*You give me strength to carry on,
'Cause I know what it means
To walk along the lonely street of dreams*

Qu'est que je peux kiffer cette radio sérieux.

*An' here I go again on my own*

- "An' here I go again on my own !
- Ta gueule !"

Nico déteste quand je me mets à chanter. Pour sa défense, je chante hyper mal. Mais sur Here I go again de Whitesnake, je me sens obligé de chanter le refrain avec David Coverdale. Le pire, c'est quand c'est du Queen, le pauvre Nico ... Et le pauvre Freddy Mercury qui doit se retourner dans sa tombe à chaque fois aussi.

Heureusement que c'est une musique qui m'ambiance, parce qu'avec la nuit que je viens de vivre ... En résumé, mon père pense que ma mère l'a trompée et que je ne suis pas son fils biologique. Du coup, le morale n'est pas au beau fixe. Mais l'univers semble vouloir que je me réjouisse. En effet, la musique n'est pas le seul facteur améliorateur d'humeur, une autre bonne nouvelle pointe à l'horizon de ma mémoire, ce matin, nous sommes vendredi ! Et le vendredi, je n'ai pas cours l'aprèm ! Après une petite douche (en chanson évidement), je prend le chemin de l'univ avec cette fois-ci la musique de mon téléphone à fond sur du rock de années 70-80. Une fois arrivé en cours d'Anglais, le cours le plus inutile du monde (sérieusement, qui apprend réellement à parler Anglais en cours ? Avec deux pauvres heures de cours par semaines !), où j'apprend ... Bah rien en fait ... C'est uniquement de la compréhension oral, c'est à dire qu'on te fout un dialogue bidon au magnétophone (oui, nous sommes au XXIème siècle) avec des sons à la qualité si médiocres, que ce qualificatif n'est pas assez fort pour exprimer la quintessence de cette pitoyable production auditive. Après quoi, on doit remplir un questionnaire sur ce que l'on a compris, vous saisissez le paradoxe ?
Mon morale retombe mais je ne dois pas pour autant me laisser abattre, je suis sur que toute cette histoire est fausse, je suis bel et bien le fils de mon père et peut importe les règles de Dreamland à ce propos ! Bref, après les deux heures d'anglais, se fût 2h de Français (et oui, en BTS Analyse de Biologie Médicale, on a de nouveau, des cours de Français). Autant dire que le vendredi matin n'est pas des plus palpitant. Mais le temps, bien que s'écoulant plus lentement, ne s'arrête pas pour autant. La sonnerie retenti, enfin, signalant la fin des cours de la mâtiné, et la fin des cours de la semaine pour la classe. Ayant dépensé un peu trop d'argent ses derniers temps, je me résigne à aller au resto U. Accompagné de mais fidèles acolytes, nous passons les portes de la pire cantine de Paris, mais pas chère.

Encore un repas qui ne restera pas dans les annales (dans tous les sens du terme d’ailleurs). Mara rentre chez elle, elle a plus d'une heure de trajet donc ne reste pas souvent avec Arnaud et moi le vendredi aprèm. C'est donc à deux que nous nous dirigeons vers notre boutique de manga préférée, métro Bastille. On aime bien passer du temps là bas, le vendeur est carrément sympa (mais Bastille c'est super loin donc on ne peux pas y aller souvent). Quand on est là bas on peut lire, parler, manger, boire. On y fait des rencontres aussi. Aujourd'hui par exemple, un groupe de trois mecs et une fille étaient à une table en train de jouer Magic. Bah avec Arnaud on s'est incrusté et on parlé avec eux une bonne partie de l'aprèm. On ne joue pas à Magic mais pas grave, on s’intéresse et sa dérive vite un sujet où tout le monde se sent à l'aise, en l’occurrence, les JDR. Fred, le vendeur, a fait le MJ après la fermeture de la boutique à 19h, on est tous resté pour jouer dans son magasin jusque 23h. On a commandé des pizzas et mangé sur place. C'était vraiment une super soirée, j'en ai même oublié que mon père ma quasiment renié.

À 23h, Fred voulait rentré chez lui donc on est tous partie, lui laissant le loisir d'enfin finir sa journée. Ce soir, je dors chez Arnaud, on a prévu de jouer à League of Legend toute la nuit. On se sépare donc du club des quatre une fois dans le métro, eux prennent la ligne 8 direction Créteil et nous nous prenons la ligne 1 direction Châtelet, dans un immeuble non loin de la station de métro, dans la garçonnière d'Arnaud. Comme à mon habitude, je m'installe sur la table avec son pc portable et lui prend place à son bureau sur son pc fix avant de lancer League of Legend. En général, on se coupe un saucisson complet et on le mange à deux pendant qu'on joue. Sauf que se soir, il y a une mise à jour à cause de nombreux bugs, le jeu n'est plus accessible avant demain matin, 8h. Notre enthousiasme nous quitte, l'envie de jouer nous perd, on part se coucher. Il a un lit deux places alors je scouate à coté de lui. Le sommeil me viens difficilement, c'est bête mais, je n'ai pas eu de saucisson du coup, et j'ai le gout dans la bouche ... J'ai trop envie de bouffer du saucisson putain !

J'ai tellement envie d'en manger que lorsque je cligne des yeux, je me retrouve à Dreamland au royaume de charcu-vallée. Cette ville ressemble à s'y méprendre à Lacaune, avec ses fontaines et sa charcuterie omniprésente. Lacaune est une ville française, près de Montpellier. C'est la capitale de la charcuterie ! Toute personne aimant vraiment la charcuterie a déjà visité cette ville qui ressemble au paradis sur terre. Et me voilà dans sa version onirique. Je sens que je vais passer une nuit un peu plus calme que la précédente, encore que, à Dreamland, rien n'est moins sûr ! La plupart des gens ici sont des rêveurs et des créatures oniriques prenant les traits de vendeurs où de saucissons avec des bras et des jambes, un visage de cartoon greffé sur le haut du "corps". Une merveilleuse odeur de porc imprègne les lieux. J'en salive ! Je me dirige instantanément vers une une caravane de maraîcher pour demander de quoi me sustenter. Les prix pratiqués ici sont en EV. Je n'aime pas vraiment ça, il va falloir que je trouve quelque chose à leur échanger pour assouvir cette pulsion saucissonnesque. Je ne dois pas être très discret car un saucisson se dirige vers moi et me demande sans autre forme de procès :

- "Hey, toi là, tu es un voyageur ! Ça te plairait de manger à l’œil ? J'ai bien l'impression que tu aimes ce que tu vois là-bas, m'annonce t'il avec lançant des regards vers la caravane.
- Ça dépend, qu'as-tu à me proposer ?
- Suis moi, j'ai un ami qui a besoin des services d'un voyageur, en guise de paiement, tu pourras manger tout se que tu désires. Mon ami est du genre influent dans le coin, ajout-il avec un clin d’œil".

Je le suis  donc au détour d'une rue bien sombre.

Assise sur un banc du plus beau parc de la ville, Lyun contemplait les nuages et sur leur forme, les assimilant parfois à des éléments du quotient ou à des personnes. Le soleil s'était laissé attirer aujourd'hui pointant ses rayons de chaleur au-dessus de la région, malgré tout un vent mordant régnait en maître, obligeant la jeune femme à s'habiller sous une tonne de vêtements composés d'une doudoune, d'un pull et d'un manteau. Encore peu habituée par cette brise de l'Est désagréable,  elle avait hésité dans un premier temps à sortir, puis finalement son envie de goûter à cette journée ensoleillée par une balade avait été plus forte. La demoiselle recentra sur son attention à l'analyse des divers passants cheminant sur le gravier délimité par les zones de pelouse, s'exerçant à cerner les expressions et les sentiments de la foule. Cette méthode psychologique appliqué par Sherlock Holmes, le célèbre détective londonien de l'époque victorienne, une idole pour la jeune femme. La jeune femme désirait l'imiter, cela restait un véritable talent de limier, c'était un rêve d'adolescente.

La journée s'évanouit d'une lenteur, l'étudiante étrangère se releva après s'être bien étirée, il était l'heure de se dégourdir les jambes. Elle déambula parmi les sentiers traversant le parc fleuri, elle tomba nez-à-nez avec une allée de tente dont les tables étaient bondés de bric-à-brac, elle s'approcha  intriguée par ce rassemblement. Sur les étalages, des objets ou des spécialités régionales y étaient disposés, Lyun les examina en se penchant vers l'avant, des senteurs variés lui chatouillèrent les narines. Une effluve bien particulière l'attirait, se déplaçant comme envoûtée qui la conduit devant un stand rempli de bonne charcuterie, ses mirettes brillèrent. Depuis que la japonaise était arrivée en France, elle mangeait beaucoup plus de viande que dans son pays natal, expert dans la préparation de poissons étant un état assez maritime. Toutes ces bonnes choses lui donnaient envie de baver, son ventre gargouilla de protestation à cet instant, elle n'avait pas la peine de prendre un déjeuner quelques heures auparavant. Prise d'un péché de la gourmandise, elle s'accorda un petit achat affamée, puis se faufila parmi la horde de curieux.

Elle se dépêcha de rentrer chez elle afin de savourer ces courses improvisées, déployant ses affaires sur sa table. Elle se coupa quelques tranches d'un saucisson au piment d’Espelette ; La demoiselle alla se coucher sur son lit avec sa trouvaille, grignotant devant la saison 2 d'un drama qu'elle appréciait. N'étant pas d'un naturel à se goinfrer le soir, elle se sentit rapidement rassasié même si ses papilles gustatives pétillaient sous ces morceaux de chaire animale. Elle s'enveloppa confortablement dans son plaid, clignant des yeux peu à peu devant son épisode, le sommeil la gagna impuissante.



La voyageuse se matérialisa encore une fois dans une contrée totalement inconnue, elle n'y avait jamais mis les pieds. Déboulant en plein milieu de la ville où flottaient de merveilleuses émanations, des passants la bousculèrent et l’entraînèrent dans une file blindée de créatures oniriques à la silhouette humaine. Mais également des hommes ou femmes aux corps de jambon ou de lard, qui déambulaient sereinement dans les rues pavées. Elle avait réussi à se retrouver lors d'une fête ou d'une foire, elle soupira de désespoir en tentant de se frayer une échappatoire. Elle atteignit le trottoir, elle observa l’effervescence des visiteurs enjaillés, elle finit par s'engouffrer dans la noirceur d'une allée sombre.

« Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire de ma soirée ?»

La même affiche exposant la promotion de la foire ainsi qu'un lot gagné pour le concours du meilleur saucisson, était placardée sur les murs des bâtiments environ tous les 5 mètres. On ne sait jamais que les promeneurs soient pris d'une soudaine amnésie passagère, cela agaçait foncièrement la voyageuse. Elle considérait que taire tout un pataquès pour de la viande était excessif, elle adorait s'en régaler mais pas au point d'apparaitre dans un tel royaume enfin elle le pensait. La jeune rapace n'allait certainement pas passé sa nuit à s'extasier devant ces créatures des rêves, de se gargariser après s'être jetée sur elles pour les engloutir. Il y avait sans doute une façon plus intelligente de passer le temps.

Lyun ouit des voix aux intonations graves non loin, désespérée par l'ennui qui la guettait telle la faucheuse face à un mourant, elle se dirigea vers celles-ci. Peut-être que par chance, elle aurait de l'action à se mettre sous la dent.

Se saucisson sur pattes entre dans une rue parallèle à la place centrale, théâtre d'un événement somme toute captivant étant donné le monde présent, leurs yeux rivés dans la même direction. La quasi-totalité des créatures vivants ici ont une caractéristique physique s'approchant soit du porc, soit du porc déjà usiné et transformé en mets. Comme mon interlocuteur en somme. Bref, arrêtons de nous focaliser sur l'aspect de ces jambonneaux sur pattes et regardons plutôt où nous emmène notre saucisson favori. Nous entrons par une porte plutôt discrète, je ne pense pas que je l'aurais remarqué sans que l'homme saucisson ne m'y fasse entrer. En y réfléchissant, je ne serais même pas passé dans cette ruelle.

Mon camarade semble peu rassuré, il jette sans cesse des regards en arrière pour vérifier que je suis toujours derrière lui, à le suivre. Dans quoi me suis-je encore fourré sérieux ? Je le sens mal ce coup là. On s'enfonce dans un dédale de couloir, la profondeur de ce bâtiment n'est pas du tout la même une fois à l’intérieur. Cette marche silencieuse n'a que trop duré !

- "Ok, stop ! On va où là ?
- Du calme voyageur, nous entrons dans un lieu inconnu du grand public. Personne ne doit arriver ici par hasard, vous comprenez ?
- Ce que je comprend, c'est que tu va finir en rondels, au même moment, mon bras gauche se scinde en deux, laissant apparaître deux pattes d'araignées velues, armées de lames en leurs finalités. Menacé, le sauciflard prend peur.
- NE-ne ... Ne vous énervez pas. Je vous assure que ... Nos intentions, sont honorables !
- VOS intentions ?! Qui êtes vous et que me voulez vous ? Mes lames se faisant plus pressantes sur se qui semble êtes la gorge de ma victime.
- Qu'est-ce donc que tout ce vacarme ? Sous l'effet de surprise, à l'audition de cette voix grave, je recule d'un pas et me mets en position défensivement, près à répliquer à la moindre attaque."

Une silhouette se dessine peu à peu dans la pénombre au fond du couloir. Une silhouette énorme ! Apparaît alors devant moi un cochon bipède, en costume bleu à rayures, arborant une moustache brune des plus fournie avec un air plutôt jovial. Il semble amusé de la situation.

- "Voyons, voyons. Laissez donc se pauvre Freluquet tranquille. Malgré son air un peu louche, il ne ferait pas de mal à une mouche.
- ...
- Je conçois que tout ceci puisse vous paraître suspect. Mais nous nous trouvons dans un royaume pacifique, vous ne risquez rien.
- Arrêtons de tourner autour du pot et dit moi ce que tu me veux ! Le regard de Babe a changé suite à ma tirade. Il est vexé et semble bien plus dangereux que tout à l'heure.
- Essayons de garder notre calme et de restons courtois. Je vais tout vous expliquer. Suivez moi dans mon bureau, déclare t'il à la façon de quelqu'un qui a l'habitude d'être obéit."

Sans attendre de réponse de ma part, il tourne les talons et se dirige vers le fond du couloir. Je ne sais pas où se trouve la sortie, je n'ai été assez attentif quand nous sommes entrés. Quelle erreur ! Je lance un regard mauvais à Freluquet, qui me fait signe de suivre son boss. Hors de question de l'avoir dans mon dos !

- "Passe devant, je te suis."

J’emboîte donc le pas du saucisson sur pattes, tout en récupérant mon bras, et pénètre dans un bureau sans fenêtres. La seule source de lumière provient d'une ampoule fixée au plafond, sans abat-jour. On se croirait dans une arrière pièce où l'on joue des parties de poker clandestines. Babe me fait signe de m'asseoir en face de lui.

- "Hum hum, je me présente, Porcy Pig, patron de ...
- Attendez, Pig, comme dans Porcky Pig, le cochon des Lonney Tunes ? Où alors c'est un nom commun par chez vous ?
- Et bien , en effet, Porcky est mon cousin. On ne peut pas dire que la politesse vous étouffe cela dit.
- Venant de quelqu'un qui me conduit dans je ne sais quel endroit pour je ne sais quelle raison en compagnie de je ne sais trop qui, vous remarquerez que vous ne m'avez pas appris grand chose sur la situation, je vais prendre ça pour un compliment.
- Vous ne me laissez pas le temps de m'expliquer."

S'en est trop, je perds patience ! D'un révère de la main, j'envoie bouler Freluquet dans une commode sur la droite du bureau. Ensuite, d'un bond, je fonce vers Porcy, mon bras reprennent ses formes arachnéennes. Une fois sur son bureau, je me redresse et assène un coup de pied en direction de la gorge de ma victime, ceci dans le but d'avoir un ascendant sur lui et d'enfin obtenir les réponses que j'attendais. Sauf que tout ne se passa pas comme prévu. Monsieur Pig arrêta mon pied d'une seule main et m'envoya bouler à travers la pièce. Une porte dérobée s'ouvrit alors derrière le bureau du pig boss. Un cochon habillé en pilote de la seconde guerre mondiale apparue et se déplaça avec une étonnante agilité vers moi pour me maintenir au sol.

- "En voilà un voyageur impétueux ! Dit-il le sourire aux lèvres. Il va falloir te calmer, c'est n'est pas d'un grand guerrier dont j'ai besoin. C'est d'un détective."

Ok, il a attisé ma curiosité. De toute façon, je n'ais plus vraiment le choix, le cochon pilote que je reconnu comme étant Porco Rosso de Miyazaki, me maintenait fermement au sol et sa force était impressionnante au vu de sa petite taille.

- "Pour ce qui est de la bagarre, Porco ici présent, vous épaulera. J'ai besoin d'un voyageur voyez vous, et malheureusement, vous vous faite rare dans le coin.
- Pourquoi d'un voyageur en particulier ? Allez vous enfin me dire ce que vous me voulez bordel ?
- Toujours aussi impétueux a ce que je vois. Mais au moins, vous semblez avoir appris la politesse. Il prend un malin plaisir à me faire attendre. Je vais lui faire bouffer sa moustache à ce gros porc. Comme vous le savez peut être, la grande foire du saucisson va bientôt débuter dans le monde réel. Nous allons donc être envahie de rêveur dans pas longtemps. C'est pourquoi il y a tant d'effervescence là haut, sur la grand place. Ce sont les préparatifs.
- Non, je ne savais pas pour la foire du saucisson. Qu'est que j'ai à voir la dedans à la fin ?
- J'ai besoin d'un enquêteur pour retrouver la pièce maîtresse de cette foire. En effet, les rêveurs ne seront pas les seuls à nous rendre visite. De nombreuse créatures des rêves viendrons. Et à ce titre, je propose chaque année les mets les plus délicieux de tout Dreamland. Vous pouvez les savourez et acheter autant de plats et merveilles que vous le souhaitez. Il se joue vraiment de ma patience cet enfoiré. Puis viens le moment tant attendu de la foire, ceux pourquoi toute créatures pensante viens en ces lieux. Parfois même des voyageurs. Nous mettons aux enchères le plus merveilleux, le plus savoureux saucisson de tout Dreamland, m’annonce t'il sur un ton trop enjoué, les bras en l'air en tapant la pose. Sauf qu'il nous a été dérobé.
- Et moi je dois le retrouver. Et pourquoi pas Porco par exemple ?
- Et bien parce que personne ne doit savoir. Si cette nouvelle s'ébruite, c'est la faillite assuré, tout le monde pensera, à juste titre, que je ne suis plus capable de protéger mes produits. Je vous demande donc à vous, qui n'avez aucun lien apparent avec moi, d’enquêter sur cet odieux vol et ce, de manière discrète. Évidement, vous serez rémunéré à la hauteur de votre investigation. Cela vous convient-il ?
- Et vous m'avez choisie moi parce qu'il n'y a pas d'autre voyageurs dans le coin. Bon ok, va pour l'enquête, j'ai rien d'autre à faire de toute façon.
- Magnifique ! N'oubliez pas, je compte sur votre discrétion. Je préfèrerai éviter plus de soucis.
- Ce qui ferait de vous un soucisson !"

Et c'est sur cette magnifique blagounette que je fût ensuite raccompagné à la sortie par Porco Rosso et Freluquet, ce dernier ne pouvant s'empêcher de me rappeler chaque détails de la mission qui m'incombait. C'est au détour d'un croisement que je percute alors quelqu'un !

- "Euh ... désolé, je ne t'avais pas vu."

C'est une jeune femme. Plutôt mignonne, avec de longs cheveux bleus et qui ne semble pas être une rêveuse (ni un saucisson), mais une voyageuse !

- "Salut, je m'appel Ace, encore désolé. Rien de cassé ?"

Entourée de maisonnettes ternes barricadées au niveau des portes et des fenêtres ou bien en ruines, parfois il manquait une partie du mur, les vitres brisées tandis que leurs volets pendaient dans le vide. A croire qu'elle se retrouvait dans un lieu dévasté par un champ de bataille de la seconde guerre mondiale, et pourtant à quelques mètres, la fête battait son plein, des échos arrivaient jusqu'à ce quartier miteux qui ne payait pas de mine. Dans un mutisme observateur, elle arpentait le chemin  en quête de ces voix entendues auparavant, elle s'orientait dans ce dédale de misère, comment une ville pouvait-elle cacher de tels ghettos ? Une poitrine de porc amaigrie, assise contre une parois délabrée et taguée, tendait un bras humain vers Lyun désireuse de la délester de quelques Evs pour subsister dans ce monde cruel de la charcuterie. La voyageuse sentit son cœur chavirer en un pincement au cœur devant ce spectacle pitoyable, elle parcourait tous les jours une ville dans la réalité où elle passait devant des mendiants, selon son humeur elle glissait imperturbable un peu d'argent, espérant vainement qu'ils en feraient bon usage. Consciente que certains le dépenseraient dans de la boisson alcoolisée ou des clopes, elle estimait que leur simple existence leur appartenait tant qu'ils ne lui reprochaient pas de ne leur prêter aucune attention. Prise de pitié pour cette pauvre créature, elle déposa dans le creux de sa paume quelques Evs gagnés grâce à l'aide fournie au Père Noël pour sauver le noël des Dreamlandiens, après tout cela consistait en un présent de cette entité légendaire perçu quelques mois plus tard.  La vagabonde la remercia d'un hochement de la couane, vision étrange que celle d'être destinataire d'un geste reconnaissant provenant d'une tranche de charcuterie, vision qui fit pouffer la morpheuse rapace.

Après avoir apaisé son interlocutrice offusquée par cet éclat spontané, Lyun reprit sa route longeant un labyrinthe de bâtiments aussi détériores les uns que les autres, sa distraction du moment lui avait fait perdre le fil des sons, ils s'étaient évaporés. Elle se dirigea vers l'origine mémorisée approximativement, zigzagant sans repère dans ces ruelles de plus en plus obscures. Son périple vint lui faire un coucou de la main, enfin c'était plutôt deux silhouettes dont l'une lui fit signe d'approcher. La jeune femme s'exécuta d'un déhanché posé, peut-être qu'ils étaient les propriétaires de ces voix dont elle cherchait la teneur, Tandis qu'elle les atteignit, un homme à l'apparence de pâté gluant l'attrapa par l'épaule armé d'un grand sourire commercial et lui présenta sous les yeux un petit sachet rempli de poudre. Il la ballotta quelques secondes, un taureau bipède comme acolyte à l'expression niaise voire complètement débile affabulée d'yeux globuleux ce qui l’associait également au crapaud, celui-ci était occupé à se divertir en coinçant ses sabots dans un tube puis de tirer dessus pour les retirer. La demoiselle soudainement encadrée fronça les sourcils, un mauvais pressentiment l'alerta d'un traquenard, à n'en pas douter ces citoyens ne faisaient pas partie des plus fréquentables. Ce récipient plastifié lui fit penser à ceux que proposent les dealers à leurs clients dans les films, ces observations l'amenèrent à déduire qu'ils ne l’alpaguaient point pour un noble prétexte. La créature qui l'étreignait vigoureusement, répondit à ces suspicions joyeusement :

- Hey tu serais pas voyageuse? C est qu'on vous voit plus trop toi et tes cousins par ici.... tiens regarde c'qu'on a à te proposer... juste un peu de poudre c'est chanmé, tu vas voir un peu de weed un peu de porc séché et tu vas kiffer comment tu vas grave planer  T’inquiète mon bro est là pour la décoration.

- Non merci, ce n'est pas mon trip. Refusa-t-elle impassible mais perplexe par la présence de son « bro » baraqué malgré sa stupidité manifeste

- Fais pas ta relou, goûte !

- Non

- Aide moi Cooper, elle a le droit à la démonstration gratos.

- Cool

Cooper mit un terme à son joujou, il s'était lassé de ce petit jeu à l'énoncé d'un molestation en règle même si la victime n'était autre qu'une demoiselle, au contraire cela paraissait plus amusant. D'une joie non dissimulée, il s'avança à la rencontre de la voyageuse immobilisée par l'épaule du pâté riant  de sa vilenie, ne faisant fi d'aucun scrupule dans sa détermination à parvenir à ses fins. Lyun n'émit aucune protestation, ne se débattit pas non plus afin de s'extraire de l'emprise physique exercée sur elle, concentrée à fixer son geôlier. Sans crier gare, elle métamorphosa sa bouche en un long bec robuste, penchant la tête du coté du vendeur de produits illicites, elle referma son clapet sur le pâté à taille humaine. Elle lui arracha un morceau sans grand effort, il hurla de douleur en palpant le vide créé par sa prisonnière avant de s'évanouir de terreur constatant l'ampleur du trou béant. Recrachant sans aucune forme de procès la part à la consistance pâteuse qui s’effritait entre ses mâchoires de prédateur, la saveur de ce mets la ragoûtait fortement, de plus elle devait faire face à un second individu plus dangereux. Cependant, le taureau bouillonnant de testostérone se figea surpris par l'action entreprise par la demoiselle égarée, son regard descendit progressivement sur son partenaire et le cerveau du duo dans les vapes. Il afficha un visage confus vis-à-vis de cet imprévu, soit il enrageait pour venger l'honneur de son frère, soit s'enfuir à toute enjambée avec lui, le choix était si cornélien... La japonaise, quant à elle resta aussi immobile qu'une statue patientant le temps que le brouteur d'herbe prenne un semblant d'initiative, cela risquait de prendre un moment.

Les traits de l'animal se crispèrent et ses yeux devinrent rougeoyants, il courba l'échine à l'adresse de Lyun en roulant le dos, la fumée se dégagea de ses naseaux. La jeune femme reconnut aussitôt en un déclic la posture prise par ses congénères consistant à foncer sur son adversaire, la brute s'élança à ses trousses. D'une roulade sur sa droite, la prédatrice esquiva de justesse l'attaque sous peine d'être embrochée au bout de ses cornes si cela avait été effectué une seconde trop tard. Elle se redressa et porta son attention à l'être onirique, néanmoins, ce dernier avait profité de son esquive pour choper l'inconscient allongé au sol, et ensuite détaler comme un lapin. Finalement la bestiole n'était pas si lourdaude à concevoir une échappatoire pour deux en une diversion tout en prétendant vouloir empaler son ennemi.  Elle soupira à la fuite de la bande de délinquants, dommage elle aurait aimé passer plus de temps en leur compagnie ou du moins se battre contre le taureau un minimum, même si cela aurait été compliqué de le mettre KO sans en perdre une plume.

Elle erra de nouveau parmi les voies pavées sans savoir où cela conduisait réellement, mise à part ces trois créatures, pas âme qui vive. Pas le choix, elle se vit obligée de rejoindre le grand boulevard, peut-être y dénicherait-elle plus d’intérêt qu'à son arrivée, elle tourna à l'angle d'une rue. Lyun se focalisait sur la provenance des musiques dont les notes flottaient jusqu'à sa personne grâce aux hauts parleurs qu'ils avaient installés près des stands, ainsi elle zigzagua le long d'un chemin désert. Elle s'arrêta quelques instants devant un carrefour dans le but de visualiser la suite du chemin à suivre mais elle fut heurtée par quelque chose ou quelqu'un qui engendra sa chute malencontreuse. La morpheuse releva instinctivement la tête vers la cause de son effondrement, elle découvrit que le coupable n'était point un représentant de Dreamland mais plutôt un adolescent à l'allure décontractée. La bousculée le fusilla de ses iris perçants, il manifesta une certaine inquiétude envers elle, pourtant il aurait très bien pu l'éviter. Lyun n'avait pas la carrure d'un éléphant mais quand même, elle considérait être assez voyante pour que les passants puissent la contourner au lieu de l'emboutir aussi sec :

- Non cela ira merci. Rétorqua-t-elle de marbre pas d'humeur à se présenter après cette accolade. Vous pourriez faire un peu plus attention.