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Apocalyptica... tastrophe pour certain ! [pv Heloïse]

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Alan Kesey
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MessageSujet: Apocalyptica... tastrophe pour certain ! [pv Heloïse] Apocalyptica... tastrophe pour certain ! [pv Heloïse] EmptyLun 3 Sep 2012 - 22:55
- Promis, lâcha Alan avec la conviction du VRP de chez Cal Vissie, fabriquant de shampoings pour chauves depuis 70 ans. Recette inchangée !

Pour donner le change, il s’était même essayé au sourire rassurant. Echec sans appel, son faciès surpris par cet exercice inhabituel s’était mué en masque d’horreur. Que cela lui parut crédible ou pas, la jeune femme n’insista pas d’avantage. Après-tout, elle n’était pas responsable de lui en dehors de l’hôpital. Si demander aux patients de ne pas risquer leurs misérables vies sitôt sortis de convalescence était d’usage, la réponse n’avait peut-être aucune importance. Bien sûr, l’adjectif ‘’ misérable ‘’ est à garder pour sois. L’espace d’un instant, Alan se demanda si son jeu d’acteur était suffisamment bon pour duper l’infirmière ou si elle n’en avait simplement rien à foutre. Il fallait une certaine conscience professionnelle pour choisir de passer sa vie à sauver celles d’inconnus ingrats. Celle d’Alan se résumer à ne vendre de M. Levy sous aucun prétexte, mais cela tenait sans doute d’avantage de l’arrogance du libraire qu’à un véritable dévouement à la cause lettrée.

Après un rapide coup d’œil aux multiples appareils – tous plus superflus les uns que les autres – qui étaient branchés à Alan, l’infirmière s’en alla sans un mot. A peine un regard qui pouvait très bien signifier ‘’ il ne vous reste qu’une heure à vivre ‘’ ou encore ‘’ il ne reste plus rien à la cantine ‘’. Alors quoi ? C’est bon signe que ça fasse bip ? C’est normal que ce soit vide ça ? A travers l’uniforme, Alan ne manqua rien des courbes harmonieuses de celle qui passa du statut de créature écervelée à ange-gardien alors que son regard descendait de ses épaules jusqu’à ses longues jambes. Le fantasme de l’infirmière était sauf, la blouse n’avait pas rompu le charme. Il n’en voulu plus à la demoiselle. Il avait même oublié la raison d’une éventuelle rancœur.

Alité depuis trop longtemps. Non, célibataire depuis trop longtemps. C’était peut-être une explication. Quand il se retrouva à nouveau seul dans la chambre blanche de l’hôpital de Rennes, Alan soupira. Parfaite illustration de son ressentit actuel. La veille – à moins que ce ne fusse l’avant-veille – le jeune homme avait été transporté aux urgences après s’être fait poignardé. Depuis l’opération, une nouvelle cicatrice s’était ajoutée à son palmarès. Plus tard, il apprit que les responsables furent arrêtés et écroués. Cela ne le soulagea pas même une seconde, il songeait d’avantage à ceux qui n’avaient pas eu le cran d’agir.
L’heure n’en était toutefois pas aux accès de misanthropie aigüe. Il y a un temps pour haïr et un pour aimer. Le soir même, il avait rendez-vous avec les violoncelles d’Apocalyptica. Rendez-vous à ne manquer pour rien au monde, pas même pour la perspective de voir sa cicatrice se rouvrir pendant un pogo et se vider de son sang au milieu d’une foule hystérique. Dans le meilleur des cas, celle-ci ne s’en rendrait même pas compter. L’alternative étant un bain de sang, et l’idée avait un petit quelque chose d’étrangement attractif. Les poils sur ses bras se dressèrent. Était-ce un frisson de bonheur ou de peur ? Le plus troublant, c’était qu’il n’en avait lui-même pas la moindre idée.

La douleur sourde, lancinante, dans son bas-ventre se sentit lésée. L’ampoule de morphine était complètement vide. Il n’avait toujours pas pris sa décision. Arpenter les chemins sinueux de l’addiction pour mieux les bétonner avait quelque chose d’attirant. D’un autre côté, explorer les facettes et les terres encore vierges de la douleur le laissait rêveur. Sous peu, il devait faire un choix. Les jointures de ses doigts blanchirent quand il ferma les poings pour retenir un râle de souffrance. Dans un cas comme dans l’autre, c’était forcément une mauvaise idée.

Dans le sac aux pieds de son lit, Alan récupéra ses vêtements. Le t-shirt manquait à l’appel, la police s’en était emparée comme pièce à conviction. En échange, il avait eu le droit à un t-shirt qui, il fut un temps, devait être blanc. Il était beaucoup trop grand, lui arrivant presque au niveau des genoux. Le jeune homme récupéra le reste de ses effets personnels et disparu sans un mot. Quand l’infirmière revint pour changer le bandage qui encerclait la taille d’Alan comme une côte de maille, la pièce était vide. Pas l’ombre d’une trace d’Alan. Elle était sûre, pourtant, qu’il y avait eu un garçon ici, moins de dix minutes auparavant. Puis, elle songea qu’elle était fatiguée, qu’elle avait rêvée et disparue vaquer à d’autres occupations. La jeune femme refit le lit, ouvra la fenêtre et oublia Alan.

Un puissant jet d’eau glacial s’abattit sur sa peau nue. Une douche froide, c’était le meilleur moyen de dégager sa cervelle du coton et des toiles d’araignée qui l’encrassait. Son cœur, dans sa poitrine, battait la chamade. Une sensation qui le maintenait les pieds sur terre, lui rappelait sa condition de mortel. Comme s’il en avait besoin. Pendant la demi-heure de trajet qui séparait l’hôpital de chez lui, qu’il préféra étrangement faire à pied, il avait eu tout le temps de méditer sur l’agression. C’était tellement stupide, cette histoire. Depuis bien longtemps, Alan s’était mis en tête de remporter le prix Darwin. Ce prix qui ‘’ récompense ‘’ les hommes décédés de façon stupide sans avoir engendré de descendances et qui, par conséquent, n’avaient pas répandus le gène de l’idiotie. Mais crever aussi ridiculement qu’il l’avait risqué, cela le révulsait tout simplement. Alan se surpris à rire tout seul, alors que les passants le fixer d’un air méprisant. Loin de se calmer, le jeune homme enfonça le clou et partis d’un rire digne d’un psychopathe ou de Bowser. Qu’ils aillent moisir en enfers, s’était-il dit, nouvelle preuve de son inconditionnel altruisme.

Son cœur repris un rythme normal lorsqu’il coupa le jet. Comme habitude, il resta un moment vouté sur lui-même, fixant un point indéfinis alors que l’eau ruisselait sur sa peau. Il pouvait rester plusieurs minutes ainsi, perdu dans des pensées parfois aussi profonde que l’eau dans laquelle ses pieds pataugeaient. Comme la dimension épique d’une hypothétique rencontre entre le Joker et The Mask. Le pommeau s’épuisa et Alan ouvris la porte vitrée d’un geste sec. Il avait bien faillis glisser et s’étaler de tout son long cette fois encore. Note à lui-même : penser à acheter un tapis antidérapant. Pendant qu’il se séchait, Alan appliqua les conseils des médecins pour refaire le bandage qui empêcherait sa cicatrice de s’infecter. Le jeune homme était bien loin d’être capable de s’occuper de lui tout seul. Le bandage était grossier, trop serré et probablement inutile. Qu’importe, il était bien trop feignant pour recommencer et quitta la salle de bain pour enfiler des vêtements propres et plus agréable. Eddy le menaçait du canon d’un pistolet laser sur le t-shirt qu’il choisit. Vas.

En chemin, il constata amèrement la disparation de son mp3 et du casque qu’il s’était offert. En plus de ça, quelqu’un lui avait volé son téléphone. Alan songea que c’était peut-être une bonne chose. Toujours peu enclin à utiliser les transports en commun, le libraire fit le chemin entre son appartement et la salle de concert à pieds, découvrant par la même occasion un quartier qu’il n’avait encore jamais visité. Devant la prison pour femmes, son esprit s’évada de cette enveloppe charnelle qui l’enracinait sur terre. Il côtoya un instant les détenues, alimenta un instant l’érotisme vulgaire de la situation.

- Vous avez fait votre choix ? s’enquit une voix douce.
- Hm ? Ah oui, un steak frittes s’il vous plait ! répondit Alan à la serveuse qui l’avait tiré du coma dans lequel il avait sombré dès son arrivée au restaurant.
- La cuisson ?
- Saignante !

Sur ces mots, il glissa un petit sourire sadique qu’il utilisait pour illustrer ses choix gastronomiques.

- Et un coca ! l’apostropha Alan, l’air désespéré à la simple idée d’en manquer.

Repus, le jeune homme s’adressa à la table voisine pour demander l’heure. Visiblement, eux aussi se rendaient au concert et ils levèrent ensemble leurs verres, à la santé du metal. Alan faisait pâle figure avec son soda, comme d’habitude. Le zénith était de l’autre côté de la rue et Alan se sépara du groupe en leur souhaitant une bonne soirée, eux avaient d’autres choses prévues avant.

La fosse était encore viable, mais les gradins étaient bien sûr noirs de monde. Qu’importe, il n’était pas venu pour poser son cul sur un fauteuil en plastique à écouter de la musique à fond. Ça, il pouvait très bien le faire chez lui. En l’espace de quelques minutes, alors qu’Eicca Toppinen venait d’apparaitre, l’atmosphère se réchauffa sensiblement. Il ne fallut pas attendre très longtemps pour les entendre jouer The Nothing Else Matters. Ça pouvait commencer !
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Héloïse Massard
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MessageSujet: Re: Apocalyptica... tastrophe pour certain ! [pv Heloïse] Apocalyptica... tastrophe pour certain ! [pv Heloïse] EmptyDim 23 Déc 2012 - 17:51
La vapeur envahissait peu à peu la pièce. La fumée contournait les objets et englobait les meubles de la salle de bain. On se serait cru dans un immense nuage de purée de pois. L’intérieur de la tête d’Héloïse était un peu dans le même état…

Maths, maths, et encore des maths. Toujours des maths. Dans quoi c’était-elle lancée ? Un bac S, avec spécialité maths… Quelle folie l’avait prise ? Il est vrai qu’Héloïse aimait les maths. Etrange vous direz ? Cela dépend des points de vue. Dans le fond, les maths, ce ne sont que de la logique. Une suite logique de choses et leurs conséquences. On a assez de problème dans la vie ? Sûrement. Mais les maths nous donnent un esprit logique, cette capacité à trouver une solution à un problème en se référant à toutes ces propriétés de la vie. Voilà ce que sont les maths. Et c’est sûrement l’une des principales raisons pour lesquelles Héloïse c’était lancée dans cette aventure. Elle venait de passer plusieurs heures à finir un fichu DM de maths, vous savez, le genre de DM qui vous prend au moins cinq bonnes heures dans la semaine et qui vous farcie la tête de « matière grise » comme dirait ce cher Monsieur dont nous ne citerons pas le nom. Après tant d’efforts cérébraux, une douche était la bienvenue.

Elle éteignit l’eau, tira le rideau et attrapa sa serviette. Elle regarda brièvement sont reflet embué dans le miroir, se sécha puis ouvrit la porte de la salle de bain. Une vague de fraîcheur la fit frissonner, elle se dépêcha donc de filer dans sa chambre. Elle prit un vieux jean un peu troué, un débardeur noir moulant et ses chères et tendres rangers. Elle alla se maquiller, un peu plus que d’habitude. Une fois les cheveux séchés, elle alla embrasser son père qui venait de rentrer du travail.

« - B’soir ‘pa. Passé une bonne journée ?
- Ca va… Et toi ma belle ?
- Tranquille… »


Son père déposa ses affaires, sourit à sa fille se dirigea vers la cuisine. Il revint en sursaut, comme s’il venait de remarquer quelque chose d’anormal.

« - Hmm, tu sors ce soir ? T’es plus maquillée de d’habitude…
- Oui P’pa, j’vais au concert, tu sais, celui dont je t’ai parlé…
- Ah oui, Dramatica ou un truc dans l’genre ?
- Ouais ouais, un truc dans l’genre… Je pars dès que je suis prête, je mange pas là ce soir. Je sais pas trop à quelle heure je vais rentrer, mais j’ai mes clés et mon portable si tu as besoin.
- D’accord ma fille, fait attention ! »


Elle sourit légèrement pour le rassurer puis fila dans sa chambre pour finir de se préparer. Place et argent dans le sac, téléphone dans la poche, déodorant parce qu’on ne sait jamais, tampons et préservatifs dans la poche secrète parce qu’on est jamais assez prévoyant, petite trousse de maquillage et brosse à cheveux… Enfin, des trucs de filles quoi. Dernier coup d’œil dans le miroir, on ne sait jamais qui on peut croiser là-bas alors autant être un minimum présentable, puis elle quitta le cocon familial après avoir prévenu son père qui lui avait gentiment souhaité une bonne soirée.

Son père n’avait jamais été très à l’aise avec Héloïse, il y avait toujours eu entre eux un certain gêne… Un sorte de vide qu’ils n’avaient jamais réussi à combler, comme s’il manquait quelque chose entre eux mais ils n’avaient jamais su définir quoi. Ils cohabitaient sans se gêner, faisant leur vie chacun de leur côté. Le contact physique était quelque chose de rare chez eux. Ils n’avaient pas grand-chose en commun, c’était à se demander s’ils avaient bien un lien de parenté… Mais ça leur convenait. Ils étaient aussi solitaire l’un que l’autre, et pour eux tout allait bien.

Héloïse marchait dans la rue, d’un pas qu’elle voulut rapide par habitude. Elle prévu de passer par une boulangerie pour s’acheter un sandwich, ce qu’elle fit bientôt. Elle s’arrêta dans le parc pour manger, puis elle se rendit directement à son concert. C’était l’un de ses groupes fétiches : Apocalyptica. Elle les avait connu il y a peu, mais en était tombé littéralement amoureuse. Dès qu’elle avait appris leur passage près de chez elle, elle avait sauté sur l’occasion et la voilà aujourd’hui, dans la fosse du Zénith, assez fière d’elle car relativement bien placée par rapport à la scène. Cependant, elle regrettait de ne pas avoir de talons hauts… Mine de rien, c’est pratique quand on n’est pas si grande que ça. La salle ne tarda pas à se remplir complètement, et bientôt, le concert commença, avec leur mythique reprise de Nothing Else Matters. Dès les premières notes, la foule se mit à hurler. Puis ils laissèrent place à la musique, la vraie, la pure. Héloïse fermait les yeux pour mieux profiter. Elle sentait les vibrations du sol, ça lui prenait les tripes… Son cœur battait au rythme de la musique. Elle se balançait d’un pied sur l’autre, comptant chaque temps d’un hochement de tête.

Au bout de plusieurs minutes de ce mouvement bateau, elle perdit l’équilibre et se rattrapa en faisant un pas en arrière, en écrasant le pied de la personne de derrière par la même occasion. Elle le bouscula maladroitement avant de se retrouver son équilibre et se retourner. De ce qu’elle vit dans le noir avec la lumière des projecteurs, c’était un homme sûrement âgé d’une vingtaine d’année. Ses traits avaient l’air banals, rien de bien extraordinaire. Elle s’excusa, confuse, cependant incertaine qu’il ait entendu le moindre mot qu’elle ait prononcé. Elle se retourna puis retourna à sa transe, un peu honteuse, en faisant attention maintenant de rester debout.

Le concert continua, il en était arrivé à une autre reprise de Metallica, One.
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Alan Kesey
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MessageSujet: Re: Apocalyptica... tastrophe pour certain ! [pv Heloïse] Apocalyptica... tastrophe pour certain ! [pv Heloïse] EmptyVen 28 Déc 2012 - 21:35
Imperturbable, insondable, véritable roc perdu dans l’océan, à ceci près qu’il était balloté par les flots, rien ne semblait atteindre cet être au visage impassible, qui pouvait tout aussi bien être en tête à tête avec un cactus que pris dans la tempête. Il accueillait les vagues de lumière et de son de plein fouet, sans exprimer la moindre étincelle d’émotion alors que la tornade s’intensifiait. Certains, autour de lui, tentaient vainement de jouer contre elle – vulgaires marins d’eau douce – ils n’avaient en fait pas la moindre chance et échouaient alors misérablement dans de sordides tréfonds. D’autres, guidés par l’expérience, se laissaient emportés par ce raz de marée d’énergie et, alors, ces vieux loups de mers devenaient comme son prolongement.

Émerveillé par ces réinterprétations des classiques de Metallica, le jeune homme ne pipait mot. Si son visage n’exprimait pas cet emportement, il ne fallait pas s’y fier car ce n’est pas en surface, mais en profondeur, que les choses pouvaient se mettre en action. Déjà, ses pieds s’étaient embourbés dans une mare de mauvaise bière et ses poumons cultivèrent rapidement un début de cancer très bien entretenu. Pourtant, Alan nageait avec les sirènes et leur chant l’avait transporté bien loin de cette cale obscure, fétide, surpeuplés d’abrutis de tout acabits. Comme un poisson dans l’eau, il était à sa place et hors de son minuscule aquarium sans fond, il n’y avait rien. Il était heureux sans parvenir à mettre un nom sur ce sentiment, mais inconsciemment, Alan n’était jamais aussi proche de la lune qu’en observant son reflet ici-bas. Et Apocalyptica, à en croire les battements de son cœur, était le plus merveilleux des écrins.

Cette fois pourtant, bien décidé à manifester ses émois, notre joyeux luron s’autorisa une petite folie. Et ainsi, à intervalle régulier, son pied gauche frappait doucement le sol en suivant le rythme. Et comble de l’excitation, le trait qui barrait son visage dans une expression de morosité perpétuelle se mua en non pas un sourire, le bougre pourrait se claquer un muscle, mais en esquisse de rictus à vocation toutefois d’extérioriser son bonheur. Pour être tout à fait franc avec vous, le Narrateur consciencieux précisera que le spectacle n’était pas fameux et la réaction de répulsion digestive d’une âme en détresse qui, pour son plus grand malheur, aperçut Alan à ce moment-là, le convaincu de ne réitérer les faits que sous la menace d’une arme prédisposée à le soustraire à certains de ses attributs personnels.

Par soucis d’intégrité, d’honnêteté et de respect de la vérité absolue, le loyal Narrateur n’omettra pas le détail qui bouleversa un destin parmi tant d’autres. D’ordinaire, les petits calibres évitent les pogo, malheureusement parfois, les pogo viennent à eux. Dans la cohue propre à tout concert – et plus particulièrement quand il s’agit de musique de sauvages – une jeune femme manqua de tomber à la renverse. La jeune femme susnommée, prête à égorger l’impudent qui l’humiliera en la laissant choir, trouva de fait en Alan l’ultime piédestal à sa décence en sursis momentané. Et de son pied elle écrasa Alan le cafard, qui opta alors pour en adopter l’état d’esprit. La tueuse fétichiste, en s’écartant vivement de sa nouvelle victime, lui tint à peu près ce langage :

- Hey, j’aime beaucoup les sashimis !

C’était en tout cas ce qu’Alan lu sur les lèvres de l’inconnue qui, après mûre réflexion et longue observation, n’était plus si désagréable. La musique recouvrait tous les autres bruits parasites et le jeune libraire ne pouvait alors se reposer que sur son expérience de lecture babines. Une expérience remontant à quelques mois alors que dans le bus le ramenant chez lui après une dure journée, il avait observée sur le visage d’une parfaite inconnue – tout aussi parfaitement dessinée – le regardant avec un mélange d’envie et de tristesse, ses jolies lèvres pulpeuses remuants pour former une déclaration d’amour. Malheureusement pour notre romantique à tendances pragmatique – quand cela l’arrange – il ne la croisa plus jamais et c’est ainsi qu’il perdu son portefeuille. Vous l’aurez compris, ses compétences en la matière étaient plus que limités.

- Je préfère les yakitoris ! hurla-t-il en retour, par soucis de politesse et faisant preuve d’une extraordinaire naïveté pour ne pas dire stupidité.

L’innocence est une créature en voie d’extinction. Ainsi, il faut la préserver de l’extérieur, de ce monde pervers et injuste, corrompus. Pour ça, il n’y a d’autres solutions de l’enfermer dans une cage, derrière des barreaux d’acier. A l’écart de la réalité. Il faut alors la dompter, non, la dresser pour que rien ne puisse la souiller. Jusqu’à en faire une bête, un monstre aux crocs aiguisés. L’innocence d’Alan n’avait jamais vu la lumière du jour, ou alors elle ne s’en souvenait plus. Et c’était donc plus touchant encore quand cette candeur se manifestait, même si cela s’avérait aussi rare que ridicule. Le grand problème de l’innocence, c’est qu’une fois perdue, autant dire que c’est foutu.

Sans faire preuve de la plus élémentaire des politesses, la douleur s’invita en Alan. Balayant bonheur et insouciance, elle se moquait des convives réduits à l’impuissance tandis que leur hôte devenait sa proie. Le loup était dans la bergerie, il ne fit qu’une bouchée de l’agneau égaré. Ingénuité, joie de vivre, prestement avalés et digérés. Une fois les lieux approprié, Dame Douleur poussa le vice jusqu’à amener sa sœur d’arme en la personne de Mademoiselle Mépris.

Frustré, Alan voulut quitter la fosse pour s’assoir un moment et se reposer, le temps que la douleur cesse. Sans ménagement, il chercha à se frayer un chemin à travers cette ‘’foule d’abrutis congénitaux’’. Cette dernière ne montra pas d’avantage de retenue et un type plus âgé et visiblement taillé dans le roc repoussa le jeune libraire d’un coup d’épaule pogoïde. Il aurait put enfoncer une porte blindée ainsi, et Alan n’était absolument pas une porte blindée. Il vola sur cinq bons mètres que la foule s’empressa de libérer et s’écrasa pitoyablement à la case départ. A genoux, le souffle coupé, Alan cherchait la vie qui lui glissait du bout des doigts.

L’incident était mineur, il était le seul à s’en retrouver troublé. Heureusement pour lui, ses poumons reprirent une taille normale tandis que sa gorge se desserrait, pour laisser s’engouffrer une grande bouffée d’air saturé de fumée. Remis du choc, notre lamentable héros se releva en grimaçant à nouveau. Dans la chute, une des sutures avait craqué et un drapeau nippon se forma derrière Eddy.
Sa tête lui tournait, il avait alors mal au cœur et une horrible envie de vomir. Envie qu’il refréna tout au fond de lui en se voilant la face. En dehors de ça, c’était un concert super et Alan avait payé suffisamment cher pour en profiter jusqu’au bout. La soirée continue !
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Héloïse Massard
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MessageSujet: Re: Apocalyptica... tastrophe pour certain ! [pv Heloïse] Apocalyptica... tastrophe pour certain ! [pv Heloïse] EmptyMer 3 Avr 2013 - 16:41
Tout était noir. Seuls quelques spots de lumière bleue éclairaient les artistes pour le plus grand plaisir des spectateurs dans un mélange odorant de sueur, clope et bière. Bien qu’elle aimait la virilité d’un homme, ce n’était en général pas ce qui enchantait le plus Héloïse. Le sexe opposé manquait cruellement de finesse. Le jeune homme écrasé un peu plus tôt ne manqua pas de le lui rappeler quand il lui cria qu’il préférait les yakitoris. Cette phrase était dépourvue de sens et complètement inappropriée au contexte actuel. Elle en conclu qu’il avait sûrement dû abuser d’alcool ou bien de substances plus ou moins illicites, mais peu l’importait.

Quelques instants plus tard, il y eu du mouvement dans un coin de la salle : un homme était à terre et une ronde s’était formée autour pour le laisser choir mais personne n’avait l’air déterminé à lui venir en aide. C’était un homme, bien évidement. Que voulez-vous ? Ils veulent toujours se faire remarquer en parlant fort et en attirant l’attention. Et dire que certain draguent comme ça… Après avoir observé la scène du coin de l’œil d’un regard emplis de pitié, Héloïse finit par reconnaître l’homme au sol : c’était le fameux mangeur de yakitoris. Soupire d’amusement. Elle se demandait ce qu’il faisait là et surtout comment avait-il fait pour se retrouver dans une telle situation. Après tout, l’alcool fait faire des choses bien étranges. N’y prêtant pas plus d’attention, elle se reconcentra sur le concert.

« Bouge de là sac d’os. »


Héloïse se retourna et vit une femme blonde bien dosée, mini-jupe, piercings, un verre à la main et un homme sous le bras, les yeux rouges injectés de sang. Il poussait des grognements. Ils n’attendirent pas qu’Héloïse se décale pour passer, ils foncèrent dans le tas.

« Bouge j’t’ai dit putain ! »


Le concert avait déjà bien avancé, la tête de la jeune femme était déjà pas mal farcie. Ce que nous offraient les artistes était vraiment merveilleux, mais bonjour la mentalité des gens. Que dire ? Ils vont à un concert de métal, alors ils fument, ils boivent, et vas-y que j’te rentre dedans et que je t’insulte. Héloïse avait sérieusement besoin de prendre l’air. Elle cherchait la sortie la plus proche, évitant des jets de bière, contournant des couples emboîtés, se faufilant dans des trous de souris pour enfin retrouver l’air frais. Finalement, c’était pour ça qu’elle n’aimait pas le monde. Elle ne supportait pas la cohue ni l’agitation, du moins à très petite dose. Il n’y a pas vraiment de métaphore pour décrire ça, c’est juste qu’au bout d’un moment, ton cœur se serre, tu bouillonnes, tu sens un profond hurlement se former au fin fond de ta gorge, mais tu soupires, reste calme, et tu t’en vas. Elle avait pris une bière au passage, et se posa un peu plus loin, dans une rue en parallèle pour boire tranquillement. Elle n’avait pas envie de rentrer tout de suite, elle voulait juste se poser.

La nuit était fraîche, mais le ciel était dégagé. Les étoiles étaient à peine visibles à cause de la pollution lumineuse de la ville, ce qu’elle regrettait. La rue était déserte, on entendait juste le vrombissement des voitures au loin et une brise souffler légèrement. C’est dans ces moments-là qu’on se sent bien. La bière avait plus un goût de pisse de chat qu’autre chose, mais peu lui important, ce n’était pas bien important. Elle marcha sur plusieurs mètres pour rejoindre une rue un peu plus peuplée. Il était tard mine de rien, elle ne voulait pas qu’il lui arrive une broutille. Elle vit un homme dormir à terre, dans un sac de couchage et plusieurs couches de vêtements sur lui. Il avait l’air bien jeune… Elle se baissa, lui laissa la fin de sa bière et un peu de monnaie qui lui restait dans ses poches puis continua sa route, attristée de voir des gens de plus en plus jeunes sur les trottoirs.

Elle décida finalement de retourner à l’endroit du concert, mais elle ne voulait plus rentrer dans la salle. Elle voulait juste voir les gens, les observer. Elle ne voulait pas rentrer chez elle et elle trouvait que c’était un passe-temps plutôt amusant. Elle se posa non loin de la porte pour être aux premières loges de ce défilé de pantins ivres.
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Alan Kesey
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MessageSujet: Re: Apocalyptica... tastrophe pour certain ! [pv Heloïse] Apocalyptica... tastrophe pour certain ! [pv Heloïse] EmptySam 18 Mai 2013 - 22:20
La lumière des projecteurs imprimée dans la rétine, Alan cherchait désespérément la sortie, presqu’à l’aveuglette. Il disait, comme Churchill, qu'il ne fuyait pas, mais avançait dans une autre direction. Simplement. Oui, c’était simplement une question de point de vu en fait. C’est ça, et avec toutes ses lumières enivrante à l’excès, il est normal d’être troublé. Ah, avec ces tâches dans les yeux, modifiant évidement sa perception de l’univers, Alan se sentait comme Munch alors que sa maladie maculaire s’était déclarée et qu’il peignait à foison sa vision hallucinante et horrifique. Bleu, rouge, vert, jaune… à travers ses pupilles transcendées, le jeune homme se sentait comme Itachi Uchwa, investis d’un don qui lui permettrait de voir le monde sous un autre jour, à la fois nouveau, unique et merveilleusement éphémère.

Premier ministre anglais, artiste génialement cinglé et puis quoi déjà ? ah oui : ninja ! Un jeune homme souffrant manifestement de troubles de la personnalité multiple. Un gros malade mental, bon à enfermer… Mais non, c’est juste un petit garçon qui a peut-être un peu trop d’imagination, qui se cache sous ses draps et rêve d’aventure alors qu’une forte fièvre le cloue au lit. D'un autre côté, une camisole de force n'est peut-être pas une mauvaise idée...

La plus grande frustration d'Alan ne se trouvait pas dans sa vie sentimale auto-sabordée, mais dans sa quête vaine de perdre sa santé mentale. De toucher le font pour y fréquenter l'hystérie. Comme une vieille tantine, agaçante, qui vous murmure quoi faire par-dessus l'épaule. Bruce Bégout voyait dans la folie l'unique voie de délivrance, et le jeune homme croyait dur comme fer en les propos de l'écrivain pseudo-cérébral. Un jour, oui un jour il deviendrait fou et sa vie ne serait plus triste. Bukowksi, depuis son enfer personnel, serait fier de lui et lèverait son coude à la santé d'un paumé.
Il n'y avait plus de droite, ni de gauche. Pas plus de haut ou de bas. Le concert n'était pas exactement à son apogée, la fatigue commençait à faire effet sur les membres du groupes, comme chez les spectateurs. Une bonne fatigue qui rendait extraordinaire l'ordinaire. Chaque pas de danse, chaque coup d'archet, devrait être le dernier. L'excès, vernis sur-brillant de la folie, donnait l'illusion à Alan d'être comme un poisson dans l'eau.

Malheureusement, tout environnement idyllique est destiné à être pollué. Au fond, Alan n'avait rien à faire des idiots qui s’égrainaient au rythme des minutes et rendaient l'ambiance délétère. Le problème, cette fois encore, venait de lui. Il aurait beau jouer ce petit rôle aussi longtemps qu'il le voulait, Alan se savait désespérément sain d'esprit. Pire : conditionné. Il fit donc la seule chose qu'il avait à faire et disparu alors qu'Apocalyptica se consumait lentement sur ses derniers refrains.

Dehors, la place Charles de Gaulle ressemblait à un cimetière d'éléphants, avec pour seuls vestiges, des canettes et des gobelets éventrés, disséminés aux grès du vent. Le jeune homme décompta une trentaine de personnes qui, comme lui, profitaient de l'air frais. Mais les ombres se confondaient les uns dans les autres, les petits groupes éparses semblaient fuir les lampadaires jaunes. Eux aussi devaient faire une overdose de lumière. Ses propres oreilles sifflaient, comme après chaque concert où il se rendait et du coton s'était glissé à la place de ses os, le transformant en un Wolwerine modèle ridicule. Incapable de porter d'avantage son propre poids, Alan s'affala par terre, le dos contre un mur, et s'empressa de sortir de sa besace – il affectionnait particulièrement ce mot – assez de sucrerie pour nourrir un pays du tiers-monde pendant plusieurs mois.

Son crime contre l'humanité passa inaperçu, ou presque. Ce soir, il allait payer pour ce terrible forfait. C'est un corps sans vie et aux doigts couverts de chocolat qu'on découvrira demain matin. L'état du corps et la proximité d'un concert d'une sorte musique pour sauvages offrirait à la presse – et donc à la plèbe – une fantastique histoire de magie noire et de satanisme. Une autre fois peut-être. Alan acheta sa vie – soit deux kinder bueno – en proposant à son hypothétique futur agresseur de partager sa modeste pitance. Après de trop longues minutes, le libraire remarqua les sutures qui avaient lâchées et son sang qui tâchait son chouette t-shirt. De toute façon, il était l'heure de rentrer.

Bonne fin de soirée, lança-t-il à la forme indéfinie, mais chez qui il cru toutefois reconnaître l'ombre d'une poitrine.

Cinq minutes plus tard, il croisait toujours les doigts pour ne pas s'être trompé dans ce jugement quelque peu hâtif. Une main contre son abdomen, marchant d'un pas mal assuré et boitant après de multiples pogo, Alan faisait peine à voir. Son allure quasi-clochardesque ne le gênait même plus, il voulait son canapé. Le jeune homme divagua de bon cœur jusqu'à arriver devant son nid douillet qu'il n'avait pas vu depuis... oh, il ne s'en souvenait même plus. La clef remua dans la serrure et Alan poussa avec emportement la porte de l'appartement, un sourire honnête et pure sur le visage.
Plouf.

Comment ça, plouf...? chouina Alan, qui s'attendait dors et déjà au pire. Et le pire l'attendait au tournant, sous la forme d'une inondation qui avait envahie la totalité de sa cuisine en épargnant miraculeusement sa modeste chambre. Un juron, murmuré comme un sanglot, une porte qui se referme, et un Alan réellement malchanceux qui compte les étoiles, assis sur le bord du trottoir.



[HRP : Désolé, c'est très court surtout en considérant le temps que cela m'as demandé...]
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Héloïse Massard
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MessageSujet: Re: Apocalyptica... tastrophe pour certain ! [pv Heloïse] Apocalyptica... tastrophe pour certain ! [pv Heloïse] EmptySam 15 Juin 2013 - 14:03
C’est vraiment passionnant de voir l’unicité que la nature nous a offerte. Des formes, des couleurs, des visages différents et propres à chacun. Vous ne trouverez jamais deux être identiques, du moins pas dans notre siècle. C’est passionnant et à la fois frustrant. Frustrant de voir ce que la nature humaine en a fait : elle s’unifie en groupe, en type, cherchant à perdre son originalité, pour ressembler, et chercher à s’assembler. Pourquoi ? Peur de la solitude ? Peur du rejet ? Peur d’être jugé ? Peur d’un manque d’amour ? Sûrement. Dans tous les cas, le résultat est le même. On cherche à s’identifier, devenir et être quelqu’un qui ne nous ressemble pas mais qui (« nous » dans le meilleur des cas) plait. C’est ainsi que ce soir-là, Héloïse assistait à une cavalcade de gens, de la blonde platine se trémoussant sur des échasses en mini-jupe ras la touffe, au métalleux, cheveux longs, habillé en noir de la tête aux pieds avec le t-shirt du groupe, en passant par le vieux, un peu gros, avec un t-shirt de Metallica, fan jusqu’au bout des ongles et le geek, grassouillet, boutonneux qui avait osé sortir de sa tanière pour affronter le monde réel. Héloïse ? Où ce plaçait-elle ? Dans les exceptions. Ou la banalité ? Elle n’en savait rien. Un entre deux qui lui plaisait plus ou moins. Elle aimait avoir ses propres idées, son propre avis sur la question. Elle aimait apprendre des gens en observant, mais n’aimait pas reproduire. Avec elle, c’était un mix arrangé à sa manière des choses qu’elle aimait chez certaines personnes, voilà tout. Même si son jugement était un peu dur, pessimiste et qu’il manquait certainement de maturité, elle continuait d’observer, son seul passe-temps pour le moment, même si la fatigue la guettait et il était assez tard pour qu’elle commence à avoir faim. 
Un homme vint troubler ses pensées. Ses traits lui étaient familiers, il ne devait pas être très loin d’elle dans la salle du concert auquel elle venait d’assister. A voir sa tête, on aurait dit qu’il revenait d’un marathon dans lequel il aurait donné corps et âme pour parvenir à la ligne d’arrivée. Il se tenait l’estomac en boitant, comme si sortir de la salle avait été l’épreuve la plus pénible de sa vie, comme si le poids de l’humanité pesant sur ses épaules avait été trop lourd. Il s’appuya contre le mur près de la jeune fille à la chevelure sombre se laissant glisser jusqu’au sol, étendant ses longues jambes fines contre le bitume. Héloïse le regardait sans vraiment le regarder, d’un œil vide et absent. Il prit son sac sur les genoux et en sorti une barre chocolatée. Il en proposa galamment à la demoiselle, qui ne refusa pas cette offre, sans pour autant lever les yeux vers elle. Cette petite sucrerie était la bienvenue. 
C’était un kinder bueno. Cela ne manqua pas de lui rappeler la pub avec ce tennisman maintenant devenu célèbre. Elle ne regardait pas souvent la télé, juste pour les informations lors du repas avec son père car elle était très méfiante vis-à-vis des informations que divulguait la presse dans leurs journaux. Ainsi que la pub d’ailleurs. C’était une petite rebelle de la société, entravée par cette impuissance accompagnée d’une touche de flemme qui la maintenait au stade du raisonnement et de la rébellion intellectuelle. Néanmoins, une petite friandise de la part de cet inconnu était la bienvenue. D’ailleurs, Héloïse n’aurait su dire si celui-ci sortait du lot ou si justement, il y entrait. Il n’avait pas l’air d’appartenir vraiment à un quelconque « groupe ». La douce lumière d’un lampadaire non loin de là éclairait les traits de son visage, ce qui renforça l’impression de banalité que la demoiselle avait déjà ressenti auparavant. Il ressemblait plus à un étudiant en galère qu’à autre chose. Il n’était pas bien épais et sa tenue vestimentaire laissait à désirer. Mais il n’avait pas l’air bien méchant. Après avoir terminé son petit plaisir, il se leva murmura quelque chose entre ses dents qui ressemblait à « bonne soirée » et il s’en alla. Elle le remercia et le regarda s’en aller de ses yeux clairs. 
L’odeur âcre de la fumée de cigarette vint troubler son odorat, ainsi qu’une odeur d’illégalité. Héloïse avait un avis partagé à ce sujet. Elle avait eu « l’occasion » de fumer du tabac à l’une des rares soirées où elle avait été invitée. Depuis toute petite, on lui répétait que c’était mauvais pour la santé et que les gens mourraient d’un cancer quand ils fumaient trop. Même à la télé, on voyait souvent des pubs avec des moyens diverses et variés pour que les gens arrêtent de fumer. Et puis, l’adolescence. Tout le monde se met à fumer, ou du moins à essayer, parce que c’est cool, parce que c’est interdit. Mais elle avait une sensation étrange au fond d’elle. Comme si c’était une évidence, elle savait qu’elle allait fumer plus tard. Immature me direz-vous ? Ce genre de « pulsion » ou de « prémonition » on les retient. Sauf que ce sentiment était mêlé à de la curiosité et du vice. C’est ainsi qu’à l’une de ces soirées, elle avait emprunté temporairement une cigarette à quelqu’un. Ça avait été presque quelque chose de naturel chez elle. Pas de quinte de toute ou quoi que ce soit. A force, elle avait de quoi porter un jugement sur la chose et elle préférait les cigarettes roulées. Malgré elle, elle aimait avoir ce petit goût de tabac sur les lèvres. Elle s’était toutefois fixée quelques règles : ne jamais acheter un paquet, ne jamais fumer seule et sans raison. L’un entraînant l’autre. Mais elle avait une définition particulière de « fumer ». Les premières bouffées de cigarette vous font souvent légèrement planer quand vous n’êtes pas un fumeur aguerri. Et il n’y a donc aucun intérêt à fumer seul pour ensuite aller dormir, travailler ou autre. Pour la demoiselle, c’était quelque chose qui se partageait. Une cigarette, ça se savoure. Et en soirée, il n’y a rien de mieux. 
Dans un élan de courage, elle alla en demander une à un groupe de jeune qui bavardait à la faible lueur des lumières jaunâtres de la ville. Et du feu par la même occasion. Elle avait décidé de se la griller sur le chemin du retour. Il faisait ni trop chaud, ni trop froid : c’était parfait. Elle était un peu fatiguée, mais c’était un moment idéal pour se goudronner les poumons. Elle marchait d’un pas qu’elle voulut lent, elle trainassait. Elle n’était pas pressée de rentrer, son père l’attendait peut-être, mais elle ne s’en préoccupait pas vraiment. A cette heure tardive, le parc était fermé, elle fit donc un détour pour rentrer chez elle. Elle aimait particulièrement marcher seule la nuit, dans une ville où les rues étaient presque désertes. Il y avait un sentiment de calme qui émanait de ces murs de pierre, de vide. Une sensation de liberté aussi, on avait envie de courir partout. Pas de limite de temps, pas de contraintes. On était maître de soi, maître du temps jusqu’au lendemain matin. Laissant son esprit virevolter au rythme de ses pensées, ses pas la guidaient vers son chez-soi. 
C’est en descendant la rue qui la menait à sa maison qu’elle vit un homme assis sur le trottoir. Il s’était posé devant une des maisons qui avait été divisée en appartement dans la rue, crise oblige. Héloïse avait ralenti son pas par prudence. Elle n’aimait pas tellement croiser du monde le soir… Surtout tard dans la nuit. Mais bon, dans le pire des cas, elle n’habitait pas bien loin. Un cri assez puissant pouvait sûrement alerter son père. Ceci la rassurait un peu. Elle continua donc son chemin, arrivant bientôt au niveau de ce corps penseur. Elle le dévisagea un moment. C’est peu à peu qu’elle reconnut cet homme. C’était l’homme du concert, il était assis là, à cette heure-là, seul… C’est avec une pointe de surprise qu’Héloïse, presque pour elle-même, lui dit : 
« Comme le monde est petit… »
Même si Héloïse restait un peu méfiante à l’égard de l’inconnu, son escapade nocturne l’avait mis dans un état d’esprit où elle avait l’impression que rien ne pouvait lui arriver. Une sorte de fausse confiance en elle passagère qui lui jouait parfois des tours. Elle refoula sa timidité et continua la discussion.  

« Vous croyez au destin ? »
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MessageSujet: Re: Apocalyptica... tastrophe pour certain ! [pv Heloïse] Apocalyptica... tastrophe pour certain ! [pv Heloïse] EmptySam 6 Juil 2013 - 0:37

   Une bien étrange pensée traversa le jeune homme, interrompant son fastidieux inventaire de la voûte céleste. Il était là, sur le trottoir, à chercher réconfort auprès d'étoiles indifférentes. « Naturellement », selon les normes du personnage, cela évoqua à Alan le premier (ou second, selon les sources) plus vieux métier du monde. En effet, cette situation – aussi poétique soit-elle – ne pouvait-elle pas s'apparenter à une forme stellaire de racolage ? Cela soulevait bien d'autres questions, évidement. A commencer par la distribution des rôles par exemple : « Toi tu fera le mac, moi je ferais la catin et ensemble on aura plein de petits clients ! » Ou à la rémunération itinérante à cette pratique... La valeur du temps perdu à la contemplation ? La vague métaphysique se fracassa contre la digue pragmatique érigée autour d'Alan. Le jour où il aurait les pieds dans l'eau l'effrayait. Et comme par hasard, son appartement était inondé... Fichtre, serait-ce un signe d'un Destin pour le moins maladroit ?

   La question devait rester définitivement en suspends, jusqu'à la prochaine fois au moins car une voix féminine rompit brusquement le silence. L'éclairage défectueux de la rue ne permettait malheureusement aucune identification faciale, même pour les Experts de Miami. « Elle s'est cachée dans la nuit, mais c'est pour mieux me percer à jour !  YEAH ! » pensa Alan qui enfila la paire de lunettes de soleil qu'il n'avait pas et joua un solo endiablé avec la guitare qu'il ne posséda jamais. « Comme le monde est petit...» disait-elle. Selon le jeune libraire, le monde était surtout trop bas puisqu'il était toujours question de se baisser pour ranger un livre, faire ses lacets ou regarder sous les jupes. Toutefois, il admit que l'inconnue avait en partie raison et qu'en toute relativité, le monde était effectivement petit. Aussi, il ne nia pas et demeura muet.

   Visiblement déterminée à engager une conversation, l'ombre repris de plus belle. Elle voulait accoucher d'un dialogue, de jumeaux en quelque sorte. Seulement, l'un des fœtus avait bouffé l'autre et la femme n'enfanta qu'un triste monologue, pourri gâté. Et comme consciente que cette nuit, tout était permis, la femme récidiva cet onanisme verbeux dans l'espoir d'une conception extra organique sinon extraordinaire. Ô miracle de la vie ! La mayonnaise pris ! Menée à terme malgré les embûches, voilà un bel entretient qui découvre le monde. Surtout, n'hésitez pas à signaler si vous trouvez que votre Narrateur fidèle manque de clarté dans ses métaphores.

- Hm... Disons que je crois que le Destin vient d'inonder ma turne.

   Au prix de grands efforts, Alan était parvenu à masquer son déplaisir (doux euphémisme) derrière un rire jaune et un ton mi-désabusé mi-amusé. Estimant le résultat plutôt concluant, le jeune homme utilisa ses jambes pour se téléporter en bas du perron, d'où il pouvait enfin voir qui lui parlait. Cinq longue minutes passèrent où Alan dévisagea sa voisine sans qu'aucune connexion ne s'opère au niveau neuronal. Puis, un éclair de génie le frappa de telle sorte qu'il fit un bond imaginaire de près de soixante-dix mètres en reconnaissant à la fois celle qui lui avait broyé les orteils et celle à qui il avait partagé sa modeste pitance. Dans les faits, les yeux d'Alan s'agrandirent de surprise et les réverbères s'y reflétant lui prêtait un air au mieux de fou, sinon, de démon.

- Excuses-moi, je ne t'avais pas reconnu. Chouette concert, hein ?

   « Chouette » concert ? Sérieusement ? Après un rapide retour en arrière sur sa culture cinématographique, le libraire calcula qu'en aucune façon on ne pouvait utiliser cette expression sans passer pour un con. C'était là une erreur fatale. L'écran bleu de la mort lui apparu en une vision d'épouvante. Le Dieu de la Classe l'avait-il châtié pour son péché ? Quelle serait l’épitaphe gravée sur la tombe que l'on n'érigera pas en sa mémoire ? « Emporté (enfin!) par une défibrillation du charisme » semblait tout à fait approprié. A défaut de trépaner, le jeune homme avait simplement pu admirer l'intérieur de ses paupières quand celles-ci s'étaient refermées contre sa volonté. Il ne fallut guère plus d'une seconde à Alan pour imaginer ce scénario catastrophe, c'est un art.

   Heureux d'être encore en vie, le libraire tourna les talons et remonta, sans un mot, les quelques marches qui menaient à son taudis. Avec un talent incroyable pour ignorer les petits tracas du quotidien, il vida frigo et armoire dans son sac et le lesta ainsi d'assez de coca pour s'y baigner et d'une quantité non négligeable de cookies. Chassez le naturel, il revient au galop. Dans la chaîne alimentaire, Alan se situait donc à un niveau parallèle à l'Homme et directement au dessus des sodas et autres gâteaux secs. Jésus, comme il venait de s'auto-baptiser grâce à l'eau du Destin, réapparu dans la ruelle pour constater que la jeune fille s'y trouvait encore. La première bouteille fut à moitié engloutie par une levée de coude bien rodée chez cet ivrogne de pacotille. Par réflexe, il l'as tendis à la jolie demoiselle.

- Je n'ai pas spécialement envie de rentrer chez moi, ce soir. T'as quelque chose de prévu, toi ? J'irais bien faire un tour au parc. Il est fermé alors on devrait pas être trop emmerdé par les morveux.

   N'est-ce pas une formidable preuve d'une confiance totale envers l'humanité que de proposer à l'un de ses représentants – en l'occurrence une jeune femme sans défense – de s'isoler en pleine nuit dans un jardin public fermé pour la nuit ? Il faut n'avoir aucune estime pour ses pairs pour imaginer autre chose qu'une entente cordiale et sincère entre deux individus... Individus qui, par ailleurs, partagent au moins un penchant pour le même groupe ! C'est un bon début, quand on sait que pour ne pas partager la même opinion qu'un autre, vous risquez d'être suriner par un parfait inconnu. Cela dit, c'est un cas isolé, il ne faut pas généraliser. Ça arrive quand même rarement qu'un type se fasse dézinguer pour des conneries.

   Optimiste quant à la poursuite de cette soirée et cela malgré la douleur qui lui remuait les entrailles, Alan s'autorisa une folie et déballa l'une de ses confiseries favorites. Une nouvelle invention de Kinder et pour cela, le jeune homme leur était éternellement reconnaissant. En son fort intérieur, il se savaient pertinemment incapable de refuser quoi que ce soit à qui que ce soit entrant dans la chaîne le liant à ce fameux Kinder. Jusque-là, personne n'avait eu vent de cette faiblesse, le préservant d'éventuels tracas. Un sourire aux lèvres, Alan déballa la barre glacée et croqua l'une des extrémités avant d'en aspirer le contenu bruyamment car c'est ainsi que ça doit ce manger, sinon il n'y a pas d'intérêt. Le bruit de succion cessa rapidement, fort de son expérience en la matière, Alan avait évidé la pauvre confiserie de son fourrage au lait et aux noisettes.

   Tout en évaluant l'effort à fournir pour la balade envisagée, Alan calcula via de complexes équations la quantité de sucreries requises à ce déplacement. La conclusion le forçait à se munir d'un camion personnel remplis à ras bord et le suivant dans le moindre de ses mouvements. Fort de ses convictions quant à la provenance diabolique des mathématiques, les calculs furent abandonnés au profit d'une science beaucoup plus fiable : le feeling.
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Apocalyptica... tastrophe pour certain ! [pv Heloïse]

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