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Première nuit, révélations.

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MessageSujet: Première nuit, révélations. Première nuit, révélations. EmptyLun 6 Mai 2013 - 8:16
Aujourd'hui avait été une merveilleuse journée au manoir Karlyle.

Les dix ans de Mademoiselle ayant été fêtés il y a moins d'une semaine, Elise s'était longuement entretenue avec la gouvernante spécifiquement chargée de l'éducation de sa jeune maîtresse pour débattre si le temps était venue pour elle de commencer à apprendre en sus de son son cursus scolaire les connaissances indispensables à toute future lady qui se respecte. Domaine dans lequel l'enfant ne s'était jusqu'ici pas montrée très assidue mais qu'on lui avait pardonné sous prétexte de sa jeunesse et de sa précocité dans bien d'autres matières. Il avait donc été décidé quelques jours plus tôt de commencer en douceur et d'initier Mademoiselle à cette activité si ludique qu'était l'équitation.
Elise s'était occupée de tout : elle avait contacté tour à tour tous les clubs hippiques de la région, comparant les mérites, les taux d'accident et les tarifs de chacun, avant de se rendre directement chez ceux qui avaient retenu son attention et d'inspecter les lieux de fond en comble en se basant sur ses connaissances chevalines basiques. Son choix s'était porté sur une petite entreprise familiale au cœur d'un bocage, sobre et de bon goût, qui malgré avait déjà formé deux cavaliers distingués dans des concours internationaux, avait réglé les modalités et les tarifs par avance puis avais quitté l'accort patron de l'établissement après un verre de sherry et une solide poignée de mains. Elle n'avait ensuite pipé mot, sachant qu'avoir la gouvernante dans le secret était déjà prendre un grand risque que celui-ci s'ébruite puisque Mademoiselle n'avait pas plus ses yeux que ses oreilles dans ses poches, et avait vaillamment tenu jusqu'au jour J en s'acquittant de ses tâches ordinaires.

La majordome de la famille Karlyle s'était réveillée bien avant l'aube, poursuivie par les réminiscences d'un étrange rêve où surnageaient encore les échos d'aboiements fantomatiques. Pourtant, si elle était en sueur et si un relent de bile fleurait au fond de sa gorge, elle ne se sentait pas agitée par les frissons qui l'agitaient d'habitude pendant une bonne vingtaine de minutes au sortir de ce genre de cauchemar tellement cette peur primaire des chiens la fouaillait. Haussant les épaules, elle avait alors pratiqué sa première série d'exercice de mise en forme, s'était lavée sommairement et s'était habillée avant d'aller veiller à ce que le petit-déjeuner soit prêt pour toute la famille... et que celui de la petite fille soit particulièrement copieux.
Elle ne fut pas surprise quand elle se rendit compte que sa protégée se doutait de quelque chose, et cela lui réchauffa d'autant plus le cœur quand elle vit la joie se peindre sur son visage.
Toute la journée y passa, et si il fut difficile de savoir si Mademoiselle avait réellement appris à monter comme une lady, il était certain qu'elle avait tellement apprécié ce cours particulier qu'il avait quasiment fallu aller chercher un pied de biche pour la détacher de la selle et ce malgré ses fesses en compote. Le soir venu, tandis qu'elle bordait le petit être épuisé, Elise se fit néanmoins l'amère réflexion que c'était Monsieur, et non elle qui aurait dû se trouver à ses côtés aujourd'hui, comme il aurait dû se trouver chez lui quand elle fit ses premiers pas, qu'elle prononça son premier mot... la liste était longue, et Monsieur ne garderait de ses instants que ce qu'elle-même photographiait pour en faire un album souvenir qu'au mieux il lirait avec amertume dans ses vieux jours. Mais Monsieur avait fait son choix, et ce n'était certes pas à une domestique de contester sa décision, même si celle-ci impliquait qu'une enfant vive sans parents.
Elise embrassa tendrement la petite fille endormie sur le front, referma sans bruit la porte de la chambre derrière elle puis partit au petit trop faire son tour habituel de la propriété pour vérifier que tout était en ordre et que les autres domestiques seraient prêts pour le lendemain. Après quoi, comme chaque soir, elle était retournée dans ses quartiers, avait pratiqué ses exercices de lutte vespéraux, s'était récurée pour ôter le vague fumet de crottin qui la suivait encore, puis s'était endormie comme une masse au creux des draps parfumés à la lavande.





La première chose que ressentit Elise fut le vent sur sa peau. Pas une sympathique brise comme celle qui viendrait vous caresser après avoir trouvé son chemin entre les battants d'une fenêtre entrouverte, non, mais plutôt celui qui souffle sans fin parce que rien ne l'arrête, gonflant vos poumons et vos vêtements comme si il tentait de vous aider à prendre votre envol. La seule et unique occasion où elle avait ressenti une telle chose était il y a près de onze ans, quand Monsieur l'avait emmené pour veiller sur sa personne dans le cadre d'une transaction à mener au Kazakhstan.
La seconde chose fut l'herbe. Mi-haute, sinueuse, caressante, faisant presque comme un matelas moelleux sous elle à la façon des tapis de mousses que tous les enfants cherchent au creux des clairières pour faire la sieste, rêver au soleil.
Le soleil. Elise sentait une douce chaleur ruisseler sur sa peau de lait.
Soudain, le déclic. Les sensations étaient trop nombreuses, trop fortes, trop réelles pour qu'il puisse s'agir d'un simple rêve. Quelque chose n'allait pas.
Elle se redressa a demi et ouvrit les yeux avant de se mettre à papillonner, éblouie par la lumière ambiante trop forte par rapport à la nuit qu'elle avait quitté dans sa chambre. Le spectacle qui l'attendait une fois qu'elle recouvrit la vue la laissa sans voix : elle se trouvait au milieu de nulle part, ou plutôt d'une plaine, d'un océan d'herbes hautes à la teinture ocre bercées par le vent qu'elle avait déjà ressenti. Aucune structure, aucun point de repère à l'horizon si ce n'était parfois une légère ondulation du terrain. Aucune présence humaine ou animale non plus d'ailleurs.
Elise était seule, habillée de son uniforme de majordome habituel au milieu d'un endroit trop fantastique pour être réel et trop réel pour être fantastique. Un juron époustouflé lui échappa.

« Sainte mère de dieu... »

N'en croyant toujours pas ses sens, elle se releva totalement et balaya machinalement quelques brins d'herbe posés sur son épaule gauche. Elle posa ensuite les poings sur ses hanches, perdue et cherchant vainement une explication à l'horizon.

« Par la coiffe de la Reine, mais quel est cet endroit ? »

« L'enfer, pardi ! »


Surprise à un point indécent par la voix qui venait de surgir à deux pas à peine sur sa gauche, la majordome avait fait un bond de carpe dans la direction opposée avant de se retrouver étalée dans l'herbe, poursuivie par un grand éclat de rire aigrelet.

« Hahaha... ça marche à tous les coups ! C'est toujours trop facile de vous mener par le bout du nez, vous les nouveaux voyageurs ! »


« Qui est là ? Montrez-vous ! »

« J'suis juste sous ton nez, cocotte. »

Baissant le regard, Elise vit alors émerger tranquillement entre deux touffes d'herbes la tête bulbeuse d'une créature infâme que n'aurait certainement pas renié l'imaginaire de Mary Shelley si elle avait décidé de se lancer dans la tragi-comédie. Cela semblait entretenir une très, très lointaine parenté avec un chien, dans un genre de caricature propre aux dessins animés déviants dont elle limitait strictement le visionnage à Mademoiselle.
Sa bouche se plissa d'un dégoût non-dissimulé et elle recula instinctivement tandis que la bête de cauchemar reprenait la parole, goguenarde.

« Ouep, on peut dire que j'en ai vu débarquer des petits nouveaux à Dreamland, et leurs réactions ne varient pas tant que ça... mais t'as pas l'air du genre à mouiller la culotte ou à refuser ce que t'as sous les yeux, alors j'vais te faire une fleur et te causer sans détour. C'est pas comme si tu ne nous avais pas débarrassé de ce monstre de Brutus, et qu'on ne risquait pas de passer un bout de temps ensembles. Autant qu'on se renifle le cul tout de suite, ce sera plus simple !
Alors vas-y, pose-moi des questions au lieu de rouler des yeux de poisson crevés ! »


Tout en se redressant pour retrouver une composition et en gardant à l'œil, Elise prit une profonde inspiration et tenta de rationaliser la situation. Malgré la plastique particulière du décor et de son, hum, interlocuteur, il paraissait évident qu'elle ne rêvait pas et que tout ceci était bien réel. Sauf qu'aucun endroit sur Terre ne ressemblait à celui-ci, et qu'elle se souvenait parfaitement de s'être endormie au manoir. Était-elle sous hypnose ? Avait-on mis des drogues dans son thé ? C'était peu probable mais plausible, même si il était étrange que son délire demeure très rationnel.
Mais qui, pourquoi et comment ?
Pour ce qu'elle en savait, tout ce qu'elle pouvait faire était de prendre son mal en patience et d'attendre la fin de son délire. Mais tant qu'à faire... elle avait lu quelque part que ce genre de situation pouvait permettre d'avoir une relation privilégiée avec soi-même, d'écouter des zones de sa personnalité habituellement close pour des raisons diverses, et que ces occasions pouvaient valoir des années de psychanalyse si on savait interpréter les symboles détournés. Cela valait peut-être le coups d'essayer, et cela vaudrait mieux que d'être un témoin passif de son propre délire, pour elle qui détestait l'inaction inutile.
Elise prit donc son courage à deux mains et, époussetant une nouvelle fois son costume, chercha quelque chose d'intéressant à dire à cet être qui représentait sans doute un aspect refoulé et peu ragoûtant de son subconscient.
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