Bipbipbip … bipbipbip … bipbi-BAM !! Le réveil démoniaque en forme de canette de soda venait de s’éteindre dans un dernier souffle douloureux, d’un violent poing sur la caboche …
Et flute, maintenant faut que je m’en achète encore un autre … encore … Rah ! Me faut une copine.
Oui je sais, aucun rapport mais c’est la seule remarque qui me vient à l’esprit alors que j’ai encore le nez dans l’oreiller.
Bon, faut se lever. Aller bordel, bouge ton cul. Quoi que … pour faire quoi, je ne bosse pas aujourd’hui … Aller chasser de la donzelle ? Mouais. Ou aller mater un film ? Seul, ça craint. Bon, une journée en carton pour seule et unique perspective. Ah moins que …

Je me levai en vitesse de mon plumard et filai sur internet via mon téléphone portable. Ah ! Excellent, c’est aujourd’hui qu’il sort ! Le nouveau GTA !
En moins de deux minutes, j’étais debout, habillé avec le strict minimum pour sortir en ville - à savoir une veste à capuche sur un tee-shirt noir et un jean noir particulièrement abimé au niveau des genoux et des fesses -, le tout agrémenté d’un portefeuille lustré comme s’il valait de l’or à lui tout seul. On est partit. Direction le plus proche revendeur de jeux vidéos. Dix minutes plus tard, file d’attente oblige, je ressortais avec le petit bijou. Et peut importe la façon dont la vieille d’en face me regarde, ou que les mômes du papa-poule murmure d’envie à mon passage, il est à moi ! C’est partit pour des heures et des heures de jeu !

La suite de la journée, inutile de vous la décrire. Les volets clos, l’unique lumière de l’appartement provenant de la télévision, vous aurez bien deviner mon activité. Ainsi, jusqu’à ce que mes yeux me hurlent de les fermer, j’enchainai cascade et partie de golf, braquage et parapente. Nourrit à la pizza et à l’adrénaline, comme un bon gros geek de mâle.

*_*

Oh tiens, où sommes-nous cette fois-ci ? Pas de bonbons en folie, pas de trace de fête foraine, pas de casino non plus. Non, même si ça à l’air très sympa, avec un design travaillé dans le marbre blanc, je doute d’être déjà venu ici une seule fois depuis mon premier jour à Dreamland. Voyons voir, où pourrais-je bien être. Il y a une certaine population, une forêt, un genre de palais édifié en forme de théâtre grec … Si je me base sur mes connaissances du manga, je devrais être au royaume des deux déesses. Intéressant. Je demandai confirmation au premier locataire du coin qui passe à portée. C’est bien ça.
Bien, premier point, ok. Second à présent, ce qui peut se résumer à savoir ce que je portes cette nuit. Ça c’est l’avantage des mecs, ils peuvent porter tout et n’importe quoi, ce n’est presque pas grave, mais étant une femme ici, c’est un détail qui a son importance. Une salopette blanche arborant une croix rouge sur toute la hauteur, coupée au milieu des cuisses et couvrant jusqu’au niveau de la poitrine devant, ainsi qu’un tout petit peu au-dessus des reins derrière. De quoi se satisfaire d’un petit décolleté. Sous-vêtements blancs, faut bien préciser puisqu’on voit mon dos et si on se pense un peu, le bas aussi. Mais faites gaffe, le premier qui cherche à en savoir trop, je lui retourne une de ces tartes, que même EDF ne saura quelle facture envoyer. Bref, et pour finir, des chaussures de sport rouges, légères et possédant un maintient remarquable.

Ah lala, j’ai beau me répéter, je ne regrette pas du tout ce choix à Luxuria. Héhé, bon alors, que faire ici ? A part du tourisme, je ne vois pas trop.
Boh, à tous les coups il va se passer un truc. Et en attendant, allons voir par ici.
C’est plutôt chouette, même si ça manque d’activité, on voit que l’architecture a été très réfléchit. Tiens, attendez y en a même qui joue à chat. Ces tourismes, je vous jure, des fois ils se croient vraiment chez eux. Heuuuu, une seconde c’est pas un jeu là. Un type au visage masqué qui choppe la gamine après qui il courrait, la façon dont il l’a attrapé, par le cou comme s’il ne voulait pas qu’elle hurle. C’est quoi ce bordel ?
Je poussai les gêneurs en train, eux, de hurler devant la scène quand un flash illumina toute la zone. Et merci aux quelques protagonistes que je n’avais pas encore eu le temps de dégager, ce furent eux qui prirent le plus gros du coup.
Perso, je me secouai simplement la tête pour chasser l’indésirable sensation de vertige, et courus dans la dernière direction connue prise par le voleur. Enlever des filles, nan mais sérieux, on est pas dans une mafia ici. Seulement problème, il n’y a plus la moindre trace des brigands …
Cherchant des yeux un éventuel indice, je remarque dans la foule un jeune garçon aux cheveux bruns en train de faire sortir des flammes noires de ses bras. Un contrôleur de feu obscure ? Si c’est bien ça, c’est terriblement rare. Et puis comble de ce début de nuit, ce garçon possède quelques ressemblances avec la gamine.
Une voix s’éleva soudainement dans l’ambiance plutôt chaotique, qui offrait une prime si on lui ramenait les escrocs. Franchement, moi je veux juste aider la fillette, le reste je m’en cogne bien. C’est là que le garçon brun demanda à l’auteur de l’annonce, par où ils étaient partis. J’arrivai dans son dos et lui tapotai l’épaule droite :

« Suis-moi. »

Je m’éloignai de la foule, prenant la direction qu’avait prise les cibles à arrêter, donc vers la forêt. Puis une fois qu’il n’y eut presque plus personne dans les parages, je me retournai, une main gauche sur la hanche, l’autre qui me grappe le sourcil droit.

« Salut, moi c’est Nodox. » Je lui tendis une main en guise de salutation. « Sympa ton pouvoir, contrôleur de feu ? Et la fille, tu l’as connais ? »

Hrp:

- Je … merci, moi c’est Dan. Oui je connais cette gamine, c’est ma sœur. » Répondit le garçon avec une pointe d’hésitation dans la voix.

Sa sœur ? Ah d’accord, ça expliquerait donc cette attitude de méfiance, de doute. Je le regardai en silence, tandis qu’il paraissait en proie à un conflit interne à mon sujet. Je suis peut être une méchante, une malfrat qui veut également le kidnapper lui aussi. Peut être même pire ! Le violer, lui vider ses parties intimes pour ensuite lui les couper et les envoyer à sa sœur ! … Nan, je crois que cet épisode de Game Of Thrones m’a un peu trop surprise …
Le dénommé Dan détourna les yeux, son attention soudainement fixée sur autre chose que ma personne. Il y avait des traces de pas dans la boue présente sur la périphérie de ce qui ressemblait à un chemin traversant les bois. Rien ne dit que ces marques appartenaient bien à l’un des brigands mais le jeune voyageur semblait y croire dur comme fer. Et puis c’est le seul indice que nous ayons pour le moment.
Le garçon s’arrêta dans sa démarche et se retourna vers moi, la bouche entre-ouverte comme pour dire quelque chose, mais rien n’en sortit. Finalement il fit de nouveau face à Mère Nature, dans un silence perturbant.
Oh toi, tu es nouveau, ça crève les yeux. Y a que les p’tits jeunes pour se torturer l’esprit comme ça. Et partir à l’assaut des forces maléfiques avec cette attitude, c’est presque suicidaire.

« Merci de m’avoir montré le chemin, » Me lança-t-il soudainement. « maintenant je pense avoir au moins une chance de les rattraper. J’espère qu’ils seront ouverts à la négociation … mais bon, encore merci à une prochaine fois peut être ! »

Un sourire forcé aux lèvres, il s’avança entre les arbres, jouant les apprentis pisteurs sur un terrain qu’il ne connaît pas. Cela dit, il est quand même moins bien foutu que Bis dans son corps de mec … Oh pardon, je m’égare un peu là, mais en même temps qu’est-ce que vous voulez regarder d’autre que son petit derrière dans un coin aussi verdoyant et lugubre de Dreamland.
Un soupire s’échappa de mes lèvres, puis mes pas joignirent le geste à la pensée. En deux grandes enjambées j’étais de nouveau à sa hauteur, l’attrapant par l’épaule pour le contraindre à s’arrêter.

« Pas si vite Gary-boy. Partir comme ça à l’aventure, t’as autant de chance de retrouver ta sœur que de tomber sur le Père Noël au milieu le Sahara. » Des craquements au-dessus de nos têtes indiquèrent la suite des évènements. Je lui soufflai alors dans l’oreille pour ne par ébruiter l’info. « Eux là-haut par contre, ils peuvent tout à fait te donner de réelles indications. Reste plus qu’à les chopper. »

Je lui souris et filai dans la pénombre des végétaux. Ils étaient trois, ou du moins il n’y a que trois de visible pour le moment. Je visai le plus proche en tendant le bras droit vers lui, son gros derrière en ligne de mire. Tant qu’à faire, autant que ce soit drôle. Une petite décharge vola jusqu’à lui, illuminant durant un quart de seconde la forêt. Un hurlement stridant s’échappa de la victime, qui tomba comme une pierre en se tenant les fesses. La scène accéléra soudainement. Car aussitôt ses collègues se mirent à gueuler, lançant des espèces de flèches lumineuses sur le jeune voyageur. Usant donc de mon pouvoir pour accroitre ma vitesse, j’attrapai le col du premier méchant blessé et sautai sur Dan pour le mettre à couvert derrière un tronc d’arbre.

« Désolé pour les secousses. » Lui dis-je alors que sa position contre ma poitrine n’avait pas du trop lui déplaire.
Je m’écartai légèrement et électrocutai l’otage d’un coup de jus dans la nuque, juste histoire qu’il se tienne tranquille.

« Tu crois que tu peux te débrouiller avec les deux autres ? Ou je m’en occupe pendant que tu le fais parler, lui ? C’est quoi ton pouvoir exactement ? »

Les bruits de choc dans le bois rendait la discussion légèrement saccadée mais il faudra faire avec pour le moment.

Le garçon préférait s’occuper de la victime déjà sous la main, et avoua même qu’il ne connaissait pas vraiment son pouvoir. La belle affaire … J’haussai des épaules tandis que ma tête remuait de façon affirmative. Cela vaut sans doute mieux ainsi.
Bon, je n’ai plus qu’à assurer. Ça ne devrait pas être bien difficile avec deux gigolos perchés dans leur arbre, trop occupés à nous tirer dessus avec je ne sais quoi, et une forêt aussi luxuriante. Je tapotai l’épaule du jeune garçon guise de salutation, puis filai à travers les fourrés.

Une flèche passa à travers mes cheveux, me coupant plusieurs mèches au passage, pour se planter juste entre mes jambes. Et je bénis cette nuit où j’ai voulu rester une femme ! Car autrement, je ne serais même plus un homme mais bien un eunuque.
C’est qu’ils visent plutôt bien ces couillons. Bon, première étape, les éloigner de … flute comment il s’appelle … Ah oui, Dan.
Aussi je pris une grande inspiration et fis une roulade pour sortir de ma cachette de fortune, jusqu’à arriver sur le petit chemin de terre. Là, comme le prévoie toute logique, je fus prise pour cible. Mais avec une bonne impulsion vers l’avant et le problème des projectiles n’était plus. Mieux, ça me permit de savoir où ils étaient tout deux cachés. L’un a trois mètres de ma position, et l’autre sur l’arbre voisin. Ça ne devrait pas être trop dur, faut juste escalader.
Escalader … avec mes dons de tomber dès que je me trouves en hauteur, ça promet. Enfin, espérons que tout se passe bien.

J’esquivai une nouvelle série de tir, qui ne manqua pas de me faire perdre l’équilibre d’ailleurs, me faisant chuter comme si j’étais bourrée. Il va falloir accélérer le rythme sinon ça va très vite devenir chiant. D’un regard sur la droite, une branche relativement épaisse et basse m’offrait un moyen de gagner un hauteur. Une nouvelle roulade, et tant pis si mes cheveux sont maintenant plein de terre et de brindilles, je grimpai sur l’arbre à toute vitesse. Disparaissant momentanément de tout angle de vue.
Un saut puis un autre pour avancer entre les feuillages, à deux ou trois mètres du sol, et paf. Première cible hors-service, d’un rapide punch dans les reins suivit dans le même mouvement d’un petit coup de jus. Suivante, et on remercie la grosse branche à hauteur de mon torse pour avoir prit la nouvelle flèche à ma place.
Le temps que l’ennemi recharge, j’étais déjà à ses pieds, une main foudroyante sous son cou.

Dans la minute qui suit, je redescendis de mon perchoir avec les deux corps inertes, mais bien vivants, et alla retrouver Dan. Il devrait sans doute en avoir fini. Et ola mon dieu, il n’y va pas avec le dos de la cuillère le jeune. Un poignard sous la gorge de l’adversaire et des marques de coup à certains endroits. L’interrogatoire avait du être musclé. Je posai sans ménagement les deux autres comme s’il s’agissait de sacs poubelles et m’agenouillai devant celui que tenait encore le garçon.

« Vous savez, vous devriez nous le dire. Ce serait beaucoup plus simple pour vous, comme pour nous. Et puis ça vous évitera les éventuels douleurs, et patati, et patata. »

L’homme remua les lèvres, comme s’il voulait parler. Je m’approchai donc de quelques centimètres mais la seule chose que je reçu, c’est un cracha baveux et particulièrement insultant.

« Dan, recule. »

J’empoignai l’entrejambe du salopard et y déchargeai une telle décharge d’électricité que la forêt en fut illuminée pendant une longue seconde. L’homme se retrouvai le cul à terre, la tête penchée vers les étoiles et une odeur de cramé remplissait son halène. Je m’essuyai le visage d’un revers de bras et m’adossai contre l’un des nombreux troncs d’arbre.

« Je te le laisse, si je continue, je vais finir par le buter … Attend juste un peu, le temps qu’il reprenne ses esprits. Ses potes ne sont pas mort, juste dans les vapes pour un temps. »

Le jeune garçon laissa apparaitre un sourire passablement psychopathe sur sa bouille de nouveau né. C’est fou comme le monde peut regorger de personnes étranges quand les situations s’y prêtent. Je regardai donc, toujours silencieuse, le petit Dan jouer le rôle de l’interrogateur mafieux, claquant des doigts sous le nez de la victime encore fumante et légèrement parcouru de spasmes due au surplus d’électricité dans son corps.
Sans réponse de la part de l’intéressé, le voyageur tournai les yeux vers ses acolytes, dont l’un commençait à se réveiller. Moi je m’installai simplement plus confortablement contre ce tronc d’arbre, les yeux allant de droite à gauche, juste au cas où quelqu’un surgirait sans prévenir.

Notre ami encore débutant s’enquit de fouiller sa victime, la débarrassant d’un poignard qui aurait pu être dangereux. S’en suivit une séance à la gestapo, ponctué par des soupires de ma part. Ah punaise, encore une nuit en carton. Au final, il n’y a vraiment qu’avec Lith’ que je m’éclate … Enfin, Lith’ et Bis, parce que ces deux entités n’ont vraiment presque rien en commun, et c’est ça qu’est marrant.

Ne sachant quoi faire, et surtout m’ennuyant à mourir, je pris la décision de me lever et d’aller inspecter les environs. Mais à part une végétation terriblement envahissante, des plantes carnivores, des bestioles à huit yeux et des griffes qui feraient passer Insecateur pour une grosse tapette, y a rien a signaler. Mouais … un coin tranquille en somme … où l’espérance de vie d’un touriste serait proche de, disons, trois minutes et demi, si bien entendu on décide de s’aventurer hors des chemins prévus.
Et puis si je pige bien les quelques brides d’info qu’arrive a extirper Dan, il va justement nous falloir explorer cette foret tout sauf accueillante. Cependant un détail me gêna dans la logique du nouveau voyageur.

« Une seconde Dan. » Lui dis-je en revenant dans son champ de vision. « Tu veux l’emmener aussi ? Tu crois pas qu’il y a suffisamment de … » Je me tue une seconde, réalisant une toute autre opportunité. « Nan t’as raison. Emmenons-le, si on se fait attaquer, il nous servira de bouclier, ou d’appât. » Un regard tout sauf attendrissant fut envoyé à la victime. « Mais que ce soit clair, je ne le porte pas. Et gaffe à toi, y a pleins de bestioles dans le coin et franchement je doute qu’elles soient végétariennes. »

Mon discours n’eut aucune plainte en retour. L’homme au derrière foudroyé se leva simplement, sous les instructions de Dan, le corps parcourus de tremblement et de sueur. Il a dû en voir de toutes les couleurs pour être dans cet état maintenant. Un bâillon sur la bouche avec une partie de la veste carbonisée du type qui avait osé me cracher au visage, et on était prêt à partir. Je levai le pouce à l’attention du voyageur puis entrepris de le suivre, restant tout de même sur mes gardes tout le long du parcours.
Direction le nord, pour le moment on reste sur le chemin donc tout va bien. Du moins jusqu’à ce que je m’aperçoive qu’on va devoir s’enfoncer entre les arbres. Premier réflexe, jeter des regards partout, en particulier sur les côtés et derrière, alors que chaque bras se chargeaient déjà d’électricité.

Hrp: