Nikita avait passé une journée bien fade. Après avoir fait ce rêve étrange et frappant de réalisme, il s'était réveillé et était allé manger. Il avait traîné un peu sur internet puis il avait déjeuné, était allé disputer quelques parties de Super Smash Bros Brawl chez Noah, un pote de l'école. Enfin, il était allé à la salle de gym s'entraîner quelques heures avant de rentrer pour dîner et se coucher. On lui avait proposé de sortir, mais il n'avait pas la tête à ça. Il n'avait pas cessé de repenser à ce monde, ce Dreamland qui semblait si cool, cet exutoire nocturne. Et si tout cela était réel ? Et s'il allait s'endormir et se retrouver au Royaume Spirituel, en compagnie du vieil Onaj qui l'avait accueilli la veille ?
Non, n'importe quoi. Pourquoi se faire de faux espoirs ? Tout en menant ces réflexions, le gymnaste sombrait petit à petit dans un profond sommeil.





"Oh putin !" Nikita venait d'apparaître dans le même palais que la veille. Il se tenait en face du même vieil homme, et ce dernier le regardait de la même façon. "C'est trop cool ! C'est putin de trop cool !", se disait-il. Il jubilait. D'un geste de la main, Onaj l'invita à aller explorer les pièces qui composaient ce qui ressemblait à des quartiers privés. Tout en déambulant dans les pièces au mobilier simple et élégant, Nikita sentait sa conscience s'étendre légèrement au delà de son corps, aller caresser l'air autour de lui, tâter les objets qu'elle rencontrait... C'était une sensation doublement étrange : elle était nouvelle et pourtant il avait l'impression de l'avoir toujours côtoyé.

Soudain, il eut une idée folle. Ou plutôt une intolérable intuition. S'il projetait son esprit vers celui d'un être vivant, il se produirait quelque chose d'absolument incroyable. Il le savait, sans se l'expliquer. Or, le seul être vivant alentour était Onaj. Il savait qu'il ne devait pas le faire, que c'était insensé et irrespectueux, et jamais il ne l'aurait fait si une terrible et irrépressible envie ne l'avait pas tiraillé. Alors, sans vraiment pouvoir se retenir ni se contrôler, il se retourna vers Onaj et se dirigea vers lui. Ses yeux étaient tournés vers l'homme, mais il ne le regardait pas, son regard était perdu dans le vide. Il était sûr d'avoir l'air plus ridicule qu'un zombie dans The Walking Dead, mais il s'en foutait. Il était concentré sur son âme, qu'il tendait et dirigeait maladroitement vers celle d'Onaj.

Ce fût transcendant. Une délicieuse sensation s'empara de tout son être qui, comme lorsqu'il avait, la veille, balayé les agents du FSB, semblait n'être rattaché à son corps que par une mince partie restée en lui. Ce plaisir ne pouvait être comparé à rien qu'il avait déjà éprouvé, sauf peut être à un orgasme particulièrement intense pour la sensation de plénitude qu'il apportait. Il avait d'abord effleuré l'esprit d'Onaj avec le sien, et il lui avait semblé ressentir brièvement les émotions du vieil homme : un bien être aussi bien spirituel que physique, et un amusement tout de suite suivi de curiosité.

Mais ce plaisir, c'était bien de Nikita qu'il provenait, il lui était bel et bien intrinsèque : c'était l'utilisation de cette étrange faculté qui le lui apportait. Alors il étendit encore son emprise, englobant petit à petit l'âme d'Onaj. Et alors que la sensation devenait plus intense, il parvenait mieux à discerner le ressenti de l'homme, et même un semblant de pensées. Quelque chose que Nikita traduisait par "Il s'en sort bien c'est impressionnant ah par contre il ne comprend pas la limite du ..... mais qu'est-ce qu'il fait il est fou comment ne s'est-il pas encore évanoui ce n'est plus possible il faut que cela cesse" A ces mots, il senti l'âme de sa cible se réveiller, gonfler légèrement et repousser violemment la sienne. Le coup fût intense, il se retrouva en un instant cloîtré en lui-même, et la force le fît tomber en arrière. Tout ce qu'il ressentait à présent, c'était la douleur que lui infligeait son coccyx, la froideur du sol et la migraine qui lui battait les tempes.
Nikita venait d'éprouver son premier choc mental, et dieu que c'était douloureux ! Oй, aïe.

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