir malsain, bavant limite sur cette courte description. Qui pouvait bien être cet homme mystérieux ? Il devait être doté d’un pouvoir d’envoûtement très, très intéressant pour avoir endoctriné autant de Voyageurs de leur trempe comme cela. Plus il réfléchissait, pus cela lui paraissait clair, les gens de la salle étaient déjà en train de murmurer des choses incompréhensibles, d’un air complètement bête, alors qu’ils avaient le contrôle d’eux-mêmes jusqu’alors. La créature cauchemar sourit à l’idée de trouver cet artefact d’envoûtement de masse. Il demanda alors quelques précisions :

- Cet artefact… A-t-il vraiment autant de valeur ?

- Et comment ! S’écria le garçon aux tâches de rousseur, soulevant plus de murmures incompréhensibles des trois mecs plus dans le fond de la salle. Tu ne peux pas te considérer comme un homme sur Dreamland, un vrai de vrai, si tu ne l’as pas eu dans les mains au moins une fois dans ta vie !

L’oreille flattée par les pouvoirs de cet objet, sans doute de classe A, au moins, l’être obscur sourit à s’en déchirer les zygomatiques. Il était partant pour cette quête et cela se voyait sur son visage, extrêmement malsain, qui traduisait son envie d’obtenir un pouvoir de contrôle des masses aussi puissant. Il déclara alors :

- Je veux bien vous aider à retrouver l’objet tant convoité ! Mais il faudra bien entendu me payer, et pas qu’un peu. Préparez l’essence vitale, les cocos !

Mais plus personne ne l’écoutait, ils étaient tous en train d’agoniser sur leur canapé et leurs fauteuils, comme s’il leur manquait des vitamines. Décidément, cet homme devait vraiment être quelqu’un de puissant et à la fois si dangereux. Shad doutait d’une victoire contre cet homme, sérieusement, il lui faisait presque peur. Il laissa donc les envoûtés sur place et alla se diriger vers School-land. À la sortie, il tomba sur Hoodie-man, tout sourire qui questionna l’être ténébreux sur ses intentions :

- Que vas-tu faire ?

- Je vais retrouver cet objet et faire mien son pouvoir ! Je serai plus puissant que jamais, hahaha !

- Bien… Bonne chance, tu vas en avoir besoin, hihi !

Que cet homme lui souhaite bonne chance renforça l’envie de retrouver cet objet. Hoodie-man souhaitait bonne chance à l’ombre, ce qui voulait dire que même lui en aurait besoin pour cette quête. C’est donc tout guilleret qu’il alla quitter la grotte pour aller vers School-land, le lieu où se trouvait ce puissant artefact !

Howl donc, était aux abords de School-land et une des écoles de ce Royaume se profilait à l’horizon. C’était un bâtiment sportif, à en juger par la piste de course qui se trouvait à côté. La bâtisse était quasiment neuve, ou alors la peinture avait été refaite à n’y avait pas très longtemps. Un beau vert venait strier les murs de manière assez harmonieuse et les vitres laissaient voir les jeunes créatures de Dreamland s’entrainer. L’ombre voyait très bien sur la distance –bien qu’il s’était énormément rapproché- car ses yeux perçaient l’obscurité de la salle contrastant avec le beau soleil extérieur. Apparemment, de ce qu’il pouvait distinguer, il s’agissait de gymnastique et il y avait beaucoup de filles dans cette classe. S’ils étaient humains, les créatures de Dreamland auraient environ 16 ans. Mais comme elles grandissent plus vite que les Voyageurs, elles devaient avoir moins, beaucoup moins. Par exemple, Shad avait deux ans et en deux ans, il avait pas mal changé physiquement, il avait grandi, surtout. D’ailleurs, ce dernier se rappela à l’ordre :

** T’es pas venu ici pour admirer ces enfants faire des galipettes dans un stade… Par où commencer mes recherches ? J’ai ma… petite idée en tête !**

Sujet: Re: [Quête avec Nedru] Je suis fan. Lun 14 Jan 2013 - 17:14

La nuit débutait pourtant parfaitement bien. Les recherches constantes de l’analyste lui avaient permis de localiser un nouvel employeur prometteur, aussi s’en allait-il joyeusement à leur rencontre. Un groupe de Voyageurs n’était pas une chose si rare que cela, mais un groupe de Voyageur incapable de s’occuper de ses propres affaires seuls, si. Et tout Voyageur ayant survécu dans les (hostiles) terres oniriques (comme les décrivaient si bien un célèbre guide de survie) ne pouvait que posséder, fussent-elles en infimes quantité, des préciosités à offrir. En somme il s‘en allait rencontrer des employeurs solvables, probablement incapables et peu dangereux, donnant rendez vous dans une zone agréable à traverser. S’il ne trouvait pas un moyen de les racketter en bonne et due forme, nul doute qu’il parviendrait à venir à bout de leur requête facilement.

Se disait-il.

Mais une fois parvenu sur les lieux, les choses se déroulèrent nettement moins bien que prévu.

Le jeune londonien approcha prudemment d’une grotte qu’il savait être le lieu « de rendez vous ». Aucun comité d’accueil à l’entrée. Hésitant entre hausser les épaules d’un air las et cracher une injure, Nedru jugea qu’il ne s’agissait que d’amateurisme et se dirigea à pas circonspects dans l’antre. Une grotte ! C’était tout de même désagréable, cette manie de mettre des grottes partout !

La tête passée dans l’ouverture, il laissa ses sens s’habituer aux ténèbres et identifier le crépitement d’une torche au loin avant de pousser plus avant. Contrairement à d’autres grottes qui lui avaient été données de parcourir, celle-ci était presque adaptée pour la promenade. Le sol y était égal, les ténèbres pas si profondes et angoissantes -en fait, ses yeux distinguaient déjà les parois taillées, sur une teinte bleutée. Il y faisait frais plutôt que froid et sec plutôt qu‘humide; l’air y était de ce fait agréable à avaler, vivifiant et dépourvu d’odeurs écœurantes. C’est pourquoi il se dirigeait vers la crépitante torche d’un pas assuré, prenant toutefois garde à ne pas laisser ses semelles racler le sol plus que nécessaire (le fait d’être en « mission » ne l’empêchait pas de se vêtir aussi confortablement qu’à son habitude; tee-shirt noir sur un pantalon gris, chaussures en daim, éternel manteau recouvrant le tout d’une teinte caractéristique) histoire de garder un rien de discrétion; sait-on jamais.

Bientôt, une sentinelle fit irruption dans son champ de vision. Lui n’était probablement pas dans le sien puisque ladite sentinelle, vieille femme assise sur un tabouret aussi vieux et tremblotant qu’elle, semblait dormir profondément. Il lui tapota l’épaule d’un air ingénu.

-Madame ? Madame. Vous vous êtes endormie, ce n’est pas l’endroit idéal.

La petite vieille ouvrit les yeux doucement, sursauta après avoir fait sa mise au point sur le nez de Nedru, mais en réaction au sourire du garçon et à la main qu’il posait sur son épaule, elle le remercia en souriant à tel point que ses grosses joues lui voilèrent partiellement les yeux. De la comédie. S’informa-t-il par le biais de son pouvoir. Un test ? Passé avec succès. Comme la sentinelle lui demandait de le suivre, il se félicita de ne pas avoir eu une pulsion meurtrière; Heureusement qu’il était doux comme un agneau, contrairement à d’autres de ses comparses !

Il fit la conversation d’un ton badin, déclinant son identité d’informateur et l’objet de sa visite;

J’ai entendu dire que vous cherchiez quelque chose ? Si vous mettez les moyens, je peux vous trouver des informations intéressantes pour le retrouver.

La mamie ne répondit pas. A la place, elle le mena dans l’antre des Voyageurs. Un lieu impressionnant; véritable village troglodyte taillé dans la roche, joyeusement éclairé par le craquement de torches radieuses. S’il n’avait pas déjà eu son propre plan de conquête, il aurait sans doute envisagé de venir « meubler » l’endroit. Mais l’endroit était déjà équipé et occupé, comme la présence d’un groupe de Voyageur discutant d’un air enflammé sur des bancs en vis-à-vis devant une maison bâtie de toute pièces ne l’indiquait que trop clairement. Quelque part, une once d’envie traversa Nedru tandis qu’il se présentait à eux. Seule la présence d’un adolescent dans leurs rangs lui fit regagner toute sa méprisante contenance. Qu’il déguisa en bonnes manières joyeuses, tandis qu‘ils s‘arrêtaient de discuter pour tourner leurs regards vers lui;

-Bien le bonjour ! J’ai entendu dire que vous cherchiez quelque chose ? Il se trouve que je fais commerce d’informations ! Dites moi quoi, je vous dit où !

Nedru ponctua d’une courbette pendant qu’ils se regardaient d’un air méfiant. Il s’amusait enfin ! Des Voyageurs ! Des gens dignes d’intérêt ! Les berner présentait un défi plus amusant que de berner la plupart des créatures des rêves, souvent débiles dans leur pseudo sadisme. Déjà, celui qui devait être le meneur se levait pour tendre la main d’un air vaguement suspicieux.

Salut. On a déjà toutes les infos dont on a besoin. Mais… J’aime bien comment t’es sapé !

Autant activer son pouvoir. Se décidant à accepter d’analyser le jeune homme, ce dernier ne lui apprit rien de plus qu’il n’aurait du. Mais, indéniablement, ceci aiderait pour mener à bien les négociations. Le point le plus important de la liste qui se dressait dans son esprit étant; Remise en question constante de soi en dépit d’une force certaine, autant musculaire que de caractère. A coup de « en êtes vous bien certains ? », peut être que cela suffirait. Il serra la main qu’on lui tendait.

On a jamais autant d’informations qu’on le pense, croyez moi sur parole ! Sinon, vous auriez déjà mis la main sur ce que vous cherchez, vous ne pensez pas ?

Ce fut un autre Voyageur qui prit la parole, tandis que son interlocuteur s’asseyait pour le plus grand déplaisir de Nedru. A quoi bon s‘avancer en premier c‘était pour se rassoir immédiatement après ?! Le blond, donc s‘exclama donc ;

Oh, nous savons où il est ! « Des écoles l’instruction sortira » ! Voici les paroles du Maitre ! Il a caché ce que nous cherchons dans School-Land, nous en avons déjà eu confirmation ! Mais nous avons déjà perdu deux d’entre nous en allant à sa recherche, hors de questions d’y retourner.

Sans compter qu’ils nous ont interdit l’accès.

Son pouvoir l’informa que celui qu’il avait déjà analysé disait la vérité. Ils ne pouvaient simplement pas aller à School-Land chercher l’objet du « maitre » ? Comme c’était ironique ! Leur quartier général jouxtait presque l’enceinte du Royaume scolaire, ils s’étaient peut être même installés ici pour pouvoir mettre la main sur cet objet ! Qui devait valoir son pesant d’or. Il plaqua son regard sur celui qui s’était levé en premier, histoire d’être sûr de ce qu’il tirerai de lui;

Bien. J’imagine que c’est un objet très précieux. Vous seriez prêt à me payer, si je vous le rapporte.
Oui !
Beaucoup, n’est ce pas ?
Tout ce que nous avons, je pense que les autres serons d’accord pour ça, oui. Mais vous risquez peut être votre vie !

Il ne mentait pas sur la récompense. Et il était sûr de lui au moins sur ce point, malgré sa « remise en question constante de soi ». Sur la perte possible de vie, il semblait moins sûr de lui. Mais School-Land n’était pas réputé pour être un endroit dangereux. Peuplé d’enfants, certes (et cela constituerai une épreuve digne de ce nom) mais voilà tout. Bon. On ne passe pas devant une récompense de choix. Et malgré l‘attitude étrange du groupe, ils étaient assez hétéroclites pour attirer sa convoitise. Dans leurs yeux, ce grain de folie un peu glauque qui indiquait qu’ils étaient prêts à tout. Et Nedru distinguait d’autres Voyageurs ici et là, plus loin dans le « village ». S’il avait su qu’ils n’étaient pas tous liés, peut être n’aurait-il jamais dit;

J’ai toute la nuit devant moi. Je reviendrai probablement toute à l’heure. Si vous ne me voyez pas demain et bien, considérez que j’ai échoué ou abandonné.

Mais il scella le marché ainsi, il n’avait besoin d’aucune garantie. Vaguement inquiet, tout de même. Est ce que l’objet pouvait le tuer ? Se retourner contre celui qui tentait de s’en emparer ? Sa cachette à School-Land n’était probablement qu’une couverture… ba ! il prendrait les précautions nécessaires. Toujours est-il qu’une fois de plus, il allait devoir mettre la main à la pâte, là où ses intentions premières n’étaient simplement que de se faire un peu d’argent facile en utilisant son réseau (certes, assez maigre pour le moment)

Après avoir demandé la nature de l’objet qu’ils cherchaient et n’obtenant que des réponses énigmatiques dignes d’internement tels que « ne croyez pas ce que vous pourrez y voir, la vérité qu‘il recèle est toute autre» ou « caché mais à disposition, tel doit il être selon Sa volonté », le jeune homme prit la direction de la sortie. A côté de ceux qui évitaient carrément de lui répondre, ces réactions saugrenues attisaient sa curiosité au moins au tant qu’elles ébranlaient son sang froid, aussi se décida-t-il à puiser ses informations directement à la source.

Il entendit que derrière lui quelqu’un réunissait « les fans » à l’intérieur de la maison devant laquelle toute la discussion venait de se dérouler. S’il s’était retourné, il aurait sans doute pu constater que le groupe s’était largement éclaté et que seule une faible partie des Voyageurs présents dans la grotte répondaient à l’appel. Peut être se serait-il posé des questions à ce constat. Faute de quoi il se laissa raccompagner docilement vers la sortie par une jeune femme blonde qui s’arrêta là où il avait croisé la mamie joufflue un peu plus tôt.

Peu de temps après, une créature obscure se glisserait dans cette même grotte, en quête d’un peu de noirceur, de fraicheur, ou d’un méfait à accomplir.

En attendant Nedru profita de son avance sur elle (lui, en fait, mais passons) pour se rendre au pas de course à School-Land. Vraiment très proche du quartier général de ses employeurs, à un point tel que s’en était risible. Ou inquiétant. Il arriva bientôt devant gymnase, qu’il contourna sans y prendre particulièrement attention. Des élèves s’ébattaient à l’intérieur c’était suffisant pour le faire frémir. Il poussa ses pas plus loin. Une large enceinte en fer, plus symbolique que dissuasive, qui ceignait un assez vaste complexe de bâtiments l’attendait. Plus loin, un portique ouvert sur une large cour pour l’heure déserte permettait d’aller et venir à sa guise (malgré la présence d’une petite caméra). D’ailleurs… le doute s’installait; pourquoi ses employeurs n’arrivaient-ils pas à se procurer ce qu’ils cherchaient ? Ni la caméra ni la grille ne pouvait arrêter un Voyageur aguerri, avec des intentions comme les leurs et une lueur de folie au fond des yeux.

Quelque chose ne tournait pas rond. Il diminua la cadence jusqu’à s’arrêter, indécis. Il s’assit finalement lourdement au pied d’un angle du gymnase, rabattant sa capuche pour s’isoler du bruit et de la lumière; pour pouvoir penser en paix. Quelque chose ne tournait sincèrement pas rond.

Si les Voyageurs ne parvenaient pas à entrer, ils devaient avoir une excellente raison. Il y avait un danger quelque part. Nedru ne pouvait certainement pas, en dépit des apparences, pénétrer dans l’enceinte du Royaume sans en subir les conséquences. Une solution à ce problème délicat peinait à se dessiner dans son esprit. En attendant de se décider à entrer sans autre forme de procès; l’option qu’il allait être contraint d’adopter, il laisser son pouvoir mettre en place un plan pour trouver l’objet le plus rapidement possible.

Messages : 207 Date d'inscription : 25/12/2012

Shad s’était approché lentement du gymnase, ou plutôt de la haie le ceinturant, en descendant de la colline sur laquelle il avait été il y avait peu. Cette haie était plus haute que lui et était assez épaisse pour boucher complètement le champ de vision. Il devait donc la traverser, pensait-il, pour pénétrer dans l’enceinte de l’école. Le vert de cette végétation était si intense qu’il en était presque hypnotique, bien que l’ombre le voie en échelle de rouge. Elle longea ce mur d’arbrisseaux tel que le ferait un espion voulant se faire discret, même si c’était loin d’être le but de la créature obscure. Cette dernière sondait de sa main la haie pour essayer de trouver un endroit plus propice pour traverser et s’y engouffrer. Un murmure le fit sursauter. Ce murmure était très ferme, agressif et relatait ceci :

- Il y a une porte plus loin, pas la peine de nous brutaliser !

Il ne s’était pas attendu à ce que cette haie parle, même si cela ne le surprenait pas plus que cela. Il enfonça son pied avec violence dans la végétation et partit en courant sous les insultes de la haie. Une fois assez loin, il continua sa route en marchant les bras ballant, comme si de rien n’était, avec une démarche mesurée et comique. Au fond de lui, il était fier d’avoir ennuyé quelque chose et cela lui avait remonté le moral, lui qui se l’était sapé tout seul en pensant au fait qu’il devrait interroger des gens au lieu de les massacrer. Il continua d’avancer un long moment avant de trouver un portail en métal semblant lourd, juste après les arbrisseaux.

Le portail était en fer, sans doute, peint d’un noir très intense et les battants étaient décorés simplement d’épieux pointus argentés ou décolorés, au choix. Mais ce que Howl trouvait de très curieux, était non pas la caméra grossièrement fixée sur le muret de fer retenant le portail, mais bien le fait que cet accès était grand ouvert, pouvant laisser passer n’importe qui. N’importe qui, et ce fut l’ombre, elle murmura n’importe quoi, il suffisait donc d’avancer pour y pénétrer, au gymnase strié. Au soleil, sous la pluie, à midi ou à minuit, ce portail semblait rester ouvert, d’après la végétation qui le retenait de se refermer automatiquement.

Après cet intermède en chanson, la créature cauchemar découvrit le complexe scolaire qui se dressait devant lui. Il était dans la cour frontale, étendue sur seulement une dizaine de mètres devant le premier édifice, pas bien grand, sans doute un bâtiment administratif… avec sans doute des employés de Relou-land dedans. Sans plus de sommation, il avança nonchalamment entre les bâtiments pour croiser à tour de rôle la cantine, le bâtiment écolier principal, le bâtiment technique pour enfin arriver près du gymnase. Pourquoi tenait-il tant à aller près du gymnase ? C’était très simple…

L’être des ténèbres se dirigea vers la haie du fond du gymnase et la regarda d’un air supérieur avant de lui donner un nouveau coup de pied et de partir en rigolant sous les nouveaux râles du mur végétal. De là, il aperçut un Voyageur –Il savait que ce n’était pas un rêveur, mais il ne savait pas comment – assis au coin du bâtiment. Alors, Shad s’arrêta net. Il le fixa d’un air curieux. Que pouvait bien faire un Voyageur dans un endroit pareil ? Peut-être y avait-il quelque chose à faire, tout comme lui-même ? Quoi qu’il en soit, cela semblait intéressant.

Howl s’approcha du Voyageur qui semblait réfléchir, la tête penchée et recouverte d’une capuche. Le monstre se demanda alors si c’était une sorte de mode qu’il devrait essayer, de mettre une capuche au-dessus de sa tête. Il s’approcha encore avec sa démarche très proche de celle d’Obélix dans les douze travaux d’Astérix et se planta dans son champ de vision. Ce que ce jeune homme voyait était une paire de pieds nus avec des ongles noirs, recouverts à partie de la cheville d’un manteau d’ombre ondulant légèrement. L’ombre n’engagea pas la conversation, il voulait d’abord que l’autre le regarde dans les yeux avant, pour voir la réaction qu’il pourrait avoir. En tout cas, lui, ce n’était pas une moitié de trou d’balle, comme Voyageur, un peu comme Hoodie-man, mais en moins, quand même.

Sujet: Re: [Quête avec Nedru] Je suis fan. Ven 18 Jan 2013 - 16:46

[Point culminant d’un plan machiavélique]

Parce que là, foi de Nedru, il saurait où se trouverait l… Des pieds ? Nedru ne se priva pas de sursauter bien qu’il douta que quiconque remarque cette faiblesse mal réprimée. Il n’avait pas entendu l’autre approcher et c’était aussi inhabituel que troublant. Mais après tout, c’était là le désavantage notoire de chercher à s’isoler du son. Un point d’interrogation failli jaillir au dessus de sa tête mais -le trac sans doute (ou bien Nedru avait trop bien dissimulé la surprise)- il en resta là, laissant à l’analyste le loisir de sauver les apparences. Il répondit donc nonchalamment ;

-Oui ?

Sans lever plus les yeux. Si l’autre avait voulu lui faire du mal, il aurait probablement déjà saisit l’occasion. En fait de pieds griffus et sombre, l’entrejambe qu’il avait désormais devant les yeux n’étaient guère plus causante. Raison pour laquelle, un brin irrité, il leva les yeux sur le visage de son interlocuteur. Cette fois, un point d’exclamation fit son entrée en fanfare au dessus de la tête du jeune homme. Quelle horreur ! Comme le disaient les étudiants en lettres médiévales ; pas besoin d’être clerc pour comprendre d’où venait la créature. Un royaume bien, bien cauchemardesque, bien laid, qui ne l’avait pas raté.

-C’est à quel sujet ?

Il se redressa lentement, prenant garde à ne pas ouvrir de failles indécentes ; le coude qu’il garda devant le visage pour baisser sa capuche pendant toute l’opération protégeait la partie haute de son anatomie tandis que la jambe qu’il gardait repliée, prête à bondir, ferai office de garde basse et contre-attaque plausible. Combien de temps était-il resté assis là ? Des courbatures affreux lui tétanisaient les membres. Était-ce là le pouvoir de son interlocuteur ? Son pouvoir d’analyse était il aller chercher trop loin des explications dont il n’avait pas besoin ? Ses pulsations cardiaques s’accélérèrent à l’idée que son pouvoir pouvait le rendre, à l’occasion... dissipé. Pour couronner le tout, il était déjà dos au mur.... c’était bien sa veine !

Ce sourire malsain, figé sur un visage cadavérique où luisaient des prunelles écarlates semblait voué à ne pas répondre plutôt qu’à ricaner d’un air méchant. Troublant. Avait-il penché la tête pour se donner l’air d’un animal aux aguets ? Pour l’ennuyer ? Nedru se trouva forcé de le détailler. Un cadavre dans un manteau d’ombre, voilà ce qui définissait au mieux l’apparition. Dans un autre monde, Nedru aurait pu croire à la visite de la Mort en personne, venue le chercher en tissu et en os parce qu’il avait le don de voir la huitième couleur. Mais c’était Dreamland. Peut être n’était-ce pas un mauvais présage, comme son esprit tentait misérablement de l’en avertir.

Il s’écarta d’un pas pour laisser le vide derrière lui et en profita pour jeter un œil derrière le cadavre ambulant. Le grand soleil qui régnait là dédramatisait quelque peu sa présence, comme un personnage de fiction magnifiquement incarné lors d’une convention rassemblant les amateurs de chara design d’influence japonaise les plus dramatiquement célibataires et les plus anonymes de la nation. Les créatures obscures avaient une bonne raison de rester dans leur royaume ; une fois la surprise passée, l’effet était un peu raté. Quoi que ce silence soit un brin inquiétant.

Ne se sentant pas d’humeur à se laisser troubler par un vulgaire porteur de peste, Nedru tenta de se souvenir le plan qu’il venait d’élaborer... En vain. Ah si ! Une évidence tout de même ; autant ne pas passer devant la caméra pour poursuivre son investigation. Il aurait dû demander plus d’informations aux Voyageurs de la grotte... Mais tous les professionnels ont leur petite fierté.

Bon ! Oublions ce zouave, il avait assez perdu de temps comme ça. Nedru se dirigea d’un pas déterminé vers la grille, déterminé à faire le mur.

Messages : 207 Date d'inscription : 25/12/2012

Le jeune Voyageur à la capuche rabattue n’avait pas l’air vraiment surpris de voir cette arrivée pédestre, bien que la créature cauchemar croyait durement qu’il l’avait troublé dans ses pensées. Elle avait toujours son sourire un brin provocateur et attendait vraiment que ce jeune homme le regarde dans les yeux. Il avait beau lui demander par un « oui ? » ce que voulait l’ombre, celle-ci voulait vraiment qu’il la regarde dans les yeux avant de parler. Lorsque le Voyageur le fit, il y eut comme une légère gêne, sans doute devait-il penser que la créature cauchemar était… une créature cauchemar. Il lui redemanda ce qu’il voulait par une question cette fois plus claire. Mais Shad devait avouer qu’il avait perdu ce qu’il voulait exactement lui demander.

C’est alors que le Voyageur aux cheveux foncés se redressa dans une position assez drôle. Un bras devant le visage et une jambe repliée, on aurait dit une espèce de star de la pop qui faisait son spectacle. Mais Howl ne connaissais pas la « pop » alors il trouvait cela juste drôle… quand même, oui. Peu après, la créature du Royaume Obscur se sentit détaillé par le Voyageur. Ses yeux, son sourire et son aspect cadavérique étaient passés au crible fin afin, sans doute, de s’assurer de quelque chose. Peut-être que ce qu’il voyait était bien réel et sans attention hostile. Il avait pourtant au visage une certaine méfiance, à juste titre, parait-il.

Le jeune Voyageur jeta un coup d’œil derrière Shad. Que voulait-il faire ? Voir s’il y avait d’autres créatures comme lui ? L’ombre ne se doutait pas un seul instant que c’était le soleil qu’il regardait et qu’il pensait qu’elle faisait très tâche dans ce décor. Elle n’avait pas la clairvoyance suffisante pour se rendre compte de quelque chose de ce genre. Complètement perdue dans ses pensées, elle en oublia qu’il fallait répondre à la question que lui avait posé son interlocuteur d’un instant.

Ce dernier fit demi-tour et quitta le périmètre de Howl pour vaquer à son occupation. C’est alors que la réponse à la question revint subitement en tête de l’ombre, telle la vie à un zombie, et il regarda un instant l’homme de dos avant de lancer de sa voix rauque, presque inhumaine :

- Tu n’es pas ici par hasard, n’est-ce pas ?

Il avait encore son sourire, un peu fier de lui avoir lancé quelque chose qui lui semblait intéressant, ou piquant la curiosité. Il espérait qu’avec ça, il retiendrait l’attention de ce jeune homme, peut-être allait-ce marcher. Mais quelque chose vint troubler ce moment intéressant.

Un homme en tenue décontractée vint à leur rencontre en lançant :

- Je peux savoir ce que vous faites ici, vous deux ? Un Voyageur et une créature cauchemar des ténèbres, ce n’est assez pas normal pour que je m’y intéresse…

Il fallait vraiment bien voir comment était la créature de Dreamland qui venait de s’adresser à eux. Dire qu’il était bâti comme une armoire à glace était peu dire. Il mesurait bien deux mètres dix avec des bras gros comme des cuisses de sumotori, il devait être bien serré dans son pull. Il avait les cheveux bruns courts et un air contrarié sur le visage. Étrangement, Shad n’avait pas envie de lui répondre en premier. Il voulait savoir ce que le Voyageur faisait là avant de répondre à son tour. En espérant que cela se passerait bien. Mais déjà, la grosse baraque s’impatientait, les bras pour le moment croisés :

- Eh bien ? J’attends une explication !

Spoiler:

Combien de temps avait-il bien pu perdre ? Deux minutes ? Vingt deux ? Deux heures ? Impossible de savoir. A en juger par un soleil qui pouvait tout aussi bien ne jamais décliner, il n’était resté là que peu de temps. Alors trêve de plaisanteries ! Mais tandis qu’il s’apprêtait à jeter son pied droit contre un premier montant du mur, une voix inhumaine jaillie quelque part dans son dos l’interrompit.

« Pas là par hasard ? » Espèce de clown ! Comme s’il laissait le hasard guider sa vie… Et quelle phrase débile ! Les délinquants qu’il lui arrivait de croiser dans les rues de Londres utilisaient probablement la même technique pour briser la glace avant de tenter de séduire une femme trop bien pour eux. Un frisson de haine parcourut l’échine de Nedru. Sans égard pour cette tentative trop tardive pour entamer un dialogue, le jeune analyste cala son pied contre un barreau de l’obstacle qu’il s’apprêtait à franchir.

Et il posa les yeux sur un colosse exactement de l’autre côté de la grille, face à lui, et déglutit lentement. Le jeune homme fit mine de renouer son lacet tandis que ses méninges s’activaient à leur rythme louable et que le géant faisait le tour pour se placer un peu plus prêt de lui et de la… créature derrière.

La première question de ce dernier tombait à pic.. . C’était bien sa veine ! Impossible de tenter la fuite, ou simplement d‘ignorer le gaillard; un seul de ses bras l’aurait plié en deux. Et il attendait une explication ? Peuh ! L’analyste en pensa une rapidement et l’exprima en ôtant son manteau qu‘il posa au creux de son bras plié, dévoilant une tenue sobre mais de qualité, que d’aucuns jugeraient de sérieuse et en adéquation avec son « explication » qu’il expira d’un ton guindé. De celui qui tente d’être marrant sans jamais y parvenir.

Bien le bonjour monsieur ! Je me présente; Louis Larsen, éminent professeur de Mathématiques et de Sciences Soporifiques. Bien que simple Voyageur, je ne peux pas m’empêcher d’exercer et donc… je viens poser une candidature au sein de vos établissement ! Mon meilleur ami à évidemment tenu à m’accompagner; n’ayez pas peur de lui, il est charmant. A qui avons-nous l‘honneur ?..

Sciences Soporifiques… N’importe quoi ! Il avait dû lire ça quelque part dans ses anciens locaux. Malgré tout, son pouvoir le jugea avec servilité; « crédible » sur sa petite tirade. Sans se reposer sur les lauriers qu’il se lançait (objectivement…) il sourit franchement à la créature obscure, l’invitant d’un geste ample de la main à se présenter au gardien du portail avant de lui-même tendre la main vers l’une des paluches du gaillard.

Aucune idée de qui (ou quoi) la créature obscure était et ce qu’elle faisait là, mais le « gardien » (?) n’avait pas eu l’air ravi de la voir dans les parages. Peut être qu’elle comprendrait qu’il essayait de lui sauver les fesses. Peut être qu’elle croirait qu’il était réellement un professeur de mathématiques et science soporifiques, mais c‘était peu probable. C’est pour ça qu’il l’avait incluse dans son mensonge. Dans certaines circonstances plus un mensonge est gros, plus il est crédible.

Toujours est-il que selon lui; dans le meilleur des cas, il passerait pour un candidat au poste de professeur de maths et sciences soporifiques sympa, venant en aide aux créatures désagréables et mal éduquées. Et dans le pire des cas, la créature obscure pèterai un câble et se mettrait à attaquer à vue devant l’affront qu’il avait plus ou moins formulé (Bob l’ami charmant, peut être ne serait-il pas ravi de se voir présenté en ces termes ?). Mais enfin, sa pseudo couverture n’en éclaterai pas pour autant et il n’aurait plus qu’à courir se mettre judicieusement à l’abri quelque part dans une école du Royaume.

Sur la piste d’un artefact surpuissant, on ne se laisse pas simplement détourner par un vulgaire surveillant ! (Nedru appelait tout le monde « pion » , ce terme ne convenant donc nullement). Sa nuit ne faisait que commencer et il était dans un royaume de la Zone 1; son efficacité serait évidente, quels que soient les obstacles !

Messages : 207 Date d'inscription : 25/12/2012

Apparemment, la phrase lancée par Shad n’avait pas eu son petit effet escompté. Le Voyageur ne s’était même pas retourné lorsque l’ombre l’avait interpelé. Maintenant, il y avait cet énorme tas de barbaque qui leur barrait la route. Il n’avait vraiment par l’air ravi de les voir tous les deux, et cela pouvait être compréhensible.
C’est alors que Howl eut le droit à l’explication du Voyageur.

Il s’appelait donc Louis Larsen… mais le reste de ce qu’il disait était si criant de mensonge que même cet abruti de Monsieur Muscles pourrait s’en rendre compte, pensait la créature cauchemar. Louis –peut-être un nom inventé, lui aussi, l’être des ténèbres ne saurait pas dire- affirmait donc être un professeur de mathématiques et de sciences soporifiques qui souhaitait exercer dans leurs écoles. De plus, il parlait de Shad comme étant son « charmant meilleur ami », à d’autres. Néanmoins, il demanda l’identité du baraqué, ce qui empêcha ce dernier d’embrayer directement sur le mensonge. Il essaya de croiser les bras, mais ils étaient tellement gros qu’il dut en abandonner l’idée. Il les regarda d’un air soupçonneux et à mesure que la créature du Royaume Obscur se rapprochait de son « ami » le Voyageur. Il finit par se présenter :

- Je suis le surveillant en chef de cet établissement. Je suis chargé de surveiller les élèves… ou les Voyageurs voulant s’aventurer dans notre enceinte. Je suis aussi le chef de l’équipe de sécurité. Vous savez, les gars qui sont chargés de regarder les caméras de sécurité à longueur de temps !

Il avait terminé sa phrase, non pas en pointant la caméra que Louis avait vu, mais une située derrière eux qui surveillait le flanc du bâtiment sportif. Elle avait filmé Louis en train de réfléchir, mais aussi Shad en train de martyriser les plantes. Lorsque ce dernier se rendit compte qu’il avait été filmé dans son méfait, il afficha un sourire provocateur : Il était fier de lui, cet idiot !
Donc, le surveillant en chef –qui avait omit son nom, d’ailleurs- savait que les deux personnes n’étaient sûrement pas meilleurs amis.

La masse de muscles affichait un air contrarié mais avoua :

- Bon. Puisque pour le moment, tu n’as rien fait de foncièrement dérangeant, je vais passer outre ta venue ici. Parce que je sais que tu n’es pas professeur, tu es trop jeune. De plus, nous n’acceptons pas les Voyageurs en professeurs, étant donné qu’ils se réveillent la journée. Je peux en revanche essayer de t’aider à partir le plus vite possible. Par contre, créature du Royaume Obscur, quel que soit ton affinité avec ce Voyageur, je te demanderai de garder un comportement similaire à ceux des élèves. Dès que tu peux, pars.

Peu après sa phrase, une sonnerie retentit dans tous les environs, ce qui surprit l’ombre. Elle ne s’attendait pas à ça et avait laissé ses instincts prendre le dessus un moment et cela s’était vu sur la surface de son manteau des ténèbres. Elle ne savait pas que cela signifiait la fin d’un des cours de l’établissement et qu’un flot de jeunes créatures de Dreamland allait se déverser dans la cour ; c’était une pause, nommée « récréation. »

Dès que les premiers étudiants sortirent du stade, ils remarquèrent directement leur surveillant en chef accompagné du Voyageur et de Shad. Ce dernier tiqua un moment, il ne se doutait pourtant pas de ce qui allait se produire. Les élèves qui les avaient remarqués appelèrent leurs potes pour voir, qui firent de même et soudain, plus d’une centaine de personnes étaient massées autour des trois êtres et le surveillant en chef ne parvint pas à les chasser d’un geste ample des bras si imposants.

Howl ne se sentait pas à l’aise et cela se voyait. Il était en pleine lumière, avec une centaine de personnes en face, et cela se voyait. Il n’affichait pas son sourire habituel, mais une grimace mal cachée sur tout son visage. Il fallait qu’il parte de là et vite, car d’autres élèves venaient à leur tour se masser autour. En revanche, le surveillant en chef était trop occupé à contenir le flux pour faire attention à eux, c’était une bonne chose. Il se tourna alors vers le Voyageur pour voir ce qu’il allait faire, lui aussi emprisonné par ces élèves. Sans qu’elle ne sache pourquoi, l’ombre n’avait pour le moment aucun esprit d’initiative et sa tête tournait. Il y avait un brouhaha monstrueux et beaucoup de lumière, cela l’empêchait de réfléchir proprement.
Cependant, il eut une idée.

Il proposa à Louis, sans vérifier si celui-ci n’était pas déjà parti :

- Je crée une panique et on fuit pour notre vie, d’accord ?

Des caméras ! Pff, foutues écoles-prisons ! Il aurait du y penser ! Alors, plus que des pions, les surveillants étaient ici partie intégrante d’un système de sécurité plus sournois et efficace qu’il n’y paraissait ? Nedru pensa à Relouland. Une analogie intéressante… l’inconscient des hommes est une chose si passionnante !
De son côté, s’il avait dû rêver un Royaume école, nul doute que le corps enseignant et de surveillant y soit aussi inefficace qu’absent. Enfin, ça ne changeait rien, mis à part que ses employeurs avaient gagné quelques bonnes raison de ne pas s’approcher du Royaume.

Toujours est-il que l’autre gorille obèse qu’il aurait pu trouver amusant dans d’autres circonstances commençait à l’irriter. Trop jeune pour enseigner ? Quelle blague ! Qu’y a -t-il de plus irritant qu’un imbécile qui se croit plus malin que vous en opposant des arguments stupides, qui lui donnent raison malgré tout ? Mais hé ! c’est le problème quand on dis des mensonges et qu’on s’adresse à un représentant d’une forme d’autorité.

Nedru se contenta de s’offusquer en formulant des onomatopée pincées et tressautantes pendant que le tas de muscle en pull trop serré poursuivait. Alors, lui pouvait entrer, mais pas Bob ? Hey, il s’était mouillé, impossible de l’abandonner ! Enfin, du moins fallait il le laisser paraitre.

Monsieur, je ! Je… Je ? m’offusque ! Je suis peut être jeune, mais j’enseigne très bien m‘voyez ! Je n’abandonnerai pas Bob ! Et puis, je peux quand même enseigner à mi-temps même si je suis Voyageur ! Et puis ce n’est pas de votre ressort m’voyez ?! J’entre, de toute façon et d‘ailleurs Bob me suit !

Sitôt l’enceinte passée, une sonnerie puissante retentit, le déclassant soudain au rang de vulgaire vol à l’étalage dans un magasin de vêtement. Impossible ! Comment se pouv…

Oh.

La récréation. Le cœur de Nedru se serra tandis qu’une déferlante de cris se déversait dans la cour, pour s’arrêter à leur niveau. Des inconnus bizarres étaient là, il fallait faire bonne figure ! La cavalcade s’arrêta pour se transformer en promenade hagarde, calme, en regardant le ciel ou dehors et se dirigeant -au hasard !- vers la grille. Comme tous constataient que leur idée débile avait été copiée par les congénères primates, ils s’agglomérèrent en piaillant sans plus feindre de feindre. « Adopter un comportement similaire à celui des élèves » ? Le Gris frissonna.

Mais la diversion était trop belle (la diversion, en fait, c’était surtout Bob). Il enfila à nouveau son manteau pour se fondre dans la masse qu’il trancha de sa foulée longue et impétueuse, digne de l‘ami d‘une créature d‘ombre ( et les premiers coups de coudes qu’il distribua -par maladresse- dans les côtes et oreilles des bambins lui ouvrirent un passage de plus en plus homogène).

Sa triomphante avancée fut néanmoins coupée par un ensemble de cris que ses quelques maladresses ne semblaient pas dignes d’avoir provoqué. Il se retourna pour être bousculé par une charge de rejetons dont la première vague manqua le faire tomber. Il ne s’en sortit qu’en saisissant le sommet du crâne de la fille qui lui fonçait dessus, jetant le visage de la petite au sol pour se placer bientôt derrière son corps prostré, faible rempart au vue de la folie qui se mouvait dans sa direction. Une vague de panique ! Refusant de suivre le mouvement, le londonien choisit de le devancer (nuance ! ) et, faisant volte face il enchaina sur un sprint olympique. Un coup de Bob le dégénéré à tous les coups ! Il sourit. Après un rapide crochet sur la gauche, à l’ombre des regards, il s’enfonça dans le troisième bâtiment qu’il croisa; ses étages lui plaisaient et -hey, ses foulées étaient longues- il pouvait se permettre de ne pas se réfugier là où tout le monde s’amoncelait.

Le jeune homme fit alors mine d’avoir l’air paniqué, de reprendre son souffle et de s’épousseter et tempêta même tout seul contre des choses et d’autres dans un discours échevelée. En cas de méras dissimulées. Puis, il se mit en route en songeant qu’après tout, cette diversion rendait le choix de sa première destination un brin crédible. Mais il lui fallait faire vite…

Les infirmeries bénéficient heureusement d’un traitement de faveur dans les écoles, du point de vue de l’affichage. Pour la raison évidente que les élèves prétextant des maux imaginaires et les acolytes désignés pour les accompagner ne doivent SURTOUT pas perdre de temps en promenades absconses au grès des couloirs. Grace aux petits écriteaux fléchés verts, le Renard (sans se laisser retarder par la contemplation de différents dessins, sculptures ou peintures hideuses sur des sujets aussi originaux que l’égo de leurs créateurs) y trouva vite son compte.

Une infirmerie. Dedans se trouvait une personne dont le métier consistait à faire s’allonger des jeunes filles rendues malades par une peine de cœur et à se faire les ongles en écoutant puis répétant (au compte goutte hein, secret professionnel oblige ! ) les menus potins de l’établissement. Car oui, bien souvent l’assistance sociale officie dans les infirmeries.

Nedru ébouriffa ses cheveux puis toqua à la porte faiblement, puis poussa le gémissement le plus pathétique de son répertoire. La porte s’ouvrit sur un décolleté outrageant .

Oui ?

Messages : 207 Date d'inscription : 25/12/2012

Aucune réponse de la part de Louis et c’était normal : Il était déjà parti avant, profitant de la cohue d’élèves pour partir. Mais Shad ne s’en rendit compte qu’au moment d’exécuter sa manœuvre. L’idée était de créer une panique suffisamment puissante pour permettre aux deux… enfin, plutôt à Howl, de s’enfuir. L’ennui avec ce plan, c’est que le gorille serait furax après lui, mais ça, il ne l’avait pas vraiment calculé. Ou peut-être qu’il s’en moquait.

Il commença par foncer vers le gorille encore dos à lui puis sauta. Son saut était calculé pour atterrir pile sur la tête du surveillant et de la lui planter dans le sol sous l’effet de la force déployée par les jambes et l’effet de surprise. Une fois la grosse masse par terre, l’ombre avait toute l’attention de son public, assez pour que lorsqu’il se mit à hurler comme un fou, d’un horrible cri strident à en crever les tympans des premiers rangs. Il le fit toutes griffes sorties avec un air agressif au visage.

Comme la grosse masse s’était fait battre en un coup par cette créature du Royaume Obscur, les élèves commencèrent à paniquer. C’était un grand hasard que le surveillant ne l’ait pas stoppé en l’air ou fait quoique ce soit pour faire foirer son plan et c’était tant mieux. Les élèves fuirent le plus vite possible les lieux où se trouvait Shad et celui-ci semblait leur en vouloir, parce qu’il les poursuivait toutes griffes dehors. Les plus sportifs devant, les moins, derrière, l’être cauchemar bousculait ceux qui avaient moins d’endurance que lui. Etrangement, personne ne cherchait à le frapper ou à se défendre. Peut-être personne parmi ces élèves n’en était capable. Ou alors, ils n’avaient simplement pas envie de se frotter à une créature des ténèbres.

Une fois la foule bien dispersée, l’ombre contourna un bâtiment rosé et alla se cacher dans l’ombre en fondant dedans avec un de ses pouvoirs ; Le fondu d’Ombre. Ainsi, le gorille ne pourrait pas retrouver son agresseur s’il avait déjà repris ses esprits. Howl se déplaça ainsi sur une bonne partir de la longueur du bâtiment, jusqu’à ce qu’il atteigne la bordure de l’ombre. De là, il entendit des élèves arriver en discutant. Ils parlaient de l’intrusion d’un Voyageur et d’une créature du Royaume Obscur et se sentaient peu rassurés dans leur voix. Ils se dirigeaient par ici. Pourquoi ? L’ombre se trouvait dans un endroit reculé derrière un bâtiment de l’école, comment deux élèves pouvaient avoir l’idée de venir ? Peut-être le cherchaient-ils et l’avaient déjà trouvé ? Il décida d’attendre un peu avant d’agir, pour une fois.

Les deux élèves, qui étaient encore en récréation, se posèrent sur un muret, non loin de là et se mirent à fumer ce qui ne ressemblait pas à une cigarette traditionnelle Dreamlandienne. Et si ces élèves se faisaient attraper en train de fumer quelque chose dont ils n’ont pas le droit de toucher ? La créature cauchemar en rigola intérieurement. Le gorille devait sûrement le rechercher à l’heure actuelle, donc il tomberait sur eux, sûrement, au cours de son instigation. À cette idée, il sourit, même si cela ne se voyait pas du tout.

Shad regarda sur sa droite pour voir une fenêtre laissée distraitement ouverte. Sachant que le Demeuré en Chef allait rappliquer et qu’il pourrait partir moins discrètement sans ombre dans laquelle fondre, il trouva l’idée excellente de se cacher dans un des nombreux bâtiments du complexe. Il se dirigea vers cette fenêtre, y rampa et se matérialisa tout en entrant dans la pièce, éclairée par une lumière artificielle.

Il regarda autour de lui pour voir qu’il se trouvait dans une chambre occupée par quelqu’un dans le lit pour malades. L’ombre sourit d’un air mauvais en regardant l’élève dormir et le matériel sur le côté qui n’attendait que lui pour faire un malheur. Il se saisit d’une seringue usagée qui trainait dans la poubelle et se plaça délicatement à califourchon sur le lit, sans réveiller le malade qui dormait à poings fermés, avec l’air mal en point. Mais de cela, l’être des cauchemars n’en avait cure. Ce qui lui importait, c’était de passer un peu de bon temps au détriment de cet individu. Il ne pensait pas une seconde qu’il pourrait tomber malade lui aussi.
Non, il ne pensait qu’à se demander où il allait bien pouvoir le piquer pour lui soutirer un peu de sang.

Soudainement, on alla frapper à ce qui semblait être la porte d’entrée de l’infirmerie. Des pas partir de non loin derrière le mur pour s’y diriger, alors le ténébreux avait tout le temps qu’il voulait pour réfléchir. Il entendit la voix de l’infirmière demander par un simple « oui ? » le motif de la venue du –sans doute- nouvel élève qui était malade. Cette chambre occupée, il allait loger autre part. Howl ne fit pas plus attention que cela à la conversation, il regardait l’élève respirer.
Respirer, mais surtout être à sa merci…

Il ne put s’empêche de passer sa main sur le torse de sa future victime –un mâle- pour dégager son habit et avoir le champ libre vers son cœur, tout sourire, crocs apparents. Il leva la seringue en l’air pour se préparer à le piquer, mais le malade se réveilla, sans doute à cause des caresses de ce psychopathe de Shad. La réaction fut brève mais intense.

L’élève mal en point réunit toutes ses forces instinctives pour hurler comme un cochon qu’on tentait d’abattre, puis replia ses jambes, ce qui eut pour effet de catapulter l’ombre sur le mur du fond de la pièce et de rameuter l’infirmière avec son décolleté franchement abusé, complètement paniquée. Mais l’ombre n’était pas encore découverte, elle s’était cachée sous le lit et avait fondu dans son ombre qui, bien que peu étendue, suffisait pour qu’elle s’y cache. La seringue roulait encore dans la pièce lorsque l’élève bredouilla :

- Il… Il y a un monstre sous mon lit !

Après un rapide coup d’œil sous le lit, l’infirmière constata qu’il n’y avait rien de notable autre qu’un petit peu de poussière et soupira en se relevant. Elle ordonna à l’élève de bien vouloir arrêter de l’appeler pour rien et de se rendormir le temps que les cachets fassent effet.
Peu après que la femme soit partie, Howl se matérialisa tout en se dégageant du lit.

Etouffant un cri, l’élève se sentit partir dans un évanouissement soudain et inopportun. Tandis que l’être du Royaume Obscur, lui, lui sourit avant d’ouvrir la porte, comme si de rien n’était. Il ne remarqua pas tout de suite Louis derrière mais vit très bien l’air très énervé de l’infirmière qui ne semblait pas satisfaite de voir une créature cauchemar ici. Avant que la jeune femme n’ait le temps d’ouvrir la bouche, Shad ouvrit la sienne :

- Où est Louis ? Je cherche Louis.

Au dessus d’une poitrine opulente se tenait la visage archétype de l’infirmière à fantasme, au teint pâle, maquillée sans truelle, naïve petite nonne issue d’une autre âge, reconvertie en infirmière scolaire (et à la tenue de travail rendue trop courte pour les besoins d’une trame scénaristique incertaine).

Alors que son sourire plein de l’assurance de celle persuadée de bien faire accueillait un Renard pris au dépourvu, un cri juste derrière elle déplaça l’action.

Un monstre sous le lit ? Où était-il, dans une garderie ? Nedru soupira d’un air las, constatant que malgré le ridicule de la requête, l’infirmière s’en allait porter sa douce et exaspérante voix quelques mètres plus loin, rassurer celui dont la santé mentale -n’était ce pas le lot de tout enfant - venait de flancher.

Pourtant, le jeune homme garda ses yeux sur l’arrière salle, sans égards pour le retour de la sémillante vierge effarouchée… et son ouïe ne l’avait pas trahi. L’infirmière suivit son regard, pour se trouver face à Bob.

Quelques années plut tôt, peut être aurait-il lui aussi été surpris. Mais Nedru s’habituait à Dreamland, et les tours de passe-passe d’une créature des rêves l’affectaient de mois en moins. Si son cœur se serra un peu face à la vision d‘horreur, il retrouva rapidement son calme. Un pas en avant l‘amena dans la pièce, fusse-t-il obligé de pousser quelque peu le corps qui faisait obstacle. Il ferma la porte derrière lui. Ses yeux surveillaient la nurse tandis qu‘il répondait;

Je suis là, qu’est ce qu’il y a ?

Je t'ai perdu de vu tout à l'heure, je voulais voir si tu allais bien.

Heu... oui ça va, je te… remercie. Il se retourna vers l'infirmière un bref instant, pour la calmer. Elle semblait perdue entre la fatigue pré-malaise et l’hystérie. j'ai cru me fouler la cheville mais ça a l’air d’aller mieux. Puis il s’adressa directement à la créature en baissant la voix. [/i] Bob, c'est toi qui a causé la panique de tout à l'heure ?
Tu me connais, je ne ferai pas quelque chose de ce genre...

L’analyste était obligé de ne pas en croire une miette, face au sourire sournois de la créature.

Tant mieux… Mademoiselle ? Pouvez vous nous conduire vers le psychologue de l'établissement ? Il chuchota, juste trop fort. Bob avait l’air d’être prêt à rentrer dans un personnage, autant qu’il le fasse convenablement. Votre bulldog à l'entrée à perturbé mon ami, il nous faut résoudre ça au plus vite.

Le jeune femme se rasséréna. Le temps d’afficher un écriteau « je reviens bientôt » sur la porte, elle était dehors. Elle semblait ne pas avoir conscience d’être à la fois un otage et un alibi; les regards qu’elle jetait au Renard étaient pleins de confiance tandis qu’elle mirait avec une crainte non dissimulée (et personne ne l’en aurait blâmée) l’étrange Bob.

Elle remplit son office à merveille. Par une succession de pas serrés et précipités, elle guida « Bob et Louis » à travers les méandres de l’établissement dans l’espoir de leur épargner d’être vus. Surtout Bob, pensait-elle; il fallait éviter qu’il ne cause des problèmes ! N’était-ce pas son rôle d’infirmière de protéger des maux les pauvres petits élèves innocents ? Nedru n’eut même pas besoin de recourir à la persuasion pour l’empêcher de les conduire vers le poste des surveillants. Mieux; alors qu’ils croisaient un individu décoloré se promenant dans un costume d’éléphant, la miss ne se priva pas de s’incliner quelque peu en fabulant; « Monsieur Onizuka, vous êtes encore perdus ? Ne me regardez pas comme ça, ces gens ne me veulent aucun mal. Je les emmène voir le docteur Médard et je reviens. Si vous avez encore besoin de moi. ».

Ils passèrent sans problème l’obstacle devenu rouge pivoine grâce à cette intervention. Quelques minutes plus tard, ils entraient dans le bureau du « docteur Médard ». L’infirmière les laissa là, décampant sans demander son reste. Avant de pousser leur exploration plus avant, Nedru prit le moment de mettre les choses au clair.

Moi, je ne suis pas là pour foutre le bordel. Considère que je viens de te sauver la mise. Ton.. aspect peut m’aider à avoir les renseignements que je suis venu chercher ici; reste avec moi pour ça et on sera quittes. Ton vrai nom c’est ?..

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Une silhouette connue se dessina derrière les formes trop bien faites de l’infirmière à mesure qu’un bras la poussait du milieu, sans pour autant toucher la jeune femme. Il avait fermé la porte de l’infirmerie et ce n’était pas plus mal, c’était même mieux ainsi, il ne fallait pas être dérangé par un quelconque moufflet. Louis répondit à la question de Shad avant que l’infirmière ne puisse bredouiller qu’elle ne savait pas, sans doute.

- Je t’ai perdu de vue, tout à l’heure, je voulais savoir si tu allais bien.

L’incompréhension se lit très brièvement sur le visage du Voyageur avant qu’il ne lui réponde qu’il allait bien. Après avoir balancé un bobard à l’infirmière à la va-vite, il vint chuchoter une question à la réponse évidente. Cependant, Howl ne voulait pas attirer plus de problèmes, il n’était pas là pour ça, même si son cerveau ne pensait pas non plus au véritable objectif de sa venue. Aussi, il préféra répondre, avec un sourire innocent –enfin, autant que l’être obscur pouvait essayer de faire- :

- Tu me connais, je ne ferais pas quelque chose de ce genre…

Hahaha, qui croirait une telle stupidité, l’infirmière ? C’était le but. De toute manière, elle n’était sûrement pas au courant de ce qu’il s’était passé du côté du stade, du moins, pas encore. Il ne fallait pas qu’elle le soit, pour la réussite du plan… du plan ? Quel plan ? Il n’y avait aucun plan, Shad se laisser trainer à gauche et à droite depuis son arrivée dans cette école.
Louis proposa alors d’aller chez le psychologue pour l’ombre.

Cette dernière trouva l’idée intéressante. Aller chez un psychologue a toujours été une de ses envies les plus primaires… Non, mais franchement quoi, un psychologue. C’est alors que Shad se remémora ce pour quoi il était là. Il devait trouver… un artéfact, oui. L’artéfact de contrôle des masses qui se trouvait quelque part dans ces établissements, et il comptait bien utiliser –du moins, pensait-il- Louis pour ce faire.

Le petit groupe se mit en route après que l’infirmière ait posé un écriteau « Je reviens bientôt » sur la porte de l’infirmerie. Pendant le trajet, Howl observait les couloirs et les gens qu’ils croisaient de loin. Tout portait à croire que la créature des soins évitait soigneusement de rencontrer du monde, mais l’être du Royaume Obscur savait que de très loin, on les observait. Que c’était pour mater l’infirmière que pour critiquer l’aspect de l’être des ténèbres. Il ne parvenait pas à discerner ce qui se disait, mais il savait, c’était évident. Les « élèves femelles » discutaient l’aspect physique du Voyageur. Tss… quelle frivolité. Il faudrait mieux éduquer ces créatures des rêves que cela, pour avoir plus peur des créatures cauchemars que de passer son temps à baver sur un Voyageur. Jaloux ? Sous une certaine forme oui ; Louis avait plus d’attention que l’ombre et c’était dommage pour lui.

Le groupe croisa un drôle d’hurluberlu, même pour Dreamland. Cet « Onizuka » avec sa tenue d’éléphant était à pisser de rire, surtout avec sa tête très sérieuse, comme s’il comptait vraiment aller en cours comme ça. Attendez, non. Si ? Mouarf ! La créature des cauchemars dut se retenir de rire pour ne pas faire faiblir la déjà maigre couverture qu’ils avaient. Si Dreamland était un peu plus peuplé de drôleries de ce genre, peut-être que lui-même en aurait été une ? Mais bon, il n’était pas l’heure de se poser cette question. Ils étaient arrivés devant le bureau.
D’ailleurs, ils y pénétrèrent sans autre forme de procès, Shad ne s’essuyant même pas les pieds avant d’entrer, quel rustre !

L’intérieur du bureau du psychologue était… Mais Louis glissa une petite phrase à son oreille et le perturba. Louis disait qu’il n’était pas là pour foutre le bordel. C’était méchant, ça, parce que Howl non plus, à la base. Il parle ensuite du fait qu’il était venu chercher quelque chose… intéressant, très intéressant ; L’ombre sourit et murmura à son tour

- Mon nom est Shad, Louis. Je pense vraiment que notre rencontre n’est pas due au hasard, même si je ne sais pas comment cela se traduira par la suite…

- Je ne vous dérange pas, messieurs ?

Celui qui avait prononcé cette phrase était le docteur Médard, le psychologue. Il avait prononcé cette phrase avec un grand calme, presque inhumain, pas de tension, pas d’étonnement, pas de joie, rien du tout, juste du calme. L’homme était assez âgé, les cheveux grisonnants sur du brun, les yeux cachés derrière des lunettes rectangulaires et les mains jointes devant son nez, attendant l’attention des deux comparses.

- La présence d’une créature obscure et d’un Voyageur en même temps ici est un fait assez rare pour en être doté d’intérêt. Que veut l’honneur de la venue cette alliance pour le moins surprenante ?

Shad se mit à regarder Louis dans les yeux –enfin, c’était difficile pour le Voyageur de le déterminer- pour savoir quoi faire. Il attendait qu’il fasse quelque chose parce que lui n’avait pas vraiment songé à la vraie raison de leur venue ici. Shad n’est pas très futé ; il ne sait pas non plus comment fonctionne une école.

- J’en conclus que l’idée vient du Voyageur, me trompé-je ?

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Sujet: Re: [Quête avec Nedru] Je suis fan. Dim 17 Mar 2013 - 22:43

Shad… Pourquoi pas ? Nedru n’était pas certain du processus de nomination des entités dans Dreamland étant donné qu’il ne connaissait pas encore tous les modes d’apparition des créatures du monde onirique mais quoiqu’il en soit, ce nom ne lui évoquait rien. Il n’avait en face de lui ni un monstre devenu célèbre à coups de crocs, ni une entité incarnant quelque chose de suffisamment précis pour être né avec le nom « linceul sur pattes effrayant ». L’un dans l’autre, son interlocuteur n’était à priori, pas si puissant que cela.
Mais voir une créature du royaume obscur si loin de chez elle n’avait, parole d’informateur, rien d’anodin. Et puis, elle avait tout de même réussi à entrer dans l’établissement, en créant la panique au passage… Avait-il tué le « gardien-chef » ? Possible.

D’ailleurs, la fin de sa phrase était des plus dérangeantes. S’il avouait derechef que leur rencontre n’était pas due au hasard, cela revenait presque à lui avouer qu’il était venu pour lui; donc l’espionner ou le tuer (car, évidemment, un individu tel que l’analyste était forcément jalousé et haït malgré lui) ? Nedru se mit sur la défensive. Il avait pourtant prit garde à ne pas se faire d’ennemis capable de le retrouver facilement ! Si cette créature en avait eu les moyens…

Ou alors ? Le pouvoir de Nedru dévoila le morceau du puzzle qui manquait; une évidence si évidente lorsqu’on l’avait sous les yeux et que l‘on voulait bien cesser d‘être paranoïaque ! Un rôliste qui mène son personnage à l’auberge d’instinct ne s’y serait pas trompé en se faisant accoster joyeusement par un groupe d’individu hétéroclites contrastant avec le décor, mais pour le Renard, et bien… Se trouver embringué dans une mission (appelons cela une quête pour conserver l’analogie avec le monde médiéval fantastique rôlistique évidemment hors de propos en l‘espèce) avec quelqu’un d’autre, rencontré à peine quelques dizaines de minutes et par la plus grand des hasards plus tôt ne relevait pas de l’évidence.

Mais le fait était là. Si Shad n’était pas venu pour le tuer (et ce n’était certainement pas le cas, ou alors ce tueur avait un mode opératoire bien original), il était certainement venu dans le même but que lui. A savoir; rechercher l’objet mystique détenu entre ces murs… Le destin hein ? La créature avait compris la raison de Nedru en ces lieux avant que lui-même ne l‘envisage ?! Impossible !

-Je ne vous dérange pas messieurs ?

Ah. Le pouvoir de Nedru décida de faire une pause dans la connexion de neurones tandis que le psychologue déroulait son discours de bienvenue. A la place, l’analyste modifia imperceptiblement sa posture et prépara sa propre réponse. Il avait, en fait, préparé cela depuis un bon moment.

L’enjeu était de le faire parler. Un enjeu de taille, quand on s’adresse à un individu dont le vocabulaire passe pour se limiter à « hum-hum.. Hum-hum. hum-hum.. hum-hum.. Ah ? Et après ? hum-hum.. » ! Celui là, pourtant, avait l’air d’avoir lu son dictionnaire. S’il n’avait pas simplement souhaité le manipuler, Nedru en eut peut-être été satisfait - mais pour l’heure, le plaisir d’avoir un interlocuteur digne d’intérêt ne lui convenait pas du tout.
Il força sa capacité d’analyse pour tenter de déchiffrer l’individu qu’il avait en face de lui; sans succès. Le psy était maitre de lui-même, de ses gestes et de ses mots. Trop malin pour que Nedru ne puisse lire en lui comme dans un livre ouvert.

Un encouragement silencieux de Shad lui donna la parole.

-Bonjour monsieur. Notre alliance est due au hasard; ne vous y méprenez pas, et n’en tirez aucune conclusion sur l’objet de ma visite; il se trouve que cette créature avait des ennuis et que je lui ai porté secours il y a peu, ce pourquoi nous nous trouvons ensemble en ce moment.

Nedru chercha dans les yeux un signe montrant que le psy le croyait, de près ou de loin. Impossible à déchiffrer. Le maitre des lieux les invita à entrer d’un geste de la main, désignant de modestes chaises placées devant un bureau sobre.

-Cela ne m’éclaire toujours pas quant au contenu de votre visite.
-J’y venais. L’affaire est quelque peu… délicate à présenter. Voyez vous, l’un de mes clients a l’un de ses enfants, ici même. Or, il s’avère que cet enfant, qui jusque là allait parfaitement bien et était promis à une carrière brillante à Relouland, est devenu… bizarre.

Nedru laissa un temps, feignant de ne pas savoir comment poursuivre. Il fallait que ce psy se sente sur son domaine, qu’il baisse sa garde.

-Bizarre ? Bingo.
Bizarre, oui… Je ne dispose que de peu d’éléments à ce sujet, aussi suis-je venu vous voir. Car la « bizarrerie » dont nous parlons est d’ordre psychologique. En fait, l’enfant n’a de cesse de parler du « Maitre » et de quelque chose de caché… Nedru garda les yeux rivé sur un trombone, songeur, avant de s‘excuser rapidement d‘un air désespéré en plaquant ses yeux dans ceux du médecin; Pardonnez moi, je sais que vous n’avez pas le droit de divulguer ce qui se passe entre ces murs, mais peut être avez-vous déjà entendu mention d’une telle « bizarrerie », sinon entre ces murs, de la bouche de quelqu’un auprès duquel vous n’êtes pas lié au secret ?
…
Oh, je suis désolé, je n’aurais pas du venir vous voir, c’était idiot de ma part.

Nedru se leva précipitamment. Ce coup de bluff était, à vrai dire, très proche d’une réelle tentative désespérée; aussi n’eut-il pas trop de mal à trouver l’émotion appropriée pour la feindre. Un exercice délicat tout de même puisque le désespoir n’était pas un trouble si fréquent chez le Renard. Après tout et bien qu‘il fut l’un des menteurs les plus expérimentés de sa génération, il avait affaire à un psychologue.

Et puis, Nedru n’était pas sûr que l’objet qu’il(s?) cherchait était connu des élèves du Royaume, ou qu’il puisse troubler en certains autant qu’il avait su troubler les fanatiques dans la grotte. Cependant, puisque cette piste restait la meilleure si l’hypothèse se vérifiait, il fallait tenter. Il n’avait rien à perdre. C’est un peu de cela qu’il tenta d’insuffler dans ses gestes, presque à contrecœur, comme un aveu de faiblesse.

Il se fit rattraper d’un mot.

-Attendez.

Impératif. Nedru se retourna sur un visage renfrogné. Avait-il mal joué la comédie ? Était-ce le dénommé Shad, à côté, qui avait trahi quelque chose ? Le psy ne semblait pas dupe. Ou plutôt; pas convaincu, car une ombre de doute planait sur ses sourcils froncés lorsqu’il ajouta;

- Je ne sais pas ce que vous me cachez, mais vous ne me dites pas tout. Pourtant, j’ai bien entendu quelque chose dans ce gout là, en effet. Qu’est ce que vous aviez en tête ?
- J’avais en tête d’en savoir plus ! Pensez vous qu’il s’agisse de quelqu’un entre ces murs ? Savez-vous comment et où cela se déclare ? J’aimerai mener mon enquête pour faire cesser la chose.

De la franchise, de la presque vraie et spontanée. Cela ne trompa pas le médecin.

- Bien… Pourquoi ne pas aller interroger directement cet enfant ?
-Parce que non seulement il ne dira rien car c’est dans son tempérament, mais en plus il me connait; jamais il ne se confiera à un employé de son père. En outre, il a quitté l’établissement et je me devais d’enquêter sur place pour faire cesser la chose.
- Mmmh... Mouis.

J’ai entendu dire qu’un élève de ce quartier présentait les troubles dont vous parlez. Il s’appelle Pul, de la classe 342-A. Ceci me tracasse d’autant plus qu’il refuse de me parler. Je place donc cette affaire entre vos mains, même si cela ne me plait qu'à moitié. Ménagez le, ou je fait une affaire personnelle de vous le faire regretter.
- N’ayez crainte. Où trouver ce Pul ?
- En classe, je suppose. Trouvez l’emploi du temps des salles de l’aile informatique, ou celui de la classe ? Je vous souhaite bon vent. Tenez moi informé, si vous parvenez à quelque chose.

Il se leva pour enjoindre le duo à quitter la pièce d’un nouveau mouvement de main ample. De retour à son bureau, le docteur décrocha son combiné.

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Comme l’ombre n’avait aucune idée de ce pourquoi les deux comparses étaient dans le bureau d’un psychologue –Shad ignorant totalement le fonctionnement de l’école- il laissa entièrement la parole à Louis –qui d’ailleurs n’avait pas dit son vrai nom, même si Howl ne s’en doutait pas- et attendre que ce soit fini. Il commença par dire que la rencontre des deux était due au hasard et il n’avait pas tort. L’être des ténèbres avait pris une direction aléatoire avant de le trouver, même si celui-ci était persuadé que le hasard n’avait rien à voir là-dedans. Par contre, de là à dire qu’il avait des ennuis… c’était beaucoup dire.

Soudain, il se désintéressa complètement de la conversation. Il préféra s’intéresser à une pile de livres stocké sur une étagère. Il en saisit un délicatement, sans gêne, et se mit à le parcourir. Ce livre était intitulé « Louis au pays des Rêves » mais hélas pour Shad, il ne savait pas lire ; alors il ne pouvait pas comprendre l’ironie du sort. Il feuilleta le livre pour enfant en bas âge en ne regardant les images. Elles étaient faites de couleurs douces et pastels et les dessins étaient très « mignons. » Tout ceci incita Howl à reposer le livre avec vigueur avant d’en ouvrir un autre. Celui-là ne contenait pas d’images, c’était un livre intitulé « Les mésaventures de Tyrance » et l’être obscur faisait semblant de le lire, bien qu’il en fût incapable.

Louis ramena l’ombre dans la salle, avec son attention reportée sur les deux autres personnes, lorsqu’il se leva de sa chaise précipitamment. Elle le regarda de haut en bas en se demandant bien ce qu’il lui avait pris d’agir aussi brusquement avant de se rendre compte qu’il aurait dû suivre ce qu’il s’était passé pour comprendre. Il continuait d’observer la scène lorsque le psychologue retint le Voyageur de partir. Il suivit la conversation avec attention et lorsque le psychologue parla d’interroger soi-même l’élève, Shad dut faire tous les meilleurs efforts du monde pour ne pas afficher un sourire mauvais, plein de perversion et d’envies malsaines. Il se contenta d’en laisser passer un petit sans grande signification, mais le psychologue dut sûrement capter le sourire de la créature cauchemar lorsqu’il parla de faire une affaire personnelle si jamais il arrivait malheur à l’enfant. Comment un psychologue pouvait venger un enfant ? Howl ne se posait même pas la question, il pensait qu’un psychologue avait des pouvoirs pour faire avouer des choses aux gens, et cette idée, bien qu’intéressante dans ses propres mains, l’était beaucoup moins s’il en était la victime.

Louis assura au psychologue que rien de mauvais ne serait tenté sur l’enfant, mais ce ne fut pas le cas de l’être des ténèbres, alors il comptait bien mener son interrogatoire comme bon lui semblait. Les deux gens furent invités à quitter le bureau et ils ne se firent pas prier pour cela. La direction du groupuscule ? La salle de l’aile informatique ! Cette fois, c’est l’ombre qui ouvrait la marche. Elle se dirigea d’un pas véloce vers cette salle au hasard en ouvrant toutes les portes en cherchant celle qui contiendrait le plus d’ordinateurs possible. Il n’était que fort peu probable de l’arrêter dans cette démarche, et peut-être que Louis, pour ne pas se couvrir de honte, n’était pas passé par le même chemin que lui. Peu importait, Shad avait trouvé cette salle le premier. Il était passé par une passerelle qui reliait plusieurs bâtiments ensemble. Disons que la chance y était pour beaucoup, tellement l’établissement scolaire était vaste. Derrière lui, il entendait un brouhaha de questionnement sur la tornade noire qui avait passé en ouvrant toutes les portes qu’elle rencontrait, jetait juste un œil pour compter le rapport élève/ordinateurs et choisir celle ou le premier était presque nul et le second suffisamment élevé pour que Howl arrête de compter. Devant lui, il y avait le professeur d’informatique et de comptabilité. Un homme brun, élancé et d’environ la même taille que lui.

- C’est ici la salle informatique ? Demanda la créature du Royaume Obscur, l’air réjoui.

- Euh… Oui, c’est pour ?

- Nous cherchons un certain… Pul, si je me souviens bien. Je veux savoir où il est. Il doit être en classe en ce moment et je veux savoir où cette classe se trouve, la 342-A !

- Mais d’abord, qui êtes-vous ? Je ne me souviens pas avoir un collègue ou un élève du Royaume Obscur dans cet établissement ni nulle part ailleurs.

L’ombre devait apparemment prendre toute l’attention du professeur pour qu’il ne remarque pas Louis. Ou alors, celui-ci n’était toujours pas là, il ne savait pas, il ne s’était jamais retourné pour le savoir. Il lâcha d’un air si hautain qu’on pouvait presque sentir du dégoût dans sa voix :

- Ecoutez, je n’ai pas de temps à perdre avec vous, donnez-moi simplement la position de cette salle et je m’en irai.

- Mais il n’est pas question que…

Le coup de poing en plein nez de Shad était parti avec tant de naturel que le professeur n’avait rien vu venir et se retrouva par terre en moins de temps qu’il fallait pour le dire. Il se retourna enfin et Louis était dans l’encadrement de la porte. Howl ne fit pas attention à son expression faciale et lui demanda :

- Tu sais te servir de ces machins ?

Spoiler:

Ils pouvaient donc prendre congé, sous la menace voilée d’un psychologue étrange.. La créature obscure avait été sage et Nedru en était satisfait ; Shad semblait instable, trop pour que l’analyste parvienne à comprendre ses motivations dans l’immédiat, trop aussi pour qu’il lui propose de faire équipe avec lui, à l’avenir. Pourtant, avoir dans ses rangs un autochtone du royaume obscur était intéressant à bien des égards… Ba, tant pis.

Déjà, la cavalcade du linceul vivant donnait de toute façon raison à l’analyste ; malgré une motivation certaine, l’énergumène était ingérable. Nedru le suivait de loin, veillant à ne pas se faire trop remarquer, franchissant des couloirs où des exclamations de surprise –voire des cris- se faisaient entendre derrière les portes qu’ouvrait Shad à la volée. Un sourire de joie perverse illumina le visage du Gris, avant qu’il ne se reprenne ;

Calme toi Shad, tu vas te faire coincer si tu conti…

C’était peine perdue. Un haussement d’épaule chassa l’irritation du londonien ; Dreamland était peuplé de fous, il fallait bien qu’il se fasse une raison. Finalement, l’instable créature disparut derrière une porte, pour y rester. Le temps que Nedru s’y engouffre, un type gisait déjà au sol, inconscient.

Si tu veux qu’on arrive à quelque chose, revois tes méthodes, Bob..

Ce n’était que pour la forme. Nedru doutait que Shad et lui-même partageaient le même type de raisonnement, le moindre point commun dans leurs façons de penser. La créature agissait presque compulsivement, toute forme de remontrance était aussi parfaitement inutile que tenter d’expliquer à un chat qu’un vieux journal fait une moins bonne litière que l’objet réservé à cet usage. Mais bon, sait-on jamais…

Nedru s’installa devant l’ordinateur que Shad venait de lui mettre à disposition. Oui, il savait se servir de ces machins. L’interface était simple, scolaire, minimaliste. Sur le volet bien en évidence « vie scolaire », un programme servait à réserver des livres, un autre servait à consulter les devoirs tandis qu’un troisième permettait notamment de consulter son emploi du temps.

Pour son plus grand bonheur, l’heure et le jour étaient aussi indiqués sur l’ordinateur (sans quoi il eut été impossible de deviner, même approximativement, la date) et trouver la salle de la classe de Pul s‘avéra être, dès lors, un jeu d’enfant.

Salle 11-65 ; on est pas passé loin tout à l’heure, à priori. Tu me laisses faire cette fois, s’il te plait, cher Shad ?

Pour une raison qu’il ne s’expliquait pas, Nedru était de plus en plus joyeux, prenant le ton et les mimiques qu’il réservait au monde normal, dans sa zone de confiance. Sans doute une vieille rancune liée à l’école ; l’idée de mettre sans-dessus dessous l’établissement lui était étrangement agréable.

Il trouva la classe de Pul rapidement, sans heurts. Les couloirs étaient déserts. Après avoir prié Shad de se tenir à l’écart, le jeune homme toqua à la porte de la salle. Il entra sans attendre de réponse, coupant dans son élan un professeur manifestement aussi surpris qu’irrité ;

Pardonnez moi, c’est une affaire urgente. Pul, peux-tu venir avec moi ? Tu peux prendre tes affaires.

Une phrase toute faite, mainte fois entendue. Le professeur y réagit de l’une des deux seules façons dont le corps enseignant semblait programmé pour faire face à ce genre de situation ; en enjoignant Pul à se dépêcher, et sortir dans faire de bruit et quelqu’un lui passera les devoirs, et merci bien monsieur, bonne journée ».

Nedru referma la porte derrière le jeune garçon à lunette en cul de bouteilles, coupe au bol et appareil dentaire qu’incarnait Pul. Un vrai Don Juan, le pauvre microbe était d’une laideur et doté d’un charisme de ver à soie tel qu’on aurait cru qu’il le faisait exprès. Nedru le mena jusqu’à la salle qu’ils venaient de quitter et le fit entrer. Un corps inconscient et Shad en guise de comité d’accueil, voilà qui délierait sûrement sa langue. Nedru se plaça devant la porte pour empêcher le mioche de s’enfuir, laissant à Shad le soin de commencer l’entrevue –même s’il n’avait sans doute aucune idée des questions qu’il lui faudrait poser- le but n’étant que de passer, ensuite, pour le « bon flic ».

Shad, à toi l’honneur. Ne l’abime pas ; nous avons donné notre parole.

Un sourire radieux qu’il ne chercha pas à réprimer éclaira alors son visage pour la deuxième fois de l’après midi.

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Aussitôt, Louis lui conseilla de revoir ses méthodes afin d’être plus efficace. Mais Shad était de la vieille école du Royaume Obscur, taper et torturer étaient les choses qu’il savait faire… Faire dans la dentelle ne l’était pas. Être subtil n’était pas fait pour lui ; Mais comme toute notion et connaissance, cela pouvait s’apprendre. L’école ici était un endroit parfait pour le faire, il semblerait, mais Howl n’était pas convié à participer aux cours.

Louis s’installa devant un de ces « machins » dont l’être obscur ignorait la réelle utilité, mais était persuadé qu’ils pourraient les aider à trouver de Pul. Il observa son compagnon de cet instant pianoter sur le clavier vétuste de l’ordinateur peu évoluer par rapport à ce qui se faisait dans le monde réel, même si cette tendance se retrouvait aussi dans le monde réel… bref. La créature cauchemar regardait avec une certaine attention ce qui se passait sur l’écran tout rouge de par sa vue naturellement colorée ainsi, regardant le curseur aller cliquer sur des choses et de machins dessus. Il ne comprenait rien, mais il avait bigrement envie d’essayer. Après que d’autres informations incompréhensibles se soient affichées sur l’écran, Louis donna le numéro de la salle et pria à la créature du Royaume Obscur de le laisser faire.

Et cette dernière avait l’intention de lui laisser tout le temps qu’il fallait pour trouver Pul afin qu’il puisse s’amuser avec l’ordinateur. Elle fit un signe de tête d’approbation et regarda Louis partir avant de se ruer sur l’ordinateur encore allumé et d’imiter ce qu’avait fait Louis. Il ne savait pas utiliser l’ordinateur ni lire ce qui était écrit dessus mais pas grave, Shad faisait ça pour s’amuser, il n’y a aucun danger –normalement- à l’utilisation d’un tel appareil par cet individu. Il prit la souris instinctivement dans la main gauche et s’amusa pendant trente secondes à simplement faire bouger le curseur sur l’écran. Sans danger, je vous dis. Puis il se mit à cliquer n’importe où comme un malade et arriva au fin fond des dossiers stockés dans le disque dur. Il cliqua sur un fichier au hasard avec un petit gloussement et plein de « trucs » s’afficha à l’écran. C’est alors que le clavier entra en scène. Il cliqua à plein d’endroits et créa une nouvelle page de classe dans laquelle il écrivit des conneries. Pas des noms très drôles, comme « fzefohi » ou « zskpmlzcd, » ou encore « qqkxlzefj » l’important pour lui était de taper quelque chose dans les petites cases.

Soudain, bruit d’erreur qui surprit Howl au point qu’il recula sur sa chaise à roulettes. Il essaya de déchiffrer ce qu’il devait faire, il n’y avait qu’un seul bouton pouvant être cliqué. Il cliqua dessus et toute sa page se vida. Mécontent de voir tout son « travail » réduit à néant, il pesta et quitta l’application –merci à la petite croix rouge assez explicite- avant de se lever en soufflant comme un cadre après une dure journée passée sur ordinateur. Puis, Louis revint avec Pul.

Le garçon était assez petit, pas loin d’un mètre trente, tout maigrelet –moins que Shad sous son manteau néanmoins- et arborant des lunettes épaisses, une coupe ridicule et des barres de fer sur les dents. Il n’avait rien pour plaire, mais le côté pratique de l’être des ténèbres était qu’il ne jugeait jamais sur l’apparence. Le jeune homme regardait Howl avec énormément de crainte dans le regard. Celui-ci en profita pour s’approcher à pas glissés sur le sol, comme pour faire croire qu’il glissait avec son manteau et se pencha au-dessus du petit avec un sourire malsain accroché au visage avant de déclarer :

- C’est toi, Pul ? T’as pas l’air terrible, comme mec…

Ainsi le cadre était posé. L’être obscur méprisait la jeune créature de Dreamland et il venait de le faire savoir. Il avait bien envie de lui casser sa tête de geek, là, tout de suite, mais Louis avait parlé d’un accord passé avec quelqu’un promettant de ne rien lui faire… accord qui n’avait pas eu l’approbation de Shad, évidemment. Ce dernier s’approcha de Pul qui se sentit mal à l’aise. Il commença les réjouissances :

- Bien que Louis ait donné sa parole à je ne sais qui, ce n’est pas mon cas, alors c’est tout dans ton intérêt de me répondre…

Il se posa sur le coin d’un bureau, les bras croisés, en toisant méchamment le pauvre jeunot avant de continuer :

- Alors réponds à cette question. Il y a quelque chose, dans cette école qui m’intéresse. Je ne sais pas tellement ce que c’est, mais toi qui vis dans cette école, tu dois forcément savoir quelque chose… Ne mens pas, l’autre mec t’a balancé. Je te demande ce que c’est et où il se trouve. Si ta caboche n’est pas capable de s’en rappeler, je me ferai un plaisir de l’aider, si tu vois ce que je veux dire… alors parle.

Il faisait bien entendu référence au psychologue, même s’il ne savait pas que ça s’appelait comme cela. Il laissa le temps quand même à Pul de réfléchir. Il était saisit de panique et cela se voyait. Il se faisait presque dessus à l’idée de ce que pourrait lui faire une créature du Royaume Obscur s’il ne répondait pas ou s’il répondait à côté. Il bredouilla une phrase inintelligible :

- Je… je… je vpfchtss… En fait… y’a… vpchtf… et chitch… je… je… me tapez pas !

- À dire n’importe quoi, c’est pas l’envie qui me manque… ALORS PARLE !

Il avait utilisé sa voix puissante pour faire résonner les tripes de Pul qui s’urina dessus. Seule la vue vint déranger Howl en voyant le pantalon de mouiller.

- Quelle horreur…

C’était peut-être le bon moment pour le « bon flic » d’entrer en scène.

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[Quête avec Nedru] Je suis fan.

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