Quel charmant jeune homme, il avait même prit le temps de lui confectionner une attelle de fortune ! Ca ne l’aiderait pas à marcher, mais au moins, elle ne ferait pas de mouvements involontaires et l’inflammation pourrait se résorber. Il l’invita même à le tutoyer, comme lui-même le faisait depuis leur rencontre, aussi mouvementée fut-ce-t-elle. Mais elle ne pouvait pas garantir qu’elle le ferait, elle avait du mal avec ça et risquait fortement de le vouvoyer de nouveau, ce ne sera qu’avec l’habitude qu’elle arrivera à le tutoyer et il lui faudra la reprendre. Finalement elle grimpa sur son dos, elle enroula ses bras autour de son cou en faisant attention à ne pas l’étrangler et frissonna en sentant ses mains se poser si près de ses cuisses. Mais ce contact était nécessaire si elle ne voulait pas tomber et être confortablement installée et surtout ne pas gêner plus son compagnon. Ce dernier lui proposa par ailleurs la barre de fer qu’il avait tantôt voulu utiliser comme arme, elle l’accepta, ce serait toujours ça au cas où ils devaient subir une attaque surprise.

Et c’est ainsi que le joyeux duo s’aventura de nouveau dans les tréfonds perdus du métro abandonné. Rapidement, le grand brun fit appel à l’une de ses invocation, ainsi Lilith apprit que lui aussi faisait partit de cette catégorie de voyageur capable d’invoquer des créatures oniriques, et vraisemblablement, son pouvoir concernait les reptiles, et plus précisément les serpents. Il est vrai que jusque-là elle ne s’était pas interrogée quant à ses capacités, et celle-ci lui correspondait plutôt bien… Ténébreux qu’il était, le serpent le qualifiait bien, quant au caractère, c’était une toute autre histoire ! Il est de coutume de considérer les serpents comme fourbes et vicieux, elle n’en avait jamais vraiment côtoyé pour affirmer ou infirmer ces dires, mais dans tous les cas, son partenaire de marche ne semblait si vicieux, ni fourbe ! Dans la pénombre elle put apercevoir une masse longiligne, luisante, comme si elle était mouillée ou visqueuse, d’un reflet bleuté. Elle n’avait rien contre ces reptiles filiformes, mais était contente de n’avoir aucun rapport avec eux non plus, ils étaient pour ainsi dire… Répugnants. Mais cette impression, elle la garderait pour elle.

Ils marchèrent en silence pendant un bon moment, attentifs aux moindres sons. Mais jusque-là, seuls les bruits de pas régulier du jeune homme, le glissement humide du reptile et de temps à autre des gouttes qui s’éclataient au sol parvenaient aux oreilles de la demoiselle. Mais c’était d’autant plus étrange, et elle se disait que plus le temps calme s’écoulait, plus le danger se rapprochait.
L’air glaciale donnait l’impression qu’ils s’enfonçaient de plus en plus dans les entrailles du métro, elle doutait quelque peu de ses capacités en orientation et craignait de se retrouver coincée ici jusqu’à la fin de la nuit, et plus encore si le lieu était enchanté. Mais elle préféra garder ses doutes pour elle, se sachant incapable de faire mieux…

Bientôt elle reçut l’écho des bruits de pas et une douce mélodie de larme de stalactite lui parvint. C’aurait pu être agréable si on avait mis de côté l’humidité glaciale du lieu et l’odeur infecte qui flottait dans l’air en suspension. Elle comprit, en même temps que Dazh visiblement, qu’ils venaient de pénétrer dans une salle bien plus spacieuse qu’un simple tunnel. D’une tape silencieuse sur l’épaule, Lilith intima à sa monture humaine de la laisser retrouver le sol. Cette dernière évita de déposer sa cheville douloureuse. Ayant quitté son chauffage ambulant, elle ressentit les courant d’air froids s’immiscer sous ses vêtements, elle regretta quelque peu ne plus se retrouver abritée par Dazh, dont le corps dégageait une chaleur agréable. Alors qu’un frisson parcourait ses membres, elle put constater que le sol était recouvert de mousses luisantes et déjections, ce qui le rendait particulièrement glissant, mais surtout d’ossements méconnaissable et pas forcément bien nettoyés. Un nouveau frisson parcourut son corps, mais pas à cause du froid non, à cause d’un râle tout ce qu’il y a de plus inhumain. Oui, ils venaient d’entrer sur le territoire d’une bête, que dis-je, d’un monstre assoiffé de sang et l’avaient réveillé.

Une masse informe semblait se redresser a à peine quelque mètre du duo, grâce à la faible lumière dispensée par les mousses et autres champignons, on pouvait distinguer un être qui faisait facilement la taille de deux hommes, sa peau, si on pouvait appeler ça une peau, suintait et semblait se décoller par endroit par manque de soleil et trop plein d’humidité, surtout au niveau de sa gorge, sa face -car on ne peut pas qualifier ça de visage, plus de gueule qu’autre chose- et son ventre. Des plaques de cornes protégeaient son corps au niveau de sa nuque, ses articulations et son dos était parcouru de pointes certainement plus solides que des lances. Ses mains étaient pourvues de 4 doigts difformes, comme ceux d’un aye-aye, terminés par des griffes sales mais sans aucun doute meurtrières, pareil pour ses pieds. Derrière lui on pouvait distinguer quelque chose se mouvoir, de droite, à gauche… Et non, perdu, ce n’était pas une queue, mais trois autres membres spécifiques aux scorpions. L’un se terminant par un telson aiguisé et toxique, les deux autres par des pinces certainement très puissantes. Ne reste plus qu’à décrire sa face immonde, couverte d’une multitude d’yeux petits comme des billes, des moustaches longues et ridicules, mais qui doivent bien lui servir dans cet environnement, et bien sûr… Une gueule immense remplit de plus de dents qu’un requin. Il était un mélange parfait entre un scorpion, une araignée, un rat, et en fait j’en sais rien il est beaucoup trop laid et dangereux pour le qualifier de créature hybride, c’est un monstre, de rang 5, voir 6 facile, si ce n’est plus, dans son domaine, affamé et très, très énervé.

L’albinos, terrifiée, avait reculé de quelques pas, ignorant la douleur, ne la remarquant même pas tellement elle était pressée de se retrouver au niveau de son compagnon d’infortune. Dans quel pétrin ils venaient de se fourrer… ? La créature hurla de la façon la plus grave et assourdissante que la jeune femme n’ai jamais entendu, ils reçurent moultes éclaboussures de salive malodorante et purent apercevoir sans peine et beaucoup d’inquiétude les 4 ou 5 rangées de dents, sans compter les 4 canines impressionnantes et jaunies. Sans s’en rendre compte, Lilith avait agrippé la manche de la veste du brun.

Maintenant ils avaient le choix, se battre, ou fuir, mais peu importe leur choix ils risquaient de mourir. Cette chose vivait ici, et connaissait bien mieux les lieux. Ils n’iraient jamais assez vite.

-Ne t’en fais pas, je m’en occupe.

Et sur ces belles paroles tout droit sorties d’un livre de chevalerie, il s’élança contre la bête, armé d’un fouet écailleux. Lilith n’avait jamais été aussi terrifiée de sa vie, même les géants au vocabulaire restreint qui prenaient le métro pour des lunches box ne lui avaient pas fait autant peur. Il faut dire que les conditions n’étaient pas les mêmes. Là, elle se trouvait seule –avec Dazh- face à une créature cauchemardesque et meurtrière à en juger par la formidable quantité de cadavres, ossements et autres vestiges d’espèces toutes plus différentes les unes que les autres. Pas vraiment d’issus, si ce n’est la mort ou la victoire. Le brun lui donnait là l’opportunité de fuir, mais même pas elle n’y avait pensé. Il faut dire qu’elle était tétanisée face à ce spectacle d’horreur, le jeune homme ressemblait à un dresseur de monstres avec sa veste en cuir et son fouet, à lui donner des coups comme s’il espérait le faire s’assoir alors que celui-ci n’attendait qu’une chose, que son dompteur se retourne pour qu’il puisse n’en faire qu’une bouchée. Tout ce qui se passait dans sa tête, c’était le défilement de sa vie passée et rêvée, ce qu’elle aurait voulu accomplir. Devenir une voyageuse de renom, être connue pour ses bonnes actions et ses prouesses… Si perdue dans ses pensées qu’elle ne vit pas la créature foncer sur elle.

D’un coup brusque mais salvateur, elle se trouva sur l’énigmatique chevalier à glisser sur la mousse gluante. Il avait pensé à elle en tout point : la sauver d’une mort certaine et douloureuse, et lui épargner de nouvelles blessures en la protégeant du mieux qu’il le put. Il se redressa et partit de nouveau à la chasse au monstre. Toujours étalée au sol, Lilith commençait à se réveiller. Ce n’était pas le moment de flancher ! Il y avait encore de l’espoir quant à leur potentielle victoire ! Elle se redressa à son tour, son flanc était dégoulinant à cause des champignons et autres mousses écrasés dans la glissade. Mentalement, elle consultait les guerrières qui lui prêtaient main forte quant à la stratégie à adopter.

-Eila, j’ai besoin de toi, comment battre ce monstre ?
-J’essaie de te l’expliquer depuis son apparition mais tu ne m’entendais pas. Concentre toi sur ses points faibles.
-Quels points faibles ?! Cette créature est totalement adaptée à son milieu !
-Justement, elle est sensible à la lumière, aux sons et aux vibrations. De plus, regarde son ventre.

L’albinos obéit. Des lambeaux de chair pendaient, dévoilant ainsi une partie du corps tout à fait sensible et à leur merci. Mais s’approcher de son ventre reviendrait à se mettre sous sa gueule… En regardant la bête, elle vit son camarade en très mauvaise posture, elle avait rêvassé tout ce temps ! Sans attendre une seconde de plus, elle enfila son armure de bourrine, Eila, ce qui produisit un flash lumineux d’une telle intensité dans cet environnement sombre que la créature n fut éblouie, lâchant sa prise pour protéger ses multitudes d’yeux. Avant que le monstre ne repasse à l’attaque, elle chargea tel un bélier en fureur, son épaule percuta bruyamment la jambe de la bête, ce qui lui fit perdre l’équilibre un peu plus loin, protégeant à son tour son camarade. Elle ne perdit pas son élan et, dans l’optique de le rendre aveugle, elle fit appel à Laika cette fois, son armure ninja, pour lui prêter main forte. Ce nouveau flash affecta encore la créature -sûrement son ami une seconde fois- qui plaça ses membres avant en guise de protection, ce qui permit à la demoiselle légère comme le vent et souple comme une gymnaste de lui bondir dessus et grimper jusqu’à sa tête hideuse. Ses saïs en main, elle les planta avec rapidité et précision dans chacun de ses nombreux yeux.

Elle se doutait que cela se finirait comme ça, quoi que moins violant. La créature cria de douleur, et plus vite qu’elle ne l’aurait cru, il la saisit entre ses doigts griffus et la jeta en avant. Elle vint s’écraser lourdement contre une paroi de la grotte. Son armure n’étant absolument pas faite pour la protection, les dommages causés étaient décuplés par rapport à son autre armure. Elle retomba au sol mollement, complètement sonnée et inconsciente.

Du revers de sa main, le monstre tentait de recouvrer la vue en essuyant le sang. Son agresseur avait réussi à le rendre quasiment aveugle : deux tiers de ses yeux étaient crevés et dégoulinaient, les autres noyés dans son propre liquide vital. La créature comprit relativement lentement que frotter ne servirait qu’à empirer les choses et augmenter sa douleur. Frustré, il hurla dans une note tellement aigüe que les murs tremblèrent et quiconque se trouvait dans la pièce ne pourrait supporter ce cri strident. On pouvait ajouter à sa liste de capacité extraordinaire un cri supersonique capable de rendre sourd momentanément, et définitivement si à bout portant. Après avoir poussé son hurlement assourdissant, la bête se débattit toute seule, agitant ses bras musclés de droite à gauche et inversement comme pour chasser des créatures invisibles qui s’attaquaient à elle. Le monstre se figea soudain, conscient finalement qui rien personne ne s’en prenait à lui. Il se fia à son flair, son ouïe et aux vibrations de l’air pour repérer ses assaillants, déjà habitué à sa cécité pourtant récente. Il tourna son imposante masse vers le corps inerte de Lilith, il devait sans doute entendre sa respiration laborieuse et les battements lents de son cœur. La pauvre albinos était inconsciente, à la merci de tous les dangers. Le troll mutant se prépara à charger, il se prendrait certainement la paroi de son antre mais avait de grandes chances de piétiner sa proie. Ses queues battaient furieusement l’air, ses pinces claquaient dans le vide, et il fonça.

En rouvrant les yeux, Lilith fut éblouie par la luminosité ambiante. Elle mit du temps avant de se souvenir d'où elle se trouvait, et pourquoi elle s'y réveillait. Bientôt, elle se rendit compte qu'il faisait chaud, et que l'oxygène venait à manquer. Par instinct de survie, elle ne se redressa pas. Sa vision s'adaptait à la lumière produite par les flammes en suspension et elle pu constater que toute la pièce était enflammée. Le sol restait intact, surement dû à l'humidité, mais tout ce qui se trouvait à plus de 30 centimètres du sol crépitait. Elle se demanda ce qu'il avait bien pu se passer durant son absence et s'inquiéta de ne voir ni Dazh, ni la bête. En se redressant sur ses avants bras, elle pu constater que sa chute ne l'avait pas laissée indemne. Son épaule droite était tout autant douloureuse que sa cheville, dont l'attelle avait cédé. Pourtant, il lui faudrait prendre sur elle si elle voulait survire.

Mais qu'est ce qui pouvait bien s'enflammer aussi facilement ? Et qui en avait eu la capacité ?! Le feu semblait s'être propagé dans toute la salle, et plus encore. Mais il faudrait bien qu'il ai fini de consumer ce à quoi il s'attaquer à un moment ! Même au ras du sol, l'albinos venait à manquer d'oxygène, il lui fallait se déplacer pour trouver un lieu plus sûr. Elle garda son armure de ninja, plus maniable et faite pour ce genre de mouvements. Elle se déplaça tel un serpent sur le sol gluant, son visage se crispant à chaque mouvement d'épaule, de jambe, mais elle devait avancer si elle ne voulait pas finir grillée. Elle prit le chemin d'où ils venaient, vraisemblablement, le feu n'arrivait pas à s'y propager. C'est à se demander ce qu'il y avait dans la pièce qu'il n'y avait pas dans le tunnel. L'humidité, la rocaille et un chemin de fer était présent dans les deux, peut être était-ce la mousse ? Mais alors pourquoi elle ne se consumait pas, elle ? Trop humide ? Non. Ce doit être ce qu’elles sécrètent. Probablement. Ou pas. Enfin bref, ce n'était pas l'important. Lilith venait de s'extirper de ce bourbier enflammé et elle pouvait de nouveau respirer à peu près convenablement. En se redressant, avec l'aide du mur, elle fit une inspection rapide de son propre corps. Sa cheville avait enflé, trop utilisée malgré l'entorse, son épaule était probablement déboîtée ou quelque chose qui s'en rapproche, ses avant bras et ses jambes étaient parcourus de coupures et son arcade saignait, surement depuis sa collision avec la paroi de la caverne...

Elle prit une grande inspiration. Elle était en vie, c'est tout ce qu'elle devait penser. Oh, et aussi se demander où avaient bien pu passer son compagnon d'arme et la créature qu'ils combattaient. Elle n'entendait que le crépitement des flammes et ne distinguait rien à l'intérieur, si ce n'est les volutes de chaleur dansantes.

Alors qu'elle manipulait son épaule, une substance visqueuse et incroyablement corrosif vint attaquer sa main droite qu'elle vint immédiatement essuyer sur sa tunique. Elle leva les yeux, et elle le vit. Au dessus d'elle, accroché aux porosités de plafond, le monstre guettait. Elle émit un hoquetet de surprise qu'elle aurait mieux fait de réprimer, car le monstre la repéra aussitôt, envoyant avec une violence inouïe son telson dans le mur, elle esquiva avec une roulade qui ne manqua pas de lui arracher un cri de douleur, quelle idée de rouler quand on a mal à l'épaule et la cheville ! Son assaillant regagna le sol, ses moustaches étaient cramées, visiblement il était incapable de capter les vibrations de l'air, et à sa façon de se déplacer, elle devinait qu'il avait quelque peu perdu l'équilibre. Il se déplaçait à taton, reniflant avec son immonde museau rabougrit. Cette fois-ci, elle était seule contre lui. Et il n'était pas question qu'elle se laisse faire sans réagir. Laïka serait inefficace contre une masse aussi imposante, ses saïs ne le blesseraient pas plus et Eila était de meilleurs conseils. Elle changea donc d'armure dans un nouveau jet de lumière qui interpella la créature qui ne pouvait plus être éblouie. Elle chargea, ses pinces en avant. La demoiselle se campa sur ses deux pieds, consciente de la douleur à venir, et elle saisit la base des deux pinces du monstre, gardant ainsi une distance entre eux deux. Les appendices tranchants claquaient furieusement dans le vide, de chaque côté de celle qui les maintenaient. Tous deux poussaient vers l'avant, annulant par la même leurs force respective. Il griffait aveuglément devant lui, mais elle était assez loin pour ne pas subir les coups, elle serrait ses mains, tentant de broyait la carapace des pinces, son épaule ne tiendrait plus longtemps, brûlée et déboîtée, elle souffrait, sans compter sa cheville sur laquelle elle forçait... Elle lâcha prise et roula entre ses jambes quand elle entendit un craquement satisfaisant. Ses appendices masticateurs ne lui seraient plus que d'une utilité, s'il n'avait pas peur de souffrir, il s'en servirait de massue, mais il ne pourrai plus attraper qui que ce soit.

A le priver ainsi de ses capacités, ils finiraient par prendre le dessus. La jeune femme, essoufflée et meurtrit, ne bougeait plus. Elle prit un instant de répit pour se remettre de ses émotions, la créature semblait ne pas l'avoir remarquée puisqu'elle s'agitait frénétiquement plus loin.

Alors qu'elle tentait de reprendre sa respiration et d'oublier ses blessures, Lilith entendit un son annonciateur de bonne nouvelles. Elle ne s'était pas poser beaucoup de questions en entendant l'alarme d'une locomotive, un train dans un métro, il n'y a rien de plus banale à Dreamland ! Surtout quand on est perdu dans les tréfonds de son passé... Au fond, elle savait que c'était son compagnon d'infortune, ça ne pouvait qu'être lui, car il était impossible qu'il se soit éteint et encore plus improbable qu'il l'ai laissée seule ici. Du moins s'en convainquait-elle. Le monstre aussi l'avait entendu et s'était retourné dans sa direction, immobile afin de capter le moindre geste, le moindre son dans cette obscurité morbide. La demoiselle décida qu'il était temps de mettre ses membres à rude épreuve et de courir une dernière fois. Au sol. Des rails. Le train venait de la grande salle enflammée, et c'est dans cette direction qu'elle se dirigeait, poursuivie furieusement par la bête. Elle l'attirait dans le piège -en espérant que c'en soit un- et croisait les doigts pour que ce coup achève la créature.

A chaque pas sa jambe la lançait, elle espérait ne pas céder à la douleur avant d'avoir été débarrassée du monstre, sinon elle ne s'en sortirait jamais vivante. Et la perspective de finir broyée et digérée par quelque chose d'aussi répugnant ne lui plaisait pas plus que ça. Le crissement des roues rouillées sur les rails abîmés se rapprochait, sans compter le vacarme terrifiant qui l'accompagnait, à croire qu'il détruisait tout sur son passage ! Et bien. Finalement elle n'était pas si loin de la vérité, car en se rapprochant de lui, le rancor à ses trousses, un mur explosa et les débris fusèrent de partout. Elle vit le wagon foncer à grand bruit et changea de tenue pour préférer celle de Laika pour le saut qu'elle s'apprêtait à faire. Ignorant encore la douleur, elle bondit et passa au dessus de la furieuse machine qui emporta le monstre avec elle, détruisant tout sur son passage. A peine eut-elle le temps de se remettre sur ses pieds, que derrière elle un boucan pas possible de chut de gravas avait commencé. Elle vit son acolyte lui faire un signe de la main et elle le rejoignit aussi vite que possible et ensemble ils regagnèrent le labyrinthe.

Un grand bruit raisonna derrière eux. Lilith pu constater  que tout le toit de la pièce principale où résidait la bête s'était effondré. Les deux voyageurs s'étaient arrêté pour regarder ce funeste spectacle. A travers la poussière, ils pouvaient deviner les mouvement d'une foule sous le choque. Finalement, ils n'était pas si loin de la civilisation... Et comme si la dégradation d'un lieu publique n'avait pas suffit, des gravas s'animèrent pour laisser apparaître au grand publique la créature qu'ils pensaient avoir terrassée. Créature qui hurla sa haine et fit mettre tout le monde à genoux tant la puissance de sa voix affecta leurs tympans. Au loin, l'albinos reconnu le groupe de voyageur qu'elle pensait être à leur poursuite, ces derniers, armés jusqu'aux dents, s'étaient rapidement remit debout et avaient entamés de mettre fin aux jours de ce monstre à coup de projectiles. Mais à cette distance de deux étages et la peau cuirassée du monstre, ils ne firent qu’attiser sa haine et ce dernier hurla de plus belle, perforant sans nul doute les tympan de bien des voyageurs. Mais ce cris acheva de faire s'effondrer le sol, ou toit, branlant du second étage. Dazh eut le réflexe de protéger la demoiselle de son corps, et elle remarqua finalement l'entaille immense qui parcourait son buste. Elle le repoussa, et l’interrogea du regard concernant cette balafre, constatant par la même la ferraille fichée dans son épaule.

-"Dazh ! Vous êtes blessé !"

En homme fier qu'il était, il préféra repartir au combat pour sauver le plus grand nombre plutôt que de se préoccuper de sa personne. Lilith le vit s'élancer pour la seconde fois contre le monstre qui soulevait à présent un énorme rocher, visiblement dans l'idée de le lancer en hauteur. Et il en était capable. Lilith, largement affaiblie et la douleur revenant à la charge, jeta un œil à sa cheville dénudée. Elle avait triplé de volume et était violacée, ce n'était pas bon signe du tout. Un cri de douleur lui fit relever les yeux, son nouvel ami venait de se faire asperger de ce liquide visqueux et corrosif qui lui avait rongé l'épaule quelques instants auparavant, et semblait avoir dégusté.

Mais qu'est ce qu'elle faisait encore là au lieu de lui venir en aide ?! Toujours vêtue de sa tenue de Ninja, elle se mit à courir pour rejoindre feu la pièce principale, qui ressemblait plus à la fausse d'une arène avec tous ces spectateurs en hauteur. Elle se rapprochait, et il fallait qu'elle fasse vite. Les dits spectateurs balançaient tout ce qu'ils pouvaient sur la créature cauchemardesque, permettant ainsi au grand brun de faire s'écrouler un bloc immense sur la bête. Seulement, ses petits frères décidèrent de s'attaquer au jeune homme et Lilith arriva tout juste pour foncer sur lui et le dégager de leur chute.

La jeune femme rouvrit les yeux et toussa à cause des particules de poussière. Elle était sauf, mais ne sentait plus sa jambe blessée. En baissant les yeux, elle constata avec effrois qu'elle était ensevelie sous les gravas. Son corps reposait sur celui de l'invocateur de serpents, inconscient visiblement, mais vivant. La bête semblait ne pas se relever, sans aucun doute avait-elle succombé au bloc de pierre... Un trop plein de douleur et d'adrénaline évanouie la firent tomber à son tour dans l'inconscience...

A son réveil, elle était sur le quai du métro, allongée au sol, bandée et soignée. Encerclée par les voyageurs qui les avaient vu se battre dans la fausse. Vraisemblablement, certains étaient venu les sortir de là et avaient prit soins de leur blessures... Elle tourna la tête, à droite, à gauche, ignorant la douleur, Dazh n'était pas là. Elle redressa son buste à l'aide deon bras encore valide.

-"Dazh ? Où êtes vous ?"
-"Ne vous en faites pas, il s'est réveiller il y a à peine un instant."

En effet, à côté d'elle il y avait encore la trace de son corps et le linge qui lui servait d'oreiller. S'il s'était réveillé, c'est ce son tour arriverait bientôt, du moins l'espérait elle. Être ainsi épiée par tous ces visages curieux, ce n'était pas agréable. Ses vêtements étaient sales et déchirés par endroit, elle souffrait à chaque mouvement, chaque respiration. Il lui tardait tellement de retrouver son matelas miteux et la lumière du jour.

Son vœux fut exaucé plus vite qu'elle ne l'aurait espéré, et elle ouvrit les yeux, pu s'étirer sans grimacer et se mettre debout. Sa cheville allait parfaitement bien et elle savait d'avance qu'elle aimerait sa journée.