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Ruelles et Toits [PV : Jean-Baptiste Dubois]

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Alice Sauvebois
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MessageSujet: Ruelles et Toits [PV : Jean-Baptiste Dubois] Ruelles et Toits [PV : Jean-Baptiste Dubois] EmptyVen 13 Mar 2015 - 15:52

Les yeux gris et pâles fixaient avec intensité les prunelles sombres, rondes et brillantes, dans une bataille de regard sans précédent, chaque combattant parfaitement immobile, l'un en face de l'autre. Le monde avait disparu, seul subsistait cet affrontement intense dont Alice tirait une chose : un farouche agacement.

Certes, cela faisait désormais quelques mois, maintenant, qu'elle avait repris contact avec ses parents et, en effet, tout s'était passé pour le mieux. Elle avait passé plusieurs weekend avec eux et eux étaient passés plusieurs fois à l'atelier, ils avaient discuté, Alice pouvait même dire qu'ils étaient heureux de la revoir, heureux aussi de son changement d'attitude manifeste. Alors oui, tout se passait bien, mais de là à faire ça !

Les reflets brillant des deux billes noirs qui ne lâchaient toujours pas ses yeux, firent courir un frisson dans son dos. Comment avaient-ils pu lui faire ça ? Elle était leur fille ! Ils la connaissaient suffisamment pour savoir qu'il ne fallait surtout pas lui filer un animal et surtout pas un chien ! Encore moins le leur, encore moins s'il s'appelait  Pompon, encore moins si c'était une espèce de boule de poil rousse, hyperactive et aboyeuse, avec deux grands yeux sombres dépourvus de la moindre trace d'intelligence ! Comme pour valider chaque critère, la créature lâcha un jappement, avant de se jeter sauvagement sur son énorme queue, totalement disproportionnée par rapport à son tout petit corps, la masse velue faisant rebondir le petit canidé sur le parquet brillant de la boutique.

Quelques minutes plus tôt, alors qu'Alice descendait le rideau de son magasin, elle avait vu ses deux parents descendre la petite rue marchande où elle vivait, accompagnés de leur fidèle canidé qui trottinait à leur côté, sa langue pendant bêtement du côté droit de sa gueule. Son sourcil c'était arqué immédiatement, ses parents venaient rarement la voir si tard et plus rarement encore en dehors des weekend ; les deux travaillaient et elle-même ne se permettait guère d'interrompre son travail pour qui que ce soit et bien que ce vendredi soir soit des plus charmants, cette visite surprise l'étonnait. Elle ne comprit que bien trop tard, devant une tasse de thé à même le comptoir en bois ouvragé, qu'ils ne faisaient que passer pour lui confier "Pompon", puisqu'ils partaient en weekend avec des amis et que la pauvre créature rousse vivait très mal les voyages. La "pet-sitter" de cette engeance animale n'étant pas disponible, ils avaient pensé exploiter leur fille sans vergogne, afin de pouvoir s'offrir de petites vacances bucoliques sans remord. Sous le choc, la petite blonde n'avait pas su quoi dire et ces forbans qui osaient se faire appeler parents en avaient aussitôt profité pour quitter le navire, laissant le monstre poilu, ainsi que sa valise (pour un chien, si, si) avec la jeune femme.

Lâchant un gros soupir, elle s'accroupit auprès de la boule de poil tournoyante, qui s'arrêta soudain, sa queue extraordinairement fournie sortant de sa petite gueule rousse. Comme se rendant compte de l'air stupide que cela lui donnait, il lâcha son appendice caudale qui remuait déjà furieusement de bonheur en constatant l'attention que lui portait un être humain.

Alice avait toujours grandi en compagnie de petit chien et on avait toujours attendu d'elle qu'elle devienne "amie" avec ces canidés, le monde entier s'imaginant toujours que le meilleur ami de l'Homme était surtout le meilleur ami de l'enfant. Une famille dotée d'une de ces créatures, devaient nécessairement avoir ce tableau magnifique d'un enfant jouant et riant, poursuivit par l'animal jappant gaiement, dans un merveilleux jardin à la pelouse parfaitement tondue. Sottise ! Vision d'esprit ! Elle n'avait jamais ressenti le moindre attrait pour les compagnons que s'offrait sa mère, des purs races au poil lustré et aux dimensions de rat plus que de véritable chien. Pompon était donc le dernier de cette fantastique lignée, et sa mère, son père ou les deux d'un commun accord, avait décidé de retenter l'expérience du tableau enfant + chien = bonheur familial béat. Sauf qu'elle n'était plus une enfant et qu'elle n'aimait toujours pas les chiens.

Un lourd soupir s'échappa de ses lèvres, alors qu'elle se levait lentement, sous le regard interrogatif du loulou de Poméranie. Elle s'empara de la petite valise à froufrous et se dirigea vers l'escalier qui menait à l'étage et aux espaces de vie de la maison, elle y ouvrit le sac, qui était encore plus gros que son minuscule "propriétaire". Dedans, en dehors du collier et de la laisse qui était toujours attachés à l'animal, elle découvrit un tas de jouet, un panier que le chien se mit immédiatement à mordiller, deux gamelles, un sac de croquette et une lettre de la main de sa mère :



    "Chère Alice,

    Nous espérons que toi et Pompon passerait un excellent weekend tous les deux, pendant que nous serons chez nos amis. Pompon prend trois repas par jour, il y a un bol mesureur dans le sac de croquette, un bol par repas suffit. Je le sors une fois le matin tôt et une fois le soir (pour le vendredi ce ne sera pas utile, je sais que tu te couches tôt, ma chérie). Ne le fais pas dormir dehors, il pleurerait et laisse-le dormir avec toi dans la chambre, il sera bien sage dans son panier, laisse-lui la porte entrouverte s'il a un peu la bougeotte.  

    C'est tout ! Pompon est adorable, tu verras !

    Passe un bon weekend, Alicette
    Bisous, Papa et Maman"


C'était officiel, quand ils rentreraient, elle leur ferait la gueule. Elle gratifia la pauvre bête innocente et au moins aussi victime qu'elle de cette machination (quoique Pompon ne semblait pas se plaindre), avant de ranger le sac dans un placard, plaçant, comme demandé et malgré ses réticences, le panier avec les jouets dans sa chambre, puis les gamelles dont une qu'elle remplit d'eau et l'autre de la quantité adéquate de croquettes, dans la cuisine. Elle retira enfin la laisse du cou (et de la gueule) du chien, qui se jeta presque immédiatement sur son repas, plongeant presque l'intégralité de son corps dans son bol.

La créature passa ensuite la soirée entière à suivre les moindres pas de la jeune femme dans sa maison, observant tous ses gestes avec une adoration toute canine, jusqu'à ce que ce nouveau maître divin rejoigne son lit. Comme prévu, et à sa grande surprise, le petit chien s'arrêta au niveau de son panier adossé à l'armoire et s'allongea au milieu de ses jouets, sans un son. Elle haussa un sourcil, agréablement surprise, avant d'éteindre sa lampe de chevet et de se blottir dans ses draps. Dans l'obscurité, elle ferma doucement les yeux, profitant de la douceur de son oreiller. A partir de là, il ne fallut pas plus de 5 minutes et qu'un léger assoupissement s'empare de la jeune femme, pour entendre et sentir un petit poids haletant et duveteux sauter avec peine sur les couverture et se blottir contre son ventre.

... Sa mère était donc définitivement une manipulatrice et une menteuse, dans un langage moins châtiée, une connasse. Alice, tenta bien de pousser la créature couineuse, mais elle savait pertinemment que tenter d'enseigner la moindre petite trace de bonnes manières ou de respect aux canidés pervertis par sa génitrice était à peu près aussi pertinent et réalisable que de faire un spectacle de cirque avec des scorpions ! Elle se laissa donc aller au sommeil, fatiguée et contrariée, assurée que Dreamland n'arrangerait rien à son humeur de dogue.


~

Des odeurs diverses et variées atteignirent ses oreilles, avant même le bruit ambiant. Une cacophonie de parfum et de voix emplir sa tête, puis un soleil radieux emplie ses pupilles, forçant ses yeux à se plisser pour réguler sa vision. Elle secoua la tête et rabattit machinalement le petit chapeau de paille à bords étroits qui trônait fièrement sur sa chevelure exceptionnellement coiffées en une fine tresse brouillonnes, d'où s'échappaient une multitude de petits épis. Elle était en plein milieu d'une grande rue manifestement commerçante, toute bordée d'étales colorés d'où crier des vendeurs hystériques, aguichant les passants pour qu'ils remarquent leurs produits. Le soleil état haut dans le ciel, les rires et les échos de voix enjoués emplissait d'une ambiance délicieusement festive le royaume des... Chats.

L'invocatrice n'aurait su dire si c'était sa détermination à ne plus voir de chien pour la soirée ou un quelconque désordre onirique, mais pour la première fois de sa vie de voyageuse, elle se retrouvait dans un des plus grands territoires des rêves. Il ne fallait pas croire, elle n'avait guère plus d'affection pour les félins que pour leurs homologues canins, mais actuellement, aucune créature nyctalope à longues moustaches n'occupait son lit, ce qui les lui rendait tout de suite bien plus sympathiques.

Une épaule la heurta, un chat à la courte fourrure tabby fauve la fusilla du regard avant de reprendre son chemin en trottinant sur ses petites pattes élégantes, disparaissant dans la foule épaisse dont prenait peu à peu conscience la jeune femme. Dans une série de pas chassé maladroit, elle s'écarta furtivement du milieu, s'excusant machinalement d'une petite voix jusqu'à atteindre une petite ruelle adjacente, dont l'ombre accueillante offrit un repos bienvenu à ses yeux myopes bombardés de lumière trop vive.

Retirant brièvement ses lunettes et son chapeau, elle frotta ses paupières avec ses petits points, tâchant de réfléchir à ce qu'elle pourrait bien faire de sa nuit et s'il fallait qu'elle en fasse quelque chose.
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MessageSujet: Re: Ruelles et Toits [PV : Jean-Baptiste Dubois] Ruelles et Toits [PV : Jean-Baptiste Dubois] EmptyJeu 19 Mar 2015 - 20:08

"Rien à faire, je ne supporte pas la foule ..."

En équilibre précaire sur le rebord d'un toit, je peste contre mes penchants libertaires qui se révèlent plus contraignant qu'autre chose. Me faire bousculer ou bousculer, déambuler parmi un nombre brouillon et désordonné, je ne peux plus m'y résoudre. Croiser des habitants insolites, admirer la mixité ambiante, les exotismes des tenues, la multitude des odeurs, la musique rythmé du brouhaha ... Pourquoi pas, oui ? Mais tout ne me paraît pas aussi agréable, loin de là. Je suis frustré, retenu, étouffé dans le grouillement des rues.
Pourquoi profiter des inconvénients quand je peux jouir des seuls avantages ? Perché comme je le suis, je peux à ma guise lorgner de tous cotés, sans subir l’infamie de la foule du Royaume des Chats. Raisonnement à sens unique, sans doute. Mais je ne pense pas pour les autres, comme je ne veux que l'on pense pour moi à Dreamland. Vouloir la liberté implique aussi de savoir au besoin, ou à l'envie, se détacher de considérations morales, sans les négliger. Je me permet ces incartades à certaines de mes convictions. Ronronnant de plaisir dans mon esprit, mon aura vibre autour de moi, me stabilisant dans ma position, à califourchon sur une tuile oblongue.

Je sens bien que ce n'est pas sans elle que j'aurais un tel comportement, une telle volonté de détachement. Elle m’exacerbait, ou plutôt accentuait ma dureté, qui prenait le pas sur mes penchant plus empathiques ou sociaux. Influencé, moi. Je devais bien le reconnaître, faire l'autruche ne ferais qu'augmenter cet état de fait. Mon combat ne faisais que commencer, et si la victoire est éternelle, raison de plus pour aller la cueillir. Mais celle que je recherche ne s'obtient pas en un jour, un mois ou un an. Elle ne s'obtient pas par la gloire, l'arrogance, ou une quelconque distinction personnelle ou extérieure. Je veux être tout et rien, nuit et jour, je veux être libre. Ce fantasme me guide, me transporte.

"Mais encore faut-il que je sois moins aveugle et fier ..."

Désirs contradictoires, futiles ou illusoires. Sans doute. Peu importe.
Je déplie mon corps, savourant les craquements de ma longue colonne, tâtant de mes orteils la terre cuite des tuiles instables. Mes cheveux volent au vent doux et régulier, ma tresse tressautant calmement en frôlant ma clavicule. Je me sens léger, énergique, plein de fougue. Le Royaume qui m'accueille cette nuit est une plaque grouillante du commerce. Une grande métropole assez mitigée. Fourmillante et palpitante, il va sans dire. Trop pour moi. Le tumulte d'odeurs qui me parviennent m'émoustille, ma vision est aux anges, mes membres frémissent à présent d'attente.
D'un bond, je me sépare tu toit, vers le vide qui s'ouvre devant moi. La chute est rapide, enivrante, et le sol se rapproche avec une vitesse étourdissante. J'imagine. Une vive impulsion, et mon mouvement s'inverse brutalement, mon corps s’arquant dans ma fluide ascension. Ahurissant, comme toujours. Que sont mes peurs, mes réticences, face à une telle débauche endocrinienne ? Adrénaline, endorphine, dopamine, et j'en passe, elles déferlaient alors que je virevoltait au dessus des toits inégaux de la ville, m'emportant dans mon élan sauvage et purement physique.

Un éclair métallique, loin à ma droite. J'arrête mes turpitudes aériennes, me focalisant sur cet accroc brillant. Un rien cuivré, réverbérant le soleil haut et fort du Royaume. Je m'approche, restant dans mes hauteurs.
Les reflets ont pour origine une ... une arme ? Assez biscornu, de laiton ou de cuivre, un revolver ou s'en approchant, dans la main d'un créature à l'aspect tout aussi atypique. Grand, assez fin, impossible de distinguer ses traits, mais sa peau est entre le gris et le jaune, ses vêtements sont sombres, redingote, pantalon-cigarette. Il se tient debout, sur la pente du toit d'une grande bâtisse.
Tandis que je m'approche, il bouge, et pointe soudain son arme vers son visage. Il tire ?! Sa tête explose violemment, ainsi qu'une bonne partie de son torse.
*Wwwwrrrrrrhhhhhh*
Éblouissant éclair autour de son corps, m'obligeant à fermer les yeux. Quand je les rouvrent, plus aucune trace de lui. Je reste un peu bouche bée, me posant doucement sur un enchevêtrement de tuiles et de tôles.

"Qu'est ce que je viens de voir ?!"

Une hallucination ? Un événement qui dépasse ma simple compréhension, au vu de mes maigres connaissances ? Ou bien ... Non, stop ! Plus de questions, plus d'inconnus !

"Je n'ai rien vu, et je me fous de cet hurluberlu."

Ruminant ma frustration, je me décide à rejoindre la foule dans les rues. Tout cela ma dépasse pour l'instant.
Alors que je me pose dans la foule féline, je parviens à sourire. Après tout, quelle importance ? L'avenir m'apportera ou non mes réponses, mais je ne courrais pas pour les avoir. Pas cette fois. Profitons plutôt de la foule de plus orthodoxe manière, alors. Je slalome entre les passant pressés, attentif à une quelconque subtilité qui éveillerait mon intérêt, finissant d'effacer ma colère de gamin capricieux.
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MessageSujet: Re: Ruelles et Toits [PV : Jean-Baptiste Dubois] Ruelles et Toits [PV : Jean-Baptiste Dubois] EmptyLun 30 Mar 2015 - 0:41

Avec précaution, elle reposa les deux cerceaux métalliques devant ses yeux, battant brièvement ses paupières en réajustant son chapeau. Il faisait bon dans l'ombre de la ruelle et elle n'avait pas très envie de retraverser de la grande avenue commerçante, son bruit et ses étales colorées, aussi joyeuse en soit l'ambiance. Au contraire, le calme mystérieux de cette curieuse petite venelle l'intriguait et elle n'allait pas non plus passer sa nuit immobile dans ce croisement. Le Royaume des Chats n'avait pas la réputation d'être un endroit dangereux, une ballade solitaire ne lui semblait pas non plus déraisonnable.

Elle se redressa lentement, étirant sa petite silhouette avant d'avancer entre les façades, se glissant doucement, sans un son dans les secrets de la ville féline. Aussi étrange que ce soit de le préciser dans un tel lieu, mais il n'y avait pas un chat. Le silence faisait écho à ses pas sur les pavés, la vive lumière du soleil frappait l'immeuble à sa droite, laissant le sol dans l'ombre délicate des lieux cachés. Elle profitait du calme, de la rumeur de plus en plus lointaine de la cité marchande, choisissant son chemin à l'oreille, cherchant le passage qui l'emmènerait plus profondément dans une quiétude bercée d'obscurité toujours plus épaisse. Bientôt, elle n'entendit plus un son, à peine quelques discrets bruits de vie invisible, tapies dans les joints des vieilles pierres. Parfois, au loin, des pas venaient, puis s'éloignaient, laissant de nouveau le dédale à sa torpeur frémissante. Les hauts toits semblaient se courber, comme penchant l'échine sur les ruelles étroites qui les encerclaient. Régulièrement des passerelles reliaient les façades par endroit, dans un enchevêtrement qui zébraient le ciel lumineux.

Malgré leurs aspects désertiques, voir un peu glauques, Alice ne se sentait pas oppressée par les lieux. Au contraire, s'il n'y avait personne, alors il n'y avait aucune menace, et le calme ambiant rendait ses sens plus aiguisés que jamais. Elle pourrait surement anticiper la venue de qui que ce soit bien avant que cela ne pose problème. Alors la jeune femme profitait de sa promenade, parfaitement à l'aise entre l'étroitesse tranquille des multiples ruelles. Elle suivait tour à tour son instinct, ses sens, le hasard d'une lumière un peu différente, d'un son à peine perçu et lointain, courant après les indices discrètement disséminés dans le décor. Son chemin la mena finalement face à une allée un peu différente ; les murs, plus bas, laissaient dépasser de la végétation délicatement fleurie d'invisibles jardins clôturés, donnant un subtil aperçu de parfums, de formes et de couleurs exotiques qu'Alice n'avait jamais rencontré auparavant. Les tuyaux et autres entrailles urbaines zigzagantes, furent rapidement envahies par ces plantes à moitié sauvages, qui grimpaient avec aise sur leurs surfaces rouillées.

Le mélange était intriguant, mystérieux, de même que ces portes colorées, qui transperçaient par intermittence les murailles, chacune marquée de noms aux lettres presque effacées. L'étroite rue en pente légère s'évasa, puis s'élargit totalement, dessinant un espace semblable à une placette ombragée, bordée de jeunes arbres dont le feuillage fou semblait avoir poussé où bon lui semblait, tandis que les racines avaient ça et là déchaussé les pavés au camaïeu pastel de ce petit hémicycle caché. L'espace était dessiné par cinq façades de pierre colorée, dont trois présentaient une vitrine légèrement poussiéreuse. Les deux premières affichaient tout un bric à brac hétéroclite et charmant, qui s'étalait jusqu'au pallier, dont la porte grande ouverte suggérait un occupant, bien qu'Alice ne vit personne. Elle se gratta la tête, intriguée, avant d'avancer vers la troisième, la plus sobre et aussi la plus vide.

La façade étroite, toute entière faite en bois qui avait un jour était peint, s'élevait haut dans le ciel, montrant deux rangées de trois longues fenêtres, sans compter celles du toit, aussi biscornues et étrange que le faitage sombre qui les abritait. L'invocatrice s'avança, couvrant ses yeux pour tenter de voir l'intérieur, malgré la poussière qui recouvrait la vitrine, en vain. Elle se tourna vers la porte à la poignet cuivrée en forme de toucan, frappa trois coups et, devant l'absence de réponse, osa et tourna le bouton qui, dans un petit claquement, entrouvrit le battant sans effort.

Elle se retourna, considéra sa gauche, sa droite. Il n'y avait toujours personne, les sons de la ville lui parvenait, lointains et doux, très étouffés par la distance et les hautes bâtisses, dont celle-ci. Devait-elle entrer ?
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MessageSujet: Re: Ruelles et Toits [PV : Jean-Baptiste Dubois] Ruelles et Toits [PV : Jean-Baptiste Dubois] EmptySam 4 Avr 2015 - 16:29

Déambulant parmi les félins, je prend conscience de mes limites, aussi stupides que contraignantes, en ce qui concerne certaines situations.
Malgré tous les efforts que me permettent ma mauvaise foi inhérente et tenace sur le sujet, la foule est toujours pour moi, en cet instant particulièrement, une plaie. Loin de m'effrayer, elle me met en rogne. Je me sens relégué au placard, petit pot bien aligné parmi tant d'autres. Être distingué par les autres ne m'attire pas plus que cela, mais me sentir banal, goutte dan l'océan, je ne peut le supporter. Et relativiser la situation et mes sensations ne m'est d'aucun secours, au contraire. Plus je prend du recul, plus je me sens insignifiant, dirigiste et dirigé. Mon intégrité se perd, s'étiole.
Je m'arrête brutalement, provoquant une collision derrière moi, alors que celui qui me suivait de près, un chat au pelage écaille de tortue, pile, et se fait percuter par une myriade de chatons à l'air ronchon, qui jurent tous dans un ensemble désordonné. Sourd aux protestations des pauvres passants, je suis tendu à l’extrême, focalisé tout entier sur un point, loin devant moi.
Un dos, tout banal qu'il pourrait paraître, le dos d'une redingote, aux deux boutons cuivrés que je reconnais. Je les ai aperçu sur le toit, avant qu'ils ne disparaissent, eux et leur porteur, dans la gerbe lumineuse et improbable d'une arme étrange.

"Je te retrouve, mon larron ... Et compte bien ne plus te perdre."


Ce disant, je reprend ma route dans la foule, louvoyant avec autant de dextérité que de hâte. L'énergumène marche d'un bon pas, et il est compliqué pour moi de le rattraper, au vu du trafic piéton des rues. Se croisant de tous les cotés, la ville des Chats est bondée, mais heureusement je suis suffisamment grand pour ne pas perdre ma cible de vue trop souvent.
Je suis fébrile dans mes mouvements, impatient et anxieux. Les question posées par cet individu, et surtout son suicide explosif, resurgissent aussi rapidement que si elles n'avaient jamais quitté mon esprit. Elles n'avaient jamais quitté mon esprit, simplement enfouis, dans l'attente d'une inattention de ma part, prête à m'assaillir de nouveau. Plus je progressais, bousculant inévitablement et sans grand émoi quelques passant, et plus ma curiosité me piquait, brûlante, impérieuse. Je voulais savoir, connaître cet improbable individu et ses motivations pour de si étranges actions. Je sentais, désirait sentir la promesse d'une découverte, le début de quelque long et passionnant songe.
Au détriment de la bienséance, je parvins à combler la distance entre lui et moi, réduisant le nombre de passants nous séparant à chaque pas. Mes sens et mon aura aux aguets, j'esquivais et devançais les piétons divers et variés, bien que majoritairement félin. Je me dis fugitivement que ma présence dans cette foule devait être singulièrement visible, et peut-être assez étrange. Les Voyageurs se cantonnaient apparemment au marché, dans ce Royaume, les faubourgs étant avant tout peuplés et fréquentés par les habitants des rêves. Les quartiers résidentiels et industrieux de ce genre n'attiraient pas trop mes semblables, et rare étaient les étrangers au Royaume, tout du moins visible. Les transactions illégales, comme dans le monde réel, se faisaient loin du regard du commun.

Loin du regard du commun ... N'avais-je pas, une fois de plus, surprit quelque discrète entreprise ? Et celui que je suivais était sans conteste un non féliné. Ses vêtements étaient de plus assez intriguant en eux-même, de par leur coupe et leur esthétique assez datée. Un costume digne du XIXème siècle. Sans compter son arme aux propriétés bien trop incroyable ...
Je continuais mes foulées amples et cadencées, me rapprochant encore de ma cible. Nous marchions depuis quelques minutes dans de grandes artères très empruntées, puis il bifurqua subitement, au coin d'une rue étroite. Je le suivais toujours, alors que la couverture de la foule s'étiolait autour de moi. Il ne ralentissait toujours pas, continuant vers sa destination, serpentant à présent dans des ruelles désertes, où les pas résonnaient distinctement alors que les sons de la ville s'estompaient.
Je délaissais la marche en me maintenant quelques centimètres au dessus du sol pavé, masquant l'écho de ma filature improvisée. Malgré mes pieds nus, j'avais peur de rendre mes foulées bien trop bruyantes, trop facilement percevables par les oreilles pointues et mobiles de ma cible. Gardant à présent une distance de quelques mètres d'écart, pas trop proche, mais assez pour ne pas le perdre dans les nombreux croisements, je détaillais de manière plus poussée ce que je pouvais distinguer du ressuscité.
Il était assez grand, élancé dans sa silhouette, les membres longs et solides, sa démarche, même de dos, ne manquait pas de prestance. Quant à ses vêtements, il portait une redingote d'un vert si sombre qu'il m'avait tout d'abord paru noir, un pantalon cigarette d'un ocre lui aussi très sombre; ses pieds étaient nus, aux ongles réguliers et pointus, manifestement taillés et entretenus. Sa peau était épaisse, granuleuse et régulière, d'une teinte somme toute assez normale. Les mains couvertes de mitaines de conduite d'un cuir fin, rouge sombre. Sa manche gauche était retroussée jusqu'au coude, tenue par un ensemble de cuir et de métal qui montait jusqu'à son épaule. Cet attirail était complété par un casque, qui lui couvrait le chef en passant au dessus de ses oreilles, couvrant ses possibles cheveux; en dépassait deux gerbes de trois câbles, l'un au niveau de l'occiput, l'autre au centre du lobe pariétal, qui s'attachaient à des œillères de sa redingote, au niveau de ses omoplates. Le tout semblait plus mécanique que purement esthétique. Un harnachement de sécurité, peut-être, ou des appareils ? Il semblait par ailleurs avoir quelque étuis sous ses vêtements, au vu des légers renflements sous ses bras et au niveau de sa ceinture.

Je ralentissais soudain. Il s'était arrêté, immobile entre trois murs. Il m'avait mené dans une impasse, et au vu de son attitude présente, attendait quelque chose. J'avais, le temps de l'analyse de son apparence et de ce qu'elle pouvait me révéler, laissé mon attention se réduire, et je l'avais suivis machinalement, sans me rendre compte de jusqu'où nous allions.

"Alors, qu'est-ce que vous voulez ?"

Je me raidis. Il venait de prendre la parole, d'une voix forte et intelligible. Un peu nasillarde, mais aux résonances profondes, un peu roulantes. Je m'immobilisais complètement, interdit. A qui parlait-il ? Je ne voyais personne en vue.

"C'est à vous que je m'adresse, oui. L'impolitesse a des limites, aussi j'attend une réponse rapide. Me suivre jusqu'ici aussi grossièrement après s'être mêlé de mes affaires est largement suffisant."

Je me posais et fit un pas en avant, le corps porté par une énergie latente qui ne demandait qu'à sortir.
Se retournant plus vite que je n'aurais pu imaginer, il pointa sur moi son doigt, l'autre main sur la crosse polie dépassant de sa redingote entrouvertes. Ses yeux, bleus électriques, se posèrent sur moi, durs. Ses traits étaient nobles, assez expressifs. Une froide et cynique détermination les animaient, mais cependant il paraissait décontracté, presque amusé.

"Je ne me répéterais pas."

Je montrais mes paumes, conservant une expression froide.

"Simplement assouvir ma curiosité."

Il se permit un sourire en coin, assez moqueur. Ses mains, cependant, ne bougèrent pas d'un pouce.

"Je me présente : Jean-Baptiste, simple Voyageur. Après avoir vu la ... disparition assez étrange que vous avez effectué sur les toits de la ville, en vous retrouvant dans la rue, j'ai été piqué d'interrogations aussi subites que pressantes."

"Elles resteront en suspens. Vous n'apprendrez rien de moi, pas plus que vous n'obtiendrez quoi que ce soit. Ce que l'on veux, on devra le chercher par soi-même."

Il baissa enfin ses mains, comblant dans le même mouvement la distance qui nous séparait, se retrouvant à moins d'un mètre de mon visage. Je ne bougeais pas, évitant difficilement de sursauter. Il était rapide, bien trop rapide pour que je puisse devancer ses mouvements.

"Sache simplement cela : je suis Melgae, deuxième dartre. Qui j'étais n'a pas d'importance, seul mes actes comptent. Enchanté, jeune curieux. Et au revoir."

Prononçant ces mots, il déplia son bras gauche, alors que brillèrent sur son avant-bras des motifs entrelacés. Il me poussa de sa paume sur le torse. Je m'attendais à quelque chose, et ma défense s'érigea avant l'impact. Je fus projeté, comme si, simple quille, je m'étais fait percuter par une boule massive. Mon aura absorba les dégâts, mais c'est dix mètres plus loin que j’atterris, à moitié sonné. Je me relevais, reprenant le contrôle de mon aura. J'étais loin, trop loin de lui ...
Quant à Melgae, il prit son arme dans sa redingote, ferma d'une main preste les deux rangées de boutons de laitons, et dans le même temps pointa le canon vers sa bouche. Tira.
*Wwwwrrrrrrhhhhhh*
Je fermais les yeux alors que la décharge lumineuse déferlait dans la ruelle. L'air crépitait autour de moi. Quelques secondes plus tard, il ne restait plus rien de mon interlocuteur. A nouveau volatilisé ...

J'étais cependant satisfait. J'avais au moins eu une réponse, à défaut de la comprendre. Ce que j'aurais tout le loisir de faire plus tard. Ses paroles résonnaient, claires et précises, dans mon esprit. Ce n'était que le début. Je restais quelques minutes, debout et immobile dans la ruelle à présent vide. Il fallait maintenant que je trouve où j'étais ...

"Un quartier désert ?"

D'un bond, je quittais le sol, malgré l'effort encore vif que m'avait coûté la protection d'il y a quelques minutes. Vu du ciel, je trouverais bien plus facilement la cartographie des lieux. Mais le silence ambiant, troublé il y a peu par moi et une créature pour le moins ... insolite, reprenait ses droits.
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MessageSujet: Re: Ruelles et Toits [PV : Jean-Baptiste Dubois] Ruelles et Toits [PV : Jean-Baptiste Dubois] EmptyVen 3 Juil 2015 - 11:49

La porte derrière elle se ferma en grinçant. Alice faisait face à une longue pièce rendue encore plus étroite par la présence du large escalier en de bois qui menait à l'étage. En face, de hautes vitres laissaient filtrer la lumière à travers la crasse qui les recouvrait et la rouille qui avait largement entamé les fines menuiseries et coulait en longues larmes de feu le long des délicats vitrages. Les fenêtres montaient jusqu'au plafond, ou tenaient suspendus dans des filets, ou retenu en chapelet, toute une végétation vivotant dans la clarté relative de la pièce. Cette lumière blanchie de poussière, caressait un vieux plancher sombre et noueux dont la vieillesse et l’humidité avait gondolé sa surface inégale, faisant sauter par endroit les larges clous de métal noirci. Taillé dans ce même bois, de hautes étagères débordant d'objets hétéroclites et bizarres, couvraient les murs, étalant leur désordre jusque sous l'escalier d'un côté et tout le long du torchis grisâtre de l'autre, laissant les divers articles envahir un petite espace carré dessiné par la jointure d'un lourd comptoir ouvragé et d'une solide table d'atelier.

"Bonjour ? dit la petite voix d'Alice en troublant le parfait silence de l'endroit, Il y a quelqu'un ?"

Aucune réponse. Nerveuse, Alice fit quelques pas vers le comptoir, seul le couinement discret du vieux parquet protesta face à ce qu'elle percevait comme une très audacieuse avancée dans un lieu aussi désert qu'abandonné, mais qui ne lui appartenait tout de même pas. Sa main se posa sur le marbre qui composait le plateau du meuble et la retira couverte de poussière. Elle toussota, recula, manqua de trébucher sur le plancher inégal et résolut de ne plus toucher à quoique ce soit, à moins d'être solidement armée (avec un chiffon et un balais, s'entend).

Dans ce petit carré que dessinait la table et le comptoir, les étagères contre le mur croulaient toujours autant sous le poids d'un fantastique bazar. Seulement, les objets entreposés ici semblaient tenir d'une tout autre nature que ceux gardaient à l'avant de la pièce. Abîmé autant par le temps que par un usage répété, ils s'étalaient dans un ordre bien précis, contrairement aux articles qui se trouvaient ailleurs dans la salle et qui semblaient placer au hasard d'une volonté chaotique, mais comme eux, leurs formes étaient étranges, inconnues d'Alice, qui ne parvenait pas à deviner l'usage que l'on faisait de ces outils.

Lentement, prudemment, elle contourna l'espace de travail, arrivant du même coup entre l'escalier et les fenêtre du fond. Dessous, poussée contre le mur, une petite banquette étalait le velours de ses coussins, qui avaient surement un jour étaient bleu, avant que la poussière et les plantes qui reposaient au bord de la fenêtre ne les recouvre. En face des marches, une porte vitrée s'ouvrait vers l'arrière de la bâtisse.

Alice hésita un instant. Elle avait envie de prendre l'escalier et de monter à l'étage et en même temps, elle se sentait comme une intruse dans le petit monde de cette ancienne boutique. elle considéra d'un oeil inquiet les marches qui grimpaient vers l'obscurité. Déglutissant, elle se détourna pour finalement considérait la poignet de bronze joliment ouvragé, qui permettait d'ouvrir la porte vers l'extérieur.

Bien.
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MessageSujet: Re: Ruelles et Toits [PV : Jean-Baptiste Dubois] Ruelles et Toits [PV : Jean-Baptiste Dubois] EmptyDim 12 Juil 2015 - 16:07

Le délabrement était d'une étonnante diversité. La plupart des bâtisses, je le voyais à présent, avaient l'aspect fatigué que prend les bâtiment au bout de quelques dizaines d'années de délaissement. Ils gardaient cependant encore un état tout à fait correct, et mis à part les traces évidentes de manque d'entretien, tout semblait normal. Pas pour tous, cependant. Certaines bâtisses, plus petites, plus anciennes peut-être, se trouvaient  dans un délabrement avancé. Les toits se constituaient plus de mousses et d'herbes sèches que de la terre cuite des tuiles, devenue terreau pour le plantes sauvages. Assez étrange à voir, d'autant que le Royaume des Chats n'était pas humide pour un sou, au contraire. Sa température était douce, son temps sec. Pourtant les dégâts du à des infiltrations d'eau ne faisaient aucun doute. Me posant prudemment à coté d'une touffe de graminées qui commençait à jaunir, je regardais entre les esquilles de bois fendues et pourries. Plutôt d'abord les esquilles elles-même. Je remarquais que quelque chose poussait dans les fibres vermoulues. En me penchant, je vis que pointaient un certain nombre de petites ellipses plus ou moins colorées. Des champignons. Il sortaient des fractures des chevrons, s'infiltraient à travers les déchirures des poutres. Peut-être étais-ce eux qui avaient accéléré l'effondrement de la charpente.

Je n'avais jamais pensé qu'une partie d'un Royaume puisse ainsi tomber en décrépitude. En tout cas pas comme ça. Tout, à Dreamland, était une manifestation des songes des rêveurs. Par conséquent, ce quartier abandonné et ces quelques maisons rongées par les fongus avaient une signification. Laquelle, en revanche ... La question se posait, certes. Mais, je ne sais trop pourquoi, je n'avais pas ici l'envie de chercher à y répondre. Pas après avoir coursé une Créature, qui avait encore un fois disparue en se tirant dessus avec une arme mystérieuse. M'asseyant avec lenteur sur la mousse qui tapissait la faîte du toit, je me remémorais ses paroles. Elles faisaient écho en moi, me rappelaient celles d'un autre. Non, d'une autre. Celle qui m'avait prêté, sur ma demande pour le moins particulière, son manteau lors du tournoi à Mirage Space. Elle avait usé des mêmes termes, du même ton. Mais le sens m'échappait encore.

"Autant visiter, maintenant que je suis ici, non ?"

Je me relevais, jetant un dernier regard aux grappes des champignons, puis fis un pas vers le vide. Me portant par ma volonté, je continuais de parcourir par les airs une rue aux pavés progressivement envahis par les herbes sèches, contemplant les façades plus ou moins en état aux alentours. Il se dégageait indéniablement un certain cachet de ces ruines en devenir, je devais l'admettre. L'atmosphère avait un je ne sais quoi de particulier. Un charme singulier, une saveur dans le silence, à la fois urbain et bucolique. Je pris mon essor, me séparant petit à petit du carcan étouffant de mes interrogations stériles. Je les laissais proliférer en moi, dans mon subconscient, elles ressortiraient bien assez tôt. J'accélérais, m'élevant au dessus des toits et embrassant le paysage du regard. Mes rues étaient magnifiques, en réalité. De par le mélange des souvenirs de ce que le quartier avait été et de ce qu'il était devenu, anciennes résidences et commerces, maintenant début de ruines en friche, où les couleurs effacées des peintures et enduits se mêlaient aux tons verts et bruns des lierres, et à la rouilles des gouttières. Devant moi, à présent, s'ouvrait avec retenue une petite place, à l'ombre des bâtiments.

"Pittoresque, vraiment."

Une fenêtre ouverte, ou plutôt cassée, me fis craquer. Éraflant mon manteau sur les derniers morceaux de verres qui saillaient du châssis, je me posais sur l'appui, pour ne trouver que le noir. Mes yeux, accoutumés à la lumière du soleil ici très fort, ne percèrent pas les ténèbres de l'étage. Je voyais que le plancher semblait encore en un seul morceau, bien qu'ayant perdu sa droiture d'antan. Il faisait sec, ici. Après un dernier regard, je fis volte-face et me laissait tomber jusqu'au sol, et admirait la bâtisse qui me dominait. Je souris, et pris d'un élan parolier, déclamait à la ronde.

"L’illustre ville meurt à l'ombre de ses murs, l'herbe victorieuse à reconquis la plaine; les immeubles brisés saignent de raisins mûrs. Adapté pour les circonstances, mais qu'il est beau de contempler les ruines des villes ! La beauté du dégradé."

Mes paroles décousues résonnèrent, se firent écho dans l'espace entre les façades. Je me sentais vraiment bien, à présent, même si je ne pouvais m'empêcher de me trouver malséant et peu pertinent dans mes mots. C'était, en somme, a peu près l'idée de ces ruines; une touche impertinente sur un fond plus ancien. C'était bâtard, un peu hasardeux, mais cela me plaisait.
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MessageSujet: Re: Ruelles et Toits [PV : Jean-Baptiste Dubois] Ruelles et Toits [PV : Jean-Baptiste Dubois] EmptyJeu 16 Juil 2015 - 23:47
La main sur le bouton en bronze, la voyageuse se figea. en haut des marches, elle avait entendu un son, pas grand chose, sans doute un petit oiseau ou un rongeur filant entre les lattes du plancher. Alice hésita, frémit, se demanda si elle devait encore appeler et puis, dans le doute, poussa la porte vitrée en forçant un peu.

Une douche de petites feuilles vert clair accueillit son arrivée sur la petite terrasse qui longeait la façade. Un fauteuil en osier, blanchi par le soleil, reposait à côté d'une petite table de même matière, sous l'ombre bienveillante d'une grosse plante grimpante qui enroulait ses épaisses lianes autour d'une robuste tonnelle. Le feuillage épais tombait en grosses grappes luxuriantes, donnant à la lumière une teinte verdoyantes, pailleté de trous d'or éblouissant, plus nombreux à l'endroit où la porte avait fauché quelques fragments de l'envahissante ramure.

La jeune femme écarta la cascade de branchage qui encerclait la terrasse, glissant sa petite silhouette dans la lumière. Au delà des lianes se trouvait donc un petit jardin sauvage, offrant joyeusement sa coupe en friche au rayon du soleil. S'y étalaient une variété de plantes étranges, de petits arbres à l'ombre desquels pourrissaient quelques fruits inédits et des graminées inconnues dansant dans la brise. La flore ne ressemblait à rien de ce que la jeune femme connaissait ; certaines espèces avaient tout de la mauvaise herbe, mais d'autres, par la composition des plants, leurs allures exubérantes, leurs odeurs raffinées ou, au contraire, fort troublantes, semblaient avoir été élevées et sélectionnées pour servir l'agrément, ou tout autre usage botanique.

Tout ce joli monde végétal étalait sa verdure jusqu'au pied d'un vieil établi à l'allure crasseuse. Le volume de la petite cabane en bois se poursuivait en une serre à la ferronnerie aussi raffinées que rouillées, dont les vitres brisées laissait dégorger la vie en un tumulte brouillon de verts et de couleurs florales. Sur le flanc de la petite baraque en bois, entre deux murs envahis de ronces et de grimpants, un fin chemin de terre glissait jusqu'à une porte taillée dans une palissade de bois dont la peinture écaillée tombée en miette éparse dans l'herbe à ses pieds.

A proximité de ce petit portique, la clameur de la ville se faisait de nouveau entendre, plus proche, comme s'il formait un portail vers un autre monde. Alice se gratta la tempe de l'index et repassa sous la tonnelle, elle n'avait pas franchement envie de retourner plus au cœur du Royaume des Chats, mais cet escalier l'inquiétait toujours et elle hésitait à y monter.

Doucement, avec des gestes aussi prudents que précis, elle retourna à l'intérieur, aux aguets. Après s'être bien assurée qu'il n'y avait pas de visiteur dans la boutique, elle s'approcha, mis un pied sur la première marche, une main sur la rampe torsadé et, de sa voix aigüe un peu enrouée, elle lança vers l'étage :


"Bonjour ! Il y a quelqu'un ?"
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MessageSujet: Re: Ruelles et Toits [PV : Jean-Baptiste Dubois] Ruelles et Toits [PV : Jean-Baptiste Dubois] EmptyLun 20 Juil 2015 - 18:43

Un son, pour le moins inattendu, parvint à mes oreilles. C'était bien la dernière chose que je pensais entendre ici, tout simplement. Il n'y avait pas âme qui vive, dans ce quartier abandonné, ou en tout cas pas doué de parole. En y déambulant brièvement, j'avais goûté à la proximité du silence et de l'isolement immédiat. Mais la voix, assourdie certes, mais indubitablement proche, me disait le contraire. Pire, elle en retournait la situation à mes dépens. Je ne me sentais pas intrus en ces lieux, simplement isolé. Un autre m’apparaîtrait comme de trop dans le décor, sans que moi j'y sois intégré. Mais cet appel me donna soudain la sensation de ne pas être à ma place, ici, sur les pavés mouchetés de végétation, dans ce quartier désert.

Je ne répondis pas, pas tout de suite. Je me concentrais, me dirigeant vers la source de la voix, en faisant claquer mes plantes de pieds sur le sol, afin de ne pas cacher ma présence. Voyageur, Habitant ? Je n'avais pas perçu grand chose, si ce n'est le caractère relativement ténu et fluet du timbre. C'était peut-être à cause de sa provenance ? Ou du chemin que le son avait parcouru pour m'atteindre. Une jeune femme peut-être, ou un enfant. Cela provenait du grand bâtiment de bois que j'avais abordé il y a quelques minutes par l'une des fenêtres. L'aspect coquasse de la porte d'entrée me fit sourire. Observant le métal de la poignée, je pris la parole d'une voix forte.

"Ici, oui ! Je me permet d'entrer."

Je mis prudemment la paume sur la porte, pressait doucement. Elle se poussa sans effort, avec cependant un assez long grincement, dévoilant l'intérieur. J'avançais, jetant de calmes regards à l'intérieur. L'endroit était bien sec, poussiéreux, mais d'un cachet indéniable, que j'avais beaucoup de mal à définir. Je me demandais qui tout cela avait accueilli, et ce qui y était encore. Un bric-à-brac hétéroclite et de nature mystérieuse s'empilait sur le sol, dans un foisonnement désordonné pour le moins réjouissant à voir, pour moi qui avait la chose dans le sang. Viscéralement, j'aimais quand rien n'était "rangé", mais justement plus vivant, mobile, étalé. De plus dociles objets étaient savamment et sagement posés sur des étagères fatiguées, derrière un comptoir de bois grisé par la poussière. Mes orteils s'agitaient doucement, caressant les fibres asséchées des lattes du plancher. La pièce était presque un long et large couloir, flanquée à ma droite d'un grand escalier menant vers un étage. Je m'étais avancé de quelques pas, me focalisant sur ce qui se trouvait devant. Il ne m'avait cependant pas échappé qu'il y avait quelque chose en haut. Quelqu'un. Je levais les yeux.

Sur les premières marches se tenait une jeune femme, ou plutôt une jeune fille. Elle avait l'air jeune, indubitablement, mais l'était-elle ? C'était moins sûr. De longs cheveux clairs, attachés dans son dos (en tresse, apparemment), un chapeau de paille qui, pour moi, ressemblait assez fort à un canotier, surmontant des traits juvéniles à moitié cachés par la monture de grosses lunettes de vue. Elle était frêle, assez petite, et manifestement un peu inquiète. Je lui fit un demi sourire, en m'inclinant légèrement, sans cesser de la regarder.

"Bonne nuit, je suppose. Excusez mes manières cavalières, je n'ai pas pu résister à trouver la source de cette voix. Si incongrue dans cet endroit si désert ! Jean-Baptiste, Voyageur et visiteur inopportun, enchanté."

Comme souvent lorsque j'abordais un (et surtout une) inconnu(e), j'avais, en quelque sorte, peur de faire peur. Les très rares fois où cela était arrivé m'avait donné un ressentiment trop fort pour que je ne fasse pas tout pour éviter cette déchéance à nouveau. En plus de mon phrasé, qui, il fallait le reconnaître, n'était pas au goût de tout le monde, mon ... excentricité me jouait quelques mauvais tours, et plus généralement mon apparence en elle même. Je n'avais pas vraiment la tête d'une personne à qui tout le monde pouvait faire confiance, ne serais-ce que parce que très (mais pas trop, je tenais à mes particularités) peu de personnes se reconnaissaient en moi, ou me cernaient avec aisance. Pas que je sois d'une complexité folle, au contraire, je devais bien l'admettre. Mais je n'entrais pas vraiment dans le coté rassurant que pouvait chercher un premier regard. Même à Dreamland, bien que dans une moindre mesure, mon fasciés émacié, mes yeux froids et à demi sanglants n'avaient pas la cote coté  confiance immédiate.

De plus, je la surprenais, elle, au moins autant qu'elle me surprenait moi, à se trouver ici. Si je voyais sa présence comme d'un intérêt frais et agréable, qu'en était-il d'elle ?
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MessageSujet: Re: Ruelles et Toits [PV : Jean-Baptiste Dubois] Ruelles et Toits [PV : Jean-Baptiste Dubois] EmptyLun 27 Juil 2015 - 12:55

Arquant un sourcil devant l'inconnu qui entra, Alice s'autorisa une inspection rapide du haut de son perchoir de marches en bois. L'homme en face d'elle était grand, très grand plutôt et beaucoup trop pour la rassurer. Alice avait l'habitude de devoir lever la tête pour capter le regard d'autrui, mais là elle avait déjà grimpé trois marche et elle le dépassait à peine. Cela dit, elle ne le voyait pas vraiment comme une menace non plus ; pieds nus, cheveux longs et bataillant, bouc tressé, teint pâle, à ses yeux il avait plus l'air excentrique que dangereux et ses manières, ses gestes étranges et mesurés, confirmèrent son sentiment. Il avait l'air étrange, excentrique et même si toute sorte de Voyageur parcourait Dreamland, ces deux dernières caractéristiques étaient très loin d'être les moins répandues.

Tapotant des doigts sur la rampe ouvragée, elle s'accorda quelques secondes de silence pour décider de parler ou non. Puis, à regret, dans un soupir aussi soulagé qu'agacé, elle répondit d'une voix aimable, mécanique, semblable au timbre qu'elle utilisant pour parler à ses clients, dans le monde réel :


"Alice, Voyageuse. Ne vous excusez pas, je ne suis pas plus chez moi que vous ne l'êtes."

Elle réfléchit un bref instant, recula un peu le buste, une moue hésitante tordant ses lèvres pâles. Elle n'aimait pas trop se présenter comme une intruse qui pénètre chez les gens comme ça, sans rien demander, par pure curiosité ; elle avait envie de justifier ce comportement qui ne lui ressemblait pas et en même temps, elle ne devait rien à cet étranger qui faisait exactement la même chose qu'elle. Elle soupira à nouveau :

"Cette bâtisse a quelque chose de particulier..."

Sa main glissa amoureusement sur le bois verni de la rampe, savourant son grain nette et le travail discret, mais parfaitement élégant, qui l'avait rendu si douce et agréable sous la paume, entre les doigts. Un nouveau soupir franchit ces lèvres, plus content cette fois, presque admiratif.

"Je pourrai sans doute apprendre quelque chose de valable de cette maison."

Sans un mot de plus, comme si cette dernière phrase devait tout justifier, elle grimpa à l'étage. Les marches craquaient sous son petit pas léger, alors qu'elle s'enfouissait prudemment dans les ombres du premier. Elle frissonna un peu, au fond, elle était plutôt contente qu'il y ait quelqu'un, la solitude totale avait toujours quelque chose d'angoissant et elle ne serait peut-être pas montée si Jean-Baptiste n'était pas apparu.

Sur le pallier, elle regarda autour d'elle, intriguée. En face de l'escalier, une double porte vitrée laissait ses carreaux aussi sales qu'ils avaient été un jour colorés filtrer une lumière ténue. Derrière, elle devinait sans peine le volume double du salon, profitant des trois hautes fenêtres en façade. Dans son dos, deux portes menaient respectivement à la salle à manger et à l'étroite cuisine tout en longueur, les deux pièces devaient donner sur le balcon qui constituait le toit auquel était fixé la tonnelle du jardin. Pris en sandwich entre ces deux volumes, le "bloc humide" abritait peut-être une buanderie, une salle de bain, des toilettes, ou tout autre pièce pouvant souffrir sans mal l'absence de fenêtre qu'imposait ce plan tout en longueur. Pas de mystère ici, ce genre d'organisation spatiale s'était longtemps vu usé et abusé dans les vieilles maisons de ville du sud et il se trouvait qu'elle connaissait bien ce genre de bâtisse.

Alice se retourna un bref instant vers les marches, vérifiant où en était Jean-Baptiste d'un regard rapide avant de se glisser entre les deux battants, sa petite silhouette frêle coulant entre les irrégularités du verre soufflé avant de disparaître dans un angle.
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MessageSujet: Re: Ruelles et Toits [PV : Jean-Baptiste Dubois] Ruelles et Toits [PV : Jean-Baptiste Dubois] EmptyJeu 30 Juil 2015 - 14:27

La note de froideur dans la réponse m'intrigua. Alice, comme elle s'était présentais, était d'un politesse très distante. Le message passait, je n'allais pas insister. Elle avait cependant un comportement que je trouvais intéressant. Elle était quelque peu mal à l'aise dans le face à face avec ses semblables, apparemment. je la laissais donc s'expliquer comme elle le voulait. Comme si elle devait se justifier de sa présence, qu'elle craignait une réprimande ou une mauvaise image. Culpabilité larvée.

Je ne pus qu’acquiescer quand elle exprima son ressentit sur le lieu. Oui, en effet, il m'avait l'air atypique en soi. Elle semblait goûter ce fait avec bien plus de contentement que je ne le faisais. Oh, un être sensible. Cela éveillait en moi des avis assez mitigés. Sans me considérer comme particulièrement sensible, je l'étais suffisamment pour apprécier ceux qui l'étaient. D'un autre coté, une peur de blesser apparaissait de ce fait même, ce qui ne manquait pas d'être particulièrement déplaisant. Une sourde angoisse qui n'était malheureusement pas fortuite, ni dénuée de sens. Comme il aurait été simple de s'en débarrasser autrement.

Je n'étais cependant pas assez incommodé pour le paraître, aussi restais-je silencieux. Sur ce qui sonnait comme ... je ne sais trop quoi, elle tourna les talons, et se dirigea vers l'étage. Petite intrigante, oui. Eh bien, autant découvrir avec elle, pour cette fois. Je me questionnais avec paresse sur sa définition de "valable". Je la suivais également, effleurant les marches des pieds en les montant. M'arrêtant à mi parcours, je regardais en contrebas. Quelle atmosphère avait bien pu flotter en ces lieux, quand ils étaient encore habités. Je ne pouvais que l'imaginer, mais je me doutais bien que tout ce qui sortirait de mon esprit serait bien loin de ce qui avait été. Mais goûter au plaisir futile de ce genre de spéculation, je n'allais pas m'en priver.

"Compréhension n'est pas toujours savoureuse, surtout quand elle ne porte pas à conséquence. Connaissance, ton absence se goûte comme elle peut manquer parfois."

Je murmurais, évitant que l'étrange jeune femme, ou jeune fille, ne m'entende, mais il n'était pas impossible que cela lui soit parvenu. Peu importe. Ces mots n'étaient pas secrets, juste non destinées à être écoutés. Avant de la perdre, je fis un léger bon pour franchir les dernières marches, arrivant à un palier. Bien des possibilités il nous offrait. Je restais en retrait, laissant Alice faire ce pour quoi elle était venue. Après tout je n'étais qu'un visiteur de plus, ma présence même était fortuite et, à mon sens, excédante. J'avais peur de l'étouffer. Elle regardait avec prudence et un rien de fébrilité les portes qui se tenaient autour de nous. J'admirais sur les grands battants les volutes du verre, pris dans son calque de poussière, alors qu'Alice se dirigeait droit vers elle. Elle se tourna brièvement vers moi, jetant un regard à ma personne, puis louvoya entre les battants à peine ouverts.

Je m'avançais, hésitant à la suivre. Au lieu de cela, je restais sur ce palier, m'imprégnant un peu plus des lieux, tentant vainement de les décrypter. Sans trop m'en rendre compte, je flottais, le visage à moitié tourné vers le plafond, les cheveux et mes vêtements mouvant comme dans le fond d'une rivière. C'était agréablement inutile.
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MessageSujet: Re: Ruelles et Toits [PV : Jean-Baptiste Dubois] Ruelles et Toits [PV : Jean-Baptiste Dubois] EmptySam 12 Sep 2015 - 12:42

Telle une petite souris blanche, elle se glissa sans bruit entre les deux battants vitrées. Les trois hautes fenêtre s'élançaient vers le plafond, étalant une flaque de lumière sur le bois sombre et noueux, surlignant les irrégularités dans un jeu de reflets pâles. Quelques meubles demeuraient encore dans la pièce, comme endormis sous un linceul de poussière. Un canapé au velours rosi par le temps, deux petits fauteuils assortis, entourant une cheminée, dont la pierre couverte de vieille suie contraster avec le bois de la demeure. De nouvelles étagères couvraient les murs jusqu'au plafond, étalant livres anciens et babioles étranges comme autant de bizarreries ternies par le temps, le soleil à travers les vitres sales adoucissant encore leurs couleurs passées.

L'algophobe s'approcha doucement d'un secrétaire située sur sa droite, elle l'épousseta brièvement de sa main, caressa le bois dont le grain lisse l'a surpris, puis toqua la surface brillante d'un joli brun rouge, dont le pigment riche avait de quoi attirait les convoitises. Elle haussa un sourcil et se pencha, relevant ses lunettes devant ses yeux circonspects. La matière de ce charmant bureau ressemblait beaucoup à de l'acajou, autant par la couleur que par la densité, mais les motifs de croissance de l'arbre avait quelque chose de dérangeant, presque hypnotisant. Elle approcha encore son visage, fixant ces dessins à la fois trop aléatoires pour être réfléchis et trop esthétiques, trop composés pour être naturels.

Elle se gratta la tempe, perplexe. D'un autre côté, elle ne voyait pas pourquoi ça la surprenait plus que ça, Dreamland lui avait déjà montrée tellement d'autres bizarreries plus spectaculaire, dont certaine bien moins jolies et inoffensives que ce meuble. Elle haussa les épaules, faillit se détourner du secrétaire, avant d'y jeter un dernier coup d'œil. Ses paupières papillonnèrent un bref instant ; était-ce elle, ou le motif avait changé ? Elle fit la grimace et se releva lentement ; trouvant soudainement le magnifique objet aussi inquiétant qu'une grenade dégoupillée. Avec précaution, elle s'en éloigna et, reculant un peu, quitta le salon en pas chassés pour retourner dans le couloir. Sa décoration parfaitement épurée et le dépouillement de tout meuble (y compris les bizarres qui changeaient tout seul) la rassura soudainement. Visiblement nerveuse, Alice s'engagea dans l'escalier pour redescendre, déterminée à sortir d'ici, dut-elle écourter cette charmante visite. La porte de la cuisine claqua soudainement, puis une cavalcade dans l'escalier arracha un sursaute à la jeune femme. Les marches au dessus d'elle tremblèrent, lâchant un peu de poussière et de débris sur son large chapeau estival.

Figée sur la première marche, elle frissonna en se retournant doucement vers Jean-Baptiste, comme si elle s'était trouvée sur un lac trop faiblement gelé. La porte seule, ça aurait pu être le vent, du moins elle aurait pu s'en persuader et filer plus vite. Les bruits qui avaient suivi, en revanche, n'avaient pu être produits que par "quelque chose", quelque chose avec des pieds ou des pattes et ce "quelque chose" venait de monter à l'étage. Bien sûr, "ça" n'était pas descendu, donc rien, à fortiori, ne l'empêcher de partir, mais elle ne savait pas ce que c'était que "ça" et elle avait appris que, niveau traquenard, Dreamland savait surprendre l'imprudent, le fuyard ou le lâche, aussi bien que le curieux. Ainsi choisit-elle de laisser reposer la décision sur les épaules étroites de l'autre voyageur. A deux, ils pourraient peut-être choisir et affronter l'une ou l'autre solution :


"Tu... Tu as entendu ? chuchota-t-elle doucement, sa petite voix s'étranglant dans sa gorge. Tu as vu autre chose, toi, en rentrant dans la maison ?"

Elle tripotait ses doigts avec nervosité, fixant ses phalanges agiles en jetant de fréquents coups d'œil autour d'elle. Elle bascula finalement le grand chapeau en arrière, l'attachant autour de son cou pour se laisser plus libre de ses mouvements. Fuir ou poursuivre, il allait falloir courir et une fois de plus, Dreamland n'avait pas vraiment prévu l'option "course effrénée dans la poussière" dans la tenue qu'il lui avait choisi pour ce soir, aussi charmante soi-elle. Elle grommela quelques paroles inaudibles, bougonnant la bouche à demi-close contre les aléas de ce monde des rêves, aussi sadique qu'il était loufoque.
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MessageSujet: Re: Ruelles et Toits [PV : Jean-Baptiste Dubois] Ruelles et Toits [PV : Jean-Baptiste Dubois] EmptyJeu 15 Oct 2015 - 18:53

Alice continuait à fouiller les pièces, et je percevais par intermittences les légers bruits qu'elle produisait dans sa progression, en vague écho d'un espace à l'autre. Dieux qu'elle pouvait se montrer discrète ! J'en étais très amusé. Apaisé, même. C'était une présence très légère, aussi fugace qu'on pourrait le souhaiter ici. Drôle de rencontre, drôle d'endroit; les deux se mariaient bien. Oui, vraiment, il était agréable d'être ici, sans la dérangeante trace d'un quelconque quidam. Si quidam il y avait, alors c'était moi. Et, bénis soit la subjectivité, je ne pouvais le ressentir autrement que par mon point de vue.

C'est en tout cas la réflexion que j'eus, quelques secondes avant que la réalité ne vienne me contredire. Alice était revenu de sa petite visite, et s'apprêtait à continuer. Mais des soudains pas la figèrent, et elle revint vers moi. Frustrant, très frustrant. A peine commençais-je à me rendre compte de l'étendue des qualités de l'atmosphère des lieux, qu'elle en était brisée. N'avait peut-être jamais vraiment été, d'ailleurs ... Quelque chose était là, quelqu'un, très vraisemblablement, au vu de la nature des sons.

C'eut été trop beau, en effet ... Je ne répondis pas immédiatement à la question murmuré par Alice, et me concentrait sur mes perceptions. Instinctivement mon aura se manifesta, magnifiant mes capacités dans un flamboiement bleu-gris. Je n'avais pas pensé à cela du tout, et ne prit pas la peine de me restreindre sur le moment. Mais ma compagne effarouchée risquait de l'être encore plus par cette manifestation. Tant pis. Je mis un doigt sur mes lèvres tout en acquiesçant brièvement de la tête. Silence, silence. Il fallait écouter. Je décollais du sol, pour ne pas faire de bruit en marchant, et me dirigeait vers l'escalier, très lentement. Il n'y avait plus rien Un dernier murmure, cependant, pour ne pas laisser la question en suspens.

"Rien qui puisse faire ce genre de raffut, non."

La tension montait en flèche, sans que je puisse déterminer de sa pertinence. Je m'immobilisais en entendant à nouveau des pas. Je n'arrivais cependant pas à déterminer leur origine. Pas du tout, même. Je restais figé quelques instants, dubitatif devant mon incapacité totale à localiser ainsi un simple son.

"Qu'est-ce que ..."

En voilà une drôle d'affaire. Je me laissais aller au stress de la situation ? Je n'en sentais pourtant aucun des symptômes. Non, j'étais juste ... impuissant. Incapable. Peu usuel. Et surtout assez déconcertant, dans ce cas-ci. Je n'avais pas grande raison, il ne m'était rien arrivé, il ne m'arrivait rien qui puisse me faire perdre mes moyens. Alors comment ? Je restais, flottant à quelques centimètres du sol, momentanément désemparé par cet étrange constat.

[HRP : c'est mauvais, mais moins que ce que j'avais écrit tout d'abord. Excuse moi ^^' : HRP]
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MessageSujet: Re: Ruelles et Toits [PV : Jean-Baptiste Dubois] Ruelles et Toits [PV : Jean-Baptiste Dubois] EmptyVen 23 Oct 2015 - 2:26

Alice, immobile, fixait d'un œil inquiet le grand type bizarre à côté d'elle. Il était d'autant plus bizarre maintenant qu'elle remarquait enfin qu'il flottait, en plus de tout le reste, à croire qu'elle était vraiment distraite ce soir, ou que Dreamland avait altéré sa perception de l'étrange. Ce dernier point pourrait expliquer beaucoup d'autres choses d'ailleurs, mais pas ce qui était monté à l'étage, ni comment faire pour vérifier sans risque. D'autant plus que si son compagnon était un être pour le moins "original", il n'était pas téméraire et pas assez curieux pour passer outre sa prudence (ou couardise, elle n'aurait pas su encore dire exactement).

Ils demeuraient tous les deux sans bouger entre le couloir et l'escalier, la situation commençait à devenir bête, pensa-t-elle. Elle ne voulait pas descendre, ni en premier, ni en dernier, elle ne voulait pas sortir non plus, craignant de s'exposer encore d'avantage à ce qui venait de monter et lui ne semblait pas plus motivé. Elle grogna, le fixant d'un regard fortement réprobateur. La voila qui regrettait le syndrome du chevalier blanc de Calvin, lui, au moins, serait monté tout de suite... Et ce serait blessé d'une manière ou d'une autre, il ne savait pas finir une nuit autrement qu'en sang, le sien ou celui des autres, mais en sang. Elle souffla, durcit encore son regard, les deux orbes pâle brillaient de mécontentement, néanmoins, elle prit quelques secondes pour essayer d'évaluer ses choix.

Ne pas descendre, ne pas sortir, ça, déjà, c'était clair dans sa tête. Si le "truc" était monté, ce n'était pas pour redescendre et dans les escaliers ils étaient probablement à l'abri (autrement ils sauraient déjà que non). De là ils pouvaient rester ici et attendre, solution prudente mais pas excitante pour deux sous, ou monter et rejoindre la "menace". Alice se frappa le front de la paume de sa main, laissant doucement ses doigts descendre le long de son visage, tirant ses traits soucieux et agacés. Elle se prenait la tête pour rien et elle se sentait de moins en moins calme à chaque seconde qui passait. Elle croisa finalement les bras sous sa poitrine et, remontant sur le pallier, considéra l'autre voyageur :


"Il faut qu'on monte. Je me vois mal sortir d'ici en sachant ce truc dans mon dos, quoique ce soit, et je n'ai pas non plus envie de passer ma nuit dans l'escalier. Donc, c'est sans doute indiscret, mais c'est quoi ton pouvoir ? Moi j'invoque des objets... Plus ou moins aléatoires. Globalement, je me débrouille mieux loin de ce que je vise, donc en deuxième ligne."

Quelques souvenirs cuisant de ce qui se passait quand elle était proche de sa "cible" lui revinrent en mémoire et elle frissonna. Elle savait bien que ce n'était qu'une excuse pour ne pas passer devant, mais elle la trouvait plutôt satisfaisante. Avec un peu de chance l'homme en face d'elle savait faire autre chose que flottait mollement et il serait tout à fait adéquat devant elle. Sans parler du fait qu'en première ligne, sa petite taille la rendrait totalement inapte à protéger les quelques quarante centimètres de l'autre voyageur, qui seraient invariablement au dessus de son crâne, quoiqu'elle fasse, à moins d'être trois marches en avant et c'était tout bonnement hors de question. En arrière, elle pourrait tirer et viser d'entre ses jambes sans aucun souci, avec un peu de chance ce serait même un avantage pour eux. Elle n'ajouta rien, mais elle hocha imperceptiblement la tête, validant son plan temporaire.
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MessageSujet: Re: Ruelles et Toits [PV : Jean-Baptiste Dubois] Ruelles et Toits [PV : Jean-Baptiste Dubois] EmptyVen 30 Oct 2015 - 17:48

Mon pouvoir ? Oh, en effet, je n'avais pas fait part de ces détails à Alice. À dire vrai, nous ne étions pas dit grand-chose. D'un commun accord tacite, nous nous étions tolérés l'un l'autre, sans tenter de faire connaissance. Cela ne l'intéressait manifestement pas, ce que je pouvais comprendre. Après tout, elle n'était pas là pour cela. Pas plus que moi. L'endroit me plaisait, comme une vision éphémère, une expérience passagère. Ce qu'elle venait chercher ici, je n'en avait cure, elle était suffisamment discrète pour que je ne me pose pas la question. Mais à présent certains impératifs changeaient la donne.

J'eus une étrange pensée en imaginant ce que pouvait être les invocations aléatoires qu'elle évoquait. Trop de possibilités laissait-elle à mon esprit pour qu'il ne se plonge pas dans cette mer en ébullition qu'elle venait de m'offrir. L'inconsciente ! Je tentais donc de limiter mes divagations, me concentrant sur mes sens. Jusqu'à l'air qui se pressait doucement autour de moi (en tout cas dans l'image, j'étais malheureusement incapable de le sentir). Tout cela venait de quelque part en haut; l'ancienne bâtisse, avec son étrange acoustique, me plaisait bien moins, à présent. Vieille traîtresse, va. Je pouvais cependant percevoir quelque chose. Quelque chose restaient pour moi trop vague, surtout si l'on parlait par dessus. Autant ne pas s'exposer au danger de l'interprétation fausse.

"Excuse moi, j'ai eu un instant de flottement, si je puis dire. Tu peux la voir je pense, j'ai une aura un peu particulière autour de moi. Elle me permet d'être ... plus que ce que je ne devrais, disons. Ou plutôt je peux faire pencher la balance onirique du potentiel improbable vers le concret. Je ne sais pas tout ce qu'il me serait possible de faire avec, mais j'arrive à voler, être plus fort, plus rapide, plus résistant. Il vaut mieux que je passe devant, en effet."

J'avais quelques réticences à exposer mon dos à une inconnue en toute connaissance de cause, mais ce n'était pas le moment d'être méfiant. Plus le moment; il était trop tard. J'étais troublé, surtout, et ma sentence un peu sans queue ni tête en était un bien insolite reflet, rétrospectivement. Enfin ... Je posais mes pieds au sol, me rendant compte que je ne l'avais pas encore fait, et montais une première marche. Mon corps se détendait graduellement, glissant petit à petit dans cet état à la fois brûlant et frais, disponible. Il se rappelait à moi. Au bon moment, bien que l’éventualité contraire eut été ... fâcheuse. Décidément, c'était une drôle de nuit. Mes états changeaient vite, bien vite, trop vite. Pourquoi me sentais-je si bien, d'un coup, de plus en plus, alors qu'il y a quelques instants, c'était tout le contraire. Mon inconstance était coutumière, certes, mais tout de même. Je continuais d'avancer, assez rapidement, jetant de prudents regards de tous cotés. Rien pour le moment ...

Je continuais de me demander ce que pouvaient bien être les capacités d'Alice. Elle était restée très vague. Invocatrice, en tout cas. Je n'aimais pas trop les Voyageurs qui faisaient apparaître tout et n'importe quoi, en général. Drôles de capacités, qui manquaient en général de polyvalence, à moins de n'invoquer un autre artefact/créature ... Cela me paraissait à la fois très peu pratique et contre-intuitif, pour celui qui l'utilisait comme celui qui le subissait. Au moins n'étais-je ni l'un, ni l'autre; j'espérais, tout du moins. Je devrais la surveiller. Moins que paroles, certes, de simplement se donner cette remarque à soi; mieux que rien.
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MessageSujet: Re: Ruelles et Toits [PV : Jean-Baptiste Dubois] Ruelles et Toits [PV : Jean-Baptiste Dubois] EmptyJeu 7 Juin 2018 - 23:59

Alice n'avait pas été très claire lors de l'exposition de ses aptitudes de voyageuse, certes, mais la réponse que lui donna son compagnon d'une nuit fut encore plus floue. L'expression dubitative de l'algohobe masqua a peine l'agacement qui tordait la commissure de ses lèvres. Le voyageur accepta néanmoins de passer devant, pour le plus grand soulagement d'Alice se contenta de lever les yeux vers le plafond et d'emboiter le pas de Jean-Baptiste. Ce type était vraiment étrange, pour ne pas dire lunaire et sa façon d'être éveillait chez elle une profonde perplexité qui flirtait avec l'exaspération.

Ensemble, à pas feutré, ils progressèrent lentement marche par marche. Partout dans la bâtisse le silence s'était abattu sur la vieille bâtisse, troublé uniquement par les discrets couinements du bois qui travaille. Alice aurait pu choisir lâchement de croire que rien n'était à l'étage, que tout ça n'était que le fruit de leur imagination fertile, nourrie par l'ambiance mystérieuse d'une ancienne maison abandonnée. Elle aurait aimé penser ainsi, mais elle voulait savoir ce qui se cachait plus haut et, pour une fois, sa curiosité prenait le pas sur sa prudence et sa couardise.

Ils arrivèrent l'un après l'autre sur le pallier du deuxième étage. Son plan était en tout point semblable au premier, la proportion des pièces changeant à peine pour mettre à trois chambres, une grande et de petite, de prendre place là où, plus bas, se tenait les pièces de vie. Dans le couloir, l'accès à des salles d'eau, toilettes ou salle de bain, étaient barrées par des portes closes qu'ils n'ouvriraient. Nulle trace de vie, pas un son, pas un bruit, ne venait troublait la tranquillité de l'étage, chatoyant sous l'éclat du jour déclinant  au travers des ouvertures. Pourtant, dans la poussière qui couvraient les lattes tordues du parquet, des sillons d'un passage récent avait été tracé. Quoique ce soit "quelque chose" était passé ici.

Alice déglutit :


"On continue ?" Murmura-t-elle.

Devant, Jean-Baptiste hocha la tête avant de poursuivre. Il s'engagea plus loin dans le couloir. Il n'y avait plus d'escalier pour monter plus haut, seulement une échelle de meunier usée et peu engageante. Le voyageur s'engagea, grimpant lentement mais surement vers l'ouverture sombre qui devait mener à ce qu'était le grenier, puis soudain, il disparut dans un nuage de fumée. Alice sursauta, jetant frénétiquement des regards à gauche et à droite en cherchant inutilement le rempart entre elle et l'inconnu. Le voyageur s'était réveillé, l'abandonnant seul dans cette maison qui prenait soudainement des airs bien plus inquiétant.

Elle scruta l'obscurité qui se découpait au plafond, posant ses mains tremblantes sur l'échelle. Dans le sombre rectangle, deux lumignons apparurent soudainement. Alice glapit, recula, mais pas assez rapidement. Les deux yeux luisant sautèrent en avant, atterrissant dans un cri suraigüe sur ses épaules.

Dans un tourbillon de fourrure, Alice butta contre un mur. la vieille tapisserie se détacha sous le choc, recouvrant les deux petites silhouettes qui bataillait. Dans la surprise, la voyageuse ne pensa même pas à user de ses pouvoirs, seulement à repousser la bête velue qui essayait de lui arracher les yeux à coup de griffe, raclant et rayant ses lunettes dans l'action. Les deux criaient, glapissaient, grondaient en tenant de se dégager l'un de l'autre et de la large tranche de papier qui tressautaient sous leurs assauts furieux.

L'algophobe eut finalement le dessus, envoyant rouler la créature poilue dans la tapisserie d'un coup de pied dans les côtes. Elle se releva, haletante, le visage lacéré de petites griffures qui saignaient. Alice n'y prêta guère attention, sautant sur ses pieds pour se précipiter sur le papier-peint enroulant son agresseur. Dans un geste, elle souleva la trame souple et n'arracha que le drap qui recouvrait ses jambes, dans son lit, chez elle. Elle pesta, se laissa retomber en arrière et fixa le plafond en massant ses joues qu'elle sentait encore douloureuse. Dreamland avait l'art de gâcher ses meilleurs moments. Néanmoins, elle savait qu'elle retournerait un jour sur cette placette, dans cette impasse mystérieuse pour revoir cette maison qui l'avait touché de son charme étrange. Pour une fois dans sa vie de voyageuse, elle avait trouvé un endroit qui éveillait en elle un sentiment de sécurité et d'apaisement.
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Ruelles et Toits [PV : Jean-Baptiste Dubois]

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