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Vous connaissez Godzilla ?
Vous connaissez Avez-vous déjà vu ?
Dans les deux cas, on s'en contrefout.
L'essentiel pour vous est de savoir qu'une créature de la taille de King Kong, malmenait tout simplement le métro pour son bon plaisir. A quoi ressemblait-elle ? A Godzilla bien évidemment, terreur du centre-ville new-yorkais. Sauf que celui-ci criait "Grodzilla" à tue-tête, tapait violemment du pied sur le sol, tenait un bouquin intitulé "Grodzilla, Grodzilla" par Grodzilla, dans sa main, et secouait de l'autre le wagon du métro dont il s'était emparé. Ce même wagon dans lequel se tenait Lithium, secoué comme une vulgaire patate.

Toujours dans son coin, elle attendait.
Le monstre allait bien finir par s'ennuyer, non ?
Au pire, elle n'aurait qu'à sauter de l'embarcation en plein vol.
Ouais mais.. Pas top l'idée hein. C'quand même un peu haut 250 mètres.
Elle vit des cadavres encore frais traversant la pièce, brisant une vitre au passage, et tombant dans la noirceur apaisante des ténèbres. Ou mordre la poussière aussi. Bouffer les pissenlits par la racine. Bref, ils ne pouvaient pas être plus que déjà morts. Que faire ? Il fallait vraiment qu'elle se tire de cette mauvaise blague. Des loups-garous, des vampires, des chats, Grodzilla.. Manquait plus qu'un Dabou qui aime le chocolat. Ah bah tiens, le voilà qui passe dans sa maison volante ballonnée. Le petit postier est là aussi apparemment. Et Monsieur Frederiksen. Il fallait vraiment qu'elle arrête les olives avant de se coucher. Ce n’était pas bon pour la santé mentale de certaines.

Une violente secousse balança Lithium à travers le wagon.
Elle s'éclata sans ménagement le bas des reins sur les plaques métalliques du métro.
Un soupir douloureux s'échappa d'entre ses dents serrées, et elle se frotta méticuleusement le cosys. Lorsqu'elle voulut s'informer sur l'étendue déjà bien rocambolesque de la situation, elle fit face à un énorme œil de reptile, transcendé en une fente effrayante. Grodzilla ! Et merde, je veux dire flûte, il fallait qu'elle saute. A l'instant précis où elle allait commettre une bêtise aussi grosse qu'elle, le compartiment onirique fila en chute libre jusqu'au sol, et fut étonnamment rattrapé de justesse pour être ensuite posé délicatement dans la poussière. Sans même chercher à comprendre ce qu'il s'était passé, la jeune femme sauta du train, et se réceptionna doucement à genoux, bras écartés. C'est de la folie ces transports en commun ! Au moins, elle savait qu’elle ne les reprendrait plus. Elle jeta un vif coup d’œil autour d'elle, cherchant les survivants à la cascade. Elle ne vit que la brunette aux lèvres rouge sang. Se désintéressant rapidement de la voyageuse, elle aperçut une foule particulièrement attentive à une chose précise. Curieuse, elle se déboita la tête pour en connaitre la cause. Deux hommes en costard noirs, affublés de Ray Ban tout aussi sombres sur le nez, accompagnés d'un carlin beige immonde, se tenaient face à la nuée de passagers désemparés. Son contenu était exclusivement composé de Rêveurs, mais 2-3 voyageurs ignorants s'y étaient incrustés, sans compter la petite dizaine de créatures. L'un des deux hommes était noir, et l'autre, vieux. D'ailleurs, à l'en regarder de plus près, il ne devait pas sourire souvent celui-là. Déprimant. Le plus jeune sortit une drôle de petite machine ressemblant à un tournevis ou un stylo. Limite un Screwdriver, comme Doctor Who. Non mais attendez.. C'est un Neurolaser ça.
Et merde.

Elle sauta.
Où me direz-vous ?
Dans le premier trou de lapin qu'elle avait détecté.
En gros, l'heureux élu trou était une magnifique entrée d’égout.
Génial, la nuit continuait bien. Elle ne pouvait rêver mieux. Toutefois, elle n'avait pas sauté seul. La demoiselle aux lèvres de Blanche-Neige avait exactement eu la même idée. Dans un élan de bon sens, elles s'étaient toutes deux extirpés du fameux Neurolaser de K et J, les Men in Black. Une partie du charabia de J se fit entendre jusque dans les tréfonds des catacombes dreamlandiennes.

".. Ce que vous avez vu ce soir n'est rien d'autre que le résultat des OGM de Limaces poilues diluées que vous donnez en biberon à vos enfants affamés. Parents indignes que vous êtes. Oui, même toi, et surtout toi le morse. Je te prie de rester poli, range tes poils. Les œufs de grenouille, c'est mauvais pour la santé. Donnez-leur des Bertie Crochue, la dragée saveur Cire d'Oreille de Gobelin est mon préféré d'ailleurs. Je me souviens qu'une fois K a eu une aux ongles de pieds d'un certain Bush. Vous le connaissez-vous ? Hé K ! Les bouffe pas tous non plus ! Et mais espèce de vieux déb.."

Pitié, qu'on la fasse sortir de ce cauchemar.
L'eau nauséabonde des égouts la révulsait au plus haut point.
Sans échanger le moindre mot, elles cherchèrent un moyen de s'en sortir.
La réponse ne se fit pas attendre. Elles se firent aspirées par un trou parallèle à celui par lequel elles s'étaient enfuies, et se retrouvèrent sur leurs deux jambes, bien à terre. Il s'était passé quoi là exactement ? La tête lui tournait un peu. Elle avait eu l'impression d'être comme sucée par un escargot octogénaire. Poétique comme comparaison dis donc. Reprenant doucement ses esprits, elle releva lentement les yeux vers sa partenaire de galère imposée, et découvrit une scène particulièrement loufoque. Si la voyageuse qu'elle avait rencontrée avait eu un semblant de beauté à ses yeux, là de suite maintenant, elle était plutôt ridicule tout en restant dans l'ambiance du lieu. Car oui, à présent, elles ne se trouvaient plus dans le désert du métro, mais bel et bien à Discoland, le royaume de la danse funky et de la musique. La brune la dévisageait comme si elle se moquait d'elle. Si elle se regardait peut-être d'abord. Ce que fit cette dernière. Sa réaction lorsque son regard rencontra le miroir clandestin inscrit dans le sol, fut magique. Si les lémuriens avaient des yeux énormes, et bien ceux de la demoiselle étaient des pastèques. Magique. Ses cheveux s'étaient soulevé pour former une touffe afro de poils de tête sur son crâne. Le pantalon pattes d'eph' marron s'ajustait à la perfection avec sa veste jaune, et son col violet. ça c'était la classe.
Cependant, elle n'était pas la seule accoutrée de la sorte. Lithium s'avança pour s'admirer dans la glace. Son visage s'étendit en un immense sourire amusé. Alors là, elle avait gagné le pompon elle aussi. Sa douce chevelure blonde s'était muée en une banane hype en son temps. Tout de marron et d’orange vêtue, une imposante ceinture dotée d'un disque doré se bloquait sur ses hanches. Son pantalon s’étalait comme un parachute. Elle s'autorisa une pose disco, effectivement ravie du résultat.

"On est pas belles comme ça, hein ?", elle adressa un clin d’œil complice à sa voisine, complètement dégoutée.

Spoiler:

Bon, pas tout le monde semblait enchanté du comique de la situation.
C'était dommage, parce que là, c'était vraiment, mais VRAIMENT cocasse.
Elles avaient trop la classe ! Tellement qu'une musique bien connue de ses oreilles vint les chatouiller. Cops are coming, les Funky Cops ! Voilà en quoi elles étaient fringuées. Trop la classe ! Ce qui le fut moins, c'est quand des groupies acharnées, stupéfaites de les voir, vinrent les cueillir sans le moindre ménagement pour les entrainer au Boogie Palace.
Elles n'allaient tout de même pas.. Ah bah si. Voilà qu'elles étaient sur la piste de danse, au beau milieu des badauds en transe, se trémoussant au son de la musique ambiante. La boule à facettes éclairait l'intégralité de la pièce, explosant les visages des danseurs en milliers de fragments lumineux. Les faisceaux de lumières multicolores bombardaient l'espace, transformant le lieu en un échiquier de couleurs, les carreaux et autres cases s'illuminant de disco.

Spoiler:

« Time to get funky ! », s'écria t-elle.

Et le ridicule commença.
Les deux voyageuses se trémoussaient sur le rythme disco de la musique que le Dj envoyait.
Elles se mouvaient sur la piste, et ensemble dansaient, en un rythme parfait. Le bras en l'air en signe de commencement, elles avancèrent un pied devant l'autre. En face d'elles, deux tapettes habillés en cow-boys, leur faisait concurrence, mais seulement dans leur tête. Rien dans leur technique ne pouvait effrayer Lithium et Morrigan, qui les distançaient par leur fougue et leur savoir-faire nouvellement acquis. Elles avançaient, tout en ponctuant leur progression de pauses, envoyant leur bras en l'air, en croix et balance, et d'oscillations de hanches.
Elles stoppèrent pour dodeliner de leur derrière, s'accroupissant et se relevant très légèrement, esquissant un mouvement de la main, comme saluant la foule. Puis sautèrent dans les airs, croisant les jambes brièvement pour se réceptionner sans encombre. Morrigan se vit faire le balancement du bassin, tel un dauphin des reins, ponctuant sa technique sensuelle, de geste souples de la part de ses mains. Lithium, quant à elle, ravie de participer à un tel concours de circonstances, glissa sur le côté, les bras parallèles à ses jambes en diagonale.
Une fois stoppée, elle joignit ses mains, et marqua la pause à la manière d'une statue hellénistique. Une fois leur court solo accompli, les deux jeunes femmes se rejoignirent pour continuer en symbiose. Elles sautaient sur place comme des cabris, avançant très légèrement, tout en balançant une jambe, puis une autre sur le côté, le tout en avec de petits moulinets du mollet, pour ensuite la ramener vers elles. Poursuivant dans leur élan, elles se mirent l'une derrière l'autre, jetant de nouveau leur jambe en avant au même rythme, notèrent un arrêt pour mieux rebondir et firent un tour sur elles-même.
Elles réitérèrent la technique, sans le tour. Finalement, elles levèrent un bras en l'air et se tortillèrent le bassin, en s'accroupissant et en se relevant très légèrement, comme au départ. Elles se balancèrent sur chaque côté, emmenant leurs bras dans leur transe, puis enchaînèrent différentes pauses. Sur les pointes, tourniquet, le haut en bas. Un pied en avant, un pied en arrière, un petit saut et puis s'en va. Face à face, croisement, claquer des mains. Une nuit à n'en plus finir.

En sueur, une sorte de jingle marqua la fin de ce qui était apparemment un concours.
Sans la moindre surprise, elles remportèrent le prix symbolisant leur victoire, et les faisant ainsi accéder à la postérité de l'histoire du disco. Et tout cela en si peu de temps. Quelle soirée !
Lithium, totalement essoufflée, se dirigea précipitamment vers les toilettes les plus proches, suivit de près par la voyageuse aux lèvres écarlates. Dès que les deux femmes firent irruption dans les toilettes, elle y firent une bien curieuse découverte. Un homme de corpulence moyenne, type caucasien, cicatrice sur la joue droite, cheveux coupés courts, un citoyen plutôt banal en gros, embrassait presque le lavabo. Intriguée, La blondinette s'avança vers lui.

« Hé gars, ça va ? »

Le monsieur en question se releva rapidement, visiblement effrayé.
La demoiselle put remarquer de la poudre blanche autour de son nez imposant.
Non, pas possible. Ce mec sniffait de la cocaïne en poudre dans un endroit pareil ?
Lithium recula lentement en voyant le regard fou de l'homme auquel elle venait de s'adresser.
Autant ne pas prendre de risques face à ce genre de personne. Le gars en question s'enfuit comme un dératé, ne manquant pas de bousculer les deux voyageuses pour passer. Quel rustre ! La dessinatrice soupira de mécontentement, et se retourna vers les lavabos. Et vit un petit morceau de papier sur le sol. Ah ? Il avait dû le perdre. Elle se baissa pour le ramasser et lut les signes inscrits sur celui-ci.

« Americano napoletano. Fabricants de pâtes à la weed. », elle leva les yeux vers Morrigan.
« Tu connais toi ? »

Face à l'incompréhension totale de sa partenaire, elle resta incrédule également.
C'était quoi cette bêtise ? S'enfonçant dans une réflexion qui promettait d'être longue, elle s'arrêta net de réfléchir lorsqu'elle entendit des hurlements ;

« Que personne ne bouge, POLICE ! »

« Merde. »

Les flics.
Elle se tourna vers sa compagne de galère.

« J'sais pas toi, mais même si l'on a rien fait, je pencherais pour que l'on se casse d'ici vite fait bien fait. Y'a encore de la coke sur l'évier. A Dreamland, la Justice n'est pas vraiment au point. »

Et elle courut.
Explosant la porte au passage, façon de parler, suivit de Morrigan.
Sans prêter attention à ce qui se passait autour d'elle, elle traça complètement les lieux. S'extirpant du Boogie Palace, elles finirent par se trouver à l'extérieur.. Extérieur bourré de flics. Flics pas franchement ravis de voir deux personnes dehors alors qu'ils avaient confinés l'espace disco. Instinctivement, Lithium sprinta au bâtiment le plus proche.
Tiens.. Y'a quelque chose écrit dessus, un peu effacé en passant. Ameri.. Oh et puis pas le temps ! Elle s'engouffra dans l'embrasure de la porte, emportant l'autre voyageuse avec elle. Elle se bougea pour trouver de quoi bloquer la porte, et pris les premiers objets à portée. Elle prit un simple rondeau de bois et le glissa entre les tiges de métal. Pourtant, elle n'entendit pas de coups pressentant que les policiers les poursuivaient. Boh, bizarre. Soupirant de soulagement, elle se tourna vers la jeune femme brune, et lui sourit chaleureusement.

« Vu que l'on va être dans la même galère pour le moment, je me présente : Lithium Elfensen.
Enchanté ! »