Welcome in a ice World ...

Le vent fouettait les montagnes d'un froid mordant. Les sommets s'enfonçaient dans la brume. Le soleil peinait à transpercer les nuages situés en haute altitude. La neige écrasait les terres implacablement, d'un talon glacé. Les conifères supportaient le poids de cette masse froide tant bien que mal, leurs branches ployant.
Au beau milieu du paysage hivernal venait pointer le village de X-Mas Town, entièrement dévoué au Père Noël et assigné à la confection de jouets par milliers. Les cheminées des usines crachaient leurs fumées qui montaient étouffer le ciel de sombres nuages. L'intensité des activités s'entendait aux alentours comme la marche désordonnée d'une mécanique gigantesque. Elle soufflait, grinçait, criait, roulait et si une monstruosité de tôles et de rouages se dressait parmi les habitations, l'extérieur n'en aurait pas été étonné.
Toutefois, les décorations du village voilaient la réalité travailliste et conféraient une ambiance de fête auquel les habitants ne prenaient pas le temps de s'y prêter. Les rues étaient occupées par des convois de matériaux, de produits finis et des patrouilles de rennes, plus nombreuses que de coutumes.
Dans un coin du village l'hôpital se dressait, fort de ses cinq branches et de ses 3 étages. Le personnel médical en place n'avait pour le moment aucune occupation particulière et la majorité jouait au tarot dans la salle réservée. Les patients lisaient dans leur lit, où arpentaient les couloirs en espérant avoir autant d'agitation que la dernière fois. Une infirmière à la chevelure flamboyante laissa échapper un soupir en laissant tomber le rideau après avoir jeté négligemment un regard par la fenêtre. Elle ne savait pas si elle espérait que les voyageurs de la dernière fois reviennent ou si au contraire elle souhaitait qu'ils ne reviennent jamais. Le voyageur qui avait été à l'origine du désordre et contrôlant son sang avait réussi à s'échapper en profitant de la fuite des deux autres et elle ne savait pas ce qu'ils allaient devenir. Peut-être se retrouveront ils dans un autre royaume et qu'ils finiront ce qu'ils avaient commencé ? D'après ce qu'elle avait entendu, la sécurité avait été renforcé depuis cette intervention et on craignait toujours une attaque de la part des gobelins.

Le paysage magnifiquement immaculé ravi Oscar. Il inspira une bonne goulée d'air frais à s'en faire geler l'intérieur de la gorge et expira dans un souffle continu et maintenu. Le sourire à ses lèvres évoquait une joie immense. Ses démons l'accueillirent avec joie.

"Mon Oscarouchou, tu as l'air de bonne humeur, ça fait plaisir ! Ta journée s'est bien passée ?"

"Elle fut des plus excellentes, en effet."

"T'as buté des gens ?" S'enquit avec avidité le démon sadique.

"Que nenni, simplement visionné un film agréable en charmante compagnie." Répondit d'un ton léger l'invocateur au grand daim de son invocation tandis qu'il se mit en marche.

"Pff, même pas drôle." Râla le sadique.

"Quel est votre programme, maître ?" Demanda d'un ton poli le majordome.

"Aider ce cher Jack, bien sûr !" Répondit à la place de l'intéressé le double démoniaque. "Je pense que se rendre là où nous l'avions quitté est une bonne idée."

"J'espère que Kai-chou sera là !" Lança Luëst en battant des mains.

"Mouais, il a intérêt à mieux se débrouiller que la dernière fois. Il a même pas réussit à finir son adversaire l'autre fois." Enonça d'une voix déçue Saënoris.

Alors que les démons allaient chacun de son commentaire sur le jeune garçon de la nuit dernière, le voyageur s'élança dans la neige d'un bon pas, chaque enjambé soulevant de la neige.
Ses hautes bottes noires rembourrées s'enfonçaient dans la masse de flocons compactés avec détermination. Il portait également un pantalon blanc d'un tissu suffisamment chaud, une chemise blanche, un gilet rouge en coton, une veste blanche au col tout doux et surtout une lourde pelisse blanche dont le col noir était agréablement agrémenté d'une douce fourrure. Pour protéger sa chevelure teinte de blanc, une toque blanche. Et sur cette toque blanche siégeait royalement son nœud papillon enchanté. Naturellement, ses mains étaient gantées. Outre l'aspect esthétique, ses gants lui évitaient le refroidissement de ses extrémités.

Son passage dans la neige était aisément repérable mais il n'en avait cure. Il était d'humeur excellente et si quelque importun avait l'audace de le déranger, il lui ferait subir une colère enthousiaste. Oui, il était dans un tel état de plénitude qu'il pouvait tuer avec un franc sourire. Cependant et pour le moment, il devait assister Jack Skellington, résidant à Halloween-Town, dans sa quête de jouet. La fascination qu'exerçait l'atmosphère de noël sur la créature était touchante pour certains, pathétique pour d'autres, profitable pour Oscar. En effet, elle lui permettait de se distraire durant une nuit. La mission en elle-même était d'une simplicité enfantine. Récupérer un jouet afin que le squelette puisse l'étudier. Dans la pratique et après avoir enduré le système de sécurité basé sur des patrouilles de rennes pleins de testostérones, les difficultés s'annonçaient réjouissantes.

Parvenu à l'orée de la forêt, à plusieurs dizaines de mètres de l'une des entrées du village, l'invocateur démoniaque stoppa son avancé et se posta sous un sapin imposant. Il ne lui restait plus qu'à attendre. Derrière lui s'étendait une forêt qui gagnait les montagnes. Devant lui des plaines enneigées se déroulaient pour le plaisir de ses yeux bleus aussi glacials que la température. A sa droite se situait le village. A sa gauche un chemin menant au village se perdait à l'horizon.

"Et après l'avoir embrassé dans le cou, tu lui as fait quoi ?" Continua Luëst.

La conversation s'était axée sur les ébats du voyageur avant sa venue à DreamLand. La démonette de la luxure aimait écouter l'invocateur parler de ses rapports sexuels et le conseillait avec plaisir. Pendant ce temps, les autres démons s'occupaient comme ils pouvaient au sein du manoir représentant l'esprit d'Oscar.
Laënoris lisait un livre, Saënoris s'échinait sur une statue en bois représentant un certain Lou Evenstein, Khildar cherchait dans les rayonnages de la mémoire les souvenirs reliées à l'individu à la cape et armé de bâtons qu'ils avaient croisé au royaume des Chats. Quelque chose l'intriguait.

L'énervement le plus extrême, la colère, l'envie de tout détruire. Kaijin avait un surplus de sentiments d'agacement. Il jouait au tennis depuis une heure et demi, les cours qu'il suivaient étés très poussés sur la longueur, ce qui obligé les joueurs à se réfugier dans leurs derniers retranchements. Ils leurs fallait aussi maitrisés leurs sentiments, plus la colère les envahissaient plus il était difficile de se concentrer. C'est ce phénomène là que Kaijin subissait.

Il voyait la petite barre rouge des jeux vidéo se remplir petit à petit. Il pratiquait un exercice des plus exténuant. Un joueur était seul sur un bout de terrain, trois autres étaient sur l'autre bout du cours. Deux en attente au fond de la salle. Pour ceux qui était en attente, ils engageaient dans le carré de service de leurs choix et joué le point. Une fois le point fini, qu'il l'est perdu ou gagné, ils repartaient en arrière, sauf si il avait accumulé trois points, dans ce cas il remplacé celui qui était seul.

Le jeune joueur à la tignasse bleuté, était vêtu d'un jogging noir, d'une veste de sport noire aussi. Il suait par touts les pores de sa peau, mais le froid régnait, les doigts étaient engourdis. En plus la salle faite exclusivement de taule agissait comme un réfrigérateur, il faisait un froid insoutenable. Le cours de tennis finit, Kaijin avait atteint le comble de l’énervement. Il supportait mal d'avoir été aussi mauvais. Il grimpa dans la voiture de son père et une autre nouvelle de son père lui pourrie la suite de sa soirée.

- Bon, Kaijin la boite commence à faire faillite, je sais même pas si je vais pouvoir garder mon boulot, donc moins d'argent va rentrer, et je pourrais plus assurer le loyer de ton appartement, donc soit tu te trouve un coloc, soit je vais devoir faire louer l'appart à d'autres gens.

Que Kaijin maudissait cette journée, connaissant son père il ne laisserait qu'une semaine au jeune homme pour trouver un colocataire, si il n'y arriverait pas il retournerez dans sa maison d'enfance, et ça, il te trouvais ça vraiment pas cool. En plus il commençait à développer ses capacités culinaires, ce qui lui permettait de mangeait plutôt équilibré. Même si il avait du mal à se séparer du régime : Pizza, macdo, grec, pizza, macdo, grec etc.

Bref, dans la voiture il fouilla dans une poche de sa veste, et y dégaina un paquet de cigarettes presque vide. Il tourna la tête vers son père et demanda la permission de s'en griller une. Il avait pour habitude de se retenir lorsque qu'il était en présence de ses parents, cependant là c'était trop. Mais vraiment. Enfin il demandait tout de même la permission car son père ne pouvait supporter que son fils fume.

- Ouvre la fenêtre, après celle ci t'arrêtes.
- Il n'en reste qu'une, je finit le paquet et j'essaye d'arrêter.
-Tu n'essaye pas, tu arrêtes.

Inutile de continuait la conversation, le père du jeune voyageur pouvait toujours rêvé. Son fils le berçait de paroles qui n'étaient rien que des mensonges et son père y croyait désespérément. Il se disait que cette fois c'était la bonne, raté. Kaijin avait encore en possession deux paquets et il n'allait pas les refiler à quelqu'un. Enfin ce soir, il avait autre chose à faire. Il avait promis à Oscar qu'il le retrouverait à X-Mas-Town. Pour être sûre d'arriver après Oscar, le jeune voyageur avait joué un peu sur sa Playstation 3, il joua tard. Puis une fois l'heure d'aller se coucher arrivait, Kaijin se brossa rapidement les dents enfila un caleçon et partit en route pour le monde des rêves.

Il allait rejoindre Oscar au royaume Cristal, un royaume où en permanence il faisait froid. Un véritable calvaire. Le jeune voyageur aurait préféré allait dans un royaume plus chaud, m'enfin, il lui tarder de retrouver son mentor nocturne.

Il se matérialisa à Dreamland dans un nuage de fumée. Il y avait de faibles rayons de soleil qui éclairés la neige, ce qui donnait une vue sur un paysage absolument magnifique, ceci dit Kaijin n'était pas d'humeur à s'extasiait devant le paysage. Il était toujours énervé à cause de cette soirée maléfique, il était pas mal sur les nerf, il soufflé et expirait lentement pour calmer sa colère.

C'est alors qu'un jeune homme passait par là, au mauvais moment, au mauvais endroit, il avait un
manteau assez long fait de cuir, un pantalon réchauffer par une doublure en fourrure de gnome poilue … Beurk. Il avait un nez un trop gros par rapport à ses yeux qui étaient semblables à deux billes. Il portait en guise de couvre chef un bonnet de noël, qui n'allait pas du tout avec le reste de ses vêtements. Il tenait entre ses bras un ballon. En voyant Kaijin il l’interpella.

- Hé tu veux venir jouer au foot avec moi ?

L'expression sur le visage de Kaijin se raidit, que voulait-il ? Il était au courant que les voyageurs pouvaient s'avérer très dangereux ? Mais, le jeune voyageur sourit et et acquiesça se dirigeant vers la créature de rêve une fois arrivé à sa hauteur, il le laissa passé devant. Et sans même prévenir qui que ce soit, il saisit la tête du garçon de sa main droite et avança d'un pas il accompagna la tête du jeune homme dans la neige, étouffant son cri. Son couvre-chef en était tombé, dévoilant une épaisse chevelure brune. Kaijin s'en saisit à pleine main et obligea la créature à relever la tête, lui infligeant la souffrance des cheveux tirés.

Le garçon aux oreilles pointues cracha de la neige, le visage tout rouge il s'apprêta à parler mais Kaijin lui coupa la parole en plongeant sa tête dans la neige blanche, il redressa son torse et posa son pied sur la tête de celui qu'il martyrisait et appuya du plus fort qu'il put, enfonçant encore la tête du pauvre garçon de quelques centimètre. Il se débattait, alors Kaijin changea de technique. Il posa un pied sur son dos, écrasant sa colonne vertébrale avec les ranger qu'il portaient. Puis empêchant tout mouvements de la part du jeune garçon il saisit les deux bras, et appuyant du plus fort qu'il pouvait sur le dos de la créature de Dreamland, il tira également sur les deux bras de manière à les déboiter.

Le pauvre garçon n'avait rien demandé et le voilà en train de gémirent. Tout à coup, il sentit quelque chose craquait, ce qui arracha un hurlement à la victime. Le sourire lèvres, Kaijin lâcha les deux bras qui tombèrent mollement sur le sol. Le jeune voyageur retourna le corps léger de la pauvre créature des rêves. Le voyageur s'assit sur son torse, et commença à roués de coup de poing le visage de ce pauvre enfant. Que c'était jouissif ! C'était fou comme ça lui faisait du bien ! Enfin déversait sa haine sur quelqu'un sans recevoir de représailles.

Il commençait à crier, alors la White Star prit une poignée de neige et l'introduit dans la bouche de sa victime pour étouffer ses dires. Kaijin brandit son poing une dernière fois et l'écrasa sur le nez de la pauvre victime dont le visage était déjà tâché de sang et de bleus. Il lui avait surement casser le nez, où alors il devait beaucoup en souffrir. Du sang s'échappait de ses narines, Kaijin passa ses mains autour du cou de sa victime sanglotant, qui le suppliait d'arrêter. Il posa ses doigts sur la pomme d'Adam de sa victime et pressa jusqu'à ce que le cœur de la créature des rêves cesse de battre.

Mais un autre bruit intrigua le voyageur, il reconnut des voix, il devait filer et vite. Donc il se leva et s'engouffra dans la forêt réduisant peu à peu sa cadence. Au bout d'un moment, les mains dans les poches il sifflotait tranquillement.

Il était vêtu d'un Tee-shirt blanc, d'un sweat à capuche qui représenté un squatter, une sorte de manteau-doudoune recouvrait les deux vêtements. Bien chaud son manteau-doudoune ne le gênait aucunement dans ses mouvements, mais vu que ce dernier était assez épais, il protéger un peu des coups et lui donné une carrure joueur de rugby. Son pantalon était le même que celui qu'il avait porté dans la journée mais en un peu plus chaud, pour ce qui est des chaussures il avait d'horrible ranger vertes pommes à vomir. Il s’empressa d'ailleurs de les recouvrir un maximum à l'aide de son pantalon. Ses mains étaient munis de gant noir tout comme son manteau-doudoune.

Il marchait dans un endroit où il n'y avait pas trop de neige, cependant il n'avait aucunes idées d'où il allait. Où pouvait bien se trouvé ce petit village de merde ? En plus, pour compliquer la chose, Kaijin avait le sens de l'orientation le plus mauvais de la planète !

C'est alors, qu'une lueur rouge passait entre les arbres à une vitesse étonnante. Kaijin, intrigué, suivit cette lueur. S'engouffrant de plus en plus dans la forêt. Lorsque qu'il en sortie il eut une magnifique vue sur un village recouvert de neige, ce devait être X-Mas-Town. Pas le temps de s'attarder à regarder le paysage, Kaijin suivit la lueur rouge qui dévaler la pente. Le voyageur avait du mal à tenir la route, il descendait prudemment sur les fesses. Jusqu'à arriver devant des murs gris, semblable à ceux d'X-Mas-Town. Par contre, plus de petite lueur, étrange. Il s'en occuperait plus tard. La priorité était de retrouvé Oscar.

Avec un peu d'élan il courut et grimpa sur les murs sans de trop de grosses difficultés. Quel con se baladait dans le village où il a bien faillit se faire séquestrer et tuer.

This is Not Halloween

Le paysage des collines enneigées à peine éclairées par un soleil luttant contre les nuages s'étendait à la vue de l'aristocrate qui y perdait ses yeux d'un bleu meurtrier. A nouveau l'invitation de la part de cette toile vierge à commettre quelques sanglants coups de pinceaux lui saisit la gorge et provoqua un mouvement nerveux des doigts, donnant l'impression qu'ils cherchaient quelques objets tranchants à faire glisser sur des veines. Transformer cette immaculée vue en conception sanglante devenait une envie mordante, plus mordante encore que le froid qui lui balayait le visage. Quel tableau ce serait que de projeter une ligne vers ces montagnes. Les participants de l’œuvre aurait beau prendre la fuite, ils ne parviendraient jamais à atteindre l'horizon et leurs cadavres fraîchement éventrés ponctueraient les espaces. Un gerbe de sang dans la neige offrait une vue magnifique, toute la beauté de la vie s'exprimait à travers cette envolée sanglante, ce détachement du fluide vital hors de son réceptacle corporelle. Chaque goutte suit sa propre trajectoire, s'envole, savoure une liberté inégalée pour rejoindre brutalement le sol froid et ainsi, explose en une auréole sublime. Répandre le sang est une ode à la vie, l'expression d'un amour fulgurant pour le vivant. Tel était l'état d'esprit de l'invocateur démoniaque après quelques minutes d'attentes.
La raison d'une telle envie s'expliquait par l'humeur massacrante de son démon sadique.

"BORDEL ? Il va ramener son cul ce p'tit con de mes deux ? Ça fait six cent soixante six heures qu'on poiraute comme des glandus ! Il pose une pêche ou quoi ? Avec ce froid, ça va lui coller au derche et ça sera bien fait. "

"Avec sa jeunesse, il est fort probable qu'il ne soit pas encore entre ses draps." Remarqua Laënoris.

"Si il se magne pas le fion, je sais entre quoi il va se retrouver. Et ça va lui faire tout drôle, au flocon tout con. "

"C'est vrai qu'il est aussi fragile qu'un flocon …" Minauda Luëst.

"Ouais, mais aussi moche qu'une bouse de rennes. Franchement, ça rime à quoi sa coupe de cheveux ? Il s'est pris les doigts dans la prise en croyant qu'il y sortirait des bonbons ? C'est un miracle qu'il soit pas mort avec son air abruti. J'espère qu'on lui fait sa fête dans votre monde, parce qu'il a vraiment la tête de l'emploi."

"Moi je le trouve trop chou avec son air déterminé. Il est vraiment cro meugnon." La bouche en cœur, les poings sur les joues, la démonette de la luxure exécuta une mimique qui devait ressembler à une figure adorable.

"Nonobstant son attitude audacieuse et son ambition périlleuse, les souvenirs évoquent un combattant émérite." Remarqua Khildar avec un sourire en coin, reposant un livre du rayonnage nommé « mémoire proche »

"Notre enseignement lui a été profitable. Néanmoins, il est de cet argile encore fort à manier. Son empressement pourrait bien lui causer sa perte." Le ton du majordome démoniaque ne dénotait d'aucune pitié, simplement d'un résumé des faits.

"Si il se grouille pas, c'est moi qui va être sa perte, et ça va être violent je vous rassure ! Je vais asperger ce putain de glacier de geysers de sang qu'ils penseront que Noël est en avance."

L'aristocrate ne désespérait pas et poursuivait son attente, se fondant presque dans le décor par un immobilisme exemplaire. Légèrement appuyé sur le tronc d'un sapin, il admirait le paysage. Oui, quelques coups de couteaux conféreraient une ambiance si douce …

Soudain, un bruit se fit entendre. Il provenait de la forêt et approchait rapidement. Les déplacements étaient de grandes enjambées et les bruits de branches qu'on écarte laissaient à penser que la taille de la créature qui s'approchait était conséquente. Chaque nouveau pas évoquait un bâton de ski planté dans la neige. Les démons se turent (Saënoris avait voulu continuer de râler mais un livre dans la bouche l'en dissuada) et prêtèrent une oreille attentive.
Une écoute plus assidue les informa qu'un autre son accompagnait l'avancée de la créature. Un son de frottements, comme un balai qui s'enfonçait dans la neige. Un balai ou … une arme traînée par la créature. Peut-être un de ces gobelins revenus se venger ? Non, ce n'était pas possible, leurs pas n'étaient pas aussi graciles. Alors un yéti ? Non, il serait plus balourd. A moins qu'à DreamLand, les yétis soient des êtres agiles ? Un lutin alors ? C'était déjà plus fort probable. Quoiqu'il en était, Oscar demeurait immobile et attendait tranquillement que la réponse de toutes ces questions apparaisse d'elle-même.

C'est alors qu'un jappement se fit entendre. Et que la voix enjouée d'un fameux squelette s'adressa au propriétaire d'un nez à la lueur rouge :

"Doucement Zéro, doucement. Oui, ne t'inquiète pas, nous allons les trouver."

"C'est chose faite." Lança Oscar d'une voix joyeuse, un sourire quelque peu crispé par des lèvres glacées.

Jack Skillington étendit ses longs bras pour serrer contre son corps en épingle le voyageur, ravi. Fort heureusement, aucun os ne craqua. Le chien fantomatique sautilla autour de l'invocateur, son nez rouge irradiant le long manteau blanc. Son enthousiasme provenait plus du nœud papillon enchanté niché au sommet de la toque blanche que des retrouvailles avec le compagnon nocturne.

"Je suis si content de vous revoir, mon cher Khildar. "

"Il en va de même pour moi, mon cher Jack. "

Une fois les formules d'usages usagées et les étreintes éteintes, la conversation s'axa sur le sujet principal de la part de l'intéressé :

"Comment allez vous procédez pour me ramener un exemple de ces étranges fabrications pleines de couleurs et de joies ?"

Le sens de la phrase évoqua au noble voyageur un aspect auquel il n'avait pas réfléchi :

"Vous ne comptez pas nous accompagner?"

Un sourire gêné répondit ainsi qu'un ton désolé :

"Je risquerais d'entraver vos actions. Il serait plus judicieux que je patiente en bordure."

"Ah le salaud, je me disais aussi que son costume trop propre cachait quelque chose !" Parvint à crier Saënoris après avoir mangé le livre.

Malgré l’hypocrisie latente du Roi des Citrouilles, le Lord anglais se fendit d'un plus grand sourire encore au risque de voir ses lèvres éclore de sang.

"Naturellement. Votre argument convient. Si il vous arrivait malheur, notre quête n'aurait plus raison d'être. "

Jack hocha la tête, satisfait d'avoir échappé à des ennuis. Il remarqua toutefois :

"Votre jeune compagnon n'est toujours pas arrivé ?"

"Hélas non. J'attendais sa venue et c'est vous qui êtes apparu."

"Et on se gèle les miches les aminches ! "

"Je vais partir à sa recherche."

La créature onirique issu de l'univers de Tim Burton prit la main gantée d'Oscar et la serra avec ferveur tout en prononçant avec passion :

"Encore merci de m'aider. Vous n'imaginez pas à quel point cela me hante, toutes ces lumières, ces sourires … alors qu'à Halloween-Town c'est si morose … Là-bas c'est Halloween. Les citrouilles crient dans la nuit noire …"

Coupant l'élan musical d'un départ précipité, le voyageur démoniaque évita une nouvelle chanson (bien qu'il l'adore) et le risque de se faire repérer. Son manteau blanc s'éloigna en faisant chuter quelques épines de sapin sur le manteau de neige.

Le village était en vue mais nulle trace de patrouilles. La première chose à faire était un tour du village afin de trouver quelconques traces qui témoigneraient du passage du jeune voyageur à la chevelure improbable. Tout en prenant soin de ne pas éveiller l'attention (précaution inutile lorsque chaque pas est étouffé dans la neige ), l'aristocrate entreprit la ronde en cherchant des yeux n'importe quel indice qui lui indiquerait le passage de son compagnon. Des traces de bagarres, une pancarte avec un dessin de lui, son nom dans la neige écrit avec son urine, n'importe quoi.

Après avoir marché un certain moment sans trouver aucun trace, le démon sadique lança un doute.

"Il s'est chié dessus. Il ne viendra pas. Il a vu ce que c'était de se battre en vrai et il se cache."

"Ce n'est pas mon avis. La lueur qui a constamment brûlé au fond de son regard témoignait de sa rage de vaincre. Il viendra, c'est certain." Répliqua Khildar.

"Et pourquoi on le trouve pas ? "

"Il s'est perdu ? Oh non, le pauvre." S'affola Luëst. "Il va se faire dévorer par des ours, des trolls, des yétis ou même des fées. C'est horrible !"

"Tu doute pas de lui toi !" S'esclaffa Saënoris.

Alors que le démon sadique avide de sang intensifiait ses suspicions par des insinuations de couardises de la part de Kaijin, un élément vint mettre fin à ses allégations. Cet élément, c'était des traces de pas. Qui menaient vers le mur qui ceinturait le village. Or, aucun être normalement constitué escaladerait le mur alors qu'il existait plusieurs entrées. Normalement constitué ou honnête sous tout rapport. Il était donc passé par là. Car ça ne pouvait être que lui. Et il était en train déjà à l'intérieur du village.

Un large sourire sadique s'étendit sur le visage de l'aristocrate et quelques gouttes de sang perlèrent sur les lèvres. Sa langue lécha le précieux liquide tandis que son regard brûlait.

"Allons trouver le flocon qui s'est perdu dans la neige …"

La lente marche vers une des entrées du village commença. Le vent était calme bien que présent. Le soleil était absent bien que lumineux. Les deux compagnons se cherchaient et pour l'instant, ils n'allaient pas se trouver.

N'ayant aucunes idées du danger qu'il courrait, il marcha en direction de la route principale où la neige était écartée. Il passa entre deux jolies chaumières, qui ressemblaient fort à deux muffins, l'une était emballée d'un papier semblable à celui des pâtisseries du monde réel, l'autre, avait un emballage plus joviale, il était blanc et représentait la crèche du nouveau prophète, mais cela n'intéressait guère Kaijin. Les deux toits captivés toute son attention. Ils donnaient l'impression d'un muffin sur lequel on aurait décoré de crème chantilly puis saupoudré le tout avec des miettes de chocolat, au sommet de la montagne sucrée, se trouvait un morceau de chocolat, semblable à un Kit Kat.

Mais bien vite la dur réalité rattrapa notre jeune voyageur, le froid mordant lui gerçait les lèvres, après un long moment de réflexion, Kaijin recouvrit sa belle chevelure de deux capuches, il boutonna les boutons se trouvant en bas de chaque côté de la capuche de son manteau-doudoune, cachant intégralité de son visage mais, gardant cependant la chaleur. Les pieds de Kaijin s'enfonçaient dans la neige trempant son pantalon et lui faisait ressentir une sensation désagréable. Une fois qu'il fut sur le chemin, il scruta le paysage savoir où aller.

D'un côté, il voyait l'hôpital, de l'autre une église avec une grande cathédrale. Kaijin avait toujours rêvé d'en visiter une, puis un endroit en hauteur serait pratique pour repérer Oscar. C'est ainsi que le petit bonhomme à la chevelure bleu partit pour la cathédrale qui se trouvait sur sa gauche.

Son accoutrement le différencier un peu des créatures qui supportaient le froid mieux que lui. Mais les rennes cachés à chaque coin de rue, ne le reconnaitrait pas tout de suite. Mais vu le Q.I de Kaijin, ils ne tarderaient à remarquer le gnome à la chevelure bleuté qui se dirigé vers la grande cathédrale. Ce qui était amusant c'est de le voir dans cet accoutrement, déjà sa coupe de cheveux en prenait un coup alors qu'il ne le supportait pas le moins du monde. Des plus son accoutrement sombre lui déplaisait, il préféré les vêtements qui lui laissaient plus de liberté dans ses mouvements et actions.

Arrivant enfin aux portes du ''jardin'' de la cathédrale, le boulet poussa les grandes et imposantes portes constituaient de barreaux sombres. Autours de la cathédrale on pouvait voir quelques tombes, donc même au pays de noël il y avait des cimetières ? Ce coin devait être le plus déprimant de X-Mas-Town, et encore, les habitants avec ornait les tombes de décorations de noël et de fleurs multicolores. La cathédrale et le cimetière était entouré par des briques rouges qui n'allait pas le moins du monde avec les sombres barreaux qui servaient de barrière. C'est alors que traversant le chemin fait de neige, Kaijin pénétra dans l'immense cathédrale.

Cette dernière n'était certes pas aussi haute qu'un gratte ciel, mais faisait bien quarante bons mètres, elle était faite d'une pierre sombre, cependant elle était décorée par d'immense guirlande de noël, également illuminé par de nombreuses bougies. Au sommet du monument se trouvait un immense père noël.

Enfin le voyageur du paranormal ouvrit les lourdes et majestueuses portes donnant sur une large salle d'une église classique. Il y avait une grande allé de dalles blanches et noires, des bancs étaient placés de chaque côtés de la salle à un mètre de différence laissant une grand espace pour l'allée centrale. La nef, était vaste elle aussi illuminé par des bougies placées en arcs de cercles de chaque côtés, au centre de ces deux arcs de cercles se trouvait un autel, pour le reste Kaijin ne s'en préoccupa pas le moins du monde. Ce qui l'intéressé c'était de monter au sommet de la cathédrale. Dès qu'on entré, il y avait deux escaliers fait de bois qui montaient à un deuxième étage qui lui, était vides, quelques tableaux décoraient les murs mais c'est tout. Enfin tout. Il y avait un escalier qui passait au dessus de la nef.

Kaijin déboutonna sa capuche la laissant sur sa tête, il laissait sa bouche à l'air pour respirer plus régulièrement et bien plus aisément. Bon, les choses sérieuses commençaient, il monta l'escalier qui se trouvé à sa droite, puis il longea les barrière qui empêchait de rejoindre l'étage d'en dessous en sautant par dessus. Arrivant aux pieds de l'escalier, il s'engouffra dans le sombre escalier qui n'était pas éclairé, cependant notre jeune voyageur distinguait des choses rassemblant à des lampes, à quoi servait elle ? Cela resterait un mystère. L'escalier, longeait tout le bâtiment en tournant autours de divers salles. À chaque fois que Kaijin arrivait près d'une salle, il pouvait noter que le sol n'était plus doté de marches mais d'un sol lisse et fait de béton. Et on voyait une porte sombre et grande. Le voyageur du paranormal, n'entra dans aucunes de ces salles. Il se contentait de gravir toutes les marches, après dix bonnes minutes de marche rapides et intensive, il arriva sur un faible espace de béton, un escalier avec des marches de bois qui grinçait se dressait juste devant, avec une trappe normalement fermé mais qui, cette fois était ouverte.

Kaijin sentit alors la brise glacial lui caressait ses joues. Toujours avec ses capuches sur la tête, il reprenait son souffle, les mains sur ses genoux qui étaient fléchis, un petit nuage de fumée sortait régulièrement de sa bouche marquant sa respiration. Il dressa son torse prenant une grande inspiration, recracha quelques volutes de fumée, puis il grimpa les marches en bois qui grinçaient.

Il n'était qu'à la quatrième marche quant il entendit un son horrible, comme si quelqu'un parlait dans un microphone pour que tout X-Mas-Town entendes les paroles de cette homme.

- Habitants, Habitantes ! Nous voilà réunis en ce temps si magnifique pour fêter une fois de plus notre avance sur les préparations de noël !

Kaijin gravit les marches deux par deux, pour distinguer une créature à l'allure humaine, enfin humaine, si on retiré ses oreilles étonnamment pointues et sa petite taille. Il avait la parfaite allure du prêtre, les larges vêtements marrons, un peu de cheveux sur les côtés.

L'espace où Kaijin se trouvait été de forme circulaire à peu près cinq mètres de diamètre, la trappe par la quel Kaijin était arrivé, représentait le centre de la pièce. Il y avait un toit, tenu par des sortes de pilier fait en béton. Qui mesurait deux mètres à tout casser. En face du prêtre il y avait une sorte d'étagère, qui lui arrivait au nombril, divers prospectus étaient rangés sur cette étagère. Le prêtre parler dans un grand mégaphone, il le posa sur l'étagère, pour se diriger vers les deux piliers qui se trouvaient à sa droite et à sa gauche. Décrétant à la fin d'une de ses phrases qu'il allait chercher, une sorte de fiole contenant un liquide dont Kaijin se fichait. Lorsque le prête repéra le jeune voyageur, il fit mine d'être énervé et parla d'un ton fort.

-Que faite vous ici mon fils ? Ceci est un endroit sacré !
-Ah non, mais moi je veux juste utiliser votre mégaphone !
-Ce n'est pas possible !
-Qui t'as dis que je demanderai la permission … mec ?

Quel con … après avoir terminé sa phrase, Kaijin leva son genoux et déplia son pied, projetant avec force le prêtre dans le vide, il poussa un cri très puissant qui fut surement suivi d'un ''Sploch'' auprès de la foule qui l'écoutait. Cette chute dû d'ailleurs pas mal affolait la, mais le silence régna de nouveau lorsque qu'une nouvelle voix résonna dans le village.

- FERMEZ VOS GUEULES BANDE DE MERDES ! JE SUIS KAIJIN ZARED, FUTUR NUMBER ONE DE DREAMLAND ET JE VAIS TOUS VOUS CASSER LA GUEULE !

Il laissa un temps d'arrêt pour laisser la foule paniquait inutilement. Pendant ce temps les rennes, avertis de la position de leur cible s’empressèrent de se diriger et de monter dans la cathédrale.

- Ah ouais, j'ai une annonce à faire passer aussi, OSCAR T'ES OÙ BORDEL DE MERDE ??!!

Vive la solidarité j'ai envie de dire, confirmait que celui qu'il allait retrouver était également dans les parages. Même si les forces de l’ordre savaient que les deux voyageurs devaient de nouveau se retrouver ici, les habitants ne le savaient pas, sans le savoir, Kaijin venait de provoquer un immense bordel. Enfin, que chez les civils ne travaillant pas, les autres étaient bien trop occupé pour ces sornettes.

Mais un élément fit sursauter Kaijin qui effectua directement une volte face, des rennes, des putains de rennes. Ils étaient entrainés c'est sur. Ils n'étaient pas essoufflé alors qu'ils avaient montés les grands escaliers aux pas de courses. Trois rennes étaient sortis via la trappe, Kaijin se plaça face à eux, ils tournèrent autours du trou que la trappe formait, tout en se regardant dans les yeux. Tout à coup Kaijin brisa la glace, il sauta au dessus de la trappe envoyant un puissant dans la cage thoracique du renne le plus maigres qui tomba à terre, les deux autres étaient de véritables armoires à glaces.

Aussi surpris que sonné pour leur camarades, ils ne bougèrent pas ce qui laissa le temps à Kaijin pour rejoindre une des ''fenêtres'' du cercle où il se trouvait. Puis il commença à marcher en disant des conneries comme à son habitude, les rennes eux se préparer à bondirent.

- Que ce jour reste à jamais dans vos mémoires où vous avez faillit me capture, me tuer ! Moi la White Star … PUTAIN DE MERDE !!!

Le prêtre avait lâché dans sa chute les fioles, et pendant que Kaijin imitait un certain pirate, il marcha malheureusement sur l'une d'elle, le faisant glissé et tomber dans le vide comme le prêtre qu'il avait poussé plus tôt. Poussant des injures il balançait ses mains pour accrocher n'importe quoi qui aurait pu le sauver. Il sentit quelque chose entre ses mains une sorte de fil, avec des sortes de tubes accrochaient. Une guirlande ! Il était sauvé ! Enfin presque. Avec le poids de Kaijin plus la puissance de sa chute, la guirlande fut entrainé dans le vide, mais elle dévia complètement la trajectoire de Kaijin.

Au final il atterrit dans un sapin, dégringolant de branches en branches, au final un lit de neige l'accueillit avec grand plaisir. Les vêtements pleins d'épines de sapin, il se redressa se secoua pour faire tomber un maximum d'épine ce qui ne fut pas très efficaces mais bon. Il s'accroupit et comme il était caché par une sortes d'espaces vert, il continua à longer le chemin principale. Une fois suffisamment éloigné de la cathédrale. Il regagna le chemin principale, il ne restait que quelques bâtiments, puis une sortes d'entrée. Il ne prit pas la peine de regarder derrière, ne songeant à l'hypothèse qu'une silhouette vêtue de blanc pouvait éventuellement se trouvait dans son dos.

Run boy, Run

A première vue, le village était demeuré identique. Les mêmes maisons aux contours ronds évoquant la figure bedonnante d'un père offrant des cadeaux par milliers à des enfants qui ne sont pas les siens. Les mêmes usines crachant leurs fumées qui se perdaient dans les nuages situés en haute altitude. Le même hôpital à cinq branches rappelant un emblème communiste et …

"Putain remplie de foutre chaud ! Qu'est ce que c'est que ce truc ?" S'exclama avec sa poésie habituelle Saënoris.

"De ce qu'il est possible de juger, je m'avancerais pour dire que nous nous trouvons face à un édifice religieux de taille raisonnable pour un village comptant autant d'habitants." Observa Laënoris.

"J'le vois bien, du con, que c'est une église. Ce que je demande, c'est ce que ça fout là !" Répliqua avec mauvaise foi le démon sadique. "C'était pas là avant."

"Certes." Se contenta d'approuver le démon majordome.

L'invocateur démoniaque demeura planté devant ce bâtiment et le dévisagea comme s'il jugeait un adversaire avant d'engager un combat, bien qu'il n'applique presque jamais cette tactique, préférant son instinct meurtrier guider ses gestes. Son nœud papillon enchanté siégeait toujours sur sa toque blanche et semblait admirer lui aussi l'imposante structure faite d'énormes blocs de pierres tout en possédant des ornements gravés appréciables.

Cependant, l'aristocrate anglais goûtait peu ce genre construction érigé à la gloire de Dieu. Sans être athée, Oscar BlackSilver appréciait la religion de loin et avait considéré les sorties à l'église comme une occasion de voir du monde. Son affiliation au Royaume Démoniaque n'eut aucun réel impact sur sa vision de la religion et n'explique pas sa défiance envers quelconque entité divine. Sa position n'a pas de réelles explications ou d'origines. Il avait accepté le devoir de se plier aux quelques règles d'ordres religieux imposées par sa famille sans toutefois y attacher une grande importance. Son cœur était à Julie et sa passion aux livres. Quant à son esprit, bien qu'il ne soit pas très sain, il lui a toujours été acquis, et pour lui seul.

Jusqu'à ce qu'il se soit éveillé à DreamLand et se lie avec des démons. A partir de cet instant, son esprit appartenait à lui et à ses invocations. Qui, pour leur part, n'aimait pas du tout ce bâtiment censé abriter les enfants de Dieu. Chacun réagissait à sa manière et vous devinerez aisément lequel était le plus virulent (et vulgaire) dans ses propos.

"Faut l'exploser ! La réduire en poussières ! Laisse moi sortir et j'en fais un tas de gravats ! Je vais l'exploser j'te dis ! "

"Oscarinouchou, j'aimerais que tu t'éloigne … je n'aime pas trop ça …"

"Les églises n'ont jamais eu ton adhésion, il n'y a rien à faire ici." Lâcha Khildar à son concepteur.

"Si je puis me permettre,

"Va te faire mettre alors !" Un choc se fit entendre dans l'esprit d'Oscar. "Aïe ! Il … il m'a frappé. Cet enculé du balais m'a frappé ! Je vais …"

"Que nenni. Vous allez cessez de gesticuler et de hurler. "

"Ah ouais ? Et sinon quoi connard ?"

"Ce n'est pas une menace. C'est un fait." Le ton tranchant et impérieux employé laissa pantois le démon sadique qui ne sut plus quoi répondre et se tut, pour le plaisir des autres. "Je faisais donc observer qu'il serait peut-être plus judicieux de modifier notre position étant donné que nos activités en ces lieux n'ont pas toutes été appréciées par les habitants et que le service de sécurité pourrait éventuellement chercher à nous mettre aux arrêts, voire, dans un cas extrêmes, nous occire."

"Remarque forte pertinente, mon cher Laënoris. Oscar, allez, on bouge." Incita Khildar.

"Qu'ils z y viennent ! Je vais les farcir ces rennes de mes deux ! Je leur foutrais leur bois au cul et j'y foutrais le feu. Vous allez voir !"

Les démons poussèrent un soupir de lassitude et Oscar, sans un mot, entama son éloignement de l'église. Ses pas étouffés par l'épaisse couche de neige marquèrent le sol avec assurance et chaque enjambé se voulait franche. Bien que sa présence dénotait avec le paysage dans la mesure où il était parmi le seul à mesurer plus de 1 mètres 50 et qu'il ne portait pas de vêtements évoquant Noël, la faible luminosité et son comportement pour le moment non agressif n'encouragea aucune poursuite contre lui. Le vent levait quelques flocons et certains venaient se déposer sur le visage impassible et blanc de teinture du voyageur.

C'est alors que la quiétude de l'avenue principale séparant l'hôpital et l'église nouvellement apparue fut troublé par la rencontre subite entre un être aux allures humaines et un sol enneigé mais non dénué de répondant. La gravité témoigna de son action par un sprotch expressif et la foule de son effarement par des cris paniqués. Des civils se mirent à tourner dans tous les sens, certains s’enfuirent et d'autres demeurèrent sur place, trop choqué pour esquisser le moindre gestes. Parmi les fuyards, certains coururent se réfugier chez eux ; craignant une montée de violence dans les prochaines minutes à cause des récents événements survenus la nuit précédente tandis que d'autres s'enquirent des forces de sécurité en présence. Ce qui était sûr, c'était que tout ceux qui empruntèrent la même rue dans laquelle s'était engagé Oscar croisèrent un voyageur au sourire effrayant et aux lèvres gercées par le froid, ajoutant un détail sanglant au visage déjà inquiétant.
Ce même voyageur éclata de rires lors de l'injonction du jeune homme et ne put s'empêcher de souffler entre deux respirations saccadées :

"Ce petit est vraiment … incroyable. Une véritable tête brûlée."

"Il est trop chou. Je le trouve adorable avec son ambition." Minauda Luëst

"Sa bêtise ne possède vraisemblablement aucune limite …" Désespéra Laënoris.

Un ricanement se fit entendre du côté du démon sadique et pendant le temps que l'invocateur démoniaque se rapprocha de l'église pour tenter d'apercevoir le voyageur au potentiel sonore éloquent, ce dernier hurla à la ronde qu'il souhaitait connaître la position géographique d'Oscar, lieu où les filles de petite vertu s'adonnent aux plaisirs charnels, d'excréments, le tout dans un langage beaucoup moins fleuri. Cette annonce incontournable sous bien des aspects (la bêtise et le volume sonore en faisant parti) au village de leur présence suscita une nouvelle remarque lassée :

"… Et il le prouve encore une fois, coups sur coups. "

"Mais c'est pas possible d'être aussi con ! J'y crois pas, sa mère l'a pas finit. Ou alors, c'est en rapport avec sa coupe de cheveux, il s'est fait griller des neurones, les dernières qui lui restaient. Putain mais quel con !"

La colère de Saënoris se justifiait par les conséquences qu'incluaient le renseignement aux autorités locales de leur présence. Il était tolérable (et surtout stupide) pour le démon sadique que le p'tit con gueule à tout le monde qui il était, mais il était beaucoup moins tolérable qu'il beugle que Oscar (et par extension, ses démons) était aussi dans l'enceinte de ce fucking village de lutins.
En parlant de conséquences, les rennes assignés au maintien de l'ordre s'étaient déjà précipités dans l'enceinte du bâtiment religieux tandis que d'autres restaient près du corps, au cas où. Au cas où quoi, ça, je ne sais pas. Peut-être que le corps pourrait revenir à la vie, peut-être qu'on pourrait tenter de le voler, on ne sait jamais ! Enfin bref, trêve d'apartés, revenons à nos rennes.

D'en bas, Oscar ne pouvait rien voir et puisque les paroles inconsidérées de Kaijin avait cessé d'être amplifiées, il en déduisit que le jeune garçon devait être occupé. Le voyageur à la pelisse blanche demeura sur place, le nez en l'air (et au vent) à tenter de distinguer ce qu'il se déroulait dans les hauteurs religieuses. Sûrement des choses pas très saines. Et pas très saintes.
Aux alentours, il ne restait plus que quelques civils attroupés autour du corps du défunt prêtre, le nez également en l'air (et au vent). Parmi l'assemblée se trouvait des rêveurs qui ne comprenaient pas vraiment la situation et qui s'était retrouvés là par des pensées liées au froid de ce mois d'Octobre. Fort heureusement, l'attention des rennes se portaient soit sur le cadavre qui dessinait un magnifique ange ensanglanté soit sur le toit de l'église où un jeune garçon un peu con jouait au héros. quoique après son basculement et son début de chute, avouons le, il est franchement con

A une fenêtre de l'hôpital se tenait une infirmière rousse, son amie blonde à ses côtés. Les hurlements de Kaijin avait été entendus dans tout le village et au sein de l'établissement, l'agitation obligeait le personnel médical à prendre des mesures pour éviter que les plus peureux ne s’enfuient et que les plus avides de combats ne commencent pas à foutre le bordel. Les sentiments de Chloé en entendant cette voix si caractéristique se mêlait. A la fois heureuse de les savoir en vie et toujours en pleine forme, elle avait ressentit aussi la crainte qu'ils ne viennent que pour semer encore une fois le chaos et pour verser le sang. L'attitude du voyageur aux cheveux électriques lui avait paru étrange et elle désirait en savoir plus. Toutefois, elle n'osait pas se l'avouer et se contenta de suivre la scène de l'intérieur, son amie à plus forte poitrine lui recommandant la plus grande prudence.
Une autre observateur se situait plus en retrait et sous sa capuche, une chevelure châtain et sous cette chevelure, un regard déterminé et dans ce regard, une volonté de terminer un combat.

La tentative de vol du voyageur avorta rapidement et l'attraction terrestre prit rapidement ses droits. Quelques cris horrifiés ou stupéfaits ponctuèrent le mouvement descendant. Chloé et son amie poussèrent un cri de stupeur et les deux infirmières espérèrent silencieusement qu'il s'en sorte.. Les rennes, quant à elles, ricanaient de contentement. Le jeune voyageur aux cheveux châtain serra le poing, souhaitant que son adversaire ne meurt pas aussi stupidement. Et pour ce qui était l'esprit d'Oscar, c'était l'explosion :

"Putain le con maikiléconcecon ! Si il survit je le bute. Son potentiel connerie a explosé depuis longtemps, et moi avec !" S'exaspérait Saënoris devant tant de maladresses.

"Il va se faire mal ! Vite, il faut l'aider Oscarinou ! Je ne veux pas que mon petit flocon se blesse." S'épouvanta Luëst.

"Terriblement désespérant … " Le démon majordome ne plaçait plus beaucoup d'espoir en Kaijin. Trop jeune, trop impétueux …

"Quel con." Le visage de Khildar s'illuminait d'un grand sourire. "J'adore."

La chute de Kaijin fut suivie avec attention sans qu'aucun mouvement ne se fasse. Les rêveurs préféraient regarder, les habitants et les rennes n'attendaient qu'une chose ; l'éclatement du voyageur perturbateur et meurtrier et l'aristocrate anglais ne tenait ni à se dévoiler en sauvant celui que tout le monde voulait tuer ni à froisser ses vêtements encore intacts pour l'instant. De plus, il faisait confiance au jeune garçon pour se sortir de cette situation mortelle. Et si l'avenir lui donnait tord, c'est qu'il s'était trompé.

Cependant, l'avenir donna raison à Oscar et Kaijin, après quelques adroites manœuvres calculées (ou non, la plupart des démons et l'invocateur penchant pour cette seconde option), atterrit dans un sapin.
Les rêveurs se dispersèrent, pensant l'attraction terminée. Les habitants se mirent à courir et deux rennes les accompagnèrent dans le but de retrouver ce voyageur et s'assurer de sa mort. Chloé et son amie blonde à forte poitrine soufflèrent après avoir suivit le parcours chaotique en retenant leur respiration et quittèrent la vitre pour repartir à leur travail, certaines que Kaijin n'avait rien. Le voyageur aux cheveux châtains se mit lui aussi à courir mais il était trop éloigné pour espérer atteindre son ennemi avant les rennes et avant … Oscar ? Il était là lui aussi ?
Son sang ne fit qu'un tour et le contrôleur accéléra sa course. Il lui était impossible de se tromper. Selon lui, un seul individu pouvait porter autant de blanc et avoir un nœud papillon aux ailes d'argent juché sur une toque blanche. Et cet homme était Oscar, sa première cible qui avait osé défier les Heart Steal. Sa rage augmenta et pourtant, il était toujours trop loin.

Le lancement de la course avait débuté lorsque le corps du jeune voyageur disparu du champ de vision. Tout le monde s'était élancé, Oscar compris. C'est lorsqu'il dépassa tout le monde qu'il se fit remarquer. Les deux rennes reconnurent la description de leurs collègues et haussèrent les sourcils.
Cependant, leur surprise fut de courte durée puisque deux bras tendus vinrent percuter leurs naseaux, stoppant net leur course. Les habitants réagirent un peu plus tardivement et le temps que leur esprit (de noël, haha) comprenne qui se trouvait devant eux, un large coup de pied circulaire les repoussa prestement.
Reprenant une pose plus orthodoxe dans la continuité de son mouvement de rotation, l'invocateur démoniaque campé sur ses deux pieds agréablement enfoncés dans ses hautes bottes noires s'inclina légèrement afin de ne point faire choir sa toque, une main sur le corps, l'autre dans le dos tout en demandant à Laënoris de lui fournir un des couteaux. D'une voix solennelle, il se présenta :

"Lord Khildar Oscar Allan Louis Alexander BlackSilver, pour votre mortel déplaisir …"

Son sourire s'étendit et il lécha les gouttes de sang qui avaient perlé sur ses lèvres pour immédiatement se ramasser sur lui-même, sa main dans le dos désormais pourvue d'un couteau.
Alors que les rennes cessaient de frotter leur extrémités nasales, une lueur de fureur dans les yeux et que les habitants s'empressèrent de quitter les yeux, de peur de subir d'autres coups, le ressort que formait Oscar se détendit d'un coup sec, propulsant en arrière le couvre chef. Il effectua un mouvement horizontal pour une frappe large de son couteau et entailla l'épaisse fourrure des deux agents de sécurité qui ne purent que crier leur désarroi et leur douleur.

"Ouais ! Rentre leur dans le lard ! On va s'en faire des descentes de lit." Encouragea Saënoris, ravis de la tournure des événements.

Non content de tailler dans le vif du sujet, le voyageur démoniaque poursuivit son mouvement et présenta son pied aux jambes des rennes déjà déstabilisés par le coup de couteau. Le déséquilibre eut raison de leur position verticale et la neige s'enfonça dans leur fourrure.
Un deuxième couteau apparut dans la main de l'invocateur et il se jeta sur les deux rennes en même temps, chaque main visant un torse.
L'une des cibles eut le temps de positionner son bras pour contrer le coup fatal mais se vit blessé sérieusement tandis que la seconde parvint à faire dévier la trajectoire ; le couteau finissant dans l'épaule.
Dépité d'un tel résultat, le voyageur au sourire sadique et à la lueur meurtrière brûlant dans les yeux ramena ses bras avec force pour extraire ses armes de la chair des rennes. Il se trouvait agenouillé, les deux proies allongées de part et d'autre de lui. Une fois ses bras croisés au niveau de son torse, il frappa simultanément de ses coudes en visant les côtes de ses adversaires.
La douleur déjà fort présente se fit plus intense pour les pauvres victimes. Elles avaient tenté de dévier l'arme pointée sur elles mais le résultat était douloureux. Une épaule et un bras en sang et des côtes enfoncés. La souffrance les empêchait de réagir rapidement et bien qu'ils virent le déplacement de leur ennemi, leurs réactions pour se défendre étaient risibles. Ils étaient en position de faiblesse depuis le début à cause de l'attaque surprise en pleine course. Lorsque les lames des couteaux s'élevèrent une fois de plus, ils roulèrent sur le côté pour s'éloigner de cette menace. L'épaule communiqua son désaccord avec cette manœuvre et ralentit l'évitement.
C'est ainsi qu'une lame de couteau s'introduisit entre les côtes du renne. Oscar savait que si un roulement devait s'effectuer, l'épaule serait handicapante. C'est pourquoi à l'instant où ses couteaux s'enfoncèrent dans la neige à la place de la chair, il reporta toute son attention sur le renne blessé à l'épaule et bondit dessus. Les coups de couteaux se mirent à percer de toutes parts le malheureux renne qui tentait de repousser son assaillant en agitant les bras. Toutefois, l'invocateur évitait ses piètres tentatives avec aisance et piquait avec une joie non dissimulée sa pelote de chair.

"Vas-y, tue, tue ! Pique encore et encore ! Fais le saigner ! Bute le ! Taille le !" L'enthousiasme du démon sadique allait croissant. Jusqu'à ce que …

"Maître, derrière vous !"

Réagissant prestement, Oscar bondit en roulant sur le côté et tout en poursuivant le mouvement, effectua un coup de pied au jugé. La semelle rencontre de la fourrure. Un bras puissant bien qu'ensanglanté pris possession de la jambe de l'invocateur. Mal lui en pris. Usant de sa technique, l'aristocrate anglais se servit de la capture de son membre comme d'un appui et sauta toutes lames dehors en hurlant de rage meurtrière sur l'infortuné renne qui ne comprit pas ce qui lui arrivait. Le métal froid pénétra sa chair et une vive douleur se fit sentir dans la poitrine. Puis ses yeux qui regardaient le ciel virent leur contemplation obstruée par des yeux joyeux mêlés de plaisir sadique. Autour de ces yeux d'un bleu glacial s'agitaient une chevelure teinte de blanc, auréolant le visage d'une couronne immaculée. Les yeux disparurent et le visage se rapprocha. Les lèvres distordus dans un sourire malsain soufflèrent à l'oreille du renne :



La silhouette de Kaijin en visuel, Oscar se précipita pour l'atteindre. Sa pelisse blanche était ponctuée de tâches de sang, son pantalon blanc était mouillé par la neige et ses cheveux blancs se mouvaient au rythme de sa course. Dans ses mains gantées, plus aucune trace de couteaux. Mais il était indéniable au vu de l'état des manches du manteau que son possesseur avait été en contact avec un ou plusieurs cadavres.
Toutefois, le plus important n'était pas la situation vestimentaire de l'aristocrate anglais. Le plus importait résidait dans la présence d'une dizaine de rennes énervés qui poursuivaient le voyageur en hurlant des mises à morts et en brandissant leurs armes, à savoir des matraques.

La recherche de Kaijin une fois les deux rennes écartés avait pris du temps puisque cet imbécile ne se trouvait plus près du sapin. Et malheureusement une patrouille alertée par les cris et par la découverte des deux cadavres avait aperçu le voyageur démoniaque portant le sang de leurs compagnons. Une course poursuite s'était engagée, au grand daim de Saënoris qui aurait espéré un massacre des plus réjouissant. Seulement, malgré l'envie de peindre une splendide œuvre saignante sur cette toile, malgré les trois coups de pinceaux déjà portés (celui de Kaijin étant le premier), malgré les invectives du démon sadique, la mission de cette nuit consistait en un vol et non en un carnage. Donc la discrétion était de mise. Du moins … dans la mesure du possible maintenant que tout le village était au courant de leur présence.
Néanmoins, l'invocateur n'en voulait pas au morpheur. Cette agitation ne faisait qu'accroître le niveau de difficulté et rendait le tout passionnément dangereux.

Par conséquent, lorsqu'il arriva à la hauteur de Kaijin, Oscar ne l'insulta point et se contenta d'un :

"J'espère que tu te souviens de notre séance sur la respiration !"

Il pointa du doigt la patrouille menaçante qui courait.

"Parce qu'il te faut apprendre à courir maintenant !"

Sur ces mots, il poursuivit sa course en s'assurant que Kaijin le suive et en riant.

A force de courir en empruntant rues, ruelles et impasses, changeant de direction dès que possible, escaladant n'importe quel obstacle qui se présentait devant eux (caisses, chariots, murs, grand mère …), ils finirent par se perdre complètement dans un village pourtant réduit mais aussi à perdre leurs poursuivants. Ils étaient parvenus à les ralentir en leur lançant ce qu'ils avaient trouvé sous la main (boule de neige, jouets dans des chariots, grand-mères …) et se trouvaient maintenant à l'arrière de ce qu'il semblait être un entrepôt. L'endroit était exiguë, une seule lampe donnant sur une porte éclairait la ruelle.

Reprenant son souffle après avoir tant couru, Oscar s'appuyait sur le mur et souriait de plus belle en observant son compagnon de la nuit. Le nœud papillon enchanté les retrouva rapidement et se posa sur l'épaule du voyageur à la peau teinte de blanc qui le gratifia d'un sourire aimable.
Une fois la respiration revenue à un rythme plus agréable, l'aristocrate anglais demanda d'un ton désinvolte :

"Te sens tu obligé d'agir toujours ainsi ?"

Pendant ce temps, Ganta se cachait tout en pestant contre Oscar et Kaijin. Il n'avait pas osé affronter le prétendu Lord après avoir assisté au massacre des deux rennes et s'était contenté de le suivre dans sa fuite. Une grande satisfaction s'était emparé de lui en le voyant rejoindre le garçon avec qui il avait combattu dans l'hôpital. Toutefois, une grande déception l'envahissait désormais ; il les avait perdu de vu au même titre que la patrouille de rennes.
En plus, il devait faire attention pour lui-même puisque les patrouilles ne s’embarrassaient plus trop des procédures. Il s'était donc caché dans l'église et réfléchissait à un plan pour se venger. Après tout, personne n'irait chercher ici.

Il reprenait tranquillement son souffle et se remettait de ses évènements pour le moins riche en émotion. Mais il était toujours au même point, il ignorait où se trouvait Oscar. Enfin, plus pour très longtemps. En effet Oscar et ses vêtements blancs tachés de sang apparut auprès de Kaijin apparemment en pleine course-poursuite avec des rennes. Kaijin s'apprêtait déjà à se battre, jusqu'à ce Oscar lui demande s'il se souvenait de la leçon sur la respiration. Pour réponse il n'eut qu'un regard ahurit de l'autre abruti.

- Parce qu'il te faut apprendre à courir maintenant !

Par réflexe, Kaijin suivit l’aristocrate, après tout, être en compagnie de ce dernier signifiait un véritable génocide chez les rennes, surement dix fois mieux que le meurtre de cette petite patrouille. Ils empruntèrent une petite ruelle qui les mena dans un quartier riche en habitations. Pour perturber les gardes, ils empruntèrent un chemin entre deux maisons, qui menait à une impasse. Avant même que Kaijin s'en aperçoive, Oscar réussissait déjà à s'échapper. Courant vers une maison le petit boulet sauta tout en s'accrochant à une gouttière qui avait l'apparence d'un sucre d'orge.

Avec l'aide de ses bras il se hissa sur le toit, de ce dernier il put voir Oscar courir. Il allait en ligne droite c'était parfait. Kaijin le suivait en sautant de maison en maison. Dreamland lui permettait de sauter un peu plus loin et les maisons n'étaient pas bien espacées. Kaijin réussit à regagner le sol près d'Oscar lorsque ses pieds se posèrent sur une maison plus basse. Il bondit alors jusqu'au sol balançant ses jambes et ses bras dans tout les sens. L’atterrissage fut rude en effet, lors de ce dernier les genoux de Kaijin se plièrent, il ressentit comme une décharge minime de douleur. Son souffle était haletant, oui quand on s'fume un paquet de clopes par jours depuis plus de un an, y a des séquelles. Pas le temps de se reposer, les rennes rappliquaient. Il se dépêcha de suivre Oscar, passant par une énième allée, une vielle femme vendait des sortes de tupperwares étrangex, d'aucunes utilités, à part peut être rangé ses vieilles chaussettes ?

Son étale était faîte de bois, on aurait dit une petite étagère rongée par l'usure et le temps. Kaijin s'arrêta brusquement saisit l'étale et la lança sans trop de mal sur les rennes. L'un deux esquiva l'obstacle, dernier recours : la petite vieille. Kaijin l'attrapa par la chevelure alors qu'elle poussa un cri strident et fort désagréable, il l'a poussa sur le renne qui ralenti brusquement sans pouvoir l'éviter, il tomba donc sur le sol blanchit en compagnie de la vieille femme. Occasion parfaite pour fuir. C'est donc ainsi qu'ils arrivèrent derrière un entrepôt. L'endroit était sombre, une simple lumière placée au dessus d'une porte éclairée le sol.

Bon maintenant que les deux voyageurs étaient en sécurité, ils reprenaient chacun leurs souffles. Oscar s'appuyait simplement contre un mur avec un grand sourire. Quant à Kaijin il avait le dos courbé et les mains sur ses cuisses, il respirait très fort. Un point de côté lui avait torturé les côtes pendant toute cette fichue course. Il se redressa pour masser son flanc droit, il respira de manière plus régulière.

-Te sens tu obligé d'agir toujours ainsi ?
-Agir comment ? J'ai fais ce que je fais normalement, j’emprunte la route de la gloire !

Il ponctua sa phrase par un joli sourire de débile profond.

-J'suis sur que la dedans y a plein de trucs super cools !

Dit-il en pointant son doigts vers la porte de l'entrepôt. Sans même attendre de réponse, il poussa cette lourde porte faîte d'un matériaux qui lui était étranger, la porte dégageait une chaleur encore plus froide que celle qui régnait en ces lieux. À l'intérieure de l'entrepôt on se serait cru dans un véritable frigo. Mais Kaijin s'y introduit avec détermination, il regretta immédiatement. La pénombre inondait une énorme surface de la pièce, Kaijin distingué des sortes de containers. Il avança donc tout en s'emmitouflant dans ses vêtements pour gagner un peu de chaleur.

Toy Story

Ayant à peine le temps d'esquisser un soupir devant la réponse grandiloquente de ce jeune garçon aussi ambitieux qu'impétueux, l'aristocrate anglais se précipita vers la porte en fer et bloqua son lent cheminement d'un geste sec de la main. Il n'aurait pas été judicieux de se séparer à nouveau.
En effet, la nuit n'en était qu'à son commencement et ils avaient déjà instillé une ambiance de violence au sein du village et de ses habitants. Afin d'éviter toutes complications il était de bon ton de demeurer groupés. La tâche s'annonçait ardue au vu de l'empressement du garçon à se jeter prestement dans les emmerdements. Cette attitude quasiment inconsciente alimentait les commentaires des démons, chacun possédant sa propre opinion sur l'imprudent :

"Vite, rattrape ce pauvre petit bout de chou, Oscarinet. Il va finir par se faire mal. Il est si mignon … Je ne veux pas qu'il lui arrive des problèmes."

"Les problèmes, il est déjà dedans jusqu'au trou de balle et si il continue à faire le con, je les lui enfonce jusqu'au cou ! Franchement, pourquoi il vit encore ? Personne a eu la pitié de le buter ? Si personne le fait à la fin de la nuit, je m'en charge et je peux vous jurer que ça va saigner par tous les orifices, et vu que je vais lui en faire d'autres, ça va tellement pisser le sang que ça n'aura rien à envier aux menstruations de l'autre folle."

Pendant que « l'autre folle » se chargeait de se défendre et de défendre l'honneur de son adorable petit protégé, le démon majordome énonçait d'un ton neutre :

"Peut-être serait il avisé de poursuivre son suivi et de le surveiller au plus près afin de lui éviter d'éventuelles difficultés."

Tout en abondant dans le sens de son majordome, le voyageur démoniaque s’engouffra à l’intérieur afin de ne pas perdre de vue le gamin survolté. Il le rattrapa rapidement avant qu’il ne s’enfonce plus en avant au sein de cette chambre encore plus froide qu’en dehors. L’intérieur ne semblait pas pourvu d’un système d’éclairage et il régnait en ce lieu une pénombre inquiétante qui, la température aidant, vous glaçait le sang.

Tandis que la porte terminait de se refermer sur eux, le nœud papillon enchanté s’envola de la caméra où il s’était posé et qui les avait observé depuis leur arrivée dans la ruelle. L'écran correspondant n'affichait plus que la porte en fer, close.

Un rictus souleva les lèvres du surveillant. Coiffé comme tout les lutins d'un bonnet à pompom aux couleurs enchanteresses de noël, vêtu comme tout les habitants du village d'un costume à boutons et de collants d'un vert éclatant, chaussé comme tout les membres contribuant au bonheur des enfants de chausses à pointe rebiquant en boucle, le responsable de la sécurité contrôlait de son bureau et du haut de son fauteuil la progression des intrus.
Devant lui s'étendaient de multiples écrans et lui offraient ainsi une vision globale de toute l'usine. La pâle lueur des pixels éclairait la pièce, associée aux guirlandes qui parcouraient les murs et le plafond. Les couleurs chatoyantes illuminaient le bureau de surveillance dans un clignotement régulier.
Aux côtés du surveillant, un renne impassible attendant les ordres. Son regard fixe se perdait dans le vague et il ne bougeait pas d'un poil.

Une fois à l'intérieur, Oscar rattrapa aisément Kaijin et lui intima par un ton mesuré :

"La gloire peut être parsemée d'embûches … Regarde autour de toi, l'endroit ne s'annonce pas aussi plaisant qu'en apparence."

L'obscurité et le froid envahissait la salle. Imitant le jeune garçon, l'aristocrate replia ses bras autour de sa fine taille. Il était impossible de déterminer la taille exacte de la pièce dans laquelle il se trouvait à cause du manque de visibilité d'une part et des containers empilés d'autres parts.
D'ailleurs, en s'attardant d'avantage sur l'agencement de ces énormes caisses, il était possible de s'apercevoir qu'ils n'étaient pas rangés de façon symétrique.
Avant de pénétrer dans un de ces couloirs, le voyageur démoniaque demanda d'un ton désinvolte, histoire de s'aligner sur l'enthousiasme de son compagnon :

"Au cours de ton chemin vers la gloire, as tu rencontré d'autres voyageurs ?"

Une réponse positive s'imposait fortement. Sinon, comment expliquer que cet intrépide voyageur à la tête aussi brûlée que ses cheveux électrifiés puisse être encore oniriquement en vie ?

Alors qu'ils évoluaient doucement au sein de cet hangar étrange, un bruit métallique se fit entendre. Une multitude de bruits métalliques. Comme si le sol était martelé par plusieurs piques, à un rythme soutenu. Des grincements parvenaient aussi aux oreilles des voyageurs. Les sons de rouages s’égrainant et d'écrous glissant ne tardèrent pas à remplacer le silence pesant pour instaurer une ambiance des plus mécaniques. Les frappes métalliques ponctuaient l'avancée, car oui, la source de ces bruits se rapprochaient, et assez rapidement. Un claquement sec se fit entendre, ajoutant une sonorité nouvelle et menaçante.
Pour produire autant de tintements d'acier, ils devaient être plusieurs, ce qui accentuait le danger. Oscar s'était immobilisé et jetait des regards autour de lui, tentant vainement de percer l'obscurité. Cet inconnu invisible aux bruits inquiétants ne lui plaisait guère. C'est donc dans un soucis de sécurité qu'il se mit aux aguets, prêt à échapper à toutes attaques à son encontre.

Brusquement, les bruits cessèrent. Le silence reprit son poids et il n'y eut plus qu'aux oreilles du voyageur démoniaque sa respiration mal maîtrisée et les tambours de son cœur. Il ne bougeait plus et écoutait le silence.

"Mais c'est quoi ce putain de truc ?" Résuma d'une voix colérique le démon sadique

Et la réponse surgit sous la forme d'une tête de bébé sur un corps arachnide et métallique. La réaction du Lord ne se fit pas attendre et haussant un sourcil, il glissa un : "Diantre" pour ensuite se précipiter sur un : "Cours !"  Et terminer par joindre le mouvement à la parole.

Le froid qui régnait dans cet entrepôt abandonné était quasiment insoutenable, le voyageur au cheveux bleus grelotait, ses dents frappaient les unes contre les autres. Il frotta ses mains contre ses bras pour se réchauffer. Une fine couche de givre commençait à se former su son visage, ses lèvres étaient gercée, les pointes de ses cheveux étaient gelées. Lorsqu'il respirait par la bouche, le froid attaqué directement ses gencives. De sa bouche sortait un nuage de vapeur épais, ses doigts étaient engourdis. Lorsqu'Oscar arriva, Kaijin put oublier le froid quelques instants. Le voyageur vêtu de blanc arrivait à faire réfléchir Kaijin, rien que pour ça, il méritait toute les récompenses du monde.

- La gloire peut être parsemée d'embûches … Regarde autour de toi, l'endroit ne s'annonce pas aussi plaisant qu'en apparence.

Il avait raison, Kaijin était dans un endroit sombre et froid, très glorieux en effet. Cet endroit était parfait pour une embuscade ou pour des actes sexuellement ignobles. Je m'égare. Oscar reprit la parole en posant une question à Kaijin

- Au cours de ton chemin vers la gloire, as tu rencontré d'autres voyageurs ?

La question de Oscar causa le trouble chez Kaijin, il fit travailler ses neurones, ce qui d'une certaine façon le réchauffa. Il passa en revu tout les voyageurs qu'il avait rencontré et qui l'avaient marqué. Bien sur Riku et Tenkensu étaient les premiers de sa liste, Kala devait aussi y avoir une place. D'ailleurs, lorsqu'il avait rencontré Kala, il faisait chaud.

- J'en ai rencontré un bon paquet, un mec qui invoquait des yoyos ! C'était assez fun, il était redoutable, un nécrophobe aussi ! Et plein d'autre encore ! Te faire la liste serait d'un chiant.

Ils avaient marchés tout en parlant, ils devaient bien avoir parcourut quelques mètres lorsque que quelque chose perturba leur progression, un bruit métallique, un bruit irrégulier, un bruit inquiétant. Kaijin s'immobilisa en même temps qu'Oscar. Les yeux du voyageur s'étaient peu à peu habitués au noir, du moins assez pour voir l'énorme silhouette qui se dessinait devant eux. Les interventions d'Oscar suggérèrent à Kaijin de fuir, le plus vite possible. Le voyageur fit volte face et prit ses jambes à son cou. Il tentait de suivre Oscar malgré la pénombre, quand aux bruits métalliques il s'accentuèrent, signifiant ainsi aux voyageurs qu'ils étaient pris en chasse.

Dans sa course Kaijin heurta ce qui semblait être un container, contenant surement des jouets par millier. De sa cuisse droite à ses côtes, une violente douleur persistait. Ce n'était pas tout, le choc le fit tomber. Il roula sur le dos, son bras gauche était étendu jusqu'à ce qu'une des pattes de la bête lui écrase la phalange avant de son index, le voyageur poussa un hurlement, la patte avait arrachée la Phalange. La White Star se roula en boule sur le côté, les larmes lui montèrent aux yeux sous le coup de la douleur.

- Putain ! Mon doigt, ça fait un mal de chien ! Quelle salope !

Du coin de l'oeil il put voir une fine patte se dirigé droit sur lui, il poussa sur ses bras et jambes pour se décaler; la patte lui transperça la chair de sa joue. Le sang coula en quantité abondante. Le voyageur n'avait pas le temps de crier sa souffrance, il roula sur lui même pour échapper à l'ennemi. Au bout de quelques mètres, il se releva, son ventre contre le sol, il plaça ses mains parallèlement en levant son postérieur et en utilisant ses pieds comme propulseur, il gagna en vitesse dès son départ. Il était intrépide, fou, con voir borné, ceci dit, ça lui arrivait de faire des choses intelligentes. Notamment reconnaître un ennemi trop dangereux, c'était rare mais c'était le cas maintenant.

Il courrait, il se fichait vers où du moment qu'il fuyait cet horrible monstre.

Run Toy, Run

Le son produit par le claquement de la pince métallique sur Kaijin résonna moins dans le glacial entrepôt labyrinthique que les hurlements de Luëst dans le crâne d'Oscar. Face à l'horreur arachnéenne, le garçon aux habitudes suicidaires avait eu l'intelligence de fuir. Malheureusement, il avait percuté un container dans sa précipitation et s'était retrouvé aux prises du borgne à tête de bambin. Alors que le voyageur démoniaque effectuait un demi tour pour lui porter secours sous les injonctions de sa démonette aux poussées maternelles, le garçon en détresse parvint à se redresser et reprendre la course, la menace toujours aux fesses.
Tandis que les deux voyageurs couraient à toute jambe, la créature métallique continuaient de vouloir les transformer en rondelles ou en gruyère, selon l'envie. Ses pattes martelaient le sol ou s'accrochaient aux larges caisses pour une vitesse terrifiante. Les multiples bruits de métal frappé informaient les deux poursuivis de l'avancée inéluctable de leur cauchemar.

L'aristocrate anglais tourna brusquement à droite, entraînant le garçon en lui tirant le bras puis poursuivit pour emprunter une autre direction au prochain carrefour. Son haleine expulsée par vives saccades se vaporisait en fumée immédiatement et se dispersait dans la noirceur de l'entrepôt. Les poumons fonctionnaient à plein régime, le cœur était sollicité comme jamais. L'air froid pénétrait dans la gorge et alimentait en oxygène l'organisme en plein mouvement. Le sang battait les tempes et circulait à un débit affolant. Les muscles en action échauffaient le tout, se pliant aux volontés paniquées d'un cerveau désirant se préserver. Et en parlant de cerveau, l'esprit de l'invocateur demeurait remplit des éclats de voix de ses démons :

"Le pauvre chou, il a été blessé, c'est horrible … J'aimerais tellement soigner sa blessure en la pressant entre mes seins." (J'ai vraiment besoin d'indiquer qui a dit cela?)

"Heureusement que tu n'es pas infirmière, tu ferais de ces ravages" … Prononça avec cynisme Khildar.

"Pour une fois qu'il faisait pas son putain de boulet, fallait qu'il se rate quand même … Bordel, mais quel con !" Si l'autre bébé borgne à huit pattes ne le tuent pas, je m'en charge. Le démon sadique n'en pouvait plus de l'attitude du garçon à la coiffure improbable et n'en finissait pas de le faire savoir.

Un autre embranchement, un autre brusque changement de direction pour tenter de feinter l'araignée monstrueuse. De grandes enjambées, le mouvement des bras pour accompagner avec le vain espoir qu'il augmentera la vitesse. Et toujours derrière eux le son implacable des pattes, des grincements des articulations et des pistons.
Alors qu'ils prenaient encore un autre couloir et qu'il leur semblait que l'araignée tueuse se situait un peu plus en retrait, Oscar demanda, entre deux respirations, à Kaijin :

"Comment va ta blessure ?"

Il ne fallut que le temps de la réponse pour que le gardien difforme réapparaisse juste devant eux, leur barrant la route. La tête de bébé vissée sur le corps d'araignée n'exprimait aucune émotion. L'unique œil les fixa d'un air absent. L'espace dénué d'orbite offrait la vue d'un crâne vide, renforçant le malaise. La pince claqua sèchement, message explicite des sévices qui les attendaient.
Ils étaient piégés, il le savait. Qu'ils esquissent une manœuvre de retraite, et l'araignée leur bondissait dessus. Et au vu de la taille, du nombre de pattes ainsi que du matériaux la composant, il fallait être fou pour espérer l'affronter. L'évidence et l'impasse s'imposèrent à l'esprit de l'invocateur qui accueillit la situation d'un rire éclatant, balayant ainsi la panique qui l'habitait.

La bête de bric et de broc à tête de bébé ne détachait pas son regard de ses proies. Imposant, d'un calme mécanique, le bourreau ne bougeait plus. Attendant sûrement le meilleur moment pour sauter sur ses victimes et s'assurer leur prise simultanée. Nullement perturbée par les rires du voyageur au blanc manteau, la combinaison absurde observait tranquillement, son œil perçant l'horizon absent.

Profitant du répit qu'il anticipait rapide, Oscar réfléchit à un moyen de se débarrasser de ce gêneur informe dont la vue commençait franchement à l 'insupporter. C'est alors qu'une idée vint poindre à son esprit. Toutefois, il ne l'exécuta pas, préférant glisser à Kaijin tout en prenant soin de ne point bouger :

"Aurais tu une idée, par hasard ? C'est peut-être ton moment de gloire, qui sait ?"

L'unique œil les dévisageait et guettait la moindre occasion pour fondre sur eux. L'invocateur démoniaque se tenait prêt, un sourire narquois dessiné sur ses lèvres gercées. Il fallait agir vite, sinon, ils gèleraient sur place.

Le sang des blessures de Kaijin avait coagulé il y a de ça quelques minutes lorsqu'il dut s'arrêter devant le monstre difforme qu'il distinguait enfin. Une faible source de lumière produite par un néon encore en état de marche éclairé le monstre. Le voyageur avait longtemps courut et avait fini par retrouver Oscar. Ou plutôt, c'était Oscar qui l'avait retrouvé. Alors que le son des pattes de la maudite bête crissait dans tout les sens. Elle avait l'air de jouer plutôt que de réellement vouloir les attraper, ce monstre était fourbe. Dès que les voyageurs seraient à bout de souffle, elles s'en occuperaient, là elle désirait qu'ils contemplent une once de chance.

Tout à coup Kaijin sentit qu'on le tirait vers une autre direction de celle qu'il avait prévu de suivre. Avant même qu'il ne puisse faire quoi que se soit, il s'était engagé dans une autre direction avec Oscar. En plus des blessures de Kaijin, un point de côté venait lui tirailler les côtés, ce n'était rien comparé à ses blessures mais cela restait très gênant et encombrant. Le point positif c'était que cette dépense d'énergie procurait de la chaleur au jeune garçon, son instinct de conservation le poussait à ne pas s'arrêter, tandis que ses jambes le suppliaient de mettre un terme à sa course, sans trop de succès. Les voyageurs changèrent de direction lorsque le Lord anglais parla, l'adolescent peina à entendre les paroles d'Oscar, il ne compris que les mots : blessures, va et mieux.

- Ça fait un mal de chien, mais je peux encaisser.

Il avait put formuler une réponse approximative entrecoupée par des respirations rauques. Tout à coup, la White Star vit du coin de l’œil son ennemi grimper sur des caisses et prendre une certaine avance sur eux. Lorsqu'il l'a perdit de vue et qu'il regarda droit devant lui, sa surprise fut complète lorsqu'il aperçu cette abomination. S'arrêtant en même de temps que Khildar, horrifié.

C'est ainsi qu'on en arrive à mon premier paragraphe. La créature avait des pattes d’araignée une face d'enfant borgne. Pauvre petit. Une faible lumière rouge émanée de son orbite vide. Kaijin le toisa longuement, il ressenti de nouveau le froid qui picotait son visage et pénétrait à l'intérieur de sa mâchoire à cause du trou que cette [Propos censuré pour conserver l'intégrité mentale des lecteurs et rajouter quelques ligne en plus. Bisou.] d'araignée. Oscar inclina légèrement sa tête pour chuchoter à l'oreille de Kaijin.

- Aurais tu une idée, par hasard ? C'est peut-être ton moment de gloire, qui sait ?

Le voyageur contempla soudainement sa main blessée couverte de sang coagulé. Puis le sol, sa main, le sol. Il eut un petit rire, avec sa main valide il commença à ouvrir le manteau qu'il portait.

- Je n'ai jamais d'idée, j'improvise toujours …

L'adolescent s'élança vers l'araignée, il retira son manteau d'un coup, en utilisant tant bien que mal sa main blessée. Débarrassé de cette couche inutile, le voyageur réalisa une glissage et esquiva de peu une patte de l'araignée qui s'encra profondément dans le sol. Lorsque que Kaijin se redressa, il était juste en dessous du monstre. En faite le gros problème de l'improvisation, c'est le manque d'inspiration.

Slide on the Ice

Le moment de gloire ne fut pas au rendez-vous, bloqué dans les embouteillages à cause de la route enneigé. Il arrivera sûrement avec du retard, donc restez attentif dans vos actions héroïques et ne faites rien d'inconsidéré ! Nous vous tiendrons informez de l'évolution du trafic dans les bulletins prochains.
Malheureusement, l'idée de Kaijin paraissait posséder toutes les caractéristiques d'un acte irréfléchi. Consistant à glisser avec une classe réduite ; à cause d'une main en sang, l'idée accusait d'un manque de réflexion qui ne dénotait pas avec le caractère du gamin. Sa capacité à agir impulsivement n'avait plus besoin d'exemples et pourtant, il renouvelait sans cesse son registre. Une performance en soi.
Plus en détail, l'action peu glorieuse s'était composé d'une course suicidaire en direction de la monstruosité de métal qui ne l'avait pas lâché de l’œil, puis d'un manteau inutilement ôté en raison du froid ambiant, suivit d'une glissade aussi ridicule que sanguinolente sur un sol arrachant un peu plus de peau qui s'était ponctuée d'une patte hargneuse esquivée avec autant de courage que de chance, pour finir par le constat du garçon de l'étendu dénué d'impact de son acte. Afin de compléter le tableau pathétique, les démons commentèrent chacun à leur manière l'improvisation du jeune morpheur en quête de gloire :

"Intéressant. Complètement stupide, mais non exempt d'un certain panache." Le majordome trouvait quelques qualités que la luxure s'empressait d'enjoliver avec emphase :

"Par tous les Seins, qu'il est courageux !"

"Mouais, pour une fois, chuis ok. C'est pas mal. Con, mais pas mal." L'aveu du sadique témoignait de l'estime portée, alimentée par la remarque cynique d'un Khildar prévenant :

"Nous pourrons toujours lui ériger une statue de glace à sa gloire, à titre posthume, si nous n'intervenons pas rapidement."

L'idée germée précédemment mûrit avec le passage de la jeune pluie et l'intervention hasardeuse de l'ondée permit à la pousse de s'étirer. Laënoris était prêt. Alors que son maître s'élançait à son tour vers l'arachnide de métal, un bras du démon apparut discrètement, une dague dans la main. L'extraction tira une grimace de douleur et déconcentra dans sa course l'aristocrate qui esquiva de justesse une patte lancée à son encontre. L'échange fut opérée et la main gantée se referma sur l'arme avec fermeté. La réintégration du bras de l'invocation produisit une nouvelle vague de douleur, manquant de faire lâcher la lame acquise par truchement. La prise fut assurée, les doigts se rétractant sur la garde à faire jaunir les jointures si elles n'étaient pas déjà bleuies de froid.
La plan pondu dans l'esprit de l'invocateur se révélait d'une simplicité épatante : profiter de la distraction de l'adversaire pour lui porter un coup fatal dans son œil unique, lui privant ainsi d'un sens primordial. C'est pourquoi Oscar salua la participation de Kaijin d'un :

"Merci Kaijin !" Excessivement joyeux.

Tout était en place, suffisamment rapproché, et sans plus tarder le voyageur démoniaque lança son arme en direction de l'énorme globe oculaire qui avait roulé du garçon à la chevelure bleutée au jeune homme aux cheveux enneigés.
Malheureusement, le coup ne porta pas. La dague eut beau s'envoler, une patte renvoya l'arme d'un simple revers. Cependant, ce n'était pas terminé. Emporté par l'élan de sa course et frustré de voir son plan défait, l'aristocrate anglais sauta sur une autre patte et commença à remonter l'ensemble de la structure, environné des grincements des rouages et des pistons glissants.
La douleur au bras s'estompait progressivement mais demeurait bien présente, empêchant de réitérer la tactique. Qu'importe, un pied pouvait se révéler tout aussi efficace. La créature tenta bien de se débattre. Toutefois, il lui était plus malaisé de se défendre lorsque la menace le parcourait. Les mouvements qu'elle amorçait déstabilisaient son équilibre et son instinct lui commandait de ne pas choir, la bestiole toute nerveuse à la tête éclatante de bleu étant toujours trop proche d'elle. Ces hésitations offrirent l'ouverture nécessaire pour le voyageur démoniaque qui frappa d'un pied ajusté l’œil unique.

La réaction fut immédiate et le monstre à tête poupine recula aveuglé, sous le coup de la douleur. (elle pouvait donc en ressentir?) La satisfaction d'avoir finalement réussi fut de courte durée. L'agitation des pattes métalliques renversa son agresseur qui retomba durement sur le sol glacé aux côtés de son compagnon nocturne.
Tandis que les sens revenaient à l'aristocrate, la créature s'agitait en tout sens. Elle renversa de douleur plusieurs containers sur son passage, manqua de peu d'occire les responsables de son état par des coups de pattes perdus ; provoquant un capharnaüm et un bruit à la hauteur de sa souffrance. Ses cris stridents évoquaient ceux d'un bambin, renforçant le malaise de la scène. Si la discrétion avait été un objectif de leur mission, il venait de voler en éclat.

Alors que les murs composés de containers s'effondraient autour d'eux, Oscar entraîna Kaijin loin de la bête afin d'éviter de finir écraser. En dépit du bruit généré et de l'aveuglement infligé, le gardien des lieux parvenait encore à se déplacer. Peu de minutes allaient lui être nécessaire pour se calmer et se remettre en chasse.
L'échec du plan décevait grandement l'aristocrate qui ne pouvait s'empêcher de lâcher un "shit !" Bien senti pour exprimer tout son mécontentement. Néanmoins, l'heure n'était point à l'auto flagellation et l'éloignement de l'épicentre de la tempête vivante bien que de métal s'imposait comme une priorité. Courir n'était plus d'actualité, la chute du haut de l'affreuse tête ayant provoqué trop de brusques dommages. Bénins, certes, mais handicapants sur l'instant. Et quel monstre oserait faire courir un enfant blessé à la main ? En outre, le bruit de leurs pas rapides avertirait le chasseur et indiquerait l'emplacement de ses proies.

C'est donc après avoir emprunté quelques bifurcations, couloirs et carrefours qu'ils se retrouvèrent dans un angle, ce coin de l'entrepôt ayant été épargné par les pattes vengeresses.
Il y régnait l'habituelle obscurité et froide ambiance, bien que la récente lutte ait réchauffé leur corps. L'araignée semblait s'apaiser au loin, les sons s'atténuant avec le temps.
L'inquiétude gagnait le voyageur démoniaque qui feignait l'indifférence avec un dédain peint sur ses traits ciselés par l'intense activité physique qu'il avait du fournir. Alors qu'il arrangeait sa tenue d'un geste machinal, sa main passa à proximité de son crâne et il remarqua enfin, l’adrénaline étant retombé, qu'un mince filet de sang parcourait sa joue et qu'une partie de sa blanche chevelure avait subi un rafraîchissement anticipé et surtout indésiré. Il plaqua par réflexe sa main à l'endroit de la blessure pour endiguer l'épanchement mais un ton docte lui rappela qu'il faisait si froid que la blessure allait se geler, endiguant le saignement pour le moment.
Toutefois, la perte capillaire l'affecta avec plus de vigueur. L'aristocrate offensé marmonna :

"Personne ne touche à mes cheveux …"

Ravalant une colère qui ne convenait point au lieu et encore moins au moment, il demanda avec désinvolture à son compagnon de nuit et d'arme :

"Comment diable pouvons nous se débarrasser de cette … horreur ? Il faudrait entamer son crâne, le fendre …"

Une nouvelle idée germa à l'esprit. Décidément, le printemps était bien précoce. La perspective d'en finir redonna un sourire carnassier au voyageur démoniaque, tordu par la douleur ressenti à la joue. Sans perdre un instant, il exposa son nouveau plan d'une voix pressée, ses yeux éclairés par une flamme vengeresse.

"Vois tu ces containers renversés ? Pourquoi ne pas faire de même ?"

Il appuya ses paroles par d'amples gestes, s'arrêtant parfois à cause du tiraillement de sa joue pour reprendre de plus belle :

"Voici le plan, il est simple : renverser ces boîtes de métal sur cette monstrueuse créature. Bien sûr, nous ne pouvons les faire basculer aussi facilement. C'est pourquoi nous avons besoin de trouver des containers déjà en perte d'équilibre, et de pousser. L'un devra attirer, l'autre renverser. Enfantin, n'est il pas ?"

La joie supplantait la défaite passée et la perspective de se défaire de leur adversaire ravissait Oscar. Ils allaient l'avoir cette saloperie.

Pendant qu'Oscar tentait de grimper sur la bête, Kaijin s'acharnait à foncer sur la patte arrière gauche de l'abomination en la frappant avec son pied ou son épaule. L'autre voyageur remercia le jeune garçon joyeusement avant de tenter une offensive, le garçon en question lui répondit par un signe de tête et un sourire. Pauvre araignée ça allait chier pour elle. La White Star enroula ses bras autours de la patte de la bête pour essayer de la déplacer. Que d'un micro-millimètre malheureusement, la partie tranchante de sa patte écorcha légèrement le torse de Kaijin, laissant une trace rouge fine et longue sur ses vêtements.

Le voyageur du surnaturel recula lorsqu'il remarqua qu'Oscar tripotait le globe oculaire de la bête. L'aristocrate vêtu de blanc s'écrasa lourdement au sol, Kaijin s'empressa de le rejoindre. La créature renversa tout sur son passage, elle martelait énergiquement le sol dans l'espoir de planter ses pattes dans un des voyageurs, pour profiter de sa vengeance. Même si ça n’atténuerai pas sa douleur son instinct primaire lui ordonnait de tuer ses deux énergumènes. Un brouhaha métallique envahit le hangar dans lequel ils étaient.

Il ne fallut pas beaucoup de temps avant que les voyageurs prennent leurs jambes à leur cou en guise de repli stratégique. D'immenses containers tombaient manquant de les écraser, rapidement il furent hors d'atteinte de risques potentiel. La bête restait dans un champ d'action assez petit, elle ne faisait que tourner sur elle même, reculer, avancer. Cela devait être assez répétitif pour elle, mais ça ne devait pas être sa principale préoccupation si vous voulez mon avis.

La douleur que Kaijin ressentait était intense bien que son sang ait coagulé. Ses doigts étaient engourdis et ça faisait un mal de chien. Et sa joue trouée lui donnait l'impression d'avoir des glaçons collait contre les dents, c'était un peu handicapant. Les deux voyageurs arrivèrent dans un coin bien plus sombre que l'ensemble de l'entrepôt. Mis à part le crissement du métal contre le sol, il n'y avait pas d'autres bruits que les respirations de Kaijin et Oscar. La White Star vit du sang s'écoulait du crâne de l'aristocrate, ce détail ne semblait pas du tout plaire au voyageur en question.

Oscar exposa son plan d'attaque à Kaijin, attirer la bête vers un endroit où les caisses pouvaient être renversées. Le rôle de l'adolescent était celui de l'appât, c'était ce qu'il savait faire de mieux. Il écouta les paroles d'Oscar jusqu'au bout. Mémorisant chaque élément important. Il devait se montrer digne de la confiance qu'il lui accordait. L'adolescent le regarda dans les yeux, un sourire sincère fut cédé au voyageur blanc.

- Bonne chance, et essaye de ne pas te faire distancer.

Kaijin se tourna. Ce qu'il aimait à Dreamland c'était l'adrénaline procuré par ce dernier était tellement intense. Les rencontres y étaient si spéciales, rares mais spéciales. Par là, j'entends les rencontres amicales bien sur. Il y avait tant de personnes à dépasser et à tuer. Cette simple pensée poussa Kaijin à gravir un nouvel obstacle que lui offrait Dreamland. Il s'élança bruyamment vers la créature, assez bruyamment pour se faire repérer. Son rythme cardiaque s'intensifiait. Une boule naquit dans son ventre. La chaleur de l'effort s'empara de son cadavre lui faisant presque oublié le froid ambiant. Dans un brouhaha de cliquetis, la bête dévisagea Kaijin de son œil irrité par les larmes.

Elle avança d'abord une patte. Kaijin en fit de même. Ils se contemplèrent longuement. La tête de bébé faisait balader son œil sur le corps de l'adolescent. D'un seul coup, sans signal ou élément quelconque. Les deux opposants se foncèrent dessus. Le voyageur vit la patte se lever, il esquiva un peu trop tôt, si bien que la créature réajusta la trajectoire de son coup, le métal de cette dernière l'envoya valser contre une caisse. Son reste de petit doigts s'écrasa contre la parois d'une caisse, un hurlement jaillit des lèvres du voyageur. Une des patte perça le container en dessous du quelle il était accroupit. Par peur il roula sur la gauche. Une flaque de liquide étrange refroidit par le climat se déversa sur le sol. Quelle bête fourbe. Elle voulait le faire souffrir. Les pieds trempés et engourdis il tenta de se relever. Il venait de distinguer un container bancal. C'était sa seule chance. Il tituba et s'écroula quelques mètre plus lojn. La bête commença à émettre un étrange son, une sorte de rire. Un rire de bébé mécanisé. Elle narguait Kaijin en abattant ses pattes tout près de lui. Il s’efforçait de ramper, le sol et les pattes arrachaient ses vêtements laissant des courants d'air pénétrer ses vêtements. Il poussait des râles de souffrances. Lorsqu'il arriva contre la parois, la bête élançait déjà sa patte en direction du bas de son dos. Sa respiration saccadée parvint à articuler une insulte.

Two guys and a Baby-Spider

L'accord de Kaijin contenta complètement Oscar. Les rôles s'étaient distribués à merveille, répondant au souhait sous entendu du metteur en scène aristocratique. L'appât préparé à attirer l'animal de métal adressa un sourire à l'organisateur de la prochaine session de chasse à courre, qui lui retourna fort volontiers, pleinement conscient d'envoyer le jeune garçon vers une destination vitale incertaine.
Aucun remord ne rongeait le voyageur, trop heureux d'apporter joie et plaisir au garçon plein de vie (pour l'instant) en l'amenant à se confronter à une créature plus imposante que lui. En son for(t) intérieur, les démons s'exprimait sur cet esprit de chevalerie :

"Quelle courage ! J'aimerais être sa princesse …"

"J'espère qu'il va pas crever

…

nan, je déconne ! Je veux voir sur son cadavre si il possède une cervelle." Et Saënoris de partir dans un rire grassement sanglant.

Tandis que le chevalier tête brûlée s'élançait en produisant autant de bruits que nécessaire pour rameuter un contingent de bibliothécaires acariâtres, transformant ainsi la salle baignée de pénombre en une cacophonie inquiétante, l'aristocrate sans scrupule entama à son tour une marche rapide, afin de suivre le gibier de loin. La discrétion était de mise et il en usa à profusion, tout en escaladant les containers encore debout. Prendre de la hauteur était nécessaire, autant pour l'accomplissement de leur plan que pour couvrir le déroulement des opérations et fuir, herm, agir en cas de besoin.

Perché et accroupi, guetteur solitaire sans sollicitude, le rapace observa le duel oculaire opposant un garçon aux yeux pas si innocent et une tête de bambin borgne. Le sang qui avait coulé le long du blanc visage de l'invocateur avait gelé et lui tiraillait la peau, lui arrachant une grimace d'inconfort lorsqu'il plissait les yeux pour mieux analyser la situation.

Alors qu'il était en train de se plonger dans l'étude artistique du jeu d'ombre et de lumière en environnement glacial, l'artiste s'aperçut que ce n'était pas le sujet. Secouant la tête, dépité de voir son étude brisée par de futiles échauffourées, il se mit en quête d'un agencement de containers propice au déséquilibre. En effet, son intention était de réduire l'effort à fournir pour écraser cet insecte monstrueux. Il n'allait pas en plus s'épuiser pour se sauver !

Soudain, les deux antagonistes se jetèrent dessus sans signal apparent, surprenant l'aristocrate en pleine crise de mauvaise foi. Malgré le manque de luminosité, Oscar put se représenter la lutte opposant une tête coupée et une tête non plus brûlée, mais carrément carbonisé à ce stade. En effet, le vacarme produit par les mouvements mécaniques et les hurlements organiques alimentaient sans mal l'imagination de l'aristocrate qui devinait la scène depuis sa hauteur. Imagination enflammée par un démon particulièrement enthousiaste des sons émanant d'un corps éprouvant sa résistance et par une démonette particulièrement apeurée du sort de ce corps. Les autres démons s'en fichaient un peu, attendant simplement que l'horreur arachno mécanique achève soit sa vie de monstre, soit celle du garçon.

Au cours de la lutte sans merci, l'invocateur aux démons agités s'était discrètement approché, sautant avec autant de légèreté et de silence que la grâce lui permettait. Ses bottes n'adhéraient que sommairement aux surfaces gelés et plusieurs il manqua de choir.
Finalement parvenu en vu de l'échange d'amabilités musclées, l'attention de l'observateur se porta sur le liquide qui se répandait avec une paresse consciencieuse. Issu d'une patte vorace, le trou d'où s'écoulait le curieux liquide béait, s'ennuyant ostensiblement de ce qui se déroulait autour de lui.
D'ailleurs, Kaijin ne s'attarda pas et faussa compagnie à ce trou, préférant la compagnie de containers plus bancales … Attendez, bancales ? Comme, en déséquilibre ? Mais c'était parfait ! Attendez moi !

Comprenant la direction de la fuite erratique de son compagnon laissé en pâture, Oscar prit le parti d'arriver à destination avec ponctualité. Se faisant, il prit aussi ses jambes et les jeta dans une course moins discrète, plus dangereuse, mais assurément plus rapide. Déployant ses grandes et fines jambes, l'aristocrate avare d'efforts physiques courrait, sautait, n'oubliait pas de respirer et prenait le temps de maudire cet impétueux et la sécurité délirante de ce simple entrepôt.
A chaque pas lancé, il devait prendre soin d'éviter toute glissade. Ses appuis manquaient d'assurance et pour éviter d'entamer un mouvement imprudent, il s'empressait de lancer la prochaine foulée. Parfois un mur de métal lui barrait la route. Toutefois, il l'ignorait superbement en effectuant un saut qu'il voulait gracieux et qui se terminait par son aplatissement contre la surface glacée. Mais pas de temps à perdre sur son teint dont la valeur se détériorait au fur et à mesure de ces acrobaties indignes, il avait le devoir de renverser le gardien. Ou plutôt, de renverser ces putains de caisses sur ce putain de bébé FrankenStein !
Galvanisé par un démon sadique tout feu tout flamme, l'invocateur parcourut la distance avec célérité, en réussissant l'exploit de ne pas attirer l'attention du poupin rafistolé, trop occupé à courser un insecte à poils bleus. Ignorant les douleurs qui le tenaillaient, faisant fi des aiguilles lui tiraillant un côté du visage, oubliant l'engourdissement de son bras, il atteignit le point de rendez-vous.
Essoufflé, plié, submergé par la douleur rappelant son existence, le voyageur accusait la fatigue d'une activité sportive qu'il ne goûtait guère et d'un environnement qu'il appréciait avec calme, et non dans un cadre nerveux.

La situation de Kaijin n'était pas meilleure, mais ça, Oscar s'en fichait. Les tressautements métalliques accompagnant un son lugubre et identifiable comme un rire ne l'atteignirent même pas. Son esprit ne se concentrait plus que sur un seul objectif : pousser ces putains de containers sur la gueule de ce truc aussi moche que monstrueux. Si il n'était pas en train de risquer sa vie (et celle de l'autre gamin, surtout celle de l'autre gamin en fait), il aurait pu apprécier la métaphore d'une enfance brisée et partiellement aveugle, qui se meut grâce aux rouages d'une société dangereuse, que représentait l'horrible créature. Seulement, il n'était pas là pour l'art. Il était là pour rentrer dans le lard.
Sur ce jeu de mots initié par un Saënoris décidément au sommet de sa forme, l'aristocrate frappa un grand coup (de pied). Grâce aux frappes répétées des pattes pour percer à jour l'anatomie du morpheur, le déséquilibre s'était accentué. Une aubaine pour le Lord anglais.



Un grincement sinistre se fit entendre. Un choc survint. La pièce s'emplit de sons discordant, digne d'une torture de violons.
Un glissement se fit comprendre. Un containers bascula. La salle résonna d'un fracas assourdissant.



L'araignée avait levé son œil sur l'origine, trop tard. Ayant déjà amorcé son geste meurtrier à l'encontre de sa proie et pourvu d'un champ de vision limité, sa réaction s'était faite attendre. Elle avait eu beau lever ses pinces pour se protéger, le container soumis à la gravité la percuta de plein fouet. En résultat un vacillement de la créature, ne trouvant plus appui favorable sur ses nombreuses pattes. Alors qu'elle manquait de trébucher sur le container responsable de son état, un noble pied termina d'accentuer le mouvement, l'obligeant à rencontrer le sol de fort abrupte manière. La conjugaison des coups reçus n'eut pourtant pas raison de sa conscience (dut il en posséder une!), et si le poupin s'effondra, l'unique œil demeura parfaitement ouvert, fixant rageusement le propriétaire du noble pied, qui avait suivi la caisse dans sa chute meurtrière.  
Néanmoins, cette vision fut de courte durée car, emporté par le mouvement de chute en cascade, le responsable se retrouva en son intérieur.
La créature, se sentant violée, fut prise de soubresauts violents, ne réfléchissant plus vraiment, agissant par réflexes désespérées. Son esprit, déjà fort perturbé par les coups consécutifs qu'elle avait enduré, ne pouvait concevoir et tolérer d'héberger un être en elle.
Dans un mouvement de désespoir, une pince plongea à travers l'orbite vide pour extraire l'insolent qui avait osé s'introduire. Le résultat ne se fit pas attendre. La pince défonça l'espace et sa recherche hasardeuse termina de la détruire.

Pendant ce combat interne, l'aristocrate en mauvaise posture s'était fait malmener en tout sens et avait cru sa dernière heure venue lorsque l'instrument de torture avait paru. Pourtant, il fut épargné, la créature s'étant elle-même achevé.

Le monstre s'effondra lourdement dans l'allée ravagée et le calme revint. Le faible éclairage du plafond ne permettait que de discerner la silhouette couchée de l'araignée, carcasse désormais dépourvue de toute vie, reposant d'un sommeil métallique éternel.  
Puis, brusquement, le globe oculaire fut éjecté, une jambe tendue à la place. Oscar apparut dans l'espace circulaire, se tenant le bras. Il souriait faiblement, les cheveux en bataille, le style vestimentaire bafoué. Une honte pour l'aristocrate qui prenait sur lui pour éviter de perdre le contrôle et jouer du premier prétexte pour assouvir une vive envie de meurtre.
Au fond de lui, il exultait. Perdu entre les sentiments de son démon sadique et son propre ressenti, il jouissait du tableau qu'il avait composé. C'est pourquoi sa colère disparu, la bienséance se taisant devant la satisfaction du massacre accompli. Le majordome maugréa et se tut, laissant son maître dans une pagaille sans nom.

Le noble compagnon descendit du squelette de métal aux orbites vides et s'adressa à Kaijin sur un ton léger, dans le but de détendre l'atmosphère après tant d'agitations :

"Une bonne chose de faite. La suite ? Il nous faut toujours trouver ce jouet pour notre ami …"

Dans un sombre coin de la pièce, une caméra pivota et zooma sur les deux intrus.

Dans une sombre salle de contrôle, assis devant ses écrans, le surveillant au bonnet pointu appuya sur un autre bouton, déclenchant la suite du protocole de sécurité.
Le premier gardien n'avait pas réussi à se débarrasser de ces intrus. Il espérait que le deuxième y parviendrait et qu'il n'allait pas être obligé d'envoyer le dernier. Ces deux voyageurs risquaient fort de perturber son plan …
A ses côtés, le renne demeurait imperturbable, regardant droit devant lui.

Le Kaijin était totalement frigorifié. Il avait de justesse, esquivé le liquide qui n'aurait rien arrangé si il s'était déversé sur l'ensemble de son corps. Pour l'instant il suppliait Oscar d'arriver le plus vite possible. L'une des pattes de la créature tentait de lui percer ses attributs, ce qui serait handicapant pour la suite de la nuit, car vu la longueur et la dangerosité de ces pattes, il ne perdrait pas que sa virilité. Le voyageur esquivait comme il pouvait en collant son corps contre le container. Parfois, lorsque la patte allait un peu trop loin, il se hissait quelques mètres en avant. Ayant pour seul appui ses doigts meurtris et le sol glacial.

Lorsque enfin, le container s'éleva pour écrabouiller la bête, Kaijin retint sa respiration, il progressa de quelques mètres, roula sur lui même pour sortir de l'étreinte de ce container. Il expira. Sa respiration reprit un rythme plus ou moins normal. Cependant ses jambes étaient trop fatiguées pour le relever. Il resta là un instant, contre le sol à soupirer. Il n'était plus qu'à l'état de loque humaine. Ses vêtements étaient entièrement déchiquetés. Le froid s'infiltrait dedans, léchant son corps. Ses pieds, il ne les sentait presque plus, ils étaient enduis d'un liquide poisseux et glacial.

Des bruits raisonnèrent dans le bâtiment, des crissements de métal. Kaijin tenta de se relever, ses pieds regagnaient peu à peu les plaisir de la chaleur corporel. Cependant, ils lui firent défaut niveau équilibre. Il s'écroula deux fois, la troisième fois, il parvint à se hisser sur le containers et glissa dessus pour se redresser. Il fit quelques pas hésitant, vacilla légèrement mais il conserva son équilibre. Kaijin se tourna vers Oscar, son épaule gauche était à nue, une légère couche de givre la recouvrait. Il tremblait de tout son être, il n'écouta qu'à peine ce qui sortit de la bouche de l'aristocrate.

- Il … J'ai besoin … De … Chaleur … Vêtement …

Il tituba quelques pas en avant, il venait d'apercevoir son manteau. Il s'écroula et commença à ramper vers ce dernier ne prêtant pas la moitié de son attention à Oscar. Il peina à arriver jusqu'à son manteau. Lorsqu'il réussit, il le plaqua contre son torse et le frotta contre lui. Il se releva et l'enfila, il se sentit revivre. Kaijin se dirigea vers Oscar qui était redescendu de son perchoir. Un grand sourire se dessina sur le visage du voyageur du surnaturel.

- Merci pour le coup de main !

C'était quand même la moindre des choses que de remercier l'aristocrate, sans ce dernier, le cadavre du voyageur aurait ressemblé à une passoire.

- Bon, on devrait peut être essayer de faire brûler ce truc, pour se venger et se réchauffer. Tu penses pas ? Et peut-être que …

Le son de la chute de plusieurs containers raisonna, ce son fut suivit de celui d'une ventilation peu commune, des jet-pack. Le boulet se retourna pour voir une espèce de robot dont on ne pouvait voir chaque détails étant donné le peu de lumière qui l'éclairé, mais sa carrure était bien visible. Cette chose mesurée bien deux mètres. Elle était descendu du plafond, vu sa taille, ils auraient dû la remarquer. Ses pieds s'écrasèrent contre le sol dans un vacarme insoutenable, Kaijin regarda la silhouette lever un de ces bras, une détonation retentit, quelque chose de sphérique fusa vers eux, le boulet se jeta sur le côté. Il fut alors soulevé par un souffle trop chaud pour être agréable. Il s'écrasa contre un container qui se renversa suite à l'impact.

2nd Round !

La faiblesse de Kaijin après cette épreuve émut la démonette de la luxure :

"Pauvre petit être …"

"Toujours pas mort ? Mouais, pas trop mal, mais dommage, il aurait fait une belle déco, planté là. Vu le légume que c'est, il aurait presque pu pousser !" Ricana le démon sadique.

Alors que le jeune garçon rampait vers son manteau, Oscar le regarda avec un visage sans expression. Dans l'esprit de l'aristocrate, le jeune voyageur désirait prouver son indépendance. Atteindre sans aide l'objet convoité témoignerait de sa force. Or, il n'était pas dans les habitudes du noble anglais d'entraver le chemin d'un être sans défense, du moins, pas lorsqu'il en avait besoin pour la suite de la nuit. La contradiction pouvait aboutir à l'indignation des associations parentales, puisque l'inaction du Lord pouvait mener l'enfant à une fin funeste et froide. Toutefois, il plaçait sa confiance dans ce garçon qui avait déjà démontré sa puissance à survivre en environnement hostile.

L'être rampant lui donna raison en atteignant finalement le manteau tant convoité. Il remercia avec un grand sourire son compagnon, confortant ce dernier dans l'attitude qu'il avait adopté. Satisfait d'avoir contribué à l'endurcissement du voyageur grelottant, et désireux de ne point paraître orgueilleux, il répondit avec un gêne feinte accompagnée d'un geste de la main balayant les remerciements :

"C'est tout naturel."

Face à la suggestion de l'immolation du monstre mécanique, Oscar haussa un sourcil circonspect. Bien que la solution offrait l'opportunité de se réchauffer dans ce lieu sordide et glacial, elle était dénué de prudence, car annonçant clairement leur position. Et il n'était pas dans leur intérêt de commettre un impair, car une intuition lui soufflait que l'abominable bambin n'était pas l'unique gardien de cet entrepôt particulier.

Pour lui donner raison, un nouveau fracas envahit la salle. La direction des sons donnait l'origine au plafond, ce pourquoi l'invocateur leva les yeux. Parmi la pénombre ambiante, il put distinguer des vives lueurs provenant d'un jet pack, auréolant une créature à l'allure maléfique, bien qu'en apparence moins haute que le premier gardien.

Ne sachant que faire face à cette nouvelle apparition, le voyageur à l'esprit démoniaque prit le partie de ne point agir, curieux de la suite des événements. Peut-être que ce nouveau venu ne voudrait pas leur mort ? Bien qu'il en doutait fort, ses mouvements étaient limités à cause de la faiblesse actuelle de son compagnon. Ayant toujours besoin de lui pour leur mission de haut vol, il ne pouvait décemment pas l'abandonner aux mains de ce … truc ?
Le pilote de jet-pack avait fini par atterrir et sa proximité permettait de mieux appréhender sa nature. D'une silhouette plus humanoïde que l'arachnéenne tête de bébé, l'être possédait une cape, instrument indispensable pour tout méchant machiavélique et une sorte de longue tunique. Mais l'élément qui attirait tout de suite l’œil, c'était son casque :

"Putain, mais c'est quoi ce cornu ?"

"Où ça un corps nu ?"

Enfin, qui attirait l’œil d'un démon sadique peut attentif. En effet, l'élément qui vous sautait au visage n'était autre que l'imposant canon à particules, actuellement pointé en direction des deux voyageurs médusés. Sans laisser le temps à la réflexion, le coup partit. Une boule d'énergie fila à vive allure, son caractère mortelle étant indéniable.
Chacun esquiva de son côté, séparé par un bref éclair de vive lumière qui s'écrasa dans un brasier contre le container responsable de l'achèvement du premier gardien, et le renversa dans la foulée.

"J'espère que le petit n'a rien !"

Face à cette menace, le premier réflexe d'Oscar aurait été la fuite. Cet être humanoïde (il ne pouvait dire si c'était un robot, un cyborg ou une créature) possédait une arme dangereuse, capable d'embraser tout ce qu'elle touchait, du moins, le supposait il. En tant que membre d'une famille de fabricant d'armes, il était capable d'évaluer la capacité létale d'une arme et celle-ci ne lui semblait pas à prendre à la légère. Rapide, flamboyante, pourvue de plusieurs canons, le tout rotatif, cette arme avait l'air de posséder une cadence de tir élevée. Souvent, la cadence de tir se faisait au détriment de la précision. Preuve en était le fait qu'ils demeuraient en vie alors que le tir avait été opéré à quelques mètres seulement.
D'après ces rapides constatations et réflexions, le premier réflexe de fuir ne paraissait plus une si bonne idée. C'était même le meilleure moyen de se faire mitrailler, selon l'aristocrate. En outre, leur adversaire était pourvu d'un jet-pack, atout non négligeable lors d'une course poursuite. Par conséquence, il leur serait difficile de lui échapper. Que faire dans ce cas ?

Dans un élan de curiosité et de culot téméraire, Oscar décida qu'il fallait distraire l'opposant, le temps qu'un meilleur plan apparaisse. En effet, quitte à demeurer sous la menace, autant en apprendre plus sur leur agresseur. Peut-être que la solution apparaîtra au détour de la conversation. Après tout, il semblait pouvoir s'exprimer de manière plus évoluée que son prédécesseur grinçant, si l'on faisait confiance à la bouche jaunâtre surmontée de deux yeux rouges perçants.

C'est donc d'une voix mal assurée mais se voulant joviale que Oscar s'adressa à l'être au bras mécaniquement armée et à la cape aux teintes mauves et rouges :

"Bien le bonsoir, étrange être venu d'ailleurs, comment allez vous ?"

La main tendue n'était pas présente, car l'aristocrate désirait la conserver. Il espérait sincèrement que la réponse ne se ferait pas dans une gerbe de flammes. Quant à Kaijin, il comptait sur sa sagacité à traiter les affaires courantes, tout en tenant compte de la dangerosité de la menace. Il espérait sincèrement que le jeune garçon ne fasse pas d'actions désespérées (ou désespérément stupides) et qu'il comprendrait sa manœuvre de distraction. Cependant, faire confiance à la quiétude du garçon revenait à espérer qu'un baril de poudre n'explose pas en présence d'une mèche allumée.