Event 6 : Bas les Masques !

Sujet: Re: Event 6 : Bas les Masques ! Mar 10 Mar 2015 - 22:01

Pas besoin d’être un fin psychologue pour comprendre que l’idée de se séparer de son collègue ennuyait la voyageuse. Pas parce que Clem était devenu un expert dans le décryptage des descriptions d’un visage, fut-il caché par un masque ; c’était juste que, la première fois que l’agoraphobe avait proposé l’idée, la voyageuse avait tout de même préconisé la prudence et suggérer qu’ils restent ensemble. Seulement là, Clem comptait faire deux ou trois cachotteries avec son pouvoir lors de son second entretien avec les légalistes. Alice pouvait très bien l’accompagner sans le gêner mais il ne voulait pas gâcher la ressource qu’elle représentait alors qu’une seconde affaire restait en souffrance. La nuit était lourde et tendue comme si la voûte céleste était la seule chose qui empêchait un éléphant de plusieurs mégatonnes de leur tomber dessus et Clem craignait qu’à défaut de trouver les responsables de leurs deux agressions, les chances qu’avaient les négociations de déraper s’en trouveraient augmentées de façon substantielle. Pour ce qui étaient des résultats desdites négociations, il s’en moquait légèrement vu qu’il n’avait pas vraiment l’intention de passer sa vie de voyageur dans un royaume tel que Carnavage Garbage. En revanche, vu qu’en cette nuit il avait un boulot à abattre, il était prêt à faire son maximum pour assumer ses responsabilités. Et il aimait se dire que son caractère paranoïaque pourrait lui tenir lieu d’instinct pour ces enquêtes. Lui qui avait souvent rêvé d’être flic ; des fois Dreamland portait bien son nom.

"D'accord, je retourne au parlement et j'interroge les membres d'Onirion. Je t'attendrai dans le hall, une fois que tu auras fini, rejoins-moi là-bas. Je m'appelle Alice, au fait, ce sera plus simple de connaître mon nom, pour me retrouver."

- Tu n’as pas tord, moi c’est Clem. répondit-il en écho à ses présentations tardives alors qu’ils marchaient tous les deux vers le Parlement, cherchant ses mots. « Écoute… je sais que l’idée de nous séparer ne te plaît pas plus que ça mais… ça me gêne de délaisser une de nos affaires et je n’ai pas envie que ça nous pète à la gueule par négligence donc… et voilà, le flot s’était tari, je te retrouve au hall, oui. »

Une fois qu’ils furent séparés, Clem se dirigea vers les locaux des légalistes et toqua à leur porte. Une fois qu’il fut introduit en leur lieu pour la seconde fois de la nuit, il se représenta brièvement et leur annonça ensuite le motif de sa venue.

« Par égard aux blessures de votre camarade, ma collègue et moi-même n’avons point voulu la solliciter derechef afin qu’elle apporte sa connaissance de la situation à l’enquête mais à présent, j’aimerais savoir s’il se sent en mesure de témoigner ce qui lui est arrivé et tous les détails dont il pourrait se rappeler à propos de son agresseur. Son concours pourrait être d’une grande aide dans cette affaire, termina Clem en se demandant s’il n’allait pas passer pour un Jean-Foutre en demandant ce que lui et Alice aurait pu suggérer la première fois qu’ils étaient venu ici mais qu’importe. Ce n’était pas pour entendre un énième résumé partisan de l’agression qu’il était revenu ici. Avec un peu de chance, si son plan allait fonctionner, il allait savoir dans quelques minutes si l’adage « cherche à qui le crime profite » était pertinent dans cette affaire.

Messages : 321 Date d'inscription : 16/01/2011

Quand on ouvrit à Alice, la porte laissait un bel espace pour se rendre compte qu’Onirion avait écopé d’une plus petite salle, avec juste un meuble comme bureau ainsi que de quelques chaises identiques disposées aléatoirement. La personne qui ouvrit à Alice était un Voyageur de grande stature avec des épaules bien faites, des vêtements blancs et bleus qui pouvaient rappeler un noble de fantasy médiéval (et avec une cape immaculée tenue par deux gros boutons). Son masque était en forme de heaume de chevalier et il prononça la formule de politesse suivante :

« Oui ? »

__

A l’autre bout du Parlement, ce fut cette fois-ci le Voyageur qui se dépêcha d’ouvrir la porte du bureau pour présenter la même pièce que tout à l’heure. Il ne semblait pas particulièrement gêné de recevoir Clem même s’il se demandait si cet inspecteur n’allait pas les accuser de « il ne savait quoi ». En tout cas, à la demande de celui-ci, alors que la femme-oiseau était aussi arrivée, il hocha la tête et elle dit que pourquoi pas, on pouvait essayer. Elle invita Clem à rentrer et s’approcha du blessé. Elle lui tapota légèrement la joue avec gêne, tirant quelques grommellements de l’Elfe violet. Quand elle réessaya, celui-ci ouvrit les yeux (tout étant relatif, mettons que ses paupières étaient presque décollées) et après lui avoir demandé si ça allait et s’il pouvait légèrement parler afin de répondre à quelques questions, celui-ci hocha légèrement la tête et dit d’une voix très faible, sortie des cavernes de sa gorge :

« Je vous écoute… »

__

Il y eut de beaux applaudissements pour la tirade de Nedru, car celui-ci avait assuré avec sérieux et manières la vérité pure qui remuait le public aux premiers abords quand on parlait de liberté et même, de refus de liberté. Oui, évidemment, c’était logique, enlever sa liberté à quelqu’un était véritablement un symbole très fort, un excès qui provoquera des excès, en bref, le début d’une dégringolade. Cependant, c’étaient aux Légalistes de parler et on attendait une réponse en vers, mais encore une fois, ce fut cette petite personne irritée qui intervint juste après le Renard :

« Ah, le discours victimaire habituel, si vous saviez à quel point on me l’avait rabâché, vous ne vous seriez pas donnés la peine de rougir nos oreilles avec. Je veux qu’on soit sérieux – nous sommes tous sérieux ici ? – et qu’on arrête, mais qu’on arrête, avec cette idéologie de dominé bêlant qui consiste à ramper devant nos agresseurs. Les Voyageurs nous frappent, ils détruisent des villes, ils nous attaquent et comme réponse, on dit « Très bien, continuez, nous ne ferons rien »… Mais c’est une aberration, n’importe qui de sensé s’en rend compte tout de suite, Dreamland est actuellement en ébullition sauf qu’il y a un camp qui ne s’est pas réveillé ! Si vous voulez la guerre et les explosions, et je parle à toute l’assistance, mais je vous en prie, je vous en prie, continuez ainsi jusqu’à ce que la situation devienne intolérable, mais une cocotte-minute, quand on la laisse sans échappatoire au bout d’un moment, elle finit par exploser et on ne gagne absolument rien à laisser les Voyageurs nous rouler dessus sous prétexte qu’on serait ‘méchants’ si on appliquait la Loi. Et voilà qu’en-face, les arguments consistent juste à dire de respecter une loi naturelle totalement imaginaire qui supplante notre droit légitime de nous défendre. Vous noterez que nous ne sommes pas du tout dans la même dimension, car je parle de faits réels et de solution physiques quand en-face on parle de droits privés très mignons dans la bouche, avec de jolis mots comme « liberté », « beauté », donc alors eux peuvent nous tuer, ils deviennent une menace et nous, nous devrions respecter le refuge de l’âme et je ne sais quelles inepties qui ne font que chanter les bouches mais pas lever les boucliers. Mais les Voyageurs sont la représentation typique de la minorité qui braille plus fort que la majorité, alors ça menace, ça hurle, ça brasse beaucoup d’air quand ça ne massacre pas nos Royaumes, mais ils sont face à vous, à nous, et dieu sait que nous représentons plusieurs milliards d’individus quand eux, combien ? Quelques dizaines de millier et je suis gentil ! La Loi met les points sur les « i », c’est tout, des fois, le point tombera, mais c’est un signal d’alarme qui fera comprendre à ces guerriers moyenâgeux qu’il est temps de se calmer et ne pas trop prendre leurs rêves pour des réalités, voilà ce que je dis, voilà ce qui es ! »

Quand il eut terminé, il reçut une nouvelle fois un soutien mitigé des spectateurs, qui se partageaient entre ceux qui applaudissaient et ceux qui huaient.

[HRP : Nedru, tu postes si tu en as envie]

Sujet: Re: Event 6 : Bas les Masques ! Ven 20 Mar 2015 - 17:06

Quand il fut conduit aux côtés de l’elfe blessé, ce dernier semblait tellement mal en point que Clem se sentait presque coupable de le tirer de sa torpeur afin de procéder à son travail. Il se rembrunit en se disant que justement, c’était son travail et il était nécessaire qu’ils en passent par là. L’agoraphobe en éprouvait une curieuse sensation, lui qui n’avait jamais eut de grandes responsabilités dans sa vie professionnelle le voilà qui menait une enquête où ses actions voire ses absences d’action avaient des conséquences. Il avait également le désagréable sentiment qu’à moins d’un sans faute de sa part, d’un parcours émaillé par des choix auquel il ne devait se tromper à aucun moment, et les conséquences pourraient prendre des graves proportions que ni lui, ni la LGO ne pourraient contrôler. Il voyageait à Dreamland depuis suffisamment longtemps pour savoir à quoi ressemblait une situation où l’on avait aucun contrôle et aucune d’entres elles ne s’étaient bien passé.

Quoi qu’il en soit, c’était une chose à faire, état d’âme ou pas. Clem s’attela donc à la tache, s’exprimant lentement pour laisser à ses paroles le temps d’être assimilé par le blessé ; avec un calme et un détachement qui pouvait laisser croire qu’à part une apparence extérieure de gentilhomme, il n’y avait pas grand chose sous son masque de chat.

« Pardonnez moi de vous déranger malgré votre état monsieur, mais pour attraper celui qui vous a infliger cela je vais avoir besoin d’un maximum d’information et votre témoignage serait de première main pour cela. Si votre état ne vous laisse pas en mesure de le faire, n’hésiter pas à m’en faire part et je continuerais les recherches de mon côté.Vous rappelez vous l’apparence de votre agresseur ? Ce que vous faisiez au moment où il est passé à l’acte et autres petits détails qui pourrait nous aider à le confondre ? »

Clem s’était agenouillé de façon à avoir ses yeux au même niveau que celui de son interlocuteur, autant par respect envers son état qu’au fait qu’il était conscient que le blessé ne pouvait parfaitement s’exprimer que par murmure. Il termina par un « Prenez votre temps. » qui se voulait empathique. De ce fait, Clem n’avait jamais de soucis pour poser des questions à des gens sous réserve que l’effort ne les fasse pas transpirer.

Messages : 188 Date d'inscription : 02/10/2012

La poignet s'abaissa et le battant s'ouvrit, dévoilant une salle plus proche en dimensions comme en mobiliers des locaux de la LGO que de ceux des Légalistes. Alice retint son soupir lorsqu'elle vit qui avait ouvert cette porte : c'était un voyageur, dont la vision envoya immédiatement un frisson courir le long de sa colonne vertébrale et un léger fard empourprer ses joues. Avec le masque qui couvrait son visage, impossible pour elle de dire si l'homme était beau ou pas, mais il se dégageait, de sa carrure comme de ses vêtements, une certaine prestance, un petit quelque chose auquel elle répondait malgré elle.

Est-ce que les préjugés des habitants du royaume avaient fini par l'atteindre ? S'attendait-elle réellement à trouver une brute épaisse derrière cette porte ? Sans doute un petit peu. Mais le fait est que beaucoup de choses à Dreamland orientait tout naturellement les rêveurs devenus lucides à une attitude volontairement ou involontairement belliqueuse, dans un cercle vicieux délicat à éviter. Ils étaient dotés de pouvoirs variés et souvent dangereux, classés selon leur puissance régulièrement dans un journal lu à travers tous les royaumes, dont les seigneurs eux-mêmes poussaient leurs voyageurs vers une attitude souvent plus martiale.

Elle déglutit péniblement et releva son visage heureusement masqué vers l'homme en face d'elle, tâchant d'être attentive à son attitude général et aux inflexions de sa voix. Elle prépara ses questions alors qu'elle répondait à celle de son interlocuteur.

"Bonjour, excusez-moi de vous déranger, prononça-t-elle de sa voix la plus aimable. Mon nom est Alice, j'ai été envoyée par la LGO, afin de démêler cette histoire d'agression dont votre groupe a été victime à la fin de la seconde soirée, tout près du Parlement, si je me souviens bien. Auriez-vous l'amabilité de m'en dire d'avantage ?"

Elle releva un peu plus la tête vers le heaume de son interlocuteur, elle était réellement beaucoup plus petite que lui, en hauteur comme en largeur et, même si elle avait l'habitude de ce genre de situation, son appréhension revint soudain. Poser des questions à quelqu'un de vraisemblablement bien plus fort qu'elle, seule dans un couloir presque désert n'était pas forcément une excellente idée dans la plupart des cas.

Messages : 321 Date d'inscription : 16/01/2011

L’elfe se sentit mal quand on tenta de le relever (s’il restait dans une position allongée, quelques papillotements des yeux suffiraient à le rendormir dans un douloureux coma), il sentit son dos tirer et un coude qui gémit puissamment. Il serra les dents en regardant Clem lui débiter une petite litanie sur les questionnements. Les événements qui l’avaient mené ici… Rien que le souvenir lui refit mal. Il raconta ainsi à Clem, respirant fort entre chaque groupe de mots, essayant d’utiliser le moins possible ses poumons pour qu’il ne fasse vriller les endroits endommagés de son dos :

« En attendant la dernière soirée, il y a quelques temps, je… Je ne sais plus trop quand… Enfin, en tout cas, je me baladais tranquillement et, conscient de mes responsabilités, vu qu’il y avait une place de crieur public il y en a beaucoup dans… dans ce Royaume, des places où ‘monologuer’ » Toux douloureuse. « Je fis un discours sur… enfin, vous imaginez, je défendais mes convictions, j’incitais les gens à vouloir la Loi, et au bout d’un moment… un Voyageur est descendu précipitamment des toits m’attaquer, des toits, oui. » Toux aussi douloureuse. « Là, sans même que je comprenne, il me donna un coup et ce fut comme si je ne pesais plus rien jusqu’à ce que je m’écrase contre le mur le plus proche où l’on m’a trouvé. » Il réfléchit longuement à ce qu’il pourrait dire de plus : « Cette personne était torse nu. Cheveux châtain. Euh… Le visage est normal. Il est de taille moyenne, mais il est musclé. Je… je suis désolé de ne pas pouvoir vous aider plus. Il n’a rien fait d’autre que de venir pour me frapper. » Il conclue après une toux plus longue que les autres : « Je viens du Royaume… Il y a… un registre que vous pourrez trouver à l’accueil du Parlement sur lequel il y a énormément d’informations sur les Voyageurs, prises dès qu’ils achetaient une place ici ou qu’ils restaient longtemps… Peut-être que vous pourriez jeter un coup d’œil, même si la liste est loin d’être exhaustive. »

__

Du côté d’Alice, le massif chevalier l’invita à rentrer avant de refermer la porte derrière elle. La fille ne lui disait rien, une inconnue au bataillon, jusqu’à ce qu’elle se présente comme une membre de la LGO, le troisième groupe neutre qui faisait en sorte que rien ne tourne au drame. Enfin, ils essayaient en tout cas, vu qu’effectivement, une agression avait tout de même eu lieu il y avait de ça quelques heures, par hasard juste sur les Légalistes, et donc les suspects principaux étaient Onirion. Oui, bien sûr, il comprenait, il comprenait tellement qu’il avait déjà les arguments pour effacer toute trace de leur culpabilité. Il proposa une chaise à Alice tandis qu’il s’assied lui-même en posant ses coudes sur ses jambes en se maintenant la tête ; il adoptait une position neutre mais réfléchie :

« Tout d’abord, Onirion n’a évidemment rien à voir avec l’attaque. Pourquoi aurions-nous fait ça ? Je veux vous dire trois choses mademoiselle, j’espère que vous comprendrez… » Le chevalier se releva et ses lèvres étaient pincées : « De un, ce n’est aucunement les méthodes d’Onirion, de deux, nous savons qu’ils avaient plus d’orateurs que ça, une attaque serait trop risquée si la conséquence n’est juste que pour les perturber un peu, et de trois, une attaque, en plein dans la rue, avec du monde qui le regardait ? Est-ce vraiment une manière de faire pour des gens qui chercheraient à être discrets, je vous le demande. Je peux vous garantir que nous ne sommes pas mêlés à cette attaque, même si les Légalistes veulent croire le contraire. Un peu trop d’ailleurs, je suppose qu’ils s’en plaignent à tout le monde, il y a même deux des membres du jury qui nous ont lancé un sale regard, dédaigneux, persuadés qu’on était coupables, je crois. Eux aussi ne devaient pas hésiter à nous casser du sucre sur le dos. A terme, ça peut nuire à l’issue du combat qui se joue actuellement. A qui le crime profite-t-il ? En tous cas, mademoiselle, si je peux vous être d’une quelconque utilité en plus, n’hésitez pas à me le dire. »

[HRP :
Premièrement, désolé pour cette absence terrible, je reprends du service jusqu'à la fin.
Ned, tu peux décider de jouer derrière ou alors d'attendre.
Clem, en plus des connaissances que ton personnage a, si tu vas vers le registre, tu as le droit d'utiliser l'annuaire des PNJ pour t'aider, voire même de toute information que tu trouverais sur le forum.]

Comme indiqué auparavant, Clem n’aimait pas l’idée de forcer un blessé à répondre à ses questions. Toutefois ses réticences furent vite apaisées par les informations qu’il en obtint en retour. Plus que Miss Jardin, l’agressé lui avait apporté beaucoup de détail vis-à-vis de leur affaire et certains allaient peut-être se révéler déterminant par la suite. Si Clem recoupait les effets de l’attaque qu’avait subit l’elfe avec le registre des voyageurs à l’accueil du parlement, il avait une chance d’identifier le pouvoir (et donc l’identité) du coupable.

Une part de l’agoraphobe avait envie de se jeter en dehors de la pièce et d’utiliser son pouvoir pour avaler les mètres jusqu’à l’entrée du bâtiment mais il se devait d’être consciencieux et de ne négliger aucune piste. C’était d’ailleurs pour en vérifier une qu’il était revenu dans le local des Légalistes. L’indice du registre était un bonus imprévu mais l’agoraphobe se tenait pour l’instant à son plan de base.

Après avoir remercié son interlocuteur ainsi que ses camarades de leur coopération –ainsi que d’un bon rétablissement au blessé, Clem prit congé avec cérémonie. Il quitta les locaux du groupe et s’engagea dans le couloir et fit même quelques mètres après le premier angle d’une démarche normale. Toutefois, il revint discrètement sur ses pas et s’arrêta à la faveur de l’angle du couloir de manière à ce que quiconque aurait tendu l’oreille ou l’aurait observé par le trou de la serrure n’aurait pu que jurer que le gentlemen onirique qu’il était était bien repartit. Dans les faits, toujours caché par l’angle, Clem activa son pouvoir et dosa son wormhole de manière à rétrécir la taille du couloir sans affecter les locaux des légalistes. Clem dosa son coup de manière à, tout en restant à sa place, pouvoir coller son oreille sur la porte qui mena aux légalistes. Il regrettait de ne pas avoir un verre vide afin d’améliorer l’acoustique mais il espérait que cela serait suffisant pour entendre des conversations à l’intérieur du local.

Il n’était sûr de rien mais dans le cas où c’était bien les légalistes qui avaient organisé cette agression contre leur propre camp dans l’espoir de salir leurs adversaires, il y avait une petite chance qu’ils en fassent référence juste après le départ Clem, l’enquêteur de qui ils devaient se protéger afin que l’illusion soit parfaite. Le corps – et surtout l’oreille- tendu, l’agoraphobe se concentra sur sa tâche en cours, en espérant que tout se passait bien du côté d’Alice.

Messages : 188 Date d'inscription : 02/10/2012

Lorsque le chevalier l'invita à entrer, elle eut un bref instant d'hésitation. Si le couloir désert lui semblait inconfortable, il avait au moins l'avantage d'offrir plus de possibilité de fuite que la salle vide dans laquelle on lui proposait d'entrer, mais ils n'allaient effectivement discuter ici, c'était ridicule. Elle secoua discrètement la tête et entra en déglutissant, observant les lieux avec circonspection, la tête rentrée dans les épaules, tentant de se faire encore plus petite qu'elle ne l'était. Il la suivit et l'invita à s'asseoir, ce qu'elle n'aurait pas fait si lui-même ne lui avait pas donné l'exemple. Au moins, lui assis et lui début, le rapport de taille se serait un peu équilibré, mais c'était impoli.

Sur un ton et dans une position qui l'inquiéta d'abord un peu, avant qu'elle ne se calme, il lui répondit exactement ce à quoi elle s'attendait. Elle aurait soupiré, si cela ne soulevait pas une autre question, peut-être un peu pernicieuse, mais elle était là pour ça :

"C'était bien ce que je pensais, c'était plus une question de routine."

Elle ramena ses mains sur ses genoux, et reprenant une stature plus droite, regarda bien en face la fente du heaume de son interlocuteur, avant de reprendre.

"Si cela ne vous ennuie pas, voudriez-vous bien me dire si Onirion a d'autres opposants que les légalistes, ou s'il existe des légalistes particulièrement virulent à l'égard de votre groupe ? Des personne qui pourrait s'en prendre à un de leur frère d'arme pour vous faire du tort, par exemple, ou un ancien membre d'Onirion qui aurait quelques griefs et peu de scrupule ?"

Depuis le début, elle se doutait bien que l'agression ne profitait pas à Onirion, au contraire. Si c'était un de ses membres qui avait fait le coup, c'était probablement un acte isolé motivé par la bêtise personnelle d'un membre peu gâté en neurone. Il était de toute manière plus envisageable que ce soit l'œuvre d'un opposant d'Onirion, un légaliste ou juste un empêcheur de tourner en rond qui n'aurait rien à voir avec le vote de la loi et qui ne voyait aucun problème à mettre le bordel dans une histoire déjà compliquée. C'était pas comme si Dreamland regorgeait de type comme ça...

Nedru écouta la diatribe qu'on lui servit en guise de réponse d'un air effaré.

L'argumentation qu'on lui opposait était le fruit de pseudos observations empiriques impossibles à démontrer, tout à fait hors de propos dans le débat sur la moralité qui les animaient. Si le Gris ne doutait pas que le type d'individu qui lui répondait (constituant justement à son sens « une minorité qui braille » ) puisse d'ordinaire convaincre les masses (et il aurait probablement fait un travail notable en période d'élections dans le monde réel) il semblait botter en touche d'une manière tout à fait spectaculaire dans le cas présent.

Le londonien n'était pas sûr que le jeu de mot sur les points sur le i et faire tomber le poing ait été voulu tant l'ensemble était décousu. Il se surprit à rire d'un ton gêné derrière son masque et sentit l'émotion gagner ses collègues à côté de lui. Ils se réjouissaient des réactions du public qui semblait désavouer la prose de ce petit être colérique et préparaient déjà mentalement leurs réponses, calmes et en vers. Nedru les voyait essuyer discrètement la moiteur de leurs paumes contre les rebords de leurs pantalons, il sentait leurs inspirations plus profondes derrière leurs masques... Ils pensaient avoir déjà gagné ?

Merde ! Si on ne lui opposait pas plus de résistance que ça, jamais il n'arriverait à faire perdre subtilement le camp des Voyageurs.

Répétons le ; le Renard ne voulait pas que la paix règne dans Dreamland. La guerre était trop lucrative pour qu'un mercenaire au surnom de charognard cherche à l'éviter. Bien sûr, la criminalité en temps de paix était un commerce également plus riche qu'on ne voulait le croire ! Mais il n'y survivait que l'élite, impliquant une compétition moins dense et nettement plus dangereuse. Or, Nedru voulait que les prix pour ses informations grimpe dans une jungle luxuriante d'avis de recherches et de primes pour assassinat, il voulait profiter d'une inflation du commerce sur la mort pour pouvoir s'illustrer en proposant des services de qualité, que les petits cherchent son soutien ou que les grands, occupés à se défendre de la montée en puissance de ces nouveau arrivants sur le marché, cessent de s'occuper de lui.
Et puis, il fallait bien ça pour pouvoir proposer de vendre cher la place dans les havres de paix, havres dont la rareté irait croissante et qu'il tentait de mettre en place et dominer ici ou là depuis les prémices de la Loi. L'échec de domination du Royaume de ces imbéciles de courtisans animaux n'était qu'un simple contretemps.

Bref.

Ce Royaume devait voter pour que les Voyageurs ne soient considérés que comme du bétail. Nedru avait accepté de se joindre à la ligue des gentlemans oniriques pour tenter de prévoir les déplacements de chaque camps et devenir moins passif qu'un simple pion. Infiltrer leur camp avait été d'une simplicité enfantine, et saboter leurs efforts en faisant mine d'être de bonne foi serait nettement plus simple que d'avoir pour alliés de mauvais démagogues, piètres orateurs de journaux télévisés.

Il écouta les réponses de ses camarades avec attention. Pour un ou deux arguments, il alignaient dix vers, soignant la longueur et la qualité des arguments sur leur quantité. Il n'avait donc pas le droit de se permettre la maladresse d'éviter de déclamer sur cette forme. De leur côté, les opposants n'étaient pas tous animés par un complexe d'infériorité irrité et cherchaient sans y parvenir réellement à établir un point précis ; que leur Royaume ne devait pas être jaugé à l'aune des autres, que la morale n'était pas un concept immaculé et universel. Nedru leur donnerait les armes de prouver ce point. Pour ça, quoi de mieux que d'échouer dans la rhétorique d'une tentative de consensus ?

Ne nous croyez pas sourds à vos bons arguments
Nous ne cherchons ici qu'à faire ce qui est bon ;
La quête du vrai et juste n'est pas un boniment
Et nul ne doit pâtir d'une Loi sans raison. Jusque là, son camp ne saurait le désapprouver.

Chez vous pour qui les rôles fondent la société
Où chaque masque reflète statut et liberté,
Réplique, didascalie ; le maître ou le soumis
Vous ne concevez pas changer l'ordre établi.

Ainsi le Voyageur, qui par nature diffère
Devrait se voir plaquer une loi étrangère ?
Mais... A cet instant précis, Nedru marqua une hésitation. Comme s'il n'arrivait pas à formuler son argument pour s'opposer à ce qu'il venait d'énoncer. Le flottement ne dura guère plus d'une seconde, mais c'était largement suffisant. Il avait montré qu'il n'était pas sûr de pouvoir démonter les arguments de ses opposants. Immédiatement, le public commença à huer. Le Renard leva les mains d'un air autoritaire pour faire taire les sifflets et fit mine de laisser durer, pour choisir soigneusement ses mots. Il devait sauver les apparences auprès d'Onirion.

Mais Dreamland est unie, tout comme ceux qui la foulent
La Loi ne distingue pas les Habitants céleste, des Chats ou bien des Goules.
Le particularisme de chaque peuple et coutume
Est une autre valeur que cette Loi exume. Et comme une bravade, pour montrer qu'il savait se détacher des formes, il ajouta d'un ton ferme ;

A quoi bon, alors, l'invoquer ?

Si son argument n'était pas mauvais en soi, il l'avait suffisamment mal exposé pour que son impact ne touche qu'une infime partie du public. Après son hésitation, presque toute son autorité et l'assise acquise avec ses précédents arguments s'était envolée.

Il salua d'un air raide et s'installa aux côté de ses comparses plaideurs qui, sans diriger directement leur colère vers lui, ne manquèrent pas de signaler leur irritation devant ce revirement de situation par des grognements rendu inintelligibles par les masques. Nedru saisit parfaitement un «fais chier» et un « ce qu'il a foutu » dans l'ensemble.

Messages : 321 Date d'inscription : 16/01/2011

Lorsque l’inspecteur envoyé par la LGO s’en alla en fermant la porte derrière eux, les Légalistes se regardèrent et attendirent un petit bout de temps afin d’être sûrs qu’ils puissent parler tranquillement. La femme-oiseau regarda son ami étalé sur le canapé d’un ton désolé et lui dit :

« Je suis désolé que ça soit tombé sur toi. Mais j’espère qu’ils se dépêcheront de l’attraper pour nous déculpabiliser, ça nous évitera des questions du rouquin.
_ Y a pas de stress à avoir », rétorqua le Voyageur, « De toute façon, la Loi devrait passer, le Dernier Acte n’est rien d’autre qu’une finalité normalement.
_ Je sais bien, mais ça serait tout de même mieux que la Loi passe en nous déchargeant de toute culpabilité, dans le climat de suspicion où on se trouve, il vaut mieux avoir les mains vierges. »

__

Le grand chevalier écouta attentivement les réponses de la Voyageuse, et notamment ses futures questions. Bon, très bien, au moins cherchait-elle activement un suspect. Au moins, avec la LGO, on pouvait leur faire plus confiance qu’aux institutions des Royaumes. La LGO elle, avait une motivation, ce qui était remplacée chez les dirigeants par une envie d’irréprochabilité. Et l’irréprochabilité pouvait se trouver dans leur camp ou d’en celui en-face. Difficile de savoir qui était impliqué dans cette histoire, de quel côté, et on pouvait même douter de la fille qui portait le badge de la Ligne Onirique. Le chevalier préféra répondre d’un ton sincère :

« Je ne vois pourtant pas qui pourrait… Peut-être que ces fanatiques de Statu Quo sont impliqués quelque part, ça ne me surprendrait pas, mais ils n’auraient pas bougé le petit doigt pendant le premier jour des négociations. Non, je ne sais pas s’il faut chercher de ce côté-là. En tous les cas, mademoiselle, je ne pense pas pouvoir vous être d’une aide plus précieuse, je m’en excuse. »

__

Emile lâcha une insulte toute discrète quand le nouveau membre acheva une tirade mal présentée, qui dans la forme se défendait mais dans le fond ne demandait que de se faire piquer par les flèches du trio de Légalistes. Alors que le prochain argumenteur adverse allait se mettre en position, Emile décida que le ton de la discussion permettait facilement de présenter ce débat comme une bataille de valeurs et qu’à défaut de la gagner, il pourrait amener le sujet vers une égalité en attendant de débattre sur un autre point ; en tout et pour tout, même s’il savait que ça comptait, il attendit que le prochain ait terminé une tirade toute théâtrale qui n’attaquait que faiblement les mauvais dires de leur troisième partenaire (il avait dû tout préparer dans sa tête sans savoir qu’il pourrait rebondir avec les dernières strophes d’Onirion – la contre-attaque viendrait malheureusement plus tard), il leva un bras et cria :

« ENTRACTE ! » Cette décision fut suivie par des applaudissements polis.

Les trois d’Onirion retournèrent dans le vestiaire et Emile enleva son masque qui présentait une tête ronde, pas loin d’être furieuse, et des longs cheveux rouges, et se dépêcha de parler au nouveau :

« Ecoute, tu nous as assez aidés, merci beaucoup, maintenant, laisse Cynthia et moi nous occuper de ça. » Ça ressemblait à une demande, mais ça sonnait comme un ordre. Les yeux d’Emile étaient très clairs là-dessus : tu ne l’ouvres plus, sinon…

L’agoraphobe était reparti dans les couloirs avec un air un peu bougon. la discussion qu’il avait surpris chez les Légalistes l’avait déçu. Il avait espéré entendre une phrase prononcé en toute honnêteté qui lui aurait confirmé leur implication (ou son absence) dans cette affaire. Malheureusement le peu qu’il avait entendu l’empêchait de basculer complètement pour une théorie ou pour une autre. Bon, pour être honnête, il fallait bien avouer que l’agresseur était certainement une personne extérieure aux Légalistes. Ils avaient « espérer qu’ils l’attraperont ». Même la paranoïa de Clem devait arrêter de lui dire de fouiller chez eux.

La piste du registre était alléchante. L’agoraphobe était en route pour le consulter, à l’accueil du Parlement. Ce qui tombait plutôt bien puisque c’était l’endroit où il avait convenu de se retrouver avec Alice. Il allait pouvoir éplucher le recueil en attendant le retour de la voyageuse.

Les recherches de Clem portèrent surtout sur les voyageurs disposant d’un pouvoir leur permettant de soulever une personne et de l’enfoncer dans un mur jusqu’à y laisser la marque du corps. Bon, techniquement un voyageur disposant d’une grosse puissance pouvait se débrouiller pour faire ce genre de chose même sans pouvoir, mais Clem ne pouvait pas tenter de mettre des menottes à la moitié de Dreamland. En fouillant dans sa tête et dans les registres, il finit par s’arrêter sur un nom. Problème : il faisait partie du groupe auquel l’agoraphobe avait eu à faire lors de l’attaque du Royaume de la Main Invisible. Mais le pouvoir et son signalement pouvait correspondre. Son affiliation politique aussi.

Quand Alice arriva, il lui fit un signe de tête, autant pour la saluer que pour l’inviter à le rejoindre. Le souci du registre était qu ‘il était une mine d’or si on cherchait des infos sur les voyageurs dessus, mais qu’il n’indiquait pas vraiment s’ils étaient bien présent ce soir. Comme le légaliste l’avait expliqué à Clem, un voyageur pouvait se retrouvé sur le registre car il était passé longtemps dans le coin ou s’il avait acheté une place pour un débat. L’agoraphobe avait bien des noms mais impossible de dire si ces personnes étaient présentes à Carnaval Garbage cette nuit.

« Excusez moi, dit Clem à la standardiste. Est-ce que la présence d’un membre de Force Voyageur a été confirmé ici ce soir ? Ou quelqu’un correspondant au signalement d’un de ses lieutenants ? L’agoraphobe lui montra une page du registre, où il avait entouré –sans en avoir l’autorisation, le nom de Ralph Fribourg.

Il savait que les membres de Force Voyageur était globalement recherché dans quasiment tout Dreamland pour leur attaque sur le royaume de la zone 2. Mais ici tout le monde avait des masques et peut-être que personne n’en avait rien à faire des royaumes de la zone 2. Des voyageurs recherchés dans dix-neuf royaumes pouvaient se balader sans problème dans un vingtième. Clem espérait qu’Alice ait éventuellement d’autres suspects en tête car lui se trompait, ils allaient partir droit dans le mur le temps de s’en rendre compte

Messages : 188 Date d'inscription : 02/10/2012

Le chevalier l'écouta avec attention, puis il prit quelques secondes de réflexion, considérant ses questions avec sérieux, avant de répondre. Sa voix était sincère, calme, patiente, Alice était contente d'avoir affaire à une personne telle que lui, malgré son gabarit impressionnant (surtout à côté d'elle) ; sa contenance et son apparente droiture rassurait suffisamment la jeune femme pour qu'elle se sente autoriser à poser des questions un peu pertinentes, pensait-elle, plutôt qu'à fuir aussi rapidement que possible et sans retour envisageable. Cependant, malgré sa bonne volonté, le membre d'Onirion ne put lui donner qu'un nom, celui d'un groupe : Statu Quo.

Elle rangea immédiatement l'information dans un coin de sa tête, mémorisant le nom avec soin. Elle aurait pu lui demander d'avantage d'information sur ces individus, mais ce genre de chose était très souvent documenté quelque part et elle n'avait pas envie de l'ennuyer plus longtemps ; d'autant plus qu'il semblait peu convaincu par leur culpabilité dans cette affaire lui-même. Tant pis, se dit Alice, elle en parlerait néanmoins à Clem, en espérant qu'il ait trouvé quelque chose de plus probant de son côté. D'un hochement de tête, elle salua l'homme avant de se lever :

"Je vous remercie beaucoup pour ces informations, ne vous excusez pas, nous allons poursuivre notre enquête et faire de notre mieux pour comprendre et connaître la vérité. Je vais vous laisser tranquille à présent, elle sourit, ce fut un plaisir, monsieur."

Elle lui tendit sa main minuscule, dont la poigne étonnamment robuste avait toujours su déconcerter même les moins misogynes de ses interlocuteurs, puis elle sortie de la pièce, laissant la porte se refermer derrière elle sans un son. Un lourd soupir s'échappa de ses lèvres, alors qu'elle prenait le chemin de l'accueil d'un pas légèrement traînant, laissant son manque de volonté naturelle et l'impasse de leur enquête prendre le pas sur son désir de faire ça vite. La nuit était longue, compliquée et, vraiment, Hisèn avait le chic et les idées pour l'envoyer dans le pire qu'offrait Dreamland.

Quand elle arriva, Clem était déjà là, il la salua discrètement et elle s'approcha, l'air vaguement contrarié, mais vraisemblablement pas à cause de lui, au contraire, elle était plutôt contente de retrouver son équipier d'un soir ; elle aurait juste voulu avoir plus à lui apprendre. Il demanda à la standardiste quelque chose à propos d'un membre de "Force Voyageur" et Alice pensa qu'ils tombaient ENCORE sur un énième groupe qui fourrait son nez là où, vraiment, plus d'ennuis n'avaient guère besoin de s'immiscer. Elle soupira à nouveau et, se tournant vers lui, l'informa du peu qu'elle avait appris :

"J'ai parlé à un membre d'Onirion, il était seul dans leur bureau et il m'a évidemment assurée qu'ils n'y étaient pour rien et je veux bien le croire : ils ont bien trop à perdre en crédit et en intérêt pour faire une chose pareille aujourd'hui et en public. Non, vraiment, ça ne peut pas être eux. Du coup je lui ai demandé s'ils avaient des ennemis, des opposants, quelqu'un qui voudrait leur causer du tort en dehors des Légalistes et il m'a parlé d'un groupe : Statu Quo. Ca te dit quelque chose ? Parce que moi, pas du tout."

Puis elle se rembrunit immédiatement. Cette nuit la fatiguait, ces histoires l'ennuyaient au possible et elle aurait voulu se réveiller maintenant pour avoir la meilleure excuse du monde pour arrêter les frais ici. Mais non, Dreamland savait à merveille comment doser son temps.

Sujet: Re: Event 6 : Bas les Masques ! Sam 19 Sep 2015 - 18:36

Le Gris grinça des dents en entendant son collègue demander l'entracte. C'était une erreur de sa part, de celles qui achèverait de décrédibiliser leur équipe de plaideurs. Non pas que cela lui coûte, mais tout de même... Il se leva dignement, sachant très bien ce qui l'attendait une fois dans l'intimité d'une pièce réservée aux artistes. Il allait se faire rabrouer, comme un enfant dont les parents apprennent qu'il sèche l'école ? Un brin d'appréhension le saisit, sans qu'il ne puisse vraiment en déterminer la cause. D'un autre côté cette expérience promettait d'être intéressante, un nouveau défi des plus excitant.

Malgré cela, il ne s'attendait pas à prendre aussi mal la remarque qu'on lui fit. Lui demander de se taire ? Purement et simplement ? Si son égo hurlait de rage et promettait de noyer la Cynthia et son compère sous un flot d'adjectifs dignes de leurs prestations précédente, il n'en fit rien.

Il ne pouvait pas compromettre sa position au sein des Gentlemans Oniriques, ni même vis à vis d'Onirion, il fallait sans doute qu'il obéisse.
Et d'ailleurs, que lui en couterait-il ? Sans lui, il était plus que probable qu'ils échouent dans leurs négociations. D'une part, parce qu'il leur était (évidemment) supérieur et d'autre part parce qu'ils n'arriveraient pas à supporter ce nouveau rythme qu'ils voulaient s'imposer. Préparer les arguments et les composer en vers était suffisemment délicat pour avoir envie de profiter du plus grand temps de reflexion possible. Si Nedru se taisait, ils seraient contraints d'enchaîner et finiraient par se ridiculiser une fois mentalement épuisés. Nedru imaginait déjà leurs petits arguments pathétiques se rouler en boule sur eux tandis que le camp d'en face jouerait à la baballe avec. C'était du suicide. Est-ce que ce prétentieux aux cheveux rouges en était seulement conscient ?

Le Renard retira son masque pour faire face à l'arrogant petit roquet et plaquer ses yeux fins dans les siens.

Vous n'y arriverez pas. Vous avez pu garder une argumentation paisible parce que je me suis occupé de canaliser l'excité d'en face. J'ai fait une erreur, je l'admet, mais ça ne change rien à la pertinence du reste.
Plus important ; je ne vous laisserai pas prendre le risque de perdre ce débat alors que je peux intervenir. Nous parlons de la vie de dizaines, peut être de centaines de Voyageurs qui arpentent ce Royaume ! J'ai été choisi pour me battre pour eux et je le ferai, jusque bout.

L'analyste resta droit et digne, en attente de la réplique de son nouvel opposant. Devait-il aller chercher l'approbation de Cynthia ? Devait-il les effrayer un peu plus ? Chaque organe sensoriel ouvert en grand pour lui permettre d'interpréter facilement leurs réactions, Nedru fit mine de rajuster la veste de son costume.

Il ne laissa même pas ses pensées se détourner vers les deux autres, ceux qui devaient mener l'enquête... Etait-il en train de leur permettre de gagner du temps ? Il ne fallait pas que les Gentleman l'accusent d'avoir mal exécuté son travail...

Messages : 321 Date d'inscription : 16/01/2011

La standardiste releva son masque modestement vénitien vers l’interlocuteur. Sans mot dire, elle récupéra le carnet, sortit un crayon jaune et tapa deux fois avec la gomme d’un geste très doux. Elle rendit le registre au Voyageur, restant muette, et retournant à ses affaires. Près du nom de Ralph Fribourg écrit en doré, de nouvelles inscriptions plus petites apparurent en-dessous, dévoilant ainsi :
« Ralph Fribourg, Voyageur, inscrit cette nuit-ci, il y a six heures et vingt-sept minutes, par la Juge Oalh.
Raison de l’enregistrement : Participation au débat ‘Trois coups de bâton, obligation ou indication ?’, salle Hugaux. »

___

Emile était furieux, Cynthia jeta ses cheveux blonds en arrière maintenant qu’elle avait aussi retiré son masque souriant, mais ne savait pas trop quoi penser de la discussion, surtout après la réplique acérée du nouveau venu. Emile lui-même serra les dents pour toute réponse, plutôt surpris intérieurement de la confiance en soi de cette troisième recrue dont il n’avait pas entendu parler. Il décida de botter en touche en attendant de pouvoir trouver un statu quo et dit d’une voix légèrement acide :

« Rappelle-moi ton nom, déjà. »

Il réfléchit rapidement sans trop écouter le patronyme de la personne. Comment pouvait-il gérer ce gars-là, il était clairement déterminé et savait parfaitement se débrouiller. Peut-être une recrue de dernière minute qui avait déjà fait ses preuves et qu’on leur avait passé. Il était obligé de reconnaître qu’il s’était plutôt bien débrouillé jusque-là. Cherchant absolument à conserver son rôle de leader, il donna les indications suivantes :

« On va se recentrer sur le débat, la moralité. Cynthia, tu commenceras, prépare tes arguments, on va les embourber dans ce qui est moral ou pas, c’est un énorme point qu’on est capable de tenir. Je parlerai après toi, puis toi, mec, tu parleras en troisième, est-ce que ça te va ? Et plus de bourde cette fois-ci, tu versifies bien, mais faut faire attention à ce que la forme prenne pas sur le pas sur le fond, okay ? »

Archives pour le pouvoir de Nedru :
Emile : Clairement mandaté pour gagner le débat, chef de l’opération, un échec compromettrait sa position au sein d’Onirion, nerveux, donc.
Cynthia : Peu de données dessus, confiante en elle, moins confiante pour la victoire, elle ne « le sent pas ».
Adversaires : Le petit excité veut avoir raison sur tout et décrédibiliser ses adversaires au plus vite, le pousse ainsi à attaquer sur des détails et se perdre lui-même. Les deux autres sont corrects, l’un est discret, peut-être un as dans sa manche.
Juges : Très peu de données, ils sont tous sérieux ; cependant, quelques-uns d’entre eux semblent être moins attentifs que les autres.

Sujet: Re: Event 6 : Bas les Masques ! Jeu 8 Oct 2015 - 21:52

Alice partagea ses informations avec lui et, grosse surprise, Onirion niait toute implication de leur part dans l’agression. De toute manière Clem les mettait en bas de sa liste de suspect, comme Alice visiblement. Elle mentionna aussi Statu Quo, ce qui rendit Clem une demi seconde avant de lui répondre, une main grattant son menton.

« Statu Quo ? Il ne s’est pas foulé pour te répondre : Statu Quo hait et veut exterminer tous les voyageurs. Même un groupe pacifiste comme les Realista sont leurs ennemis, alors, Onirion tu imagines… Après je ne crois pas que ce soit leur style, cette attaque contre les Légalistes, c’est plus un tacle pour emmerder Onirion, je verrais plus Statu Quo faire une charge. »

Clem s’interrompit quand la secrétaire lui rendit l’annuaire et il le reçut avec un remerciement. Il jura en revanche et rendit très vite le volumineux ouvrage avant de partir dans les couloirs d’un pas pressé. Alice n’avait pas l’air de connaître aussi bien que lui la géopolitique de Dreamland, c’est pourquoi il s’autorisa à lui faire un rapide résumé :

« Ralph Fribourg, gros bonnet de Force Voyageur. Imagine Onirion qui se mettrait à faire des attentas de façon anarchique. C’est eux qui ont attaqués le Royaume des Chevaliers de la Table Pentagonale l’année dernière. J’y étais, c’est des connards. Si Ralph est notre homme, ça va être chaud de l’appréhender. »

Ils arrivèrent devant la salle indiquée par les informations supplémentaires du registre. Clem montra son badge de la LGO au vigile et ils entrèrent en se mêlant à la foule qui regardait le débat. Il chuchota à Alice :

« Il devrait débattre avec les autres, préviens moi si tu le vois et on ira le chercher en passant par les coulisses. »

Clem espérait que cela n’allait pas trop mal se passer, malheureusement il se crispa quand il se rendit compte d’une chose, sa culture générale avait une limite : il ne connaissait ni le pouvoir, ni le visage de leur suspect…

Il se traita de con tout haut et informa Alice du fait.

« Dès que l’on verra quel groupe défendra les voyageurs, on ira derrière allez leur demander si on peut leur emprunter leur homme. Tiens toi prête au cas où. »

Messages : 188 Date d'inscription : 02/10/2012

Chaque information supplémentaire que lui dévoilait Clem, provoquait chez elle un demi soupir, suivit ou accompagné d'une moue de concentration. Elle aurait adoré qu'on lui confie, en plus de ce badge, un simple carnet et un crayon pour qu'elle note tous ces noms ; elle n'allait jamais pouvoir tout retenir. Entre Onirion, Statu quo, les légalistes et maintenant ce Ralph Fribourg et sa clique de fous furieux "Force Voyageur"... Elle ne savait plus où donner de la tête ! Enfin, si, elle comprenait encore mieux désormais, à quel point sa présence ici était inutile et dangereuse ; elle ne savait rien, ou pas grand chose et elle ne faisait absolument pas le poids face aux monstres dont lui parlait presque nonchalamment le jeune homme. Elle pesta entre ses dents, avant d'emboiter le pas de Clem vers la salle "Hugaux" et son débat sur les coups de bâton. Qu'est-ce que c'était que ce débat tout nul d'ailleurs ? Et qu'est-ce qu'un voyageur comme ça aller foutre là-bas ? Encore des questions à ajouter à leur liste déjà fort longue et qui ne désemplissait pas.

En entrant dans la salle, Alice fut choquée par la foule. Immédiatement, son petit gabarit fit renaître un antique réflexe en elle et elle saisit le haut du jeune homme entre son index et son pouce ; elle ne voulait pas le perdre ici (ni se perdre tout court non plus). Mais sérieusement, pourquoi et comment un débat pareil pouvait attirer autant de monde ? C'était ahurissant ! Il n'y avait qu'à Dreamland que... En fait non, les discussions stupides à bâton rompu suscitait souvent plus d'émoi que le reste, dans leur monde aussi. L'esprit humain était décidément bien mal fagoté.

Esquivant les coudes et les bras qui traînait un peu partout sur son chemin, agrippée au haut de Clem, Alice crut qu'elle allait le mordre quand elle entendit sa prochaine demande, mais elle se contenta de glapir un :

"Mais je ne sais même pas de QUI tu parles !"

Avant que le voyageur ne se traite de con, avant de reprendre ses consignes pour quelque chose de plus raisonnable, à laquelle elle ne put que répondre :

"Y a un camp "pro voyageur" dans un débat sur des coups de bâton ?"

Plus perdue que jamais, elle se contenta de lever les yeux vers la scène où se déroulait le débat, cherchant une tête masquée qui irait bien avec le nom "Ralph Fribourg" (comprendre par là : une caricature d'allemand), le tout en essayant de ne pas blesser qui que ce soit avec les oreilles de cuir de son masque de lapin. Leur recherche commençait mal et elle sentait que c'était mal barré. Elle pensa, sous le coup de l'agacement, à hurler "Y a-t-il un dénommé "Ralph Fribourg" dans l'assemblée ?" façon flic badass, mais elle se dit qu'elle n'était ni flic, ni badass, ni motivée et par conséquent, elle se contenta de grogner de plus bel, les doigts crispés sur le tissu du vêtement.

Sujet: Re: Event 6 : Bas les Masques !

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Event 6 : Bas les Masques !

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