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Allez, encore une p'tite dernière... [PV Ed Free et Alan Kesey]

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Kala Kourou
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MessageSujet: Allez, encore une p'tite dernière... [PV Ed Free et Alan Kesey] Allez, encore une p'tite dernière... [PV Ed Free et Alan Kesey] EmptyLun 6 Aoû 2012 - 15:36
« Mais mec, allez, viens ! On va bien s'amuser ! Et c'est moi qui invite en plus ! T'auras qu'à inventer une excuse à tes vieux ! »

« Borf, j'sais pas, j'ai pas trop envie... Et puis, je suis jamais allé dans une boîte. Et je danse comme un pied. »

« Rooh, on s'en fout de ça ! Allez viens, s'tu veux, comme je sais que tu descends bien les paquets de clopes, je t'en payes un. Et on rajoute ça à autre chose, mais tu verras ! »

« Hmm... Tu sais mettre les gens dans ta poche, toi. Bon, quand je rentre, je t'envoie un SMS pour te dire que c'est OK. »

« Voilà ! Enfin j'te retrouve, mec ! »

Sahel m'avait saoulé pendant toute la sainte journée. Pendant TOUTE la journée. Il avait commencé à 8h00, l'heure où il ne fallait jamais me réveiller. Surtout pendant les vacances. Il était venu chez moi, y était resté le matin et était mangé le midi. Puis il était resté avec moi quand je suis parti sur Paris. Il m'avait même suivi dans les quartiers louches, lui qui n'aimait pas trop ce genre d'endroits. Et dire que j'avais fais exprès d'aller là-bas, juste pour qu'il pouvait me foutre la paix. Mais il avait tenu bon et avait finalement eu ce qu'il voulait depuis le début : m'inviter à aller en boîte. Pff, je n'aimais pas trop ce genre d'endroit mais je m'étais dis que j'allais y rester une demi-heure, trois quarts d'heure pas plus pour lui faire plaisir et que j'allais m'éclipser après. Je verrais bien ce que je ferrais ensuite. J'ai dû trouver un pote qui pouvait m'héberger pour cette nuit, au cas-où. J'ai appelé Maxime, un gars qui était sur son ordi H24 et il m'avait répondu que ses parents seraient pas là. Une aubaine, quoi. J'ai dû appeler ses parents pour leur prévenir et je les ai passés aux miens pour qu'ils s'arrangent ensemble. Enfin, je descendis dans ma chambre pour préparer mes affaires et partais de chez moi. En attendant que Sahel vint me chercher, j'avais joué avec Max et regardé des Saw que j'avais pas vu depuis un moment. Puis, une heure avant le rendez-vous, je commençais à me préparer. Je me mis sur mon 31 et je fixais mes cheveux avec de la laque. Le gel, ça donnait des pellicules.

« Et Myriam, elle est au courant que tu pars en boîte sans elle ? », me disait Max avec un ricanement.

« Non, elle est partie en Allemagne pour les vacances... »

Elle me manquait en plus... Enfin.
« How We Kill Stars » se fit entendre et je décrochais mon portable. Sahel m'attendait au métro. Dix minutes plus tard, je le retrouvais accompagné avec une fille que je n'avais jamais vu auparavant. Mignonne... Mais elle m'intéressait pas.

« Julie, voici Kala. Kala, Julie. »

Je lui fis la bise, puis nous nous engagions dans le métro. Une heure plus tard, on était arrivés. Le « Batofar », qu'il s'appelait. M'ouais, il m'inspirait pas trop. Enfin. Sahel me poussa à l'intérieur. Le videur nous regarda mais reporta toute de suite son attention devant lui. Vu la manière dont je m'étais fringué, je paraissais plus vieux que mon âge. Sahel et sa copine aussi paraissaient aussi plus vieux. Mais peut-être que Julie n'avait pas DU TOUT notre âge. Enfin, je n'en fis rien.
Une abomination remplissait mes oreilles lorsque j'étais rentré : il y avait de la musique techno. Tout ce que je détestais. Je criais à Sahel que je voulais partir mais la musique était trop forte et je le perdis de vue rapidement, il y avait trop de monde. Il fallait que je m'assoie, je repérais une chaise vide au comptoir. Le barman me demanda si je voulais boire quelque chose. J'avais chaud, alors je lui ai demandé de l'eau. Il m'a ri au nez et il m'a servi. Ben quoi ?

Un quart d'heure plus tard, Sahel vint vers moi et me tendit un verre avec une substance non-identifiée à l'intérieur.

« C'est quoi ça ? »

« D'la bière. »

« Ah. Ok, j'veux bien. »

Je pris le verre et je bus cul-sec. Peu après, j'étais pris de légères vertiges. Je me sentais pas bien mais en même temps, j'avais envie d'un autre verre.

« T'es sûr que c'est de la bière ? C'est différent... »

« C'est sûr, c'est du whisky. »

Je voulais me mettre en colère contre lui parce qu'il m'a fait boire de l'alcool sans que je sache mais il y avait un blocage et je lui répondis juste :

« Tu fais chier... »

« Ooh, sois pas râleur. Tu veux un autre verre ? J't'ai dis, c'est moi qui invite ! »

Après une longue hésitation, je secouais ma tête en signe d'approbation et Sahel demanda un autre verre. Je bus encore cul-sec. Il m'avait dit que j'allais être rapidement bourré si je continuais à faire ça mais comme réponse, je lui disais « un autre ».
Une heure plus tard, je ne savais pas où j'étais. Ah si, j'entendais au loin de la musique électro. Tout me paraissait lointain et flou. Je sentis du cuir sous ma main, j'étais sûrement sur une espèce de canapé. Une fille s’asseyait à côté de moi et me parlait. Je n'avais pas la moindre idée de ce qu'elle disait. Je tournais la tête pour la regarder et elle m'embrassa. Si j'avais pleinement le contrôle de mon esprit, je l'aurais baffé ou je me serais tiré. Mais là, l'alcool prenait les rennes et j'abandonnais mon corps. La fille se leva et me tira par la main pour arriver aux toilettes. Elle ferma la porte et me mit contre le mur. Elle m'embrassa de nouveau et se baissa. Puis, je ne me souvenais plus trop... Je savais qu'après, j'étais sorti des toilettes et Sahel m'avait rejoint devant le comptoir et me tira lui aussi par la main pour sortir. Et je ne sais plus comment, nous étions arrivés chez Max et il me déposa sur le canapé et je crois et je ne sais plus quand aussi je me suis endormi... Mais je l'ai fais.

-------------------

Je m'éveillais à Dreamland avec du vent. J'avais un peu froid, et pour cause, j'étais seulement en caleçon. Avec une cravate aussi. Noir et rouge.
Je n'étais pas « vraiment » surpris parce qu'on m'avait dit qu'il y avait un royaume où tous les bourrés se retrouvaient. Délirium City, si je me souvenais bien. Et on était presque à poil. Je regardais mon bras et je vis mon tatouage. M'ouais, je commençais à m'y habituer. Miro n'était pas sur mes oreilles et je le mis sur sa place officielle et je lui demandais si on était bien à Délirium City.

« Tout juste, mon con. On y est. Mais là, on est sur un gratte-ciel donc t'as intérêt à bouger si tu veux pas avoir des débris de nuages. »

Je levais ma tête et vis un bras provenant du building gratter les nuages. Je courrais alors, avec une expression d'ahuri, vers le précipice et je sautais. Le vent me fouettait le visage, ce dernier ressemblait aux tronches des chiens quand ils passent la tête par la vitre d'une voiture en marche. A vingt mètres du sol, je m’englobais dans une bulle d'air et ma chute se ralentissait. Et je fis éclater la bulle à un mètre et je me réceptionnais sur mes pieds. Puis, je regardais autour de moi : il y avait beaucoup, beaucoup de monde. Il y avait Sahel aussi, qui se promenait dans la rue en face mais qui ne semblait pas prendre conscience qu'il y avait une Créature des Rêves volante qui passait juste au-dessus de lui. Ce n'était donc pas un voyageur, il rêvait seulement.
Malgré le surplus de monde, je pouvais aisément me promener dans les rues de Délirium City. Mais que ne fut pas ma surprise lorsque que je tournais dans une ruelle de reconnaître une certaine personne et qu'elle venait vers moi. Et je ne pouvais pas me tromper : chevelure blonde, lunettes de soleil (même s'il n'y avait pas de soleil à proprement parlé) et panneau de signalisation... Aucun doute, c'était le frère de Clem, Ed Free.

Et
shit.
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MessageSujet: Re: Allez, encore une p'tite dernière... [PV Ed Free et Alan Kesey] Allez, encore une p'tite dernière... [PV Ed Free et Alan Kesey] EmptyJeu 9 Aoû 2012 - 18:16
Certaines personnes n’ont pas besoin de se bourrer la gueule jusqu’à ce que l’alcool ressorte de l’estomac, ou fumer jusqu’à rivaliser avec une cuisine de vieux beauf russe en plein hiver, pour rejoindre les terres de Delirium City, perpétuellement en proie à une folie parfois frappante, souvent malsaine, souvent morbide, mais jamais douce. Fantastique introduction pour révéler que oui, aujourd’hui, j’étais allé à Délirium City de mon plein gré sans avaler des substances qui transformaient la Terre en auto-tamponneuse géante. Ça ne m’empêchait pas d’être aussi peu habillé comme le voulait la coutume de tous ceux qui franchissaient en s’endormant les frontières tarées du Royaume préféré des Voyageurs. Vêtu d’une simple paire de tong verte militaire et d’un maillot de bain à fleurs bleu, je disposais comme toujours de mon panneau de signalisation qui était maintenu par une gaine en cuir marron qui faisait le tour de mon torse, et mes impondérables lunettes de soleil qui assombrissaient ma vision. J’étais plutôt distingué pour une fois, si on pouvait dire que distingué était une moitié de tenue (Vacances oblige, certainement). A Délirium City, porter des sous-vêtements était la mode habituelle et éternelle ; je supposais qu’avoir un maillot de bain me rendait particulièrement chic. Dans un Royaume où les notions de la mode consistaient à se fourrer un pantalon dans le cul et un caleçon sur la tête pour arranger sa coiffure, je pouvais décemment dire que je m’en étais particulièrement bien tiré. Offre spéciale car je ne m’étais pas endormi dans un coma éthylique que ferait le tour sur Facebook en quelques heures, avec trois Like et un commentaire acerbe de Maman ?

Comment j’en étais arrivé là, ou plutôt, pourquoi j’en étais arrivé là ? Ce n’était pas une colle, mais ça ne voulait pas dire que je pourrais cracher facilement la réponse sur papier. Peut-être que je voulais du fun. Enfin, pour comprendre, il faudrait se mettre à ma place et donc que j’explique le contexte dans lequel j’étais.

Tout d’abord, il fallait savoir que j’avais eu un été… exténuant. Qui ici, était la fusion d’exécrable et d’excitant. Raconter mon été serait bien trop long, mais sachez que j’ai été malmené de plusieurs façons différentes, que ça n’avait pas été très drôle tous les jours et que les implications morales qui en découlent écrasaient ma pauvre carcasse sérieusement blessée par plusieurs personnes ; écrasent encore ma pauvre carcasse, d’ailleurs. Il n’était pas rare que je me rende compte, en cherchant un verre dans le tiroir, que mes mains tremblaient comme s’il me manquait certaines substances qui m’auraient permis de me rendre à Délirium City sans passer par la case « envie ». Mais seconde partie, maintenant. Après cet été de dingue (on était toujours en été, okay, mais pour moi, la saison était terminée car je ne trouverais rien de plus incroyable pour combler mes journées que cette aventure dont je me serais bien passée), après l’action trépidante de plusieurs semaines stressantes, ne restait qu’une vaste et inextinguible lassitude, fille d’une envie d’un repos mérité et d’une peur de me retrouver dans des galères terribles. Donc, pendant une bonne dizaine de jours, je ne foutais rien. Mais rrrrien de rien. Sortir dehors était devenu un luxe que je ne voulais pas me permettre, craignant l’extérieur comme si j’avais ma bouille recherchée par toutes les agences secrètes du monde. Alors voilà, j’étais devenu une larve, redevenu une larve, se traînant dans son appartement comme un vieux fou dans sa cellule, avec pour seule compagnie un chat désagréable qui était le véritable maître de la maisonnée et qui se sentait assez important pour me défier d’écrire un article sur mon ordi quand lui se trouvait sur le clavier. Et au bout de quelques jours d’inutilité publique, je m’étais dit, inconsciemment cependant, que j’étais prêt. Que l’aventure était un souvenir. Que je pouvais souffler sans perdre les joies de Dreamland. Parce que oui, quand je dormais, mon corps de Voyageur restait désespérément dans le Royaume que je gouvernais, n’osant pas sortir des murs de mon propre territoire sous peine d’exploser.

Alors pour terminer, je dirais que c’était cette envie de reprendre une vie normale, avec ses problèmes normaux et ses combats normaux, qui m’avaient fait échouer à Délirium City, Dreamland me remerciant de mon intérêt renouvelé pour lui et me jetant au bain sans me mouiller la nuque. J’espérais juste qu’il n’y aurait pas de risque d’hydrocution.

Me promenant dans les rues bondées de Délirium City, je me rendis compte qu’il y avait une agitation différente des autres nuits, une agitation qui avait un… but. C’était ça. Quelques guirlandes de bras et de cuvettes de WC serpentaient à trois mètres au-dessus des gens, gens aux apparences disparates qui se battaient quand des forces de l’ordre (la blague du siècle, une autorité à Délirium…) les coltinaient les uns contre les autres pour laisser d’autres personnes accrochées d’autres guirlandes. Sur un panneau en bois géant, et même sur quelques néons violets, on pouvait facilement lire « Nuit du Cycle ». Ça avait un nom plutôt soft pour les habitants du coin. J’avouais tout haut, je n’avais pas grand-chose à faire, et cette histoire m’intéressait. J’avais peur de m’adresser à un des habitants qui pourrait me demander des relations sexuelles en échange de la réponse, alors j’allais tenter de parler à la milice locale (que j’avais déjà un peu tabassé une des premières fois, avec Hélène et un Lord que je n’avais plus jamais revu). Je m’approchais de leur armure de la Saint-Patrique et demandais plus de détails à propos de la cérémonie. Il me regarda avec ses grosses joues blanches pendant plusieurs secondes comme s’il cherchait un poireau sur ma gueule. Il ne répondait pas donc je reposais ma question, qui le réveilla.


« C’est la Nuit du Cycle.
_ Okay. Et ça consiste en quoi ?
_ En la Nuit du Cycle, et… ce qui est prévu de faire la Nuit du Cycle.
_ Je vois.
_ C’est une idée du fils du Maire. On l’a mangé pour le féliciter. On va dresser une énorme roue de hamster dans la ville, puis on va lâcher un hamster géant à Delirium qui devra retrouver la roue.
_ Ah. »


Il semblait que je pouvais plus développer qu’une simple onomatopée en une syllabe, mais mes réflexions partaient tellement dans tous les sens qu’elles s’entre-déchiraient pour ne laisser que cette réponse possible. Rien de très problématique. La milice rajouta juste que personne ne savait quelle route il allait emprunter.

« Il fait quelle taille, votre machin ?
_ Il paraît qu’il ferait dix mètres de haut.
_ C’est Godzilla, quoi. »
Mais oui, ça sentait pas les emmerdes. Quelque chose me disait que la ville allait être détruite, encore une fois, par les folies de ses habitants qui ne comprenaient pas que l’instinct de survie n’était pas qu’une expression dans un dictionnaire. Le gars de la milice me fit un signe du menton :
« Y a un mafieux qui veux vous parler. Il fait signe derrière vous.
_ Un mafieux ? Vous l’arrêtez pas ?
_ Pour quoi ? Parce qu’il veut vous parler ?
_ Laissez tomber. »


Je me retournai et il y avait effectivement perdu dans les ombres d’une ruelle dont je n’apercevais qu’une petite main qui sortait de là pour m’inviter à approcher. En oubliant de remercier le flic débile, je traversai encore une fois la foule de corps et m’avançai vers l’étrange gars. Décidément, j’allais avoir le droit à une nuit agitée. L’ombre disparut parmi ses comparses ténébreuses quand je m’approchai suffisamment. Je supposai que ça voulait dire que je devrais encore m’approcher et tomber peut-être dans le piège le plus débile du monde. Je soupirai. Mes lunettes ne m’indiquaient pas grand-chose, sinon mon sinistre mafieux qui se terrait un peu plus dans la ruelle à chaque pas que je faisais. Dire que j’étais à Delirium City et qu’il se passait un truc sérieux ; je ne devrais pas attendre longtemps avant qu’un événement parfaitement stupide ne vienne.

Une porte s’ouvrit, éclairant la ruelle d’un rectangle de lumière se découpant sur le sol et le mur en face. Mon inconnu pénétra dans la salle lumineuse et je fis de même. A l’intérieur, c’était moche. Presque pas un meuble sinon une large table qui occupait tout une partie de la salle avec une dizaine de Créatures des Rêves derrière, plus une petite chaise en plein milieu. Une voix rauque me demanda de m’asseoir dessus, et je m’obtempérai car je savais que j’allais les vexer si je ne leur donnais pas le cadre propice à leur discours. De toute façon, je ne craignais rien d’une petite bande de Delirium City tant que je faisais attention à mon dos, et derrière moi, j’avais fait gaffe, il n’y avait personne. Si j’en revenais à mes comparses qui m’avaient invité jusqu’ici, je pouvais facilement me rendre compte que c’était une bande de crayons faisant plus d’un mètre cinquante qui me faisaient face. Oh Mon Dieu, ne m’envoyez pas de la merde dans la figure, s’il vous plaît. Au milieu se tenaient le crayon bleu, le crayon rouge et le crayon vert (les trois couleurs primaires). Le rouge se mit à parler d’une voix grinçante.


« Free, ça fait quoi de s’être fait capturer par les pires brigands de cette ville ?
_ Vous m’avez capturé ? »
La porte par laquelle je venais de rentrer se ferma toute seule. Les Crayons ricanèrent un bon coup. Le Vert eut un sourire railleur :
« Maintenant… oui. » Oh… je ne voulais pas leur faire de peine, je me tus. Croire qu’un Voyageur de mon niveau se capturait parce qu’on dressait quatre murs autour de lui, c’était plus que du rêve. Le Bleu continua :
« Maintenant, tu ne peux plus te tailler.
_ Vous me voulez quoi ?
_ Nous voulons l’unique AE qu’il y a sur sa tête »
, répondit Rouge en fourrant un cigare dans son bec. « On te fait pas de dessin, y a pas mal de monde attiré par ta prime. On s’est dit que c’était nous qui allions le toucher.
_ C’est quoi un AE ?
_ Aucune idée, mais ça doit être fantastique. »
Un éclair de génie me traversa.
« Vous êtes sûrs que vous avez tenu la prime à l’endroit ? » Un moment de silence. Jaune sortit un papier de sous la table et le retourna. 000I AE se transforma en 1000 EV. Quelqu’un déglutit dans la salle. Bleu reprit :
« Me disais qu’ils avaient pas imprimé dans le bon sens.
_ Enfin, ça ne change rien à notre petite histoire… Tu gardes les mêmes traits. On va pouvoir te passer au taille-crayons.
_ Je vais plutôt m’échapper.
_ Essaie seulement. On lancera tous nos crayons à papiers sur toi. Et on appellera les feutres à la rescousse. Et peut-être même les boss.
_ N’appelons pas les stabylos pour rien, ils vont encore surligner toutes nos erreurs.
_ De toute façon, il est impossible de s’échapper de cette salle. »
En réponse, je me levai, fracassai la porte d’un coup de pied et me barrai en courant. Vert renâcla :
« Bon, okay, il a eu de la chance. On gomme cette histoire et on le poursuit. »

Je courrais maintenant dans les rues tranquillement. J’aurais pu les affronter et les détruire mais ça n’aurait pas été très correct. Puis ils avaient des renforts, ils l’avaient avoué tout haut. Puis aussi, je pouvais les semer sans aucun problème, alors autant ne pas chercher des noises à des mafieux qui seraient capables d’appeler au secours de la police et me tirer loin de leur quartier. Ils courraient vite les bougres (ils avaient un visage et des pieds ; pas de bras par contre), mais je réussis à les distancer en mettant le turbo.

J’étais maintenant à une bonne centaine de mètres de leur position, j’avais fait attention à bien me faufiler dans différentes ruelles, et j’étais maintenant en train de reprendre ma respiration et de marcher tranquillement, le plus normalement du monde. Voilà, une bande de bandits de crayons de couleur me recherchaient activement pas loin, mais like a give a fuck.

Par contre, je trouvai rapidement sur ma route le Voyageur albinos, celui qui traînait pas mal avec Clem ; j’espérais juste que ce crétin ne serait pas dans les parages. Kala Kourou. Je me souvenais parfaitement de son prénom car je l’avais moi-même appelé pour livrer bataille au tournoi. J’avais annoncé sa défaite alors qu’il aurait parfaitement pu monter au second tour. Je me demandais s’il m’en voulait encore. En tout cas, il semblait avoir de l’antipathie pour moi. J’allais tranquillement le dépasser et faire semblant de rien. Il pouvait très bien ne pas m’avoir reconnu, hein ? C’était parfaitement probable, allez. Alors j’allais le contourner et espérer qu’il ne me parle pas. On ne savait jamais, il pourrait avoir envie de me casser la gueule. Il était pas physiologiste, non ? Et que le panneau de signalisation accroché derrière mon dos ne lui donne pas un indice.
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Alan Kesey
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MessageSujet: Re: Allez, encore une p'tite dernière... [PV Ed Free et Alan Kesey] Allez, encore une p'tite dernière... [PV Ed Free et Alan Kesey] EmptyLun 13 Aoû 2012 - 6:05
Vous souvenez vous d’un jour, d’une semaine, où vous n’auriez pas eu échos d’une nouvelle agression gratuite ? A la télévision, à la radio ou dans les journaux, les journalistes relatent en détail – plus ils sont crus, mieux c’est – ces histoires dans lesquelles une jeune mère de famille s’est faite jeter sur les rails du métro, un gamin gentil et intelligent est passé à tabac par un autre, même pas majeur, un contrôleur de la SNCF est poignardé parce qu’il fait son travail… Et toujours la mort, la peine et la colère omniprésentes. Familles brisées placardées, vagues d’indignations éphémères… Vaste plaisanterie et au final rien n’y changera. Le lendemain, un nouveau massacre, une nouvelle agression… Jusqu’au jour où vous êtes pris pour cible et c’est la fin. Un bilan qui manque d’optimisme, certes, mais indéniable. Nous vivons une époque sombre où la perspective d’être tué, parfois sans l’ombre d’une raison, n’est à écarter pour aucun d’entre nous.

Avoir subis une fois dans sa vie une agression n’est plus exceptionnel et il serait incorrect de dire que personne ne s’en remet. Il y a quelques années de ça, alors qu’Alan rentrait du lycée, il avait été pris pour cible par une dizaine de garçons du quartier où il prenait le bus et avait été rossé et dévalisé. Maigre butin car à cette époque, le jeune garçon n’avait ni téléphone, ni baladeur MP3. Les agresseurs ne trouvèrent qu’un vieux livre qu’ils jetèrent par terre avant de piétiner Alan, dépités. Ils disparurent alors sans un mot, sous le regard indifférent des passants.

C’est sans doute cela qui énerva Alan plus que la raclée qu’il venait d’essuyer. Plus tard, il en ria même en apprenant que le garçon juste derrière-lui, qui devait avoir une douzaine d’année, avait dans son sac à dos une Xbox 360 flambant neuve. Sur le coup en tout cas, le visage tuméfié et son égo bafoué, Alan cracha au visage de tous ces connards qui n’avaient pas levé le petit doigt alors qu’il était au sol et qu’on le massacrait. Un bref passage à l’hôpital – beaucoup trop long par rapport à la gravité de ses blessures – un autre au commissariat – là encore trop long compte tenu de l’intérêt que cela eu – et Alan repris sa vie sous le regard médusé et désapprobateur des gens devant son visage tuméfié. Les garçons qui l’avaient attaqué n’en étaient pas à leurs coups et d’essais, mais cela n’était pas suffisant pour qu’ils retiennent une leçon de leur jugement. En bref, cette histoire lui avait laissé un goût amer dans la bouche et avait renforcé ce qu’il pensait de l’humanité.

_______________________________________________________________
« Somebody came into my house
and now I see him walking
that somedy gets so high
I think I hear him talking
Fonk Me!
»

Les paroles de Shaka Ponk résonnaient dans le casque d’Alan, tout sourire. Les images du film qu’il venait de voir défilées encore devant ses yeux et, dans le métro qui le ramenait chez lui, Alan fit le bilan d’une soirée plutôt agréable. Un excellent hamburger et une séance de cinéma. Le dernier Batman était à la hauteur de ses espérances. Le jeune homme consulta sa montre, d’avantage par habitude que par curiosité, deux secondes plus tard il aurait été bien incapable de dire l’heure qu’il était à ce moment. Quand le signal d’ouverture des portes retentit, Alan leva machinalement la tête des sièges vides qu’il fixait, rêveur. Deux hommes et une femme, passablement éméchés, entrèrent en titubant et en braillant assez fort pour passer couvrir Fonk Me. Le libraire qui n’était pas un grand fan de l’alcool grimaça de dégout en les observant. Les rares passagers s’écartèrent et le trio se laissa aller. Le plus vieux, qui devait être âgé d’une quarantaine d’années et à qui Alan estima une espérance de vie d’encore deux ou trois ans maximum s’approcha de lui, une bouteille de vodka à la main. Son visage rouge était un résumé de sa minable vie : beuveries et rixes. Et ses yeux vitreux étaient le reflet de son QI négatif. Quant à son haleine, Alan ne sut retenir un frisson de nausée.

- Eh gamin t’as une cigarette pour moi ?
- Non, casse-toi. lâcha Alan en retirant son casque de ses oreilles.
- Fait pas chier p’tit, file moi une cigarette !
Il secoua son doigt jaune sous le nez d’Alan.
- Envois la monnaie p’tit con !

L’ivrogne regarda ses deux comparses et plaqua son énorme paluche sur l’épaule d’Alan pour l’empêcher de bouger et expédia un mollard à ses pieds. Les passagers du métro ne mimèrent pas un geste, feintant d’être préoccupés par leur journal. Cela lui rappela un mauvais souvenir et le jeune garçon les regarda d’un air mauvais, conscient qu’il ne devait espérer aucune aide de leur part. D’un autre côté, il descendait au prochain arrêt… Avec un peu de chance, il arriverait à se débarrasser des trois déchets et finir la soirée sans pépin. Pourtant, Alan n’envisageait pas une seconde de répondre aux exigences qu’on lui imposait. Et ça ne pouvait le conduire que vers quelque chose de mauvais.

- Vas te faire foutre, connard! fit Alan en regrettant instantanément ses propos. Mais c’était plus fort que lui.

Le pilier de comptoir éclata de rire et pris ses comparses à témoins en désignant Alan comme l’exemple du candidat au suicide parfait. Il bégaya des propos incohérent, lâcha un rot parfaitement répugnant et sortis un cran d’arrêt de la poche de son veston.

- Plante-le Adrien chérie ! beugla l’énorme femme au maquillage coulant sur un visage détruit par les assauts combinés de l’âge, de l’alcool et du tabac.

Le fameux Adrien retourna l’arme entre ses mains et la glissa sous le menton d’Alan dont les yeux affichaient maintenant une certaine terreur. Il n’y avait rien à attendre du côté des autres usagers du métro dont le courage n’avait d’égal que leur courroux lors de sa potentielle future marche funèbre. Ne croisez pas route, pensa Alan bouillonnant de rage. Après son passage à tabac lorsqu’il était plus jeune, il avait fait appel à des amis membres de l’équipe de rugby qu’il fréquentait depuis qu’il était enfant. Avec eux, il avait pris soin de retrouver ceux qui s’en était pris à lui, mais aussi ceux qui ne lui avait même pas tendu la main pour l’aider à se relever. Ils regrettèrent tous très amèrement leurs actes. Dans le cas contraire, Alan s’était au moins libéré du poids de la vengeance et avait perpétré le cycle naturel de la violence. C’était toujours ça.

Les charognards des journaux locaux auraient pu, le lendemain, couvrir un fait d’hiver qui leur aurait rapporté gros. Après tout, la mort est plus vendeuse que de simples blessures. En effet, animé par une ultime monté d’adrénaline, Alan échappa au trépas. Alors qu’Adrien, soucieux de plaire à l’horreur qui lui servait de compagne, s’apprêtait à égorger aussi simplement le jeune homme, ce dernier parvint le repousser suffisamment pour que la lame balaie d’avantage l’air que sa chaire. Malheureusement, cela resta insuffisant car le poivrot, ivre autant par la colère que par la boisson, récidiva son assaut et enfonça cette fois son arme dans le ventre d’Alan dont les yeux s’écarquillèrent de surprise. Il sentit l’acier froid dans ses tripes et reconnu que la douleur n’avait rien à voir avec ce qu’il avait imaginé. C’est à peu près à ce moment là que le métro s’arrêta et que la joyeuse bande abandonna le jeune homme. La main plaquée contre son estomac, ne parvenant à endiguer l’hémorragie, il tomba à genoux et se pétrifia de douleur.

L’homme qui avait assisté à tout cela se décida enfin à jouer au héros et activa l’arrêt d’urgence du transport. Au grand damne de tous les usagers qui trouvaient cette agression terriblement malvenue, l’engin s’immobilisa et ce jusqu’à ce que quelqu’un ai la présence, pardon, la bonté d’esprit d’avertir les secours. Le corps d’Alan fut allongé sur les quais et une femme qui se présenta à lui sous le nom d’Anna lui prodigua les premiers soins qui lui sauvèrent probablement la vie. Le t-shirt Iron Maiden, recoloré en rouge, fut achevé quand Anna le découpa pour faire un bandage de fortune. Elle attendit, les mains couvertes de sang et plaquées sur l’abdomen d’Alan, sans défaillir jusqu’à ce que les sirènes du SAMU transpercent la nuit, troublant le sommeil des honnêtes gens, et que les médecins urgentistes prennent le relais. Misanthrope convaincu, Alan n’oublierais néanmoins pas qu’il devait la vie à cette Anna.

Le transport jusqu’à l’hôpital, Alan le vécut dans un état second où tout semblait passer à travers un nuage de coton. C’était une sensation très désagréable qui lui donna la nausée. Les médecins s’acharnaient à le tenir éveillé en lui parlant, mais Alan était tout juste capable de répondre par des gargouillements. Cette expérience de douleur sourde qui restait figée dans sa gorge ne lui était pas inconnue et fut assez traumatisante pour le rendre algoraphobe dans sa jeunesse. Depuis qu’il avait vaincu sa peur, le jeune homme était attiré de façon morbide par la douleur et se posait des questions sur son impact sur la psyché. Loin d’être devenu masochiste, il s’était toutefois surpris à souhaiter expérimenter de nouvelles douleurs pour en comprendre les méandres. La curiosité d’Alan lui coutait cher cette nuit-là.

Admis au service des urgences, le libraire fut rapidement pris en charge par le service de chirurgie qui mit ses jours hors de danger. La blessure était profonde, mais le couteau n’avait touché aucun organe vital. Alan, qui n’avait pas été endormis pendant l’opération de peur de créer des liaisons, trouva l’expérience forte intéressante d’après les médecins qui le virent plus tard. Quand il l’apprit, Alan éclata de rire et faillis rouvrir la cicatrice qui ornait dès lors son bas-ventre. Pour l’heure, il devait se reposer et reprendre des forces. On l’installa dans une chambre, placé sous perfusion et pour calmer la douleur qui lui arrachait des cris rauques, les médecins lui administrèrent même une petite dose de morphine, juste assez pour qu’il fasse de baux rêves argumenta le Dr L. Xatif. Le visage hagard, les yeux injectés de sang, Alan Kesey sombra.

Lorsqu’il rouvrit les yeux, il ne fut pas surpris d’être à Dreamland et que le paysage autour de lui défie à la fois l’imagination et la gravité. Ce ne furent pas les visages loufoques ni les activités au moins aussi étranges que dangereuses qui le firent tiquer. Ni même les cris, les propos sans queue ni tête ou le désordre ambiant. Parce qu’avant tout, Alan n’était habillé que d’un caleçon noir à motif de smiley souriants beaucoup trop grand. Et d’une paire de sandale en bois retenue par des lanières en tissue comme les gettas japonaises. De plus, autour de lui tout le monde semblait habillé de sous vêtements, de modèles différents certes, mais aucun pantalon ni chemise. Alan n’avait aucune idée de l’endroit où il pouvait être, mais décida de se promener pour en apprendre plus.

L’agitation générale rappela à Alan la foule des centres commerciaux et il choisit de se déplacer dans les rues peu fréquentées où il ne serait pas à tout bout de champ interpelé pour servir de cible humaine, pour servir de diner à la Créature ou encore pour discuter avec Marguerite qui cherchait des partenaires fougueux. Les gens d’ici semblaient avoir au moins un point commun : ils étaient tous frappa-dingue. Pas la douce folie, le haut niveau. Un monde anarchique où chacun serait son propre dictateur. D’un autre côté, Alan était particulièrement furax et l’emmerder n’était pas la meilleure chose à faire vu les circonstances. Dans les ruelles plus sombres, ceux furent d’étranges créatures qui lui attrapèrent le coude faute de manche. Un vendeur de hot-dog dont le collier était fait en lames de rasoir. Une énorme femme coiffée d’une coupe afro et affirmant prédire l’avenir. Un homme à l’allure de sardine qui proposait des tatouages très spéciaux. Un colosse lui proposant des entrées dans un club très select, avec une voix de castrat… Rien de très rassurant en sommes.

Assis sur un tabouret à trois pieds, Alan aperçus un étrange individu. Il l’était même par rapport au reste des lieux, surtout parce qu’il ne faisait rien de particulièrement étrange. Un paradoxe que remarqua Alan et qui lui indiqua qu’il était sans doute lui-même contaminé par la folie ambiante.

- Où suis-je ? lui demanda Alan en le saluant de la main.
- Chez les ivrognes, les drogués et les malades mentaux. répondit l’homme qui, après coup, ressemblait beaucoup à un lapin géant.
- Mais je ne veux pas allez parmi les ivrognes et les drogués, fit remarquer Alan.
- Impossible de faire autrement, nous le sommes tous ici. Je suis fou. Tu es fou.
- Comment sais-tu que je suis fou ?
- Tu dois l’être, autrement tu ne serais pas venu ici.

L’homme avait sans doute raison car le raisonnement lui paru totalement logique, même s’il n’était pas sans lui rappeler l’œuvre d’un certain Lewis Carroll. Alan le remercia et poursuivit son chemin. Par une magie propre à Dreamland et sans doute à cette ville étrange, Alan déboucha rapidement dans une artère bondée où le désordre tenait lieu et place de logique. Les uns et les autres se rentraient dedans, quelqu’un creusait des trous qu’un autre rebouchait immédiatement, un autre encore dessinait des trompes l’œil de crevasses et ceux qui n’y prenaient pas garde y tombaient Pour passer le temps, il décida de jouer au mouton et suivit la foule. Ce n’était pas évident à remarquer, mais tout le monde ou presque se dirigeait vers le centre de la cité d’où s’échappaient feu d’artifice et boulet de canon humain. De temps en temps, il voyait surgir un homme de sous terre ou tomber du ciel. Alan avait mal à la tête et cette nuit encore ne s’annonçait pas comme calme.

Lorsqu’apparurent une dizaine d’individus, tous en slip mais munis de casque, s’attaquant aux autres en effectuant de violent plaquage, d’autres vêtus d’armures toutes identiques réagirent et se mirent à attaquer ceux qui étaient encore debout. Cela ne surpris néanmoins personne. Et ceci non plus ne surpris pas Alan. Pourtant, il l’apprit plus tard, ces hommes en armures étaient les forces de l’ordre de Délirium City. Un endroit infiniment pire que Sin City.

Pris pour cible par les deux camps, le jeune garçon se mit à riposter en se dégageant pour se mettre à l’abri. Au loin, Alan aperçu une lueur d’espoir. Un panneau d’indication – chose qu’il n’avait pas vu depuis son arrivée ici – qui pourrait peut-être le sortir de cet endroit démentiel. Par un effet de foule complètement disproportionnée, toutes les personnes présentent se mirent à courir à ses côtés en scandant des encouragements à un certain Alex que certains, toutefois, soupçonnaient d’avoir volé une orange. Ce dernier, maquillé comme les membres du groupe Kiss et habillé d’un simple slip blanc crème assena à Alan un coup de canne dans le genou. Le jeune homme tomba et entraina dans sa chute plusieurs dizaines de personnes alors que ceux qui n’étaient pas tombés leurs sautèrent dessus pour former une pyramide humaine plus instable que de la nitroglycérine pure.

Rampant à travers un enchevêtrement de corps, Alan entendit quelqu’un chanter le dernier album de Kylie Minogue. Quand enfin il put respirer à nouveau, Alan se remis à courir en rasant les murs alors qu’il voyait le panneau s’éloigner petit à petit. Quelque chose sortit alors de terre et lui agrippa la cheville avant de le propulser avec perte et fracas vers la cible. Des entrailles de la terre, tout le monde put entendre un être hurler Strike alors que des bornes incendies s’échappaient un cocktail alcoolisé baptisé le Russe Blanc. Avec l’énergie du désespoir, prêt à tout pour quitter cet endroit, Alan s’agrippa au manche du panneau sans se rendre compte qu’il était lui-même attaché à quelqu’un d’autre.

Dans un coin sombre, le moteur d’une mobylette gronda alors que derrière ses lunettes de motard, un homme riait. Ce dernier replaça correctement son slip en cuir noir et fit vrombir son engin d’avantage.

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Kala Kourou
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MessageSujet: Re: Allez, encore une p'tite dernière... [PV Ed Free et Alan Kesey] Allez, encore une p'tite dernière... [PV Ed Free et Alan Kesey] EmptyMer 15 Aoû 2012 - 23:06
Ed Free marchait, silencieusement. Il pensait qu'il avait mieux à faire que de me parler. Mais j'avais des choses à lui dire. Des choses à lui reprocher, ce salaud. Ok, je tirais un trait sur la nuit où Clem et moi avions failli crever. Mais il avait osé donner la victoire à ce sale roux avec son papillon, alors que c'était clairement moi qui avait gagné ce putain de combat. Se faire battre aux éliminatoires, c'était pire que de l'humiliation (mais qu'est-ce qui pouvait être pire ?..).
Il marchait et, d'après l'expression de son visage, il comptait me contourner. Alors qu'il était au même niveau que moi, je lui mis un croche-pied. Un beau, un très beau. Très très beau. Simple, efficace, radical. Et rapide aussi. Il courait assez vite. Mais j'avais mis mon pied au très bon moment. Je me mis en tailleur et le contemplais, affalé sur son ventre comme il était :

« Alors Eddy, content de me voir ? Naaaaaaaan... J'crois pas. En tout cas, moi si. Tu comptais faire quoi ? Te barrer alors que tu m'avais clairement vu ? Tu croyais que j'allais te laisser faire ? »

Et je rigolais pour ponctuer ma tirade, qui était super bien trouvée. Je remarquais alors une main tenir l'extrémité de son panneau de signalisation. Je me demandais si c'était cette main ou mon croche-pied qui l'avait fait tomber. Mais je ne pouvais que m'en réjouir : qu'importe qui l'avait fait tomber, même si je restais sur le fait que c'était moi qui l'avait fait, en tout cas, ça avait eu l'effet que je voulais. Pour une fois, je laissais mon côté « dominateur » m'envahir. Purée, ce que c'était bon ! De se sentir puissant. Même pendant quelques secondes. Du moment qu'on avait eu notre moment de gloire.

« Donc. Qu'est-ce que tu fais là ? C'est vraiment une aubaine que je sois tombé sur toi... »

Je tournais ma tête et vis tout une foule se diriger vers nous, avec une tonnes de visages d'abrutis finis. Je pris rapidement peur et mon regard passait de Ed à la foule plusieurs fois. Je lui sauvais la vie ? Ou je le laissais en plan ? C'était un cruel dilemme mais que je résolvais très rapidement en créant une bulle d'air assez grosse pour que je puisse m'y asseoir, puis je m'envolais à quelques mètres du sol. Et je lançais à un Ed sûrement dépité :

« Bon, je te laisse. J'ai bien envie de te voir crever, tiens. Juste pour faire plaisir à Clem. Ensuite, je récupérai ton corps incognito et je l'échangerai contre ta récompense. Tout simple. Trop facile. Allez Ed, fais-moi plaisir et donne-moi du spectacle. J'en ai envie, surtout venant de toi ! Yeah ! »

Et je tapais dans mes mains. J'étais vraiment heureux, dommage que Clem n'était pas là voir ça.
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MessageSujet: Re: Allez, encore une p'tite dernière... [PV Ed Free et Alan Kesey] Allez, encore une p'tite dernière... [PV Ed Free et Alan Kesey] EmptyJeu 16 Aoû 2012 - 17:04
Dans la vie, rien n’était simple. Mais comparer la vie à une virée dans Delirium City, c’était comparer Pong avec Baldur Gates. Dans la vie, jamais je n’aurais été agressé par une bande de crayons mal taillés pour terminer avec une foule totalement sortie à l’improviste d’une ruelle, fuyant comme le diable en personne si seulement elle savait à quoi il ressemblait. Dans la vraie vie, dans la réalité normale, on m’aurait demandé une clope. Alors, je devais avouer que le level, là, sérieux, il était pas vraiment tenu. Il paraissait que Delirium City était considérée comme le Royaume préféré des Voyageurs. Je ne savais pas qui exactement s’était occupé du sondage, mais il avait dû prendre un échantillon totalement abruti, ou avait effectué ses questions dans la vie réelle, quand Délirium City n’était que la récompense à ceux qui se déchiraient avec tous les produits qui leur tombaient sous la main, de l’herbe importée d’Amérique du Sud jusqu’à la colle hongroise. Parce que quand vous étiez Voyageurs dans le Royaume en question, vous ne jouiez pas les malins. Alors okay, c’était marrant de voir les immeubles bouger, mais quand vous étiez en-dessous, déjà, vous vous disiez qu’un documentaire aurait été finalement plus sympa pour découvrir la ville. Les habitants n’avaient pas de mœurs et cherchaient avec opiniâtreté à en avoir quitte à les laisser tomber le jour d’après, avec autant de réussite que si un robot tentait d’imiter des sentiments amoureux avec un rouleau de papier chiottes. Les habitants vivaient comme ils voulaient. On disait que la liberté n’avait de limite que la liberté des autres individus. Les autochtones de Délirium City adoraient le genre de libertés qui crevaient celles des autres comme des bulles d’eau.

Donc, maintenant que j’avais passé la terrible épreuve des crayons et que je me décidais à contourner Kala, je savais qu’une foule énorme venait tout simplement de jaillir dans la rue adjacente, un véritable geyser de corps échappé d’une place purulente de la cité, avec en leur tête un type qui s’agrippa à mon panneau de signalisation comme un noyé à une bouée de sauvetage. Le poids combiné de ce type, plus un obstacle soudain devant mon pied, me forcèrent à atterrir sur le bide après une perte d’équilibre. L’air s’échappa rapidement de mes poumons tandis que j’entendais Kala d’un air triomphant se brosser la bite. Bon sang, en fait, il était vraiment haineux envers moi, et ça ne datait pas du tournoi. Parce que dès le début du premier match, il avait tenté d m’invectiver agressivement avant que je ne sonne le début de l’affrontement. Je ne lui en avais pas tenu rigueur, mais maintenant que j’étais à ses pieds avec un gogol sur le dos qui avait certainement provoqué toute la pagaille de la foule (les Voyageurs abrutis et maladroits, ça se sentait, surtout quand vous étiez vous-mêmes un Voyageur abruti et maladroit), je me demandais d’où il tenait toute sa haine envers moi. Je ne lui avais rien fait, à ce que je sache, jusqu’à ce que je décide après son combat qu’il devait être perdant. Enfin, il n’y avait pas vraiment besoin d’aller plus chercher loin que cette hypothèse : s’il était pote avec Clem, alors ce dernier avait dû lui retourner la tête en lui expliquant à quel point j’étais un affreux nazi barbare qui avait dévoré mon chat à l’âge de cinq ans, délinquant scolaire totalement abruti, la honte familiale qui avait poussé mon père à me faire exiler à Montpellier. Je voyais pas mon frère dire à Kala que j’étais un super-héros ainsi qu’un grand frère admirable. Déjà, certes, parce que ça serait faux.

Mais tandis que la foule approchait à grands pas de moi et de mon nouvel ami, Kala disait qu’il allait prendre la récompense sur ma tête dès que je me serais fait écraser par le rouleau compresseur. Ouaoh, il pétait plus haut que son cul, lui. Depuis quand il pensait qu’on était ennemis ? Je le connaissais pas ce foutu mec ! Je l’avais juste vu avec mon frère et au tournoi ! Il croyait que moi aussi, j’avais une certaine rancœur envers lui ? Qu’on était censés être des ennemis ? En tout cas, si on ne l’avait pas été avant, il allait se recevoir mon poing en plein dans sa trogne. Je savais pas s’il était puissant ou pas, mais je pouvais facilement contrer sa seule technique dangereuse, alors je ne m’en faisais pas. Il avait décidé de s’envoler en se posant sur une bulle d’eau et il lévitait tranquillement en m’avouant qu’il faisait un peu ça pour Clem. On en était là, connard.

Malgré le poids du Voyageur sur mes épaules, je me relevai en un éclair. La foule grondante était toute proche. Au lieu de me faire poursuivre comme un abruti, je demandai au gars derrière moi (un Voyageur selon l’aura qu’il dégageait ; merci mes super lunettes) de bien s’accrocher. On allait faire style bébé et maman koala mais la survie était à ce point. Je fonçai vers les bâtiments qui nous entouraient. Je sautai en faisant hurler mes jambes, pris appui sur une fenêtre du premier étage, fis un nouveau bond aussi haut, atterris sur la rambarde de l’étage supérieur et enfin, arrivai au toit. Une paire de portails aurait pu facilement me tirer de là, mais comme j’envisageai de me frotter à un Voyageur expérimenté, je préférais autant les conserver pour l’avenir. Puis à Délirium City, il valait mieux ne pas gâcher son pouvoir comme un abruti. Ce fut en tout cas de cette manière que j’arrivais au toit plat de l’immeuble, à hauteur de Kala et de sa petite bubulle ridicule. J’aurais pu la lui faire éclater mais je préférais déjà qu’il comprenne à quel point j’avais pas aimé sa plaisanterie.


« Hey, elle était cool ta revanche. Un petit croche-pattes de primaire. Et après ? C’était tout, ou tu vas me tirer la langue ? » Un petit silence où je me rendis compte que j’avais toujours l’autre crétin de Voyageur derrière moi. « Je pense que tu peux me lâcher, là ? »

Ce n’était pas tant une remontrance que pour lui dire que j’allais arrêter de tenir ses jambes. Sauf qu’avant que je puisse libérer ses cuisses de mes bras, je sentis une cartouche me percuter l’épaule droite. Je fus surpris, mais la cartouche en verre explosa sans me faire le moindre mal. Par contre, une très forte odeur vint me piquer le nez, explicitée par une fumée orange beige qui s’imprégna littéralement dans mes vêtements pour me coller à la peau. Je pus même voir que la fumée englobait mon inconnu, sans savoir si elle l’avait, comme moi, « contaminée ». Après avoir finalement lâché mon gars, je tournais rapidement ma tête en arrière, mais je ne vis personne. Qui m’avait tiré dessus, et pourquoi ? Je repérai rapidement l’odeur : de l’avoine. Mais pourquoi on tirait sur les gens avec des cartouches d’avoine ?

__

Le moustachu à chapeaux avait fait son office. Il se dépêcha de s’enfuir, son fusil encore chaud dans les mains, descendit des escaliers et partit dans une autre rue. Vêtu d’un long manteau, il avait assez de présence pour faire passer un politicien pour un gamin de primaire timide. Il allait téléphoner à son supérieur tandis qu’il croisa un marchand de glaces. Il lui commanda un bâtonnet à la fraise malgré son air bourru et sa petite moustache à la mercenaire, et il commençait à la laper quand il composa le numéro du boss. Une tonalité, deux tonalités, trois tonalités. C’était toujours trois tonalités avec le boss :


« Patron ?
_ Vi ?
_ J’ai visé un Voyageur comme demandé. »
Il avait voulu tirer sur l’Hydrophobe, mais comble de chance, un autre Voyageur s’était interposé. Alors feu, que vouliez-vous ? Il devait juste tirer sur un des Voyageurs présents dans Delirium City, pas sur quelqu’un en particulier.
« C’est bien. On va pouvoir lancer le hamster maintenant. Pas un mot au Maire.
_ Je ne comptais pas parler au Maire de toute façon.
_ Il complote. »


Le mercenaire entendit à l’autre bout du fil un combiné qui se raccrochait. Le Maire complotait, c’était normal. C’était comme ça qu’il s’était fait élire, par une des lignes de son programme qui disait qu’il n’hésiterait pas à comploter pour gagner de l’argent. Enfin, ce n’est pas comme si un Maire servait à quelque chose dans cette ville de dingues. C’était juste un titre plus qu’un rôle. Pissenlit, c’était le nom du mercenaire, croqua finalement dans sa glace. Il adorait la glace. Ça allait être le bordel bientôt en ville. Parce que le hamster géant n’irait jamais vers la roue géante dressée pour lui, il fallait l’attirer. Donc on avait parfumé un Voyageur pour qu’il attire le monstre avec lui. Simple comme bonjour. Fallait juste espérer que le Voyageur connaisse son job. Pissenlit tourna à une autre rue, et se demanda soudainement si la proximité de l’autre Voyageur – pas l’Hydrophobe, le troisième larron, n’avait pas été imprégné de l’odeur aussi. Parce que deux appâts, ça allait avoir des conséquences terribles. Bon, il fallait attendre que le hamster soit lâché maintenant, ça ne devrait plus trop tarder.

__

Le Maire complotait. Sa tête aussi grosse que son corps, il restait petit, les cheveux blonds coiffés, et il complotait. On pouvait dire de quelqu’un qu’il complotait quand on le voyait tourner en rond dans son bureau en prenant un air constipé. Il ne voulait pas de ce foutu hamster dans sa ville, alors il avait décidé de l’abattre. Et d’engager quelqu’un pour l’abattre. D’ailleurs, ce quelqu’un n’allait pas tarder à arriver. Il fallut attendre cinq minutes pour que son domestique lui avertisse de la présence. Le Maire se dépêcha d’aller derrière son bureau et de prendre l’air sérieux. Il n’y arrivait pas du tout. La porte s’ouvrit, mais le Maire ne vit personne entrer. Il attendit une minute angoissante, car s’il ne voyait personne dans la pénombre dans laquelle son bureau était plongé, il entendait parfaitement les bruits qui le parcouraient. Il aurait engagé un fantôme ? Quelque chose se posa contre son bureau. Il prit ça comme une invitation à tout déballer :


« Je vous ai appelés car on m’a dit que vous étiez le meilleur. C’est mon fils qui a eu cette idée, mais je ne suis pas d’accord. Tuez-moi ce hamster géant. Pour se faire, je vous fournirais tout ce dont vous avez besoin. » Résumé terrifié, donc écourté. Une voix nasillarde lui répondit :
« Vraiment tout ? »
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MessageSujet: Re: Allez, encore une p'tite dernière... [PV Ed Free et Alan Kesey] Allez, encore une p'tite dernière... [PV Ed Free et Alan Kesey] EmptyJeu 23 Aoû 2012 - 1:26
Être dépassé par les événements, à Délirium City, n’est qu’une question de temps. Plus qu’une fatalité, c’est une nécessité. Rester entier révélant déjà de l’exploit, tenter de garder le contrôle de la situation est tout simplement utopique et se compare à vouloir maintenir la barre lorsque la tempête se déchaine. Pure folie, absurdité totale : le ciment et les fondations qui composent Délirium City et qui la maintiennent dans cet état de destruction et de création simultanée. Seuls les natifs de cette véritable Gomorrhe onirique – quel amusant paradoxe – ne semblent pas conscients de cela. Peut-être n’ont-ils jamais eu l’occasion de comparer ? Ou peut-être que la citée, munie d’une volonté propre, était capable d’influencer la santé mentale des imprudents qui l’habiteraient trop longtemps, à la manière de Gotham… Plus tard, Alan songea que cet endroit était sûrement la capitale du crime de Dreamland, même si la civilité n’avait pas lieu d’être ici-bas. Pourtant, même derrière le chaos le plus désordonné, il est censé être régis par certaines lois propres à lui. Une intéressante théorie que le jeune homme n’avait toutefois pas le temps d’approfondir en les circonstances.

L’espace d’une seconde, il s’était vu piétiné par une foule en délire – quel amusant pléonasme – et mourir broyer pour finir en steak haché. Une vision peu alléchante qui ne manqua pas d’offrir à Alan un regain d’intérêt pour son instinct de survie. Peut être bien la seule chose sur laquelle vous pouvez compter dans le Royaume des fous. Nous ne sommes ni à Gomorrhe ni même à Gotham, mais bel et bien dans le fabuleux asile d’Arkham ! Libraire jusqu’au bout des ongles, le jeune homme ne manqua pas de souligner que le Seigneur des lieux pouvait très bien être Cthulhu en personne. Alan referma la page sur Lovecraft et se concentra d’avantage sur le fait que d’une façon ou d’une autre, le panneau indicatif lui avait sauvé la vie. Jusqu’à la prochaine menace. Quand il rouvrit les yeux, terrifié par la spectaculaire ascension qu’il venait d’effectuer, il remarqua enfin que derrière ce panneau il y avait un homme. Auquel il était suspendu comme un jeune phacochère à une branche de cerisier. Loin d’être remis du choc, Alan ne considéra même pas une seconde l’éventualité de le lâcher et de recouvrir un peu de dignité.

- Hey, elle était cool ta revanche. Un petit croche-pattes de primaire. Et après ? C’était tout, ou tu vas me tirer la langue ? Je pense que tu peux me lâcher, là ?

Le dos venait de parler. Alan esquissa un regard, mais ne vis pas à qui d’autre que lui son sauveur pouvait s’adresser. Pourtant, il n’avait pas rien fait de tel… Cela lui permit au moins de réaliser que ses mains étaient toujours crispées sur la peau nue de l’homme et qu’il se comportait comme les blondes dans les films d’horreur, autant dire que son égo en pris un coup sec sur le museau. Il n’était plus à une humiliation près, maintenant. Et pour le moment, il ignorait qu’il se trouvait sur un immeuble qui, d’une seconde à l’autre, pouvait s’effondrer comme un château de cartes. De fait, il se sentait relativement bien. Heureux les imbéciles…

- Je sais pas ce qu’il s’est passé, mais j’en suis désolé. En tout cas, merci de m’avoir tiré de ce bor-

Encore une fois, l’esprit frappeur de Dreamland empêcha Alan d’être grossier et il fut brusquement interrompu par une attaque lacrymogène. Une curieuse fumée les enveloppa en un instant et une odeur familière se glissa dans les narines d’Alan qui n’arrivait pas à mettre un nom dessus. En tout cas, ce n’était pas très agréable. L’homme à qui Alan devait la vie s’ébroua et il chuta lourdement sur ses fesses. Le ridicule de la situation ne lui échappa pas, contrairement à la raison de cette singulière agression. Qui lui rappela que son estomac n’était pas satisfait après un simple menu Royal avec deux CBO, une boite de neuf nuggets de poulets et un litre et demie de coca. Pour dire tout ça, il gargouilla. Et Alan compris.

Comme à son habitude, le jeune homme gratta sa barbe naissante comme il le faisait chaque fois qu’il était perturbé – et qui, du moins s’en était-il persuadé, lui donnait un air viril – et se massa l’estomac en remarquant pour la première fois une nouvelle cicatrice qui s’ajoutait à sa collection. Cette dernière était visiblement plus récente, mais aussi plus propre que les précédentes. Bien sûr, il gratta. De là à parler de psychorigidité, il n’y a qu’un pas. Allégrement bondit par un Alan à l’esprit plus mécanique que les robots d’Asimov.

- Simple question : ça arrive souvent ce genre de chose ? Au fait, moi c’est Alan.

Ce disant, le garçon s’était approché de l’inconnu en lui tendant la main droite. Il avait l’air plus vieux que lui et surtout, absolument pas surpris. L’homme devait avoir une certaine expérience de Dreamland et Alan se maudit en constatant qu’ici, il était une sorte de noob. Vraiment, salle nuit pour son orgueil. Alan remarqua autre chose : l’individu portait un maillot de bain. Il se sentit moins ridicule, simplement paré de cet affreux caleçon aux dimensions XXXL.

Plus bas, l’ombre d’un homme en slip en cuir clignotait au grès de l’enseigne en néon d’un cinéma qui ‘’ vou zofre lé meilleurs trips de Délirium ‘’. De sous la porte, des volutes de fumées roses s’échappaient et rampaient au sol comme autant de serpents. Rien de très rassurant. Mais l’homme semblait parfaitement à l’aise dans cette ruelle sordide. Un cure-dent à la bouche, il mâchouillait en souriant.

- Je t’ai retrouvé, petit frère.

Sur ces mots, il se gratta généreusement les parties génitales et cracha au sol. Son regard n’exprimait ni joie ni colère à l’idée d’avoir ‘’ retrouvé son petit frère ‘’. Pour l’occasion, il n’exprimait rien de plus qu’une ou deux overdoses de trop. Ses jointures craquent alors qu’il s’échauffe les mains en marchant vers Alan qu’il n’a pas quitté du regard une seconde. Cette cicatrice en forme de croissant qu’il lui avait fait lors du bal de fin d’année d’un lycée de campagne, l’erreur n’était pas permise. Et puis, il y avait ce nez, et cette bouche… Impossible de se tromper.
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Arpenteur des rêves
Kala Kourou
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MessageSujet: Re: Allez, encore une p'tite dernière... [PV Ed Free et Alan Kesey] Allez, encore une p'tite dernière... [PV Ed Free et Alan Kesey] EmptyVen 24 Aoû 2012 - 19:12
« Bordel, c'est Ed Free ! LE Ed Free ! Celui qui a sauvé le Bal de l'Imaginaire ! Qui était au centre d'une des plus grandes batailles du Royaume des Cow-Boys ! Qu'est-ce qu'il fait avec ce salaud ? Il n'a rien à voir avec lui ! Bordel, je peux toujours pas tirer s'il est là, il va me voir ! Et en plus, je le respecte trop, c'est mon héros (qui vient après Victor bien sûr). »

Sur le toit du bâtiment en face où Ed Free et un voyageur inconnu étaient, un jeune homme à lunettes et au physique banal était posté derrière une grosse cheminée d'où sortait de la fumée à l'odeur douteuse. Il se cachait car Ed Free regardait en direction de l'Hydrophobe, lévitant entre les bâtiments. Un oiseau dont les excréments étaient du vomi se soulagea sur le jeune homme à lunettes qui poussa un râle. Il regarda en face pour voir s'ils ne l'avait pas entendu. Il soupira de soulagement et examina sa cible. Kala Kourou, celui qui avait tué Victor. Notre jeune homme qui s’appelait Nanba avait le regard chargé de haine. Son sauveur, tué par un... Un... Gosse (Victor avait 16 ans mais Nanba ne le sait pas... Bref). Depuis qu'il avait vu son visage au Royaume des Chats, son cerveau l'avait immédiatement retenu et il ne l'avait jamais oublié. Depuis cette nuit, il s'endormait avec le visage de ce gamin en tête pour qu'il puisse le tuer. Et cette nuit, il avait atterrit à Délirium mais comme il n'était pas bourré lorsqu'il s'était endormi, il n'avait pas qu'un caleçon. D'après les dires des habitants du Royaume, il fut très vite au courant de la Nuit du Cycle. Avec le hamster qui devait chercher sa roue à travers la ville. Dix mètres de haut... Assez pour qu'en une bouchée, il puisse manger l'Hydrophobe. Le cerveau psychopathe et malade de Nanba était arrivé à cette conclusion en une fraction de seconde, la soif de vengeance avait sûrement décuplé son sens de la logique et son intelligence. Enfin, on pouvait toujours y croire. Les pupilles du jeune homme furent remplacés par des flammes et il eut un rire aussi machiavélique que le Dr Doofenshmirtz.
Il savait que le hamster était tout aussi bien attiré par l'avoine, ce qui fit qu'il se procura une carabine, acheta deux cartouches d'avoines (à Délirium, on trouve de tout, même de ce qu'on veut pas) avec le peu d'EVs qu'il avaient, ce qui lui coûta la perte d'un bout de son auriculaire car le vendeur l'avait arnaqué sur le prix mais il n'avait pas le courage d'aller affronter une créature des rêves faisant 1m30 qui disposait d'un couteau de chasse. Il repéra très rapidement l'Hydrophobe car il était sur une de ses sphères d'eau (de merde !!!!) et vit qu'il était maintenant en face du toit d'un bâtiment pas loin. Il se dépêcha, courra entre la foule grouillante de pachydermes, de psychopathes et d'alcoolos et monta sur le toit d'un bâtiment en face de l'Hydrophobe mais qui était derrière lui. Un parfait angle de tir, il y avait plusieurs cachettes. Une cible facile. Très facile. Il en riait. Mais il mit la main sur sa bouche et regarda encore une fois s'il ne l'avait pas entendu. Il essuya les gouttes de sueur qui coulaient sur son front et se repositionna. Son œil gauche fermé, le bout de l'arme sur sa poitrine, l'arme armée, il mit tout doucement son doigt sur la gâchette et patienta. Il patienta, jusqu'à ce qu'un moment opportun se présentera. Il n'eut pas fait d'attendre longtemps lorsqu'il vit un moustachu pourvu d'un chapeau et un long manteau tirer sur Ed Free. Nanba se retint de crier, il n'aimait pas quand ses héros se faisaient blesser. Il mordit sa lèvre inférieure. Finalement, le moment opportun arriva lorsqu'Ed Free tourna sa tête. Et il n'hésita pas une seconde. Il tira. Et détalla comme lorsque quelqu'un approchait une flamme vers lui quand il avait encore peur du feu.

---

Dans un recoin de mon esprit, je m'étais dis « bon, pas besoin de le voir mourir. Après tout, c'est le frère de Clem. Il le tuera lui-même, je n'ai pas besoin de me salir les mains. J'ai eu ma petite revanche car finalement, c'était pas de sa faute non plus donc voilà. On arrête. Mais c'est pas comme si j'allais devenir son ami ». C'était sûr, je me lierai pas d'amitié avec lui, et je pensais aussi qu'il ne voudrait pas de toute façon. En plus, si jamais je me battais avec Ed, il valait mieux que j'arrête mes sarcasmes parce que je ne connaissais pas son pouvoir. Je savais qu'il était claustrophobe mais voilà, les pouvoirs sont différents, même si c'est le même pouvoir. Mais je ne vais pas donner un cours théorique sur les mystères concernant les Voyageurs à propos de leur pouvoir parce que ça me gaverait. Donc revenons à notre situation actuelle.

« Hey, elle était cool ta revanche. Un petit croche-pattes de primaire. Et après ? C’était tout, ou tu vas me tirer la langue ? »

Il était énervé ? Peut-être. Moi, je ne l'étais pas. C'était pourquoi je souris face à sa phrase. Il était bien marrant, Ed. Ce qu'il avait dit aurait pu avoir de l'effet si j'avais envie de continuer, sauf que non, malheureusement pour lui. Il pensait me provoquer, sauf que ça n'avait pas marché. Je rigolais une bonne et dernière fois. J'allais lui dire quelque chose mais je vis un homme avec une moustache, un chapeau et un long manteau brandir une arme vers Ed. Hey ! C'est pas toi qui va le tuer, c'est son frère ! Qu'est-ce que j'avais dis, t'avais pas entendu ou quoi ? Je mis ma paume devant moi pour lui envoyer une bulle d'eau dans la tête mais à ce moment précis, j'eus une douleur sous mon épaule gauche. Comme si on m'avait tiré dessus. Un fumée beige se forma et mon nez me piqua : de l'avoine. Ma tante utilisait ça pour nourrir parfois ses vaches en Inde, c'était pour ça que j'avais immédiatement reconnu l'odeur. Tiens, il me manque, ce pays...
Retour à la réalité dreamlandesque. Mes habits sentaient l'avoine, je sentais l'avoine. Et merde. Pourquoi je sentais de l'avoine ? Pourquoi de l'avoine au juste ? Pourquoi pas une balle normale pour me tuer ? Pourquoi était-ce si con ? Je ne savais pas. Mais je le saurai tôt ou tard pendant la nuit. Je regardais aux alentours mais je ne vis personne. Bizarre. Je reportai mon attention en face de moi. L'homme au chapeau était parti et Ed était toujours vivant (merde...). Puis, je remarquais que le mec qui s'était accroché à son panneau était toujours présent. Baby-sitting ? Why not ? Le mec en question était à présent debout et se grattait le ventre. Il disait quelque chose à Ed mais du vent-moqueur passa entre nous et se moqua de notre situation. Je me mis debout sur ma bulle et la déplaçais vers l'extrémité du toit. Puis je sautais sur la surface plate et la bulle disparut. C'était bien beau de léviter mais il fallait que je garde de l'énergie magique si jamais quelque chose se produirait. Ed restait là, réfléchissait sûrement. Alors, je pus dire ce que j'avais envie de lui dire avant :

« Bon, j'arrête. C'était amusant mais je n'aime pas continuer. Et puis, sur le fait que je veux te voir mourir et tout... Finalement, je m'en fiche. Et puis, on sait tous les deux que Clem a envie de t'en coller plusieurs et toi, de le lui en coller. Mais il y a seulement une chose : si je suis dans les parages pendant que vous vous battiez et qu'il me demande de l'aide, j'irai. C'est tout. Sinon, tu fais quoi dans la vie ? »

C'était assez bizarre et la moitié de ce que j'avais dis, je ne le pensais pas vraiment. J'avais dis ça pour la forme car Clem était mon ami mais je ne pensais pas qu'il demanderait mon aide pour pouvoir foutre K.O son frère. Non, même si Clem agissait d'une certaine manière avec les autres, je supposais que ce serait différent avec son frère. Sûrement.
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MessageSujet: Re: Allez, encore une p'tite dernière... [PV Ed Free et Alan Kesey] Allez, encore une p'tite dernière... [PV Ed Free et Alan Kesey] EmptySam 1 Sep 2012 - 15:53
La nuit commençait déjà à me les briser menues. Entre l’acolyte de mon frère qui avait l’air de posséder le même QI que lui, entre les crayons de couleur qui me poursuivaient et ne m’oublieraient certainement pas, entre le Voyageur accroché derrière moi comme un bébé koala et entre ceux qui me tiraient dessus à coups d’avoine... Ouais, c’était tellement génial, cette nuit, j’allais pas m’ennuyer. Il m’avait fallu quoi, moins d’un quart d’heure à tout péter ? La chance n’était pas avec moi ; je répétai cette phrase une nouvelle fois quand je plaquai la manche de mon bras pour sentir qu’effectivement, l’odeur était assez puissante pour assommer ou réveiller une vieille, et qu’un flacon entier de parfum grossier et concentré renversé sur le poignet ne parviendrait pas à un tel résultat. On allait me sentir venir de loin avec toutes ces conneries. Je vis que même Kala fut la cible d’un putain de tireur isolé. Bon sang, c’était une sorte de blague fleuve, un autre festival en plus du hamster géant ? On tirait sur des Voyageurs avec des cartouches d’avoine et on repartait en rigolant comme des débiles, avec la même lueur d’intelligence dans les yeux que votre collègue idiot du service qui ne pensait qu’à coller des poissons d’avril dans le dos de tous les employés de la boîte avant de prendre des photos et de les envoyer sur Facebook en surlignant le tout d’un « lol », révélateur de son sens de l’humour et l’importance qu’il accordait à la langue française ? Alan me demanda si c’était normal de se faire tirer dessus par des publicitaires de Diore accros à la fête des agriculteurs. Comment lui répondre oui et non à la fois ?

« Si se faire tirer du concentré d’avoine dessus est courant, la réponse est non. Mais normal à Délirium, oui, malheureusement. Et c’est que le début du spectacle si j’ai bien compris. »

Ouais, on nous promettait aussi un hamster géant qui allait devoir rejoindre sa roue géante. Qu’est-ce que ça allait être palpitant cette nuit… Pourtant, mon dos me fit ressentir un minuscule frisson, comme une promesse qu’il allait m’arriver des bricoles dans pas longtemps. C’était pas difficile à deviner avec moi, mais quand l’instinct mettait aussi du sien, vous ne pouviez que vous incliner et attendre le bordel ambiant.

Déjà, Kala voulait vraiment devenir la scène d’ouverture du bordel qui allait arriver. Il commençait à se rapprocher de notre toit avec sa bulle d’eau, genre tranquille Emile. Je le détestais, tiens. Il était pas mal chiant, j’espérais qu’il le savait, et ma main dans sa gueule serait une réalité qui ne saurait tarder. Il me dit que tout était bien, qu’il allait laisser Clem me tuer (c’était plus que du rêve ça, c’était la troisième strate Dreamlandienne où les nounours Haribo vivaient dans des statues égyptiennes de l’espace en quête de l’Econome Universel) et qu’il n’allait pas trop s’en mêler. Et que s’il nous surprenait à nous battre, ce qui ne saurait pas être trop difficile, il viendrait l’aider. Je doutai que sa puissance suffise à renverser la raclée promise à mon cadet, mais c’était toujours très rigolo à entendre. Il termina même sur une petite question innocente comme si on était deux voisins tranquilles qui s’occupait chacun de son côté de la palissade. Il eut ce qu’il méritait depuis qu’il avait tenté de me tuer. Mes yeux devinrent noirs derrière mes lunettes de soleil.

Premier Portail : Juste devant moi, bien installé pour un coup.
Second Portail : Près de la tête à Kala, évidemment.
Effet Provoqué : Le plus rapidement possible (et sur Dreamland, en ce qui me concernait, ça voulait dire très très vif), j’envoyai une tarte dans la gueule à Kala, une énorme claque que j’avais peaufiné par une partie de baffe irlandaise récemment, le genre de claque qui avait envoyé à voltiger à trois mètres plus loin un gars de plus de cent kilos. Pas un coup de poing, mais une bonne baffe pour lui dire « ta gueule, pute». D’ailleurs, je lui répondis sans savoir s’il m’écoutait, plus pour moi qu’autre chose :


« Dans la vie, je tarte la gueule aux petits cons. » Yeah, badass…
« IL EST LA !!! ON LE POINTE !!! »

Je me retournai, totalement surpris : toute la bande des Crayons de Couleur étaient là. Ils tenaient en laisse des crayons de papier de leur taille qui réagissaient comme des animaux, flairant les airs de leur mine. Ils sortaient des étages précédents et étaient arrivés sur le toit par une trappe. Des dizaines et des dizaines de grands crayons en sortaient et fonçaient sur moi et l’autre Voyageur qui sentait l’avoine. Je lâchai un juron, pris le bras de l’autre parce qui ne devait certainement pas comprendre le danger de l’apparition de tous ces gogols, et le tirai avec moi. Je lâchai un second juron. On courrait tous les deux sur le toit, pris en chasse par une soixantaine de crayons de couleur, plus une vingtaine de crayons à papier que les autres avaient libéré de leur laisse et qui nous poursuivaient dotés d’une bonne vitesse. Je ne savais pas si Kala avait esquivé la baffe ou pas, ou s’il était tombés de l’immeuble ou resté ici, mais je m’en foutais totalement de ce qu’il lui arrivait. Si je pouvais lui laisser dans la merde comme il m’avait laissé dans la mienne quand la foule avait surgi et dégoupillé de l’avant le type que je me trimballais, bien fait pour sa tête d’albinos à deux balles. Après quelques secondes de course, ce fut la fin du toit plat. Je sautai et entraînai mon nouvel ami dans ma chute. Je me réceptionnai, avec le type quasiment dans les bras pour éviter que ses jambes ne s’aplatissent à l’atterrissage, comme un bourrin tandis que le sol se craquela en encaissant nos deux poids cumulés après une telle chute (je venais de réaliser un de mes souhaits les plus chers : fissurer le sol en sautant ; prochain objectif, je le fissurerai rien qu’en sprintant dessus). Je lâchai le type et lui intimai de courir dans la grande rue où on était en tentant d’échapper à nos poursuivants. J’entendis une petite bribe de la conversation qui découla de notre fuite, entre Bleu et Vert :

« Merde. On les prend en chasse, tout le monde ! Qu’on lâche d’autres crayons à papier pour les retrouver !
_ On appelle les pastels ou pas ?
_ Ah non, pas ces tapettes. Mais faudrait prévenir les stabylos boss.
_ Okay, en tout cas, ils ont sauté du toit. Ça fait une chute de plus de dix mètres, ça.
_ Ouais, ils paient pas de mine. »


Mon nouvel ami et moi sprintions dans les rues aussi vite qu’on pouvait. Mais à trois pâtés de maison, les choses se corsèrent : deux énormes manifestations étaient l’une en face de l’autre, séparées d’une dizaine de mètres et se hurlaient dessus à qui mieux mieux. Les premiers étaient trois cent Mexicains dotés de ponchos et de sombreros ridicules avec de fausses moustaches, sans compter des instruments de musique ; ils chantaient une mélodie agressive avec des voix de baryton. Les autres étaient environ deux mille, et se proclamaient comme la « Ligue contre les Hamsters Géants et les Mexicains ». D’ailleurs, il y avait un des Mexicains qui était dans le camp et insultait ses compères en hurlant des injures en espagnol bien prononcé. Les deux manifestations étaient en train de s’insulter, de se cracher dessus, et on sentait qu’ils n’allaient pas tarder à se foncer les uns sur les autres pour provoquer une bagarre épique. Puisqu’ils étaient les plus proches, j’intimai mon compagnon de rentrer dans le camp des Mexicains. Fallait fuir la potentielle revanche de Kala ou encore les crayons de couleur, aussi acharnés que des républicains en campagne. Le mieux, ça serait qu’on réussisse à se déguiser comme eux. J’entendis un Mexicain renifler notre odeur et balancer dans le vent :

« Avena ? »
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Alan Kesey
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MessageSujet: Re: Allez, encore une p'tite dernière... [PV Ed Free et Alan Kesey] Allez, encore une p'tite dernière... [PV Ed Free et Alan Kesey] EmptySam 8 Sep 2012 - 1:39
Dreamland devait être une punition pour ceux qui avaient osés se dresser face à leur Destin de minables trouillards, pathétiques créatures paralysées à la simple évocation de leur peurs, primaires, irrationnelles et parfois dérisoires. De cette façon, le Royaume des Rêves les condamnaient tous à ne plus profiter d’une nuit tranquille. J’ai rêvé que je ne pouvais plus dormir, soupira quelqu’un. Piégés dans cet univers jusqu’à leurs morts. Une peine à perpétuité dans une prison onirique, fantasque pour mieux dissimuler l’horreur sous d’épaisses couches de gaz hilarants. La pire des cellules n’est pas celle qui vous sépare à tout jamais de vos rêves, mais celle qui vous plonge dans une illusion de bonheur.

Telle était la conclusion, certes pessimiste, de notre joyeux luron : Alan. Il se disait qu’au fond, les êtres piégés dans la matrice étaient bien plus heureux que ceux qui avaient vu la vérité. Le savoir c’est le pouvoir, le pouvoir c’est la frustration. L’utiliser à mauvais escient ? Ou comme Cassandre, rester impuissant. Tous, on rêve d’être la caméra, derrière la caméra, derrière la caméra. La dernière version de l’histoire. La vérité. Palahniuk avait sans doute raison, mais détenteur de la vérité, l’homme n’en est que plus malheureux, cynique et aigris.

Parce que c’était la seule chose qu’il pouvait faire à ce moment, Alan soupira. Parce que cela était profondément ancré dans sa nature, il maugréa. Dans son coin, il assista silencieusement au combat de coq des deux autres Voyageurs. Celui à qui il devait le prolongement de son calvaire en ces lieux maudits, et dont le nom lui était toujours inconnu, avait attaqué l'autre d’une façon qui laissa Alan mi-impressionné mi-blasé. De quelle phobie pouvait bien souffrir ce type, avant ? La question resta en suspends. Alan venait de s’apercevoir qu’ils étaient tous au sommet d’un immeuble et sa gorge, nouée à cette idée, ne laissait de toute façon échapper qu’un triste sifflement, une longue plainte muette que nul ne remarquerait.
Le jeune homme n’en menait pas large, l’idée d’être au sommet d’une telle structure à Délirium avait un goût amer qui figeait tous ses muscles, plus efficacement que n’importe quelle injection de toxine botulique. Sur son visage, les rides – témoignage éloquent d’une vie de débauche ? - semblaient avoir fondues comme neige au Soleil. Mesdames, cessez de fréquenter ces suceurs de sang, de graisses et d’autres liquides abstraits, abandonnez-vous à la terreur et appréciez ces effets rajeunissants. Satisfaites ou décédées. La maison n’est pas responsable en cas d’attaque cardiaque.

Pour paraphraser un célèbre tueur de zombis, analysons la vitesse à laquelle une situation peut passer de problématique à totalement merdique. Bien sûr, l’édifice entier était un parjure aux lois élémentaires de la physique. D’ici une poignée de minute, un hamster géant serait lâché dans les rues. Rues dévastée, en proie au chaos et aux autochtones, s’il ne s’agit pas là d’un pléonasme. Une horde de créatures semblables à, oui ! des crayons plus ou moins humain venaient de s’inviter sur le toit. Programme réjouissant, mais faisant fie de la partie la plus intéressante. Sans vraiment comprendre la situation, perdu dans un océan de perplexité, Alan s’était laissé emporter par l’autre Voyageur. Et c’est probablement à cet instant-là – peut être trop tard – qu’il comprit réellement le niveau pléthorique du fumier dans lequel, au sens figuré comme au propre, il venait de sauter.

Quand, pour la première fois de sa courte et pénible existence, Alan essaya le Silver Star, le fameux grand huit d’Europa Park, il s’était maudit tout le temps qu’il fallut à l’engin pour se hisser au sommet. Quinze, peut-être vingt secondes où son trouillomètre afficha un résultat négatif et embarrassant. Et un instant, à peine plus long, de pure vitesse et d’adrénaline. Les jambes encore flageolante après cette expérience, Alan exprimait toutefois un état de béatitude provoquée par une succession de réactions chimiques. Autant dire que la perspective de mourir avait un côté attirant pour tout ceux qui s’essayaient aux attractions à sensations fortes.

Comme lors de sa précédente chute vertigineuse en Allemagne, Alan ne trouva qu’une chose à dire. Un mot ne figurant pas dans le dictionnaire, mais malgré tout lourd de sens et utilisable à loisirs.

- WAZAAAAAAAAAAAAAAAAAH !

Peut-être est-ce indigne d’un libraire, mais le ton était donné. Voilà, la situation était devenue totalement merdique au moment précis où le Voyageur Anonyme s’était pris d’une pulsion de suicide collectif et avait entrainé avec lui Alan, dans un prodigieux saut dans le vide. Au plus grand étonnement du jeune homme, cette chute de dix mètres ne lui fut pas fatale. Etait-ce une bonne chose ? Trop tôt pour le dire.
Pour être tout à fait honnête, l’exclamation d’Alan reflétait aussi une forme de joie, peut-être même de fierté. C’était quelque chose de tout à fait irréalisable dans le monde réel. A moins de vouloir finir en gaspacho, bien sûr. La soupe étant bien la lie de la gastronomie terrienne. Dreamland avait peut-être aussi ses côtés positifs ? Alan se remémora qu’il s’était fait la même réflexion la nuit précédente. Beaucoup de tracas pour une note sympathique. Un ratio peu convaincant. Cela dit, l’inconnu n’offrit pas à Alan le temps se remettre de ses émotions. En y repensant, ce saut de l’ange n’avait sans doute pas pour but de se suicider, les crayons sortis de nulle part semblaient animés d’intentions plus que belliqueuses. Ce qui était, d’un autre côté, un état tout à fait ordinaire à Délirium City et plus généralement à Dreamland. Et au monde réel, en fait.

Naturellement, le jeune homme se laissa guider par son compagnon d’infortune qui l’invitait à prendre congé de la manière la plus simple. Compter sur ses jambes et courir à en perdre haleine, priant pour semer l’ennemi. Une véritable course poursuite. Au détour d’une rue, cette dernière faillis bien s’arrêter nette. Deux masses compactes formés d’individus visiblement notoire s’observaient en chien de faïence et n’attendaient visiblement que l’étincelle qui mettrait le feu au poudre et annoncerait ce qu’ils attendaient tous, le début des hostilités proprement dites.

Le Voyageur fit un choix judicieux – en ayant pour point de comparaison la décision de sauter d’un immeuble pour échapper à des crayons – et s’engouffra dans la foule la plus nombreuse, une armée de Mexicains prêts à en découdre. Jouant des coudes pour se frayer un chemin à travers les manifestants qui ne leurs prêtaient aucune attention, Alan veillait à ne pas perdre son camarade des yeux. Il semblait connaitre les lieux, le suivre était sans doute plus prudent même si sa présence n’avait jusque-là aboutit qu’à des ennuis. Sans même s’en rendre compte, le jeune homme s’était mis à siffloter l’air de celui qu’on appelait encore et toujours Trinita. D’instinct, Alan s’empara d’un des énormes couvre-chefs qui masquaient le soleil comme des pins parasols. Dans le feu d’action, il pointa son index et son majeur droit dans le ciel et mima de tirer des coups de feux.

- Arriba ! Arriba !! criait Alan, alors qu’à cet instant précis, quelqu’un trouva judicieux d’user d’un véritable fusil.

En l’espace d’un instant, ce qui devait arrivait arriva. Alors qu’Alan apercevait la fin de la masse, un coude le heurta à la tempe et il trébucha avant de s’écrouler à genoux, à l’air libre. Les échos, le fracas de l’affrontement, tout lui parut comme à travers un voile de coton comme il cherchait à reprendre l’équilibre. Une vibration, plus importante que tout ce qu’il avait connu, le réveilla définitivement. Comme lui, tout être sur un rayon de dix kilomètres s’étaient figés. A Délirium, c’était quelque chose de particulièrement rare et de surprenant. Le monstre était dans les rues. Un hamster plus grand que le libraire n’osait l’imaginer. Godzilla, King Kong… qu’ils retournent dans leurs entrepôts à Hollywood. Là, on avait affaire à une créature plus dangereuse que toutes celles rencontrées dans les films à gros budgets. Alan, comme tant d’autres, déglutit à grand peine. Il y avait dans cette histoire quelque chose qui ne sentait pas bon. Ce n’était pas seulement l’avoine. Oui, c’était bien ça l’odeur qui s’était imprégnée dans sa peau et ses cheveux quand ils avaient été pris pour cible avec l’autre Voyageur.

Quelque chose le gênait dans le sombrero qu’il avait subtilisé. A l’intérieur, dans la doublure en tissu, il trouva deux énormes cigares droits et luisants, impressionnants. Relevé sur ses deux jambes, Alan en tendit un à son comparse, sans toutefois quitter des yeux le hamster qui humait l’air comme s’il y sentait l’odeur d’un bon repas.

Gérard – car tel était son nom – avait profité de cet instant de répit pour s’approcher d’Alan en lui barrant la route vers la rue qui s’ouvrait à eux. Son slip en cuir avait l’air de vraiment le gêner et son visage était figé dans une expression de profonde constipation. Le résultat, quoi que causasse, ne fit pas rire Alan. Gérard mesurait près de deux mètres et semblait composé exclusivement de muscles. Entre ses dents gâtées, une cigarette probablement pas constituée de tabac se consumait tristement alors que le cigare, à mi chemin de la bouche d’Alan, semblait complètement disproportionné en comparaison. Dans l’assistance, quelqu’un entama un rif de Punk avec un banjo sexto, instrument à corde typiquement mexicain. La guerre faisait rage et ce morceau avait quelque chose de décalé, même à Délirium.

- Je ne pensais pas de retrouver ici, petit frère ! fit Gérard à l’intention d’Alan.
- C’est en effet une surprise, répondit rapidement ce dernier en prenant la décision d’entrer dans son jeu.

D’une part, il n’y avait aucune preuve qu’il ne s’agissait pas là de son frère, c’était bien le genre de ses parents de garder ce genre de secrets. Et il fallait jouer avec le fait que cet homme pouvait probablement lui écraser la tête d’une seule main. Une perspective qui pesait beaucoup dans la balance. Puis, en se tournant vers l’autre Voyageur, Alan présenta l’individu comme étant son frère. Avec un peu de chance, ils pourraient disparaitre avant que les crayons ne leurs redessinent le portrait.

- Et sinon, tu deviens quoi ?
demanda Alan d’un ton qu’il voulait aussi décontracté que possible en tâchant par la même de couvrir les hurlements dans son dos.
- A quoi tu joue ? Il exhiba une cicatrice qui, pour un œil passablement endommagé, pouvait ressembler à l’une de celles qu’Alan collectionnait sur le haut de son corps. Tu n’as pas oublié quand tu t’es servi de MON couteau pour essayer de me faire la peau ?

Il jeta furieusement son mégot par terre et montra les crocs. Les retrouvailles entre frères n’allaient donc pas être chaleureuses.

- Après que t’ai essayé toi-même de me buter ? hasarda Alan.
- C'est pas la question !

Le libraire avait fait mouche, à son grand étonnement. Quoi qu’au fond, la suggestion semblait avoir un pouvoir important sur les réactions de Gérard. Pauvre homme.

- Tu es un sanglier !

Gérard resta muet pendant une seconde, assez pour qu’Alan s’imagine avoir réussit. Puis, l’absence totale de bruit et une ombre colossale qui masquait le soleil lui indiqua qu’il faisait erreur. De la salive coulait le long des joues du hamster dont le regard exprimait un désir palpable.
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Kala Kourou
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MessageSujet: Re: Allez, encore une p'tite dernière... [PV Ed Free et Alan Kesey] Allez, encore une p'tite dernière... [PV Ed Free et Alan Kesey] EmptyDim 9 Sep 2012 - 23:19
Fichtre, cet hamster géant était beaucoup plus gros que je ne l'avais imaginé. On avait dû le sortir plus vite que prévu. Il humait l'air, comme s'il cherchait à manger. Il avait dû sentir l'odeur d'avoine émanant d'Ed et moi. Il fallait, bien sûr, trouver une solution pour nous débarrasser de cette odeur, ou plutôt me débarrasser de cette odeur. Je ne comptais plus aider Ed et puis, je n'en avais pas envie à l'origine (je sais, je changeais d'humeur tout le temps). Bordel, il m'avait bien esquinté la joue, ce connard. Une trace évidente de sa main était maintenant présente et même si cela faisait un bon moment qu'il m'avait baffé, la douleur ne s'était pas envolée. Ou peut-être légèrement. Mais la douleur était toujours présente.

Si on revenait quelques minutes en avant, je dirais que je ne m'attendais pas du tout à ce que les yeux d'Ed deviennent noirs et qu'une main sortie de nulle part me baffe d'une telle puissance. Je détalais à plusieurs mètres sur la droite. Lorsque mon corps s'arrêta de rouler, je portais ma main sur ma joue et sorti un petit cri de douleur. C'était comme si une bosse s'était formée dessus. Une larme nerveuse apparut et je restais encore assis à examiner les dégâts de cette baffe lorsque je ressentis un énorme coup sur ma tête, juste assez pour m'assommer. Deux minutes plus tard, je retrouvais mes esprits. J'étais toujours sur le même toit mais j'étais pieds et poings liés, avec les bras derrière moi. J'avais devant moi un crayon rouge qui se tenait debout et plusieurs autres crayons de couleurs et je remarquais qu'il n'y avait pas le bleu et le vert. Le rouge s'avança vers moi. Maintenant que je l'avais près de moi, je pouvais établir sa taille entre 1 mètre et 1 mètre 50. On disait que tout ce qui était petit était mignon mais cette phrase ne s'appliquait pas à cette situation-ci. Il sortit de je-ne-savais-où un portemine et sourit diaboliquement.


"Maintenant petit, tu vas nous répondre sagement. On veut savoir où est Ed Free. Sinon on te livre au hamster."

"Petit ? Tu sais qu'il te faudrait des lunettes, toi ?"


Il rigola mais je savais que quelque part, j'avais titillé quelque chose. Il reprit après un long soupir :


"Tu sais ce qu'est l'humour, toi. Mais l'inconvénient, c'est que je ne rigole pas. Tu vas nous dire où est Ed Free et fissa. N'essaye même pas de t'échapper, on t'a attaché comme un sparadrap avec des cordes en gomme. C'est du solide, quoi. Donc maintenant, soit tu nous dis où est Ed Free, soit, et je le répète, on te livre au hamster."

"Ah ? Hamtaro est devenu un gangster ?"


Pendant que je le menais en bateau, j'essayais de manipuler avec précaution mon épée d'eau que j'avais fais diminué pour en faire un petit couteau. Du solide ? Je n'avais même pas forcé. De la gomme, quoi.

"ALORS ?!"

"Tu sais quoi ? J'en sais rien. Parce que je crois que j'ai Alzheimer."

"Hmm... Les gars, embarquez-le."

Je fis apparaître mes pistolets d'eau et je tirais une multitude de bulles d'air. La première toucha Rouge, qui se fit propulser sur plusieurs dizaines de mètres. Je forçais un peu pour enlever les cordes en gomme qui retenaient mes jambes, puis je tirais sans viser sur les autres crayons de couleur et je courrais vers le corps (?) étendu de Rouge et l'enferma dans une bulle d'eau pour lui faire perdre connaissance. En déplaçant la bulle, je me dirigeais vers l'extrémité du toit et je sautais dans un grand vide de plus de dix mètres. Je fis apparaître une bulle d'air et je vidai l'eau dans la bulle qui contenait Rouge, qui lui était évanoui. Il fallait que je trouve un endroit car maintenir deux bulles en lévitation pendant un long moment était le meilleur moyen d'épuiser mes ressources. Je trouvais rapidement un immeuble dont le toit était composé de verres noirs teintés. Parfait. Je me posais sur le toit et je secouais l'autre bulle de manière frénétique pour réveiller le crayon. Il ne pouvait pas se masser la tête, il secoua plutôt son haut de mine et grogna.

"Espèce de salaud ! Fais-moi descendre !"

"Tu es sûr ? Tu veux tomber et mourir bêtement ?"

Il grogna de plus belle. La bulle lévitait au-dessus du vide, juste au-dessus de mexicains dotés de sombreros et d'instruments de musique et de créatures des rêves qui prônaient le non-lâchage de hamsters géants et l'extermination des mexicains. Charmant programme. Mais cela donnait une raison au crayon de ne pas me supplier de faire disparaître la bulle.

"Maintenant, c'est moi qui pose les questions. Et là, je te menace pour de vrai. C'est quoi cette histoire de hamster ? Et pourquoi y a cette manifestation ?"


"Pour la manifestation, je te jure que je n'en sais rien. Mais pour le hamster, j'en connais long sur le sujet. Le mec qui a tiré sur Ed Free s'était trompé de cible. Cela devait être toi qui aurait dû recevoir la balle d'avoine. Mais je peux sentir l'odeur, malgré cette... Bulle. Donc, tu t'es fais tiré dessus, finalement. C'est bien, très très bien. Pissenlit a bien fait son boulot, finalement. On a besoin d'Ed car on veut recevoir les EVs mais toi, t'es précieux. Car il faut que tu te fasses gober par le hamster. Un point c'est tout. C'est ce que le mystérieux personnage nous a dit et en échange, tous les participants vont recevoir une grosse prime. Très grosse."

Mais pourquoi moi, particulièrement ? Peut-être qu'Ed pouvait se faire poursuivre par des chasseurs de primes car il avait un avis de recherche sur sa tronche et qu'il était sûrement célèbre pour autre chose mais moi... Je n'avais pas fais grand chose, depuis mon arrivée à Dreamland. Alors pourquoi moi ? Qu'avais-je fais, bon sang de bonsoir ? Il fallait en découvrir la raison, avant que cet hamster ne vienne.

"Mais pourquoi lâche-t-on un hamster en pleine ville ?"


"Parce que c'est la Nuit du Cycle."

"Koué ?"

"Un idée du fils du Maire. Va savoir."

"Et il est où, son fils ?"


"Je ne sais pas. On ne sait même pas où le Maire complote."


Comploter ? Mais pourquoi ? Sûrement pour quelque chose, il devait être complice avec son fils. Tel fils, tel père, ils étaient sûrement de mèche. Et donc, si on en revenait notre situation actuelle, je dirais que j'étais toujours sur le toit où je m'étais posé, regardant le hamster se déchaîner, à la recherche de nourriture. Il me flairait. Il NOUS flairait. Ed était avec le voyageur paumé en bas, dans la foule de mexicains en faisant je ne sais quoi et moi, il fallait que je trouve le Maire. Si je trouvais le Maire, je trouvais son fils. Et si je trouvais le deux, je trouvais pourquoi on m'avait prit pour cible. Mais pourquoi un Maire dans cette ville de dingues ? Sûrement un signe distinctif, rien de plus. Mais trêve de plaisanteries... Continuons à regarder cette scène apocalyptique digne des plus grands films catastrophes et regardons ce que va faire Ed. De toute façon, j'étais trop éloigné pour que le hamster puisse sentir mon odeur.

"Ah, il commence à faire froid... Et merde."
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MessageSujet: Re: Allez, encore une p'tite dernière... [PV Ed Free et Alan Kesey] Allez, encore une p'tite dernière... [PV Ed Free et Alan Kesey] EmptyMer 12 Sep 2012 - 23:15
Le climax, tout était une affaire de climax dans ce Royaume. Sauf que voilà, fallait tenter l’expérience suivante : lâchez un foutu ballon à l’hélium très fragile dans différents Royaumes et regardez là où son espérance de vie était la plus faible. J’applaudissais déjà mentalement la performance invincible du Royaume des Doutes, ou encore des Plaines Célestes, mais le ballon ne survivrait que très peu de temps dans, petit trois, en plein dans le Royaume Obscur où trop des Ducs Obscurs interviendraient pour crever cet abcès de bonheur et de joyeusetés, petit deux, au marché du Royaume des Chats dont les habitants ne parviendraient pas à rester passible devant un nouveau jouet, et pour finir, petit un, évidemment, Délirium City, où le ballon serait aussitôt pulvérisé par le premier habitant qui le verrait. Population de décérébrés portés sur la folie et l’amusement, tout ce qui paraissait rigolo ou dangereux (et les deux en même temps, évidemment) devait être absolument utilisé jusqu’à sa destruction. Comment vouliez-vous qu’une manifestation, non, deux manifestations opposées se tiennent tranquilles alors que chaque habitant n’avait qu’une envie : profiter de l’occasion rare de voir deux parties du peuple engagées dans une cause pour se foutre sur la gueule et commencer ce qu’ils pourraient appeler par la suite, « une bagarre politique » ? Qu’ils referaient évidemment le lendemain en changeant de camp parce qu’être un Mexicain, c’était trop cheaté, ou vice-et-versa.

Je savais que devant ce tonneau de poudre, tous les habitants venaient d’allumer métaphoriquement leur briquet et se demandaient quand foutre le feu, mais je ne m’attendais pas à ce que fut mon collègue qui provoque un incendie titanesque. Après ses cris de guerre mexicains, les deux foules se lancèrent dessus en reprenant le même hurlement débile. Je résistai tant bien que mal aux assauts venant de toutes parts tandis que mon nouvel ami abruti venait de se faire défoncer par un énorme mexicain obèse avec une nugget dans chaque main. Celui-ci en perdit son chapeau d’ailleurs, que je pris par instinct tandis que la bataille se jouait tout autour. Je n’avais pas envie de me mêler de leur bataille, mais je devais avouer qu’un sombrero ne serait pas de trop pour me cacher des différents camps qui cherchaient à me buter.

Autour de moi, je devais vous expliquer un peu ce que je vous voyais : une cacophonie de hurlements indistincts couplés à la bataille la plus ridicule que je n’avais jamais vu se jouait tout autour de nous. Il suffisait d’arrêter son regard sur une scène pendant une seconde pour se dire que c’était totalement ridicule. Là, je voyais un Mexicain plus un anti-mexicain-et-anti-hamster-géant défoncés ensemble un autre Mexicain ; là, je voyais un énorme gaillards qui sautait sur un adversaire en hurlant comme un dément ; et encore là, je voyais un tacos rempli de chili con carne me foncer dessus. Je m’abaissai à temps tandis que le tacos rentra dans la bouche d’un moustachu surpris. Impossible de savoir qui était en train de gagner, et je déduisais facilement que personne ne le saurait même quand la bataille serait terminée. J’avais même perdu mon partenaire dans toute cette mêlée ; la poisse. Un anti explosa la gueule à un type en poncho avec sa grosse pancarte sur laquelle il y avait marquée « Pas de fajitas sur ma farine ! ». Autre part, un anti (ouais, je les appelais comme ça, parce que c’était plus court et parce qu’ils étaient riches d’opposition) envoya une baffe terrible à un opposant, mais il reçut de la sauce pimentée dans les yeux en retour et hurla de douleur sur place. Un type me percuta et tomba au sol ; j’avais tenu mon sombrero par réflexe, une marque d’amour si prématurée. J’envoyais un autre gars un peu collant au loin en le soulevant et le balançant sur une foule par là. Un vieux Mexicain avec un cigare me tendit son instrument de musique (un banjo, nan ?) :


« Este es mi banjo ! No mueva, biatch. »

Pardon ? J’aurais peut-être lui dire que j’avais eu une note pas compliquée à retenir en espagnol au bac, du genre qui se trouvait entre quatre et six. Et que ça faisait tellement longtemps que j’avais pas pratiqué la langue que j’aurais été même infoutu de traduire mon propre prénom, et il était pas compliqué. J’entendis un morceau de banjo justement résonner dans les airs. Mais où était passé cet abruti de Voyageur ? Je le cherchai du regard malgré la folie ambiante, cherchant une âme de Voyageur grâce à mes lunettes de soleil. Et paf, il était pas si loin que ça, en train de parler avec un type qui aurait pu faire passer Gunther pour une vieille fille prude du XVIIème siècle. J’allais les interrompre dans le combat même si je m’arrêtai un moment pour me demander ce que j’étais censé leur dire. Parce que je ne savais même pas pourquoi je devais arrêter leur discussion en pleine bagarre. L’autre Voyageur, Alan, je croyais, pas trop difficile à retenir, je savais pas qui il était et avec qui il était (mais sa simple vision devrait être interdite aux moins de dix-huit ans), et peut-être qu’il avait pas envie de me voir parce qu’il avait autre chose à foutre.

Puis je vis le hamster géant. Je comprenais beaucoup de choses, surtout en ce qui concernait l’adjectif « géant ». Le hamster était parfaitement normal, sauf qu’il devait mesurer plus de cent mètres de hauteur, et il se tenait pas sur ses pattes. A sa simple vue, et j’en fus presque surpris, pas mal de monde prirent peur, comme s’ils avaient un instinct de survie. Oh merde, pourquoi le rongeur mille fois trop grand était en train de m’observer comme s’il voulait me bouffer ? Il hésitait entre moi et Alan d’ailleurs. La moitié de la foule était en train de s’enfuir vers d’autres horizons, et l’autre se chamaillait tranquillement à coups de recettes mexicaines et de pancartes « antis » que je ne savais pas qualifier de conformiste ou pas. Un manifestant alla même manifester aux pattes du rongeur en criant un slogan anti-quelque chose. Le hamster le renifla quelques secondes, souleva son museau pour humer un parfum, mais finit quand même par bouffer le protestataire en moins d’une seconde. Oh merde. Puis je le vis en train de reluquer Alan avec intensité. En même temps, il puait l’avoine (mais attendez, ça bouffait de l’avoine un hamster ?) ; et moi, je puais l’avoine aussi, non ? Oh putain, le piège d’enfoiré totalement absurde ! Je courrais vers Alan et le tirai une nouvelle fois avec moi pour qu’il se mette à courir, abandonnant la discussion avec le gars répugnant.


« On se tire ! Le hamster veut nous bouffer, nous ! »

Comme pour valider mon hypothèse, le rongeur se mit à nous poursuivre en dévastant tout sur son passage. Si on n’avait pas été des Voyageurs, on se serait fait exploser en course et rattrapés comme des merdes. Mais là, on tenait la distance comme on pouvait face à ce putain de monstre qui explosait tous les bâtiments qu’il frôlait et de son poids laissait une large empreinte sur le sol. La course-poursuite s’annonçait démentielle, évidemment. Et on avait encore nos sombreros (plus nos sous-vêtements), et moi, j’avais la guitare de ce vieux fou. Pour des gars à Délirium City, on était sacrément encombrés. J’aurais bien voulu tenter un portail pour nous tirer d’affaire, mais la vue n’était pas le seul atout de Hamtaro-Godzilla : il avait un organe voué à l’odorat gigantesque et sensible. Je tentais quand même le coup : je nous fis traverser les distances pour pénétrer dans un bâtiment sur le côté, habité par une vieille dame bigleuse à la mâchoire proéminente. Combien de temps le monstre titanesque allait-il mettre avant de nous retrouver ? Quelques secondes ou plus d’une minute ? La vieille s’emporta direct :

« Dégagez de là ! Espèce de voyous ! »

Bon, on s’en foutait de la vieille qui tentait de se lever de son sofa et prendre des béquilles pour aller nous chercher des crosses. Elle serait pas dangereuse ; moins que le hamster.

« Merde, on fait quoi ? Y a pas des trucs pour camoufler notre odeur ?
_ Foutu mexicain ! J’aurais dû participer à cette manifestation pour vous faire dégager de Délirium ! »


__

Sonnerie de portable. Pissenlit décrocha.

« Allo, Monsieur le Fils du Maire.
_ Je t’en prie, appelle-moi Boss. Tu as dit au Voyageur de venir à la Grande Roue ? »
Pissenlit était plutôt en train de jouer à la balançoire dans un parc d’attractions avec d’autres enfants insouciants. Il attendit trois secondes de blanc en espérant que son patron ne sache pas où il était exactement. Il reprit :
« Je suis en train de le rechercher, là. Mais il a disparu.
_ Oui, je sais, il s’est caché dans une manifestation mexicaine, c’est ce qu’un espion m’a raconté. »
Pissenlit respira, son mensonge avait pris. Il grogna cependant quand le fils du Maire reprit : « Mais on ne l’a pas vu ressortir.
_ Il se serait donc déguisé en Mexicain ?
_ Et il sent l’avoine. Y en a plus d’une centaine qui court dans les rues, je veux que tu retrouves le bon. »
Retrouver dans toute la ville un Mexicain sur une centaine alors qu’ils courraient comme des dingues partout, et le seul point distinctif était qu’il sentait l’avoine. Ouais, dit comme ça, ça ressemblait au descriptif d’une mission de merde. Pissenlit ferma son téléphone, se leva de sa balançoire et se mit en chasse de ce Mexicain mystère. Il arma son fusil. Quelque part, ça serait simple : suffirait de suivre le hamster.

__

Fino était posé sur une table à l’extérieur et reposa son casque stéréo branché à une machine compliquée. Il avait suivi toute la conversation téléphonique. Il jeta un regard sur la foule devant lui : plus de huit mille personnes se trouvaient là, attendant un signe de sa part. Pour réunir autant de personnes en même temps, il avait simplement lâché un ballon à l’hélium dehors pour attirer plusieurs milliers de personnes cherchant à le détruire. Maintenant qu’ils les avaient en face, ils pouvaient leur expliquer :


« HEY !!! Bande d’abrutis ! Le premier qui me retrouve un Mexicain sentant l’avoine aura le droit de jouer avec le ballon ! »

Le ballon était maintenant à plus de cinq cent mètres d’altitude mais aucun habitant de Délirium n’aurait pu remarquer la supercherie. A la place, ils se lancèrent tous dans les rues pour rechercher ce que le phoque leur avait dit, même si cette histoire allait plus relever du téléphone arabe qu’autre chose. Conscient de la faiblesse d’un plan basé sur des milliers de débiles, Fino demanda à des intellectuels de Délirium (ils avaient juste le sens des réalités, c’était tout, et c’était déjà pas mal) de le faire monter au toit du plus haut bâtiment de la ville. Il avait un plan à lui.
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MessageSujet: Re: Allez, encore une p'tite dernière... [PV Ed Free et Alan Kesey] Allez, encore une p'tite dernière... [PV Ed Free et Alan Kesey] EmptyMer 19 Sep 2012 - 0:26
Le nom de Donkey Kong était du à une erreur de Shigeru Miyamoto, le père spirituel du fameux singe mangeur de bananes. Légende urbaine ? Boutade ? Pied de nez à Nintendo ? Donkey Kong, autrement dit, Âne Kong, était maintenant entré dans les mœurs et personne n’y trouve rien à redire. Bien sûr, cette connaissance n’avait jamais tiré Alan d’un mauvais pas. Pas plus qu’elle ne lui avait été utile d’une quelconque façon. Pour le coup, elle s’était présentée, insidieusement dans son esprit, alors que le jeune libraire à tendance Geek avait affaire à un Hamster géant. Même en anglais, un hamster reste un hamster. Le monde tient à peu de chose. Sur cette noble pensée, Alan se rebella contre sa nature et s’ordonna à réagir de manière logique. Il y avait, dans le visage du Hamster, quelque chose qui lui faisait penser à l’ivrogne qui l’avait poignardé plus tôt dans la nuit. Ce fut le déclic et avant qu’il ne s’en rende compte, ses jambes le transportaient le plus loin possible de cette créature diabolique.

- On se tire ! Le hamster veut nous bouffer, nous !
- On ne serait pas dans cette galère s’il portait une cravate ! éructa Alan en réponse à l’autre Voyageur, tandis qu’ils courraient à en perdre haleine.

Dans la jungle urbaine de Délirium City, les prédateurs sont de toutes natures. La réalité est aussi mince qu’une feuille de papier qu’on roule en boule, qu’on chiffonne ou sur laquelle des crayons ébauchent des plans défiant toute logique. Les Crayons – les vrais, pas ceux de la métaphore – n’en menaient pas large dans leur coin. Gérard s’était fait dessus et venait ainsi de poser la première brique d’un nouvel édifice étronoïde. Le troisième Voyageur, qu’Alan avait complètement oublié, était encore occuper à bavarder. Sa langue devait vraiment être son muscle le plus développé. Comme Tao Pai Pai, il devrait essayer de vaincre le Hamster d’un coup de langue.

Parmi les prédateurs, l’explorateur avisé ne négligera pas d’ajouter la ‘’ Vieille mémé ‘’ à son bestiaire de l’horrible. Malheureusement pour eux, Alan et son camarade n’avaient pas encore conscience du danger que pouvait représenter cette créature. A côté, un Hamster géant cannibale n’est qu’un amuse-gueule, du menu fretin. Dans leur fuite, ils avaient tout simplement négligé ce détail. Oh, monde cruel. Grâce aux mystérieuses capacités du mystérieux Voyageur, ils avaient petit à petit augmenté la distance les séparant du Hamster. Quand au détour d’un portail magique, les malheureux posèrent le pied dans la tanière du dragon, leurs destins étaient scellé aussi sûr que le premier copyright du monde. Elle était dangereuse ; d’avantage que le Hamster.

- Merde, on fait quoi ? Y a pas des trucs pour camoufler notre odeur ?
- Foutu mexicain ! J’aurais dû participer à cette manifestation pour vous faire dégager de Délirium !

Le claquement distinctif d’un fusil qu’on arme réduisit nettement l’effet terrifiant des vibrations du sol, amplifiants alors que le Hamster géant s’avançait. Un détail : ce bruit est distinctif pour toutes personnes passant du temps à regarder la télévision. C’est devenu un son reconnaissable entre mile, sur lequel le réalisateur joue parfois. Cela dit, se retrouver nez à nez avec le canon démesuré d’un fusil de chasse ne revient pas exactement au même. Quand un homme vous braque un flingue sur la tempe, c’est effrayant. S’il ne bouge pas d’un cil, s’il semble maitre de lui, on oserait même imaginer s’en tirer sans trop de bobos. A contrario, un énorme fusil entre les mains d’une vieille femme tremblante est bien plus angoissant. Qui sait ? Le coup pourrait partir tout seul !

La pièce n’était pas grande, chichement éclairée par des ampoules nues disséminées ici et là, manifestement en fin de vie. A Délirium City, le port d’arme était sans doute obligatoire pour tout résident. Plus fort que les ‘ricains. ‘’ Toutes personnes en âge d’articuler ‘’hauts-les-mains’’ se voient forcées de posséder une arme prête à l’emploi à portée de la main. ‘’ Article 1, paragraphe 1. Selon certain, il s’agirait aussi de la seule loi – respectée – de la cité.

Paume en avant, bras vers le ciel en signe de paix, Alan espérait que le message passerait et qu’il n’allait pas se faire flinguer par cette femme. Quelque chose vint alors titiller ses narines et expliqua l’inexplicable quantité d’explosifs et d’armes en tout genre qui étaient à disposition de leurs ôtes. Une forte odeur d’alcool. Entêtante, enivrante. Le nez de la vieille avait la forme et la couleur d’une patate douce. Les indices, bout à bout, mirent le cerveau d’Alan sur l’éventualité qu’ils venaient d’entrer par effraction dans une distillerie clandestine. Quelque chose dans cette histoire ne sentait pas bon, et ce n’était pas seulement le rhum d’une qualité plus que douteuse.

- J’ai une vague idée pour sauver nos miches… murmura Alan en priant pour que l’alcool ait eu raison autant de l’audition que des nerfs de la vieille femme.

Affichant une expression horrifiée, il pointa le plafond du doigt et balbutia comme s’il avait vu la mort en personne. Aussi étonnant que cela puisse être, sa technique marcha. Mieux encore, elle dépassa toutes les espérances du jeune homme. Alors que la femme s’était retournée – sans cesser de pointer le canon de son arme vers le duo – elle aperçu une araignée ridiculement petite. Comme possédée, elle attrapa son arme et frappa de toutes ses forces, impressionnantes pour une personne dans sa condition. Alors, la crosse ricocha contre la pierre et rebondit pour assommer la pauvre femme qui s’écroula sans un bruit.
D’un signe de la tête, Alan invita son camarade à le suivre et ils arpentèrent un long couloir sinueux, probablement pas d’origine, jusqu’à finir dans une sorte de local où la femme fabriquait son alcool. Il y avait là des futs énormes, des barils empilés les uns sur les autres et partout, une plante, un fruit ou autre chose étaient transformés en alcool.

En marchant jusqu’ici, le libraire n’avait pas l’intention de se bourrer la gueule. Pas trop le genre de la maison. Mais les propos du Voyageur lui avaient trottés dans la tête et ils trouveraient peut-être ici le meilleur moyen de dissimuler l’odeur d’avoine qui s’échappait d’eux. Sans perdre une seconde, alors que les pas du Hamster résonnaient de plus en plus fort, il ouvrit le premier tonneau à sa portée. Il y avait, à l’intérieur, un liquide couleur émeraude qui gargouillait faiblement. La liqueur était froide et apaisa les muscles du jeune homme. Ce dernier s’immergea entièrement un instant et en ressorti en grimaçant. Au premier contact, l’alcool était juste froid, mais il se rendait maintenant compte qu’il avait l’impression d’être dans un bain d’aiguilles à coudre.

Quand ils retournèrent dans la première pièce, dégoulinant sur le parqués, traçant de multiples sillons dans la poussière, les deux Voyageurs n’eurent pas le temps de dire ouf. Hamsterminator avait soif. D’un coup de pied, il explosa les murs de l’immeuble et perça à jour l’entrepôt secret. Il semblait, pour le moment, avoir oublié l’odeur d’avoine. Son irruption eu pourtant quelques effets néfastes. Étonnant, n’est-ce pas ? Premièrement, l’abominable vieille femme sortis du coma et ce qu’elle vit n’améliora pas franchement son humeur. Deuxièmement, elle sortit des replis des loques dont elle se servait de robe une nouvelle arme et un rictus affichant des dents pourries n’augura rien de bon.

Visiblement, sa course effrénée avait assoiffé Méghamster qui se rinça le gosier, se gratta derrière la cravate – AH ! – et leva le coude avec l’efficacité du poivrot acharné.

- **** *** ** *** ! s’autocensura Alan devant ce spectacle affligeant qui n’était pas sans lui rappeler la blessure qu’on lui avait affligée.

L’animal avait déjà emporté une bonne moitié du stock quand la propriétaire réagit en vociférant, hurlant et, finalement, tirant à tout vas. Fort heureusement, son état l’empêchait de viser correctement. La plupart des balles de plombs sifflèrent dans le ciel sans blesser personne. Personne ne sut plus tard qu’un oiseau, mortellement blessé, s’était écrasé au sol et que par un concours de circonstance – le concours visant à être le plus incohérent possible – un homme était mort.

Lorsqu’enfin le pistolet cracha sa dernière munition, cette dernière ricocha et fit éclater l’une des ampoules qui tenaient encore debout. Hamster Kong, cuvant la tonne de litre qu’il venait d’ingurgiter, s’était vautré au sol en renversant plusieurs dizaines de tonneaux qui se répandirent en une flaque spiritueuse. La mèche incandescente de l’ampoule brisée vacilla un instant et tomba sous le regard médusé des victimes du Destin.

- Ça sent le roussis, voilà… acheva Alan.
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MessageSujet: Re: Allez, encore une p'tite dernière... [PV Ed Free et Alan Kesey] Allez, encore une p'tite dernière... [PV Ed Free et Alan Kesey] EmptyMer 26 Sep 2012 - 21:15
Si ça sentait le roussis pour certains, moi, cela sentait plutôt le poisson. Et pour cause...

Je devais trouver le Maire de la ville mais autant chercher une aiguille dans une botte de foin. Je pouvais toujours demander au crayon de couleur mais j'avais décidé de faire disparaître la bulle qui l'emprisonnait et, de ce fait, il se perdit dans la masse grouillante de mexicains et d'autres créatures des rêves. Je me tapais le front lorsque je m'étais rendu compte que j'aurai pu lui demander l'endroit où le Maire se trouvait. Le hamster était maintenant en train de détruire un bâtiment, une sorte de maison de retraite. Pauvres anciens, je les plains... Mais bon, on était à Délirium, tout le monde était fou alors pourquoi avoir mis une maison de retraite dans cette ville de malades ?

J'entrepris de descendre du bâtiment mais pas par la voie des airs mais de réellement descendre le bâtiment à pied. J'ouvris une trappe qui se situait sur la gauche et je sautais dedans. Je me réceptionnais à quatre pattes et je sentis qu'il faisait un peu froid. De l'air conditionnée. Why ? Je n'en sus rien. Le couloir faisait vraiment celui d'un immeuble de bureaux, il y avait aussi une plante carnivore au fond. Je commençais vraiment à avoir froid, avec cette clim. Pourquoi étais-je en caleçon, sérieusement ? Un bon T-Shirt à manches longues aurait convenu, avec un jean noir déchiré. J'enlevais Miro de mes oreilles et je commençais à marcher dans le couloir. De l'extérieur, l'immeuble était immense, il devait faire la même taille que la Tour Eiffel. Il y avait de la moquette rouge au sol, j'avais envie de me rouler par terre. Je passais maintenant devant une porte et je décidais de l'ouvrir pour voir si ce n'était pas le bureau du Maire. Lorsque je passais ma tête, je pouvais voir une multitude d'employés à cravates qui fixaient des ordinateurs en marche. Ils étaient en train de taper sur le clavier à une vitesse hallucinante. L'un d'eux me remarqua et se retourna vers moi. J'eus un mouvement de recul, son œil gauche était d'une autre couleur que son autre œil marron et sa paupière se fermait et s'ouvrait frénétiquement. Il avait une tasse de café, sûrement car sa main tremblait et il en reversait un peu. Il me fixa pendant un moment, son autre main continuait à taper toute seule, puis finalement, il retourna vers son écran. Je décidais alors de partir rapidement.
Je continuais à marcher jusqu'à arriver à un bureau d'accueil. Là, une femme typée noire avec des oreilles pointues et des lunettes de grand-mère écrivait sur un papier et le mit sur une pile d'autres papiers. Je supposais que c'était des formulaires ou quelque chose comme ça. Lorsque je m'approchais d'elle, elle ne leva pas ses yeux des papiers mais me parla avant même que je pris la parole :

« C'est pour ? »

A cette question, je n'avais, évidemment, rien pour lui répondre. Elle m'avait parlée très rapidement et cela m'avait surpris. Mais je réfléchissais rapidement et finalement :

« Dans quelle bâtiment se trouve le Maire ? »

« Dans celui-ci, vous prenez l'ascenseur du couloir d'à-côté et vous montez au 1111ème étage. La porte donne sur son bureau. »

Je regardais le couloir qu'elle me montrait tout en continuant de remplir des formulaires. Monter ? Mais on était pas au dernier étage de cet immeuble ? Il y avait quelque chose de magique qui permettait à l'ascenseur d'aller dans la partie invisible de l'immeuble ou y avait-il autre chose ? Bon, allons-y. Il fallait que je sache le gros de l'affaire donc suivons les indications de cette femme. Je marchais avec un certain doute qui trottait dans ma tête. Certes, il fallait que je trouve le Maire pour découvrir la raison de cette putain d'odeur d'avoine mais... Qu'allais-je faire, concrètement ? J'allais le menacer ? Lui parler comme des personnes civilisées (quoique, à Délirium, être civilisé veut plutôt dire l'inverse) ? Hmm... Je verrai ça lorsque je serai devant lui. J'appuyais sur le bouton de l'ascenseur et il s'ouvrit automatiquement. Il y avait une multitude boutons mais il y avait un gros bouton qui se détachait des autres et où la mention « bureau du Maire » était inscrite. J'appuyais dessus et je me retrouvais au plafond de la cage d'ascenseur, dans la micro-seconde qui suivit la pression du bouton. D'accord, quand ils disaient « monter », c'est en fait « descendre ». Délirium était vraiment dingue... J'avais la respiration coupée et on aurait dit que j'étais en train de me faire aplatir par un rouleau de pâtisserie. Vous savez, le... Non en fait. L'ascenseur s'arrêta finalement, aussi subitement qu'il s'était mis en marche. J'eus beaucoup de mal à me relever. Les portes s'ouvrirent et je pouvais remarquer que son bureau était immense. On ne pouvait même pas voir son plafond et, vers la fenêtre qui faisait presque la même hauteur que la pièce, il y avait un bureau avec un fauteuil ovale mauve qui était tourné vers la fenêtre. On était même pas au premier étage car vu de là, on pouvait quand même voir la ville avec une certaine hauteur.

« Alors, avez-vous réussi à tuer cet hamster géant, Monsieur F... Aaah ! »

C'était un homme qui ne semblait pas très très grand mais qui devait faire un bon mètre 72. Il semblait vieux, mais avait cet air sournois qui me rappelait Gordon Gecko, dans le film Wall Street, mais ce qui le différenciait du personnage, c'était une cicatrice qui parcourait son crâne. De là où j'étais, je ne pouvais pas voir jusqu'où se terminait-elle mais je pensais que c'était une cicatrice assez importante. Il se leva de son fauteuil, frappa ses mains sur son bureau et me pointa du doigt.

« Vous ?! Qu'est-ce que vous faîtes ici ?! »

« S'avez que c'est malpoli de pointer les gens du doigt ? »

Il frappa son front avec sa main et redonna un coup sur son pauvre bureau avec ses mains et continua à crier :


« Je réitère ma question : qu'est-ce que vous faîtes ici ?! Partez ! Sinon il... »

Il s'arrêta lorsqu'une ombre atterrissait au sol et me donna un coup de pied sans que je puisse me défendre et son coup me fit propulser dans la cabine d'ascenseur. Bordel, on voulait vraiment que j'arrête de respirer. Sans que je puisse voir à quelle moment il se déplaça, il était à mes pieds et appuya sur un bouton puis sortit. Et avec une voix caverneuse et très grave, comme la voix de Dark Vador mais il parlait plus rapidement que ce dernier :

« Ton test ne commence pas tout de suite. »

« Que... »

Et finalement, les portes se referma et je mis beaucoup de temps à reprendre possession de mon corps. Au moment où je me relevais, les portes s'étaient rouvertes. J'étais sur le toit encore une fois mais à un autre endroit. Qui était cet enfoiré et pourquoi m'avait-il fait remonté sur le toit. En tout cas, j'avais compris le message : le Maire n'était pas la personne qui pouvait répondre à mes interrogations. Et ce mystérieux personnage brouillait encore plus mes esprits. Je me massais le ventre et marcha hors de la cabine. On pouvait maintenant voir le hamster qui était vautré et qui n'avait pas bougé de la maison de retraite. Je ne pouvais m'empêcher d'avoir une pensée pour Ed et l'autre voyageur mais je me désintéressais de leur état aussi rapidement qu'un éjaculateur précoce qui aurait jouit. L'air était emplit d'une odeur de poisson pas frais et mes oreilles saignaient lorsque j'entendis sa putain de voix. Je m'étais retrouvé nez à museau avec ce putain d'animal en peluche et je sus dès l'instant où ses yeux s'étaient posés sur les miens que ma nuit allait pas être le paradis. Pas du tout le paradis.

« Bordel... Putain de Mother Phoquer... »
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MessageSujet: Re: Allez, encore une p'tite dernière... [PV Ed Free et Alan Kesey] Allez, encore une p'tite dernière... [PV Ed Free et Alan Kesey] EmptyVen 5 Oct 2012 - 0:25
Fascinant comme on avait raconté avec force épique et force chœur de voix intense les histoires d’Ulysse qui tombait de Charybde en Scylla. Mais voilà, le navigateur stratège dont la seule histoire suffisait à la compréhension de l’apparition d’innovations comme le GPS n’avait jamais accroché son amarre à la folie onirique de Delirium. Parce qu’à Délirium City, c’était Charybde et Scylla qui étaient malmenées.

On tombait des crayons de couleur psychopathes à Kala Kourou, de Kala Kourou à des foules, des foules aux crayons de couleur (une rediffusion), de ces derniers à des Mexicains et des anti-Mexicains au paroxysme de leur manifestation, de toutes ces conneries au hamster géant annoncé dès le départ comme l’événement central, pour finalement tomber sur une vieille avec un fusil de chasse dont une balle pouvait creuser un tunnel à travers un éléphant, de la bouche jusqu’au croupier. Dans toutes les œuvres absurdes, il était de nature courante que les vieilles portaient le fusil comme les hipsters s’équipaient de lunettes aux verres de bonne taille. La gâchette de ladite arme était souvent aussi usée que sa propriétaire, et entendre les grondements terrifiants du hamster (quand il se grattait derrière l’oreille, on avait l’impression qu’un ouragan avec pluie dévastaient la ville) n’arrangeait rien à l’affaire. Le climax était à son comble, et je n’attendais qu’une chose : que Kala revienne derrière la fenêtre avec une bulle d’eau, et que les crayons de couleur pénètrent dans l’appartement en lâchant un « Ahah » avant que l’Apocalypse poilu ne s’abatte sur l’appartement. La vie à Dreamland était simple. Surtout pour les Rêveurs en fait.

Tenant mon espèce de banjo mexicain, je fis tout pour éviter qu’un de mes doigts ne frôlent une des cordes de l’instrument et incitent la dame à terminer son geste et à nous transformer, Alan et moi, en carpaccio d’une seule cartouche de plomb. Mon nouveau camarade fut un tout petit peu moins passif : d’un geste, il fit se retourner la vieille dame dans le piège le plus vieux du monde ; il devait déjà être usé jusqu’à la moelle à la Préhistoire. Mais puisque la vieille devait venir d’encore avant, elle se laissa prendre au piège et crut pour elle toute seule que le Voyageur brun désignait une créature céphalothorax qui squattait le mur. Ni une ni deux, la dame en robe se saisit de la crosse et abattit sur la pauvre bête un coup qui fit trembler les vieux chandeliers du plafond. Le coup fut même si puissant que la carabine rebondit contre le mur pour assommer la pauvre vieille dans un bruit sourd. Le corps s’écrasa contre le sol et souleva une bonne quantité de poussière ; cela provoqua la colère des voisins du dessous qui donnèrent quelques coups de balais pour prévenir du tintamarre. Je constatai le danger écarté aussi facilement (stupidement ?) d’un coup d’œil avant de me tourner vers Alan :


« Si c’était aussi simple avec le hamster... »

Il rentra dans une autre pièce tandis que le palier arrêta de trembler sous le balai des voisins. Tandis qu’il ouvrit la porte, une forte odeur que je reconnus maintenant m’envahit les narines. Je grimaçai alors que mon nez hésitait entre rendre l’âme et savourer le nectar plus qu’alcoolisé qui se dégageait de la pièce enfumée. Elle foutait quoi de sa vie, cette foutue vieille ? Je regardais rapidement dans les tonneaux les liquides qui se dégageaient. Leur couleur était peu engageante. Enfin, le vert était une belle couleur, mais ça n’était pas la teinte habituelle de l’alcool ; sauf évidemment si c’était du Get 27, mais ceci n’était pas du Get 27. Alan se baigna dans le tonneau. Préférant ignorer tout des hobbies et des techniques de fabrication quand on était une petite vieille, je me demandais si je préférais encore ne pas garder ma superbe odeur d’avoine. La proximité avec Hamtaro bodybuildé me fit soupirer et brisa mes dernières réserves. Je m’immergeai à mon tour dans la substance et préférais noyer mon esprit dans des réflexions crasses et perverses pour oublier la sensation glacée. Avec un peu de chance, j’allais coller comme un con maintenant.

Sortant du bain derrière Alan, je repris de mes mains sèches (je me les étais gardées en-dehors de la matière visqueuse) pour récupérer mon panneau et l’instrument de musique qui devait manquer à son propriétaire. On revint dans le salon qu’on venait de quitter. J’avais dit que j’avais un tel feeling avec la malchance la plus crasse que je réussirais à rameuter Kala, les crayons et le hamster. Seulement un d’entre les trois était présent, mais quelle présence ! Rajoutez une mamie encore plus énervée tirée de son sommeil par l’arrivée du monstre, et on obtenait une jolie scène dans laquelle je ne compris rien. Je sautai sur le sol tandis que les premières détonations arrivèrent, explosant partout aléatoirement selon la direction dans laquelle était tournée la vieille dame louche. Le hamster décida de prendre un coup et ravagea une partie de l’immeuble d’un simple geste assoiffé, couvrant de tonnes de débris les alentours. Dire qu’il ressemblait à n’importe quel hamster à la con ! La différence tenait à ce que je pouvais transformer un de ses yeux en palace pour prince du Khatar. Je comprenais que l’attaque du hamster avait plus recherché à attiser sa soif que nous bouffer tout cru, et aussi que le plan d’Alan se révélait pour le moment, bon (hey, ça faisait une idée qui marchait ! C’était extrêmement rare à Délirium).

Heureusement, la chance ne durait jamais longtemps, car mes yeux suivirent le même tracé que ceux d’Alan. La dernière cartouche explosa l’ampoule du salon, ce qui provoqua déjà des étincelles à cause du gaz qui gueula, et le tout retomba sur la flaque d’alcool.

Faisons un petit cours de chimie ici. L’alcool, ça brûlait bien, mais rien à voir avec des explosions qu’on pouvait imaginer. Disons que plus il y avait d’alcool, plus ça brûlait. Les cocktails Molotov, qui finalement, ne produisaient pas vraiment un grand souffle et n’étaient intéressants que pour garder des flammes durables, étaient faits avec de la vodka russe (donc, de la vraie vodka bien alcoolisée). Même s’il se pouvait bien qu’il se passe quelque chose de terrible, j’attendais avec impatience de savoir jusqu’à quel degré était concentrée la liqueur dans laquelle je venais de me baigner. Il se passa quelque chose de terrible. Et pire que tout, on était couvert de cette substance.

Il y eut d’abord le souffle de l’explosion, et ce fut notre chance, car elle évita qu’on ne grille comme des merguez, à la Double-Face dans Le Chevalier Noir. On traversa lui et moi un mur, deux murs et trois murs comme des dingues, traversant tout le bâtiment et dérangeant les occupants dans leur vie quotidienne de tous les jours. A la fin du douloureux vol plané, nous étions tous les deux couchés contre des briques, affalés par terre tandis qu’une voix masculine criait que c’en était trop, et qu’il fallait virer tous les Mexicains de la ville. Je me relevai alors que tout mon corps semblait s’être effondré comme les briques sous les pieds. Une flamme me léchait le bras et je l’éteignis en l’étouffant par diverses tapes successives et rapides. Putain, mais qu’est-ce qu’elle foutait dans ces foutus tonneaux ! Trente mètres plus loin, un véritable incendie régnait dans toute une partie de l’immeuble, provoquant au choix, des crises de larme et des éclats de rire compulsifs avant qu’on ne se jette dans le feu. Une bonne moitié de l’étage supérieur s’écrasa dans la rue alors que le délabrement de l’immeuble ne faisait que commencer. Il semblait que le feu avait touché une cuisinière, car une nouvelle explosion déforma et déchiqueta l’immeuble blessé dans un nouveau grondement fait de briques et de structures métalliques qui ne répondaient plus de rien. Ce fut bientôt tout l’immeuble entier qui se mit à vaciller et à se détruire, les étages engloutissant les autres étages quand ils ne débordaient pas en-dehors des enceintes habituelles et tombant dans la rue ou sur la tête du hamster.

Il était temps de courir. Une nouvelle fois. On partit de l’autre côté sous les critiques des locataires qui sortaient déjà les balais et les ventilateurs pour nous frapper avec. L’endroit était plus solide de ce côté-là, mais l’effondrement allait bientôt suivre. Les craquements et les fissures apparaissaient déjà, lézardant de tous côtés en fragilisant dangereusement la structure. On finit par sortir en explosant une porte de secours vers la sortie pour se retrouver sur un escalier de sécurité, très courant dans les bâtiments américains. On descendit en quatrième vitesse avant que la hauteur ne fut suffisante pour sauter. Je me réceptionnai plutôt souplement sur le sol – même si j’eus l’impression de me briser tous les os des jambes, et nous reprîmes notre course pour s’éloigner des intempéries sévères qui touchaient le coin. Ce fut pendant la course que je me rendis compte à quel point je ne ressemblais plus à rien. Avec mon poncho, de mon sombrero, de mon cigare, de mon panneau, de mon banjo mexicain, et de toute la poussière grise et noire que j’avais récoltée dans l’explosion, j’étais proprement méconnaissable. C’était en regardant Alan dans le même état que moi que je me rendis compte de ma propre hygiène. J’allais proposer ce qu’on allait faire quand un type plus que louche apparut. Vêtu d’un chapeau rigide et noir, d’une moustache de cow-boy solitaire et de petits yeux si perfides qu’il était inconcevable de les voir chez quelqu’un de sympathique. Juste sa voix donnait envie de le remettre à la police.


« Are you Mexicanos ? » fit il sans savoir dans quelle langue s’adresser. Je plissai les yeux devant la question et répondis promptement et prudemment :
« No. Euh, Si.
« All Mexicanos must go to… the Great, euh… the Great Wheel.
_ Claro que si. »
, répondis-je peu sûr de moi. L’interlocuteur demanda :
« Vous parlez pas un peu normalement des fois ?
_ Claro que si.
_ Tous les Mexicains doivent se regrouper sous la Grand Roue, par-là. »
Il indiqua du doigt la direction à prendre. » « C’est la seule façon de calmer le hamster et de terminer la cérémonie. Vous avez l’air moins con que les autres, je peux vous confier une tâche ?
_ Si.
_ J’ai un harmonica. Dès que vous pensez que tous les Mexicains sont dans la place, vous soufflez très fort dedans pour m’avertir. Okay ? »


Il sortir de sa poche l’instrument cité, et voyant que j’avais les mains pleines, l’envoya à Alan. Il sortit finalement une sucette rose de sa poche et se mit à la lécher en allant rechercher d’autres Mexicains. Je levai les épaules et questionnais Alan du regard. C’était peut-être la seule solution pour éviter que l’odeur d’avoine ne puisse revenir si elle le pouvait, ou si l’odorat du monstre était assez fin pour percer au bout d’un moment le camouflage odorant qu’on avait pris.

__

Pissenlit continua son dur travail de réunir tous les Mexicains vers le lieu de rendez-vous convenu. Dès qu’il entendrait le cri de l’harmonica qu’il avait donné à ce très drôle de couple de Mexicains tout droit sortis d’un film américain, il reviendrait vers la Grande Roue qui accueillerait le gigantesque animal pour tirer toutes ces balles odorantes sur la place, et ainsi, sceller la fête. Il y avait des métiers plus faciles et moins éreintants que d’autres. Il tenta d’appeler son patron après les quarante Mexicains passés pour lui annoncer sa lente progression, mais les tonalités sonnaient dans le vide. Il réessaya deux autres fois, et au bout de cinq minutes et du même répondeur, il raccrocha. Tant pis, il réessaierait plus tard.

Ce qu’il ne sut pas, c’était que le coup de la mamie avait buté un pigeon, et que ce pigeon s’était durement écrasé contre la tête d’un passant. Et ce passant, c’était le fils du Maire qui s’était approché dans la rue pour observer l’énorme animal.

__

Quand Fino découvrit sur le toit recherché un Voyageur albinos, il faillit ordonner à ses hommes de le tuer. Comme ça, un réflexe. Réfrénant ses pulsions meurtrières, n’oubliant pas qu’un Voyageur pouvait se révéler aussi costaud que des Seigneurs Cauchemars (quand on n’avait pas de chance), il préféra se raviser et chercher un ordre plus subtil à donner à quelqu’un.


« Dégage de mon toit si tu veux pas que ta glotte devienne ta troisième boule ! » Bien plus subtil.

Il claque la langue, et dix hommes armés qui l’entouraient se mirent en cercle autour du phoque et déposèrent une étrange machine sur le toit de l’immeuble. Un véritable gratte-ciel d’ailleurs, et tellement de gens à l’intérieur... Fino activa des boutons sur l’étrange boîte, et deux joysticks plus quelques boutons apparurent. En même temps, la boîte en bois se « connecta » sur le toit et des traits bleus parcoururent tout le bâtiment en quelques éclairs avant de disparaître.

Soudain, deux bras poussèrent au bâtiment dans des grondements terrifiants, et deux jambes apparurent. L’immeuble était maintenant prêt à être téléguidé par l’Artefact de rang A, Nananana, qui pouvait prendre contrôle de l’esprit de toutes les maisons et tous les immeubles de Délirium City, comme des robots. Et avec ça, il allait pouvoir engager un combat épique contre ce foutu hamster. Un vrai boulot comme il les aimait. Fino testa quelques touches pour s’approprier le contrôle du bâtiment, et un rictus apparut sur son visage quand d’énormes secousses lui répondirent. Parfait. Un putain de robot. Certes, le toit bougeait comme un dingue quand la machine avançait, mais ça restait maîtrisable. C’était encore plus amusant de savoir qu’il y avait des centaines de gens à l’intérieur, dont le Maire qui serait le seul à comprendre la situation. Fino refit une grimace au Voyageur :


« Puceau, faut que je te pisse dans la gueule pour que tes neurones s’activent ? Vu comme tu schlingues, ça serait du parfum pour… » Arrêt dans la phrase, et c’était rare avec le phoque. Il sentait l’avoine. C’était certainement l’œuvre de Pissenlit qu’écoutait Fino à chaque appel. Il avait touché un Voyageur, c’était ce qu’il avait dit à son patron, ça devait être lui qui s’était réfugié ici pour échapper à la créature. Ça faisait sens. Une idée malsaine germa dans l’esprit de Fino :

« Changement de plan les gars. Choppez-moi le Voyageur. On va pêcher aujourd’hui. »

Ses dix hommes se jetèrent sur l’albinos. Le plan de Fino était simple : attacher Kala par une corde au toit de l’immeuble où il pendrait misérablement, secoué comme un prunier, et attirant à lui le monstre gigantesque par son odeur insupportable. La pêche à la ligne allait être d’une autre ampleur aujourd’hui. Et ça allait provoquer un combat gigantesque. Et quelques morts, évidemment. Et quelques morts, surtout, même ! Une bonne nuit en perspective.
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MessageSujet: Re: Allez, encore une p'tite dernière... [PV Ed Free et Alan Kesey] Allez, encore une p'tite dernière... [PV Ed Free et Alan Kesey] EmptyDim 14 Oct 2012 - 1:06
Délirium n’était pas contente. C’était pourtant elle, la reine incontestée – si peu jalousée - du chaos et de l’exagération en règle générale. Et voilà que de simples voyageurs lui faisaient de l’ombre à provoquer des dégâts considérables. De manières totalement inconsidérées qui plus est. Comment désordonner d’avantage le désordre le plus complet ? En important l’ordre ? Non, juste en créant d’avantage de bordel, voilà… Et il y a l’art et la manière de le faire. Ed Free et Alan Kesey étaient de véritables artistes, des pontes en la matière. Les De Vinci et Van Gogh du tumulte.

En tant que personnalité anthropomorphique, Délirium était une créature cauchemardesque exposée depuis sa naissance aux rayons radioactifs. Un monstre difforme aux membres multiples, effrayant. Et la voilà vexée comme un pou, un horrible pou… En tant que terre sainte de l’insanité, il lui fallait réagir. Prouver qu’elle était encore au sommet. De manière totalement disproportionnée bien sûr. Ces deux hommes, d’une manière ou d’une autre, ils sombreront dans l’océan de merde qui s’écoulait du robinet qu’ils avaient eux-mêmes ouvert sans mesurer les conséquences de leurs actes. Nul n’est plus timbré que la folie personnifiée. Même si pour cela elle devait faire appel au facteur

L’ultime affront lui apparut lorsqu’une créature, une sous-espèce tout juste dotée d’une conscience, osa l’utiliser contre son grès. Un phoque aussi mignon qu’insignifiant, quoiqu’éminemment plus dangereuse qu’il ne semblait en apparence. Cela dit, ce n’était pas sans une certaine fierté presque maternelle – mal placée au demeurant – que Délirium admirait ses petits gens rependre son idéologie, comme une maladie infectieuse. Et ce, même si ces joyeux petits pions le faisaient presque malgré eux en réalité.

Côté métaphorique, le chemin compte autant que la destination. Côté terre à terre, peu importe la route choisie tant que tu arrives à destination. De toute façon, les deux étaient intimement liés. Dans le cas présent, le chemin était sans doute aussi débridé que le point de chute. C’est très important la chute. Plus que tout le reste en fait. Dans une blague, c’est même l’ultime maillon, sans quoi la chaine se brise et rien ne se passe, tout simplement. Et donc on s’emmerde. Ce qui est totalement proscrit à Délirium, qui, après tout, n’est qu’une vaste plaisanterie. Une clown allumée du ciboulot qui n’hésite pas à piocher dans le public pour ses gags et s’ils y passent, bah… ainsi vas la vie ! Moins sexy qu’Harley Quinn. Tout en tentacules.

S’imaginer transformé en rôtis humain, c’est une perspective qui n’as rien de réjouissant, sauf pour ces messieurs les cannibales peut être. Etre propulsé à travers trois rangées de murs en brique, cela n’as rien de plaisant non plus. D’instinct, Alan avait activé son pouvoir, cela ne le sauverait pas, mais au moins il mourrait peut-être sans trop souffrir. Persuadé de finir brûlé vif, il l’était encore quand le souffle de l’explosion le propulsa avec son camarade sur plusieurs dizaines de mètres au loin, sans faire dans le détail. Le temps que l’information remonte au cerveau, et il était couvert de poussières et de briques. La détonation résonnait encore dans le crâne du libraire, couverts de petites plaies sur la quasi-totalité de son corps, en dehors du dos que son poncho avait protégé miraculeusement. Au loin, étouffé par les acouphènes dont souffrait alors le jeune homme, un autre habitant de Dreamland vociférait une accumulation de grossièretés très imagées.

A peine redressé sur ses jambes, sidéré par ce qui venait de se dérouler, le jeune homme ne put retenir un glapissement lorsqu’une nouvelle explosion fit vibrer les airs et écorcha d’avantage l’immeuble qui, selon toute logique, ne devait pas tarder à s’effondrer. L’incendie était impressionnant, les flammes s’élevaient sur près d’une dizaine de mètres et tout portait à croire qu’il n’allait pas s’arrêter en si bon chemin. Alan s’interrogea alors sur la qualité du service des pompiers de Délirium. Dans un lieu pareil, les accidents devaient être fréquents, mais cela n’était pas suffisant pour garantir quoi que ce soit ici…

L’heure n’en était pas à la satisfaction morbide de voir la ville dévorée par le feu, il fallait courir et vite. Tout portait à croire que, remis de ses émotions et perturbé par l’explosion, le Hamster se souviendrait de lui et de l’autre Voyageur et il ne ferait d’eux qu’une bouchée, un amuse-gueule sans prétention. Sans un mot, mais quelques pressés par les locataires, ils prirent tout deux la poudre d’escampette et Alan sentit que son corps allait lui faire payer le traitement infligé. Le Voyageur anonyme, toujours enclin aux acrobaties les plus superflues, n’avait pas fière allure, mais tenait bon. Enfin, il semblait plutôt en forme comparé à Alan. Tout en galopant après son compagnon, il dressa rapidement un inventaire : son corps était une sorte de résumé de la nuit. Coupures, écorchures, égratignures se battaient à qui mieux-mieux. Il avait de la poussière jusque dans son caleçon et grimaçait à chaque pas, une main posée sur son poncho qu’il maintenait au sommet de son crâne pour d’obscures raisons. Si seulement il pouvait se réveiller maintenant, là, tout de suite. Tant pis pour la nuit blanche. Il finirait ce livre, l’histoire d’un vieux gringo partir en finir avec sa vie au Mexique. Putain, c’est une blague ?

- ‘’ Etre un gringo au Mexique, ça c’est de l’euthanasie. ‘’ Que Bierce et Fuentes aillent se faire voir, pesta Alan à voix haute. J’vais lire un manga e basta !

Si le Voyageur voulait s’enquérir des propos d’Alan, il n’en eut pas le temps. Alors qu’ils filaient tout deux dans un dédale de ruelles, vraisemblablement au hasard, un individu fort suspect et ressemblant trait pour trait au personnage de Danny Trejo dans le rôle de Machette les arrêta dans leurs fuites. Dans son gosier, la salive du jeune garçon passa difficilement. Quand il s’adressa à eux d’une voix sortie d’outre-tombe, Alan ne compris pas un seul mot. Les langues étrangères, ça n’avait jamais été sa tasse de thé et le Mexicain patibulaire avait un accent à couper au couteau, pardon, à la machette…

Pour le meilleur et pour le pire, l’autre Voyageur avait quelques notions et sembla comprendre ce qu’on leur disait. A moins qu’il ne bluffait tout simplement. Un brutal ‘’ okay ‘’ tira Alan de sa léthargie. Le mexicain lui jeta un harmonica entre les mains, se fendant d’un rictus qui déforma son horrible visage. Puis, il sortit une sucette et la porta à sa bouche avant de s’en allez, sans un mot. Alan se tourna vers son compagnon, espérant y trouver quelques explications, mais au regard interrogateur qu’il croisa, le jeune homme déduit qu’ils étaient tout deux embarqués dans une situation qui les dépassait totalement. Une fois encore. Une vraie coutume ici.

- Approchez mes petits, babilla un bébé coiffé d’un béret à carreau en s’adressant aux vieillards qui s’amusaient dans le bac à sable. Il est l’heure de vous narrer la légende du Facteur.

Curieux, les centenaires s’approchèrent et formèrent un demi-cercle aux petits pieds potelet du bambin. Les yeux brillants d’excitation, ou peut-être à cause de dégénérescence maculaire liée à l’âge. Derrières des lunettes aux verres épais, c’était de vraies petites étincelles qui se consumaient puis s’éteignaient, tout doucement.

- Racontez-nous ! entonnèrent-ils en chœur.

A l’ombre d’un arbre dont les racines étaient pointées vers le ciel, le bébé bourra sa pipe et l’alluma avant d’en tirer une bouffée, silencieusement, son visage poupin comme tendu par une injection de toxique botulique. Les mémés et les pépés, une fois tous en tailleurs dans un joyeux festival de craquements d’os, se turent et un filet de bave coula le long du menton de certains. L’enfant avait beau être un excellent orateur, son public risquait de ne pas passer la nuit et de passer l’arme à gauche sans que personne n’y fasse attention. Une odeur fétide s’échappa de diverses couches que portaient tout le monde dans le coin.

- Voici l’histoire du Facteur. On l’appelait aussi Facteur X à cause de son caractère imprévisible et obsédé aussi. Certains l’appelaient aussi Facteur XX, pour les chromosomes, ajouta le bébé à voix basse.

Les vieux du premier rang qui n’avaient pas entendu bégayèrent quelques propos incohérent quand enfin l’un d’eux réussis à formuler une question : pourquoi XX.

- Et bien… parce que c’est aussi une sacrée pédale ! lâcha le bébé d’un ton désabusé.

Il leur raconta ensuite que c’était un individu très peu fréquentable qui rodait à Délirium City. Oui, même ici il était considéré comme un personnage de nature étrange et à éviter. A la base, son surnom lui venait car il s’amusait à distribuer des lettres à certains individus qui, manipulé par leurs propres bêtises, obéissaient à des consignes idiotes et qui avait le dont de répandre la panique dans la ville. L’expression ‘’ pas de nouvelles, bonne nouvelle ‘’ prenait alors tout son sens. Le Facteur ne faisait que très peu d’apparition, caché dans les méandres de la citées, mais dès lors qu’il refaisait surface, les probabilités de catastrophes de grandes ampleurs explosaient tout les records. Exactement 101% de chance, pour être précis.

- Prenez garde, ce facteur là sonne toujours deux fois, c’est à ça qu’on le reconnait, acheva le bébé. Un long sifflement plus tard, et c’est la vie d’Ernest Hopshervider qui s’acheva à son tour.
- Eh, baby, vous connaissez la différence entre un bébé et un vieux ? Quand le vieux court tout nu sur la plage, c’est beaucoup moins mignon qu’un bébé!

Martha était toujours à raconter des blagues. Martha ne connaissait qu’une seule blague. Et le bébé ria, encore et encore, pour masquer un soupire avant que Martha ne souffle son dernier. Un brave petit que ce bébé, il ira loin.

Il existe des gens naturellement doués pour la musique, des prodiges capables d’improviser des morceaux émouvants après seulement quelques minutes d’apprentissages. Ils deviennent riches et célèbres, c’est plutôt agréable. Bien sûr, il y a aussi ceux qui, avec une flûte ou une clarinette entre les mains, provoquent l’exil des peuples. N’était-ce pas cet enfoiré de Bierce qui disait qu’il n’y avait guère que deux clarinettes qui pouvaient être pire qu’un seul de ces instruments ? Alan, malgré tout, n’oubliait pas les leçons de cet illustre journaliste, véritable artiste du cynisme. Lui non plus n’était pas doué avec les instruments. Armé d’une flûte, Alan pouvait aussi fendre la mer en deux. Ses forces, munies d’un harmonica, étaient sans commune mesure, sans l’ombre d’un doute.

- Tu sais ce que je suis censé faire de ce bidule ? demanda Alan une fois qu’ils furent arrêtés devant la grande roue.

La joute entre le hamster et l’étrange robot n’avait pas cessé, même si cela consistait surtout à voir un rongeur géant complètement déchirée balancer des coups dans le vide pour mieux se ramasser par terre. Alan ignorait tout de celui qui pilotait cet engin, mais il lui devait une fière chandelle. Ivre comme il l’était, le hamster l’aurait sans doute déchiqueté avant de le dévorer, jouant avec lui comme un chat avec une souris agonisante.

Alan se rendit alors compte qu’ils étaient entourés de sympathisant aux manifestants Mexicains et l’ambiance était devenue électrique. Cette réunion, que pouvait-elle signifier ? Le libraire sursauta alors qu’une main s’abattait sur son épaule. Un grand gaillard pâle comme la mort et aux allures de geek sous amphet’.

- Joue mon pote, joue !

Prêt au carnage, le jeune homme essuya l’instrument avec le tissu de son pagne, peu concluant. Il porta l’harmonica jusqu’à ses lèvres, grimaçant déjà pour tenter une première note lorsque l’instrument lui sauta littéralement des mains. Dans l’une des cabines de la grande roue, un homme venait d’apparaitre. Vêtu d’une simple culotte en soie, un sac en bandoulière débordant de lettres mélangée pêle-mêle, son visage rond était congestionné et les veines qui palpitaient sur son crâne chauve menaçaient d’exploser. Le Facteur venait d’entrer en scène. La lettre qu’il avait jetée sur Alan pour l’empêcher de souffler s’était profondément enfoncée dans le sol et une inquiétante fumée violette s’en échappait doucement.

- Tu le connais ? demanda-t-il à l’autre Voyageur.

Parmi la foule, quelques uns étaient figés, les yeux exorbités fixant le Facteur, mi horrifiés mi impressionnés. Pour Alan, l’identité de cette chose importait peu, mais il sentait les ennuis à des kilomètres à la ronde.

- Ding Dong ! Ding Dong ! J'ai de la pub, le nouveau catalogue Ikea et une facture rien que pour vous mes petits !
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Allez, encore une p'tite dernière... [PV Ed Free et Alan Kesey]

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