Surprise !

La lutte était terminée. Le jeune garçon s'était acquitté de sa tâche avec brio, parvenant à mettre in aux agissements du renne robotique. Bien que son combat n'eut pas été réellement suivis par l'aristocrate, le résultat était amplement suffisant et justifiait le sourire satisfait qu'affichait le voyageur qui avait joué avec toute la machinerie.
Kaijin s'était extirpé de la benne dans laquelle il avait atterrit pour rejoindre son compagnon et ensemble ils constatèrent le trépas flamboyant de leur ennemi cybernétique, dans des gerbes d'étincelles, répandant une nauséabonde odeur de métal et de plastique fondu. Pour son travail accomplit, le Lord anglais remerciait d'un regard et d'un sourire le garçon obstiné et téméraire.

La tête du renne finissait à peine de disparaître de leur champ de vision que, soudain, un nouveau venu pénétra dans la salle avec fracas. Le son des portes claquées se répercuta dans tout le bâtiment, en dépit du vacarme des machines en fonctionnement. Mais ce fut un hurlement de douleur, de rage et de tristesse, aussi, qui surpassa le tout. Ce cri de désespoir venait du nouvel arrivant, qui se précipita en direction des deux voyageurs, leur jetant des insultes, les accusant de tous les maux et surtout d'avoir réduit à néant plusieurs années de travail.
Cet enragé n'était autre que le préposé à la sécurité de l'usine qui avait quitté son poste dans le but de sauver sa création. Toutefois, il était arrivé trop tard et ne pouvait que contempler son échec et la perte de sa dure labeur. Il était légitime qu'il reproche vertement aux voyageurs leur comportement et la destruction d'une œuvre si importante.
Cependant, dans la précipitation de sauver sa chère réalisation, il s'était oublié et la vérité éclatait au grand jour (enfin, dans la clarté d'une usine aux guirlandes clignotantes) : il n'était pas un lutin. En effet, son crâne vert n'était pas la seule partie de son corps arborant cette couleur évocatrice, toute sa peau possédait cette teinte malade. Quand bien même un habitant de X-Mas Town aurait succombé à une maladie de peau, le faciès détestable et les longues oreilles crasses ne trompaient pas : il était un gobelin. Que faisait un gobelin au sein de cette ville que son peuple ne cessait d'attaquer ? Il était une sorte d'agent infiltré, préparant de longue date une attaque décisive. Il avait utilisé les ressources à disposition pour créer un super soldat, prétextant auprès des lutins que c'était pour leur sécurité, comme son travail le demandait. Mais le but véritable de l'instrument de guerre réduit maintenant à néant était de ne servir que le gobelin et de permettre une victoire contre ce village pourri de bonheur et vomissant la joie.
L'action des deux voyageurs venait de briser le plan longuement élaboré, sauvant sans le savoir le village dédié à Noël. Cette regrettable conséquence contribuait à l'ire de la créature, qui ne cessait de fustiger ses abrutis qui ont tout gâcher.

Oscar ne répondait point à ces attaques verbales, réfléchissant plutôt à la meilleure manière d'éliminer le responsable de leurs déboires depuis leur arrivé dans cet usine, alors que leur mission ne consistait qu'à en subtiliser un jouet pour le compte de Jack.

"Si il tient tant à son robot, t'as qu'à le balancer avec, ça lui fera les pieds !" Proposa Saënoris en ricanant.

La solution paru bonne mais un contre temps s'annonça sous la forme d'un pistolet fait de bric et de broc, avec plusieurs canons, le tout attaché avec un peu de n'importe quoi et beaucoup d'espérance. Il était étonnant que l'engin n'explosa pas de lui-même à la figure de son porteur, même sans appuyer sur la gâchette. C'était là la force des gobelins, capables du pire le plus instables, mais de le faire tenir, au moins jusqu'à son utilisation. Dans la plupart des cas. Et souvent l'utilisation comportait une part non négligeable d'explosions, prévues ou non.
Alors qu'Oscar modifiait ses plans en fonction de ce nouvel élément, un facteur s'ajouta à l'équation. Et comme de juste dans cet usine, la porte menant à l'extérieur fut ouverte si violemment qu'elle en sortit de ces gonds, se brisant contre le mur en face.

Chacun se retournèrent vers l'origine de cette intrusion en pleine crise et la figure de Ganta, le contrôleur de sang revanchard, apparut dans le cadre. Il repéra immédiatement ses cibles, à savoir l'aristocrate qui avait osé insulter la chef du groupe à Discoland et désormais cet idiot bagarreur à la chevelure bleue ridicule et improbable.
Il les apostropha d'une voix menaçante, son visage exprimant une envie de vaincre :

"Vous deux, là ! Je vais vous faire la peau !"

Le gobelin s'insurgea :

"Hey, dégage de là, petit, c'est moi qui va les massacrer !"

"T'occupes, tête d’œuf moisi, j'étais là avant."

"Je crois pas, non."

Tandis que les deux s'engueulaient afin de déterminer qui avait la priorité, Oscar souffla malicieusement à Kaijin, avec un clin d’œil:

"Il serait bien d'user de cet interlude pour régler le compte à ces deux troubles fêtes, tu ne trouves pas ? Chacun le sien."

Il désigna d'un doigt désinvolte :

"Tu n'as qu'à terminer avec ce garçon ce que tu n'as pu achever la nuit dernière. Je me charge de ce gobelin."

"N'oubliez pas votre mission, maître. Il vous faudra prendre un jouet pour le ramener à Jack Skillingon." Rappela le majordome.

Oscar acquiesça malgré lui de la tête et attendait la réponse de Kaijin. Il ne doutait pas de son envie de se battre, mais soupçonnait une condition physique trop sollicitée.
Bah, il pourra toujours lui porter secours une fois le cas du gobelin réglé, ce qui n'allait pas prendre beaucoup de temps, malgré la menace pétaradante du pistolet multi canons.

Le destin de ce cyborg fut pleuré par son créateur. Après tout, c'était compréhensible, il y avait toujours un certain amour paternel que le concepteur d'un robot ressentait envers sa création. Bien que parfois, il ne soit nullement réciproque, car, les sentiments, les robots s'en encombraient rarement. C'était ce qui les rendait dangereux et assez imprévisibles, mais obéissants. Ceux qui faisaient l'acquisition d'une conscience, en plus d'être dangereux et encore plus imprévisible, bien souvent, étaient égoïstes.

Pour le renne, la question n'était plus à se poser vu son sort -presque- tragique. La vraie tragédie, c'était l'agression des tympans par, dans un premier temps, les larmes et les pleures, puis dans un deuxième, les injures et les malédictions du concepteur gobelin. Concepteur, qui, il faut le dire, était vraiment hideux à regarder. La présence de cette chose verte attaquait déjà l'ouïe et maintenant qu'il n'était plus derrière son interphone, la vue des voyageurs. Kaijin regrettait même ces lutins heureux et mignons. Au lieu de ça, il y avait ce gobelin à la peau fripée et à la pilosité ingrate. Il n'était pas non plus très imposant. Il devait arriver aux genoux d'Oscar, c'était donc très petit.

Ces insultes commençaient à devenir lassantes, aucune originalité, aucune innovation. Puis, les sanglots perturbaient encore plus la compréhension. Déjà qu'il fallait faire un effort de concentration gargantuesque pour comprendre la mélodie vocale enivrante -c'est du sarcasme- des gobelins. Alors là, c'était vraiment incompréhensible.
Cependant, un inventeur gobelin, c'était redoutable, surtout quand il avait une de ces inventions sur lui. Il braqua les deux voyageurs avec une arme à l'apparence aussi incongrue que folklorique. On aurait dit qu'elle sortait tout droit d'un cartoon, Kaijin se fit la réflexion que, à Dreamland, ce n'était pas étonnant. Il se contenta de serrer ses vêtements un peu plus forts pour garder la chaleur déjà trop rare.

Il était confiant, car il avait vu le regard d'Oscar, comme fasciné par cette arme. Il avait sûrement un plan. Puis merde à la fin. Le froid était trop intense pour agir.

De toute façon, le doux son d'une porte qui claque et tombe tant elle a été poussée fort perturba la scène. Kaijin tourna vivement la tête et plissa les yeux. C'était Ganta juste devant lui, en plus d'être moche et méprisable, ce débile consanguin avait cassé la porte. Ces mots sont une retranscription censurée des pensées de l'adolescent à ce moment-là. Il serra ses poings. Pourquoi tant de haine envers Ganta ? Dans un premier temps, Kaijin avait dû fuir face à lui la nuit dernière et dans un deuxième, un courant d'air glacial était entré avec lui. Le voyageur du surnaturel plissa encore un peu ses yeux. Des vêtements. Des vêtements qui avaient l'air chaud. Le sang du Kaijin se mit à bouillir. Au diable le froid à présent.

Le gobelin et l'autre voyageur commencèrent à se disputer la vie des deux voyageurs. Oscar s'adressa à Kaijin, ce dernier tourna sa tête vers son mentor nocturne, acquiesçant suite à ces dires. Un grand sourire se dessina sur son visage lorsque Oscar évoqua un face-à-face contre Ganta. L'homme sembla acquiescer, ça Kaijin ne comprit pas pourquoi, mais cela avait-il une quelconque importance ? Aucunement.

Kaijin lâcha ses vêtements, les laissant pendouiller le long de son corps, il en aurait vite de nouveau. Il décida également de s'équiper d'un jouet, il en choisit un au hasard, déjà bien amoché, mais assez dur pour faire de beaux dégâts. Il se retourna et se déplaça nonchalamment jusqu'à Ganta, laissant l'arme pendouiller avec un bout de manche. Le voyageur arriva dans le dos de son adversaire, il lui tapota l'épaule. Le contrôleur sanguin se retourna vivement. Kaijin lui envoya son plus beau coup de tête dans le nez. De suite, il plia ses genoux et fonça sur le voyageur déséquilibré, épaule en avant. Il poussa Ganta contre un container et le plaqua contre ce dernier. Le voyageur savait qu'il allait devoir en finir assez vite, sa condition physique n'allait pas lui permettre de faire des miracles. Ceci dit, il ne pouvait s'empêcher de faire durer le plaisir, surtout contre cette personne.

- Hey Ganta ! T'apprécies l'accueil ?

Grossière erreur que de lancer une pique dans un moment pareil. Le voyageur de sang repoussa Kaijin, qui dû forcer sur ses pieds pour ne reculer que de deux pas. Il élança son bras vers la joue de Ganta pour que son arme la heurte avec un maximum de puissance. Ce dernier vacilla sur le côté, le genou de Kaijin lui écrasa un peu plus sa face contre le container, laissant couler du sang. Oui. Ça allait chier.

Ganta remua la langue dans sa bouche meurtrie, mélangeant ainsi l'hémoglobine qui commença à durcir et prendre une forme sphérique. Il se redressa d'un seul coup et cracha sa bille de sang. Cette dernière s'écrasa contre l'épaule droite de Kaijin, un cri jaillit de la gorge du voyageur. Ses vêtements avaient atténué le choc, ce qu'ils ne feraient pas deux fois vu le trou que la bille avait créée. Un petit filet de sang coulait déjà de la peau de l'adolescent, il aurait, en plus de ça un bel hématome dans quelques instants.

Plusieurs détonations raisonnaient depuis le début des hostilités. Kaijin ne s'était pas encore risqué à jeter un coup d'œil à Oscar. Là, ce n'était pas trop le moment en plus, mais le jeune homme était confiant. Ganta préparait deux autres billes de sang. Deux projectiles lui frappèrent la joue et le nez, annulant l'offensive. Les deux mains du contrôleur furent plaquées contre son visage en même temps, il se contorsionna en gémissant. Le garçon à la chevelure incongrue sauta sur l'occasion. Il gratifia le nez de son ennemi d'un uppercut. Ce qui eut pour effet de briser le nez de l'autre et qu'il se relève très mécontent. Kaijin calma tout de suite les ardeurs de Ganta en lui donnant un coup de pied dans les côtes.

Il serra son arme de fortune entre ses mains et s'avança, décidé à en finir. Il leva son bras, un autre projectile décida de se joindre à la fête, frappant son index. À cause du froid, le bout de chacun de ces doigts avait gelé, la douleur fut particulièrement intense. Kaijin lâcha son arme, tourna sur lui-même et secoua sa main en gémissant, un coup de poing dans la mâchoire suivit d'un autre coup dans le plexus le ramenèrent à la réalité. Il recula de quatre pas, cherchant à retrouver sa respiration. Ganta en profita, on lui servait cet adolescent complice de l'aristocrate qu'il haïssait tant. Rien que d'avoir de telles fréquentations était un crime, puis, cet adolescent était vraiment détestable. Les conséquences de cette haine furent un coup de semelle dans l'estomac, puis un plaquage contre un container, suivit d'un coup dans les testicules et pour la conclusion, plusieurs coups contre un même point. Point, qui se trouva être la joue gauche de Kaijin.

Ce qui mit fin à cet acharnement, c'est la tentative désespérée de Kaijin à pincer les flancs de Ganta, le plus drôle, c'est que ça fonctionna. C'était extrêmement ridicule. Mais le ridicule ne tue pas, là pour le coup, il avait peut-être sauvé une vie. L'instinct du morpheur le poussa à se mettre hors de porter, il mit trois mètres de distance entre lui et Ganta, ce dernier commençait d'ailleurs à se remettre du pincement qui l'avait fait tressaillir, réduisant son équilibre de manière conséquente. Oscar semblait prendre le dessus sur son adversaire également. Kaijin se mit à courir vers son ennemi, qui se redressa brusquement et cracha deux billes de sang qui s'écrasèrent contre le front du voyageur au cheveux bleu. Ce dernier serra les fesses et les dents -laissant d'ailleurs échappé un couinement absolument glorieux au moment de l'impact- et envoya son crâne contre le nez de Ganta. Ce dernier recula, Kaijin l'attrapa par les épaules, le retourna et attrapa les deux bras de Ganta pour les immobiliser dans son dos, les contenant avec sa main droite.

La raison de tout ça ? Une solution pacifique ? Voyons. Non. Le jeune adolescent avait vu son mentor nocturne se saisir de l'arme du gobelin et la pointer vers eux. Kaijin devait faire vite, il força Ganta à se redresser et dénuda le torse de ce dernier avec sa main libre. En même temps qu'Oscar tira, si ce n'était pas synchro tout ça. Le plomb s'incrusta dans le torse de Ganta qui poussa un hurlement. Kaijin libéra les bras de ce dernier pour utiliser sa main libre et planter ses ongles dans la plaie. En tentant d'arracher des bouts de peau à Ganta. Ce dernier hurla et réussit à donner un coup de coude à celui qui avait apparemment prévu de le dépecer.

Ils se firent de nouveau face à face. Sauf que cette fois, ce fut Ganta qui commença à danser. Il jeta son poing vers Kaijin, qui fit un pas de côté, attrapa le bras d'une main et claqua la tête de son ennemi contre un container de l'autre. Il la frappa à plusieurs reprises jusqu'à ce que le container soit brisé. L'adolescent jeta sa victime au sol, tomba à genoux et fini de réduire sa face en bouillie avec ses poings tout en braillant comme un damné.

- Tu sais ce qui me fait marrer Ganta ? C'est que ... t'es contrôleur de sang ... Et t'es en train de mourir, mais dans ton sang !

Il se mit à rire, encore et encore. Un rire, qui étrangement n'était pas trop teinté de démence. Plutôt un rire nerveux, pour se rassurer, de quoi ? Aucune idée -c'était aussi un peu de la faute de sa blague, avouons-le. Ça continua jusqu'à ce que le cadavre du contrôleur de sang explose en fumée. Kaijin s'arrêta, haletant, les bras pendant, le regard vide. Il avait enfin triomphé. Il n'en pouvait plus du tout.

Double Win

Le tir avait porté magnifiquement bien, grâce à la maîtrise de Kaijin qui avait exposé le torse de son adversaire. Constatant l'efficacité des billes de plomb sur le corps d'un voyageur, Oscar abaissa l'arme et laissa son compagnon de massacre terminer une besogne qui n'était pas forcément nécessaire. Cependant, il comprenait la volonté du jeune garçon d'en finir lui-même et n'intervint point, préférant prendre une courte pause en s'adossant contre l'un des murs de la manufacture. Le mur était froid, mais c'était agréable après les esquives et le bestial combat qu'il avait enchaîné.
Ainsi son repos fut ponctué de la violence du morpheur achevant celui qui les avait suivis jusqu'ici, pour rendre justice à la voyageuse que l'aristocrate avait repoussé quelques nuits auparavant. Confiant, l'invocateur démoniaque ne doutait pas qu'il possédasse les ressources nécessaires pour vaincre ce jeune impertinent, mais il lui était agréable d'abandonner cette besogne à un autre, tout aussi enthousiaste que lui. La fin du voyageur (qui se ponctua d'un Pouf ! nuageux assez ridicule au vu de la violence de la scène précédente) fut accompagnée d'un rire nerveux, le voyageur massacreur succombant apparemment à la pression accumulée depuis le début de la nuit. C'était tout à fait compréhensible. Après tout, ils avaient affronté une araignée mécanique, un cyborg armé d'un canon et un renne robotique, pour terminer par un gobelin et un voyageur revanchards.

Le contre coup se fit durement sentir et les muscles purent enfin exprimer toute la douleur endurée à cause des multiples sollicitations forcées. De plus, le froid si rafraîchissant se retourna contre lui et il se mit à frissonner. Certains de ses vêtements avaient été perdu en cours de route et la porte ne filtrait plus la température extérieure qui caressait sans rougir le zéro, voire en dessous. Déjà de la neige s'invitait à l'intérieur et des flocons voletaient pour disparaître sur le sol bétonné.
Mais ils avaient gagné, c'était indéniable. Le voyageur démoniaque savoura le goût de la victoire, témoignant de sa satisfaction d'un ton qui se voulait enjoué mais qui se brisa dans une respiration sifflante :

"Bien joué … Kaijin … C'était … un beau comb … combat."

"Oh oui, il s'est très bien débrouillé !" Applaudissait la démonette.

"Mouais, il s'est quand même fait salement poutrer." Ricana Saënoris

"Oh, c'est vrai ! Il est tout couvert de blessures. Se lamenta Luëst. Il faut le soigner !"

"Encore un tour à l'hôpital ?" Demanda Khildar.

"Nous n'avons pas le temps, s'exprima, sentencieux, Laënoris. Maître, prenez un jouet, pas trop abîmé, et acquittez vous de la tâche demandée. "

Les sages paroles du démon majordome firent hocher la tête de l'aristocrate qui se traîna à pas lourd vers Kaijin afin de l'amener à encore quelques déplacements nécessaires et de rassurer une démonette inquiète. Il est vrai que le spectacle n'était pas beau à voir. Cela s'appliquait aussi bien au voyageur encore debout qu'au reste de sa victime, car bien qu'elle eut disparue, il demeurait une belle flaque de sang qui témoignait de la violence des coups portés.
Le visage du voyageur à la chevelure électrique était ravagé, son corps semblait lui faire souffrir le martyr, mais il était en vie.

"Quelle sale gueule. Déjà qu'il était pas gâté !" S'esclaffa Saënoris

"Le pauvre chou … " Se lamenta Luëst.

"Allez mon gars, encore un effort, l'encouragea Oscar en l'attrapant par le bras pour le supporter, au cas où la marche lui serait trop difficile. Il nous reste une tâche à accomplir."

Il se dirigea au jugé et récupéra dans l'une des nombreuses caisses en partance un jouet, un cow boy aux yeux grands ouverts et au sourire benêt. Calant l'objet de la convoitise d'un squelette curieux dans sa poche, l'aristocrate repartit vers une autre sortie, se doutant que les ennuis allaient sûrement arriver par la porte fracassée. Déjà une rumeur s'élevait suite aux coups de feu tirés. Ces éclats avaient rameuté les patrouilles sur les dents depuis l'incident à l'église, bien décidées à mettre un terme à tout ce bordel. Parmi elles, celui qui avait été engagé avec quelques réticences, pressé de faire valoir le contrat. Cependant, lorsqu'ils pénétrèrent dans la manufacture, ils ne purent que constater les résidus du combat : la porte en morceaux, des flaques de sang, des jouets, des caisses en pagaille, des containers défoncés et une sale odeur de métal en fusion provenant de l'incinérateur. La fouille du bâtiment fut entreprise, minutieuse, et la piste des deux voyageurs fut remontée, mais pas dans leur direction, puisqu'ils empruntèrent le trajet passant par l'entrepôt où furent découverts les carcasses des gardiens.
Pendant que les rennes accomplissaient leur travail avec zèle, pestant contre les voyageurs, ces derniers avançaient péniblement dans la neige, rejoint par le fidèle papillon enchanté qui vola au dessus d'eux, silencieux surveillant.

Il faisait vraiment froid et le manque de vêtement se faisait sentir, mais la victoire et la mission en passe d'être accomplie réchauffait le cœur. Oscar avait expliqué à Kaijin qu'ils n'avaient pas le temps de faire un arrêt à l’hôpital et qu'en plus, c'était beaucoup trop risqué. Ils marchaient donc vers l'enceinte du village de X-Mas Town, foulant la poudreuse et recouvert de quelques flocons qui tombaient tranquillement. Aucune tempête ne s'annonçait, elle avait déjà eu lieu de toute manière.

Après toutes ces petites péripéties, Kaijin ne se sentait pas franchement au mieux de sa forme. Il lui manquait un doigt, un bout de joue, sûrement quelques côtes et il avait un visage en bouillie. Non vraiment. Il n'était pas très en forme. Il parvint cependant à rester sur ses genoux. Les mots d'Oscar lui parvinrent jusqu'aux tympans, il tourna la tête, ouvrit les lèvres pour tenter de parler, je crois bien. Ce qui était sorti de sa bouche ressemblait plus à un gazouillement de bébé que des paroles. Après plusieurs tentatives, le morpheur leva son pouce en l'air à l'égard de son mentor. Il laissa tomber son bras très vite, car le maintenir droit tirait sur ses muscles et blessures. Kaijin baissa la tête et fixa le sol, tentant de dompter tous ses sentiments et peut-être trouver la force de se relever.

- Allez mon gars, encore un effort, il nous reste une tâche à accomplir.

Triste réalité à laquelle devait faire face Kaijin et son mentor. Heureusement, Oscar avait attrapé le bras du jeune homme pour l'aider dans la tâche, complexe vu son état, de se relever. Les jambes de Kaijin tremblèrent comme des feuilles pendant un moment. Ce dernier s'était accroché au bras de son compagnon nocturne, il regardait ses jambes en essayant de se calmer. Il lâcha sa prise, mais se sentant vaciller, il reposa très vite sa main sur le bras de l'invocateur. La deuxième fut la bonne, il tenait sur ses jambes, avec un équilibre incertain certes, mais il tenait. Il laissa l'aristocrate aller chercher un jouet pour mener à bien leur mission. Pour l'instant, Kaijin faisait quelques pas seul, il avait encore du mal à marcher correctement. Puis la sensation qui ravageait ses pieds était atroce.

Le froid s'était engouffré dans ses bottes, remplaçant ses doigts de pied par des glaçons, lui gratifiant de fourmis dans les pieds qui lui offraient une sensation vraiment agréable à chaque fois qu'un de ses pieds touchait le sol. Il se mit à gémir en même temps qu'il retrouvait sa mobilité puis, il resserra ses vêtements contre lui et il frictionna l'ensemble de son corps. L'adolescent rejoignit l'aristocrate qui se dirigeait vers une porte opposée à celle qui était fracassée. C'était une lourde porte en métal, qu'il fallait simplement pousser pour accéder au merveilleux monde tout blanc de X-Mas-Town. Pour dire vrai, Kaijin aurait préféré rester à l'intérieur, la température était encore plus insupportable ici. Il se fit la réflexion qu'il en avait marre de finir à poil dans ce royaume.

Décidément, ce village était vraiment nul. Kaijin se promit qu'un jour, il le raserait. Les deux voyageurs devaient éviter les grandes allées, ce qui était logique vu que ça grouillait sûrement de rennes chargés de mettre hors d'état de nuire les deux fauteurs de troubles. Tout naturellement, les concernés n'étaient pas très d'accord. Puis, ils n'avaient qu'à éviter ces sentiers et ne pas trop traîner. Sur le papier, c'était facile. En pratique, hum. Disons que le froid glacial qui s'acharnait à congeler chaque centimètre de leurs peaux, leurs multiples blessures et pour finir, les dix centimètres de neige qui aspiraient leurs semelles, étaient vraiment d'une aide capitale.

Au final, après de longues minutes, des efforts surhumains, ils virent, enfin, ce qui semblait être la fin de leurs souffrances. Elle se caractérisait par un squelette et son fidèle animal, couchés dans la neige, occupés à observer le ciel. Kaijin poussa un soupir de satisfaction, c'était fini. Puis, une sorte de cri de surprise s'échappa de ses lèvres, ses jambes venaient de le laisser tomber. Il s'était effondré au sol, telle une bonne grosse loque. Creusant un trou dans la neige, trou ayant la forme de sa silhouette. Kaijin sortit sa tête de la neige, fit une grimace et crachota un peu de neige.

Snowflake, White Star

La manufacture résonnait de l'investigation opérée par les membres de la sécurité. Le bâtiment avait été investi et se trouvait désormais fouillé méthodiquement, à la recherche d'indices et de preuves. En effet, la présence du gobelin, qui était parvenu selon toute vraisemblance à s'infiltrer au sein du village, dérangeait et inquiétait les autorités. Un espion était dangereux et supposait des failles dans la surveillance, ainsi qu'une possible faiblesse lors de prochaines attaques de la part de cette engeance verdâtre. C'est pourquoi l'effervescence régnait et tout était mis en œuvre pour mettre à jour d'éventuelles indications concernant d'autres agents en place ou un plan d'invasion.
D'un autre côté, une autre menace devait être prise en compte. Les deux voyageurs semeur de troubles étaient toujours recherchés et il était impératif de les trouver. Cependant, le risque représenté par les gobelins pesait d'avantage dans la balance des priorités par rapport à deux voyageurs isolés. Ainsi, la majorité se rabattit sur l'infiltré tandis qu'un noyau plus dur et vindicatif à l'encontre des voyageurs continua de poursuivre la piste à l'extérieur de l'usine, avec détermination. Ils sortirent du bâtiment et se mirent en quête de traces fraîches, ce qui les mena vers l'enceinte du village. Ces poltrons s'étaient sûrement éloignés le plus possible des lieux de leurs méfaits, couards et irresponsables qu'ils étaient. De récentes empreintes furent aperçues, provoquant la joie des rennes désirant faire payer ceux qui avaient troublé la quiétude de leur innocent hameau.

Alors que la patrouille formée se dépêchait de suivre le fil qui les guidait indubitablement vers leurs proies, une ravissante infirmière à la chevelure de feu vint à leur rencontre et entama une manœuvre de distraction et de perturbation. Elle leur assura que les profondes traces qu'ils voyaient n'étaient que des leurres et que les voyageurs étaient partis dans une autre direction, forts de cette diversion. Le doute s'installa et une discussion s'instaura afin de déterminer la véracité des propos engagés.
Au fond d'elle, Chloé savourait le moment. Quelques instants auparavant, elle avait vu les deux voyageurs s'enfuir et avait eu l'impulsion de les rejoindre. Toutefois, l'agitation autour de l'usine et la présence des rennes patrouilleurs l'avait retenu. En conséquence de quoi, elle avait préféré apporter son aide dans la mesure de ses moyens, c'est à dire en ralentissant au mieux et en essayant de lancer les rennes sur une fausse piste.
Elle savait qu'elle ne reverrait probablement plus jamais ces deux voyageurs qui avaient perturbé le service de l’hôpital la nuit dernière, mais l'envie de faire un dernier geste pour eux l'habitait. Qu'importe qu'ils ne soient jamais au courant. Elle, elle le savait, et ça lui suffisait. Il lui était difficile d'expliquer pourquoi cette envie l'avait prise lorsqu'elle les avait vu s'enfuir, piteusement d'ailleurs. Un élan de compassion peut-être. Elle ne les considérait pas comme dangereux. Simplement un peu perdus et débordants d'énergie. Mais pas foncièrement mauvais. Peut-être était elle naïve, comme lui reprocher Cat'. Peut-être commettait elle une erreur. Mais elle n'en avait cure. Ce jeune garçon fougueux et son compagnon élégant avaient bousculé ses habitudes et pimenté son ordinaire. Ils l'avaient extirpé de son quotidien pour la joindre, même le court instant d'une nuit passée, à une aventure, à de l'agitation, à la vie trépidante. Et rien que pour cela, cette sensation qu'elle avait eu lors du combat qui avait bouleversé l'hôpital et elle-même, rien que pour cette intensité vivace, ils méritaient son aide. Elle en était persuadée et se fichait de l'opinion des autres.
Ainsi fit elle gagner aux deux voyageurs grelottants quelques minutes de répits.

Ces voyageurs qui avaient dépassé le village de X-Mas Town depuis quelques temps maintenant, en vue de l'orée de la forêt où leur commanditaire les attendait, accompagné de son fidèle canin fantomatique. Le trajet avait été un enfer glacial. Concernant l'aristocrate, il ne lui restait plus que sa chemise et son pantalon blancs, ainsi que ses hautes bottes noires chaudement fourrées. Sa pelisse, son gilet et sa veste avaient été, le souvenir était aussi rude que mordant, sacrifiés pour contrer l'un des gardiens qu'ils avaient combattu. Or, le peu de vêtements qu'il lui restait ne suffisait pas à le maintenir à une température appréciable et son corps n'était plus que tremblements incontrôlés.
Les heurts qu'il avait subis au cours des affrontements ne représentaient rien en comparaison du froid qui s'insinuait à travers la peau pour piquer ses os. Néanmoins, les muscles endoloris par les récentes prestations témoignaient des traitements infligés par des élancements désagréables qui tiraient des grimaces à l'invocateur démoniaque. Grimaces qui gerçaient sur les lèvres gelées. Quant à la blessure à la tempe et les éraflures à la joue, elles avaient eu amplement l'occasion de cicatriser par le froid ambiant. Les tremblements de froid s'accompagnaient donc des douleurs résultant des actions précédentes, pour le plus grand inconfort du Lord anglais.

"Maître, il devient impératif de vous couvrir !" S'inquiéta Laënoris

"Si ça continue, on va finir gelé, c'est sûr."

"Bouffe l'autre abruti, ça nous réchauffera et ça lui fera les pieds !" Suggéra Saënoris

"Ah non, pas touche ! Il s'est bien battu, il a mérité notre gratitude, non ? Et puis, lui aussi il a l'air frigorifié. Je pourrais vous réchauffer tous les deux … "

Alors que des protestations s'élevaient déjà, la vue du squelette élancé rassura l'assemblée. C'était bientôt terminé. Cependant, cette apparition providentielle s'accompagna de l'effondrement de Kaijin qui s'enfonça dans l'épaisse couche de neige. La démonette de luxure cria d'une surprise horrifiée et Oscar manqua de suivre le gamin, dans un mimétisme fataliste. Ses propres forces l'abandonnaient. Il était demeuré debout plus par automatisme et volonté de garder son partenaire dans un état convenable. A l'instant où la raison de continuer s'écroulait, lui-même ne possédait plus d'appui, libéré de son obligation. Il tituba, plantant ses pieds avec le dernier désespoir.
A ses côtés, le jeune voyageur relevait la tête, tranquillisant les autres et lui insufflant la force nécessaire pour tenir dans sa position précaire. Au loin, Jack Skellington se précipitait, suivi par Zéro dont le flottement frottait la couche de neige avec délicatesse. Le squelette prévenant arriva avec deux lourds manteaux à ses mains et les jeta à chacun, dans un sourire préoccupé. Il soutenu le morpheur pour le rétablir et l'aida à déposer le chaud manteau sur ses épaules. Il chassa ensuite la neige qui s'était accumulée et s'assura que l'invocateur s'en sortait de son côté.
Ces deux manteaux avaient été subtilisés par le squelette curieux alors que ses deux voleurs se confrontaient à la sécurité, et les réchauffèrent agréablement et providentiellement. De fait, Oscar remercia chaleureusement Jack, une fois que ses dents cessèrent de claquer.

"Vous … vous êtes no … notre … Sauveur. Je vous … vous … vous remercie sincè … sincèrement pour ces … ces agréments. "

Le roi des Citrouilles salua d'un signe de tête et après être certain qu'ils allaient un peu mieux, les mena à la clairière où il s'était retranché. Son chien au nez rouge jappa joyeusement à leurs côtés, quémandant un peu d'attention et jouant parfois avec le nœud papillon enchanté.
Au centre de la petite clairière ne se trouvait malheureusement aucun feu, au grand daim de l'aristocrate. Néanmoins, il était logique que ce risque ne fut pas pris par Jack. Bien qu'il fusse émerveillé par les splendeurs du village aux couleurs de Noël, il gardait son crâne sur ses épaules et savait pertinemment qu'un feu signalerait sa présence aux autorités, mettant à mal la mission. Un mal nécessaire, donc.
Après quelques échanges courtois et insipides autour du déroulement du vol, des obstacles affrontés et de sa réussite, le trophée fut produit par un Oscar assez fier, mais encore affaibli malgré le manteau de fourrure. L'apparition provoqua la grande joie de Jack qui exulta, sautillant et entamant un ballet loufoque pour exprimer toute sa reconnaissance et son bonheur. Il voulut entraîner ses bienfaiteurs dans un chant et une danse dont il avait le secret, mais face au manque de conviction et se rappelant ce qu'ils avaient enduré, il se reprit, se rabattant sur des serrages de mains aussi vigoureux que sa satisfaction était grande.
Comblé, Jack Skellington remercia encore et encore les deux voyageurs pour ce jouet qui signifiait tant pour lui et qui allait l'aider à comprendre ce nouveau monde. Il les invita même à Halloween Town, d'autant plus que la période était parfaitement propice aux réjouissances de cette communauté ci.

"Si le cœur vous en dit. Ça serait un réel plaisir. Je vous ferais visiter. Et on chantera !"

Personne ne pouvait le contenir. Il débordait de joie et son fidèle chien aboyait lui aussi son bonheur de voir son maître si heureux. Ainsi s'en allèrent ils, tout joyeux, pour disparaître dans le paysage immaculé et se fondre dans le décor, un ultime salut pour les deux valeureux voyageurs.

La clairière était de taille réduite et une souche siégeait en son centre. Entourée de conifères aux hauteurs adultes, elle offrait un havre raisonnable dans l'attente des réveils. En effet, Oscar n'était pas dupe et il soupçonnait l'imminence de leur départ du monde onirique. Il avait laissé la souche à Kaijin et s'appuyait dans un semblant de flegme à un tronc aux basses branches absentes, son papillon argenté à son col. Le froid était toujours présent, mais il se faisait moins sentir grâce à l'épaisseur et au manteau rembourré. Se mouvoir était un calvaire, mais nécessaire pour éviter de geler sur place. Respirer n'était pas une difficulté mais d'un sourire résultaient des craquelures sur le noble visage accusant les combats précédents. Des vapeurs s'échappaient des lèvres entrouvertes et se perdaient dans le ciel qui se chargeait de nuages.
Un son rauque s'extirpa de la bouche de l'aristocrate et des mots parvinrent à se former, appuyés par un regard amical :

"Cette nuit … Cette nuit a été mouvementée. Mais tu t'en ais bien sorti. Tu as vaincu bien des adversaires. Cette rage, cette force de combattre … C'est une répétition, mais elle te mènera loin. "

Il s'était dirigé vers Kaijin et tendit la main, ses yeux bleus couvrant affectueusement le jeune garçon aux exploits en devenir, pour énoncer avec plus d'assurance :

"C'est avec plaisir que je partagerais d'autres nuits en ta compagnie, Kaijin … Il ajouta avec un brin de malice : flocon de neige, étoile blanche ..."

Le réveil le guettait mais il était confiant. Pendant ce temps, les premiers gros flocons tombèrent sur la clairière.

Toute l'énergie du corps de Kaijin l'avait quittée quand il était tombé. Un peu comme une carafe remplie d'eau, qui se brise et répand son contenu sur le sol. Là, la carafe ne s'était pas brisée, mais c'était un peu le même principe. Il arrivait à peine à remuer ses membres tout engourdis jusqu'aux derniers. Oscar n'était pas dans un meilleur état que lui, ceci dit, il avait réussi à rester debout, la jeunesse et le manque d'expérience du morpheur avaient peut-être eut leur rôle à jouer dans sa chute ? Le réveil était proche, certes, mais dans cette situation, il en avait pour maximum deux minutes. À moins qu'un miracle se produise, le froid aurait raison d'eux. C'était tout de même ironique, ils avaient bravé miles obstacle pour mourir gelés.

Cependant, on pouvait se poser une question. Un squelette, qui n'était pas un ennemi, avec d'énormes manteaux bien chauds, était-ce vraiment un miracle ou une hallucination servant d'introduction à la mort ? Si tel était le cas, elle était vraiment réconfortante. Le squelette aida Kaijin à se relever et à lui mettre le manteau sur le dos. La chaleur apportée fut salvatrice. Bien que sa mâchoire claquait toujours machinalement, si bien qu'elle aurait pu donner le rythme à des metalleux à la voix guttural et aux mélodies violente mais dansante. Oscar balbutia des remerciements, l'adolescent remercia le squelette d'un signe qui aurait dû être accompagné d'un sourire chaleureux, mais le visage quasiment congelé du voyageur l'en avait empêché.

Après ces retrouvailles et remerciements qui tenaient toujours de l'hallucination pour le jeune chevelu. Les voyageurs suivirent Jack jusqu'à une clairière. La motivation des deux voyageurs était quasiment aussi cadavérique que l'automate qu'ils avaient eut à combattre un tout petit peu plus tôt. Une fois au centre de cette clairière, Kaijin ne s'encombra pas des quelconques formes de politesse qu'Oscar utilisait, il se jeta sur une souche, se roulant en boule dessus. Il se frotta les bras pour ajouter un peu plus de chaleur à celle de son manteau. Oscar se mit à raconter leurs aventures et à donner ce pourquoi ils avaient passés deux nuits ici, au squelette. Un jouet pour un squelette. Si Kaijin n'avait pas été totalement sonné par cette nuit, il se serait insurgé et aurait très certainement démembré le squelette, car aider, il n'aimait pas ça. Il fallait tout de même avouer que Jack était un commanditaire particulièrement intéressant. Il ferait exception à la règle.

Pendant les effusions de joies et les invitations dans un nouveau royaume -que Kaijin espérait plus chaud-, l'adolescent s'était redressé et mit en tailleurs sur la souche, emmitouflé dans son manteau. Une fois Jack partit, Oscar et Kaijin purent avoir une dernière discussion.

- Cette nuit ... Cette nuit a été mouvementée. Mais tu t'en ais bien sorti. Tu as vaincu bien des adversaires. Cette rage, cette force de combattre ... C'est une répétition, mais elle te mènera loin.

Ces compliments furent, pour Kaijin, très important. Il continuerait dans cette voie, c'était sûr. Il attrapa la main d'Oscar pour se redresser et la serrer.

- C'est avec plaisir que je partagerais d'autres nuits en ta compagnie, Kaijin ... flocon de neige, étoile blanche ...
- Et ce sera ... Avec un grand plaisir. C'était cool ... De se battre à tes côtés ! La prochaine fois qu'on se verra, je finirais dans un meilleur état. C'est promis !

Il avait parlé en même temps qu'il retrouvait une respiration normale, ce qui avait donné des paroles lentes et saccadées, mais, cette fois Kaijin put sourire à son interlocuteur. C'était un progrès. Il lâcha la main de ce dernier et mima une révérence maladroite, essayez d'en faire une avec tous vos membres gelés. Trêve de bavardages. Kaijin se redressa, et avant même de pouvoir faire quoique ce soit, il disparut dans un nuage de fumée. En même temps que celui qui commandait la patrouille chargée de retrouver les voyageurs s'arrachait le pelage et hurler sa rage et sa haine.
Alors que Kaijin était en train de se réchauffer, dans le monde réel.