-Oh putain ! Eh connard reviens là !

Je courus pour le rattraper, il tourna à l’angle de la rue. Arrivé au bout de la rue je le vis, il continuait de courir comme un lièvre. Tu ne vas pas m’échapper comme ça ! La course devint rude, rapide et sans pitié, de trottoir en trottoir esquivant les poteaux, bousculant les mémés, glissant sur les capots de voitures. La vache ! il court vite cette enflure, mais mon gars, c’est finit pour toi parce que je vais pas lâcher l’affaire ! Depuis que je voyageais dans le monde de Dreamland, ma confiance envers moi-même augmentait et je me sentais libre, j’osais des choses que je n’aurais jamais faite, comme une course poursuite à travers Montpellier. Perturbé par des voitures et un cycliste, le voleur perdit de l’avance, je le rattrapais. C’est maintenant où jamais ! Je pris une soudaine accélération et sauta tel un rugbyman qui saute sur ça proie, une sorte de Chabal avec pas mal de muscles en moins, pour pas dire beaucoup.
Il ne s’y attendait pas, prit de surprise il ne put esquiver cette redoutable envolée. Le plaquant violemment au sol, je récupérai mon portefeuille avec bonheur. Toi je t’ai pas lâché, maintenant tu restes avec Papa tranquillement, ok ? vilain porte-monnaie ! Les habitants commençaient à s’agglutiner en parlant, certains me posaient des questions mais je n’étais pas en état de les entendre, j’étais à bout de souffle. Fffiouu, ça aurait été plus facile à Dreamland. Je ne voulais pas appeler la police pour ce petit voleur, il doit avoir assez de problème comme ça, ainsi je repris mon chemin vers mon appartement, il se faisait tard et cette course épique m’a lessivé.
J’ouvris la porte, posa mes affaires dans ma chambre, je constatai que la télé était déjà allumer. Vincent est là. Depuis que je l’ai croisé à Dreamland notre amitié est encore plus soudé, on essayait de se dire des points de rendez-vous dans le pays des rêves, mais on avait du mal à se coordonner, de plus ce n’est pas si facile de s’endormir en pensant à des fruits géants ou de la weed qui se mâche. Je pris une douche, commença à me faire à manger. Je m’installa devant la télé et mangea tranquillement devant The Tournament , un film d’action. Après vint minutes de digestion et d’action, le film se finit. Il était bien, je n’ai jamais vu une telle diversité de combats dans un film. Bon, direction dodo, une dure journée m’attend demain.

J’apparais alors soudainement dans un endroit encore inconnu mais bien agité. L’ambiance est indescriptible, on entend des pleurs, des rires, des plaintes, des compliments et également de grosses voix graves qui émanent des immeubles. Oui, il y a des immeubles et un nombre non négligeable de personnes autour de moi, encore plus curieux les immeubles parlent entre eux et les habitants de cette ville ont un comportement plutôt… étrange.

- Mais où je suis ?

Je décide de m’éloigner du centre tout en examinant ce qui se passe autour de moi, un homme s’arrachant les cheveux n’arrêtait pas de rigoler et pourtant il restait avec une jeune femme qui ruminait dans son coin et criait de temps en temps. Pendant cela, deux immeubles discutaient allégrement de couleur de papier peint, l’un préférant le violet avec des fleurs blanches pailletés et l’autre montrait des goûts plus noirs, comme son humeur d’ailleurs. Cette observation des lieux ne m’aide pas du tout, mais où suis-je bordel ?
Tout à coup, une sonnerie retentit dans toute la ville :

- LES IMMEUBLES DOIVENT CHANGER DE PLACE IMMÉDIATEMENT

Ce fut le chaos total, une seconde après l’annonce tout le monde cria et couru dans tous les sens. Les immeubles commencèrent à sauter en disant « Pardon ! », soulevant des nuages de fumée. Il ne faut pas que je reste là ! Je cours vers l’extérieur de la ville en espérant échapper aux bâtiments mais j’étais trop loin de la sortie. Après environ dix minutes de course, de panique, de fumée, tous les immeubles arrêtèrent de bouger et se remirent à parler joyeusement. Je m’arrête plein de sueur et de poussières, toussant et plissant des yeux, la fumée retombait, quelqu’un courait vers moi.

-Aidez-moi ! S’il vous plaît, vous êtes un voyageur ? Aidez-moi !

Cette personne venait d’apparaître, c’était un jeune homme qui paraissait essoufflé et en panique, comme si il était pourchassé.

-Euuh oui je suis un voyageur mais je ne vois pas pourquoi je t’aiderais.

En effet, après plusieurs séjours à Dreamland je compris qu’il y avait des groupes qui se formaient et Vincent et moi s’étions intéressés par une guilde du mal. J’en avais marre d’être gentil dans la réalité, d’ailleurs ma pensée là-dessus était que la gentillesse n’est qu’une façade pour certains, voir pour beaucoup de personnes, une façade qui permet, qui oblige de faire des coups bas, des coups par derrière pour mettre en avant nos profits, je le remarque souvent chez les patrons des entreprises et autres qui utilisent l’hypocrisie comme bouclier et la mesquinerie comme épée. Donc, pour moi il faut savoir être franc et si la franchise passe par la violence, alors il faut l’utiliser ainsi il ne peut plus avoir de litiges car il n’y aura plus de coups bas.
Si j’aide cet individu alors que je n’ai pas envie, ce sera de l’hypocrisie, autant dire non. Je ne suis pas une âme pure qui sauve les personnes en détresse et sert le bien comme n’importe quel héros le ferait, de plus que les héros n’existent pas.

-S’il vous plaît, j’ai besoin de vous on me pourchasse ! Les immeubles ont bougé, ça m’a permis de m’échapper mais il reviendra !

-J’ai dit non, mais puisque t’es là tu peux me dire où on est ?

-Iiiiiihihahaha !! Je t’ai reeetrouvé ! Viens par-là que je te TUE !

-C’est quoi ça ?

Ma question fut bien inutile, le jeune homme venait de se cacher derrière moi en poussant un petit cri de peur car une drôle de créature apparaissait devant moi. Il était bipède, possédait de grandes oreilles et un visage en forme de chat, d’ailleurs il était recouvert d’un poil gris mal entretenu avec des griffures et des blessures un peu partout. Il portait un haut et un bas en forme de tunique assorti couleur rouge et des protections aux avant-bras et aux tibias étaient présentes. Deux caractéristiques spéciales à souligner, son visage traduisait un esprit totalement détraqué et il maniait quatre épées grâce à quatre bras où deux d’entre eux se situaient aux niveaux des abdominaux. Il vient d’où se gars ? Quatre épées, il m’a l’air assez doué.

-Pourquoi ce type là te pourchasse ?

-T’es qui toooi ?? Tu t’es trouvé un protecteur Edouard le morveux ?! Paaarfait !! Je vais te tuer toi aauussi !!! Gna ! Zarkus va TOUS vous TUEER !!!

-Eh ! Je ne te connais pas ? Pourquoi veux-tu me tuer ?

-Il est complétement déjanté ! Il tue pour le plaisir ! Aidez…

- Il tue pour le plaisir ? Tu veux dire qu'il aime tuer? Si c'est ça, vaut mieux en finir maintenant. Il montre son vrai visage, il n’est pas hypocrite, mais il est totalement fou ce type!

-Haha !! J'aime voir mes ennemis moooouurir! Alors tuu ne fuies pas? Gna Gnnnaaa!!!

-Non, je t’affronterai.

Enfin, si j’y arrive. Après cette phrase épique je courus en direction de l’immeuble le plus proche, il me faut du verre, et vite. Le dénommé Zarkus me suivit en rigolant d’un rire hystérique, il restait à une distance raisonnable de moi, pourtant je sentais qu’il pouvait aller plus vite et me rattraper facilement. Une fois proche d’un immeuble je ralentis et le regarda, il n’était pas essoufflé, il doit avoir une bonne endurance.

-Ha ! Tu t’arrêtes enfin ! Avant de commencer mes duels je salue toujours mes VICTIMES !!

Zarkus se baissa largement en tendant bien droit ses bras loin de lui, pendant ce cours laps de temps j’en profitai pour transformer les deux premières vitres de l’immeuble en planche et en trois sphères de verre qui se mirent à tournoyer autour de moi. Lorsqu’il se releva, il fonça droit sur moi, je ne savais pas s’il avait vu mes capacités. Sa rapidité fut saisissante, il était rapide et fluide dans sa course, je n’eu que peu de temps pour réagir : je sauta sur ma planche et surfa loin de lui, heureusement mon pouvoir du verre me permettais de me déplacer plus vite que lui.

-HAHA ! Tu es un voyageur, quel étraannge pouvoir ! Ça ne m’empêchera pas de te TUER !

Zarkus continuait sa course vers moi, il court tellement vite que se positionner à la verticale ne lui posait aucun problème, ainsi il continua sa course sur le mur perpendiculaire au sol de l’immeuble où j’avais prélevé mon verre. Impressionnant, comment vais-je le vaincre ? C’est alors qu’il sauta et avec une agilité extraordinaire et arriva pratiquement à mon niveau, il reprit appui à pied joint sur le sol pour recommencer un saut en ma direction et ainsi me décapiter grâce à son élan et ses quatre lames. Mais je ne le laissa pas faire, je lui envoya une sphère qui se modifia en pic tout en me reculant avec mon surf de verre. Il esquiva facilement le pic mais il dû reprendre son équilibre, il s’arrêta de courir. Il a une agilité formidable, l’attaquer de front ne marchera jamais.

-Alors, on a PEUR !? Haha !

Il lança avec une grande force une de ses quatre épées sur moi. Je ne voyais plus que l’épée qui allait se planter dans ma chair, je pris mon surf et me décala sur le côté. L’épée continua son chemin dans le vide, je soufflai content de l’avoir esquivé lorsque surgit Zarkus dans les airs juste devant moi, brandissant ses trois épées restantes et criant de joie. Et merde. Rassemblant mes deux sphères qui sont restées avec moi, elles formèrent un bâton qui me permit d’un mouvement circulaire brusque d’écarter les deux premières lames, mais il en restait une.

-Je te TIENS !!

Avec une vitesse foudroyante, le pic de verre qu’avait esquivé Zarkus en début de combat revient et se planta dans son dos, il cria de douleur alors que du sang commença à couler, le pic s’était logé à droite de la moelle épinière, il n’était donc pas paralysé.

-Désolé, j’ai encore du mal à viser !

Je ne sais pas s’il entendu cette phrase mais j’en profita pour me dégager et m’éloigner de ses trois lames. Pendant qu’il se remettait de la douleur, j’envoya une sphère sur le côté discrètement, c’était la seule option possible pour le toucher : l’avoir par derrière. Cependant il me reste plus qu’une boule pour me défendre, je vais rétrécir mon surf et former une autre sphère. Au moment où je créai ma boule Zarkus s’extirpa le pic de verre dans son dos grâce à ses bras et le pulvérisa avec ses épées.

-Tu maitrises donc le verre… Et tu as réussi à me blesser, gnnnnaa!!!! je vais TE TUER !!!!!

Dans un accès de haine, il fonça vers moi avec une vitesse impressionnante vu sa blessure, je recula grâce à mon surf mais il était plus lent car il était plus petit et supportait moins mon poids. La sphère cachée derrière Zarkus fit un arc de cercle autour de lui et se plaça assez loin derrière moi, au même moment Zarkus fit un bond salto digne d’un félin et passa au-dessus de moi, mon surf trop lent et mes pensées trop concentré sur la boule cachée, je fus pris de surprise. Par réflexe je m’aplatis sur mon surf et esquiva les deux lames tranchantes qui tournoyaient au-dessus de ma tête, néanmoins la troisième épée m’entailla le dos, la douleur me submergea. Je me retourna difficilement près à l’affronter mais Zarkus avait continuer sa route jusqu'au jeune homme que je devais protéger, il plaça une épée sous la gorge d’Edouard pris de panique.

-Tu ne t’y attendais pas à celle-là ! Hein ?! Ha !

-Relâches le c’est un duel entre toi et moi !

-Noooon, tu vas te tuer avec tes pics ! et dans ce cas-là je le relâcherai ! Fais-le !

-Ne le fais pas !

-Chuuuut, toi on t’as rien demandé !

Zarkus appuya sur sa lame et du sang coula de la gorge d’Edouard, celui-ci poussa des plaintes craintives pendant que Zarkus rigolait de plus belle. Il faut oublier la douleur et se battre ! Maintenant ! La sphère cachée se propulsa vers la tête du tyran sous la forme d’une pointe. Mais il l’a vit et par réflexe se protégea avec son bras qui tenait Edouard prisonnier. La pointe de verre transperça son avant-bras pendant qu’Edouard s’enfuyait, Zarkus, transcendant la douleur, voulu tuer Edouard mais ses lames s’entrechoquèrent contre mon surf qui se planta entre le jeune homme et le tyran.
Zarkus, criant de rage, se leva avec difficulté, mais retomba en hurlant de nouveau car j’avais actionné de multiples épines de verre sur le pic présent dans son bras et qui s’enfoncèrent dans sa chair et son os. Puis, avec mes deux boules restantes, je les assembla pour faire un grand cercle que j'envoya autour du cou de mon adversaire, et d’une simple pensée stylisée par un mouvement de main, le cercle se rétracta et décapita Zarkus. Le sang giclait tandis que je m’écroulai au sol à cause de ma blessure et de la fatigue accumulée par la forte dose de pouvoir utilisé.

-Ca va ?

-Oui, ça va.

-Merci de m’avoir aidé, ou plutôt sauvé.

-De rien.

-Sinon, tu voulais savoir où on était, eh bah on est à Delirium City dans la zone 1 de Dreamland.

-Ah, ok merci. Maintenant laisse-moi reprendre mon souffle. S’il te plaît.

-Oh ! Désolé je vais vous chercher de quoi vous soigner !

Il est gentil cet Edouard, ou plutôt il n’est pas hypocrite, il dit ce qu’il pense. J’ai bien fait de le défendre en fin de compte. Ce combat m’a achevé, si c’est toujours comme ça Delirium City, je reviendrai plus souvent ! Vive l’ironie, le seul truc qui te fait rire quand tu es dans la pire des situations. Et beh ! Je commence à bien maitriser mes pouvoirs, après tout c’est mon objectif de progresser, mais s’il faut frôler la mort à chaque combat, je ne sais pas si je vais continuer !
Je voyais Edouard revenir souriant heureux d’avoir échappé à la mort. Il va encore me faire chier ce gamin juste parce que je lui ai soit disant sauver la vie, pfff. Tiens je comprends mieux maintenant pourquoi je veux répandre le mal sur Dreamland.

-I’M AAAAAA TRASH STAR !!! BABY !!!

-Encore cette chanson! Saleté de réveil je vais t’éclater et tu vas comprendre!

Ah non, j’ai pas assez d’argent pour m’en racheter un autre. Je m'installa confortablement dans mon lit et me remémora ce qu'il s'était passé cette nuit. Je passa ma main sur mon dos, pas de blessure. C'est vraiment un monde fantastique.