[En ce qui concerne les défenseurs, vous avez le droit de vous doter d'armes et d'armures seulement pour cette nuit-là. Epées, arcs, tout ce que vous pouvez trouver chez des chevaliers. Pour le camp d'en-face, vous pouvez avoir quelques protections en cuir, mais rien de transcendant]


Maintenant que tous les hommes étaient en place, que le vent sifflait sur les plaines déjà stériles, il n’y avait plus qu’à attendre. Et comme un gage de l’existence de divinités de la guerre, une trompette hurla deux minutes plus tard. Des centaines de cors lui répondirent à travers toute la lande, envahissant le territoire d’un gémissement de dragon furieux. Les soldats s’agrippèrent à leur arme et leur cœur fit un tour dans la poitrine. En face d’eux, à quel que endroit où ils portaient leur regard, des milliers et des milliers de corps hurlaient en fonçant dans leur direction, armes au clair. Des vagues monstrueuses et noires secouèrent le monde, écrasant tout sur leur passage, ne laissant qu’un paysage défoncé. Au nord, des soldats massivement armées commençaient à approcher en approchant des catapultes. Vers l’ouest, c’était le même spectacle avec des rayons d’énergie qui transformaient la plaine en scène surréaliste. Vers le sud, les Tyranides explosèrent en hurlements bestiaux avant de se fondre dans le décor comme une armée de fourmis gigantesques qui s’attaquaient à une termitière. Et à l’est, on entendait la terre trembler, vomir, alors que des monstres de plus de dix mètres de haut s’approchaient trop dangereusement de leurs murs.

Arnolds voyait à perte de vue des tueurs qui allaient éventrer leur Royaume pour le réduire en cendres. Il ne voyait qu’un futur morne. Il était du genre à ne jamais baisser les bras, avait appris qu’une guerre comportait toujours une série de variables qui pouvaient déboucher sur une victoire éclatante, ou bien une défaite pathétique. Mais là, il ne voyait que les cendres de son Royaume. Rien ne pouvait préparer une armée à ce spectacle si envoûtant de celui qu’il voyait : des milliers de soldats beuglant comme s’ils ne savaient pas qu’ils allaient mourir, fonçant sans se soucier des pièges qu’il pourrait y avoir. C’était horrible. Tous les soldats avaient envie de fuir et d’abandonner… Quel homme pouvait-il rester insensible à des beuglements aussi inhumains, à la promesse d’une mort sans concession ? Il n’y avait qu’une personne prête à pouvoir les aider. Arnolds ne savait pas s’ils devaient leur avouer qu’il n’y avait aucune chance de s’en tirer. Son expérience avait plus peur que lui, et il écoutait toujours son expérience. Il demanda un porte-voix magique qui lui permettrait d’être entendre par tous les guerriers de son Royaume qui devaient commencer à paniquer. Il se mit à beugler :

« SOLDATS !!! Je ne peux pas vous cacher la vérité plus longtemps ! Ce soir, nous ne rentrerons pas à la maison… » Les hommes qui étaient les plus proches se retournèrent d’un air surpris. Arnolds faisait un discours, ça n’augurait rien de bon. Mais sa première phrase les étourdit totalement. Au loin, on entendait les ennemis s’approcher. Ils étaient à moins d’un kilomètre maintenant. Le Commandant reprit : « … Non, ce soir, on ne rentrera pas à la maison… PARCE QU’ON VA FÊTER NOTRE VICTOIRE !!! » Chaque soldat se mit à hurler pour l’encourager dans son discours soudainement devenu l’élocution qu’ils attendaient. Ils hurlèrent pour se donner courage, pour oublier, pour se vider de toute la tension. « SOLDATS !!! Nous n’avons peur que d’une chose : de nos femmes ! Et eux, de quoi ont-ils peur ? Je n’en ai strictement aucune idée ! Mais ce que je sais, c’est que dans moins de deux heures, ils sauront ! Nous sommes l’élite de Dreamland ! Nous adorons nous battre ! Nous ne faisons que ça ! Nous frappons parce que nous sommes nés avec de la hargne ! Et en face, quand on croit qu’on va enfin avoir droit à une véritable bataille, on nous donne une armée de bras cassés, d’estropiés, de mourants ! Ils sont obligés de se disperser pour ne pas se tuer les uns les autres ! Nous connaissons l’ordre, la discipline, les armes. Eux ne connaissent que le hurlement ! Montrons à ces braves que même à ce domaine, nous savons mieux faire qu’eux ! HURLEZ !!! HURLEZ !!! HURLEZ ENCORE PLUS FORT !!! JE VEUX QUE PERSONNE NE PUISSE S’ENTENDRE CRIER !!! PERSONNE NE PEUT NOUS BATTRE !!! QUE LES ROYAUMES VOISINS PRENNENT PEUR EN NOUS ENTENDANT !!! QUE LES ENNEMIS COMPRENNENT A QUELLE RACE ILS ONT A FAIRE !!! QU’ILS PANIQUENT !!! HURLEZ MES BRAVES, CAR IL N’Y A PAS DE SON PLUS MELODIEUX QUE CA !!! CATAPULTES !!! TIREZ !!! TIREZ !!! RECHARGEZ ET TIREZ ENCORE PLUS !!! NE FAISONS PAS DANS LA FINESSE, NE FAISONS PAS DE QUARTIERS !!! LES BALISTES, DETRUISEZ, ASPERGEZ LA PLAINE DE SANG ET DE DEBRIS D’ARMURE !!! MONTRONS-LEUR QUE LEUR RASSEMBLEMENT N’EST RIEN D’AUTRE QU’UNE SOMBRE BLAGUE DONT ILS VONT COMPRENDRE TOUT L’HUMOUR UNE FOIS QUE LEUR ESTOMAC SERA TRANSPERCE !!! TIREZ ENCORE !!! RAVAGEONS !!! MAIS HURLEZ BON SANG !!! HURLEZ TANT ET SI BIEN QUE VOS CORDES VOCALES LACHENT !!! UN VERITABLE GUERRIER NE MEURT QU’EN SE DECHIRANT LES CORDES VOCALES !!! RENVOYONS CES CREATURES AUX TENEBRES INSIDIEUSES ET INSIPIDES QU’ELLES N’AURAIENT JAMAIS DUT QUITTER !!! QUE HURLE LE ROYAUME POUR CELEBRER NOTRE COMBAT !!! »
Arnols redonna le porte-voix à son second. Il mit son casque sur sa tête, qui fit un *tchinck singulier. Il le sangla. Et il rajouta pour lui-même :
« Et que personne ne meurt sans mon autorisation. »

« Analyse en cours…. Veuillez rester immobile… »

Sans esquisser le moindre geste j’attends que le scanner face son office, Jetant de fréquents coups d’œil en bas pour observer les déplacements de quelques troupes ennemies et voir que le royaume est toujours dans une posture peu engageante. Les masses noires mouvantes de l’ennemie sont désormais séparées en plusieurs groupes, quatre, réparties non équitablement aux points cardinaux. A l’intérieur de la ville l’agitation bas son plein et une foule semble décidée à monter voir la situation sur les remparts, dont l’accès est bloqué par des soldats par crainte d’une émeute de la part des civiles. Je dois admettre que moi-même suis assez peu motivé à l’idée de me retrouver face à autant d’adversaires….


Je relève la tête et fixe un petit rond, vide qui tourne sur lui-même, parfois dans un sens, parfois dans l’autre, plus ou moins rapidement. La batterie de tests ne prend pas longtemps et est là pour vérifier qu’il n’y a pas d’intrus, d’après ce que j’ai compris au cours des trois jours passés ici. Je me demande d’ailleurs à chaque fois ce qui se passerait si j’étais découvert comme un voyageur ennemi. La seule fois où je me suis renseigné auprès d’un soldat, celui-ci est devenu pale comme un linge et a préféré quitter les lieux au plus vite après m’avoir répondu de façon évasive.


Je prends une nouvelle fois conscience que la position dans laquelle je me trouve n’est pas forcément très enviable, mes jambes son collées l’une contre l’autre, droites, les bras tendus, formant un angle droit avec mon buste. Autour des poignets et de mes chevilles tournent d’étranges cercles bleus, semblables à celui que j’ai dû regarder. Ils ne changent de couleur que si je bouge une partie de mon corps, devenant rouge, tandis que le scanner, je ne sais toujours pas si c’est une machine ou un sort ou un mélange des deux, me délivre un avertissement et me prévient de ne pas recommencer sous peine de douleur de niveau 3. Soudain je sens mon corps qui commence à se mouvoir, un peu les mêmes sensations que quand un ascenseur se met en marche sauf que là le vent file le long de mon corps, me sifflant au visage. Je regarde le sol se rapprocher, de plus en plus vite, par reflexe je bouge une jambe désireux de me libérer. Le scanner siffle à nouveau et le cercle à mes pieds devient rouge. Je m’immobilise, me convaincant une nouvelle fois que c’est normal et que tout est prévu. D’ailleurs la chute ralentit à une dizaine de mètres du sol et normalement cela devrait continuer ainsi jusqu’au sol si tout se passe comme la veille.


Les cercles qui m’entourent disparaissent en clignotant et je me retrouve un instant à battre des bras dans les airs en poussant un ensemble de cris et d’insultes visant le système chargé de s’occuper des voyageurs. Je finis par me calmer après avoir adressé un dernier geste obscène en direction du ciel puis regarde le sol et plus particulièrement mon point de chute, un puits… Celui-ci est à ciel ouvert et rien ne semble gêner ma chute mis à part que le diamètre de mon point de chute doit faire dans les deux mètres et qu’il y a un énorme morceau de bois en travers, me laissant juste la place de me glisser dans le trou… Du moins je l’espère. Arrêtant soudain de faire le moindre geste pour éviter de dévier ne serait-ce que de quelques centimètres de ma trajectoire, je colle mes mains contre mes bras en observant la terre qui se rapproche selon moi bien trop vite. A moins de deux mètres du point d’impact je remarque une jeune fille qui se trouve à côté du puits avec un seau. Elle agrippe le crochet au moment même où je passe à côté d’elle, plongeant vers le néant.

Je ne vois soudain plus rien pendant environ autant de temps que dura ma chute en l’air, j’ai juste le temps de jeter un coup d’œil en haut et de croiser le regard de la demoiselle qui ne semble pas comprendre ce qui se passe, elle écarquille de grands yeux, penchée au-dessus du puits. D’un coup mes pieds percutent l’eau dans laquelle je m’enfonce immédiatement. Le liquide freine ma chute et je m’arrête net, ma bouche s’ouvre à cause de la violence du choc et j’avale par inadvertance une petite quantité d’eau. Celle-ci a un gout infect et je sens dans ma bouche des petits morceaux filandreux, à mon avis l’eau ne doit pas être très potable. J’ouvre les yeux et repère la lumière au-dessus moi, battant des pieds et me servant des parois recouvertes d’algues du puits je remonte à la surface. Celle-ci n’est heureusement pas très loin et j’avale avec délectation une bouffée d’air pur, ou du moins d’air puisque l’odeur qui réside à la surface de l’eau n’est pas forcément très agréable. La demoiselle est toujours penchée et semble me regarder comme si j’étais un fou. Je lui fais un grand sourire qui doit sembler pathétique dans une telle situation et l’implore de bien vouloir m’envoyer la corde. Je la vois pâlir, du moins je crois qu’elle pâlit mais la distance peut être trompeuse et elle disparaît soudain de mon champ de vision, elle a sans doute dû prendre peur. Je pousse un grognement et observe les parois, elles sont trop glissantes pour que je puisse les escalader. Tentant quand même le coup j’essaye de mettre un pied sur chaque paroi mais je ne réussis qu’à glisser lamentablement à cause de l’eau qui recouvre mon corps. Un bruit de grincement me surprend soudain, je lève la tête et distingue un crochet qui descend, le bruit est amplifié par la configuration du puits. Me maintenant hors de l’eau je souris en attendant que la corde arrive puis l’attrape dès qu’elle arrive à portée de main. Je hurle alors à mon aide inespérée de lâcher, attends quelques secondes dans le doute et tire d’un coup sec sur la corde à plusieurs reprises pour la dérouler complètement.

Je m’accroche alors et commence à grimper le long de la corde, serrant mes cuisses trempées et me servant de mes mains pour me hisser peu à peu. Seulement je suis trempé, ce qui me fait glisser, et le poids de mes vêtements mouillés n’aide en rien la manœuvre. Seul réconfort la corde est solide et semble résister, tout comme l’énorme poutre au-dessus de ma tête. Grappillant centimètres par centimètres je finis par atteindre l’énorme morceau de bois alors que mes muscles sont en feu, n’ayant jamais été un grand fan des tractions ce sympathiques moments me laisse recouvert de sueur et d’eau. Je lève alors les mains et attrape le gros morceau de bois puis passe mes pieds hors du puits et me jette à terre d’un mouvement de balancier. Secouant mes cheveux de façon très peu civilisée je passe ensuite ma main parmi mes mèches et jette un coup d’œil à la jeune fille que je gratifie d’un mince sourire, un peu gêné. Elle me rend à peu près le même et je lui adresse quelques remerciements avant de me mettre en route, ou plutôt à m’écarter de mon lieu d’arrivé. Je m’enfonce parmi les maisons en visant l’un des remparts, depuis trois jours ma seule vraie crainte est de tomber sur des gens du quartier londonien… Ma dernière aventure avec eux s’étant plutôt mal passée je préfèrerai éviter de tomber aussi vite sur deux hommes influents qui peuplent le coin. Heureusement pour moi la ville est aussi immense que diversifiée et il y a peu de chance que je tombe dessus, je me demande même si ce quartier de la ville n’est pas situé à l’extérieur des remparts car la zone était entourée de forêt et je vois mal une ville abriter une quantité importante d’arbres. Néanmoins rien n’est sur ici et je suis plutôt décidé à rester sur mes gardes. L’endroit où je me trouve est surtout constitué de maisons collant avec l’époque tout comme les vêtements des habitants. A force de marcher j’arrive devant une énorme porte tout droit tirée d’un film assez célèbre où neuf aventuriers sont chargés de sauver le monde, Elle fait dans les cinq mètres de haut et est quasiment aussi large, d’énormes plaques de métal soudent les planches entre elles et deux blocs de métal de la taille d’une poutre ferme les deux battants à deux hauteurs différentes. Sur ce point la porte est magnifique… Seul bémol à toute cette structure, les gonds chargés de faire pivoter la porte sont visibles de l’extérieur car la taille de la porte est légèrement inférieure à celle de l’espace prévu et ils sont bien trop usagers… Nul doute que la porte s’effondrera sur les défenseurs si l’armée adverse trouve un moyen pour les sectionner. Heureusement l’épaisseur du pan de bois devrait suffire à empêcher ces manœuvres.


Un soldat déboule dans ma direction à la vitesse d’un boulet de canon en faisant de grands gestes, il fait à peine un mètre de haut et traine devant lui une longue barbe rousse. Arrivant juste devant moi je le vois perdre légèrement l’équilibre, marchant sur sa longue barbe, il affiche une moue perplexe, et j’ai tout juste le temps de faire un bond sur le côté pour l’éviter tandis qu’il dérape et s’étale de tout son long au sol, glissant sur plusieurs mètres. Pas le temps de prendre connaissance de son état qu’il est déjà debout et me lance :


Il arrête de parler, semblant attendre que je lui dise qu’il a trop de la chance et que j’aimerai bien posséder les mêmes. Seulement cela fait trois nuits que je supporte ses exclamations et je dois admettre qu’à force il peut s’avérer… lassant. Se rendant compte que je compte garder le silence il crache par terre et me lance en faisant un signe de tête dans la direction d’un petit groupe de sept individus qui arrivent vers nous. Le premier semble faire des efforts pour marcher devant et avoir l’air du meneur du groupe est humain, il fait à peu près ma taille et porte une cape qui lui arrive jusqu’aux chevilles, à sa ceinture pend une épée qui paraît neuve et n’avoir jamais beaucoup servi. A sa gauche se trouve une elfe, du moins j’estime que c’est une elfe d’après le nom que lui donne les autres membres de la compagnie et par la longueur abusive de ses oreilles par rapport aux autres créatures des rêves, elle porte une jupe très courte et un haut de la même couleur au décolleté plongeant, dans son dos se trouve un arc et un carquois. Encore à côté on trouve une femme aux cheveux roux et abordant un chapeau et une longue robe violette. De l’autre côté du ranger, l’homme au milieu, se trouve un homme à la musculature très développée qu’il dévoile en ne portant qu’un pagne et des bottes. Il a deux épées à la ceinture. Le membre suivant du groupe est une sorte de troll, ou d’ogre je ne sais trop bien, il porte un pagne, un casque et une grosse hache à double lame. D’après ce que j’en ai compris il ne parle pas la même langue que nous et seule la magicienne peut traduire ses dires. Enfin le tout dernier larron est un petit gnome faisant une dizaine de centimètres, violet et qui s’amuse à faire des acrobaties et des tours du contorsionniste sur l’épaule du ranger. Ils arrivent prêt de moi et le nain, regardent mes habits trempés et s'apprête à faire des commentaires quand celui qui est arrivé le premier, leur lance :


L’elfe réplique immédiatement de se voix mélodieuse :


L’intervention du barbare nous évite des heures d’insultes et je soupire de soulagement. Contrairement au ranger il semble être le seul membre apte à calmer ces deux-là rapidement par la simple menace de ses gros bras. J’ai rencontré ce petit groupe hétéroclite il y a deux nuits, ils sont eux aussi récemment arrivés en ville et ne la connaissent pas mieux que moi. Selon le ranger ils ont été commandités par un mystérieux sorcier très puissant qui leur a promis beaucoup de récompense en contrepartie de l’anéantissement des troupes adverses… Selon la magicienne ils ont été poursuivis par des monstres ennemis aux formes atroces qui ont tenté de les dévorer vivant et ils ont couru trouver refuge au sein même de la cité, seul endroit potentiellement apte à les protéger. Quelque chose me souffle que la seconde version est plus crédible que la première. Alors que le nain s’apprête à vanter une énième fois les mérites de ses chausses, l’elfe lance :


Le nain se lance dans une série de répliques aussi cinglantes les unes que les autres tandis que je m’écarte du groupe pour aller voir le fameux messager, il arrive prêt de moi et se plie en deux, posant une main sur chaque genou en expirant bruyamment. Lorsque sa respiration se calme il lève la tête et me lance entre deux souffles :


Je hoche la tête et il me tend une feuille roulée sur elle-même et entourée d’un petit ruban rouge. Je m’en saisis et fais glisser le ruban puis déplies le document évitant de trop le mouiller pour ne pas le rendre illisible. Dans mon dos se sont réunis les différents membres de la compagnie capable de lire, ce qui exclue donc l’ogre, le barbare et le nain (je tiens la feuille trop haut pour qu’il puisse lire son contenu).


Aussi court qu’efficace, je secoue à nouveau la tête de haut en bas et demande au messager de bien vouloir m’indiquer le rempart nord. Il a légèrement récupérer et me montre comment y aller en empruntant le rempart. Sans tarder je le remercie, lui dis d’aller se boire une pinte de ma part et m’élance vers les escaliers suivi de près par les compagnons et le nain qui hurle qu’il veut savoir ce qui est écrit sur la feuille. Les gardes nous laissent passer sans problèmes et je me retrouve vite à grimper des escaliers aussi étroits que vertigineux. Heureusement les marches sont bien faites et la montée se fait sans mal, arrivé en haut je me dirige dans la direction indiquée. A chaque fois sur ma gauche, de l’autre côté du mur, je vois des troupes immenses qui se mettent en marche peu à peu. Ils sont nombreux, bien trop nombreux pour que la bataille soit gagnée d’avance, ou même qu’elle soit gagnée tout court. Nous avons l’avantage des remparts… Eux ont un avantage bien plus important. Derrière moi j’entends le barbare hurler :


Tandis que la majorité de la compagnie pousse des cris de lamentations à l’idée du carnage qui risque de suivre. Je remarque que depuis mon arrivée, l’armée s’est encore plus divisée, formant vraiment quatre blocs bien plus distincts et dont la composition varie très nettement. Pour l’instant le groupe sur le côté est composé de voyageurs, d’après le manque d’organisation qu’ils ont et leur tendance à user de leur pouvoir avant même le début des hostilités.

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Nous arrivons au rempart nord et j’aperçois un état-major composé de trois hommes et de différents messagers qui attendent de devoir remettre des informations aux autres points de la cité. Deux colosses bloquent l’accès et demandent aux soldats de bien vouloir rejoindre le reste de l’armée en bas. Je déroule mon document et le tend à l’un des deux hommes qui le survole rapidement. Il me fait signe de passer non sans s'être posé quelques questions sur la raison de mon amour pour les bains en restant habilé, tandis que les autres doivent descendre en bas pour s’équiper au besoin. Cette idée ravit toute la compagnie qui dévale les escaliers à toute vitesse avant de se ruer sur les râteliers pour récupérer les meilleures armes. De mon côté je m’avance et vais à la rencontre de celui que je pense être Arnolds. Il est penché sur une table représentant la région et les différentes troupes ennemies. Le tout est en relief et permet de vraiment se rendre compte de la situation. Je m’approche encore un peu puis demeure immobile, attendant qu’il prenne la parole, dans un coin se trouve un homme les bras croisés, il a un visage fermé pour le moment et des cheveux sombres ébouriffés il porte une veste blanche qui lui arrive aux genoux et un pantalon noir, une chose est sure, il a une grande expérience du combat et à vrai dire n'aimer que ça. Le commandant porte quant à lui une énorme armure sombre qui dévoile une fantastique carrure. Il a les cheveux coupés très court, à la militaire. Il lève la tête vers moi et vérifie :

Dans une telle situation, mentir ne servirait à rien, il hoche la tête et poursuit :

Arnolds hoche lentement la tête, il devait être arrivé aux mêmes conclusions et je n'ai fait que le confirmer sur ses positions. Il s’éclaircit la voix et claque des doigts en direction d'un trompettiste qui prend une grande inspiration.

Arnolds écouta franchement le petit Voyageur qui lui faisait face. Comme il devait s’y attendre, lui non plus ne savait pas comment s’occuper de ce bordel de façon très efficace. De toute façon, personne ne pouvait savoir qui pouvait gagner. D’après sa propre expérience et des écrits qu’il avait lu dans les bibliothèques du Royaume, il fallait qu’un attaquant soit au moins trois fois plus nombreux que les défenseurs à qui ils s’en prenaient pour réussir leur attaque. Et c’était minimum. Mais le dernier recensement ne leur donnait même pas la chance d’espérer une victoire empiriquement théorique. En tout cas, savoir qu’un Voyageur réfléchissait avec lui était un soulagement en soi. Il n’était pas seul. Et ça lui faisait énormément de bien. Il comprenait l’idée de Shin pour le commando, mais il ne savait pas s’il serait assez rapide pour pouvoir survivre. Ils étaient dans une vrai bataille, et la théorie se faisait souvent piétiner par le pratique. Heureusement, ce qui avait marché avant continuait à marcher ensuite.

Des échelles gigantesques se dressèrent avant que les tours de siège n’arrivent. Tandis que les deux camps s’échangeaient des projectiles à qui mieux mieux, et que ceux-ci s’évertuaient à démolir tout ce qu’ils trouvaient sur leur passage, Arnolds demanda à ses soldats de repousser les échelles comme ils pouvaient. Pour le moment, elles n’étaient pas encore nombreuses et eux avaient très peu de pertes (normal, au début d’une bataille). Le moral et la forme étaient encore optimales. Mais quand les échelles se multiplieraient et quand les tours de siège seraient en train de s’accrocher à leur muraille, les véritables batailles au corps-à-corps commenceront. Il savait que tenter d’incendier une tour de siège était stupide : le temps que le feu prenne véritablement, les adversaires auraient tout le temps de venir. Malheureusement, il ne voyait pas comment détruire ces constructions titanesques que n’ébranlaient pas les fusées en bois des balistes. Il esquissa une sorte de sourire quand il vit une des tours s’effondrer suite à l’assaut d’une catapulte. Un coup de chance certainement, mais on ne crachait pas sur Dame Fortune quand elle faisait mine de se déshabiller.

« Petit, va falloir trouver une idée pour se débarrasser de ces saletés de tour avant qu’elles ne viennent. Pour le moment, concentre-toi sur les échelles. »

Arnols appuya ses propos en arrachant une tête de sa lame à une Créature des Rêves qui venait d’arriver en haut d’une échelle montée à la va-vite par des cordages. Puis il enlevait les crochets métalliques quitte à défoncer ses gants et demanda de l’aide à un de ses soldats pour repousser l’échelle. Des grands cris de soldats ennemis se perdirent dans la bataille tandis qu’ils s’écrasaient comme des mouches au bas du sol. Arnolds cria :

« LANCEZ L’HUILE !!! Il est temps !!! »

Les officiers firent remonter l’information et enlevèrent quelques poutres sous un chaudron avant de le pousser, tournant selon un système de poulies lui permettant de basculer sans tomber. Une dizaine de ses chaudrons se vidèrent d’une huile brûlante sur les soldats qui tentaient de grimper et sur ceux qui attendaient en bas de prendre leur place. Des grésillements et des hurlements se firent entendre partout tandis que le liquide fumant s’écrasait sur le sol dans des glougloutis hideux. Arnolds ne leur laissa aucun temps pour respirer : il sortit une sorte de bâton recouvert d’une glu indescriptible. Il en frotta l’extrémité contre la muraille de pierre, et le bâton rougeoya fortement avant de s’enflammer. Le Commandant eut un rictus parfaitement malsain quand il lança le bâton allumé dans l’huile qui baignait sur les soldats près de la muraille. Un brasier immense s’alluma en bas, dévorant dans les flammes les échelles et les soldats qui n’auraient pas vu la pluie d’acide et ne se seraient pas éloignés à temps.

« Les flammes ne lèchent pas les murailles, mais empêchent les ennemis de s’y approcher. Si des Voyageurs voulaient détruire la muraille à mains nues, qu’ils bravent le feu déjà. »

Malheureusement pour lui, l’armée ennemie n’était pas en reste et terminait quelques préparatifs. Un bataillon d’une cinquantaine de cavaliers sur des mouches géantes se mirent à décoller dans des vrombissements infernaux. Ils avaient attendu que les premières vagues de flèches toujours plus nourries que les suivantes se tassent avant de décoller. Chacune des mouches géantes portaient sur elle cinq bombes explosives particulièrement violente. L’escadron derrière les lignes ennemies se mit à s’envoler au-devant de l’armée et s’approchait maintenant de la muraille à soixante mètres de hauteur environ. Le commandant de l’escouade, une sorte d’Elfe à peau noire avec de très longues oreilles abaissa un bras, et les premières bombes plurent sur les défenses.

Profitant des dernières secondes de répit avant que les troupes adverses ne commencent à grimper aux échelles posées contre le mur je me lance vers un tonneau remplis d'épées et me saisis de la première qui me tombe sous la main, une épée droite, dont la lame fait une dizaine de centimètres de large et qui peut à la fois se tenir à deux mains ou à une main. La lame fait environ un mètre de long et la garde est enroulée de cuir pour une tenue plus facile sans se taillader la main en faisant tourner l'épée. Je lui fais faire un tour sur elle-même puis donne quelques coups dans le vide pour me donner bonne figure, elle me permet de faire des mouvements rapides et sa taille moyenne me permet de réagir vite et d'enchaîner différents mouvements. C'est suffisant pour l'adopter, n'importe quelle arme fera l'affaire dans une telle situation. J'entends des cris venir de ma droite et je me rue sur le rempart à ma droite. Des échelles sont accrochées au mur à l'aide de cordes munies de crochets en métal. Je m'approche d'un archer qui se penche par-dessus le bord et décoche une flèche. Un cri de douleur suivi d'un bruit de chute retentit immédiatement et je devine qu'il a fait mouche. J'en profite pour m'approcher et me servir de ma toute nouvelle acquisition pour détacher les crochets en glissant la lame en dessous. Une fois ceux-ci enlevés j'attrape les rebords de l'échelle, recule un peu puis me jette en avant pour la repousser. Je manque de peu de passer par-dessus bord mais je parviens à me rattraper et j'observe l'échelle pivoter d'abord doucement puis de plus en plus vite en arrière sous les regards médusés des soldats ennemis qui semblent prendre conscience de la situation. Je jette un regard en bas et peste en voyant que nous ne faisons que nous battre contre une hydre, chaque soldat tué est tout de suite remplacé par deux autres encore plus féroces. Une autre échelle vient s'installer juste à ma gauche et je me jette dessus au moment où Arnolds me lance:

Je lève la tête et prends conscience de la situation générale, dix, ah non neuf tours approchent lentement mais surement de la muraille, heureusement leur avancée est légèrement ralentie par la montée qu'offre la colline. Des bruits juste en dessous moi attirent mon attention et je remarque qu'un soldat s'apprête à atteindre le sommet de la muraille, faisant passer mon arme par-dessus le bord je plante la lame dans son cou avant de le projeter en arrière tout en retirant mon arme de sa chaire. Il pousse un cri de douleur tandis que j'arrête un soldat qui passe à côté de moi en courant et lui demande de bien vouloir m'aider. Il hoche la tête et réagit immédiatement se servant de ses mains nues pour arracher les crochets. Son sang coule sur la pierre mais il ne bronche pas et m'aide à repousser les agresseurs avant de repartir là où il se rendait.

Alors que je me lance sur une autre échelle pour l'enlever je remarque une escadrille de points noirs qui prennent leur envol depuis le fond des troupes ennemies pour s'attaquer aux murailles. Un soldat affiche un visage déconfit et lâche en un souffle:

Je le saisis par l'épaule et le tourne vers moi, seulement sa tête ne se détourne pas du ballet aérien et je suis obligé de la saisir entre mes mains pour le forcer à me regarder:

Je marque un temps de pause et cherche du regard une place un peu plus haute, une tour de guet située au bout de cette portion de rempart me donne une idée et je hurle:

« cinq archers qui ont encore beaucoup de flèches avec moi! Toi et toi, attrapez un chaudron d'huile ou même un seau, ca fera l'affaire! Magnez-vous putain! »

Sans attendre je me lance vers la tour juste après avoir attrapé un bout de bois d'une trentaine de centimètres, le haut est large tandis que le bas a la largeur d'une fine planche, percutant des soldats mais parvenant à ne pas trop ralentir. Les soldats parviennent pour l'instant à maintenir les soldats hors de nos murs et je pense pouvoir les laisser se débrouiller le temps d'éliminer quelques mouches. Il faut à tout prix en profiter avant que les troupes aériennes n'arrivent au dessus de nous. Grimpant l'étroit escalier qui permet de se mettre en hauteur j'arrache ma manche que j'enroule autour du bout de bois. Arrivé en haut je pousse un cri et frappe de mon épée la pierre en approchant le bois de la zone d'impact, la première fois il ne se passe rien et je suis obligé de m'y reprendre à trois fois avant qu'une étincelle n'arrive sur le tissu imbibé. Le feu prend immédiatement et je m'approche du bord ou je coince le bois entre deux pierres un peu espacées. Je me tourne vers les archers, pointe du doigt les points noirs qui se rapprochent et leur hurle:

En faisant comme ca j'espère que la proximité entre les différents insectes volants permettra de faire exploser les bombes voisines, provoquant une réaction en chaîne. De mon côté je vais tenter d'abattre les mouches qui passeront au dessus des tours de guets pour les faire tomber dessus et faire exploser le tout dans de belles gerbes de sang et de feu.

Dès que les premières mouches furent touchées le reste de l’escadrille piqua en chute libre et leur rang s’espacèrent pour éviter des réactions en chaine en cas d’explosions puis commencèrent un ballet aérien beaucoup plus rapide qui suffit à faire échouer toutes les tentatives de tirs de ceux rassemblés ici. Tandis que je me concentre sur le ciel, un cri dans mon dos me sauve la vie alors qu’il est censé accompagner un geste venu me la prendre. Par reflexe je plonge au sol et voit une lame heurté le sol juste à côté de moi, profitant de son déséquilibre je pivote au sol pour lui faucher les jambes et il me rejoint sur la pierre glacée. Sans même penser à me relever je lui colle un coup de poing dans l’estomac qui le fait cracher un peu de salive. Un archer se retourne, pointe vers lui une flèche qui lui traverse le globe oculaire. L’homme demeure alors immobile tandis qu’un mince filet de sang coule de sa bouche. Je me redresse et prend alors conscience du côté désespéré de la situation. Si nous ne réagissons pas très vite avec une action de grande ampleur c’est fini. Un immense golem a fait son entrée et est en train de trouer la muraille tandis que sur le chemin de ronde les ennemis prennent peu à peu de l’avance. Les mouches quant à elles quadrillent le périmètre en éliminant nos pièces d’artillerie lourde. Je m’approche d’un des soldats chargé de porter l’huile et lui hurle :

En visant ainsi le haut des murs ils pourront également éliminer quelques assaillants et les vibrations pourraient faire tomber quelques échelles. Mais tout cela n’est que pure supposition et je déteste cette situation… J’aperçois soudain un soldat adverse qui s’envole et passe au-dessus de la muraille en ligne droite tout en poussant de grands cris. Je remarque alors que ce mode de transport est utilisé par quelques autres soldats qui partent tous du même point, surement un voyageur. Il nous faut éliminer le voyageur invocateur et celui qui lance les soldats au plus vite. Faire cela devrait suffire à diminuer le potentiel d’attaque des ennemis. Seulement mes chances de survies face à celui qui nous lance des soldats sont nulles. Pour ce qui est de l’invocatrice, vu la taille de son monstre je doute qu’elle puisse encore invoquer d’autres créatures pour la protéger, j’aurai donc un avantage sur elle mais je dois pour cela la trouver. Faisant demi-tour je dévale les escaliers pour retourner sur le chemin de ronde majoritairement pris par les forces ennemis. Grimpant sur les créneaux pour me déplacer plus vite fauchant au passage deux hommes qui volaient vers moi. Ne pouvant changer de trajectoire il me suffit de frapper au bon moment pour couper en deux leur corps. Je prends alors conscience qu’il suffit de les toucher avant qu’ils n’arrivent au niveau de la muraille pour qu’ils retombent en ne comprenant pas clairement ce qu’il leur arrive. Le lanceur me regarde méchamment et décide de tirer encore cinq hommes là où ses troupes se trouvent déjà. M’empêchant d’intervenir.

Je continue d’avancer de créneaux en créneaux, évitant du mieux possible les coups visant à me couper les jambes. Les soldats ennemis tentent de m’arrêter mais ils hésitent à frapper au-dessus du vide de peur de tomber et ma façon peu conventionnelle de me déplacer joue en ma faveur. Je finis par arriver au niveau de la tour qui a réussis à se coller contre la muraille et grimpe dessus. Une trappe donne accès à une échelle là pour permettre aux soldats de monter à l’abri des assauts. Sans attendre je la ferme et me place dessus pour qu’elle ne se soulève pas. Seulement trois hommes, me voyant grimper sur la construction de bois ont jugé bon de venir m’éliminer. Le premier saute de la muraille jusqu’à moi et je n’ai qu’à pivoter sur mes pieds et le saisir par son bras tendu pour le propulser par-dessus bord, en plein sur le golem. Les deux autres énergumènes prennent d’avantage leur temps et se mettent à tourner autour de moi, hors de portée de mon épée. Mais pas d’une hallebarde, me servant des trèfles je prolonge la longueur de ma garde d’un bon mètre et d’un mouvement circulaire je décapite le soldat. Sans avoir à me déplacer, toute la tour demeure à portée de mes coups et je profite de la surprise du dernier homme pour lui planter la lame dans le corps. Je remarque qu’il porte une des cordes équipée d’un crochet pouvant se fixer en haut des murailles. Je me jette sur lui et l’arrache à son cadavre tout en faisant de grands gestes avec mon arme pour dissuader d’autres opposants de revenir.
Je pose ma hallebarde puis me met à faire de grands tours au-dessus de ma tête avec la corde avant de la lancer sur le Golem, dès le premier essai elle se fixe entre les gros diamants irréguliers qui lui servent de carapace. Je me mets alors à tirer sur la corde pour faire réagir le golem. Dans un premier temps il ne bronche pas et j’ai bien peur de devoir abandonner pour m’occuper de soldats qui s’apprêtent à revenir sur la tourelle. Heureusement pour moi je finis par l’exaspérer comme une mouche qui lui tournerait autour et il choisit de se débarrasser de moi de la même façon. Alors que des soldats reprennent possession de la tour je me rue sur la muraille au moment où le monstre percute l’ensemble de bois tel un linebacker, la faisant s’écrouler sous les yeux affolés des soldats qui venaient d’y retourner.

L'écroulement de la tour surprend les soldats des deux camps et d'en haut on entend les cris de douleurs de ceux sur qui s'abat l'immense structure de bois. Sans attendre je me taille un chemin à travers la foule à coup d'épée pour me rendre aux catapultes, dévalant les escaliers j'en profite pour pousser dans le vide quelques soldats. 
Seulement l'un d'entre eux m'attrape le pantalon alors que je lui donne un coup de pied et il m’entraîne dans sa chute en poussant un hurlement de terreur. Je parviens tout juste à me positionner au dessus lui, jambes légèrement pliées. C'est suffisant pour amortir l'impact. Quant au soldat ses yeux s'écarquillent et mon poids sur son abdomen suffit au pire à lui couper la respiration, au mieux à lui briser la cage thoracique. Pas le temps de prendre connaissance de l'état de la victime, je me rue vers les catapultes, avec en tête un plan complètement désespéré pour lutter contre les tours.
Parcourant une cinquantaine de mètres j'atteins l'un des énormes lance-pierre et bondit sur l'une des pierres en hurlant :

« Vise l'une des mouches le plus précisément possible ! Et feu ! »

L'homme au pied de la machine me regarde sans comprendre, je lui intime l'ordre de se manier prestement le derrière et il finit par obéir sans plus chercher à comprendre le pourquoi du comment. Lorsqu'il estime la trajectoire du projectile adéquate il abaisse un énorme levier qui propulse une énorme roche étrangement accompagnée dans les airs. Il semble me crier quelque chose mais le souffle du décollage m'empêche d'entendre quoi que ce soit. L'énorme boulet se met à tourner sur lui même et je parviens à ne pas lâcher trop tôt en m'agrippant aux aspérités qui le recouvre. Je serai bien incapable de distinguer le haut du bas, j'essaye uniquement de repérer une mouche afin de me propulser sur celle-ci.

Seulement je commence à entamer ma descente sans en avoir vu aucune qui soit suffisamment prêt pour tenter un bond. En désespoir de cause je me redresse légèrement sur le caillou et construit un fouet de cartes, alternant un trèfle à une carte ordinaire pour créer une corde d'environ trois mètres. Je m'élance ensuite en direction de l'un des nombreux insectes qui peuplent les cieux et tend ma corde improvisée dans une action à la Indianna Jones. Celle-ci s'enroule autour de l'arrière d'un insecte qui est immédiatement tiré vers le bas à cause de mon élan. Je me retrouve ainsi à une vingtaine de mètres du haut des murailles, en train de me faire ballotter en tout sens par une mouche paniquée et en compagnie de quelques soldats bien décidés à décrocher ma corde de survie... Que demande le peuple !