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Marie Jeanne fait des siennes [Quête] (PV Evan Blurder)

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MessageSujet: Marie Jeanne fait des siennes [Quête] (PV Evan Blurder) Marie Jeanne fait des siennes [Quête] (PV Evan Blurder) EmptyLun 2 Juil 2012 - 12:40
Le doute est salutaire, car il entretient la réflexion. La réflexion crée, engendre, forme le philosophe ; et le philosophe, pour sa réflexion, a besoin du doute. Or, le philosophe, par sa réflexion, ranime le doute : car, et s'il avait tort, après tout ? Et c'est ainsi que tout est cercle, tout est vicieux – ou vertueux. Mais le doute est à la base... ou à la fin. En tout cas, à au moins un moment du processus. De toute évidence, les lieux étaient propices à ce genre de profondes réflexions – niveau terminale pas trop stupide ; il fallait dire qu'être entouré de rochers couverts de questionnements bizarres amenait fatalement, comme la voiture sans freins qui fonce vers le ravin, à s'en poser. Entre des interrogations sur le sens de nos vies imparfaites, le besoin des autres pour exister et la conscience de notre futilité, sans oublier les innombrables doutes inhérents à la haine, la mort, le désir et autres amours, le jeune homme aux cheveux noirs avait choisi une variation sur ce dernier thème : fallait-il qu'il aide Nadia à vaincre sa peur ?
La réponse à sa question première, dans ce monde onirique – car dans l'autre il en avait un paquet de plus prioritaires, quand même – qu'était l'univers des rêves, venait de le trouver enfin : une nuit qu'il passait avec elle quelques jours plus tôt, Fabrice s'était « réveillé », faute d'autre terme, en Dreamland avec elle à ses côtés... La première joie passée, il avait progressivement réalisé qu'elle était ce que les locaux et les habitués appelait une rêveuse : elle ne conservait aucun souvenir de ses nuits, car elle n'avait vaincu ce qu'un type croisé récemment désignait comme « sa phobie »... L'étudiant s'était remémoré alors cet atroce cauchemar où le sang, enfin, cessa de couler sans fin de ses bras tranchés, puis avait commencé à y réfléchir... Et c'était bien depuis ce cauchemar qu'il avait pris conscience de cet univers... Nadia, elle, vadrouillait béatement – ou horriblement – dans Dreamland, mais se réveillait chaque matin sans plus de souvenirs que les débris épars d'un rêve comme les autres... Plusieurs nuits, Fabrice l'avait suivie, essayant de lui faire réaliser que tout ça était.. « vrai », faute d'autre terme – vocabulaire, quand tu nous tiens – et qu'elle pouvait le vivre avec lui ; et ça ne menait nulle part. Pas assez stupide pour aborder le sujet en pleine journée, version « Au fait ma chérie je passe mes nuits dans un univers onirique baptisé Dreamland qui ferait passer n'importe quel MMO pour de la quiche lorraine de restaurant universitaire, ça te dirait que je t'aide à m'y rejoindre ? », il essayait de trouver un moyen de l'amener à lutter contre sa phobie... Mais, finalement, était-ce bien raisonnable ? Et ce questionnement, cette clé, ce doute, apparemment le mena tout droit dans les contrées qui y correspondaient : Fabrice marchait depuis un temps indéterminé, quand il réalisa la présence de ces rocs curieux, qui reflétaient toutes les questions qui s'entrechoquaient dans son crâne avec l'intensité d'un miroir sans fin. Il reconnut ce coin en se fiant aux racontars qu'on entendait à droite à gauche, parmi tous ces voyageurs qui ressemblaient aux petits crétins qui bondaient son bus quotidien : le Royaume des Doutes... Conclusion, il s'était encore endormi avec des questions plein la tête – celles sur Nadia, ce qui paraissait logique puisqu'il savait qu'elle devait dormir à environ trois centimètres de lui... Quelque chose lui susurra à l'oreille qu'il reviendrait très souvent ici.

Il commença par observer attentivement ces multiples roches, aux formes passablement tarabiscotées, histoire de tromper la raison pour laquelle il se trouvait ici ; autant ralentir un peu la voiture avant le ravin – notez la continuité des figures, s'il vous plaît. De différentes dimensions, certaines n'auraient pas dépareillées à Carnac, simples menhirs alignés ou dolmens étranges... Et Fabrice ne put s'empêcher de se demander qui les avait mis là... Un Royaume sadique sans en avoir conscience, capable de s'alimenter tout seul... Il espéra ne jamais avoir à en rencontrer les habitants alors qu'il discernait des aiguilles, cheminées de fées décapitées, plus pointues que les griffes d'un aigle ; elles paraissaient s'agripper au ciel, non pas avec désespoir mais au contraire férocement, cruellement, comme si elles en arrachaient des lambeaux pour se nourrir, alors que leur seul repas était le doute du passant... Rêveries d'un promeneur solitaire... Son pas était calme dans la poussière et les graviers du sol, alors qu'il avançait sur cette plaine couverte de ces roches... Au loin, s'il portait son regard, il distinguait des collines elles aussi couronnées de pierres gigantesques ; en revanche, pas le moindre signe de vie – pas même un petit lapin occupé à se demander où était passé son terrier ou si son obsessionnel besoin de reproduction résultait d'un manque d'affection précoce. Fabrice essaya de se trouver un caillou pas trop grand pour s'y asseoir : la nuit prédisait des palpitations inexistantes et des maux de tête au réveil, autant économiser ses pieds. Par chance – ou par destin, comment savoir sans se poser la question – un menhir couché apparut dans son champ de vision alors qu'il commençait à se demander s'il allait devenir fou dans ce champ de ruines naturelles... Des millions de mots sautaient dans sa rétine chaque fois qu'il se hasardait à regarder une pierre trop longtemps, et autant de questions s'invitaient dans son cerveau – pourquoi ces mots-là, quelles phrases formaient-ils, quelles questions étaient ces phrases... Il s'assit dessus avec brusquerie, inconsciemment rendu nerveux par cet endroit, et essaya de rassembler ses idées sur le problème qui le concernait...
Fallait-il amener Nadia à prendre conscience de cet univers ? En voyant le Royaume des Doutes, la réponse paradoxalement arriva aisément : non, rien que pour lui éviter de devenir folle au milieu de tous ces doutes... Seulement, d'autres solutions jaillirent de son esprit sans demander leur reste, arguant qu'il eut été injuste de l'en priver juste pour un Royaume qui creusait ses méninges au point de menacer sa santé – et il n'était ici que depuis quelques minutes... Il sentit sous son séant des creux se former dans son propre rocher, mais il refusa de vérifier de quoi il retournait... même s'il se posait la question... Encore un foutu doute... Concentration. Outre le questionnement sur la moralité de mener la personne que l'on chérissait au devant de sa plus grande peur juste pour qu'elle tente sa chance contre elle, il fallait d'abord savoir si elle la connaissait elle-même ; d'où une autre interrogation, en avait-elle seulement une ? Et où trouver son incarnation pour la combattre ? Et comment aborder le sujet à brûle-pourpoint, comme ça ? Il se rappela qu'elle n'aimait guère les araignées, mais était-ce assez pour constituer une phobie valable ? Et si elle n'avait tout bêtement pas de phobie – il se souvint que seuls 25% de la population étaient considérés comme phobiques, d'après un site internet plutôt connu ? Et si... Il hurla un énorme coup, complètement possédé, comme pour expulser il ne savait quelle rage complètement folle... Et ça ne lui fit strictement aucun bien. De la sueur perla sur le front de Fabrice alors qu'il se relevait, rempli d'une adrénaline démente ; et il constata que les creux sur le rocher étaient, en fait, des caractères...
Les caractères de toutes les foutues questions qu'il venait de se poser. Il hurla de nouveau. Une étrange pensée lui vint : s'il avait été un de ces crétins du bus, complètement vides et abrutis, sans doute aurait-il pu traverser ces cailloux sans d'autre réaction qu'un rire bête... Les méfaits d'être un peu plus âgé, sans doute... Il flanqua un rude coup de pied au rocher, se fit une douleur de chien, et des caractères apparurent à nouveau, comme pour le narguer : comment faire pour ne plus penser à ce à quoi je pense ? Réduire ce caillou en poussière avec mes dents serait-il une solution adéquate ? Ou dois-je m'en aller et essayer de ne plus y penser ? Reviendrai-je ici parce que mes doutes persisteront – sans le moindre doute ?

Fabrice fit demi-tour et refusa de regarder le rocher davantage. Puis, il recommença à hurler, de manière inarticulée, débile, mais sacrément distrayante ; ses yeux se fermèrent rapidement pour laisser libre court à un instinct primaire qui lui cria, sans détours : « Gueule, ça t'évitera de penser ». Il essaya de ne pas se demander combien de cafés il lui faudrait ce matin pour se lever – humour débile, rentre dans ton coin puant – et libéra ce hurlement... Et ça ne faisait que dix minutes. La nuit lui serait fatale à ce rythme... Après un temps sans bornes passé à broyer ses cordes vocales, le jeune homme revint s'asseoir sur ce caillou, les oreilles sifflantes mais l'esprit à peu près remis en ordre. Concentration, à nouveau. Plus de doutes. Vais-je y arriver, à ça ? Non ! Pas de doutes. Est-ce, en plus, une bonne idée de passer toutes les nuits « à deux », comme ça, à vivre presque normalement – à part les cailloux qui te renvoyaient tes questions et autres bouteilles géantes, mais passons ? Un couple marche-t-il mieux s'il passe tout son temps ensemble ? Là dessus, il hésita à fournir une réponse précise, qui reflétait au mieux sa pensée actuelle, et préféra aviser sur le problème de la phobie : comment éventuellement la découvrir ? Le voulait-il seulement, la découvrir ? Non... oui... ça pourrait lui permettre de mieux la connaître... Avait-il réellement besoin de ça après presque trois ans ? Cela était-il vraiment « connaître » quelqu'un, alors qu'il la connaissait déjà si bien ? Avait-il seulement raison de se poser toutes ces questions ? Doute assaillant, sans faiblir, avec ardeur... Fabrice sentit son dos se courber tandis qu'il prenait, irrésistiblement, une pose que n'aurait pas reniée Rodin... Manquait plus qu'un beau parc autour, et des pigeons à ses pieds... Les pigeons ont-ils des phobies ? Ses cordes vocales le titillèrent, et il reprit sa concentration... Enfin, essaya ; par malchance, son siège continuait de lui signifier sa présence en creusant ses questions dans son épiderme... Concentration... Il verrait ça au réveil. Ne pas dormir aidait ses réflexions, de son avis – surtout les veilles d'examens ; en tout cas, ça serait sûrement beaucoup mieux que de miser sur un Royaume où toutes les questions du subconscient rappliquaient sous votre nez – en fait, il se sentit privilégié de ne pas avoir encore eu de surprise glauque, étant données les pensées qui parfois étaient les siennes.
Jamais encore, il ne s'était rendu compte du silence incroyable qui régnait dans ces carrières... Tant et si bien qu'il sursauta quand, soudain, une pierre claqua sous une semelle. Des dizaines de caractères s'inscrivirent sous lui et sur plusieurs menhirs en face de lui, reflétant parfaitement sa surprise et toutes les questions qui s'ensuivaient, dont la première était : c'était quoi, ça ? Fabrice se releva, un peu plus calme que la dernière fois mais néanmoins sur ses gardes ; il essaya de se concentrer pour écouter, mais entre ses doutes et leurs manifestations physiques qui attiraient son oeil de tous côtés, il n'y réussit qu'assez partiellement... Les bruits se rapprochèrent de lui, il leva légèrement les poings comme par appréhension d'un combat – Dreamland avait cette faculté de vous faire attendre à des rencontres hostiles même face à un robinet... Puis, une silhouette sortit de derrière un roc de forme artistique évoquant un arbre fondu, et avança résolument vers lui, sans la moindre trace de... eh bien, de doute. Fabrice se trouva alors en face d'un individu de taille moyenne, vêtu d'un étrange habit blanc drapé autour de lui à l'antique, avec un point d'interrogation en guise de tête où se ternissaient deux yeux morts d'ennui. L'étudiant eut une image furtive d'un Platon désespérément déprimé sorti de toutes les interrogations de l'humanité pour faire cesser une fois pour toutes les plaisanteries vaseuses sur son allégorie de la Caverne, puis l'arrivant alla se planter face à lui. Il ne manifesta même pas d'intérêt pour ses poings à moitié brandi, et se contenta de le dévisager d'un air de vieux maître hargneux ; Fabrice garda une vague concentration face à ce qu'il devinait être un local, et attendit. Les apparences ont beau être trompeuses, il n'avait pas peur de ce bonhomme.


- Vous êtes ici parce que vous avez des doutes. Je vais les lever. Vous devez m'aider.

Ce qui s'avéra le plus bizarre, ce fut le ton complètement morne et égal sur lequel il dit cela ; pas la moindre trace d'implication ou d'anxiété dans ce qui, pourtant, était une sorte d'appel à l'aide... Fabrice abaissa totalement les poings, laissa ses bras s'affaler contre son torse, et dégagea de la nuée que devenait son cerveau une question cohérente.

- Euh... vous aider pour quoi ?
- Mon village est empli de joie.

Oh.

HRP:
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Marie Jeanne fait des siennes [Quête] (PV Evan Blurder)

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