Tournoi Equipes, 1ère manche, Risky Bet Vs Brain Storming, Lucas Versus Clem

Blablabla… Vous connaissiez la chanson… Il y avait dix arènes flottantes dans l’espace, neuf d’entre elles étaient utilisées (la dixième, la Big One, serait utilisée pour la finale), et toutes étaient pleines. Ici, ça ne serait pas l’exception qui dérogerait à la règle : les gradins se levaient tous à ma seule arrivée (qui n’annonçait rien d’autre que le véritable clou du spectacle). Les stades étaient bien plus profonds que l’arène du colisée du Royaume des Chevaliers de la Table Pentagonale, mais on entendait tout de même les hurlements, les ovations, et déjà, on pouvait voir de nombreux fanions s’agiter dans les airs avec les logos des différentes équipes. Ici, il y en avait de deux sortes, celles des deux équipes qui allaient s’affronter, même si les fans étaient encore peu nombreux. Je supposais que plus on allait avancer dans la compétition et plus des banderoles s’agiteraient.

Pour parler du terrain, il était grand... Voire très grand. Pour le moment, même si j'ignorais les intentions des organisateurs, le terrain était tout à fait normal : du sol avec du sable, très peu de sable, plus du sol gratté qu'autre chose, comme un Colisée romain en fin de compte. Les délimitations étaient établis par les débuts des gradins, mais avec un lieu grand comme deux terrains de foot pour se battre, y avait de grandes chances que les participants n'aillent pas taper au milieu des spectateurs. Dans le pire des cas, une barrière invisible étaient là pour les protéger et empêcherait tout "débordement".

Aller au milieu du terrain fut plus long que prévu, mais le temps que j’y arrive, les deux écrans géants s’allumèrent dans un concert foudroyant qui déchaîna encore plus les spectateurs. Je me mis à hurler dans le micro afin que tout le monde m’entende, et l’habitude me fit penser que je devais être un expert de la voix saturée :

« HELLO TOUT LE MONDE !!! Ed Free à l’appareil, et je suis heureux de vous retrouver pour un tout nouveau tournoi d’un tout nouveau genre ! Le tournoi par équipes, équipes qui vont maintenant s’affronter devant vous après s’être créées une semaine auparavant ! J’annonce donc le second combat de cette première manche !!! »

Ce que je fis, en parallèle avec les informations de l’écran géant :

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Première manche !

Arène numéro 2

Lucas Emerillon Vs Clem Free

Messages : 166 Date d'inscription : 28/06/2012 Age du personnage : 25

Le public était en effervescence. Le discours d'Ed Free en avaient rendus hystériques plus d'un. Un tournoi par équipes. Il fallait bien dire que cela n'était que foutaise. C'était toujours du stupide un contre un, comme les précédents tournois qui s'étaient fait entendre. Le seul fait de dire que ce tournoi était par équipes étaient que les victoires ne se faisaient pas individuellement, mais bien collectivement. Un système qui ne convenait certes pas à Lucas. Lui qui espérait pouvoir atteindre la finale facilement, il se retrouvait affublé de deux autres voyageurs qui lui mettraient sûrement des bâtons dans les roues. Si l'un avait une tête d'ahuri et un sourire d'imbécile, l'autre était une ravissante blonde aux formes volumineuses. Le blondinet ne connaissait que bien peu ces gens, bien qu'il ait passé une semaine entière à voir leur tronche, mais une chose était sûr, avec eux deux, cette nuit ne serait certainement pas une partie de plaisir.

Les écrans géants qui flottaient au-dessus du terrain sablonneux se mirent à afficher le duel qui allait débuter. Manque de bol, dans son équipe, Lucas serait le premier à passer. Comble du sort, il se retrouvait à combattre le fameux frère du grand Ed : Clem Free. L'Electromaker en avait entendu parler. Il possédait un pouvoir d'agoraphobe, celui de réduire ou agrandir une zone précise autour de lui. Le blondinet avait entendu parler d'une autre technique, mais qui restait encore inconnu au voyageur. L'avenir le lui dicterait sans doute la réponse. Pour l'instant, il lui fallait sortir de son trou pour se révéler au grand jour et pouvoir débuter son duel.

Il s'avança d'un pas sûr, affichant un sourire simpliste ainsi qu'un regard plus que sérieux, néanmoins, l'on devinait son anxiété de par les gouttelettes de transpiration qui s'échappaient du haut de son crâne. Le point de non-retour était dépassé. Il n'avait plus le temps de réfléchir à quoi que ce soit, il fallait passer à l'acte.

Bientôt, le voyageur se retrouva à l'air libre. Des cris enthousiasmes retentirent à son apparition, et comme pour remercier ses sortes d'encouragements, le garçon répondait avec un mouvement amical de la main droite. Lorsqu'il avisa complètement le terrain, il s'aperçut que celui-ci était beaucoup plus grand qu'il ne le pensait. Pour éviter de perdre du temps, il se mit à courir tant en gardant un œil sur le public qu'il remerciait de son salut. Malheureusement, s'il y a sable, il y a également roche, et par manque de chance, le pied de Lucas percuta l'une d'entre elle, le faisant se vautrer comme une crêpe raté. Il commençait bien son combat. Avec ça, il n'y avait presque aucune chance pour qu'il puisse obtenir une réelle attention de la part des spectateurs.

Il se releva lentement, se grattant l'arrière de la tête pour manifester son imbécillité, et reprit sa course, faisant néanmoins attention à ne pas tomber de nouveau. Une fois au centre de l'arène, il fixa son adversaire, le fameux Clem. Pour l'instant, tout était silencieux, mais dans peu de temps, tout ne serait sans doute plus que fouillis et brouillon de bataille. En guise de politesse, le blondinet tendit sa main vers l'agoraphobe et lui sourit béatement.

« Bonne chance. Que le meilleur gagne ! »

Bien évidemment, l'Electromaker avait déjà perdu tout espoir de vaincre ...

Enfin le jour J ! Après une semaine de préparation, de concertation avec les deux autres membres de l'équipe et de recherche sur les teams adverses, Clem était enfin dans l'arène. Cette exaltation pourrait pourtant étonné les proches de l'agoraphobe, qui était doté depuis la naissance d'une paranoïa aigu ainsi que d'un intérêt certain pour l'esquive, autant physique que morale quand elle concernait les pugilats. Clem pouvait pourtant se montrer très sanguin quand il le voulait (façon de parler bien sûr : le voyageur ne choisissait évidemment pas les moments où il avait très envie de défenestrer son interlocuteur). Ces dernières nuits, malgré tous ses efforts dans la voie de la diplomatie et du coup de pute dans le dos, il avait du se frotter mano à mano contre d'autres voyageurs, voir pire encore ; et toujours, il avait pris suffisamment de coup dans la tronche pour remercier du fond du cœur les capacités régénératrices d'un bon réveil à Dreamland. L'envie de tester ses compétences, d'affûter ses talents et de voir ce qu'il valait finalement face à d'autres voyageurs dans un combat qui ne serait, à priori, pas à mort, l'attirait. Il y a un peu plus d'une semaine, il avait parler du tournoi qui allait se dérouler à Mirage Space à Liz qui en avait parler à Héliée qui en avait parler à Clem, l'idée lui plaisait énormément.

"Je cherchais justement une excuse pour annuler tes congés oniriques." lui dit son seigneur lorsqu'il l'avait invité à un entretien dans son laboratoire personnel où Héliée, Seigneur de l'Agoraphobie et de l'Ochlophobie, des Foules et des Espaces infinis, était en train d'écraser consciencieusement une pomme avec une matraque sur une table de chirurgie, sans succès. C'était comme si la pomme avait été moulé dans de l'acier.
"Cela fait déjà pas mal de mois que tu t'entraînes au royaume sans sortir et tu les méritais, d'un certain point de vue."
Héliée venait maintenant de sortir d'un tiroir un marteau et soupesait son poids, Clem, de son côté, restait silencieux ; répondre à Héliée, c'était un peu comme souffler sur une mine amorcée : en théorie on ne risquait rien, mais elle finira bien par vous péter à la gueule un jour ou l'autre. Surtout si elle tenait un marteau.
"Seulement ça m'ennuie de savoir que tu vas en profiter pour allez batifoler avec Miss Douleur, parce que je suis persuadé que tu comptais te torcher le cul avec mon interdiction de la voir dès la seconde où tu serais en vacances, phalène espion au cul ou pas. J'ai pas raison ?"
Clem ne répondit rien à cela non plus, son seigneur avait bien évidemment vu juste et l'agoraphobe pensait bien que mentir pour sauver les apparences allait juste lui valoir une défenestration gratis. De toute façon, Héliée n'attendait aucune réponse : après avoir échoué à écraser la pomme d'acier avec son marteau, le Seigneur Agoraphobe venait de sortir un chalumeau et des lunettes de protections et tenta de faire fondre l'étrange fruit. Après l'avoir passé pendant une dizaine de secondes sous une chaleur infernale, il retira ses équipements, prit la pomme dans sa main et l'examina sous toutes les coutures avant de soupirer et de la lancer négligemment à Clem, qui la rattrapa par réflexe.
"Une petite condition tout de même, afin que ce soit plus marrant, Héliée s'approcha de Clem et récupéra la pomme, à la fin du tournoi, tu auras ta semaine de vacances MAIS si par hasard toi et ton équipe vous ne parvenez pas à la première place, je t'accompagnerais tout le long de tes congés. Là, le seigneur avait mit sa main sur une épaule de son voyageur et lui présentait de l'autre la voûte céleste d'un ciel imaginaire au dessus de leur tête.
"Imagine : on fera de la plongée avec des tortues oniriques, on fera griller des marshmallows sur un feu de bois au clair de lune et un jour sur deux, je te pourchasserais pour te faire la peau et tu devras m'échapper, ça sera marrant ! Héliée frappa l'épaule de Clem et partit avec un grand rire récupérer sur son établi un petit marteau de la taille d'un doigt avant de s'en servir pour donner un petit coup sur la pomme qui se brisa en deux.

"Encore ici ? Tire toi de là ! Je t'ai assez vu pour aujourd'hui."

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Une semaine et quelques jours s'étaient passés depuis cette conversation et c'était ainsi que Clem se retrouvait là, en plein milieu de l'arène avec son frère (l'éternel organisateur) et son adversaire du jour : Lucas Emerillon. Comme n'importe quel Voyageur qui s'était inscrit au tournoi et qui s'était donc retrouvé dans la position d'affronter éventuellement l'agoraphobe, Clem avait potassé le dossier d'Emerillon sur la bibliothèque de données du Royaume de l'Agoraphobie. Ce qu'il avait trouvé lui avait fortement déplu : le dossier était incomplet. Là où n'importe qui parmi ses collègues agoraphobes auraient conclu l'affaire par "si on a rien sur lui, c'est que ce n'est pas quelqu'un d'important", le cadet Free avait ressenti de l'inquiétude devant tous les blancs laissés sur la page. Clem ne se sentait rassuré que s'il avait les donnés claires et complètes sous les yeux, sinon ce n'était pas la peine : sa paranoïa lui hurlait tout de suite qu'il y avait aiguille sous roche, ou bien que son adversaire était doté de variables inanticipables ; par exemple il était noté sur le dossier de Lucas qu'il était un électrophobe et point barre ! Clem ne savait que dalle sur ses pouvoirs, ses capacités et ses techniques, un putain de minimum qu'il aurait aimé avoir pour aborder le combat sereinement.

Là, que dalle, peau de lapin et bordel de merde. Un classement dans la ligue M qui ne voulait rien dire, des conjonctures sur ses activités à Dreamland puis un gros doigt levé vers la paranoïa de Clem. L'agoraphobe avait bien évidemment observé un maximum son futur adversaire sous tous les angles pour s'en faire une idée précise, et à la lumière de ce qu'il avait vu, il pensait que peut-être, PEUT-ETRE, il n'avait pas à s'inquiéter autant. Petite course mal assurée, cafouillage, chute, serrage de main, putain de sourire...

« Bonne chance. Que le meilleur gagne ! »

Si c’est le meilleur qui doit gagner, pourquoi est-ce qu’on a besoin de chance, bordel de merde ? Et puis d’abord, j’ai pas envie de te serrer la main ; moi quand je serre la pogne de mon adversaire c’est pour lui faire sauter l’articulation avant de la lui fourrer dans l'œil. C’est comme ça que je me bat, j’emmerde la chance, c’est l’arme de ceux qui n’ont pas de stratégie. Avec moi le meilleur ne gagne jamais sinon je passerais mon temps à perdre. Je frappe dans le dos, je casse les rotules et je fous des coups de boules sur le pif à qui me bloque les bras. J’attaque toujours là où on ne s’y attend pas. Je sais pas la jouer réglo, j’ai jamais appris. La seule raison pour laquelle j’aurais envie de te serrer la main, c’est que tu portes une manche courte et moi, une tronçonneuse caché sous la paume.

Le stress généré par le tournoi et le regard de la foule massive qui l’observait le faisait penser à toute vitesse, ce qui était toujours un signe de nervosité chez l’agoraphobe. Même la clope qu’il avait au bec n’arrivait pas à le détendre (mais ça c’était peut-être parce qu’il ne fumais qu’à Dreamland et que par conséquent, elles avaient toutes des goûts de chiottes, mais il aimait ça). Il avait remarquer que son futur adversaire n’était pas complètement à son aise non plus. C’était dingue de penser qu’après avoir échappé à des voyageurs killers, des chiens cauchemars, une IA psychotique et autres joyeusetés, il avait toujours des sueurs froides à l’idée de se montrer devant une foule. Putain de tournoi, dans le précédent c’était pareil. Le chemin qu’il avait parcourir entre son entrée et le centre de l’arène avait prit des années à ses yeux, peut-être aussi parce qu’il avait mit un point d’honneur à marcher calmement tout le long du trajet, histoire de se calmer. Vu toutes les pensées connes (vraies, mais connes) qui lui avaient traversé la tête quand Emerillon lui avait tendu la main, ça n’avait pas vraiment marché.

En parlant de main justement, Clem était en train de couver celle de Lucas d’un regard absolument neutre pendant plusieurs longues secondes, histoire de le mettre mal à l’aise, avant de jeter son mégot à terre et de lui rendre sa poignée de main (les règles du dernier tournoi auquel il avait participé stipulaient que c’était là une étape obligatoire avant le pugilat et il ne savait pas si elles étaient toujours présentes pour celui-là).

“Et que le minable perd !” Lui répondit-il joyeusement.

Et bah quoi ? Il n’était pas interdit de tenter de perturber psychologiquement son adversaire avant la sonnerie du gong. Quelques mots lancés comme ça ne coûtaient rien et si ça servait un tant soi peu, alors autant y allez ! Histoire d’y allez à fond, il lança aussi un clin d'œil en direction d’Ed, quelle que soit la façon dont ce connard l’interpréterait, Clem n’en savait rien et s’en contrefichait. En revanche si l’inconscient de Lucas percevait cela comme une connivence entre son adversaire et le présentateur et qu'il en ressentait de l'angoisse... ma foi pourquoi pas ?

Sur ces entrefaites, Clem fit un petit saut en arrière pour se mettre à distance de son adversaire (avec son corps de voyageur, cela voulait dire qu’il s’était éloigné de trois bons mètres) et se mit en garde. Une garde très spéciale : après tous les entraînements qu’il avait reçu au Royaume de l’Agoraphobie, il avait remarqué que la manière la plus sereine et la plus efficace pour lui de commencer un combat était de rapprocher un maximum son centre de gravité du sol, une jambe plié à fond là où l’autre était tendu et étiré le plus possible loin de son corps, le pied étant en contact avec le sol via une mince ligne de chaussure, comme une corde tendue accrochée à l’amarre et qui retenait le bateau et l’empêchait de partir à la dérive. Ses bras suivaient le même schéma que ses jambes : côté genou plié, sa main touchait le sol juste en face de lui ; côté jambe étirée, son bras était tendu parallèle au sol, quelques dizaines de centimètres au dessus ce celui-ci.

Une vrai position d'étirement comme on en voyait cent avant une séance au dojo. Pour Clem, c’était l’assurance d’avoir son centre de gravité sous contrôle : de cette position, il était capable de partir en détente sèche vers n’importe quelle direction autour de lui, hauteurs comprises. Avec son pouvoir, seul l’intérieur du sol lui était interdit.

C’était la garde qu’il avait acquis après avoir joué les acrobates dans son royaume, là où le grand jeu des Duplicateurs étaient de poursuivre les Brûleurs de distance comme lui. Elle était bizarre mais c’était la sienne, et comme toutes les gardes, il avait mit moins d’une seconde à se mettre en position, Clem regardait Lucas d’un air décidé.

Allez mon gars, montre moi ce que tu as dans le ventre.

En réponse au clin d’œil stupide de Clem, je lui sortis un joli doigt d'honneur doublé d'un joli sourire qui lui permettrait de mesurer ma subjectivité lors du combat. A l'aune de l'évidence.

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Bien que Lucas sait perdu toute espoir de vaincre son adversaire, il lui restait la performance. S'il parvenait au maximum à humilier son adversaire, par exemple en usant parfaitement du terrain sablonneux parsemé de pierres plutôt puissantes, et en l'empêchant d'utiliser son Mass Effect ne serait-ce qu'une seule fois, ou le contrer extraordinairement, ou encore en usant de la surprise pour attaquer. Le blondinet savait pertinemment qu'il n'était pas parmi tout ces gens célèbres, et cela le convenait parfaitement, puisqu'il ne devait pas y avoir trop d'informations sur lui dans les archives de Dreamland. Pas d'infos sur son pouvoir, puisque la plupart de ceux qui l'avaient vu avaient disparus ou l'avaient sûrement déjà oublié, et une connaissance très peu importante sur ce qu'il était capable de faire. Cette dernière était plutôt logique : en effet, parmi ces performances étaient présents la destruction d'une grande roue, une humiliation de créatures du cimetière, un cannibalisme sur un ours en guimauve du royaume des sucreries. Des soi-disant exploits qui n'avaient aucun rapport entre eux, à part peut-être qu'il n'était pas vraiment prévu. Cela pouvait sûrement donner aux adversaires du voyageur le sentiment qu'il était un mec complètement imprévisible. Ce n'était pas vraiment faux, mais disons que ce n'était pas quelque chose de visible chez l'Electromaker.

Clem semblait obnubilé par la main de Lucas. Il la couvait visuellement à un point que ça en devenait étrange. Il acheva sa clope qu'il balança sur le côté, sans l'éteindre. Le blondinet l'observa un instant, réfléchissant aux choses qu'il pourrait faire avec. Quand il en finit, un sourire non contenue se forma sur ses lèvres, exprimant clairement son assurance pour le combat à venir. L'agoraphobe finit par lui serrer la main. Visiblement, il devait penser qu'il s'agissait d'une obligation avant le lancement du duel. Peut-être l'était-ce, mais ici dans le cas de Lucas, ce n'était rien d'autre qu'une main amicale, quelque chose qui était sorti de son crâne, des tréfonds de son cerveau. Il soupira de déception, avant d'écouter ce que son ennemi avait à lui dire.

« Et que le minable perd ! dit-il sur un air joyeux. »

Cette phrase avait du culot, c'était sûr. Presque autant que celui qui venait de la prononcer. Sûrement était-ce une tentative d'impressionnisme de la part de l'agoraphobe pour essayer de déconcentrer Lucas, mais celui était d'autant plus devenu sérieux avec cela. Au lieu de le perturber, cela n'avait fait que renforcer son envie de gagner. Comme ça, il pourrait rabattre le clapet de ce rouquin imbécile. L'Electromaker savait pertinemment que Clem lui était supérieur en puissance, mais en matière de tactique … Si le garçon n'avait que des mots pour se défendre, ce serait facile pour le blondinet de le vaincre. Enfin, c'était son opinion. Clem adressa un clin d'œil furtif à son frère, l'arbitre Ed Free, qui lui répondit gentiment par un Fuck doublé d'un sourire presque démoniaque. L'agoraphobe ne dit rien et préféra sortit en arrière pour s'éloigner de Lucas, qui observait la situation. Il l'imita , et se retrouva trois mètres plus loin, installé à bonne distance de son ennemi. Dans son saut, il avait rapproché ses deux mains pour former une petite boule de foudre, chuchotant en même temps quelques paroles uniquement compréhensibles par lui.

* Gérard, par le pacte qui nous lie, je t'invoque ! *

Le voyageur fixa un instant le ciel avant de diriger son regard vers son adversaire, qui semblait préparer sa garde. Placé presque en profil, il tenait une jambe et un bras en avant, plié, et son autre moitié placé en arrière, tendu. Il avait l'impression d'être en train de se préparer à courir.

* Le Mass Effect ! Pensa-t-il *.

En effet, il semblait se concentrer pour lancer son déplacement éclair. Il fallait agir vite avant de se faire emporter par l'attaque ! Le réflexe du voyageur fut de lâcher son regard le plus sérieux avant de courir vers Clem. Il ne fut qu'à quelques centimètres du centre de l'arène quand il recula soudainement en effectuant un saut minuscule. Gérard tomba violemment sur le sol, soulevant un fin mais opaque mur de sable. L'Electromaker congédia son invocation, et se prépara à poursuivre son attaque. Encore une fois, il parla en chuchotant.

* Laurent, par le pacte qui nous lie, je t'invoque ! *

Les fils de l'invocation apparurent, et Lucas les firent attraper une pierre qui passait par là. Un morceau du sol qui s'en était séparé. Il sauta sur le côté au cas où Clem lancerait son Mass Effect, et tira sa pierre, espérant qu'elle atteigne sa cible : l'agoraphobe. L'arme fonça sur l'écran de sable et le traversa aussi facilement que du beurre, disparaissant du champ de vue du blondinet. Pendant ce temps, le voyageur reculait en sautant en arrière, rejoignant sa position initiale. Il révoqua Laurent, et rappela Gérard, qu'il plaça cette fois devant lui, en tant que bouclier. Le sable retomba, révélant de nouveau la position des deux adversaires, à quelques exceptions près. Le combat ne faisait que commencer.

Let’s battle begin, comme dirait l’autre.

Au début d'un combat, c'était bien évidemment l'initiative et sa gestion qui étaient au centre de la stratégie par laquel les combattants devaient s'articuler. La prendre ou ne pas la prendre ? Pour Clem, la question ne se posait pas : il avait déjà répondu à la question il y a bien longtemps. Si l'adversaire lui présentait son dos et ne se doutait pas de sa présence, il fonçait, et plutôt deux fois qu'une. Si en revanche, il était dans le champ de vision de son ennemi, l'agoraphobe préférait largement le laisser s'épuiser à l'attaquer. Pendant l'entrée des combattants, Clem avait jouer le jeu du bluff et de l'intimidation : phrase clinquante, cigarette au bec, garde too much. Il avait donner à fond dans la carte du paraître, de l'imbécile tout en force et rien en finesse. Avec un peu de chance, Lucas avait tout gobé et l'avait pris exactemment comme l'agoraphobe voulait qu'il le voit : comme le frère d'Ed Free, le voyageur dont les articles du DreamMag le concernant faisaient état d'une liste de bâtiments détruits longue comme le bras. Un membre de la famille aussi aliéné que l'illustre frêrot. Si Clem n'avait pas eu ce corps de crevette, il aurait aussi rouler des mécaniques, pour faire bonne mesure, jouer la brute quoi. Il voulait que Lucas s'imagine affronter une grande gueule misant tout sur leur différence d'expérience à Dreamland pour le réduire en purée d'un seul coup. Rien n'était évidemment plus faux bien sûr mais seul le niais pouvait imaginer qu'un combat commençait à la seconde où le gong sonnait. Mais si Lucas pensait avoir affaire à la grande gueule que Clem avait bien voulu lui montrer, il allait certainement penser s'en tirer contre l'agoraphobe en faisant preuve de quelques ruses de bas étages. Le genre de trucs qui marchent bien quand on affronte des petites frappes oniriques ou quand on voulait impressioner ses potes. Mais si Lucas s'aventuraient dans le terrain de la stratégie et du bluff vicieux, il allait s'apercevoir qu'il aurait mieux fallu pour lui ne pas jouer à ce jeu avec Clem, roi des faux-fuyants. Le but du jeu, bien sûr, était de faire en sorte qu'il ne s'en aperçoive que trop tard ; quand il aurait la tête dans la terre, par exemple.

"Il faut amener l'adversaire dans un cercle de compétance qui vous est favorable" disait Miyamoto Musashi dans son Gorin No Sho, plus précisément dans le parchemin de l'Eau, oeuvre remplie de conseils sur son expérience de combat. De l'avis de Clem, quand on a affronté au sabre plus de soixante adversaires à la fois et que l'on mourrait de vieillesse dans son lit à peu près au même age, c'est que l'on savait de quoi on parlait. Pas mal d'enseignement sur la voie de la stratégie décrit dans ses rouleaux s'étaient gravés dans la tête de l'agoraphobe. Autant de leçon de combat qu'il allait pouvoir appliquer ici.

Il allait laisser Lucas s'épuiser à donner les premiers coups et à s'agiter en brassant de l'air. Clem allait s'amuser à lui lancer bluff après bluff grâce à ses capacités d'esquive et son pouvoir, qui faisait plus tourner la tête qu'autre chose, se prêtait très bien à ce petit jeu. Quand l'electrophobe serait suffisement fatigué, alors le cadet Free pourrait donner le véritable assaut.

Clem fixait Lucas avec toute la concentration dont il était capable. Aucun mouvement de son adversaire ne lui échappait, et certainement pas son petit regard coulé en douce vers le ciel. A dire vrai, Clem s'attendait à cette oeillade, de la part d'un electrophobe en même temps... Avait-il besoin de nuage afin d'utiliser son pouvoir ? Non, si c'était bel et bien le cas, jamais Lucas ne se serait inscrit à un tournoi se passant dans l'espace. Il devait y avoir une autre explication, une inconnue ou une variable que Clem ignorait ; et comme à chaque fois que le cas se présentait, l'agoraphobe concluait au danger. L'aiguille sous roche devenait bombe sous plastique. De toute façon, ce n'était pas comme si Clem avait l'intention de parer son premier coup.

En un instant, l'electrophobe fonça sur lui. Clem en fut perturbé. Son bluff avait-il complètement échoué pour que son adversaire ignore les signaux de brute épaisse que l'agoraphobe lui avait lancé ? Il fonçait au contact, comme s'il n'avait aucunement peur d'affronter Clem au corps-à-corps. Quelque chose n'allait pas. C'était la façon la plus crétine et la plus infantile de commencer un combat. Il était bien évidemment hors de question de se porter à sa rencontre. Clem préférait de loin attendre le bon moment pour esquiver l'attaque.

A mi-chemin (soit environ le milieu de l'arêne, à trois mètres de l'agoraphobe), Lucas sauta (en un éclair !) en arrière, laissant une sorte de pile humanoïde tombée sur le champ de bataille (voila qui pouvait expliquer son oeillade au ciel : une invocation !) et soulevant un mur de sable assez dense pour ne pas laisser passer le regard. Le vieux coup du mur de sable... un cas d'école ! Même si c'était un véritable exploit que de réussir à en créer un avec ce sol terreux. Le truc avec le mur de sable opaque, c'était que c'était une cachette parfaite pour échapper à la vue de son adversaire. N'importe qui avec un tant si peu de prévisibilité se cacherait avec ; mais c'était un peu comme le coup du fumigène : l'adversaire s'attend forcément à ce que vous vous cachiez de l'autre côté. Voila pourquoi Clem faisait toujours le maximum pour s'en éloigner en vitesse en tentant de ne pas se faire voir. Avec un peu de chance, Lucas allait s'user les yeux à porter son attention sur le sable en imaginant que l'agoraphobe se trouve derrière ; et c'était bien pour ça que dès le moment où Clem vit les effets de la chute de l'invocation sur le sol, il fit apparaître un wormhole pour rétrécir les distances et améliorer artificiellement sa vitesse. La silouhette de Clem devint flou le temps d'un battement de cil et il fonça en détente sèche sur le côté, coutournant Lucas d'un large demi-cercle d'à peine une demi-douzaine de mètres de rayon.

Pendant sa course (qui ne prit que quelques fractions de secondes), le cerveau de l'agoraphobe tournait à plein régime. Ainsi son adversaire était un invocateur. Mais c'était absolument parfait. Les effets de la stratégie qu'il avait décider d'adopter pour ce combat allaient s'en retrouver amplifiés. Si Clem parvenait à décider du ryhtme du combat pour forcer son adversaire à s'épuiser à le suivre, il était toujours dans l'ordre du possible que le combattant en face parvienne à acquérir les cadences de l'agoraphobe et à calquer ses cycles de combat aux siens, ce qui rendrait son épuisement sur le long terme plus problématique. Heureusement, la question se ne se posait pas avec un invocateur, qui était par nature obligé de gaspiller son énergie à alterner les invocations s'il ne voulait pas se retrouver débordé lors de l'affrontement, à force que les techniques de ses protégés deviennent trop lisibles et anticipables.

Au vu des propriétés de son wormhole, l'agoraphobe n'était qu'à une longueur de bras du centre du terrain, là où il avait laissé tomber son mégot avant de serrer la main de Lucas, il tendit la main pendant sa petite esquive ventre-à-terre et rattrapa le morceau de clope misérablement abandonné là. Clem n'amenait que des armes avant d'allez à un combat, tout le reste était superflu de son point de vue. Pour lui, une bibliothèque était une armurerie ; et un bureau de travail, un râtelier d'arme. Il serra le mégot dans son poing afin de rendre le bâton de papier inidentifiable et le garda lorsqu'il arrêta sa course ; de là où il était, il pouvait voir l'electrophobe de profil (donc lui pouvait logiquement le voir, à la périphérie de son champ de vision) et il était à une demi-douzaine de mètres de ce dernier. Il avait remarquer que Lucas avait re-invoquer sa pile qu'il plaça en position défensive devant lui. Un peu inutile étant donné que Clem se trouvait maintenant à angle droit de la zone visée par le dispositif de défense. Mais toutes ces considérations ne servaient à rien étant donné que Clem n'avait pas encore l'intention d'attaquer. A la place, il héla Lucas pour attirer son attention lui lança (une fois encore) des paroles destinés à le destabiliser et continuer son numéro d'adversaire certain de sa supériorité. Il n'avait pas désactiver son wormhole, si bien qu'il devait paraître complètement brouillé aux yeux de l'electrophobe.

"Pas trop mal Lucas ; j'ai noté dans ton attaque deux mouvements inutiles sur trois. Fais attention, tu sais... Aucune blessure ni aucun adversaire n'a jamais tué un combattant. C'est la fatigue qui tue. Toujours la fatigue. Jamais le manque de sang ni les coups violents. Fatigue toi moins vite que ton adversaire et tu gagneras à coup sûr.

Pompeux ? Certainement. Mais c'est bien dans les vieux pots que l'on fait les meilleures confitures. Et puis tout ce couplet sur la fatigue, c'était un vrai conseil, Clem le pensait vraiment. Une règle de base.

C'est maintenant qu'il passa à l'attaque. Enfin façon de parler : pas un coup ne serait porté à Lucas, physique en tout cas. Comme l’electrophobe auparavent, Clem se jeta vers son adversaire, wormhole en main. Tache de couleurs floues dans la galerie des mirroirs déformants de la vitesse. Un son de course amplifié par les changements apportés aux distances devait parvenir aux oreilles de Lucas. Clem jeta deux objets à la suite vers sa direction “Attrape !” lui lança t-il quand il lui jeta le wormhole vers son poitrail. Projectiles complètement innofensif s’il en était, mais l’electrophobe n’en était pas forcément au courant. Clem savait aussi que les effets distordants que son pouvoir occasionnait au continuum physique étaient très perturbants pour le non-initié qui les expérimentait de près. Son deuxième objectif fut le machouillis de papier qui restait de son mégot, éteint depuis bien longtemps. Là encore, la portée physique de cet objet était nulle, en rapport à l’inexistance des dommages matérielles qu’il allait apporter. Mais son effet psychologique était très probable. En effet, le wormhole distordant de façon extrème les distances autours de lui, la vision que l’on avait de la zone concernée s’en retrouvait également modifié. L’innocent bout de clope jeté au visage de Lucas devrait donc lui apparaître comme un minuscule petit objet inidentifiable. Le but de ses deux projectiles ? Juste lui mettre les nerfs à fleur de peau. Utiliser les ressources de son cerveau à user et ré-user ses capacités de traitement d’information sur des conneries sans importance. Il cria même un “Boum !” comme s’il venait de lui lancer un explosif, toujours dans l’optique de faire réfléchir à toute vitesse son beligerant. Dans une certaine mesure, la stratégie de Clem ressemblait un peu au rôle du chat dans le film Alien, avec ce sale matou dont la mise en scène et le story-board du film lui assuraient plus de jump scare que le monstre sus-nommé. Usant et effrayant les spectateurs à chaque fois qu’un miaulement strident suivi d’une boule de poils roux fusait devant la caméra. On pouvait donc considérer les petits bluffs psychologiques de Clem comme le chat, là où le voyageur était le xénomorphe.

Bien avant d’atteindre Lucas lui-même, l’agoraphobe fit un petit saut au dessus de la tête de son adversaire ; petit saut que le wormhole transforma en magnifique parabole passant largement au-dessus de l’electrophobe. Clem atterrit finalement à l’emplacement à peu près symétrique de celui qu’il avait quitté après avoir lançé ses petites phrases à son adversaire : il voyait toujours l’invocation de Lucas à côté de lui. Il la voyait seulement se tenir de l’autre côté, comme un reflet de son précédent point de vue. L’agoraphobe fit disparaître son wormhole avant de se mettre une fois de plus en garde, toujours la spéciale. Il regardait son adversaire, fixant le moindre geste de Lucas, prêt à s’élancer dans la moindre trajectoire d’esquive si celui-ci tentait une attaque directe.

Messages : 166 Date d'inscription : 28/06/2012 Age du personnage : 25

La logique. Sûrement la chose la plus sensée qui existe en ce bas monde qu'est la réalité. Une chose singulière à toute personne vivante, singulière à toute personne qui le souhaite. Une chose qui traverse tout ceux qui la comprenne. Une chose qui se ressent dans la vie de tous les jours. Un chose invisible et indolore, pourtant ressenti dans tout ce monde. Une chose qui accompagne ces personnes dans leur quotidien. Une chose … qui n'appartient pas au magnifique monde portant l'incroyable et extravagant nom de Dramland, le monde onirique. Cet endroit, qui chaque nuit, s'anime de par les voyageurs, des hommes de ce monde de logistique qu'est le leur, qui se promène dans les royaumes à la recherche de choses à faire pour s'occuper. Ils ne cherchent pas à ce que ce soit logique ou bien rationnelle, ils veulent simplement pouvoir s'occuper de leur façon, quitte à détruire des lieux entiers. C'est ça Dreamland. Un monde où la logique est un mot à la limite du tabou, un monde où chacun fait ce qu'il souhaite, un monde où on fait la fête sans s'arrêter, un monde de rêve quoi. Un monde dans lequel Lucas, voyageur de l'électricité, alias l'Electromaker, a choisi de devenir ce qu'il n'est pas : un combattant reconnu, un mec que tout le monde connaît par ses exploits, qu'ils soient biens ou malveillants. Et cette nuit-là, il comptait bien accomplir son objectif en gagnant contre le célèbre Clem Free, frère de l'un des plus grands bourrins du moment, Ed Free. Le vaincre, cela signifiait beaucoup pour le blondinet. Cela montrerait tout simplement qu'il est une de ces personnes hors du commun, dont il faudrait accorder bien plus d'attention qu'à d'autres . Cette nuit-là, de par le tournoi des jeunes talents, un tournoi très réputé, ayant attiré un nombre affolant de spectateurs, il espérait se faire connaître, se faire reconnaître, et devenir connu. Cette nuit-là, être tombé pour son premier combat contre l'agoraphobe, c'était une aubaine pour se faire connaître. Et désormais que le combat était commencé, il ne lui restait plus qu'à impressionner le public et les arbitres pour gagner. La chance et un brin d'intelligence ne lui suffirait sûrement pas à réussir son exploit, mais il n'avait que ça en main. Il lui fallait jouer avec méthodologie, sinon il y resterait.

Le combat avait bien vite commencé, surtout à cause de Lucas en fait. Sa première idée était de foncer tête baissée vers Clem, et de reculer au dernier moment pour laisser Gérard au centre de l'arène pour soulever un petit mur de sable des plus opaques. Évidemment, le décor de l'arène n'était qu'un simple banc de terre recouvert d'une fine couche de sable, mais bizarrement, beaucoup plus de cet élément sec s'était tassé au centre même de l'endroit. Il y avait effectivement de petits trous qui s'y étaient formés, et qui s'était rempli de jolis tas sablonneux. C'était plus un hasard que quelque chose qui soit sortit du crâne du blondinet. De plus, lui avoir lancé un morceau de sol trouvé par là n'avait été rien de plus qu'un moyen pour le voyageur de se rassurer, de se dire qu'en l'attaquant à distance, il parviendrait à vaincre facilement son adversaire. Jusqu'ici, ce qu'il avait fait ne restait rien d'autre que de l'assurance plus que de la combattivité. Pourtant, Linda, reine incontesté de la foudre, lui avait bien enseigné, les quelques nuits où elle l'avait vu se préparer pour le tournoi, que dans un combat, il n'y avait point de place pour l'assurance, seulement l'envie guerrière de battre son adversaire. A force d'entendre le même discours de l'espèce de diva foudroyante, il aurait dû s'y accommoder. Visiblement, il n'y avait pas fait attention quand il avait commencé le combat. Il lui fallait se rattraper, et vite. Si rien n'était logique ici, alors il fallait qu'il agisse ainsi. Jusqu'ici, cela n'avait qu'une histoire de stratégie, qu'elle soit bonne ou mauvaise. Alors l'idée serait d'aller dans le moins pensif. L'Electromaker avait bien une idée, mais ce n'était rien d'autre qu'une théorie, une chose que lui avait expliqué Oragen, un des hommes de mains de classe supérieur de la reine. Il lui avait bien ajouté après lui avoir tout dit qu'il avait peu de chances d'y arriver, mais que c'était possible. Bon, après tout, toute idée ayant la possibilité d'aider l'invocateur à vaincre son adversaire pourrait être utilisé, quitte à y laisser quelques membres, ou d'autres choses encore.

Clem avait disparu du champ de vision du blondinet. Sans savoir comment il était parvenu à s'effacer sans avoir à utiliser son Mass Effect, puisqu'il n'aurait pas eu le temps de l'utiliser avant de se prendre la pierre que l'Electromaker lui avait lancé. Si l'agoraphobe possédait une autre technique que celle-ci, alors le blondinet était bien dans la mouise. En fait, il en avait entendu parler, d'une seconde technique de son adversaire. Il n'en connaissait rien à part un possible nom : Wormhole. C'était sans doute un faux nom, mais impossible de le prouver sans demander, ce qui ici était impossible. Il fallait donc user de ce nom si jamais cette technique existait vraiment. Mais pour l'instant, la priorité était de retrouver Clem, qui avait disparu du champ de vision direct de Lucas. Il le cherchait furtivement, lançant son regard de droite à gauche, espérant le trouver sans avoir à bouger, ou simplement à se tourner. Pendant ses recherches, qui correspondait à cinq ou six secondes environ, il réfléchit rapidement s'il devait utiliser la théorie d'Oragen ou pas. Il n'était pas complètement sûr de sa fiabilité, et n'était même pas sûr et certain qu'elle fonctionnait, mais s'il restait une infime chance de vaincre Clem, alors il fallait l'appliquer. Quand ses observations s'achevèrent, il révoqua Gérard, et choisit d'user de cette idée.

« Pas trop mal Lucas ; j'ai noté dans ton attaque deux mouvements inutiles sur trois. Fais attention, tu sais... Aucune blessure ni aucun adversaire n'a jamais tué un combattant. C'est la fatigue qui tue. Toujours la fatigue. Jamais le manque de sang ni les coups violents. Fatigue toi moins vite que ton adversaire et tu gagneras à coup sûr. »

La voix provenait de le droite du blondinet, ce qui le fit sursauter un peu. Il tourna son visage, et vit l'agoraphobe, ou plutôt un flou de lui. Il était assez peu visible, plutôt calme à première vue, et visiblement déçu de voir que son ennemi n'était pas complètement à la hauteur. Le voyageur soupira de tristesse envers lui-même. Il savait bien qu'il n'était pas quelqu'un capable de défaire son adversaire. Il n'était que Lucas Emerillon, l'Electromaker celui qui combattait Clem Free, l'agoraphobe. Le sentiment d'infériorité prenait une bonne partie de la réflexion du blondinet, qui n'arrivait pas à s'en défaire. Et ce sentiment était si important qu'une simple feinte suffirait à le faire sauter sur place. C'est d'ailleurs presque ce qui se passa. Clem lui lança deux projectiles, tout deux ayant une forme différente. Et avant qu'il ne disparaisse, le rouquin ajouta un petit « Attrape ! » subtile, cachant secrètement une énorme expression de joie, littéralement noyé par ce mot si simpliste, bien trop facile à sortir, et d'un naturel farceur. Voilà qui offrait à Lucas de nouvelles informations à propos de son adversaire. Malgré son calme presque permanent, il sortait assez souvent, toujours caché sous des paroles lâché aussi soudainement qu'il apparaît comme un magicien sur votre angle mort, prêt à fondre sur vous comme un aigle fond sur sa proie sans défense. Ici, Lucas ne jouait le pauvre rôle de la bestiole affolé, tentant de survivre dans ces lieux hostiles, inlassablement poursuivi par la bête, le gigantesque oiseau au bec acéré, paré à réduire à trépas la vie de ce pauvre mammifère à tête de blé. Cette tension invisible était insoutenable. Chaque seconde signifiait un instant de moins à implorer que la fin arrive, ou que la situation redevienne tranquille, sereine, des plus ordinaires. Mais quand Clem ajouta un magistral « Boum ! » avant de disparaître de nouveau en une seconde, son flou prenant plaisir à s'évaporer à toute vitesse, cette tension horrible, allant jusqu'à faire transpirer mentalement comme physiquement Lucas, ne fit que s'agrandir, transformant le combat en jeu du chat et de la souris, celui où le chasseur, c'est-à-dire le fameux félin, devait poursuivre sa proie, donc la souris, pour qu'elle devienne à son tour le poursuivant, sauf que cette fois, il n'y aurait qu'une partie, et le chat ne se ferait pas prier pour détruire cette pauvre bestiole n'allant même pas jusqu'à la moitié de sa taille et de ses compétences, quelles qu'elles soient.

Les deux projectiles se dirigeaient à une vitesse affolante vers l'Electromaker, qui n'esquissait pas le moindre mouvement. La peur l'avait pris. Les deux objets , ou seulement l'un d'eux, qui se dirigeaient vers lui devaient des bombes, ou bien un objet qui s'en approche. Si l'adversaire de l'invocateur avait des armes comme ça sur lui, alors c'était fini, définitivement. Un véritable massacre aurait lieu. Lucas était prêt à abandonner en cas de besoin, parce que même s'il était d'accord pour perdre quelques membres à la fin de ce duel, continuer en sachant pertinemment que l'agoraphobe n'en ferait qu'une bouchée, c'était courir à sa perte, courir à sa mort de voyageur. Et il ne souhaitait absolument pas cela, au contraire. C'était sa peur la plus extrême, depuis qu'il arpentait Dreamland chaque nuit. Mourir. Quelque chose que personne ne souhaite, quelque chose qui fait que certaines décisions importantes se terminent par un refus. Mais aujourd'hui, cette peur serait la raison de vivre de l'invocateur. Après tout, se battre pour survivre, c'est une façon comme une autre de montrer qu'on peut vaincre cette peur de perdre la vie. Sur cette pensée furtif, le combattant soupira longuement pour laisser sortir rapidement son stress, origine même de cette peur panique de mourir, elle fuit du corps de son pensionnaire en même temps que son collègue phobie. Désormais plus serein, Lucas observa les deux projectiles arriver sur lui. Il voulait par réflexe se défendre avec Gérard pour éviter de prendre des dégâts, mais il se dit qu'il fallait bien impressionner le public, aussi préféra foncer sur ces fameux projectiles, bras croisés pour servir de protection au maximum. Il courut en affichant un sourire jovial, une nouvelle motivation le poussant à combattre tant qu'il le pouvait. Cette même motivation qui fut suivi d'un sentiment de rage subite, quand Lucas vit que les fameuses armes de l'agoraphobe n'était rien de plus que sa stupide cigarette réduite en lambeaux et et une espèce de boule aux couleurs difformes, mais il resta calme. Après tout, ce que venait de faire Clem n'était rien de plus qu'une provocation mineure. Une de ceux qui ne fonctionnent qu'avec les personnes vraiment stressées, vraiment tendues. Le blondinet avait réussi à garder un maximum de sérénité quand il s'était aperçu de la ruse de son adversaire. Mais en vue de ce que cet homme avait fait, c'était parti pour un duel où seul le plus performant tiendrait.

Maintenant que Clem avait fait son cirque, il était temps pour Lucas de répliquer. Il n'avait qu'une seule chose à faire : réussir ce qu'il voulait faire. Il soupira une nouvelle fois, extirpant autant de stress qu'il put de sa carcasse mouvante. Il se tourna vers le coin de mur le plus proche de lui, ce qui représentait une vingtaine de mètres tout de même environ, et commença à marcher vers ce coin. Il ne faisait pas attention à son adversaire. Ce qui comptait pour lui, c'était sa prochaine offensive. Enfin, disons plutôt qu'il s'agissait d'une attaque défensive. Il espérait parvenir à attaquer Clem tout en se défendant au maximum sans avoir à bouger. Pendant son trajet, le voyageur joignit ses mains pour former deux longueurs de rectangle de par la paume de ses mains, et parla d'une voix tranquille, ne mâchant aucun de ces mots.

« Par le pacte qui nous lie, je t'invoque … Laurent ! dit-il calmement. »

L'invocation se matérialisa tout d'abord sous la forme d'une boule difforme, unicolore, avant de s'infiltrer dans le ventre de son maître, prêt à lui laisser user de ses pouvoirs. Dans sa manche droite, l'Electromaker fut apparaître de petits fils qui s'arrêtaient au niveau du poignet, et qui ne laissait que leur bout visible. L'invocateur atteint le mur solide, se gratta les yeux, et se tourna avant de se poser contre la façade en mode pauvre. Il posa sa main sur le sol terreux, et descendit ses fils entre chacune de ses phalanges, leur faisant tâter le sol. Il ferma le yeux, et souffla aussi silencieux qu'il put, rendant sa respiration aussi lente qu'un escargot se déplace. Il patienta un instant, et en profita pour réfléchir. Avec le temps qu'avait pris son trajet, l'adversaire du blondinet avait largement eu le temps de se préparer pour n'importe quelle attaque, que ce soit son Mass effect, ou sa mystérieuse et peut-être inexistante seconde technique, surnommée Wormhole, ou même autre chose avec ce qu'il avait sous la main. De la pierre, du sable, et sans doute des objets dans ses poches qui pourraient lui servir. Mais ce n'était pas grave. Si le blondinet avait réussi à atteindre sans encombre son petit coin, c'est que l'agoraphobe devait avoir été surpris de cela, ou bien qu'il l'avait laissé faire pour voir ce qu'il allait faire, qui sait ? En vérité, le blondinet ne cherchait nullement à le savoir. Ce qui comptait, c'était qu'il avait l'occasion de tester une chose qu'Oragen ne lui avait montré qu'une seule fois, et sous forme de théorie, pas en exercices. C'était une première. C'était plutôt excitant et fabuleux. Mais tout cela n'était pas dans le projet actuel du voyageur. Il devait rester calme, silencieux et concentré pour parvenir à ses fins. Ce n'était pas une attaque à proprement parler, ni même une nouvelle technique obtenu grâce aux nouvelles fonctions de Laurent, simplement une idée d'utilisation de ces méthodes. Une idée pour user autrement qu'en combat la capacité paralysante de Laurent, de façon ingénieuse. Et le seul point faible cette technique était toute simple : Lucas oubliait complètement que Clem était prêt à attaquer.

HRP:

Être spectateur dans les gradins d’un tournoi à Dreamland relevait plus d’un mélange entre un sport et une religion qu’une simple sortie familiale. La nature compacte des sièges, l’enthousiasme de chacun à encourager son combattant favori et la nature hautement belliqueuse d’un grand nombre des venus faisaient des gradins de Mirage Space un endroit souvent plus dangereux que l’arène qu’ils entouraient. On avait depuis longtemps arrêté de compter le nombre de personne qui se blessait dans ces lieux (de les soigner également de par ailleurs) et le décompte des morts donnaient des sueurs froides à ceux qui avaient survécus. Les insultes et les objets pleuvaient tandis que chaque rangée alimentait assez de tension pour faire frire un enfant en bas âge. Et on y respectait rien n’y personne.

C’était ce que se disait Liz tandis qu’elle suivait Héliée descendre les escaliers afin de rejoindre leurs places réservées. Ces dernières étant bien évidemment occupées par un couple de voyageur sans gêne, Liz attendit le claquement de doigt de son maître avant de procéder à quelques réaménagements logistiques afin de libérer les sièges. C’est donc une voyageuse légèrement essoufflée et son seigneur cauchemar qui purent s’assoire à leurs places tandis que leurs précédents occupants gisaient à quelques marches en aval, entre deux sièges dans un couloir pour le trafic. De temps en temps, Héliée farfouillait dans son sachet en plastique et jetait des pop-corns en contrebas tout en regardant le combat opposant son voyageur à celui de Lindi. Le seigneur cauchemar faisait partit de cette race de spectateur qui en savait toujours plus que tout le monde à propos de la joute regardée et ne pouvait s’empêcher de faire des commentaires acerbes à chaque action terminée. Et comme tout spectateur chiant qui se respecte, Héliée resta parfaitement calme et attendit la dernière action de Lucas pour exploser :

« Non mais c’est pas vrai, quelle merde ce type ! Fit-il remarquer à Liz qui hocha la tête d’un air distrait, persuadée trois jours avant le tournoi que cela ne pourrait que se passer ainsi. Cette espèce de singe se bat comme une sous-merde ! Il fait quatre pas là où un seul pourrait suffire, se déplace comme une putain de tortue asthmatique et fait des bluffs aussi pourrie que sa tenue. Si c’était moi qui était en face de sa pogne, il ferait moins le mariole, je peux te le dire. Une ou deux pichenettes de ma part et le gars pourrait se toucher les dents en se grattant le cul. Au moins on rigolerait, là c’est complètement à chialer.
-Vous êtes peut-être un peu dur avec ce pauvre Lucas, tenta d’objecter Liz, il est voyageur depuis un an à peine, c’est normal qu’il ait du mal face à Clem, non ? Héliée se tournait brusquement vers sa seconde, les yeux écarquillés.
-Mais c’est de Clem dont je parle depuis tout à l’heure ma chère ; comment as tu fait pour les confondre ?

______________________

Quand le cerveau de Clem marchait à pleine vitesse, comme maintenant, lors d’un combat, il passait au crible tous les scénarios possibles que pouvait sortir son adversaire afin de les anticiper (et donc, de les neutraliser) au maximum. Le problème étant que le spectre des possibilités futures était tellement vaste que l’agoraphobe était bien forcé d’y opérer un filtre. Dans la situation qui le concernait, il y avait une constante qui sortait à chaque fois : dans tous ses scénarios, Lucas l’attaquait. Ce serait donc un sacré euphémisme de dire que Clem fut surpris quand il vit Lucas l’ignorer superbement et commencer à se diriger vers une des limites du terrain à vingt putains de mètres de là ! D’un pas résolument calme et en lui tournant le dos. Clem devait bien avouer que son adversaire avait un sacré sang-froid (ou alors c’était lui qui avait complètement foiré sa tactique d’intimidation, un choix). Et sa stratégie n’était pas banal, quelque chose que Clem respectait beaucoup. Qui pouvait se targuer d’avoir tourner le dos de son adversaire en plein combat, sans qu’aucun ne se sit pris aucun coup ? L’agoraphobe se disait que la seule raison pour laquelle il procéderait de la même façon, ce serait qu’il avait un piège à l’intention de son adversaire, et qu’il fallait absolument que celui-ci se rapproche. C’est en grande partie la raison pour laquelle Clem ne se jeta pas sur Lucas pour lui enfoncer son genou sur sa nuque découverte. Quand Clem ne parvenait pas à décrypter une stratégie, il préférait autant rester en arrière jusqu’à avoir compris de quo il en retournait. Mais ce n’était pas pour ça qu’il allait rester les bras croisés jusqu’à ce qu’Emerillon termine sa promenade.

La connaissance, c’est le pouvoir.

Que Lucas ait décidé de tendre un pige à l’agoraphobe et attendait, tous sens aux aguets, que ce dernier se jette sur lui, ou alors qu’il préparait une stratégie très consommatrice en temps et que seul la prudence de Clem lui permettait de mettre au point, l’agoraphobe allait tout de même profiter de ce laps de temps afin de préparer sa propre technique. La première phase du Mass Effect était relativement simple à accomplir ici : l’arène était vide de tout, la seule chose à faire était de se concentrer sur Lucas et de faire abstraction du public. Ce qui était précisément ce que faisait Clem depuis le début du combat. Ce dernier s’était mit debout, bien droit et seul une main tendue où des petits filaments bleus électriques se rejoignaient en son centre trahissait une activité de sa part.

Le pouvoir, c’est l’énergie.

Concentration… ne pas voir autre chose que Lucas et les dizaines de mètres qui séparaient les deux protagonistes. Avoir conscience de chaque centimètre les séparant. Clem n’aurait jamais découvert cette technique tout seul si une IA supra-intelligente n’avait pas pris contrôle de son corps et user de cette capacité d’agoraphobe comme si de rien n’était. A grand coup de calculs astronomiques. Mais là où MARvINE avait déformé le continuum par la science et la logique, Clem le faisait dorénavant d’instinct, juste en faisant confiance à son pouvoir… et avec la capacité de concentration que demandait la compression violente d’une portion de l’espace tri-dimensionnelle de cinquante fois sa taille originale.

L’énergie, c’est la masse.

Lucas ne s’était pas éloigné assez loin. Mais à sa décharge, à moins de se faire disqualifier pour fuite du terrain, il n’aurait jamais pu laisser une distance suffisamment grande entre lui et l’agoraphobe pour échapper à l’effet cosmodésique du pouvoir de ce dernier. A quoi bon se torturer la tête si la longueur d’un stade de foot n’y aurait suffi également ? Lucas était le deuxième point de l’univers de Clem là où le centre de gravité de l’agoraphobe était le premier. Séparé de quelques ridicules dizaines de mètres, ces deux points allaient très bientôt être rapprochés à un tel point que si l’un d’entre eux avait été une flamme, l’autre s’y serait brûler. De la même façon, Clem ne comptait laisser Lucas dans le même état après qu’avant l’activation de son pouvoir. L’electrophobe avait bien prouvé qu’il gérait suffisamment bien le stress pour rendre caduque la précédente stratégie de son ennemi.

Ne restait plus que les blessures physiques.

Et la masse déforme l’espace.

… la découpe en un espace B polyfractal contenu dorénavant dans un dé à coudre large comme une épingle.

Clem tendit le bras et attrapa le col de Lucas avant de le tirer violemment vers lui ; il annula également rapidement son pouvoir. Du point de vu du public, c’était un peu comme si le bras de l’agoraphobe s’était instantanément allongé avant de ramener tout aussi rapidement son adversaire devant lui. Ultra-vite, et d’une voix hachée, Clem lança rapidement, mais doucement à son adversaire un : « Tunet’enfuirasjamaisassezloin » avant d’armer sa nuque et d’envoyer la plaque osseuse de son front contre le visage de Lucas, en plein dans la zone du nez.

Ensuite, toujours le col de l’electrophobe bien en main, il se servit de sa prise pour sauter, pencher tout son corps en arrière et il envoya ses deux pieds sur le plexus solaire du voyageur. Il lâcha ensuite sa prise sur le col de Lucas et se servit de la force du coup faire un salto arrière et se retrouver à un mètre devant son adversaire, garde de boxeur en place, à attendre sa réplique.

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On s'imagine souvent que c'est dans les combats que la violence est la plus grande, puisque les combattants n'hésitent pas à s'entretuer pour vaincre. Qui pourrait imaginer pire monstruosité que lors des duels tel que celui que mène Lucas et Clem ? Seulement les personnes ayant la chance de ne jamais été blessé ou par simple accident. Le reste sait parfaitement que le combat actuel n'est rien de plus qu'une bataille de fillette pour eux, qui ont parfois vécu jusqu'à l'enfer dans leur vie. Torture, violence, viol, tout y passe. Dans de simples duels, on ne fait que frapper, et parfois réfléchir, mais rien qui puisse effrayer de véritables monstres parmi ceux qui peuplent Dreamland. Et bien heureusement, ces derniers se fichent presque toujours de ces combats, sauf quand il s'agit de les regarder. Qui aimerait voir deux puissants seigneurs cauchemars se battrent entre eux et exploser l'arène en deux secondes dès le premier choc ? Forcément, personne. C'est ce qui fait que le tournoi dans lequel Lucas venait de se lancer pour tomber sur Clem était un de ceux où il était parfaitement capable de sortir vainqueur, quel qu'en soit le prix, puisqu'il se réveillerait ensuite, en forme et sans une seule égratignure. L'agoraphobe n'était donc qu'un simple obstacle que le blondinet se devait de franchir le plus facilement possible, en ramassant un minimum de blessures possibles. Mais évidemment, cet obstacle était de ceux qui n'aimaient pas être franchi, et qui tentait par tout les moyens de mettre Lucas hors d'état de nuire. Et si jusqu'ici, Clem avait tenté une victoire par la destruction mentale, c'est-à-dire en poussant son adversaire à bout pour qu'il craque et finisse par abandonner, mais pour cette fois, l'Electromaker avait réussi à battre son adversaire, sans pouvoir contre-attaquer, ce qui était peu négligeable. Le combat avait débuté depuis minimum deux minutes, il ne comptait plus le temps passé, et encore aucun des deux opposants n'avaient reçu de dégâts physiques. Mais avec l'affront que venait de faire le blondinet en tournant le dos à son adversaire pour s'éloigner en marchant, c'était sûr que le match allait prendre un nouveau tournant.

Lucas était toujours debout. Ses fils venaient de toucher terre, et diffusait peu à peu son infime électricité que l'invocateur parvenait à sentir de par sa concentration qu'il avait monté jusqu'au maximum, au point d'en oublier ses alentours. Enfin,ce fut le cas jusqu'à ce qu'un bruit étrange se fit entendre juste devant lui. Il respira silencieusement, et ouvrit les yeux à temps pour voir Clem lui attraper le col sans qu'il puisse l'en empêcher. Que faisait-il ici, lui ? Il était pourtant au niveau du centre de l'arène, il y a quelques secondes ! Comment avait-il fait pour aller si vite, profitant de l'instant pour lâcher un « Tunet'enfuirasjamaisassezpourmoi ! » ? Pendant que Lucas réfléchissait aussi vite qu'il pouvait, l'Agoraphobe chargeait sa masse crânienne pour se préparer à la faire se fracasser contre celle du blondinet. Vite, réagir ! L'invocateur releva à toute vitesse son bras, et à mi-chemin entre les genoux et le nombril de par le côté droit de Clem, celui-ci frappa, chamboulant tout le crâne du garçon, qui ne bougea en revanche pas sous le coup, son ennemi étant toujours accroché au col de sa veste. Un énorme saignement de nez le prit, et il n'osa pas bouger quand Clem préparait son second coup. Il avait effectué un petit saut pour frapper de toutes ses forces avec ses pieds dans le ventre de Lucas. Celui-ci eut tout juste le temps de voir qu'un de ses fils était parvenu à s'accrocher sur le côté du rein du rouquin, ce qui lui permit de sourire avant de sentir son plexus solaire reculer sous l'impact des pieds de son adversaire, qui le lâcha enfin, se retrouvant un instant dans les airs, mais retombant et sautant en arrière, se jetant de nouveau dans les airs.. « Génial ! » pensa-t-il, alors que la violence du coup qu'il venait de prendre la arrachait un instant son souffle, l'empêchant de crier douleur, et le projeta un peu plus loin en arrière, irritant à moitié son dos contre le dur sol, faisant comprendre au garçon qu'il s'était retrouvé avec Clem au centre de l'arène, et non l'inverse, ce qui le surprit énormément. Durant son envol, il essaya d'indiquer à Laurent de tendre son fil pour faire tomber Clem, mais l'invocation sembla comprendre d'elle-même la demande de son maître, et le fil qui se collait au corps de Clem se tendit, attirant l'Agoraphobe au sol en même temps que Lucas, sans savoir si la chose se ferait. Après s'être bien irrité le dos contre le sol, le blondinet effondra sa tête par terre. Il n'osa pas bouger sur l'instant. Il avait trop mal à la fois pour esquisser le moindre mouvement, et à la fois pour crier de douleur. Il n'essayait même plus de faire ce dernier. Quand enfin, il put se détendre un peu, il observa Clem. Il était encore devant lui, ou en avait encore l'impression, bien heureusement. L'Electromaker lui tendit sa main avant de la serrer et de relever le pouce et de retourner son poignée, faisant signe à son opposant qu'il soit dans son champ de vue ou pas son commentaire quand à ce qui vient de se passer. De sa bouche crachant régulièrement un peu de sang, il lâcha quelques paroles justifiant d'après lui son geste.

« Héhé … Urgh … Alors on peut t'avoir … Ungh … J'ai une chance de gagner alors … Je peux te le dire donc … Argh … Mec … Dit-il dans une douleur non retenue. »

Il bougea du mieux qu'il put ses bras, et posa ses mains sur le sol, poussant dessus pour se soulever. Des bruits de douleurs s'échappèrent de sa bouche. Il se tint sur ses jambes, qui avaient heureusement pris peu de dégâts, mais son haut de corps lui faisait atrocement mal. Il n'arriverait plus à bouger, c'était le cas de le dire. Ainsi donc, Clem possédait une puissance pareil … Pas de quoi apeurer Lucas, qui se tenait désormais presque debout, ses jambes pliés au quart de cercle. Il leva le bras droit, devenu des plus lourds. Finalement, son bras tendu, il serra comme il put sa main, et leva l'auriculaire, indiquant le ciel avec un regard des plus sérieux mêlé à un sourire provocateur.

« Deux pesetas qu'on peut … Tel … Est notre objectif ! »

S'il n'avait jusqu'ici pas assez provoqué Clem, Lucas l'avait désormais sûrement bien fait, presque à coup sûr.

HRP:

Après réflexion, Clem n’aurait pas du porter ce double coup de pied suivi d’un salto arrière. La question ne portait pas sur la qualité ictus de cette passe, bien au contraire, c’était plutôt le côté défensif qui serait à reconsidérer. L’agoraphobe adorait sortir cette attaque et l’avait plus ou moins lancé par instinct quand il s’était aperçu que son coup de tête avait porté. Il avait seulement oublié qu’ainsi, il présentait son dos moins d’une fraction de seconde lors de son dernier mouvement. Ça plus le fait que l’acrobatie présentait à l’adversaire un moment idéal pour contre-attaquer. Clem ne voyait pas vraiment comment Lucas avait bien pu sortir son coup étant donné que l’attaque de l’agoraphobe avait été rapide et que ce dernier avait fait attention de passer à l’action alors qu’aucune invocation n’était de la partie. Pourtant une puissance l’avait bien projeter vers le sol en direction de Lucas. L’agoraphobe avait vu son salto arrière brutalement interrompu, comme si une main lui avait empoigné les côtes et l’avait projeté en sol. En plein jeu aérien alors, il n’avait rien pu faire pour éviter la gamelle et ce sont ses dents et tout un pan de sa mâchoire qui ont pu témoigner de la solidité rugueuse du sol. Deux ou trois petits cailloux entre les lèvres plus tard et l’agoraphobe se releva et fit face à son adversaire. Des fois que Lucas se déciderait à l’attaquer sérieusement. Le cadet Free cracha les pitits cailloux sur le côté et testa les articulations de sa mâchoire du bout des doigts, il avait l‘impression d’avoir avalé les cendres d’un brasier fumant ; ça faisait putain de vachement mal. Mais Clem se consolait en constatant qu’apparemment, ses coups à lui avait eu un certain impact sur l’électrophobe étant donné que ce dernier était dans un état bien plus triste qu’il y a quinze secondes. les joies du coup du boule.

Pour en revenir à ce dernier, il était actuellement en train de se la jouer Jules César et de baisser son pouce là où son poing était brandie vers Clem. Avec un peu d’imagination on pouvait comprendre qu’il notait là la performance acrobatique de l’agoraphobe ; voir son attaque entière, soyons fou. Selon la cryptographie populaire du langage des signes, le pouce baissé était bien évidemment le reflet d’une appréciation négative. Seulement, ce qui avait de la classe et un certain poids quand vous êtes un empereur romain, seul représentant de l’autorité divine du continent, perdait un peu de sa superbe de la part d’un voyageur paralysé par la douleur crachant le sang. Particulièrement quand son hémorragie était de votre fait. La suite présentait les mêmes faiblesse.

« Héhé … Urgh … Alors on peut t'avoir … Ungh … J'ai une chance de gagner alors … Je peux te le dire donc … Argh … Mec … »

Traduction : Alors tu as vu ? Kof kof… j’ai trouvé ton point faible ; kof kof… Tu n’es pas invincible ! Tu m’as fracassé la gueule et le thorax mais moi je t’ai fait tomber ! Mouahahahahahahahahahaargggg… Je vais mourir Mon Dieu, j’ai trop mal… »

Un truc dans le genre. Disons que Clem lisait entre les diagonales des caractères qui n’appartenaient qu’à lui. Mais cela ne voulait pas dire qu’ils n’étaient pas pertinents. En effet, comment était-il possible de prendre au sérieux une provocation déclamée entre deux sanglots de douleur ? Comment se sentir énervé là où on avait toutes les raisons de se réjouir ? Car c’était bien les coups de Clem qui avaient mit Lucas dans l’état dans lequel il se trouvait là. Il pouvait évidemment bien être possible que l’électrophobe simulait la mauvaise passe dans laquelle il se trouvait mais Clem pensait l’inverse. Déjà, il était extrêmement difficile de simuler la douleur à ce degré là (Clem le savait pour avoir déjà essayé) et, jusqu’à preuve du contraire, on ne pouvait pas cracher du sang sur commande, sinon l'agoraphobe aurait déjà appris comment faire. Mais il ne pouvait pas ignorer le fait que Lucas avait très bien réagi face à la tactique de bluff intimidateur de l’agoraphobe. Ce dernier avait tenté de mettre une pression monstre pour faire flancher l’électrophobe dans ce qui étais sans doute son premier duel de son premier tournoi. Clem avait espéré que la tension du moment, exacerbée par la tactique de l’agoraphobe puisse pousser Lucas à la désorientation mentale et ainsi obtenir un avantage décisif lors du combat. La question n’était pas de le pousser à abandonner subitement la partie, il aurait été bien trop illusoire de penser ça. De toute manière, avec le recul, il était complètement stupide de tenter de faire disjoncter un voyageur de la foudre en augmentant sa tension, n’est-ce pas ?

Bon, fini les blagues stupides, il était temps de réfléchir à une stratégie. Lucas l’avait déséquilibré avec son pouvoir (explication certaine étant donné le fait que Clem avait chuté alors que l’électrophobe était projeté en arrière à ce moment là) et pouvait très bien recommencer si l’agoraphobe ne prenait pas des mesures pour : petit un, savoir comment il avait fait, et petit deux, se débrouiller pour que cela ne recommence pas, ou du moins se débrouiller pour s’en défendre un tant soi peu. Premier réflexe, vérifier ses côtes. Là d’où Clem c’est senti tirer avant de mordre la poussière. Il remarqua vite qu’il avait un fil accroché au niveau des deux dernières côtes (Clem connaissait plutôt bien l’emplacement de ses os, surtout ceux qu’on lui cassait souvent), retenu d’une quelconque manière sur son gilet. Le premier réflexe de beaucoup de gens serait de décrocher ce fil rapidement et sans réfléchir ; mais le premier réflexe de l’agoraphobe fut bien de réfléchir justement. Premièrement, ce fil n’était pas un pouvoir de Lucas, enfin pas directement. Le bougre étant un invocateur, il était un humain comme les autres au final, capacités intrinsèques de voyageur comprises. Si pouvoir il y avait, alors il sortait forcément d’une invocation ; pourtant Clem ne voyait rien aux alentours. Lui et Lucas étaient seuls dans l’arène. De plus, l’agoraphobe suivait le trajet du toron et voyait bien que celui-ci était relié à l’électrophobe. Plus précisément vers la zone de la main de ce dernier. Le câble en question bourdonnait d’un son que l’agoraphobe ne connaissait que trop bien pour avoir passé ses années de scolarité dans des armoires électriques : c’était un putain de fil chargé par le Dieu Ampère. Etait t-il sauvé de la décharge par les tissus résistants de son gilet ou par sa condition de voyageur ? Clem n’en savait foutrement rien, à commencer par savoir si son gilet était résistant ou non. Une fois n’est pas coutume, l’agoraphobe sauta la partie explication, faute d’élément pertinent lui permettant de saisir la situation, pour tombé dans la conclusion : il était protégé de ce fil tant que les facteurs présents étaient réunis. Restait à savoir ce qu’il allait en faire.

Car il n’était pas question de s’en débarrasser maintenant. Ce fil c’était un lien, une laisse, un fouet que Lucas lui avait laissé à sa disposition pour peu que l’agoraphobe saisisse cette occasion et s’en serve pour le battre avec. C’est comme s’il avait suriné le cadet Free avec un couteau mais laissé la lame dans la plaie pour qu’il puisse la retirer et s’en servir à son tour. Un lien à double sens. Pourquoi le fil sortait du corps de Lucas ? Clem n’en savait rien. Il supposait que l’électrophobe avait absorbé une de ses invocations pour profiter de ses pouvoirs. Il ne savait pas que de telles capacités étaient accessibles à un voyageur de son niveau, il n’avait jamais vu un invocateur de son rang sortir une technique pareille et s’en voulait. Il avait pêché par excès d’orgueil sur ce coup là. Il avait été surpris que Lucas résiste aussi bien à ses bluffs (mais pas franchement étonné non plus) mais s’être gouré comme ça sur ses pouvoirs, c’étaient impardonnable. L’électrophobe avait du l’accrocher pendant qu’il se prenait les coups de Clem.

Mais rien n’était perdu. bien au contraire, la présence de ce fil relié aux deux combattants arrangeait bien Clem. Surtout qu’il avait un avantage : le fil n’était pas relié à sa peau à lui. Très rapidement, l’agoraphobe mit en place sa nouvelle stratégie. Il recula en arrière jusqu’à tendre au maximum le câble (à peu près deux mètres de longueur, un agoraphobe de type « Brûleur de distance » remarque toujours ce genre de détail) reliant les deux voyageurs tout en enlevant très rapidement son gilet. Il fit de ce dernier une boule de tissu avec au centre, la liaison qu’il avait avec le câble. Comme ça, si Lucas essayait de détacher ce dernier au vêtement de l’agoraphobe, le fil resterait empêtré dans le gilet marron et continuerait d’être fixé à ce dernier. Aidé d’une manche du gilet qui dépassait de la boule, l’agoraphobe attrapa le câble de son autre main, protégée. On pouvait maintenant considérer, pour s’aider à visualiser la scène et ce qui va suivre, que Clem tenait un fléau dont la boule hérissé de piquant était Lucas. Bandant ses muscles (ou plutôt, profitant de sa puissance de voyageur car de muscles véritables il n’en avait guère), il mit en mouvement le câble afin de projeter son autre bout, soit Lucas, en pleine air, avant de jeter son gilet avec lui. La hauteur importait peu puisqu’il avait aussi fait apparaître un wormhole réduisant les distances. Si Lucas s’éjectait d’un mètre de haut, il allait en réalité en faire sept.

Deux scénarios étaient alors possible à ce moment là. Soit Lucas voyait venir le danger avec une grande clairvoyance et un esprit d’anticipation certain et coupait son câble en moins d’une fraction de seconde. Alors il resterait au sol et Clem en profiterait pour lui envoyer son pied dans le foie, organe qui interdisait immédiatement la position debout s’il se retrouvait sous le coup d’une grande douleur (vive les notions de Krav Maga de son parent militaire). A deux mètres de distance grâce au fil, le wormhole qui réduisait le continuum espace-temps à un septième autours de lui les rendaient en fait côte à côte. Son kick pourrait ainsi percuter l’électrophobe par surprise avant que Clem n’annule son trou de ver pour empêcher Lucas de riposter aussi rapidement que l’agoraphobe venait de l’attaquer.

Soit Lucas était surpris et se retrouvait en l’air, le wormhole l’ayant porté à une hauteur minimum de sept longs mètres. L’agoraphobe n’avait plus qu’à annuler son wormhole réduisant les distances pour en faire apparaître un autre les augmentant ! De sept mètres réels, l’electrophobe se retrouverait à faire une chute d’une belle cinquantaine de mètres. Un fil totalement inutile lui sortant du corps et étant accroché à un gilet roulé en boule qui l’avait suivi lors de son élévation. Il n’avait plus qu’à attendre qu’il finisse sa chute (soit terriblement mal s’il ne trouvait aucune astuce pour se dépêtrer de sa situation, soit de façon correcte s’il avait plus d’un tour dans sa besace) et l’agoraphobe pourrait profiter de sa confusion pour lui foncer dessus et lui asséner le coup de grâce.

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Tournoi Equipes, 1ère manche, Risky Bet Vs Brain Storming, Lucas Versus Clem

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