MAJORANA
Dante

Personnage

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• Nom : Majorana • Prénom : Dante • Surnom : Atome • Âge : 31 ans • Nationalité, origine(s) : Sicilienne • Phobie : Claustrophobie • Compétences : Adaptations du corps à son environnement — Amplification des perceptions sensorielles et changements d'état de la matière corporelle.

Physique

L'agencement de la réalité que nous cherchons
doit progresser de l'objectif vers le subjectif.
WERNER HEISENBERG

(Petite salle d'université humide et malodorante. Atmosphère sombre perturbée par quelques grains de poussière, tourbillonnant dans les minuscules rais de lumière obliques, passant entre les stores et le cadre des fenêtres. Au centre, deux silhouettes discutent. La première est celle d'un directeur d'admission chauve en costume gris rayé, installée dans un large fauteuil vert derrière un bureau massif sur lequel se disputent dossiers et stylos. L'autre silhouette appartient à un chercheur physicien châtain clair en chemise-cravate, posée sur une chaise, jambes soigneusement croisées, face au bureau. Aux murs, myriade d'ouvrages aux sujets diverses et variés, semblant flotter dans le vide autour des deux ombres, accompagnée d'une dizaine de bustes célèbres. Sol recouvert d'une moquette ayant été pourpre et propre, animant de temps à autre un nuage de petites filoches provoqué par le frottement des chaussures en cuir noir du personnage châtain. Univers, Soleil et Terre, ceinture de Kuiper, Tissu espace-temps.)

MONSIEUR *** (voix chevrotante) : ... et ainsi, vous m'avez été chaudement recommandé par certains de vos prestigieux collègues de l'université de ***. J'ai ici quelques lettres manuscrites louant vos mérites et votre brillant système d'analyse. Voici pourquoi, mon cher Docteur, vous êtes présent aujourd'hui dans cette université de renommée internationale. Je me suis cependant laissé entendre dire que l'initiative n'était pas personnelle et que...

(Corps de l'auditeur immobile et à l'écoute. Regard vert tentant de percer le brouillard d'obscurité entre son visage ovale aux traits fins et la face sphérique et ridées du directeur. Mains dudit auditeur disposées l'une sur l'autre sur ses cuisses, réprimant à certains moments le désir intenable d'éponger les rares et minimes gouttes de sueur perlant sur son visage imberbe. Démangeaison au niveau du poignet gauche où l'on trouve un imperceptible kyste synovial.)

MONSIEUR *** (voix chevrotante) : ... ces fameux collègues physiciens vous auraient poussé à venir passer l'entretien. Éprouvez-vous donc un certain malaise à vous tenir en ces lieux historiques ? Quelques rapports avec votre passé familial ? Je pense notamment à votre éminent aïeul qui fut...

(Rigueur de l'auditeur. Sourcils fins sans mouvement, bouche mince et rose inexpressive. Regard perçant aux yeux verts luttant toujours face au voile ténébreux du bureau. Oreille à l'affût de la voix quasiment inaudible du directeur des admissions ***, menant un combat acharné contre le bruit sourd des cliquetis provenant des claviers des secrétaires de l'antichambre, deux pièces plus loin. Nez faisant le mort en se passant de mouvements vifs et ignorant les envies répétées d'éternuements dues à la poussière environnante, ayant déjà bien assez à faire avec la faible odeur de moisie dégagée par les étagères invisibles.)

MONSIEUR *** (voix chevrotante) : ... certainement l'un des plus grands génies de notre histoire. On ne peut assurément pas ignorer que la génétique vous ait à ce niveau plus que gâtée. Loin de moi l'idée malheureuse d'esquisser d'imparfaites analogies, comprenons-nous bien (rires muets). J'ose supposer qu'il est inutile de vous proposer d'intégrer notre section de recherches, sans remettre en cause l’extrême compétence de nos physiciens, bien entendu. Alors, dites-moi, cher Docteur Majorana, que pouvons-nous apporter à vos précieux travaux ?

(Redressement de la colonne vertébrale du docteur, tension des jambes et grincement de chaise discret. Léger mouvement des mains renforçant la prise sur les cuisses musclées. Mise en action du bas de l'abdomen provoquant un appel d'air gonflant le torse massif du physicien. Animation soudaine du visage pâle suivie de près par le dynamisme d'une voix puissante et posée, sans accent.)

DANTE MAJORANA : Rien que je ne possède déjà, Monsieur le Directeur, je le crains.

Caractère

Les choses n'ont de valeur que
par l'interprétation qu'on en donne.
FERNANDO PESSOA

(Rires muets du directeur *** accompagnés par un mouvement de la tête en guise d'acquiescement, laissant apparaître quelques reflets sur le sinciput dégarni de cette dernière. Rictus mécanique au niveau du coin des lèvres du docteur physicien tenant plus de la grimace que du sourire, trahissant l'éternelle indisposition dudit visage à se contracter pour exprimer ce qu'il est commun de nommer la gaieté partagée. Gesticulation modérée de la silhouette gérontocratique derrière le bureau. Impatience du physicien interrogé traduite par de légères secousses oculaires. Incalculables roulis optiques instinctifs résultant du premier déplacement d'une partie d'échecs cérébrale.)

1.e4, 2.e5, 3.Cf3, 4.d6, 5.Fc4, 6.Fg4!!

MONSIEUR *** (voix chevrotante) : L'on m'a confié dans l'une des missives complétant votre dossier que votre réponse serait du genre de celle-ci, voire du même acabit. Je ne vous ferai pas l'affront de vous imposer les rumeurs circulant...

(Imperceptibles mouvements du pied droit du docteur traduisant l'ennui et la lassitude, agitation pouvant être interprétée comme étant habituelle au vu de l'automatisme du geste. Déchiffrage pouvant aller jusqu'à supposer que cette attitude pavlovienne se déclenche du seul fait d'être en présence d'un autre être pensant. Particules de poussière voltigeant en arabesque dans les rares et faibles rayons de soleil pénétrant dans la pièce confinée. Turbulence remarquée par le docteur, arrêt du battement de pied machinal et régulier.)

7.Cb3, 8.Cc6, 9.Ce5?, 10.Fxd1

MONSIEUR *** (voix chevrotante) : ... à votre égard, mais il me semble utile de vous questionner quant à leurs fondements. Est-il avéré que vous ne faites, pour ainsi dire, jamais équipe avec quels collègues que ce soient ? S'il est exact que votre nature puisse être qualifiée de solitaire, il me parait tout de même important de vous signaler que certains de nos premiers chercheurs théoriciens souhaiteraient vous rencontrer. Le peu de travaux vous étant attribués et parvenus jusqu'aux mains de vos collègues sont quasiment indéchiffrables. Il nous est donc légitime de nous questionner sur, si ce n'est la véracité des résultats, le raisonnement fondamental de vos recherches (regard gêné, sur la défensive). Cela dit sans vouloir vous froisser, Docteur Majorana.

(Mouvement assuré dudit chercheur faisant passer ses mains l'une dans l'autre, doigts accouplés dans un effet de miroir formant de son point de vue la lettre X. Claquement discret du pied du même chercheur sur la moquette ancestrale de laquelle bondit avec fureur un merveilleux nuage de matière filamenteuse phosphorescente. Nuée de brins flamboyants talonnée par le regard filant du physicien. Même rictus mécanique au niveau du coin des lèvres pour signifier l'arrivée d'un trait d'ironie coutumier.)

11.Fxf7+, 12.Re7

DANTE MAJORANA : Ne vous en faites pas, je sais que vous n'y comprendrez jamais rien.  

13. Cd5#!!

Histoire

On n'a jamais devant soi que le même être,
identique et immuable, occupé aujourd'hui des
mêmes intrigues qu'hier et que de tout temps.
ARTHUR SCHOPENHAUER

(Rire du directeur *** accompagné d'une légère toux sèche provoquant de larges perturbations dans les orbites irrégulières des particules de poudre effervescentes, contrastant parfaitement avec l'impassibilité stoïque du physicien.)

MONSIEUR *** (voix chevrotante) : Vous conviendrez qu'il est tout de même inenvisageable de vous voir investir nos locaux sans avoir la moindre information quant à vos recherches, Docteur Majorana. Et la politique de cette université nous incite à nous éloigner de toutes formes de favoritisme. Le mieux que nous puissions faire...

*

  La publication par Luìs F*** des Particules de l'infinie, d'abord en feuilleton dans Le ***, a déclenché dans le monde une importante polémique.
  Voici, à titre de document, une des plus vigoureuses attaques contre l'ouvrage, due au professeur Céline D***, biographe de Dante Majorana et spécialiste de ses travaux. Article paru le 28 juin 2*** dans le quotidien ***.

L'INFINI AU SERVICE DE LA PLUME
ou Comment se construise les mythes.

  Trop peu nombreuses ont été les réactions faisant suite aux parutions hebdomadaires des articles de Luìs F*** consacrées aux «Particules de l'infinie». L'un des chapitres de cet ouvrage, se voulant historiquement valable, et reçu en tant que tel, a pour sujet le célèbre physicien atomique Dante Majorana. Étant citée à plusieurs passages comme la biographe officielle dudit chercheur, je ne crois pas inutile de restaurer sa vérité (vérité humaine, cela va sans dire) ainsi que de défendre la mienne. En effet, non content de dévaster l'une des parts les plus fascinantes de notre patrimoine scientifique et philosophique, F*** se permet d'agiter, en guise d'ultime provocation, un billet de légitimité portant mon nom.
  Lorsqu'en 2*** j'éprouvais le grand désir et l'immense besoin de recueillir une importante documentation, si ce n'est exhaustive, du moins assez riche, sur le personnage de Dante, c'était avant tout dans le but de rendre à cet homme, l'hommage qu'il aurait été en droit de réclamer de son vivant. J'avais, à cette fin, réduit au minimum toute opinion et interprétation personnelle et cela uniquement par respect pour la figure emblématique du physicien.
  Mais ce que l'on constate amèrement (j'emploie volontairement et sans retenue aucune cet euphémisme) dans l'article partiellement vérifié de F***, c'est un déferlement de notes qui non seulement n'apportent rien au crédit du physicien, et encore moins à celle de l'avancée fulgurante qu'a permis ses travaux, mais n'apportent rien non plus aux lecteurs, qu'une centaine de propositions se voulant objectives et, qui plus est, d'après ses sources, tirées de mon travail de biographe. Or ces allégations sont privées de fondements et contradictoires avec ce que l'on sait de la personne de Majorana. Ces faits ont été réélaborés par F*** d'une manière qui, à mon avis, ne correspond pas à la réalité.

(Suite à venir...)

*

MONSIEUR *** (voix chevrotante) : ... pour vous êtes facilitant serait de vous soumettre la fameuse offre pour laquelle vous m'avez été chaleureusement conseillé. Question : Êtes-vous tenté par cette dernière ? Vous bénéficierez, bien entendu, de tous les avantages statutaires.

(Contraction buccale tacite du physicien en guise d'accord. Élévation des deux masses corporelles diffusant sur les étagères invisibles, encerclant la pièce humide, une incompréhensible représentation d'ombres mouvantes. Poignée de mains escortée d'un léger contact de la main libre sur l'épaule de l'autre. Grincements et craquements du vieux parquet mal ciré, frottements discrets. Ouverture de la porte du bureau faisant se mélanger un bref instant l'horizon des deux pièces, permettant ainsi aux fibres ayant été amputées de l’infâme pièce de textile du sombre cabinet de se confondre dans le nouvel air fraîchement apparu dans l'espace encadré par le chambranle. Glissement du physicien hors des ténèbres, claquement de porte étouffé. Disparition de Majorana.)

Post Rp

(À venir...)

Autres

• Aime : L'étude et l'alpinisme.
• N'aime pas : La mondanité et la télévision.
• Particularités, autres : Misanthrope, végétalien.  
• Profession hors de Dreamland : Physicien des particules.


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