Il lui fallu un instant pour se rendre compte qu'il avait lamentablement glissé sur le sol et qu'il était quelque peu sonné. Avant de se remettre les idées en place et d'essayer de comprendre comment il en était arrivé là, tous les poils de son dos se hérissèrent pour signaler un danger et il se précipita sur le côté, par réflexe, alors qu'une main griffue s'abattait précisément à l'endroit où sa tête avait été. Un autre instinct de survie tout aussi poignant lui fit prendre son marteau et envoyer un coup puissant dans la tête qui venait d'apparaître juste devant lui. La créature, qu'il distingua alors tout entière, alla valser brutalement vers le mur du couloir carrelé et ne se releva pas : sa mâchoire faisait un écart brillant et son crâne semblait être fendu. Lucien l'observa une seconde, sans comprendre et sans réaliser toute l'agitation qui avait court tout autour de lui. Il resta immobile un moment de trop car bientôt, une vive douleur le pris à l'épaule gauche, lorsque les dents de l'un des monstres se plantèrent dans sa chaire. Nul doute qu'il hurla et serra les dents. Mais il lui fallut frapper ce crâne simiesque avec violence pour que la créature daigne le lâcher et cela enfonça un peu plus les crocs en lui, ne serait-ce qu'un moment. Sans attendre qu'elle retrouve le loisir de ses mouvements il fit éclater son crâne en frappant mécaniquement cet étrange bête. Une fois satisfait, il commença enfin à comprendre ce qu'il se passait et qu'il était en danger s'il ne mettait pas tous ses sens en alerte. Combien de monstres étaient autour de lui, il ne savait pas. Mais il voyait l'autre voyageur, sa victime désignée, se débattre avec certaines d'entre elles. Trois autres arrivaient dans sa direction et il se releva d'un bond, regrettant aussitôt ce geste qui venait de lui arracher une vive douleur à l'épaule.
Il analysa pragmatiquement la situation et décida qu'elle était de l'ordre du catastrophique. Les trois créatures avançaient vers lui sans qu'il ne puisse prendre le temps de la réflexion, depuis deux origines différentes, avec un écart de distance certain, accentué par une différence de rythme de course, le tout dans un couloir de métro qui n'était pas assez large pour qu'il puisse jouer avec son marteau proprement et les garder tous les trois à distance. Il réagit alors en faisant la seule chose qui lui passa par l'esprit, à savoir allonger son arme de façon à ce qu'une énorme tête de métal vienne rejeter les deux créatures qui l'attaquaient par la droite et à ce que le manche de bois s'enfonce dans la tête de la troisième. Deux des créatures eurent une réaction positive et furent immédiatement repoussées. La troisième, en revanche, sauta par dessus le marteau et se jeta sur lui. Il plongea à nouveau sur le côté pour esquiver l'attaque, ce qui lui valut probablement sa survie. Alors, il commença à s'énerver réellement et à trouver toute cette mascarade ennuyante : elle l'empêchait d'accomplir ce qu'il était venu faire ici. Encore une limite, une règle physique... Il détestait cela. Sans la moindre retenue, il leva son marteau avec son bras valide et frappa, aussi lourdement qu'il le put, le monstre qui l'avait attaqué. Les os de ce dernier se brisèrent presque tous et bien qu'elles ne mourut pas tout de suite, son agonie fut lente et délicieuse. Aussitôt après, il agrandit le manche de son arme et balaya une créature en l'écrasant contre le mur, à la manière d'un moucheron, qui laissa une trace de sang à peu près similaire. Il dut repousser à nouveau la troisième, puis, lui enfonça le thorax et fit ainsi cesser son coeur de battre. Enfin, s'aidant de son marteau, il se releva. Pour lors, les choses étaient tranquille, mais deux créatures se tenaient prête à sauter sur son adversaire.
"VOUS NE M'EMPÊCHEREZ PAS DE LE TUER !" beugla-t-il.
Puis, alors qu'elle se jetaient sur leur adversaire, il les balaya toutes les deux en agrandissant son marteau dans leur direction. L'instant suivant, il les écrasait sous une masse d'une tonne, que leur corps n'aurait jamais pu supporter. Alors, il put retourner son attention sur le voyageur et sourire, de cette manière si particulière qui signifiait justement qu'il ne voulait pas que du bien. Tous les deux étaient blessés et l'épaule de Lucien suintait de sang. Pourtant, il était encore en meilleure forme que l'autre et savait que ce seul avantage lui permettrait de vaincre facilement. Il fit regagner à son arme sa taille normale et tituba un peu vers lui. C'est alors qu'il entendit les jappement d'autres créatures se rapprocher dans le couloir. Peut-être étaient-elles une dizaine à courir vers lui et il sut immédiatement qu'il lui fallait fuir pour survivre. Mais il évalua aussi que ses chances de survie seraient décuplées s'il gardait quelqu'un auprès de lui pour se battre à ses côtés... Aussi, en toute logique, projeta-t-il son marteau pour faucher les jambes de l'adolescent et, une fois que celui-ci fut à terre, lui en écraser une jusqu'à briser l'os. Agrandissant son marteau juste au dernier moment, pour qu'il ne voit pas le coup arriver. Puis, il partit en courant et en ricanant, laissant son adversaire servir de repas aux monstres...