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Alice Sauvebois [Fini]

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Alice Sauvebois
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Maraudeur des rêves
Alice Sauvebois
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MessageSujet: Alice Sauvebois [Fini] Alice Sauvebois [Fini] EmptyMar 2 Oct 2012 - 18:31

SAUVEBOIS
ALICE

Personnage.

Alice Sauvebois [Fini] 790248IllustrationFicheAliceS

    Nom : Sauvebois
    Prénom : Alice
    Surnom(s) : Actuellement, aucun
    Âge : 20 ans
    Nationalité, origine(s) : Française
    Pouvoir et description : Algophobie, peur de la douleur, dans ce cas, physique, morale, celle qu'on reçoit autant que celle qu'on peut provoquer.
                Ainsi terrorisée par les coups autant que par les mots, Alice obtint le pouvoir de faire mal avec de simples paroles, invoquant ainsi un outil de souffrance aléatoirement généré à partir du sens de ce dernier, qu'il soit explicite ou implicite. Les mots n'ayant de valeur que dans la bouche de celui qui les prononce, les armes qu'ils produisent n'ont de réalité qu'entre les mains de Alice et dans les quelques secondes qui suivent un lancée. La force de l'objet invoqué dépend entièrement du désir de meurtrir autrui et peut se traduire de la manière suivante :
                Si ce qu'elle vient de vous dire vous a blessé, d'une quelconque manière et même si ce n'était pas voulu, la probabilité que vous preniez cher dans les secondes à venir est d'autant plus importante.
                Alice possède néanmoins des invocations stables incarnées en des mots qui ne sont pas nécessairement des insultes. Ces dernières sont plus puissantes et moins fragiles que les invocations aléatoire (qui tiennent plus du canard en plastique qui vous tombe sur la tête et disparait en quelques secondes).




Description Physique.


         Il y a toujours, chez les gens, une part d'eux-même qui vous marque dès le premier regard. C'est souvent une chose insignifiante que nul ne saurait identifier à première vue. Une chose infime, fragile et imperceptible. Pourtant c'est là que réside tout le charme d'une personne, toutes ses couleurs. C'est ce qui doit être chéri et préservé, le plus longtemps possible, comme le plus précieux des trésors. C'est ce qui évolue et se transforme, mais demeure, en toute circonstance, l'étincelle qui éveille l'intérêt d'autrui, et ce dernier a toujours de l'importance. Ne pensez pas que votre propre force vous permet d'y échapper, c'est une erreur, et votre orgueil seul ne saurait vous tirer d'un tel mauvais pas. Chez Alice, cette lumière unique et curieuse est tout entière dans ses yeux clairs et ce malgré les épaisses lunettes masquant leur grise pâleur. Ils sont un peu tristes, mélancoliques, voire désabusés. Mais un regard plus approfondi vous fera découvrir une ombre lumineuse, qui s'enroule et se glisse autour de la pupille inerte. Elle a toujours été là, elle a toujours été remarquée, en un sens, même si peu se sont donné le mal de la nommer. Elle est farouche, ardente ; un feu sombre et brûlant comme ces invisibles flammes bleues : captivantes et dangereuses.
            Pourtant, Alice est tout ce qu'il y'a de plus passe-partout et elle cultive cette discrétion au point de paraître souvent invisible. De taille modeste, elle se tient légèrement voûtée, la tête un peu rentrée dans les épaules. Elle tient son regard bas derrière ses lunettes aux épaisses montures sombres, elles-mêmes enfouies sous une frange de longs cheveux pâles, fins et emmêlés. Généralement, elle porte une tunique et des leggings, accompagnés de chaussures basses et d'une écharpe, le tout dans des couleurs simples et discrètes, allant du gris au noir en passant par toute les teintes de marron.
            Ses doigts sont toujours en mouvement, tripotant nerveusement un bout de tissu, un fil, un ouvrage en cours, ils s'activent en toute circonstance et reflètent son humeur. Elle parle peu, et quand elle parle, la petite voix aiguë et éteinte peine à être entendue à plus d'un mètre. Ses lèvres fines se tordent et se plissent souvent, comme craignant quelque chose de funeste. Tout son corps frêle aux formes discrètes tremble devant l'inattendu, la surprise, ou la nouveauté.
            Mais ça, c'était avant. Avant que notre histoire ne commence, que les choses changent en s'imposant à elle avec brutalité. Récemment, la demoiselle s'est relevée et cherche de nouveau à accomplir quelque chose. Doucement, elle se transforme en une femme plus sûre d'elle-même, plus à même de survivre à Dreamland. Ce qu'elle deviendra exactement ? Elle ne le sait pas encore.




Caractère.


         Les apparences sont trompeuses, vous dira-t-on, mais elles reflètent souvent une partie de la vérité. Le cas qui nous intéresse présentement en est la preuve même. Certes, Alice est timide, introvertie et ne désire, la plupart du temps, qu'une seule chose : qu'on la laisse tranquille. Du moins, c'est ce que la part rationnelle de son esprit veut et elle agit en conséquence, repoussant le monde qui l'entoure en s'enfermant dans un cocon de solitude et de calme permanent. Pourtant, dans son for intérieur, cette jeune femme discrète, transparente, presque fantomatique a eu ses désirs de gloire, d'amour impossible de splendeur éblouissante. Dans le monde qu'elle seule peut voir elle est forte, rebelle, mais assez blasée pour sembler terre à terre. Ce n'est pas seulement qu'un idéal rêvé et inatteignable, mais aussi une part de ce qu'elle est, issue d'un désir muet de bataille et de victoire sur le monde qui l'a méprisée. Un esprit si farouche, si sauvage, que pour qu'en ces lieux il soit viable, il a fallu qu'elle le bride, l'enchaîne et l'enferme. Se cloîtrant elle-même dans son univers connu et chaque jour inchangé.
            Personne, actuellement, n'a pu découvrir la bête cachée sous la peau blafarde. Celle qui vivait sous les yeux de tous était une personne sans relief, sans intérêt. Elle ne fit jamais montre de capacité  spéciale à l'école, on la pensa alors idiote. Elle fut, en tout temps, la catastrophe des terrains de sport, toute maladroite et chétive qu'elle était. Toute sa vie, ses yeux fixés sur les fenêtres, le ciel, les arbres lui valurent des reproches : tête en l'air, idiote, inattentive, lunaire, bizarre. Des mots en demi-teinte, pas vraiment des insultes, certainement pas des compliments, et qui stigmatisaient son inaptitude à vivre une vie un tant soit peu conforme aux rêves d'autrui. Elle avait pourtant un talent, un seul, qu'elle cultivait avec ardeur : chaque jour, elle créait avec assiduité des modèles de jouets qu'elle fabriquait ensuite avec passion. Capacité encouragée par ses grands-parents, mais qui ne cessa de décevoir ses autres proches. Après tout, qu'est-ce que de tels objets pouvaient apporter de concret à qui que ce soit ?
            Déception des uns comme des autres, Alice devint un être renfermé, solitaire, silencieux, une ombre parmi tant d'autres. Dreamland eut l'effet d'un tremblement de terre sur cette personnalité effacée. Sa peur mise au ban, elle perdit toute inquiétude de blesser autrui, tout en gardant une timidité maladive cohabitant avec une détermination farouche, elle-même adoucie par un tempérament de toute manière assez flegmatique pour ne pas dire "lent". Un cocktail des plus explosifs et par là même, imprévisible.




Histoire.


         Derrière le comptoir ses yeux errent le long des étalages. Elle sourit à peine, elle semble fatiguée. Derrière ses épaisses lunettes, des cernes coulent sous ses yeux jusqu'à ses joues. Récemment, les nuits lui semblent courtes, et la dernière a été particulièrement éprouvante. Comment en est-elle arrivée là, déjà ? Il lui semble bien que l'origine de ses ennuis remonte à ses 6 ans. L'entrée à l'école primaire, car c'est là-bas qu'elle comprit la définition du mot "peur".
 
            En l'occurrence, cela commença par une légère dyslexie, elle-même dramatisée par ses parents, son professeur et ce charlatan de pédiatre. Ce drame odieux n'échappa pas aux charognards que sont les enfants à cet âge. La différence les rend nerveux, et à moins d'être "différent" dans un sens cool du terme, l'étranger finit seul, isolé, en proie à des moqueries de plus en plus cruelles. C'est comme ça que la terreur s'installe, suivie de près par la paranoïa. On la traita d'idiote et de demeurée, puis on accompagna ces mots de coups physiques et de provocations vulgaires. Elle rentra chez elle couverte de boue et de bleus. Horrifié, ses parents la ramenèrent à l'école, qui convoqua les jeunes élèves responsables et leurs parents. Tous nièrent en bloc, l'accusant de mensonge. Elle n'était qu'une gamine malade et sans talent, cherchant juste à attirer l'attention, tout en justifiant l'incroyable maladresse qui la fit chuter dans l'escalier de la cour, causant ecchymose et tâches de boue. A dix ans, donc, elle fut amenée chez un psychiatre qui ne tira d'elle qu'un silence obstiné. Blessée par les injures de ses camarades, par l'indifférence des adultes et la douleur qu'elle causait à ses parents, la jeune fille se referma sur elle-même, cachant son visage derrière une frange trop longue et des lunettes trop grandes.
 
            Le seul endroit où elle se sentait bien était auprès de ses grands-parents. Ils habitaient en ville où ils tenaient une boutique de jouet dont la plupart étaient fabriqués par leurs soins. L'endroit l'émerveillait toujours. Le parquet brillant et facetté, les étagères épaisses croulant sous des objets colorés, la lumière chaleureuse qui glissait en rayons de miel jusqu'au fond du magasin. Elle passait son temps libre dans la remise, à l'arrière de la boutique. L'endroit servait de lieu de stockage et d'atelier. Ignorant la cour et ses jeux, l'enfant regardait avec passion ses deux aïeuls créer de leurs doigts habiles les plus beaux articles de leur échoppe. Flattés par cet intérêt béat, ils lui apprirent à en faire autant et furent fiers de l'application, de la volonté et bientôt du réel talent de leur petite-fille dans la création de jouets aussi beaux qu'ingénieux. Malgré leurs louanges à son égard, ce don resta méconnu de ses parents, comme des autres personnes entourant son existence. Chacun s'accordait à dire que c'était bien joli et que, certes, elle était douée, mais aussi que, de nos jours, on ne gagnait pas sa vie en cousant des peluches. Ce regard méprisant sur tout ce qu'elle aimait enfonça un peu plus l'aiguille des regrets dans son cœur. Elle avait mal de se sentir si inutile, si médiocre. Elle souffrait de ne pas convenir, de ne pas être ce qu'on attendait d'elle. Les coups qu'on lui portait à l'école et les vexations constantes lui rappelaient chaque jour l'horrible visage d'un monde qui la faisait souffrir. Seule la douce chaleur de la boutique apaisait la lancinante douleur d'une vie agonisante, et il suffit d'un événement pour que tout bascule définitivement.
 
            L'annonce la frappa un matin, durant l'été qui suivit la fin de sa Terminale. Elle préparait son sac pour se rendre chez ses grands-parents, quand le téléphone sonna dans le salon. Alice entendit parfaitement sa mère répondre puis éclater en sanglots. Lentement, elle passa la tête dans l'embrasure de la porte. Son père tenait sa femme dans ses bras, elle lui murmurait quelque chose à  l'oreille, sa voix toute entrecoupée de pleurs. Alice ne se sentait pas vraiment inquiète, sa mère avait la larme facile et une fâcheuse tendance à tout dramatiser. Elle avait pleuré des jours après la mort de leur chien, un animal dont elle ne s'était jamais vraiment occupée. Ce qui l'alerta d'avantage, en revanche, fut le regard de son père quand il tourna la tête vers elle. C'est à ce moment là, en voyant les yeux pâle et fatigués de son paternel, lui lançaient un regard rempli d'inquiétude et de tristesse, qu'elle comprit qu'elle serait la première à souffrir de ce qui venait de se passer. Elle murmura un "Non..." à peine audible, fit volte-face, s'empara de son sac et bondit hors de la pièce, déterminée à sortir, à atteindre la boutique avant d'entendre ce qu'ils avaient à dire. Si ça devait lui faire mal, c'était inutile, elle ne voulait pas savoir. Mais sa mère la retint brusquement par l'épaule, l'arrêtant dans son geste presque violemment et lui arrachant un gémissement de douleur étouffé.

 
"Ils sont morts, ma chérie... Mes... Tes grands-parents sont morts cette nuit, la dame qui s'occupe du ménage chez eux les a retrouvé ce matin, dans leur lit..."
 
            Le reste de ce que lui racontèrent ses parents ensuite se perdit dans un flot d'incompréhension et de douleur sourde. Ils étaient morts. Ce furent les seuls mots qu'elle retint. Les seuls qui comptaient, tout le reste n'était que bruit au fond de sa tête. Elle ne voulait pas y croire, elle ne pouvait pas y croire. Ils étaient vieux, certes, mais elle leur avait parlé il y'a deux jours. Ils allaient bien, peut-être étaient-ils un peu fatigués, mais ils étaient parfaitement vivants. Sa respiration se faisait lourde, son cœur battait fort, résonnait dans ses oreilles, elle crispa ses mains sur sa poitrine. Elle avait mal, si mal. Elle n'avait jamais eu aussi mal de toute sa vie, et elle ne le supportait pas. Elle voulait que cela cesse, mais malgré tous les efforts de ses pensées pour évacuer le stress et l'inquiétude, l'image de ceux qu'elle aimait étendus sans vie dans leur lit resta gravée dans sa tête.
            Pendant tout ce qui suivit, même pendant les cérémonies funéraires, Alice ne dit pas un mot. Elle demeura muette, elle ne pleura même pas. Sa souffrance allait bien au-delà de ces basses manifestations physiques. Sa mère, en larmes, lui reprocha sa froideur, son père son impolitesse. Elle n'en eut cure, ses yeux inertes restaient obstinément fixés sur ses pieds. Et rien ne lui fit changer d'attitude jusqu'à ce que ces mots soient prononcés.

 
"Nous devons vendre la boutique et l'appartement au-dessus. On a pas l'argent pour les droits de successions... Et puis, elle ne fera que rappeler des souvenirs douloureux à Alice."
 
            Elle ne se souvient pas de qui, de sa mère ou de son père, dit ces mots honnis, elle ne se souvient que du cri qu'elle poussa, des larmes, qui, enfin, jaillirent de ses yeux et de la violence de sa réaction. Elle avait mal, tellement mal que toute cette douleur devait sortir. Et c'est comme possédée qu'elle jeta tout ce qui lui tombait sous la main à ses parents, contre les murs, les injuriant de tous les noms, embarquée dans une frénésie telle que même son père ne put l'arrêter. Elle, la frêle adolescente aux airs maladifs. Elle hurla et se déchaîna tant et si bien qu'à la fin, elle s'endormit d'épuisement.
            Peu après, Alice se lança dans une bataille pour la garde des biens de ses grands-parents, avant de définitivement quitter cette vie pour s'enfermer dans ce qu'elle avait eu tant de mal à conserver. Depuis cet instant, sur le parquet d'or baigné de lumière, elle prit une décision : plus jamais. Plus jamais elle ne souffrirait, plus jamais elle n'aurait à affronter le sang au bord de ses lèvres et son cœur brisé hurlant son agonie. Elle vivrait dans son monde, ici, auprès de ses chers, si chers souvenirs. Peu lui importait le mensonge d'un univers sans souffrance, l'illusion de quatre murs protecteurs. Après tout, qu'est-ce que la liberté face à la promesse d'une existence paisible, sans crainte ? Sa porte close à tous, elle vécut seule et recluse pendant deux longues années, oubliée de l'extérieur, prisonnière de ses craintes, fuyant ce qu'elle ne pouvait encore affronter. Jusqu'à ce jour qu'elle n'oublierait jamais, fut-il auteur de la plus longue des tortures ou de l'éternelle félicité.




Post Rp.


         Ses doigts blancs glissèrent le long des lueurs d'or s'étendant sur le parquet, dansant dans leur chaleur, alors qu'elles reculaient peu à peu vers la fenêtre ouverte, les longs rideaux blancs ondulant devant ses yeux, jouant avec les lumières, les ombres. Son corps dont les pieds nus battaient le rythme d'une chanson inaudible. Ses lèvres pâles remuant dans un souffle les paroles oubliées d'un hymne au soir qui tombe, quand les rayons solaires se tachent d'un rouge rosé à la beauté trompeuse. Les couchers de soleil, aussi somptueux soient-ils, n'ont jamais occulté la crainte de la nuit profonde et des cauchemars qui la parsèment. Les faisceaux dorés s'estompèrent peu à peu et disparurent finalement face aux ombres, les tons rouges s'emparant de la pièce, tournant doucement au violet puis au bleu sombre. Alors que sa vue baissait dans le noir, Alice frissonna et ferma la fenêtre dans un soupir. Ses mains se portèrent à ses yeux, les frottant un instant pour se réveiller. Elle se sentait si fatiguée, épuisée. Depuis trois jours, elle s'empêchait de sombrer dans le sommeil, la peur la tenant éveillée jusqu'à ce que le jour se lève. Ce soir encore, elle allait livrer la lutte inégale contre un royaume des songes lui ouvrant grand ses bras de merveilles et d'horreurs. Mais ce soir encore, sa peur la tiendrait éveillée pour fuir ce cauchemar tenace qui, depuis déjà quelques semaines, l'emmenait chaque soir dans des lieux affreux. Ses souvenirs avaient beau être confus à leurs propos, la frayeur qui faisait battre son cœur chaque matin et couler les larmes sur ses joues était une preuve suffisante et une raison pour dormir le moins possible... Même si elle devait en mourir.
            Sa main glissa sur l'interrupteur, le plafonnier de l'atelier s'alluma dans un clic, diffusant sa lumière jaunâtre dans la pièce. Elle appuya sur le bouton de l'écran de l'ordinateur et ce dernier s'éclaira, affichant les dernières commandes passées par ses clients. Cette nuit encore, elle aurait de quoi s'occuper, et cette certitude la rassura un peu. Attrapant un rouleau de tissu sombre, doux et soyeux, elle en découpa un pan, puis, l'aplatissant au sol, elle entama au crayon blanc les dessins des patrons pour une peluche de griffon. La bête se dessinait dans sa tête, elle en avait déjà fait plusieurs durant sa courte carrière, mais ils étaient tous différents, avaient tous leur petit caractère, le petit plus qui rendait à chaque fois ses créations toujours plus belles, plus vivantes. Les clients étaient toujours ravis de ces "petites surprises", ils avaient toujours ce qu'il désirait et plus encore. Du moins, personne ne s'était jamais plaint de quoi que ce soit. Ce fauve mythologique-là serait le mélange du corbeau aux ailes de nuit et du loup à la fourrure de neige parsemée d'or, en rappel de ses yeux d'ambre. Les fauves avaient toujours des yeux aux couleurs chaudes, un regard brûlant et captivant, toujours empreint d'un calme serein, d'une assurance troublante. Elle les réussissait toujours très bien.
 
            Les ciseaux circulaient lentement sur l'étoffe, découpant les lignes blanches avec application, mais quelque chose était différent ce soir. Au fur à mesure qu'elle progressait, ses gestes se faisaient plus lents, plus hésitants, elle les suspendait parfois, l'espace de quelques secondes, avant de reprendre son travail. Doucement, lentement, avec précaution, le poison du sommeil faisait son effet. Et bientôt, Alice s'effondra entre les diverses étoffes de son ouvrage, fermant ses yeux entre les fils et les ustensiles hétéroclites couvrant le sol de l'atelier. C'est à cet instant que recommença à nouveau son cauchemar à Dreamland, et ce malgré toute sa volonté de l'en empêcher.
 
            Elle fronça le nez. Elle ne savait pas exactement où elle était désormais, mais l'endroit sentait la mort et l'odeur était insupportable. Elle imprégnait tout et semblait s'infiltrer jusque dans son être, lui collant à la peau. Aussi dégoûtante qu'elle soit, cette odeur lui était étrangement familière, tout comme le lieu qui la propageait. Avec précaution, comme espérant se tromper, elle ouvrit les yeux pour découvrir la pierre froide, les barreaux rouillés et le sol rougi par le sang. Un gémissement étouffé s'échappa de sa gorge quand elle découvrit, malgré la pénombre de ces lieux, les deux corps inertes et mutilés au fond de sa geôle. Et cette petite plainte se changea en sanglots quand, en tentant de se relever, elle sentit ses poignets retenus au sol par de lourdes chaînes. Désespérément, elle tira, frotta, mordit ce métal froid qui l'emprisonnait et l'empêchait de fuir ou de se défendre. Les fers lacéraient sa peau, la blessant et déchirant la blancheur immaculée de son épiderme, en une éclosion de rouge sanguin. Ses sanglots se changèrent en cri de désespoir et de terreur quand elle entendit, au loin, les pas lourds de son bourreau. Depuis des nuits, c'étaient toujours les mêmes, toujours, menaçants, lents et cette voix, rauque, presque éteinte, qui au loin susurrait son prénom :

 
"Alice... Alice... Où es-tu aujourd'hui, ma petite Alice ?... Je... Nous venons pour toi, petite Alice. Nous venons pour t'emmener au pays de tes peurs et de tes cauchemars. Qu'as-tu à nous offrir... Alice... Alice..."
 
            Elle tira de plus belle sur sa chaîne, malgré la douleur, grondant d'une rage impuissante alors que les pas se rapprochaient de plus en plus, encore et encore, jusqu'à ce qu'ils cessent soudainement. En face d'elle, au travers de la grille, se tenait l'ombre abhorrée. Un sourire hideux sous la capuche de chair lui tombant sur le visage et, sur un ton de miel, cette voix qui sonnait comme le crissement d'une craie poursuivit :
 
"Tu es là, chère petite Alice. Comme je... Nous sommes heureux de te revoir. Cela fait, si, si, si longtemps que nous ne t'avons pas vue. Ô combien de temps ai-je passé sans ce petit corps qu'est le tien. Chère, très chère petite Alice... Ta peau si blanche... Si blanche... Laisse-moi, s'il te plait, oui, laisse-moi, lui apporter un peu de sa couleur... Hm... Sa couleur viscérale !"
 
            Le son hideux de la grille grinçant sur ses gonds la fit frémir de tout son corps. Elle se recroquevilla en position fœtale dans un coin de la geôle. La peur gelait tout son être, la rendant incapable du moindre geste. Seul un souffle rauque et saccadé s'échappait de ses lèvres luisantes de larmes. Soudain, un flash rougeoyant éclata dans son esprit, un cri perça le silence des pierres, et elle sentit confusément la traînée chaude du sang coulant le long de sa cheville. Elle sentit ses cheveux tirés brutalement en arrière, exposant sa gorge nue, et doucement la lame glisser sur la peau, l'ouvrant sans effort. Elle criait, encore et encore, mais elle bougeait à peine et peu à peu, ses pensées se fermèrent. Mais la douleur ne passait pas. Elle demeurait, fraîche, intacte, alors que peu à peu elle brisait un peu plus son corps, à chaque goutte de sang versé. Mais rien n'était plus horrible que cette voix chantonnante alors même que les poings gantés et les pieds ferrés frappaient son corps, l'envoyant contre les murs froids et humides.
 
"Petite Alice, comme nous nous amusons chaque fois que tu viens ! J'aimerais tant que tu comprennes à quel point... Hm, oh oui, à quel point ! Tes cris sont une bénédictions... Un enchantement, pour nous... Mais passons à autre chose, je sais que nous pouvons jouer ensemble encore un moment... Un nouveau jeu... Oui... Si... Si nous invitions quelqu'un d'autre ? Oui... Tu as fait du mal à ces personnes...Chère petite Alice. Une telle déception...Tes parents et... Tes grands-parents... Tu te souviens encore d'eux, ceux qui sont morts... Tu n'étais même pas là, tu n'as même pas pleuré, même pas crié... Mais nous... Nous... Nous te faisons hurler."
 
            Un spasme parcourut son corps inerte, mais elle ne bougea pas, seul un faible gémissement s'échappa de sa gorge dans un gargouillis sanglant. Seul les cris, la voix de ceux qu'elle avait perdu la réveillèrent. Ses yeux clos ne la laissait pas voir, mais elle n'en avait pas besoin. L'image s'était déjà effacée, ces murmures étaient dans sa tête, uniquement, invoqués par celui qui coupait sa chair et brisait ses os. Elle souffrait, certes, mais elle avait fait souffrir aussi, à sa manière. En choisissant de fuir toute douleur, elle s'était faite victime d'une nouvelle souffrance, celle de la honte et de la solitude. Elle releva lentement la tête, rouvrant ses yeux gonflés péniblement. Le sang coulait sur son visage et les plaies qui couvraient son corps troublaient sa vue, mais il lui semblait qu'elle entendait plus distinctement encore l'horrible voix.
 
"Tu n'es pas censée ouvrir les yeux... Rendors-toi, oublie tout, chère petite Alice... Oui, offre-toi aux délices du sang et de des plaies. Tu as peur, tu es terrorisée et tu ne peux pas t'enfuir. Tu es notre proie, notre chose et seule ta mort te libérera de ces tourments, ma... Notre chère, si chère petite Alice... À moi... Nous... Finissons-en, maintenant, veux-tu ?"
 
            Elle sentit plus qu'elle ne vit l'étau glacé se refermer sur sa gorge, alors qu'une force incroyable la soulevait de terre comme si elle n'était qu'un fétu de paille. Elle étouffait, et tous ses membres étaient pétrifiés par ses blessures. Mais pour la première fois depuis qu'elle était prisonnière de ses cauchemars, elle se débattit, ce qui apparemment déplut profondément à son bourreau. Un craquement sourd résonna dans la pièce, quand il frappa à nouveau son visage. Il criait quelque chose, la voix perdait de son ton doucereux, de son ignominieux miel empoisonné et une vague idée s'imprima soudainement dans sa tête : si c'était lui, désormais, qui avait peur d'elle ? Mais pourquoi donc ? Pouvait-elle le faire ? Était-ce juste de lui faire peur, de lui rendre ce qu'il lui avait donné ?... A la réflexion, oui, c'était même de la politesse.
 
            Ce fut presque en spectatrice, sans emprise sur l'action se déroulant devant elle, qu'elle vit sa propre main s'abattre avec une violence inouïe sur ce qu'elle identifia comme la tête de son adversaire, le projetant au sol.
            Il prononça quelques mots qu'elle comprit à peine, elle se sentait bizarre, comme si quelque chose grandissait en elle rapidement. Un feu ardent la brûlant de l'intérieur et progressant toujours plus vite. Elle se recroquevilla, sa respiration lourde et irrégulière, les battements de son cœur résonnant au fond de son crâne. Une lumière explosa soudainement tout autour d'elle, déchirant les lourdes pierres et les barreaux d'acier comme un vulgaire décor de papier. Le paysage s'ouvrit, éblouissant et désert.
 
            Bravant les douloureux élancements de son corps, elle se releva complètement, tachant de comprendre où elle se trouvait et ce qu'il se passait. Tout était si étrange, si bizarrement réel. Elle ferma les yeux. L'air environnant griffait ses plaies, mais la douleur était soudainement devenu une chose qu'elle pouvait désormais supporter avec courage. C'était le début de quelque chose et elle le ressentait au plus profond d'elle-même : les choses allaient changer.

 


Autres.

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N'aime pas : Les jouets en plastique dégueulasse, le monde, l'agitation
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MessageSujet: Re: Alice Sauvebois [Fini] Alice Sauvebois [Fini] EmptyMar 2 Oct 2012 - 20:35
.

Bienvenue à toi sur le forum !
Bon courage pour ta présentation, et tiens nous au courant de sa progression ^^


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MessageSujet: Re: Alice Sauvebois [Fini] Alice Sauvebois [Fini] EmptyMar 2 Oct 2012 - 21:14
Merci ^^ Je ferai en sorte de prévenir. En l’occurrence il faut que je finisse l'Histoire (qui est pas mal entamée, là, je pense), que je fasse le post (qui risque d'être long) et que je me relise sinon c'est le carnage.

Sinon, j'aimerais savoir si le pouvoir de mon perso convient, malgré une part tout de même très aléatoire à son déclenchement / sa puissance ? Si ça parait trop limite ou quoique ce soit, je peux en rester à de l'invocation classique avec des mots déjà définis, mais j'avoue que je trouverais ça bien plus classique et moins drôle à RP.

Puisque j'y suis j'aimerais aussi savoir si je peux parler dés la présentation d'un objet magique qu'elle possédera peut-être plus tard dans le développement RP mais dont elle commence à connaître l'existence dés maintenant ou s'il est préférable de ne pas en faire mention ici ?

Désolée si j'ai l'air envahissante avec mes questions, mais autant commencer dés à présent ^^'
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MessageSujet: Re: Alice Sauvebois [Fini] Alice Sauvebois [Fini] EmptyMar 2 Oct 2012 - 23:10
Bienvenue sur le fow ^^

Pour ton pouvoir, on peut le garder et on l'approfondira dans la fiche technique.
Pour la suite de ta fiche, on l'attend avec impatience. Si tu as la moindre question, n'hésite pas à nous la poser.
Tu peux bien sûr citer un Artefact que tu pourras tenter de gagner par la suite. Attention cependant, tu risques de douiller si l'Artefact est trop puissant. Si tu veux, tu peux m'envoyer un MP avec les détails et je te dirais ce qu'on pourra en faire et si tu pourras l'obtenir rapidement ou pas.
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MessageSujet: Re: Alice Sauvebois [Fini] Alice Sauvebois [Fini] EmptyMar 2 Oct 2012 - 23:32
Merci beaucoup pour l'accueil et les éclaircissements ^^

Oui, si ça ne dérange pas j'aimerais bien avoir quelques infos sur ce qui m'attend si je choisis d'incorporer un artefact dans le BG de mon perso. Donc je vais t'envoyer une petite description de ce dernier.
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Alice Sauvebois
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MessageSujet: Re: Alice Sauvebois [Fini] Alice Sauvebois [Fini] EmptyLun 29 Oct 2012 - 17:07
Désolée pour le double post, mais j'ai enfin fini !

Excusez le temps que ça m'a pris, j'espère au moins que ça valait le coup d'attendre ^^'
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Ed Free
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MessageSujet: Re: Alice Sauvebois [Fini] Alice Sauvebois [Fini] EmptyLun 29 Oct 2012 - 19:48
Bah... euh... moi, ça me semble... euh... comment dire...
On va dire parfait.
Rang 3
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Khildar Blacksilver
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MessageSujet: Re: Alice Sauvebois [Fini] Alice Sauvebois [Fini] EmptyLun 29 Oct 2012 - 20:58
Je rejoins l'avis de Ed.

Le style est enchanteur, surtout pour le début du post rp qui fait rêver.

Je valide donc rang 3, invocatrice de la douleur
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Lithium Elfensen
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MessageSujet: Re: Alice Sauvebois [Fini] Alice Sauvebois [Fini] EmptyMer 31 Oct 2012 - 1:03
.


La même !

Couleurs mises.
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