Bloody Fight

Dans le ciel luisait ce soleil sanglant. Peu de nuages venaient faire ombrage à ses chauds rayons. Une légère brise s’était levée et soulevait doucement la poussière pourpre.
Les avenues étaient bondées, comme à leur habitude. Le vacarme incessant de festivités sans fondement emplissait la ville d’une clameur infernale. Les badauds parvenaient difficilement à se frayer un chemin dans cette masse grouillante. La foule constituait un feu d’artifice de couleur et une marée impraticable pour tout novice.
Les commerçants ne tarissaient pas d’éloges sur leur marchandise par des propos incongrus. Les curieux se pressaient devant leur étalage et admiraient les nombreux masques proposées. D’autres encore s’engouffraient dans des boutiques exiguës et cherchaient un article digne de leur intérêt.
Les ruelles moins fréquentées offraient l’occasion aux coupes jarrets de tous poils de délester certains imprudents de leur bourse et de bien plus pour les plus audacieux.
L’atmosphère régnant en ces lieux étranges de joie et de dangers mêlés était délicieuse au voyageur présent pour la quatrième fois.

Il était vêtu d’une longue veste noire aux coutures brodées et formant des arabesques. Sur sa tête était disposé fièrement un haut de forme rouge d’où dépassait une multitude de mèches de cheveux teints en blanc. Une sorte de papillon aux ailes argentées sommeillait sur un coin du chapeau d’une douce quiétude.
Les mains de notre voyageur sont gantées de blanc et il s’assure de leur bonne mise en place en tirant dessus avec délicatesse.
Les pieds de notre voyageur sont chaussés de noir et il foule le sol d’un pas assuré, ses boucles dorées claquant par moment.
Il arbore un visage noble, teint de blanc. Des coups de pinceaux habiles ornent son faciès serein ; des marques rouges sur l’immaculé de sa peau. Les poils de sa barbichette possèdent cette teinte sanglante, ainsi que ses sourcils et le contour inférieur de ses yeux. Ses lèvres sont blanches et demeurent closes.

Il fend la foule sans un regard. Il connaît sa destination et ne montre pas l’excitation qui le gagne. Ses mains le long de son corps commencent à donner quelques signes nerveux, ses doigts pianotant le vide une symphonie funèbre. Il sait ce qui l’attend et s’en réjouit.
L’aristocrate va renouer avec la Mort. Cependant, c’est lui qui va la donner, il en est certain. Il ne peut en être autrement. Il est le voyageur démoniaque, l’aristo, il est Khildar Oscar Allan Louis Alexander BlackSilver et cette nuit, il va tuer un vampire.

Le manoir est en vue. Sa silhouette imposante se détache dans le ciel rougeâtre et les pointes de sa toiture s’élèvent au ciel ; pieux brandis contre les Dieux.
Le portail est ouvert, le voyageur entre. Il se sait attendu et ne souhaite pas faire patienter plus longtemps son hôte.
La végétation trop luxuriante à cause du manque d’entretien semble vouloir retenir l’invité, les branches tendues vers lui dans un élan de désespoir.
Le chemin dallé le mène jusqu’au porche dévasté par la précédente rencontre. Les débris sont toujours là, épars sur le sol, patientant sagement.
L’imposante porte n’est plus, le hall s’offre donc. Le halo de lumière provenant de la plaie béante baignait la salle et n’en éclairait que le sol de marbre. Le reste de cette porte est lestement enjambé. Un rapide coup d’œil et le tableau est tracé.
Le hall est demeuré en l’état, les deux colonnes détruites avec les épais morceaux brisés à leur pied. Un large escalier invite le voyageur à monter au premier étage, mais il n’en fait rien. A droite de cet escalier se trouve un long couloir, une haie d’honneur composée de lourdes armures, menant sûrement à la salle de réception. A sa gauche, on peut apercevoir une porte en boiserie simple. Tout à gauche de l’entrée, une ouverture menant à une autre pièce. Il en va de même à droite. Le mur de gauche était orné d’un sublime miroir mais ses éclats gisent encore. Sur les murs du couloir ouvert au hall du premier étage (comprenez une mezzanine), des tableaux représentaient l’histoire d’une vieille famille. Leur visage austère toisait l’opportun qui avait l’audace de revenir. Toutefois, l’un d’entre eux avait éclaté, un voyageur chasseur de vampire s’étant fait projeté contre lui.

Une rapide inspection et attention auditive informa Oscar qu’il était seul. Du moins, le pensait-il. Or, il avait appris à se méfier de ses sens et resta sur ses gardes. Il n’avait pas d’arme mais il faisait confiance à ce vampire.
La nature sadique et tourmentée de la créature n’avait pas échappée à son attention et il comptait bien exploiter cette information.

Les corbeaux présents sur les gouttières rouillées troublaient le silence pesant par leur lugubre croassement, tirant un sourire de contentement au voyageur démoniaque. L’ambiance était sordide à souhait. Un cadre idéal pour un sublime combat. Encore fallait il que l’invité daigne paraître.
Oscar n’osa poursuivre son avancé, sa politesse le retenant dans sa curiosité. Il demeura donc au milieu du hall, les bras croisés dans le dos, son ombre s’étendant devant lui. Son maintien était parfait, son visage fermé, quoiqu’un fin sourire vienne égayer sa mine glaciale. Il regrettait l’absence d’une canne épée. Il en possédait bien une dans le monde réel mais il n’avait pas trouvé le moyen de l’amener avec lui à DreamLand. C’était néanmoins la première fois que ce manque le prenait. Son retour au sein de ce monde loufoque et dénué de logique au premier abord l’avait passionné, rendu son ardeur de jeunesse. Il s’était bien amusé et ces distractions offertes l’avaient détourné de cette sensation de manque vis-à-vis de sa canne. Il ne s’en servait généralement pas pour s’y appuyer tel un vieillard, mais plutôt l’utilisait comme prolongement de son bras.

Alors que ses pensées le menaient dans de doux rêves nostalgiques, un mouvement le ramena à la réalité onirique. Le vampire se tenait face à lui et n’exprimait que peu de chose. Un sourire de satisfaction contrastait avec l’austérité de ses traits.
Son armure semblait avoir été nettoyée avec soin et rutilait. Plus aucune trace de sang, elle était comme neuve. Seules les entailles difficilement visibles témoignaient de la rude et longue existence de cette protection métallique.
Il n’était pas armé, ses mains vides longeant son corps.
Ses longs cheveux noirs étaient aussi luisants que possible, fraichement lavés. Il ne manquait plus qu’il se soit fait une manucure et se soit épilé pour qu’Oscar pense que le vampire avait un rendez-vous galant ! Bien que venir à ce genre de rencontre avec une armure ne soit pas approprié … Qu’importait la correcte tenue et l’hygiène du vampire (bien que combattre un adversaire propre soit toujours plus agréable qu’un misérable crasseux), il n’avait rendez-vous qu’avec la Mort, libre à lui de se faire beau pour elle.

Oscar s’inclina respectueusement et se présenta d’une voix claire, mais humble :

"Lord Khildar Oscar Allan Louis Alexander BlackSilver, voyageur démoniaque, pour votre mort …"

Le vampire lui rendit la pareille, un léger sourire de mépris sur le visage, mais s’inclinant de même :

"Baron Karl Von Drück, vampire de son état, pour votre mort aussi …"

"Fort bien. Commençons-nous ?"

"J’allais vous en prier."

Et de se jeter sur Oscar sans crier gare, ses doigts formés en dard visant le foie.
Il ne s’en fallut que de peu pour que l’aristocrate crache sa bile, mais ses réflexes, son attention et son ample veste le sauvèrent de concert. Toutefois, la veste subit l’attaque et enveloppa la main du vampire.
N’hésitant pas une seule seconde, Oscar ôta sa veste promptement, bloquant le bras du vampire du mieux qu’il pouvait. Il parvint ainsi à obstruer la vue de son adversaire par l’épais tissu noir et entraver ses mouvements. Khildar en profita pour sortir d’Oscar et se dissimuler derrière une colonne. Laënoris quitta lui aussi l’enveloppe corporelle de son maître pour se poster en hauteur, courant pour atteindre la mezzanine du hall. Les bruits de pas claquant sur le marbre attirèrent l’attention du vampire qui repoussa brusquement le Lord.
Le voyageur se vit propulser par une force prodigieuse et renoua avec le mur, cette connaissance brutale de la nuit dernière. Son dos le fit souffrir et Khildar grimaça aussi, jetant un regard noir à Oscar. Il était caché mais pouvait voir le voyageur.

Il était primordial de jouer sur l’effet de surprise. Khildar sortit donc précipitamment de sa cachette, donnant l’illusion au vampire que son adversaire s’était relevé rapidement. L’étonnement se lut sur le visage du vampire qui esquiva sans difficulté l’enchaînement de coups de poings tenté par le double du voyageur. Les mouvements du vampire étaient fluides et sans effort, il ne faisait pas de mouvements inutiles pour éviter les poings visant son visage.
De toute manière, la fatigue lui était pour le moment inconnue.

Oscar se déplaça subtilement à travers le hall, prenant garde à ne pas se faire repérer. Il atteignit l’escalier et se trouvait à la perpendiculaire du vampire.
Immédiatement, Khildar donna un coup de pied qui ne rencontra que du vide mais prit appui sur ce dernier, toucha le sol pour frapper de son genou le ventre du vampire, véritable intention du mouvement. De plus, un coup de coude dans le menton déboussola son adversaire, offrant la possibilité à Oscar d’arriver par derrière et de flanquer un bon coup de pied dans les reins du vampire, Khildar s’étant dérober pour le contourner.
Ainsi, les deux êtres à l’apparence semblable avait échangé leur place et pouvait poursuivre le combat. Tout d’abord, Oscar s’éloigna du vampire, craignant de lourdes représailles pour ses coups portés. Son intuition ne le trompa pas et son adversaire fondit sur lui, bien décidé à lui rendre ses attaques.

Il dut faire preuve d’agilité pour éviter de trop subir ce retour de flammes, tordant son corps en tout sens pour minimiser l’importance des coups. Se déportant sur le côté, son corps se courbait dans la continuité du mouvement pour éviter le coup de poing destiné à son ventre. Se baisser et foncer tête baissé vers le vampire pour le contourner, lui faire de nouveau face, reculer la tête et manquer de chuter, tellement ce recul s’accompagne d’un mouvement de son dos en arrière. Faire un pas sur le côté, retirer son pied pour éviter de voir sa jambe brisée par un coup de pied, bondir sur le côté à nouveau, se baisser pour esquiver la baffe magistrale et sentir le souffle au dessus de sa tête.
Oscar se rendit compte que son haut de forme l’avait quitté dès le premier échange et le regardait, gisant au sol près du mur. Son papillon voletait au dessus du couvre chef, attendant patiemment le retour de son propriétaire.

Malheureusement, ces esquives n’épuisaient que lui. Le vampire ne semblait guère ressentir de fatigue et enchaînait les mouvements avec une fluidité qu’admirait le voyageur.
Cependant, il lui était primordial de se préserver de ces coups bien ajusté afin d’éviter de mourir.
Tout en se mouvant avec agilité et justesse, Oscar tentait de percer une faille dans l’attaque de son adversaire. Il était néanmoins ardu de trouver un moyen de contrer une attaque si l’on n’essayait pas de le faire. Or, il lui était quasiment impossible de porter le moindre coup. Il subissait le torrent d’assauts et ne pouvait rien faire d’autre pour le moment.
Parfois, la main du vampire réussissait à l’atteindre et la douleur occasionnée était fulgurante. Il se devait alors de reculer avec diligence et de reprendre son souffle hors de portée. C’était sans compter la rapidité de son adversaire qui ne le lâchait pas d’une semelle.

Pourtant, cette situation lui convenait parfaitement. Si jamais il se trouvait trop fatigué, il faisait en sorte d’échanger sa place avec Khildar, et inversement. Car même si ils subissaient les mêmes douleurs, ils ne s’épuisaient pas mutuellement. Il y en avait donc toujours un en train de récupérer et prêt à prendre la place de l’autre, donnant l’illusion à une réplique continuelle. Il semblait inépuisable aux yeux du vampire, malgré les blessures visibles. L’imposture savamment orchestrée fonctionnait à merveille et le combat commençait à perdurer.

Il était temps pour Laënoris d’agir.
Le majordome, après s’être posté en hauteur, avait eu tout le loisir d’observer les manœuvres du vampire, ses manières et sa rapidité. Les diverses informations comme la vitesse de frappe, le jeu de jambes, la force des coups ou l’agilité avait été assimilées et traitées, aboutissant à une tactique à appliquer pour vaincre l’adversaire.
De ses observations, le démon de majordome en avait tiré ceci : le vampire est rapide, plus rapide qu’un humain, c’était certain, un peu plus rapide que lui, un démon. Il était toutefois envisageable que la vitesse observée ne représente pas entièrement les réelles capacités du vampire. Mais il savait que son maître faisait tout pour tester les limites de son adversaire.
De plus, la puissance du vampire est effrayante. Capable de soulever un homme de bonne constitution pour l’envoyer voler à travers la pièce, sa force était incontestable.
Ses déplacements sont fluides, sans fioritures, au contraire de l’aristocrate qui ne cesse d’enjoliver et d’amplifier ses mouvements, les exagérant volontairement. Cette technique laissait à penser à une comédie, mais elle était trompeuse, comme la plupart des comédies. A force de s’habituer à combattre un clown, on baisse sa garde et on se retrouve surpris par la précision d’une attaque portée directement.
Concernant l’agilité du vampire, le majordome trouva là le point faible. Son armure ne lui laissait pas une grande marge de manœuvre. Bien que fluides et précis, ses coups accusaient une certaine raideur. S’il commençait une attaque, il lui était difficile de changer la direction de coup. Il compensait néanmoins cet inconvénient par une vitesse importante, pouvant ainsi se déplacer pour modifier son angle d’attaque.
Tenant là la base d’un plan d’attaque, Laënoris se manifesta de la façon la plus naturelle du monde : il sauta de la mezzanine du premier étage pour atterrir les pieds joints, dans une pose parfaitement droite, juste devant le vampire, médusé par cette soudaine apparition souriante.

Profitant de l’opportunité, Oscar esquissa un mouvement de jambes pour finalement attraper le bras du vampire, se griffer sur les ornements piquants de l’armure et se servir de ce bras comme appui pour sauter, un coup de pied au niveau de la nuque étant le but de la manœuvre. Il parvint à se hisser sur le bras mais un brusque mouvement de celui-ci et il se retrouva à terre, glissant sur une bonne distance.
Laënoris allongea le bras et frappa le torse du vampire du plat de la main et constata la solidité de l’armure, conformément à ses prévisions. Il se déplaça alors sur le flanc, fit le même mouvement de plaquer sa main sur l’épaule du vampire qui fut pousser sur le côté. Le majordome impassible poursuivit ainsi, appliquant fortement le plat de sa main à divers endroits.
Cela permit d’ailleurs à Oscar d’échanger sa place avec Khildar qui se précipita vers le vampire et tenta de lui balayer les jambes pour le faire choir alors que Laënoris frappait du revers de sa main l’avant-bras de Karl. Le vampire se senti environné de corbeaux qui tentaient de le picorer.
Les volatiles, bien réels perchés sur la toiture, croassèrent, comme sentant la référence. (En vérité, la venue d’un voyageur était la raison de cette agitation)


Il ne pouvait décemment pas laisser Oscar agir ainsi. Cet aristocrate l’avait lâchement abandonné dans une ruelle et sa rancune envers le voyageur démoniaque représentait la raison principale de son retour dans ce royaume sordide.
Il était vêtu d’un ample pantalon crème, d’une large chemise rouge ouverte sur son torse musclé, portait des sandales à ses pieds et des mitaines noires à ses mains.
Son regard avait changé. Il n’était plus empreint à une certaine complaisance et sérénité. En cette nuit de vengeance, il ne souhaitait que la mort et sa revanche.

Il retrouva facilement le chemin vers le manoir et perçut les bruits de combats qui en émanaient. Il pressa donc le pas et arriva au milieu d’une lutte entre un majordome, le même qui l’avait assommé la nuit précédente, l’aristocrate et le vampire.
Il fut néanmoins très étonné de voir un second Oscar se dissimuler derrière le reste d’une colonne, qu’il avait lui-même détruite.

~*~

Le double du voyageur démoniaque, attendant le bon moment pour réapparaître, observait les alentours afin de trouver un moyen pour combattre au mieux ce vampire. C’est ainsi qu’il vit Johnathan sur le pas de la porte (du moins, ce qu’il en restait) et se précipita vers lui, sans se soucier si le vampire le remarquerait ou non.
Il parvint à la hauteur du voyageur importun et l’entraîna à l’extérieur sans ménagement. Fort heureusement, personne ne nota ce mouvement et le combat continuait de plus belle, Laënoris assaillant leur adversaire de toutes parts, changeant à chaque coup d’angle d’attaques tandis que le véritable Oscar agrémentait les piques de son majordome par quelques coups bien sentis.

Une fois plaqué contre le mur du manoir, Johnathan repris ses esprits et tenta de se dégager des bras qui l’enserraient, sans succès. La poigne était ferme et assurée, il ne pouvait espérer s’enfuir pour le moment. Il afficha donc une mine étonnée, réclamant des explications.
Khildar répliqua d’un ton agacé :

"Mais tu ne comprends donc rien ?! Je dois me débrouiller seul ! Tu n’as rien à faire ici."

"Parle pour toi, ordure. Tu m’écarte pour en tirer toute la gloire !"

"La gloire ?!" Ria Khildar. "Mais je m’en contrefiche de la gloire. Je veux juste prouver à ce vampire de pacotille qu’il ne peut y avoir qu’un seul sadique en ce monde, et que ce sadique, c’est moi."

"Tu es complètement malade …"

"Je sais, on me le dit souvent …" S’amusa le double de l’’aristocrate, ne cessant de sourire. Il était amusant de voir que cet imbécile n’avait pas réellement compris la supercherie, se focalisant ailleurs." Mais pour le moment, tu vas dormir."

"Que … ?"

Et d’accompagner sa parole d’un franc et douloureux coup de poing dans le ventre, pour couper la respiration, suivit d’un uppercut, pour étourdir et parachevé d’un tranchant de la main sur la nuque.
Ce danger écarté (et caché sous les buissons, les insectes en tout genre se réjouissant de ce nouveau compagnon), Khildar put tout à loisir rejoindre son maître qui venait justement de se faire envoyer au tapis pour la énième fois. Mais contrairement à d’habitude, Laënoris le rejoint rapidement.
Les deux êtres, maître et serviteur, allongé et souffrant de légères contusions, faisaient piètre figure face au maintien admirable du vampire.
Etrangement, le vampire les laissa à leur place et revint peu de temps après (juste le temps à Oscar et à Khildar d’échanger leur place encore une fois et de se redresser) armé de son épée et de sa masse.
Face à cet armement, Khildar protesta :

"Il est plutôt injuste que vous fussiez armé et non nous."

"Le monde est injuste, je l’ai appris à mes dépends."

Et pour écourter un échange qu’il voulait éviter, ne tenant pas à ressasser des mauvais souvenirs, il traça un large cercle du tranchant de son épée, découpant de justesse la chemise blanche de Khildar et un morceau du costume du majordome.

Il continua son mouvement en abattant brutalement sa masse d’arme aux pieds des deux invocations d’Oscar, faisant éclater des carreaux du carrelage.
Il détruisait sa propre demeure mais ne semblait pas s’en soucier outre mesure, préférant s’amuser avec ces deux moucherons tourbillonnants autour de lui.

Il devint plus difficile d’atteindre le vampire, son allonge ayant augmentée. Laënoris peinait à lui porter des coups et Khildar ne faisait plus qu’essayer de survivre, sautant en tout sens.
Le vampire s’agitait, frappait, fendait l’air, ratait de peu un point vital de son adversaire mais persistait et enchaînait les attaques avec une aisance déconcertante.
Le majordome tenta bien trois fois de bloquer la lame entre ses doigts, mais la masse d’arme venait lui chatouiller le ventre. Or, il détestait se faire chatouiller de cette manière. (ni de quelconque manière que ce soit, d’ailleurs …)

Oscar profita de l’attention du vampire portée sur ses deux invocations pour se couler dans ce couloir bordé d’armures ancestrales. Il cherchait une arme, n’importe laquelle. Ou même plusieurs, autant armer ses compagnons. Il trouva son bonheur et glissa une dague dans sa botte, en attacha une autre à sa ceinture et en préleva deux autres sur une autre armure. Il se saisit d’une solide épée et continua son chemin pour finir par sortir de ce couloir, le reste des armures n’étant pas si bien pourvues. Il tomba alors sur une splendide salle de réception, quoiqu’un peu envahie par les toiles d’araignées. Il fouilla dans les meubles avec frénésie, tandis qu’il percevait les bruits de combat à l’autre bout du couloir et se dépêcha, ne tenant pas à perdre ses démons. Il trouva enfin ce qu’il cherchait.

Il revint précipitamment et lança un cri et ce qu’il avait prit dans les meubles à son majordome :

"Laënoris, c’est l’heure de mettre la table !"

D’un geste vif, le regard ayant instantanément perçu l’envoie de son maître, le majordome sauta pour attraper avec agilité les armes qu’il affectionnait tant : l’argenterie. Tenant la plupart entre ses doigts, le reste dans sa bouche ou ses manches, il commença à riposter et fit pleuvoir sur Karl non pas des hallebardes, mais des couteaux et des fourchettes lancés à pleine vitesse.

Face à ce retournement de situation, le vampire usa de sa vitesse pour échapper à la majorité des projectiles, renvoyant les autres par d’habiles coups de son épée. Le tintement des couverts en argent sur la lame emplit le hall d’un son évoquant une pluie métallique.
Dans le même mouvement, Oscar lança à son démon Khildar les deux dagues, lui permettant de mieux se défendre et, pourquoi pas, d’attaquer.

C’est alors que le vampire comprit qu’il ne combattait pas deux adversaires, mais trois. Il en fit la remarque d’un air réprobateur :

"Trois contre un ? Ce n’est pas très équitable."

"Le monde n’est pas très équitable." Répliquèrent de concert Oscar et ses démons.

Ils se précipitèrent tout trois vers le vampire, lui coupant toute retraite. Laënoris le couvrait de couverts, Khildar, une dague dans chaque main, entamait son attaque par un coup de pied sauté et Oscar, enfin, fonçait sur lui avec son épée le long de son corps, la pointe au ciel.

La volée de couverts fut balayée d’un revers de la lame, le coup de pied sauté fut simplement esquivé par un pas sur le côté et l’épée qui voulait s’abattre sur lui ne trouva que la brutalité de la masse d’arme, la faisant voler en éclat.

Qu’importait aux trois assaillants.
Khildar atterrit avec grâce sur ses deux pieds et tenta de le faire choir, usant encore une fois de ses jambes.
Laënoris, finissant son saut sur le vampire, esquissa le geste de lui planter dans les yeux ses couteaux.
Oscar, ayant reculé à cause du choc entre son épée empruntée et la masse d’arme, récidiva, tenant toujours l’épée par la garde et contournant son adversaire pour lui planter le reste de la lame brisée dans son flanc.

Les jambes de Khildar ne balayèrent que le sol, Karl ayant sauté et accompagné son saut d’un coup de pied dans les gencives du démon.
Les couteaux du majordome parvinrent à se planter dans la jonction de l’armure au niveau de l’épaule et se recula rapidement.
L’épée brisée ripa sur l’armure et de toute manière, Oscar dut reculer, sentant lui aussi la puissance du coup de pied dans ses gencives.

Les trois attaquants s’écartèrent donc, deux d’entre eux se tenant la bouche, pliés sous la douleur. La majordome se contenta de prendre comme perchoir le haut d’une des deux colonnes détruites et attendit.

Ce fut au tour du vampire de riposter. Il se jeta sur Oscar, ne sachant lequel choisir. Son épée siffla au dessus de la tête de l’aristocrate. Il fit suivre cette attaque d’un coup de masse qui finit au sol, encore une fois. Il leva son épée pour l’abattre sur la nuque du voyageur, mais ne rencontra que du vide. Pas tout à fait.
Son épée fut bloquée à terre, Oscar marchant dessus ostensiblement. Il ne mit pas longtemps avant de donner un bon coup de pied sur l’armure, faisant reculer le vampire.
Naturellement, Khildar s’était posté derrière Karl Von Drück pour le faire choir, un magnifique croc-en-jambe accueillant le recul du vampire surpris.

Ne laissant pas échapper une pareille occasion, les deux jumeaux des rêves s’armèrent de leurs dagues et fondirent sur le vampire. La première dague se planta dans la jambe du vampire qui repoussa la douleur d’un violent coup de pied. Oscar l’évita sans difficulté et planta sa seconde dague moins profondément, mais au niveau de la cuisse, cherchant à trancher l’artère. Il ne fit que taillader la peau du vampire qui réprimait une grimace.
Quand aux attaques de Khildar, elles atteignirent l’épaule et tranchèrent trois doigts.
Pour se protéger, le vampire avait levé sa main mais il ne réussit à rien attraper.

Alors que les dagues allaient pleuvoir sur son corps, il poussa un rugissement qui étonna sur le moment Oscar et son démon, puis les firent éclater de rire.
Rire de courte durée, le vampire les empoignant par le col pour les envoyer dire bonjour à leur vieil ami, le mur.
Il voulut profiter de cette accalmie pour se redresser, mais c’était sans compter sur Laënoris qui fondit sur lui et l’obligea à plier, incapable de retrouver la position verticale souhaitée. Le majordome profita de cette promiscuité pour planter un couteau dans le cou du vampire qui ne cessait de s’agiter. La douleur fut si vive qu’il laissa échapper un cri de douleur et repoussa violemment le majordome qui se réceptionna non sans brio auprès de son maître.

Il aida l’aristocrate à se relever, époussetant ses vêtements. Khildar ne dut se contenter que d’un vague regard et ôta lui-même la poussière issue de l’impact de son corps contre le mur.
Ils se firent à nouveau face, vampire contre démons.
Ce qui ne manqua pas de surprendre les démons, ce fut la guérison rapide de leur ennemi. Certes, il était un vampire, mais ils n’imaginaient pas que ses capacités allaient jusque là. Ainsi, les blessures à l’épaule et au cou se résorbèrent pour ne plus être qu’un mauvais souvenir.

Karl Von Drück, vampire accompli, empoignait fermement ses deux armes et toisait avec un certain amusement ses adversaires. Le jeu était intéressant mais ne le distrayait pas assez. Il n’était pas parvenu à les blesser suffisamment pour qu’ils souffrent. D’ailleurs, il remarqua qu’ils n’arboraient pas de réelles blessures, juste des contusions ou des déchirures à leurs vêtements, mais rien de bien sérieux.
Il se reprit donc et fit tournoyer son épée dans les airs.

Toutefois, ses moulinets n’impressionnèrent en rien les trois compagnons de combats.
Laënoris possédait encore quelques couteaux et fourchettes et était prêt à les utiliser à bon escient.
Khildar tenait encore ses deux dagues, bien que l’une d’entre elle soit partiellement abîmée, la rencontre avec l’armure du vampire n’étant pas le meilleur moyen de préserver la lame d’une dague.
Oscar, quant à lui, n’avait dans sa main qu’une seule dague, ayant perdu le reste de son armement au cours de son démêlé avec ce cadavre ambulant.

Sans plus attendre, ni chercher un plan, Oscar se précipita sur le vampire en hurlant de rage, un sourire sadique illuminant son visage. Khildar le suivit de près, Laënoris bondissant pour atterrir dans le dos du vampire.
Celui-ci comprit rapidement la manœuvre et se tint paré à une attaque par derrière. Il balaya devant lui d’un large mouvement d’épée mais ne rencontre que du vide. Sa masse fit s’écarter Oscar, pile à l’endroit où la lame l’attendait. Seulement, l’épée fut déviée par une dague de Khildar qui s’était interposé, tandis qu’Oscar continuait d’avancer avec célérité.
Son épée bloquée par le démon, le vampire voulut repousser l’invocateur d’un coup de pied, mais il fut déséquilibré par le choc violent entre lui et l’aristocrate fou qui s’était littéralement jeté sur lui.
Le majordome qui avait atterrit dans son dos ne l’avait pas attaqué directement, mais lancé un couteau au niveau de sa cheville, visant la jointure de son armure, pour repartir immédiatement sur le côté et aider son maître à faire choir derechef le vampire en armure.
Manquant cruellement d’agilité, la créature si rapide et puissante qu’elle fût, chût.
Le fracas de son armure sur le sol se répercuta dans tout le hall.

Sachant qu’il n’avait que peu de temps, Khildar planta ses dagues dans chaque main du vampire, histoire de le crucifier un peu. Laënoris reprit son couteau dans la cheville pour transpercer par petit coups précis toutes les parcelles de peau découverte par les jointures de l’armure. Et Oscar sauta lestement sur le torse de son adversaire, entravant tout mouvement.

Ainsi posté sur son ennemi, le démon de Lord approcha son tendre visage sadique de celui du vampire. Il souriait et ses yeux brillaient de sa folie, le soleil rouge se reflétant dans ses cercles démoniaques.
Le vampire se débattait et n’allait pas tarder à les envoyer au loin. Oscar eut le temps de planter sa dague dans la gorge du vampire et fut déçu du peu de sang qui s’écoulait de cette plaie profonde.

"Je vais te tuer … je vais te tuer … je vais te tuer …"

Ne cessait de murmurer, comme une prière, le voyageur pris d’une frénésie meurtrière. Il essaya de lacérer le visage du vampire qui esquivait tant bien que mal.
Soudain, Karl sentit que ses deux armes venaient de quitter ses mains. Ou plutôt, que ses mains venaient de quitter son corps.
En effet, Khildar n’avait rien trouvé de mieux que de séparer le vampire de ses extrémités, faute de pouvoir en réduire les autres.

D’un brusque mouvement de jambe, Karl les expulsa de son corps comme on se secoue pour se débarrasser du sable après une journée à la plage.
Néanmoins, ils s’étaient préparé à cette issue et se rattrapèrent donc admirablement et repartirent de plus belle.
Le vampire les accueillit de coup de pied, d’esquives et de coup de … moignons, étant donné que sa capacité de guérison avait ses limites.

Le spectacle d’un vampire se battant sans ses mains était hilarant et Oscar ne se priva pas pour le faire savoir, par grande éclat de rire. Il était plié, mais non pas sous le coup de la douleur.
Il dut pourtant se reprendre, l’objet de son amusement fonçant sur lui avec une vitesse et une rage accrue.
Afin d’éviter d’aller revoir le mur, Oscar attrapa ce qui lui tomba sous la main, à savoir les cheveux du vampire. Une bonne partie ne supportèrent pas ce traitement (bien qu’ils soient lavés avec Boréal, le shampoing des aurores soyeuses !) et restèrent dans la main d’Oscar.
Son recul ainsi ralenti, le voyageur put recharger instantanément son adversaire, positionnant ses mains au niveau des flancs. Avec cette meilleure prise, il put le faire reculer.

Le vampire ne se laissa pas faire et administra à Oscar des coups de genoux pour se dépêtre de ce moustique qui ne lâchait rien et encaissait tout.
Ainsi gêné, le vampire voyait sa vitesse diminuée, offrant une véritable aubaine pour Khildar et Laënoris, bien que le double d’Oscar ne puisse pas faire grand-chose, subissant les mêmes coups que son maître.
Ils avancèrent néanmoins et se jetèrent sur le vampire qui ne put faire grand-chose, hormis hurler de rage et chercher à mordre Oscar.

Seulement, c’était exactement ce que le voyageur attendait depuis toutes ces attaques. Une fois les canines dans son cou, il prit la tête du vampire entre ses mains et concentra toutes ses forces et son énergie en un seul objectif : faire tourner la tête du vampire entièrement, lui brisant les cervicales. Ça ne le tuerait pas, mais le mettrait hors d’état de nuire pour un plus long moment.

Après des efforts acharnés, des pointes acérées lui transperçant la chair, il réussit à accomplir ce pourquoi il avait offert son cou. Un bruit sec suivit de craquement horrible l’informèrent du bon déroulement de sa manœuvre et il repoussa l’importun d’un bon coup de pied dans le torse.

Le vampire, déboussolé (mais ayant encore toute sa tête, enfin, façon de parler) tomba au sol lamentablement.
Oscar appliqua sa main sur la morsure en attendant que Laënoris lui confectionne un pansement de fortune avec le tissu de sa chemise. Le voyageur, épuisé, tomba à genoux. Khildar l’accompagna, ayant ressenti lui aussi la douleur profonde. Le démon lança d’un ton haineux :

"Mais t’es complètement malade ma parole ! On aurait pu y passer je te signale ! Vraiment n’importe quoi …"

Puis de sourire et de continuer d’une voix beaucoup plus conciliante :

"… mais c’était génial ! De le Folie pure ! J’adore."

Le vampire s’agitait et Laënoris, tout en préparant le bandage pour son maître, le calma d’un bon coup de pied dans les gencives et le ventre, histoire d’être sûr.
Khildar était adossé contre une colonne, se tenant lui aussi le cou. Il n’avait pas de blessure mais ressentait la douleur, ce qui était pire à son sens. Il était néanmoins fier de son maître qui s’était montré digne de sa folie.

Sa blessure au cou couverte du pansement improvisé, Oscar se releva lentement, déployant tout son corps pour se dresser de toute sa hauteur. Sa tenue était lamentable, sa chemise en lambeaux, sa mine affreuse mais il conservait un air digne qui supplantait le reste.
Il se dirigea à pas lent sur le vampire et chaque pas était le rappel marquant de sa victoire. Il goûtait avec un délice non dissimulé le plaisir d’avoir mis à terre cette créature aux capacités exceptionnelles.

Narguant le vaincu d’un sourire moqueur, il ne semblait pas le regarder, comme si ce qu’il avait devant lui ne signifiait rien.
Ses démons, épuisés par ce combat, réintégrèrent le corps de l’invocateur, lui tirant une légère grimace. Il retrouva rapidement son sourire pour poser un genou au sol et s’approcher du vampire qui le haïssait du regard, ses yeux sombres le dardant, faute de pouvoir le tuer.

C’est alors que la créature de la nuit, dans un sursaut de rage et un craquement d’os, ses cervicales reprenant difficilement leur place, se jeta subitement sur notre aristocrate, le serrant dans une étreinte mortelle et le mordit à l’épaule.
La surprise était totale et complètement pris au dépourvu, Oscar chuta en arrière, laissant l’occasion au vampire d’exprimer toute sa haine par une morsure avide.
D’une forte pensée, l’invocateur repoussa ses démons qui voulaient sortir le secourir. Il tenait à régler seul ce léger problème.

Alors que le vampire commençait à ne plus le vider de son sang mais bien à lui entamer la chair pour la dévorer, il riait aux éclats. Chaque information de douleur était transformé en adrénaline et lui procurait une sensation non pas de jouissance, mais de puissance. Il ne prenait pas plaisir à se faire mordre, il en riait. Et de cette joie, il tirait toute sa force.

Cette excès de félicité ne manqua pas de décontenancer le vampire ce qui permit à Oscar de faire rouler le vampire pour reprendre le dessus. Son adversaire riposta et voulut basculer et ainsi de suite.
Ils roulèrent sur une petite distance, jusqu’à ce qu’Oscar sente le métal froid d’une épée. Il s’en saisit prestement et entourant de ses maigres bras son mortel ennemi, il lui planta dans la nuque le morceau d’épée brisée qui avait sagement attendue son heure après avoir été pulvérisée par la masse d’arme.
Le vampire demeura donc un instant immobile, la bouche grande ouverte comme pour dévorer Oscar. Ses yeux s’écarquillèrent et son visage exprima la surprise. Lui, qui avait tué pour vivre, lui qui avait récemment retrouvé une raison de vivre, s’éteignait. Ce n’était pas possible. Il ne pouvait pas mourir. Pourtant, il ressentait une impression de flottement. Son corps s’allégeait. Il n’en supportait plus le poids. Il avait face à lui un visage déformé par un sourire sadique et un regard complètement fou.
Il partirait donc à cause d’un dément. Cela lui convenait parfaitement. Il réussit à articuler à l’attention du voyageur :

"Elle n’est pas morte …"

La réplique fut cinglante et accompagnée de l’extraction brutale de la lame hors de sa nuque :

"Cela n’a pas d’importance. Par contre, toi, tu es mort. "

Le sang suivit la trace de la lame dans l’air, dessinant un sublime arc de cercle sanglant qui retomba sur le sol en éclaboussures légères. Le vampire se sentit partir et ses dernières forces le quittèrent. Le corps s’affaissa sur Oscar qui eut bien du mal à le retenir et finit écraser par le poids de l’armure.

Le voyageur dut s’extraire de cette masse imposante de muscle et d’organe mort en se coulant tel une couleuvre. Il se releva et observa les alentours.
Tout n’était plus que désolation et témoin du combat violent. Les murs accusaient des impacts. Les colonnes regardaient leur débris au sol. Le carrelage revêtait un aspect lunaire avec ses cratères. L’escalier comportait des marches éclatées. La lourde porte en bois n’était plus qu’un souvenir. Les armes jonchaient le sol. Du sang dessinait d’étranges symboles un peu partout. Un véritable tableau infernal.

Après avoir goûté de tout son soûl à cette merveille chaotique, Oscar s’offrir le luxe de s’évanouir aux côtés du vampire.

Il se sentit porté et crut entendre : "Je suis désolé."

Lorsqu’il reprit connaissance, il était dehors, face au manoir en proie aux flammes. Cette vision d’horreur lui évoqua immédiatement un souvenir profondément ancré. Il hurla à ce rappel du passé, se tenant la tête entre les mains et s’agitant comme un possédé. (Ce qu’il est, mais bon) Il attira quelques curieux qui se firent repousser par de violents coups. Il finit par se lever et quitter ce lieu infernal, titubant et marmonnant des paroles incohérentes.
Cette image avait fait ressurgir des démons bien plus sombres et dangereux que ceux qu’ils accueillaient en son corps. Mais surtout, cela pouvait signifier la libération du démon sadique Saënoris …