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Le hasard de l'IRL fait bien les choses

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Ed Free
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MessageSujet: Le hasard de l'IRL fait bien les choses Le hasard de l'IRL fait bien les choses EmptyVen 10 Juin 2011 - 21:38
Vendredi soir... Black-out de mon emploi du temps. Tandis que je pianotais du bout des doigts la table en bois en essayant de fermer mon esprit aux miaulements incessants de mon chat, j'amusais à comparer mes plages horaires occupées avec un océan : à la veille d'une grosse soirée, mon emploi du temps d'aujourd'hui s'était vidée totalement pour accueillir en grandes pompes le samedi soir. La conséquence immédiate à ce désœuvrement était que j'avais envie que les heures passèrent comme des secondes, et non l'effet exactement inverse comme ce qui se passait actuellement. Je fis tourner mon stylo en contemplant assidument l'écran en veille de mon ordinateur qui ne me renvoyait que mon propre reflet qui arquait les sourcils. Je donnai une bonne leçon à cet autre moi en fermant le clapet de mon ordinateur pour me retourner subitement sur ma chaise. En attente d'un geste, Burritos (le patronyme de mon crétin de chat, qui portait à merveille ce nom crétin) se tut pendant environ trois secondes. Comprenant vite que mon immobilisme n'annonçait pas le remplissage quotidien de sa gamelle, il reprit son concert insatisfait en balayant l'air de sa queue. Déjà 19h, et je m'ennuyais si fermement que j'aurais pu découper ma lassitude au couteau. Je tentais d'ordonner mon emploi du temps de la soirée mentalement pour m'occuper et pour m'inspirer. A ce moment précis, j'en étais à deux étapes obligatoires : me nourrir, et nourrir mon chat.

En espérant secrètement que je trouverais d'autres moyens de m'occuper que de préparer à une tranche de jambon saupoudrée de gruyère râpé entre deux toasts grillés en me préparant une tranche de jambon saupoudrée de gruyère râpé entre deux toasts grillés, je me mis à préparer une tranche de jambon saupoudrée de gruyère râpé entre deux toasts grillés. Plus communément appelé un croque-monsieur. Deux croques-monsieur pour être précis. Et je débarrassais ma table en quelques instants pour poser de la vaisselle propre dessus et me permis le luxe de nourrir mon chat tout en priant que le timing de la cuisson soit acceptable. Il ne le fut pas. Je retournai mes croque-monsieur pour apercevoir la couche de grillé sombre. Quelques temps plus tard, j'étais à table et mon chat léchait désespérément les dernières miettes qui saliraient sa gamelle. J'engloutis mon repas en moins de dix minutes. Je lâchai un soupir content quand mon esprit me rappela sadiquement que j'avais terminé ce que je devais faire, et que je me retrouvais dans l'incapacité totale de m'amuser si une brillante idée ne venait pas éclairer ma pauvre tête. En désespoir de cause, je me mis à faire la vaisselle. Une minute plus tard, la poêle était prête, et me narguait, luisante. Shana n'était pas disponible pour le moment, et Jacob prenait un malin plaisir quand son téléphone lui déclinait mon identité tout en sonnant. Bon, j'allais faire comme je faisais tous les soirs. Descendre six étages par les escaliers (mon immeuble était frappé du syndrome bien connu de la panne d'ascenseur permanente que personne n'avait cherché à réparer et qui faisait sentir à tous les occupants de l'immeuble qu'ils n'étaient que des minables à peine dignes de l'escalier sur lequel on les contraignait à poser le pied), respirer l'air qui se refroidissait sous l'impulsion des nuages et traverser la rue pour me retrouver dans le bar « Au Macadam ».

D'habitude, je n'allais jamais dans ce bar malgré la proximité. Déjà parce que d'autres pubs n'étaient pas si loin, et qu'ils proposaient une déco moins pourrie. Et la clientèle n'était pas la même. « Au Macadam », c'était un groupe de vieux braillards qui se tapaient sur l'épaule en rigolant un bon coup et qui remplissaient la salle de leur voix insupportables. Ce n'était jamais le même groupe de vieux, mais il y en avait toujours un pour faire grincer l'atmosphère de leurs voix désagréables. Mais tout avait changé depuis que je connaissais Simon. Simon avait la double particularité d'être le barman du pub, et d'être un Voyageur que j'ai connu récemment. Sûr de ses talents et de sa puissance, il s'était fait engager par les patrons de Discoland pour servir les clients les plus divers avec les cocktails les plus variés. Et s'il y avait un problème, il n'hésitait pas à tabasser lui-même les intrus en donnant un coup de main aux videurs (videurs qui étaient si imposants et si monstrueux que « quand ils vous envoyaient un coup de poing, il n'y avait que les dents qui restaient intacts »). Bref, j'avais connu Simon là-bas et on avait discuté un peu. Il m'avait avoué ce qu'il faisait dans le Monde Réel et où il officiait, tandis que je lui répondis les yeux ronds que j'habitais devant son lieu de fonction. On s'était déjà rencontrés trois fois dans la vie réelle, où on avait échangé les dernières informations. Je préférais toujours les autres bars à ce débris de « Macadam »... Mais quand j'étais seul, je préférais me tourner vers un Voyageur qui connaissait tous les derniers potins, surtout ceux qui étaient inintéressants. Il avait bien du mal à me renseigner sur l'aspect général de Dreamland (là où j'excellais), mais il pouvait me donner des infos très concrètes sur des personnes en particulier (même si son spectre restait peu étendu). Ce n'était pas un indic pour autant. Simon restait assez ennuyeux comme personne, et je ne voyais que Dreamland comme sujet pour y caler notre relation de 'connaissances régulières'.

Je poussais la porte du « Au Macadam ». La musique arrivait à peine à sortir de son enceinte tant elle était basse, et diffusait des vieux tubes de 70. Les murs marrons semblaient se fissurer sous l'odeur de cigarettes rances, et les sièges verdâtres n'arrivaient pas à égayer la salle à la place de la lumière blafarde. Sans faire attention à l'éternel groupe de personnages âgées qui semblaient occuper tout l'espace, je m'assieds sur un des tabourets qui longeaient le comptoir. Un œil me vit arriver depuis les cuisines. Une seconde plus tard, Simon poussa la porte pour me demander ce que je voulais boire. Je lui répondis une 16 sous pression, comme d'habitude.


« Comme d'habitude », répondit-il en prenant un verre pendu par le pied. Comme d'habitude voulant signifier ici les quelques fois où j'avais osé pénétrer dans ce microcosme en déperdition.

Simon restait un brave gars, et assez honnête. Il était grand et fin, dépassant le mètre quatre-vingt dix sans dépasser les soixante-dix kilos. Sa tenue de serveur était légèrement trop petite, mais il assumait sans peine cette tare vestimentaire qu'il compensait avec une rapidité d'exécution sans failles. Il avait de longues jambes, de longs bras, mais de petites mains. Il semblait incapable de regarder un endroit sans tourner la tête entière en même temps. Il faisait partie de ces personnes qui n'obtiendraient rien d'autre de leur barbe que l'adjectif « mal rasé ». Ses cheveux marron tourbillonnaient sur eux-mêmes en cachant ses oreilles. Il avait le sourcil fin, mais les yeux gonflés. Sinon, c'était un type honnête, qui ressortait à peine de la société. Il n'avait aucune opinion, et ne le savait pas. Il était le parfait stéréotype du personnage secondaire qu'on dessinait sans trop se préoccuper de sa personnalité, qui réagissait aux stimulus extérieurs par un schéma d'action défini à l'avance au lieu de réfléchir. On lui pardonnait sans faute, car il avait le mérite de ne jamais tomber dans des sujets rasoirs. Je pouvais finalement rajouter sur Simon que son nom était de famille était Radeau, qu'il était fiancé et avait deux enfants. Il me l'avait dit lui-même, tout en rajoutant qu'il était fils unique et fier de l'être. C'était précisément à ce moment que j'avais pensé que ça pouvait être un gros connard narquois, alors que je pleurais intérieurement en repensant aux frères et sœurs qu'on avait bien voulu me donner.

En trente secondes, un verre orange brillant et mousseux atterrit devant mon nez, en même temps que l'addition posée dans un petit rond en plastique noir. Je fis semblant de ne pas regarder le prix toujours trop élevé de la bière tandis que mes doigts se posèrent avec soif sur le verre glacé. Je pris une gorgée, le temps que Simon fasse une petite grimace (peut-être un tic gestuel) avant de poser ses avants-bras sur la table. Je lisais sa question dans ses yeux, aidés par nos rencontres passées. Un peu honteux d'ouvrir le bal (peut-être parce qu'il estimait qu'un adulte de trente-huit ans sur Dreamland avait le même statut social qu'un adulte du même âge jouant à un Meuporg), je le fis à sa place en reposant mon verre distraitement :


« Des nouvelles de Dreamland dans ton petit bar ?
_ Maintenant que tu le dis »
, répondit-il avec un grand sourire comme s'il ne s'attendait pas à ce que j'abordai un tel sujet, « J'ai rencontré deux grandes stars y a trois nuits. Le Elvis Presley des Rêves et sa banane démentielle, ainsi qu'un membre de la Ligue S. Je sais plus comment il s'appelle, le trente-deuxième je crois, ou le trente-trois.
_ Tu as une vie passionnante »
, répliquais-je faiblement en écoutant la radio changer d'ondes ; ce fut « L'Hexagone » que cracha bientôt le haut-parleur fixé au mur de façon artisanale.



« Tu sais, Ed... j'ai l'impression que y a la tension qui grimpe dans Dreamland. Une tension électrique. Je pense que ça va exploser. Je sens l'angoisse chez les gens. Y a beaucoup de conflits latents, et ils ont peur que des camps se forment pour arriver à une sorte de... Guerre Froide Dreamlandienne...
_ Tu te fais des films pour tenter d'exciter ta vie dans ton pub. Les trucs qui s'amorcent lentement ont de grandes chances de se désamorcer lentement.
_ C'est ce que tu crois mais une variation de la température ne s'obtient pas en laissant sa main dans l'eau. Tu n'as pas assez de recul pour voir les petits événements se déclencher puis se cumuler. Des fois, on peut mieux cerner le monde quand on te le raconte que quand on y est. Et puis, je parie que tu préférerais largement que tout explose. »
Pas stupide le gars. Il avait dû dire ça un peu au hasard. Je ne voulais pas de désordre mondial, mais je n'étais pas contre dans le sens où on pouvait toujours bénéficier d'une guerre, surtout quand notre camp n'était pas encore bien défini. Et surtout quand on avait beaucoup d'ennemis. Pour le moment, Renaud crachait le couplet de Mars. Je repris après une autre gorgée :
« Y aura pas de guerres. Juste des petites batailles ça-et-là, mais je pense que c'est comme ça depuis la nuit des temps.
_ On verra bien qui a raison.
_ Mais oui... Ça sera le genre de guerre qui passera par-dessus la tête à tout le monde. Y aura des protagonistes quelque part, tout le monde le saura ; ils se foutront sur la gueule, tout le monde le saura aussi... mais ça sera tout. »


Simon haussa les épaules. J'avais l'impression qu'il était facilement contrarié. Il alla voir ailleurs si d'autres clients avaient besoin de ses services sans vraiment bouger. Je n'avais jamais réfléchi à la situation de Dreamland, je n'avais jamais eu d'informations et je m'en fichais totalement. J'avais servi mon opinion à Simon au hasard sans vraiment y réfléchir. Mais j'étais un corps trop individuel pour être menacé par un conflit plus vieux que moi. A la radio, Avril passa pour laisser place à Mai et sa révolution manquée.
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Lithium Elfensen
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MessageSujet: Re: Le hasard de l'IRL fait bien les choses Le hasard de l'IRL fait bien les choses EmptySam 11 Juin 2011 - 14:32
Une soirée comme les autres.






Ennui.
Voilà le sentiment qu'elle ressentait actuellement.
Un ennui profond et mortel qui l'empêchait d'esquisser le moindre geste que ce soit pour respirer ou pour boire. Si on devait concrètement décrire la position dans laquelle Lithium se trouvait, on dirait simplement qu'elle était étalée en allumette sur son lit, les bras le long du corps et la tête profondément enfouie dans son oreiller en plumes. Ses draps avaient communément pris la forme de sa personne et laissaient comprendre que cela faisait déjà plusieurs heures qu'elle se trouvait ainsi. Plus précisément, le temps inscrit sur son réveil en forme de crocodile laissait supposer que la durée exacte qui s'était octroyée de sa vie était de 3h53. Il était impératif qu'elle se lève, sinon, elle ne dormirait pas cette nuit, ce qui lui était bonnement insupportable. Une mission lui avait été confié et il fallait qu'elle s'en charge. Des esclaves abusés sexuellement n'attendent pas. Qui plus est, éradiquer de la surface de la terre des voyageurs reconvertis en gladiateurs immondes et crapuleux étaient un passe-temps qui ne manquerait pas de lui plaire. Qui refuserait un service de la sorte ? Personne ! Et surtout pas elle.

Un gargouillis se fit soudainement entendre.
Son estomac criait famine et ses membres hurlaient à la torture.
En laissant échapper un grognement de flemmardise, elle ramena doucement ses bras au niveau de ses épaules et poussa avec une lenteur phénoménale. Pourquoi fallait-il qu'elle se lève maintenant ? Une fois en équilibre, elle jeta un œil suspicieux à son coussin et.. se laissa retomber dessus. Il était trop fort ce polochon. Il savait qu'il suffisait qu'elle le regarde pour se jeter de nouveau dans ses bras. Quel créature mesquine et inanimée. Tout en se roulant en boule, elle attrapa son oreiller et l'enveloppa dans son étreinte. Qu'il était doux.. Comme les câlins de sa maman. Depuis quand d'ailleurs était-elle partie ? Elle travaillait tellement ces derniers temps que Lithium ne savait plus où est-ce qu'elle se trouvait. Était-elle aux Pays-Bas en ce moment ? Si oui, elle aurait dû l'emmener avec elle, car elle savait pertinemment que la jeune fille ne loupait jamais une occasion de s'y rendre. Si sa mémoire était encore intacte, cela faisait exactement 11 jours et 7heures et demi qu'elle s'était envolé pour le boulot. Qui aurait cru que cela aurait si bien marcher au détriment de sa fille. Tout ce que cette dernière souhaitait, c'était un peu d'affection, ce que lui procurait Vlad. Mais ce dont elle avait réellement besoin était une étreinte maternelle, ce qu'elle n'avait pas reçu depuis fort longtemps. Trop longtemps pour elle à son goût.

Maintenant, c'était le cafard qu'elle avait.
L'ennui s'était évaporé pour laisser place à la tristesse et à la mélancolie.
Elle lâcha finalement son coussin si moelleux et délicieux pour se retrouver en un saut sur ses jambes.
Un léger vertige s'empara de son esprit, égarement qui prit soin de disparaitre aussi rapidement qu'il n'était venu. Ce fut en trainant des pieds et en grommelant qu'elle se dirigea vers la cuisine. Kiara, sa chienne, se jeta sur elle, manquant de la faire tomber à la renverse. Kiara était une magnifique bête. Un poil court et soyeux qui élisait domicile là où cela était possible, donc absolument partout. Elle perdait constamment ses poils mais les récupérait instantanément. Une chose incompréhensible mais pourtant vrai. Ses mets favori étaient les cailloux, le plâtre et les éponges. Particulièrement les éponges et ce pour une raison qui leur était totalement inconnue. C'était un phénomène à elle toute seule mais elle restait néanmoins adorable. Sa mère et elle l'avait récupéré à la SPA alors qu'elle n'avait que 5moins. Elle était déjà immense. On leur avait dit qu'elle était un croisé entre un labrador, pour le corps dans son intégralité, et un boxer pour le pelage. Cela s'était avéré faux quand un vétérinaire leur a expliqué la raison de sa taille anormale pour ce genre de croisé. Ce n'était pas avec un boxer mais un dogue allemand, le genre de chien qui pèse 60kg et mesure plus d'un mètre cinq de hauteur. Il n'empêche qu'elle était aimante et même sur-affectueuse. Si on la quittait cinq malheureuses petites minutes et que l'on revenait, elle se comportait exactement de la même manière que si on l'avait quitté 3heures.

Après une tempête de léchouilles, Lithium put se relever et se nettoyer le visage dans la salle de bains.
Prenant garde cette fois-ci à ne pas se faire attaquer de nouveau, elle s'empressa d'ouvrir le réfrigérateur pour s'emparer d'un œuf, d'une tomate et d'un morceau de jambon. Certes elle avait faim, mais pas suffisamment pour s'empiffrer. Alors que sa nourriture en coquille cuisait, la tomate et le jambon se retrouvaient coupés en morceaux et jetés dans une assiette. Dix minutes s'écoulèrent. Une fois son "repas" bien frugal prêt, elle alla s'installer dans son canapé, la mayonnaise à la main, et alluma la télé. A cette heure-ci, rien qui ne possédait un quelconque intérêt à ses yeux n'était diffusé. Finalement, après maintes recherches, elle put regarder la fin du programme Sydney Fox, une professeur qui était également une aventurière chasseuse de reliques anciennes. Cette héroïne était parfois un peu (beaucoup) grosbill, mais cela n'empêchait pas Lithium de regarder. Une fois qu'elle avait achevé d'engloutir son dîner, elle éteignit la télé et se dirigea de nouveau vers la salle de bain.

Et si elle sortait ce soir ?
Oui, pourquoi pas tiens hein.
Elle n'aurait qu'à appeler des potes et ils iraient se boire un coup !
Sauf que.. Elle n'avait pas franchement envie de voir des gens aujourd'hui, du moins, pas des têtes connues. Elle se regarda un court instant dans le miroir, se jeta de l'eau sur le visage, frotta ce dernier avec une serviette, attrapa une brosse et commença à se brosser les cheveux. C'était un peu triste d'aller boire un verre toute seule mais là, elle n'avait vraiment pas le cœur à rigoler. Elle accrocha ses boucles d'oreilles où une plume orange flottait à ses oreilles pointues et se dirigea vers sa chambre. Elle ôta rapidement le tee-shirt Linkin Park qui lui servait actuellement de vêtement du soir et du week-end, et fouilla dans son armoire. Elle en sortit un ensemble noir comme sous-vêtements, prit un simple jean comme pantalon et acheva son choix par un débardeur rouge. Sans attendre, elle enfouit ses pieds dans ses baskets noirs et attrapa son sac en bandoulière dans lequel elle y mit une pomme, au cas où si l'appétit revenait. Il était 19h25.

Dehors, une légère brise froide flottait dans l'air, caressant son visage et faisant virevolter ses cheveux. Où allait-elle bien pouvoir aller? Quelque part où elle n'allait pas souvent de préférence, ainsi elle serait certaine de ne rencontrer personne de sa connaissance. Elle s'éloigna des bars habituels et s'engouffra dans une rue qui déboucha sur une autre, et ainsi de suite. Elle arriva finalement dans une grande avenue où plusieurs pubs qu'elle ne connaissait que vaguement se profilaient tout le long du trottoir. Un en particulier attira son attention. Il était sale et légèrement miteux et faisait pâle figure comparé aux autres. Pourtant, ce fut vers celui là qu'elle préféra se diriger. Le "Macadam" qu'il s'appelait. Etrange comme nom pour un bar. Des cris et des braillements s'échappaient de l'intérieur, ce qui l'intéressant d'autant plus. Elle poussa doucement la porte et s'horrifia face à la décoration exécrable que proposait ce pub. Les murs avaient été peints avec un marron qui s'écaillait à mesure qu'il gagnait en âge et les sièges qui peuplaient l'espace de ce lieu possédaient une couleur verdâtre proche de la vomissure. Néanmoins, elle ne prit pas en compte le fait que la mise en scène de cet endroit laissait à désirer, sans compter la musique, et s'empressa de s'installer à une table au fond, loin des geignards et des fumeurs. Elle nettoya son siège avant de s'asseoir et posa son sac à côté d'elle. Elle leva enfin les yeux et reconnut une silhouette.

Ce blond..
Où l'avait-elle déjà vu ?
Il discutait avec le barman. De quoi ? Elle n'en savait rien et s'en fichait royalement.
Elle savait pertinemment qu'elle l'avait seulement déjà rencontré auparavant, et à Dreamland qui plus est. Patiemment, elle attendit qu'il détourna la tête en sorte qu'elle puisse le voir de profil. Quelques minutes s'écoulèrent avant qu'elle puisse voir ce qu'elle voulait. Lentement, il tourna son visage de côté, une expression morne dans le regard. Oui, effectivement. Elle l'avait déjà vu ! Elle reconnaitrait ces lunettes violacées parmi tant d'autres. C'était la seule chose qu'elle avait retenu de lui. Si sa mémoire ne lui jouait pas des tours, c'était au Royaume des Cow-boys. Apparemment, il semblait connu. Tout le monde le connaissait, sauf elle. Il habitait donc dans la même ville qu'elle ? Il semblait que oui. Bon. En quoi cela l'avançait-elle qu'ils soient du même patelin ? Pas à grand chose. Elle était là pour boire et non pour se faire de nouveaux amis. De plus, peut-être se trompait-elle et que cet homme n'était pas du tout celui qu'elle pensait avoir reconnu. Cette "réminiscence" lui avait rappelé que ce soir là elle avait mis fin aux jours de ce Dimitri qui avait manqué de tuer Vlad et elle-même. D'ailleurs, le précédent voyageur killer qu'elle avait tué lui avait parlé d'un soi-disant classement et un DreamMag, et il semblait avoir été mit au courant de la mort de Dimitri. Non mais c'était quoi ce DreamMag ?!! Un magazine à potins ou quoi ? Sûrement. Bref, qu'est-ce qu'elle en avait à faire ?

Boire et boire.
C'était tout ce qu'elle souhaitait à l'instant même.
Elle se leva doucement pour se diriger vers le bar, elle s'apprêtait à s'asseoir sur un des tabourets quand elle entendit des bribes de mots qui lui semblaient fort étranges d'entendre dans une conversation entre deux personnes du monde réel. Des termes du style "Ligue S", "Elvis Presley des Rêves", "Guerre Froide Dreamlandienne" la firent tilter. Ils n'étaient absolument pas normaux tous les deux, ils étaient sans l'ombre d'un doute des voyageurs. Elle finit par s'asseoir mine de rien sur un tabouret et fit un signe au barman. Celui-ci se dirigea vers elle et lui demanda ce qu'elle souhaitait, ce à quoi elle répondit une bonne vieille caïpirinha. Une fois servit, elle se mit à la siroter en silence. Deux sièges la séparait du blond qui lui, ne semblait pas avoir fait attention à sa présence, du moins, elle ne l'avait pas remarqué sinon. Et si elle tentait quelque chose pour être sûre ? Doucement, elle se leva, son verre à la main, et prit le tabouret voisin de l'inconnu. Elle prit une nouvelle gorgée de sa boisson puis se tourna vers le jeune homme. Elle voulut lui dire quelque chose mais rien ne lui venait. Zut. Elle se replaça normalement, porta de nouveau le verre à ses lèvres et le termina. Elle en commanda une nouvelle portion et attendit sa venue avant de retenter une phrase. Une fois le cocktail dans ses mains, elle plongea son regard dans la mixture.

Elle était gênée.
Malgré son allure assurée, elle avait toujours du mal à s'adresser aux étrangers.
Sa nature timide prenait souvent le dessus sur son personnage fier et désinvolte.
Elle possédait plusieurs caractères différents dont certains ne faisait pas particulièrement sa fierté.
Mais qu'importe. Une seule question lui brûlait les lèvres et sa curiosité était plus forte que tout. Prenant son courage à deux mains, elle se retourna soudainement sur son siège et le regarda avec intérêt.





"C'est quoi le DreamMag ?!", dit-elle plein d'espoir.




Elle avait besoin de savoir.
Si ces méfaits placés sous le signe de la justice y étaient retranscris, il était fort probable que certaines personnes en veuillent à sa peau. Cet Edouard lui avait déjà éveillé quelques soupçons et une rumeur qu'elle avait entendu alors qu'elle faisait un séjour à Delirium City l'avait fort inquiété. Si Fhörn venait à le savoir, il découvrirait qu'elle ne valait pas mieux que ce garde qui avait tenté de l'assassiner. Et en plus.. C'est toujours utile un torchon quand on a une envie pressante à Dreamland.






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MessageSujet: Re: Le hasard de l'IRL fait bien les choses Le hasard de l'IRL fait bien les choses EmptyDim 12 Juin 2011 - 15:04
Simon faisait tout ce que faisait les serveurs, que le commun des mortels ignorait totalement. Je n'avais aucune idée de ce quel travail ils s'occupaient une fois qu'ils avaient effectué la commande de leur client, mais ils avaient toujours l'air occupé. Il faudrait que je tente de trouver du travail dans un bar pour connaître la face voilée de leur métier éreintant. Parce que j'avais l'impression que Simon venait de se souvenir qu'il avait une tonne de travail à faire, et après avoir fourni l'addition au groupe de vioques derrière moi au centre duquel un jeu de dominos n'aurait que renforcé le stéréotype dans lequel ils étaient plongés jusqu'au cou, le Voyageur barman rentra dans la cuisine en rentrant ses manches. Je l'accompagnai du regard tout en piochant une autre gorgée dans mon verre glacé. Nous arrivions à fournir des discussions très peu utiles, j'en convenais. J'avais aussi l'impression qu'ils ne m'estimaient pas beaucoup, une sorte de condescendance parce qu'il s'était casé dans un travail sympa. Est-ce que tous les Voyageurs après de longues années d'exploration cessaient de parcourir les Royaumes pour se poser quelque part ? Cela détruisait le mythe il fallait croire. Dreamland cessait d'être une terre des rêves quand on cessait de s'y intéresser. Ça faisait quoi d'avoir deux vies de labeur dans des mondes totalement différents ? Certaines personnes avaient-elles réussi à mélanger leur deux vies, ou considérer qu'elles se valaient en oubliant de quel monde elles venaient ?

Je me posais beaucoup de questions mais je n'ai jamais voulu avoir les réponses. Je fis tourner la mousse dans mon verre dans un geste totalement superflu. Il y avait quelques fois des périodes que vous traversiez qui vous faisaient déprimer d'être sur Dreamland... Non, pas déprimer... Une... sorte de mélancolie, non pas vers les nuits d'avant, mais vers des nuits moins compliquées. Dreamland était sans conteste le monde le plus explosif des deux, mais aussi le plus dangereux. Personne ne viendrait vous aider, personne pour vous tenir la main sinon si vous aviez de la chance, un petit instructeur la première nuit pour vous faire comprendre une quantité de choses ahurissantes avant de vous laisser tomber. Moi, par exemple : je n'avais jamais eu de personnes la première nuit pour m'expliquer. Il me fallut une semaine entière pour comprendre les premiers aboutissants de cette affaire ; idem pour Jacob (il avait une bonne excuse le pauvre, il était sourd comme le plus vieux des pots). Cependant, j'avais déjà permis à un Voyageur de s'orienter les premières fois. Avec du recul, je me demandais si j'avais bien fait. Déjà que les hommes avaient une mentalité un peu pourrie, alors rajoutez-leur des pouvoirs et regardez tranquillement le monstre naître dans leur cœur avant de le dévorer de l'intérieur. C'était fou comme la mentalité des gens changeait quand on leur donnait une nouvelle chance (à commencer par moi), et c'était encore plus fou quand on remarquait que loin de devenir des personnes respectables, ils se changeaient en crapules épris de leur fabuleux et éminentissime nombril. Presque du blues.

Quand vous n'aviez rien à faire, il ne vous restait plus qu'à observer un peu la salle. Les vieux qui se demandaient comment payer leur consommation braillaient au plus fort, il y avait quelques personnes qui discutaillaient au fond, ainsi qu'une jeune fille qui s'était assise au bar à quelques tabourets de là. Elle avait le même air de statue que moi. Je revins à mes verres et à ses enivrantes promesses. Simon fit le tour du propriétaire pour s'assurer de la bonne tenue de ses clients avant de redisparaître dans les cuisines pour des raisons aussi obscures que son veston sentant la naphtaline. Et tandis que je terminai le premier tiers de ma bière sans modération, je sentis un glissement d'air à mes côtés. La jeune fille blonde s'était approchée pour se caser sur la chaise voisine à la mienne. Oh non, une nymphomane... A peu près aussi discrète qu'un porte-avions dans une rivière. Je tournai mon visage vers elle en attendant qu'elle cracha sa valda mais je dû attendre un peu plus longtemps avant que la blonde ne prenne la parole. Joli visage, beaux cheveux. Je tentais de tout faire pour ne pas l'observer et ainsine pas lui donner l'importance qu'elle recherchait pour se jeter à l'eau. Jusqu'à ce que sa question vienne balayer toutes mes croyances. C'était quoi le DreamMag ? Oulà, peut-être qu'elle avait entendu notre discussion à moi et à Simon et qu'elle avait voulu en savoir plus sur le sujet. Je mis deux secondes avant de me souvenir que ni moi ni le serveur avions prononcé le titre de journal. Peut-être une nouvelle Voyageuse alors qui avait entendu ce mot dans ses rêves. Oui, certainement une Voyageuse. Décidément, ce bar était un repère de d'arpenteurs oniriques. Je tournai ma tête vers la fille avec une assurance toute retrouvée : les Voyageurs faisaient parti d'une communauté qu'on avait plaisir à croiser tant que ce n'étaient pas des fous furieux. Bon, il était temps de poursuivre l'apprentissage des jeunes recrues.


« Le DreamMag, c'est le journal par excellence de Dreamland. Il contient toutes les informations utiles sur les Voyageurs, les créatures des rêves ou les Seigneurs des Rêves et des Cauchemars. Y a aussi le classement SMB, etc. Si tu veux survivre longtemps, je te conseille de le lire, c'est utile. »

J'étais parti du principe qu'elle connaissait déjà Dreamland. Sinon, en entendant notre conversation à moi et à Simon et en se doutant qu'on était des Voyageurs, elle nous aurait certainement posé une question plus utile que ça. Mais on ne devait pas trop avoir d'expériences sur Dreamland si on ignorait totalement en quoi consistait le DreamMag. C'était certes un torchon dans le sens où il me faisait passer pour l'idiot du village qui bavait aux pieds du Dieu Jacob. Mais il avait fidèlement retranscris mes épopées quand j'avais tenté une aventure en solo, tandis que Jacob pleurait sa dépression sur les monts où nul ne pourrait le voir. Et effectivement, c'était un outil indispensable à la survie. Car dans Dreamland où les distances ne valaient guère plus qu'un bol de cacahouètes, tous les dangers que relataient le journal pouvaient vous tomber dessus la nuit suivante. Alors il valait mieux faire la part entre les gentils gars, et les méchants gars. Et si possible, s'entourer de puissants alliés qui prendraient les coups à votre place. Puis, savoir, c'était une arme très efficace en combats. Si vous connaissiez la puissance de votre adversaire en face ainsi que ses pouvoirs, c'était déjà un combat facilement gagné dans la poche. Alors que s'attaquer à un ennemi qui connaissait tout de vous relevait du suicide stupide. Et qui fournissait les dernières nouvelles relatives à des amis Voyageurs que vous ne voyez plus ? Qui vous informait de votre progression et de celle de vos ennemis ? Qui vous permettait de pouvoir connaître les dernières nouvelles au niveau des derniers groupes qui venaient de se former ? Qui vous annonçait que certaines personnes en voulaient à votre peau pour une raison X ou Y ? Encore et toujours le DreamMag !

Après que j'ai répondu si vite à cette question, une quantité d'interrogations me passa par la tête. Qui était-elle, quel pouvoir elle avait, etc. C'était assez puéril mais la soif de connaissances était plus importante. Le plaisir de la découverte de nouvelles personnes... C'était Dreamland sans même se coucher. Pour ne pas paraître aussi lourd et stupide que j'en avais l'air, je réussis à ne poser que deux questions :


« Ed Free, Voyageur claustrophobe. Et toi ? Tu es une nouvelle Voyageuse ? »

Voilà pour les questions normales qu'on servait à un nouveau histoire d'évaluer où il en était dans son apprentissage. Notez à quel point je me présente sans préciser mon pouvoir, même implicitement. Si vous saviez un peu de choses sur Dreamland, vous n'ignoriez pas que les claustrophobes avaient des pouvoirs aussi conventionnels que de vous écraser avec un mur. En gros, pour les nouveaux, je ne précisais pas mon pouvoir et pour les habitués, je les trompais tout court. On ne savait jamais à qui on avait à faire et je préférais garder mes informations pour moi tant que l'autre n'aurait pas décliné une identité qui me satisferait. Je jouais au Poker, et je savais très bien que les femmes n'hésitaient pas à poser des questions stupides sur les règles du jeu pour faire baisser la garde de la gent masculine. Les salopes...
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MessageSujet: Re: Le hasard de l'IRL fait bien les choses Le hasard de l'IRL fait bien les choses EmptyDim 12 Juin 2011 - 22:48
Nouvelle tête.






Elle devait avoir l'air sacrément idiote à l'aborder ainsi.
Ils ne se connaissaient pas, elle se souvenait simplement de l'avoir déjà vu quelque part mais rien de plus. Elle n'était qu'une simple et parfaite étrangère à ses yeux et pourtant elle s'était permise de l'ennuyer pour la simple raison que la fonction du DreamMag lui était totalement inconnue, jusqu'à même sa simple existence. De plus, la façon dont il l'avait observé après sa migration sur le tabouret voisin au sien ne l'avait pas encouragé à en savoir davantage. L'on aurait dit qu'il l'a prenait pour une malade complètement cinglée. Faisait-elle donc cet effet là aux gens ? Si cela était vrai, alors elle devrait sérieusement commencer à s'inquiéter de son visage et de sa personne en elle-même. Pourtant, elle n'était pas si moche, du moins, c'était ce qu'elle en pensait. Peut-être était-elle affreuse, suffisamment repoussante pour effrayer les gens. Non, ce n'était pas possible. Elle avait mit tant d'années à apprendre à vivre avec sa personnalité et à se sentir belle, que la raison de cette expression sur le visage de cet homme ne pouvait être en aucun cas du dégoût. Espérons-le. Pourtant, malgré son étonnement, le garçon lui répondit.




« Le DreamMag, c'est le journal par excellence de Dreamland. Il contient toutes les informations utiles sur les Voyageurs, les créatures des rêves ou les Seigneurs des Rêves et des Cauchemars. Y a aussi le classement SMB, etc. Si tu veux survivre longtemps, je te conseille de le lire, c'est utile. »




Oh.
C'était donc ça.
Un simple et malheureux journal qui traitait du monde, de ses habitants et ses personnalités.
Oui, c'était donc bien effectivement une sorte de torchon comme un autre que l'on lirait dans ce monde-ci. Rien de bien inquiétant. Quoique.. Qu'entendait-il par "informations utiles" ? Pouvions-nous apprendre quoique ce soit sur ce qu'il se passait actuellement ou c'était passé dans les contrées du monde des rêves ? Si oui, elle avait de fortes chances d'avoir eu droit à un petit carré dans les faits divers. Et ça, c'était franchement pas bon. Et puis de toute façon, sans même avoir eu vent de la réalité de ce magazine, elle avait survécu jusqu'ici. Mine de rien, à sa prochaine nuit elle comptait bien se le procurer pour vérifier si sa tête ne figurait nulle part. Ce n'est pas qu'elle ne souhaitait absolument pas avoir les camarades de ce Dimitri sur le dos, mais en fait si.

Ce journal pourrait lui être sacrément utile.
Il pourrait la mettre en garde si l'un des potes de cet ancien voyageur comptait lui mettre sa mort sur le dos, ce qui n'était pas faux dans un sens, ou aussi la tenir au courant des pouvoirs des prochains acteurs de ses missions. Oui, le lire ne serait pas une si mauvaise idée en fin de compte. Tout le monde pouvait savoir n'importe quoi sur tout le monde, les caractéristiques typiques d'un tabloïd comme un autre, mais à la sauce onirique. La classe. Il fallait vraiment qu'elle en débute les lectures quotidiennes. Elle apprendrait sûrement énormément de choses sur ses futurs adversaires.

Lithium se rendit compte qu'elle ne connaissait rien de Dreamland finalement.
Elle avait compris ce qu'étaient les créatures des rêves, mais ces seigneurs cauchemars lui étaient totalement inconnus, et ce classement ne lui était parvenu aux oreilles que lors de sa mission où elle avait mit fin aux méfaits de Charles et d'Edouard. C'était ce dernier qui l'avait mentionné stipulant qu'elle avait monté de rang ou elle-ne-savait-plus-trop-quoi. Et ce garde qui en avait voulu à sa vie à Delirium, lui aussi en savait des choses sur elle alors qu'elle n'en avait parlé à personne. Les seuls témoins présents lors de cette fameuse nuit d'Halloween avaient sombré dans la folie la plus totale. Surtout ce gars albinos. Celui là elle aurait bien voulu le buter. Et la fille aux drôles de cheveux avec les gogoles, elle par contre était sympa. Jusqu'au moment où Lithium avait dû lui envoyer une volée dans le visage pour la calmer. Dommage. Franchement charmante sinon. La revoir serait un immense plaisir aux yeux de la jeune fille. Elle semblait avoir une réelle personnalité, le genre de fille que l'on oublie pas de sitôt. Il fallait dire que l'on oubliait pas une personne qui vous attaque au beau milieu d'une nuée de zombies ayant élus domicile dans un cimetière, au lieu de s'occuper des-dits morts-vivants qui mouraient de faim.

Le blond lui renvoya rapidement la balle en la questionnant.
Il semblait curieux d'en savoir plus sur sa nature de voyageuse.
Il se présenta comme un certain Ed Free et en tant que voyageur claustrophobe.
Bien entendu, sa réponse laissait entendre qu'il restait prudent. Tout en dévoilant sa phobie, il n'en précisait pas clairement sa façon de l'utiliser. Intelligent et méfiant. Pourquoi pas, si il voulait jouer à ce petit jeu qui consistait à ne pas être le premier à tout avouer, voire à ne rien avouer du tout, elle pouvait participer. C'était absolument dans ses cordes cette capacité là. Elle ne comptait pas non plus dévoiler son pouvoir dans son intégralité, elle n'accordait pas sa confiance au premier venu. Ils allaient devoir apprendre à faire plus ample connaissance avant que l'un deux ne consente à laisser filtrer des informations plus personnelles à leur sujet. Néanmoins, Lithium était ravie de rencontrer un nouveau voyageur au sein de sa ville. Enchantée, elle lui sourit chaleureusement et se présenta également.




"Je me prénomme Lithium Elfensen, je suis une voyageuse artiste !"



Elle voulut lui serrer la main mais se ravisa.
Au lieu de cela, elle préféra s'attarder sur la pointe de son oreille gauche.
Sérieusement, elle ne savait pas si cela n'arrivait qu'à elle mais, à chaque fois qu'elle rencontrait une nouvelle personne, ses mains possédaient des tâches quelconques de peinture, d'aquarelle séchée ou de stylo. Elle avait beau se laver les mains, l'instant d'après elle reprenait un pinceau ou un crayon et faisait un gribouillis, se salissant ainsi de plus belle. Cela lui était arrivé avec Khildar, ce lord anglais aussi énigmatique que son démon de majordome. D'ailleurs en y repensant, elle ne l'avait pas vu ces dernières nuits. Du coup, leur quête était en suspend et elle avait dû s'excuser de ne pas être en mesure d'aider ce pauvre couple de fruits. Bien entendu, elle leur avait fait la promesse d'achever ce qu'ils avaient commencé. Elle était une personne de parole et d'honneur quand elle le voulait. Ne souhaitant en aucun créer de blancs dans leur semblant de conversation, elle s'intéressa davantage à ce magazine et à ce Ed en question. De toute façon, elle n'avait pas d'autres projets pour la soirée, autant l'utiliser pour discuter de choses qui lui seraient utiles.




"Alors.. Ce DreamMag est donc un magazine où l'on y trouve toutes sortes d'informations possibles sur les voyageurs et autres personnages, c'est ça ? Mais pouvons-nous également y débusquer des faits comme.. comme des actes commis précédemment par un voyageur ? Enfin, je veux dire par là que, y a t-il absolument mais absolument tout dans ce journal ? Tout ce que chaque voyageur a pu faire ?"



Tout en attendant une réponse concrète tout en laissant un laps de temps en attendant, elle lui posa une nouvelle question pour éventuellement relancer de nouveau la conversation.



"Sinon.. ça fait longtemps que vous êtes sur Dreamland ?
Enfin, tu plutôt. Tu ne sembles pas plus âgé que moi si je puis me le permettre."
, ajouta t-elle en affichant un sourire doucement gêné.



Il ne semblait pas non plus avoir de projets pour la soirée, alors pourquoi ne pas apprendre à se connaitre plus en profondeur ? Cela ferait toujours une connaissance de plus parmi tant d'autres, et peut-être, quelqu'un sur qui compter à l'avenir.





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MessageSujet: Re: Le hasard de l'IRL fait bien les choses Le hasard de l'IRL fait bien les choses EmptyVen 17 Juin 2011 - 14:06
La pression sur mon estomac retomba comme un ballon percé : c'était bel et bien une Voyageuse et je n'avais pas affaire à une journaliste quelconque qui avait entendu des mots dans une discussion privée et qui les ressortait au hasard en essayant d'en apprendre plus. Quoique qu'avouer qu'on était une Voyageuse artiste semblait assez confus. Mais comme son adjectif n'avait rien à voir avec le mien et qu'elle devait le savoir, je supposais que je ne devais pas y voir un signe d'improvisation délicate. Je pris une autre gorgée tout en gardant un œil sur la prénommée Lithium Elfensen. Ce nom me disait quelque chose à juste titre. Mon cerveau avait du mal à se lancer des fois, mais il était incollable sur certains dossiers types, comme les podiums des classements. En faisant différents liens avec ma mémoire, je réussis à tracer le parcours de la jeune fille assise à mes côtés : c'était tout simplement la nouvelle numéro une de la Ligue Baby. Lithium Elfensen... oui, c'était bien ça. Passée numéro une après avoir tué le second dont le nom m'échappait déjà (un type mort et qui n'était qu'en seconde position occupait déjà une place moindre dans mon esprit). C'était elle qui succédait au trône d'Héléna. Je me demandais vraiment si elle était aussi forte que feu l'albinos. Parce qu'il fallait avouer que la Ligue Baby avait été décapité en un coup (ou deux, Héléna ayant trépassé de mes mains plus tard, même si je n'étais pas au courant).

Oui, Héléna tuée par Genesis, Dimitri tué dans la nuit où j'avais atterri au milieu des deux équipes de fous, et le superbe troisième de la Ligue Baby était entré dans la Major en même temps. J'avais vraiment pas eu de chance à ce moment, j'avais frôlé la première des trois couronnes. Et même si je ne l'avais pas eu par défaut et qu'elle serait venue sur la tête de la blonde (d'ailleurs, elle avait pas battu Dimitri avec l'aide de ce type malsain, Vlad ?), nul doute que je serais venu la croiser la nuit prochaine. Dire que Jacob aurait pu aller la prendre sans trop se bouger s'il avait voulu. Je ne savais pas si je devais être déçu qu'il ait loupé l'occasion de passer numéro un, ou soulagé que la gloire ne lui soit pas revenu. Mais Jacob accordait plus d'attention à un papier toilette qu'aux classements des Ligues. Ce qui m'arrangeait habituellement. Oui, sûr que si j'étais resté dans la Baby avant que les serres de la comptabilité ne m'ait jeté dans une autre ligue, j'aurais croisé Lithium cette nuit-même en succombant à mes vices d'avarice. Mais aller combattre la numéro une de la Baby, aussi forte soit-elle, ne m'attirerait aucune gloire en tant que telle. La proie était belle, mais elle n'était pas pour moi. Je ne cherchais même pas à me demander si elle était forte ou pas ; preuve que je n'étais pas intéressé. J'étais vraiment un sale rapace quand j'y pensais...

Mes doigts dansèrent autour du verre tandis qu'un minuscule détail dans son scénario clochait. Oulà... attendez, elle était numéro une de la Baby ? Pourquoi me posait-elle des questions sur un truc aussi élémentaire que le DreamMag ? Bah, ça devait exister des Voyageurs qui s'entraînaient dans le tas sans entrer dans des villes aussi importantes que le Royaume des Chats, des Voyageurs qui évitaient toute trace de civilisation. Mais bon quand même... Et elle continua à me poser des questions sur le DreamMag. Je tiltai instinctivement. La Voyageuse me demanda si dans le DreamMag était reportées toutes les informations de tous les Voyageurs. Oulala, elle cachait un truc. Une insistance comme ça était grossière : j'avais l'impression qu'elle voulait savoir si elle ou un de ses proches serait apparu dans le journal à cause d'un acte ignoble. C'était un peu comme si un inconnu s'approchait de vous pour vous demander si il y avait cent pour cent de chances qu'il n'y avait aucun témoin au vol de la bijouterie la veille. Mais quand on savait pas, on se taisait. Le problème était que je ne connaissais pas la réponse du tout. Autant lui avouer la vérité, j'en serais peut-être un peu plus :

« J'en ai aucune idée si absolument tous les actes sont retranscris dans le journal. Tout ce que je sais, c'est qu'il est impossible de faire un combat entre deux Voyageurs sans que ça ne se sache ; à cause du classement des Ligues. Si le Voyageur untel tue un autre Voyageur untel, ça se saura. Mais je penche sur deux hypothèses : soit les journalistes écrivent tout ce qu'ils savent ou les informations les plus intéressantes un peu comme dans le monde réel, soit ils sont au courant de tout ce qu'il se passe dans Dreamland, mais ne peuvent publier dans leurs articles que le meilleur. En tout cas, c'est impossible que le DreamMag recense en quelques pages les actions de plus de vingt mille Voyageurs. Mais les journalistes savent-ils tout ce qu'ils se passent ou pas ? J'en ai aucune idée. » Il fallait avouer que la théorie avait de quoi faire peur. Big Brother ne serait qu'un petit joueur comparé aux journalistes dévoués du DreamMag. Et pour continuer la discussion, je répondis une nouvelle fois l'idée qui me passait par la tête : « Sinon, j'ai une hypothèse comme quoi les journalistes, mis à part quelques êtres importants de Dreamland, focalisent leur attention directement sur les Voyageurs. Parce que quand un Voyageur en tue un autre, on le sait directement. Mais il arrive qu'un Voyageur se fasse tuer sans qu'on ne sache pourquoi, ce qui serait donc par une Créature des Rêves qui aurait un rôle secondaire. Je sais pas comment ils font, mais là où je veux en venir est que les journalistes savent tout sur les actes des Voyageurs. »

Oui, un truc dans le genre. Je pris une autre gorgée comme pour souligner mon point final. Bon évitons de trop spéculer à son sujet. Je ne pouvais rien savoir. De toutes façons, je n'avais jamais lu aucun article parlant de Lithium autrement que par son arrivée à la tête de la ligue, faute de concurrents. C'était le bazar dans la Baby, c'était tout ce que je devais savoir.

La blonde continua sur un autre sujet. Étrange de se dire que deux Voyageurs se retrouvaient dans le monde réel par le plus grand des hasards. Bon, on était passé dans la catégorie « Questions personnelles ». Combien de temps j'étais sur Dreamland ? Oulà... il fallait que je fouille ma mémoire pour répondre. Je voyais à peu près le mois, mais le jour précis... Comme je l'avais déjà dit, personne n'était venu me voir pour m'expliquer ce que je foutais là après un terrible cauchemar, pourquoi ma conscience pouvait-elle se révéler aussi consciente alors que le ciel rose m'indiquait clairement que j'étais en plein rêve. Alors pour me souvenir de la véritable date...


« Euh, je pense que c'était en Mai de l'année dernière. Donc en gros, plus d'un an. Et toi ? »

Je ne relevais pas le vouvoiement qu'elle avait enlevé. Je me demandais même pourquoi elle ne l'avait pas fait plus tôt. Je faisais si vieux ? Faudrait que je pense à me raser plus souvent... Bon, la question que je lui renvoyais délicatement était vraiment là pour faire jolie. Je m'en fichais un peu depuis combien de temps elle était sur Dreamland, comme elle ne devait pas trop s'intéresser sur ce fait à mon sujet. C'était aussi transparent que de demander à la personne si elle allait bien après lui avoir souhaite le bonjour. Enfin, la durée de temps qu'on a passé sur Dreamland permettait de nous éclairer sur la situation du Voyageur. Moi, je savais juste qu'elle était numéro une de la Baby, ce qui me permettait d'en savoir un peu plus sur elle. Bon, demandez les pouvoirs de l'autre serait risqué. Je me battais essentiellement sur la surprise, ce n'était pas pour afficher mon pouvoir sur un post-it collé au front. Je continuais sur la lancée de mon esprit :

« Lithium Elfensens, numéro une actuelle de la Baby, c'est bien ça ? »
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MessageSujet: Re: Le hasard de l'IRL fait bien les choses Le hasard de l'IRL fait bien les choses EmptyVen 17 Juin 2011 - 20:53
Révélations.






Qu'est-ce qu'il parle en fait.
Faut pas se fier aux apparences avec lui.
Malgré son air asocial et bourru, il avait une langue.
La soirée promettait d'être un peu plus vivante avec cet organe en plus.
Il n'empêchait que Lithium n'était pas plus avancée avec ce "DreamMag" en question.
Tout ce qu'elle espérait, c'était de ne pas s'y retrouver. Ce serait mauvais pour ses affaires, si on pouvait appeler ça des "affaires" bien évidemment. Elle était un peu une sorte de Robin des Bois en femme, le mauvais côté en plus. Elle faisait le sale boulot que les gens lui demandait. Tant que cela coïncidait avec sa façon de considérer la justice et qu'elle pouvait se battre, c'était dans ses cordes. Le paiement qu'elle recevait en retour revenait à des personnes qu'elle croisait sur le chemin et qui en avait plus besoin qu'elle. Elle n'avait pas besoin de cet argent appelé "Essence de vie", elle avait les boissons gratuites à Hollywood Dream Boulevard maintenant, quoi de plus chanceux ? C'était absolument tout ce dont elle avait besoin. De l'alcool à volonté pour oublier sa personnalité. Elle assumait le fait d'être aussi monstrueuse, mais cela n'excluait pas les regrets que son cœur pouvait avoir à la place de son esprit.

C'était pour cela qu'elle ne voulait pas que ses actes apparaissent quelque part.
Elle avait tué des voyageurs et bien d'autres personnes, mais toujours pour une raison qu'elle pensait juste. Cependant, elle en subissait parfois les conséquences en se ramenant sur le dos les compagnons des défunts. Lithium justifiait toujours ses actes en disant que c'était parce qu'il faisait le mal qu'elle les tuaient. Sa plus grande peur était simplement qu'un jour elle fasse un faux pas et se laisse aller à sa passion du sang. Si elle arrivait à réfréner ses pulsions dans le monde réel, c'était grâce aux images de ses proches que son cerveau passait en boucle devant ses yeux pour l'intimer de s'arrêter de frapper avant un possible drame. Ainsi, toutes les personnes qui avaient le malheur de suivre le mauvais chemin et d'être sur le sien à la fois, subissaient sa rage. Elle ne savait ce qu'était cette furieuse colère qui l'animait à chaque instant, mais elle lui était agréable, et pour rien au monde elle ne voudrait s'en séparer. L'adrénaline était sa drogue, la bagarre le remède.

Finalement, après quelques minutes de silence où régnait sûrement la réflexion, ce dénommé Ed la renseigna davantage sur le contenu du DreamMag et ce qu'il véhiculait comme rumeurs.




"J'en ai aucune idée si absolument tous les actes sont retranscris dans le journal.", dit-il, ce qui manqua de désespérer Lithium, mais il continua sur sa lancée lui redonnant ainsi l'espoir d'en apprendre plus.

"Tout ce que je sais, c'est qu'il est impossible de faire un combat entre deux Voyageurs sans que ça ne se sache; à cause du classement des Ligues. Si le Voyageur untel tue un autre Voyageur untel, ça se saura. Mais je penche sur deux hypothèses : soit les journalistes écrivent tout ce qu'ils savent ou les informations les plus intéressantes un peu comme dans le monde réel, soit ils sont au courant de tout ce qu'il se passe dans Dreamland, mais ne peuvent publier dans leurs articles que le meilleur. En tout cas, c'est impossible que le DreamMag recense en quelques pages les actions de plus de vingt mille Voyageurs. Mais les journalistes savent-ils tout ce qu'ils se passent ou pas ? J'en ai aucune idée."



Si ils pouvaient ne pas tout savoir, cela l'arrangerait bien.
Mais la jeune fille possédait une nouvelle question du coup après ces révélations.
Si comme il le disait, un combat entre deux voyageurs ne passait pas inaperçu, qu'en était-il des voyageurs killers ? Elle en avait combattu deux exactement il y a deux nuits et les avait tués. Bon, là elle n'avait rien fait de mal. Au contraire, elle avait rendu un service à la société et avait gagné le terme de mercenaire de la justice par le patron de l'auberge. Elle n'avait pas nié, mais elle ne l'était pas non plus. Néanmoins, elle s'était laissé prendre au jeu, tellement que le détenteur du bar a souhaité faire passé le mot. Elle n'aurait pas imaginé recevoir une mission par un messager alors qu'elle se promenait dans les plaines pour méditer. D'ailleurs, cette quête lui avait si alléchante qu'elle n'avait pu s'empêcher de laissé s'échapper un cri de joie venant du plus profond de son cœur. Elle avait une bonne paire de personnes toutes aussi malfamés les unes que les autres a tué, et ce, sans qu'on ne la blâme pour. Il fallait dire que dans une arène, c'est ta vie ou la sienne. Dans ce cas là, elle garderait sa vie pour prendre celle de son adversaire. Cette prochaine nuit promettait d'être magnifique. Peut-être qu'elle deviendrait belle et bien une mercenaire comme ils disaient. Elle aurait quelque chose à faire chaque nuit, rien de plus excitant.

Néanmoins, sa question se perdit dans ses pensées.
Penser à ce qui l'attendait probablement ce soir la remplissait de joie.
Elle frémissait à la simple et douce idée d'être autorisée à tuer ces gladiateurs.
Ed semblait avoir une hypothèse sur la question du travail et des intérêts des journalistes.
Comme quoi, il supposait qu'ils s'intéressaient directement et uniquement aux voyageurs, le reste les importaient peu. Mais le fait qu'un voyageur se fasse tuer par un autre était un évènement que tout journaliste qui se respectait apprenait irrémédiablement. Bon. Peut-être que les voyageurs killers n'étaient pas pris en compte. Après tout, ils étaient exécrables de par leur nature et s'amusaient à tuer d'innocentes créatures des rêves, et surtout des voyageurs faibles qui débutaient dans le monde onirique. Qu'importe. Elle n'était pas dans ce Dream'machin, c'était l'essentiel.

Le blond lui avoua qu'il parcourait Dreamland depuis au moins une bonne année.
Néanmoins, il ne semblait pas aussi certain de sa réponse. Il retourna la question à Lithium.
Elle se trouva bien stupide car.. elle non plus ne savait pas vraiment depuis combien de temps elle se trouvait dans le monde des rêves. A force de s'endormir pour se réveiller ensuite dans un tout autre monde aussi réel que l'originel, elle avait presque perdu pied dans la réalité. Il fallait parfois qu'elle se repose pour recouvrer correctement ses esprits. L'onirisme était si troublant parfois. La jeune fille avait de plus en plus de mal à décrocher de cet endroit si merveilleux et libre. Tout lui était presque permis et elle ne pouvait que se réjouir davantage de savoir que sa peur avait été vaincue grâce à Dreamland. Sans cette illusion elle serait toujours horrifiée par les bandes-dessinées et tout ce qui avait un quelconque lien avec elles. Pitoyable comme phobie, mais bon, on ne se refait pas hein. En réfléchissant, elle avait réussi à faire disparaître sa peur dans le mois de septembre. Cela devait être dans cette période qu'elle était devenue voyageuse. Elle lui répondit incertaine;




"Depuis le mois de septembre de l'année dernière, si ma mémoire est bonne. Moins d'un an donc.
.. Et je ne connais rien de Dreamland. C'est assez lamentable en y repensant."
, soupira t-elle en reprenant une gorgée de son verre à moitié vide.

"C'est à savoir comment j'ai réussi à survivre avec mon comportement de touriste.", murmura t-elle en buvant de nouveau.



Elle reposa son verre en regardant son reflet dans le peu de liqueur qu'il restait.
L'alcool était peut-être, voire sûrement, son seul compagnon qui l'a comprenne vraiment.
Tout en miroitant son visage à travers lui, il prenait soin de lui rappeler sans cesse pourquoi elle le buvait. C'était un peu du masochisme, mais elle se plaisait à savoir qu'elle ne se détacherait jamais de ce côté particulier de sa personnalité. Elle n'était pas la seule dans ce cas là, elle en était bien consciente. Dreamland ravive les pulsions cachées de tous. Il ramène à la surface les vices les plus profonds des voyageurs. Puis enfin, ces derniers se chargent de les plonger lentement dans une infernale descente aux Enfers. Les pieds de Lithium se situaient exactement au bord de la pente, prêt à glisser et à se laisser tomber dans l'abîme qui s'offrait à elle. Elle aurait volontiers sauté les bras ouverts si il n'y avait pas des personnes chères à ses yeux, préparés à la rattraper.

Elle était presque en train de rêver.
Perdue dans ses pensées, elle avait l'impression de s'être évadée.
Étrangement, tout en se sentant à l'aise aux côtés de ce garçon, sa prudence restait à son maximum.
Son esprit n'était pas tranquille. Il semblait.. Elle ne savait pas exactement décrire cette impression constante. Il y avait quelque chose qui ne collait pas avec lui. Il n'avait rien d'imposant, loin de là. Lithium se l'imaginait facilement en train de tomber d'un éléphant volant à moitié bourré, ou simplement se prendre une branche dans le visage. Il avait une tête qui laissait sous-entendre qu'il s'en prenait plein la tronche. Au fond, c'était marrant. Intérieurement, elle riait. Ce n'était donc en aucun cas de l'intimidation. Non, il y avait tout simplement un truc en particulier qui faisait qu'elle ressentait un certain malaise à ses côtés. Cette sensation se renforça quand il plaça la phrase qui suivit.




"Lithium Elfensen, numéro une actuelle de la Baby, c'est bien ça ?", dit-il avec un air détaché.

"Qu.. Quoi ?", répondit-elle, légèrement hébétée.
"Numéro 1 de quoi ? De quoi tu parles ? Mais c'est quoi cette ligue ?
Vous en aviez parlé tout à l'heure ! Un classement de je-ne-sais-pas-quoi si je me souviens bien.
C'est.. c'est important à Dreamland ? Comment ça fonctionne et.. Pourquoi en suis-je la à la tête ?"




Une pensée lui traversa l'esprit et ses yeux s'écarquillèrent.
Pitié que cela n'avait absolument aucun rapport avec ses frasques précédentes.
Si elle était numéro 1 de cette.. cette "ligue", cela voulait dire que les journalistes savaient exactement ce qu'elle faisait. Finalement, elle n'était à l'abri de rien. Cette histoire sentait mauvais. D'ailleurs, pourquoi lui demandait-il cela ? En quoi est-ce que cette information pouvait bien l'intéresser ? Une méfiance grandissante s'installa en Lithium. C'était donc ça cette affreuse sensation de mal-être. Elle venait de cette insistance discrète et désintéressée de grappiller des renseignements. Il l'a poussait suffisamment dans ses retranchements pour qu'elle se mette à s’emmêler les pinceaux entre le tutoiement et le vouvoiement. Sa paranoïa habituelle s'ancrait en elle de plus en plus à mesure qu'il parlait. Néanmoins, elle n'avait rien à cacher puisque tout le monde semblait au courant. Alors, pourquoi avoir peur d'être découverte ? Il n'y avait pas la moindre raison pour que cela soit le cas.

Une fois rassurée, son expression faciale changea du tout au tout.
Son visage embarrassé et troublé laissa place à sa personnalité de toutes les nuits à Dreamland.
Un sourire assuré et énigmatique se dessina sur ses lèvres rosées, et son verre fut vidé d'un trait.
Elle en commanda un troisième au propriétaire du bar, cette fois-ci remplit d'un simple et doux Mojito.
Délicatement, elle prit une gorgée pour s'hydrater et s'imbiber profondément de cet alcool, puis observa Ed. Si on s'attardait quelque peu sur son physique, l'on aurait pu dire qu'il ressemblait à une sorte de détective, le genre d'homme qui fait mine de ne s'intéresser à rien mais qui analyse absolument tout ce qui l'entoure. Il n'était pas repoussant mais pas si attirant non plus. Il ressemblerait à tout le monde si il ne possédait pas ces petites binocles violacées, le seul détail original qui le démarquait des autres. Doucement, elle déposa son verre devant elle, posa ses mains sous son menton et lui jeta un regard inexpressif, gardant son sourire qui contrastait avec l'expression vide de ses yeux azurés.




"Et si c'était le cas, en quoi cela serait important ?
Ce n'est qu'une place, un simple classement.
Il ne régit pas la vie d'un voyageur. Du moins. Pas la mienne.
Toi oui ?"
, elle souffla les deux derniers mots, comme si elle ne souhaitait pas qu'il les entende.



Elle descendit son verre d'une traite et demanda encore un cocktail.
Rien ne l'empêchait de boire. Oublier pour exister, voilà à quoi lui servait cet alcool.
Lamentable. C'était lamentable. Une pauvre alcoolique fuyant ses responsabilités, voilà ce qu'elle était.
Elle souhaitait de tout son corps échapper à la morosité et la banalité de ce monde. Cette aigreur dont était fait l'univers lui donnait envie de vomir. Quelle lunatique elle faisait ! Un coup elle était la personne la plus adorable du monde, croquant la vie à pleines dents, riant sans cesse, communiquant sa gentillesse et sa bonne humeur à tout le monde, et un coup elle basculait et devenait cette Lithium froide, violente, sadique et sarcastique. Il fallait vraiment qu'elle songe à se faire diagnostiquer. Il était fort possible qu'elle soit bipolaire, ce qui ne l'étonnerait pas le moins du monde. Elle tourna sa tête vers lui, ses yeux devenant soudainement rieurs.




"Je vois que finalement tu me connais.
Je dois t'avouer que je suis persuadée de t'avoir vu également avant.
Vlad devait être avec moi ce soir-là et il a fallu qu'il y est cet.. bref. Un détail.
Tu étais accompagné d'un garçon aux cheveux violets et qui m'avait tout l'air désespéré d'être là.
Tout comme nous tous je crois bien. Ce devait être le Royaume des Cowboys.
Ma mémoire est mauvaise. Mais bon, ce n'est pas très important.
On ne se rencontre vraiment que maintenant."
, acheva t-elle en souriant réellement, récupérant son visage naturel.





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MessageSujet: Re: Le hasard de l'IRL fait bien les choses Le hasard de l'IRL fait bien les choses EmptySam 18 Juin 2011 - 1:07
Je reposai tranquillement mon verre sur son petit support froissé. Un terrible sentiment me gagna : ma bière n'avait plus aucun goût. Je repris une gorgée pour être sûr... Plus assez froide. Je terminai les dernières lampées qui traînaient au fond du verre avant de commander une autre boisson (la même 16) à Simon, qui s'affaira en cuisine en faisant croire qu'il était débordé. Je retournai un œil sur Lithium qui digéra mon paragraphe. Aucune expression sur le visage, pas grand chose à tirer. La vie était parfois injuste, hein ? Elle avait transformé Dimitri en viande de boucher et elle parcourait Dreamland sans se soucier du lendemain ; moi, je combattais Héléna et on me reprochait son meurtre quelques nuits plus tard, me mettant ainsi tous les Von Jackson à dos. Jacob et moi parcourions Dreamland sans aucune animosité envers quiconque (sauf si ce quiconque avait un couteau dirigé contre une personne innocente comme un civil lambda, ou une personne encore plus innocente, moi-même). Mais il y avait un groupe de minables qui s'appelait Genesis et qui avait dit que je avais tué la fille sous leur commandement. Non seulement ces salopards avaient tout mis à ma charge pour que la famille tarée au combien nombreuse des Von Jackson fonde sur moi, mais en plus, ils devaient se dire qu'ils n'avaient pas à craindre de représailles car je n'étais qu'un newbie. Ahahaha.... Eux, ils étaient bientôt morts. Plus que l'acte, c'était la provocation dédaigneuse qui me foutait hors de moi. Si je survivais à la famille de fous, je promettais que Genesis ne me survivrait pas. Pour souligner cette tendre promesse exacerbée, je pris une gorgée du verre que Simon vint me servir. Je le remerciai d'un geste de la main pour retourner à la Voyageuse.

Elle avoua aussi qu'elle voyageait sur les terres oniriques depuis un peu moins d'un an. Bon, détail pas très intéressant. Elle s'infligea à elle-même une pointe de moue en songeant qu'elle ne connaissait pas du tout Dreamland, ce qui était assez affligeant. Je ne savais pas quoi penser. En fait, je ne voyais pas du tout le parallèle qu'elle faisait entre l'information et la position. Je n'avais jamais entendu dire qu'il fallait se sentir honteux de ne rien connaître de Dreamland. Des gens y passaient des dizaines d'années, et elle en était à une dizaine de mois. Je pensais qu'elle avait encore du chemin à faire, tout comme moi ; aucune honte à avoir. Comment avait-elle pu survivre en touristes ? La réponse était dans la question : en survivant. Sur Terre comme sur Dreamland, on pouvait distinguer les gens de deux manières : ceux qui maîtrisaient et ceux qui subissaient. Être dans tel ou tel camp n'était en rien discriminatoire. Juste que certains avaient la naissance, les aptitudes, l'observation de leur côté. Et l'ascenseur entre les deux factions n'était jamais en panne. Jacob et moi essayions de maîtriser Dreamland en nous implantant dessus et en cessant de subir les épreuves que le monde s'acharnait à nous envoyer. Et je pouvais dire à juste titre que ceux qui subissaient Dreamland, qui se laissaient entraîner dans ces histoires, avaient un potentiel de survie bien supérieurs aux autres. Un comportement de touriste ? Non, elle s'était certainement battue (et avait certainement vaincu) pour arriver à la tête de la Ligue. Tête de la Ligue qui se fichait bien si la Voyageuse concernée avait un abonnement au DreamMag. Je préférais ne rien lui répondre ; je ne réussirais qu'à sortir des sarcasmes. Soit je confirmais ce qu'elle disait et approuvait donc le fait qu'elle soit une touriste qui n'avait pas sa place, soit j'infirmais et la prenais ainsi à tort.

Second coup de marteau quand elle m'avoua qu'elle ne connaissait rien aux différentes ligues qui zébraient Dreamland. Oh, mon Dieu, donnez-moi la force... C'était moi où je continuais finalement à donner des leçons à des novices ? Sauf que le novice en question était un poil plus redoutable que la moyenne. D'accord, elle ne connaissait rien sur rien. Elle survivait depuis combien de temps ? Comment une Voyageuse qui avait passé presque un an dans des rêves incroyablement réalistes connaissait-elle si peu de choses ? Il faudrait vraiment que je m'intéresse à son cas afin de mieux appréhender Dreamland. Le DreamMag avait-il des infos sur Lithium plus concrètes que son article clamant qu'elle avait découpé Dimitri ? Tiens, d'ailleurs... si Vlad était avec elle, comment avait-il pu laisser un pareil meurtre s'accomplir ? Il n'avait dû avoir le temps de réagir... Bon, il était temps de remonter les manches. Je pris mon verre dans mes mains et me servis avant de continuer mon exposé initiatique :


« Dans Dreamland, il y a trois ligues. La première est la Baby – tu es la première de celle-ci - qui accueille tous les nouveaux Voyageurs de moins d'un an sur Dreamland. La seconde est la Major, la principale. Tous les Voyageurs sont dedans après leur première année de parcours sur Dreamland. La dernière et non la moindre est la Ligue Spéciale, qui rassemble les Voyageurs les plus connus de Dreamland. Pas forcément les plus forts (même si à terme, ce sont eux qui trustent les premières places), mais les plus réputés, ceux que chacun connaît. Un rassemblement de guest stars si tu veux.
Et pourquoi tu es la tête de la Baby, je n'en ai aucune idée. Je peux juste te dire que l'ancienne numéro une s'est faite assassiner, le second, tu connais son sort, et le troisième de la Baby que j'étais a été transféré dans la Major. Ensuite, pourquoi une Voyageuse que personne ne connaissait hormis son exploit d'avoir battu Dimitri avec l'aide du Juge s'est retrouvée avec la couronne Baby sur la tête, je n'en ai aucune idée. Vlad n'a pourtant pas remonté le classement comme toi. Il faut croire que Dreamland se soucie seulement du résultat, et non des moyens... »


J'avais prononcé la dernière phrase pour moi, comme si une interrogation intérieure valait mieux la peine qu'une discussion avec autrui. Un léger soupçon de regret ou d'ironie dans ma voix ? Je ne savais pas... La tête de la Baby avait failli me revenir, mais un dactylo avait jugé préférable de se foutre de ma gueule et de me balancer dans les derniers rangs de la Major. C'était dur. La même sensation que quand en CM2, vous passiez enfin dans la cour du collège avec des géants qui vous dépassaient de deux têtes en riant. Le même sentiment, mais amplifié. J'étais passé dans la cour des grands, et le chemin allait être très, très, très, très long pour parvenir enfin à mon but ultime ; un sourire se dévoila quand j'y pensais, tel un conquistador qui rêvait que l'Eldorado se tenait derrière les dernières fougères qu'il découpait de la pointe de son sabre.

Je sentis que j'intimidais Lithium. Pas dans le mauvais sens, mais elle s'embrouillait dans ses phrases comme si je lui avais dit que j'étais son frère disparu et maintenant retrouvé. De plus, elle n'arrêtait pas de changer son tutoiement en un vouvoiement, et vice-et-versa. Un signe ostentatoire qu'on est gênés vis-à-vis d'autrui et qu'on ne savait pas avec quelles pincettes le prendre. Merde, ce n'était pas vraiment l'effet recherché. Et parce que le monde était dingue, ce fut à Lithium de changer de visage. Je sentis ses traits se tirer touts seuls comme une autre personne qui se glisserait sous un scaphandre. Son visage changea. Pas vraiment dans son expression, mais dans sa manière de poser l'expression. Ce n'était plus la même aura qui filait hors de son corps. Enfin, aura, c'était un bien grand mot. Il y en avait un autre qui était beaucoup plus précis pour décrire ce genre de cas et qui permettait d'apporter une précision non négligeable quant aux changements d'atmosphère qui régnait entre les deux tabourets : l'assurance. Envolée la petite fille qui ne savait rien, bienvenue à la grande sœur au sourire trompeur et à la descente spectaculaire. L'assurance changeait une personne de façon visible : sa façon de se tenir, de parler, de moduler les sons ou sa gestuelle. Surtout la gestuelle. Dans un entretien, la gestuelle comptait à quatre-vingt dix pour cent d'importance. Le reste, ce n'était que bagatelle et broutilles comme l'odeur et la poignée de mains. Quand on était proche d'une personne, la première chose qui ressortait de l'autre était son assurance. Je connaissais la mienne : confiant mais je laissais paraître bien plus que la réalité. Celle de Lithium venait de s'amplifier pour la transformer. Je n'aurais pas été surpris de voir des fils descendre du plafond pour faire bouger mon interlocutrice à sa place.

Tchac, la manière de parler était différente. Le vocabulaire semblait avoir une nouvelle fonction. Elle respirait la confiance, c'était certain. Si je succombais à mes délires paranoïaques, je pourrais même ajouter qu'elle tentait de m'intimider. Bordel, était-ce Dreamland en personne qui cherchait pour la première place de la Baby des filles douées de tares mentales ? On n'en était pas du tout à la schizophrénie, mais la frontière n'était pas lointaine. Ce n'était pas un doublement de personnalité, mais seulement un changement. Bon, ne surtout pas rentrer dans le prochain jeu qu'elle me présenterait. On perdait vite pied avec une fille qui perdait les pédales. Surtout que ce n'était pas n'importe qui. Peut-être que je comprenais un peu mieux pourquoi on l'avait choisi elle à la place des autres. Elle avait ce charisme presque malsain qui vous glaçait les os. Puisque je me connaissait bien, et qu'il me semblait que j'avais à peu près saisi la façon de penser de la demoiselle, je pouvais penser qu'on n'était pas de la même trempe. Elle était plus forte que moi, quelque part. Plus perçante. Je n'aimais pas ça. Sur Dreamland, si le jeu psychologique ne marchait pas, je matraquais sans efforts. Comme un type qui jouerait en semi-bluff. Je pensais que ses cartes étaient moins forte que les miennes, mais elle faisait tout pour me faire penser le contraire. Et elle ne lâcherait pas prise facilement. Ça se voyait à son visage. Pire qu'une folle qui ressemble à une folle, il était impossible de décrypter une fille qui avait un poker face fascinant. J'admirais une de ses pupilles tandis qu'elle lança sa toile. Répondre du tac au tac, c'était vital :


« Je n'ai jamais dit que c'était important, je voulais juste être sûr de savoir à qui je parlais. » Sa voix s'était faite plus intimiste vers la fin. Elle me posait une véritable question. A moi d'avancer les jetons avec la lenteur et la force d'un type qui possédait cinq as dans sa main, histoire que l'on comprenne en face que chaque centimètre que prenaient les jetons vers le centre de la table était un pas de plus vers sa défaite.
« En aucun cas ta position ne régit ta vie ; par contre, elle régit celle des autres. Dreamland est un bocal de piranhas, méfie-toi de ceux qui veulent ta place pour une gloire éphémère. » Puis ma tête s'avança vers elle afin de chuchoter doucement pour répondre à sa question :
« Je laisse les ligues aux imbéciles. J'emmerde le classement car je veux trans-cen-der le classement. Je veux être le Meilleur. »

Le dernier mot avait été soufflé par une vénération certaine. Je reculai ma tête rapidement. Je pris mon verre des mains sans le boire. J'avais usé de ma petite graine de folie personnelle, celle qui me rendait si peu original. Je brouillais rapidement les pistes pour qu'on pense que j'étais un Voyageur finalement plutôt ordinaire. Ce qui était totalement vrai. Mais l'adversaire avait beaucoup de chances de se raviser pour me prendre pour plus fort que ce que je n'étais. Dans un combat, la domination morale était un pas vers la victoire aussi important que l'information. Il y avait beaucoup de chances pour qu'elle me prenne pour un mec pathétique, et je pensais qu'elle aurait raison. Mais dans ce domaine, rien ne réglait la situation sinon la force contre la force. Car si j'avais dit aussi directement à Lithium mon objectif final, c'était autant pour lui montrer ma débilité que parce que j'étais fier de l'objectif que je m'étais fixé. Un gars qui regardait deux kilomètres devant lui n'irait pas au-delà de ses deux kilomètres. Si je regardais vers l'horizon, j'avais une marge de progression gigantesque qui me faisait autant rigoler que huit verres de bière. Je misais sur l'ambition stupidement démesurée que sur l'ambition tout court. On était dans un pays des rêves, quoi de plus normal que de rêver, créant ainsi une mise en abîme délicieusement stupide.

La tension baissa d'un cran et Lithium fouilla dans sa mémoire pour me servir le plat réchauffé de la nuit au Royaume Cow-Boy. Elle m'apprit indirectement qu'elle était amie avec Vlad. Très, très intéressant. Si ils étaient amis, Vlad avait-il pu cautionner le meurtre froid de Dimitri ? Ou bien (mon hypothèse préférée qui me faisait bouillir le sang) jouait-il d'une hypocrisie sans bornes en fermant les yeux sur les actes de ses proches ? A moins qu'il ne pensa que la peine de mort était une solution pour un type aussi pacifique que Dimitri (pacifique dans le sens où sa guilde Onirion ne combattait jamais sans raison). Il faudrait que j'en parle à Jacob. Je n'avais jamais favorable à la peine de mort même si j'avais peur que mes pensées viraient de direction si on s'attaquait à un de mes proches ; mais à ce que je sache, Vlad était de sang froid quand il rendait ses jugements, aussi peu démocratiques soient-ils. Il faudrait vraiment que je le rencontre, espérant ainsi balayer tous mes doutes à son sujet. Dreamland avait peu de justiciers (Jacob et moi n'en étions pas vraiment). Si Vlad ressemblait à un justicier et qu'il avait le cœur pur, je serais vraiment soulagé de sa présence.

Continuons sur les paroles de Lith qui m'avoua qu'elle m'avait vu en compagnie d'un gars aux cheveux violets. Si je perçus directement l'allusion à la personne qu'elle parlait, je ne voyais pas comment elle avait pu nous voir tous les deux. Tout simplement parce que je n'avais jamais vu Jacob cette nuit-là. Était-elle en train de me dire qu'il avait été là lors de l'attaque (interrompue) entre les deux groupes, ou bien essayait-elle de pallier ses souvenirs avec une fausse certitude ? En tout cas, elle y était. Ce n'était pas clair dans ma mémoire quant à sa présence, mais je savais que Dimitri avait été au Royaume Cow-Boy. Elle ainsi que Vlad avaient dû se retrouver contre le numéro deux de la Baby, quelque part je ne savais où. Tandis que je me frottais à la bouillante Héléna qui m'avait fait sa déclaration dans une mare de sang commun. Je préférais éviter de repenser à cette nuit-là. Malgré l'issue du combat, je n'avais pas gagné. Et vu ce qui s'était passé ensuite, quand on m'avait endossé son crime, il était normal que cette période de ma vie soit encore confuse et honteuse dans ma mémoire. Peut-être qu'elle méritait de mourir, ce n'était pas la question. On se servait de moi, et je détestais ça. Et à tous les coups, Jacob n'aimait pas non plus. En tout cas, Lithium avait brossé une belle description de Jacob : tout désespéré... Oui, c'était bien lui. J'aurais quelques questions à lui poser le lendemain (ou cette nuit, s'il ne se passait rien). Elle conclut finalement que c'était la première fois qu'on se voyait véritablement. Effectivement, après nos démonstrations communes, la phrase était bien trouvée. Je répliquai avec une voix plus mielleuse et moins serrée du cul :


« Effectivement. Tout le plaisir est pour moi. »

Sourire sûr. J'avais l'impression qu'on était dans notre bulle, un mini Dreamland. Mon côté confiant à l'extrême que j'arborais ressortait sans se soucier du fait que je sois sur un tabouret dans un espace public et non dans mon lit. Je ne savais toujours pas si Lithium pouvait être une amitié potentielle ou une personne à éviter. J'étais méfiant et on le serait à moins.
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MessageSujet: Re: Le hasard de l'IRL fait bien les choses Le hasard de l'IRL fait bien les choses EmptyDim 19 Juin 2011 - 16:05
Raisons.






Godverdomme.
C'était bien compliqué Dreamland en fait.
Il y avait donc bien des règles comme des classements dans ce monde.
Elle était donc à la tête de la première, la Baby plus communément appelée.
Alors si elle avait bien compris, si elle continuait sur sa lancée, elle risquerait de passer dans la major ?
Lithium pria de toutes ses forces que cette nuit n'arrive jamais. Cette hiérarchisation dreamlandienne des voyageurs lui renvoyait en plein dans la figure tout ce qu'elle avait fait et tout ce qu'elle comptait bien continuer à faire. Et si elle ne cessait d'avancer et de se comporter ainsi, des personnes mal intentionnées seraient capable de souhaiter d'en finir avec elle. Les autres ligues rassemblaient les plus réputés, ceux dont elle n'avait concrètement jamais entendu parlé. Bon, elle ne connaissait personne, quoi de plus normal que ceux là ne lui reviennent pas en mémoire également. Quand il lui répondit sur sa question du pourquoi elle s'était soudainement vu propulsée au top de la Baby, son dos fut parcouru d'un léger frisson. Bien évidemment qu'elle connaissait son sort à ce Dimitri. C'est elle qui s'en était chargée. Elle l'avait tout simplement tué, sans même avoir prit le temps de réfléchir à la question. Il menaçait la vie d'une personne qui comptait à son cœur, logique qu'elle ai voulu protéger celle-ci.




"Il allait tuer Vlad..", murmura t-elle d'une voix inaudible.



Elle voulut rajouter qu'elle était sortie de ses gongs mais ces mots suffisaient.
Elle n'était même pas sûre qu'il ai entendu sa phrase, et cela était vraiment mieux ainsi.
Lui avait été apparemment transféré dans la Major après son combat contre l'ancienne première de la ligue B. Ce que la jeune fille aurait réellement aimé savoir était la place qu'elle occupait avant de mettre fin à la vie de voyageur de Dimitri, mais il ne devait sûrement ne pas le savoir étant donné qu'il ne l'a connaissait que de nom. Elle espérait qu'elle n'avait pas été si mal-gradée, sinon cela signifierait qu'elle avait tué quelqu'un d'important et qui représentait énormément aux yeux d'autres personnes, comme Vlad, Daniel, Chrystel et tous les autres signifiaient pour elle. C'était horrible en y repensant. Elle déglutit avec difficulté et tenta d'effacer ces souvenirs de son esprit. Chose impossible. Elle se revit dans les yeux de Vlad. Sa rage meurtrière en se jetant sur Dimitri qui surplombait son compagnon, prêt à le tuer. Ce sifflement qu'elle avait émis quand il avait tenté de l'arrêter, les yeux emplis de folie et de fureur. Elle s'était battue pour une raison qui lui semblait juste, mais qui ne l'était en aucun cas pour certains.

Vlad n'était pas en tort. Il avait vraiment voulu l'en empêcher, c'était elle-même qui lui avait ordonné par un simple regard de ne rien faire. Elle se souvint du sang sur ses mains et sur son visage, ses lames s'enfonçant profondément dans la chair molle de Dimitri. Cette sensation avait été si agréable qu'elle se damnerait pour la ressentir de nouveau. En ça, elle était réellement désespérée. Elle aurait beau avoir tous les remords du monde, elle n'aurait donné ce sentiment pour rien au monde. C'était tellement bon. Elle sourit doucement à la réminiscence de ce souvenir qui emplissait son esprit et son corps une dernière fois. Cependant, sa mémoire lui rappela la mort de Usher à Hollywood. Celui là avait un vrai casse-pieds. Il avait fallu s'occuper d'un groupe de fans complètement hystériques dont ils s'étaient fait un plaisir de les éliminer, puis René la taupe et Usher avaient servis de desserts. Par contre, le gamin Justin Bibeure avait été laissé en vie. Elle avait pour principe de ne pas s'attaquer aux enfants, malgré le fait qu'elle les haïssaient. M'enfin. La routine diras t-on. Ed laissa finalement sous-entendre ensuite que son coéquipier de cette nuit n'avait pas autant grimpé dans le classement de la même façon. Normal. Si c'était le résultat qui importait dans ce monde, alors c'était elle et elle seule qui l'avait terminé.




"C'était lui ou Vlad.
Le choix n'a pas été compliqué."
, laissa t-elle échapper en un murmure sans y penser.



Elle avait prononcé ces mots sans réfléchir.
Selon son jugement cela semblait parfaitement logique.
Une personne menace la vie d'une autre qui vous est chère, vous faites votre possible pour sauver celle qui vous est importante. Dimitri s'était retrouvé dans ce cas, il avait voulu les tuer, il avait fini par s'en prendre à Vlad, elle l'avait empêché de lui faire du mal. Alors le voilà mort. C'était d'une évidence imparable. Ne considérant pas cet acte comme une faute, elle continuait à siroter tranquillement son cocktail sucré. Il était vraiment savoureux en y prêtant plus attention. Tellement savoureux qu'elle s'en prendrait volontiers un autre tiens.. Elle acheva de finir donc le sien et commanda un mojito pour une énième fois. Son esprit était tant occupé à se délecter de ce délicieux alcool, qu'elle ne fit pas attention à la phrase qu'Ed prononça.




"Il faut croire que Dreamland se soucie seulement du résultat, et non des moyens."




Mmh ?
Il avait dit quelque chose ?
Seul les mots "résultats" et "moyens" furent compris par son cerveau.
Bref, c'était sûrement une phrase basé sur une morale quelconque qu'elle en pouvait pas comprendre.
Elle suivit surtout ce qui venait ensuite. Apparemment, le fait de lui demander sa place dans le classement était seulement pour être sûr de savoir à qui il s'adressait. Pourquoi pas. Si cela pouvait l'aider à se forger une image sur sa modeste personne, qu'il continue. Cependant, Lithium conservait sa méfiance à son égard mais continuait à siroter à petites gorgées son Mojito d'une saveur purement délectable. Qu'est-ce que le goût persistait dans la bouche. Son palais se chargeait de le conserver pour permettre à ses sens de s'émerveiller. Ce n'était qu'une boisson parmi tant d'autres mais elle ne pouvait résister au rhum, surtout au rhum directement importé de Cuba. Ce n'était pas le cas de celui-ci mais il restait délicieusement agréable. Si elle pouvait ne serait-ce pour une seule nuit endossait le costume d'une pirate, elle sauterait de joie. Prendre la place de Anne Bonny ou Mary Read serait la meilleure des missions. Le jeune homme continua sur sa lancée constituée essentiellement de réponses à ses affirmations.




"Dreamland est un bocal de piranhas, méfie-toi de ceux qui veulent ta place pour une gloire éphémère."

"Je ne suis pas le genre de personne à me laisser faire.", dit-elle d'une voix moqueuse.
"Quiconque en veut à ma vie ou à celle de mes proches finit irrémédiablement par mourir.
Par mes mains bien entendu. Dimitri l'a sûrement bien compris lors de cette fameuse nuit."




Elle acheva sa phrase sur un ton plus calme, plus froid.
Sa poigne s'était raffermi autour de son verre et elle en reprit une gorgée.
Sa place ? Elle l'a donnerait volontiers si elle le pouvait. Elle n'avait rien demandé à ses ces gens qui décidaient de qui se situerait à telle place. Quelle connerie ce classement. Rien de plus stupide pour créer une rivalité entre tous les voyageurs au courant de son existence. C'était vraiment du n'importe quoi cette histoire. Dimitri.. D'après ce qu'elle avait entendu, il aurait fait parti d'une guilde pacifique. Ce à quoi elle avait refusé de croire. Si cela était réellement le cas, pourquoi les auraient-ils attaqué ? Il n'avait pas cesser de les prendre pour des membres d'un groupe qui semblait leur avoir fait du tort. Son refus à croire ce qu'ils disaient pour se justifier de leur présence n'avait pas fonctionné et après s'être retrouvé chez les vikings, ils s'étaient battus jusqu'à ce qu'il meure. Cette histoire de journalistes qui étaient au courant de tout était étrange tout de même. Où se placeraient-ils pour tout savoir ? C'est bien le don d'un chroniqueur ça. Savoir se cacher pour attraper des informations sans être pincer. Les charognards.. Prêts à tout pour avoir un scoop.

A part si ils étaient allés voir le chef de la tribu nordique après la bataille. Il était fort possible qu'il ai parlé. Il avait assisté au combat dans son intégralité avec son clan, les encourageant avec force de leurs cris tonitruants. Une fois la victoire assurée, il leur avait concocté un banquet en leur honneur et les avaient désignés comme des membres à part entière de leur peuple, partageant avec eux leur nourriture et leurs maisons. Chaleureux et bons vivants, des gens comme elle les aimaient. Une nuit, elle leur rendrait visite, elle se l'était promit. Alors qu'elle repensait à cette joie de vivre dont respiraient à pleines bouffées ses ancêtres, elle vit s'approcher d'elle le visage de jeune homme. Sur le coup, elle ne réagit point. Elle se contenta de le fixer droit dans les yeux, attendant patiemment ce qu'il souhaitait dire. Il avait l'air si sérieux que cela ne manqua pas de la faire sourire quelque peu. Il chuchota ses mots.




"Je laisse les ligues aux imbéciles. J'emmerde le classement car je veux trans-cen-der le classement. Je veux être le Meilleur."



Sérieusement ?
Ce garçon possédait une ambition aussi.. simpliste ?
Bon, lui au moins, il en possédait une, contrairement à elle.
Les pupilles de Lithium s'écarquilla promptement d'étonnement.
Finalement, il ne manquait pas d'originalité celui-là en fin de compte.
Au premier abord, il pouvait sembler aussi banal que n'importe quel autre homme, mais si nous creusions plus en profondeur, nous découvrions un personnage qui n'avait pas peur d'avouer son but principal. Être le meilleur. C'était bien des mots, encore fallait-il en être capable. Honnêtement, la jeune fille croyait possible qu'un jour il puisse y arriver. Elle ne le connaissait pas suffisamment pour s'en persuader véritablement, mais pour l'instant, elle pouvait croire en lui sur ce point-là. Oui, il était sympathique dans un fond. Après quelques secondes de silence, elle laissa échapper un rire. Il était marrant celui là. Rien de ce qui émanait de lui ne laissa croire un seul instant que son souhait était d'arriver au top. Alors qu'il s'était empressé de s'écarter de son visage, ce fut à son tour de s'approcher de lui. En disant ces mots, elle plongea son regard dans le sien et ne le détourna à aucun moment.




"Intéressant.
Tu n'es pas aussi blasé que tu en as l'air.
Tu as de l'ambition et la force pour l'accomplir.
Je suis sûre que tu en es parfaitement capable.
Qui sait, peut-être qu'un jour je verrais ton nom en première page du DreamMag ?
Enfin, si je me décide à y jeter ne serait-ce qu'un simple coup d'œil bien sûr.
Savoir ce que je pourrais y trouver sur moi ne m'intéresse guère.
Franchement, qui voudrait être au courant de ce que l'on pense de soi, à part les perturbés et ceux manquant de confiance en soi. Et bien, pas moi personnellement."
, dit-elle en achevant sa phrase sur un nouveau rire.

"Je vis au jour le jour.
Qu'importe ce que l'on pense de moi.
Je fais ce qu'il me plaît."
, affirma t-elle enfin en s'emparant de son verre.



Elle était remplie d'une assurance qu'elle se connaissait principalement à Dreamland.
Ou bien aussi quand elle se trouvait au commissariat pour s'être de nouveau battue dans la rue.
Cette confiance en elle l'aidait à avancer et à supporter ce que l'on essayait de lui faire subir sans cesse. Mais elle avait apprit à se défendre. Un simple évènement qui l'avait traumatisé l'avait métamorphosé en ce qu'elle était à présent. Elle ne saurait dire si il aurait fallu qu'elle remercie ce gamin qui avait failli la violer dans ce foutu collège miteux, ou si elle devait lui en vouloir à vie pour lui avoir donner cette force de répliquer avec toujours de la violence. Si elle le retrouvait, elle pourrait être en mesure de le tuer, c'était un fait qui était largement envisageable. Bien entendu, elle savait que cet acte ne resterait pas impuni. Il était donc préférable qu'elle se contente de le tabasser à mort pour ensuite le jeter dans un caniveau, son lieu favori pour les personnes dans son genre. Elle le laisserait patauger dans la merde mélangé à son sang, puis appellerait finalement les urgences pour qu'il vienne le chercher. Elle pleurerait pour s'en tirer puis irait se coucher pour une nuit qui promettrait d'être la plus belle d'entre toutes. C'était mal et mesquin, mais ce que ça lui faisait du bien de le voir dans un état proche de la mort.

Décidément, cet homme lui rappelait bien des souvenirs sans vraiment le faire exprès.
Ce gamin avait été la cause de tout. Il était la principale source de sa personnalité de secours.
Tout avait commencé par lui et ses camarades. Cette époque était une période révolue de sa vie, de cette jeunesse volée et gâchée. Cela s'était produit à cause de sa faiblesse, elle n'était qu'une enfant timide et innocente qui n'avait jamais rien demandé à qui que ce soit. Dire non était difficile et refuser un service à quelqu'un l'était encore plus. A présent, elle n'avait plus peur de rien. Définitivement, elle devrait le remercier. Grâce à lui, elle pourrait affronter le monde entier on lui en donnait l'occasion. La frayeur qui l'envahissait à chaque fois qu'elle devait affronter le regard de quelqu'un d'autre s'était envolé, toutes les craintes des conséquences que ses actes pouvaient avoir s'étaient évaporées. Après cet évènement, elle était devenu une personne nouvelle. Cette même personne qui affrontait ce jeune homme qui aspirait à devenir le meilleur d'entre tous.




"Effectivement. Tout le plaisir est pour moi.", dit-il d'un sourire assuré.

"Il en est de même pour moi.
Je sens que l'on pourrait bien s'entendre.
Du moins, si tu partages mon avis."
, répondit-elle en lui renvoyant ce sourire.



Elle but de nouveau son verre, achevant celui-ci.
Il faudrait peut-être qu'elle pense à arrêter de boire.
Si elle comptait cette boisson-là, elle devait en être à son.. euh.
Non en fait non, elle ne savait pas combien de godets elle avait ingurgité.
Deux ou trois verres de Mojito, plusieurs caipirinha dont elle s'apprêtait à en commander une autre.
Oulà, en effet cela commençait à faire beaucoup. Il fallait sérieusement songer à stopper court à la boisson. Mais.. une petite dernière ne fait jamais de mal non ? Et puis, elle ne sentait pas encore les effets secondaires, alors il n'y avait pas de quoi s'alarmer pour le moment. Quand son regard deviendra trouble, elle saura qu'il était temps de terminer le massacre. Dans ce cas là, il faudrait simplement qu'elle prenne l'air. Si elle s'écrasait, cela voudra dire qu'elle aura d'un bras pour la maintenir debout. Sa nouvelle boisson entre les mains, elle regarda de nouveau Ed en souriant doucement, songeuse.




"Je me demande si on en viendra à se voir une nuit à Dreamland.
Ce que ne m'étonnerait en aucun cas si cela venait à se produire.
Malgré les circonstances, j'en serais ravie.
On ne sait jamais comment tu pourrais me trouver."
, acheva t-elle en observant le fond de son verre.

"Espérons que ce soit au beau milieu d'un champ de fleurs, que tout soit rose et vas-y que la vie est belle.", dit-elle ironiquement.

"Non pas que au beau milieu d'une sanglante bataille ne me déplaise ou une quelconque situation embarrassante, mais ce ne serait pas bon pour cette splendide image de jeune fille adorable que j'essaie de véhiculer depuis que je voyage."



Ou comment se griller en quelques mots.
Qu'importe. Il avait sûrement compris dès le début qu'elle n'était pas le genre de femme à s'amuser aux petits poneys. Se fier aux apparences n'était pas coutume chez elle. On cachait ce que l'on était pour mieux surprendre l'adversaire, voilà la tactique. Les voyageurs qui se dressaient devant elle pensaient faire face à une pauvre et chétive gamine. Ils ne comprenaient leur erreur seulement une fois leur mort assurée. Ce Charles par exemple, s'était cru invincible avec son arme à feu qui ne ratait jamais sa cible. Il avait fallu qu'elle soit la personne engagée pour les pourchasser pour que se certitude d'être intouchable s'évanouisse en quelques minutes. Elle s'était faite avoir au début mais avait rapidement reprit l'avantage sur ses adversaires. Certes ce flingue ne loupait jamais sa cible, mais si tu mets un objet quelconque entre lui-même et la cible visée, alors il devient un jouet inutile. Un simple bouclier avait fait l'affaire. Un écu et un Mp 40 comme on en voit dans les jeux de guerre et hop, il était fini. Edouard tirait son pouvoir de ses fringues. Il n'était rien sans elles, il a simplement fallu les cramer pour qu'il se retrouve sans défense. Ce voyageur avait pour unique défaut de se reposer essentiellement sur son pouvoir. Sans lui, il était incapable de se battre comme un homme. Il n'avait pas pensé à développer ses capacités physiques, contrairement à Lithium. Voilà son avantage sur eux. Elle s'en servait de son pouvoir, certes, mais c'était ses facultés indécentes de se battre qui l'avait sauvé sans cesse.

Il faut savoir tirer les bonnes cartes, et les jouer au bon moment.
Savoir correctement s'en servir est également un point particulièrement primordial dans le jeu.
Néanmoins, il faut aussi parfois, même énormément, bluffer pour s'en sortir. Le principe même du poker. Dans ce cas là, rien ne doit laisser transparaître le fait que l'on est actuellement dans la merde la plus totale, sinon l'on est tout simplement foutu. Lithium possédait autant de cartes qu'elle ne s'en servait. Certaines étaient singulièrement faibles, et pourtant elle colmatait les défaillances des unes avec les atouts des autres. Sa volonté et sa détermination se chargeaient de les lier entre elles. Rien ne pourrait la faire flancher. Du moins, c'était ce qu'elle espérait car elle savait pertinemment qu'au plus profond d'elle-même, un unique souvenir récent et douloureux serait capable de tout détruire. Elle priait pour que le jour maudit où quelqu'un découvrirait cette pathétique et pitoyable faiblesse n'arrive jamais.

Il fallait vite qu'elle s'ôte cette horreur de la tête.
Ce soir, elle avait rencontré une personne susceptible d'être un nouveau voyageur comptant parmi ses proches. Certes, ils ne semblaient pas partager les mêmes idées et visions de la vie mais ils pouvaient au moins essayer.





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MessageSujet: Re: Le hasard de l'IRL fait bien les choses Le hasard de l'IRL fait bien les choses EmptyDim 19 Juin 2011 - 23:45
Le sourire en coin était toujours présent aux commissures de mes lèvres, et semblait être aussi à l'aise sur le visage que le nez juste au-dessus. Un sourire en coin était non seulement une marque de confiance indélébile ainsi qu'un moyen de narguer son adversaire. Les deux meilleurs moyens de déstabiliser ce dernier. Non pas que j'avais envie de perturber Lithium, mais ce sourire était si pratique et me donnait l'air si cool (juste pour moi ; pour le reste du monde, c'était arrogant) que je l'avais gardé comme une expression faciale par défaut. Quand je l'avais, c'était que j'allais faire mon malin dans pas longtemps ou que j'étais sur Dreamland. Étrangement, c'était la seconde catégorie qui me valait ce sourire. Je l'avais déjà dit, nous étions déconnectés. Les masques avaient été remis. Simples étudiants ou lycéens le jour, et Voyageurs la nuit. Il y avait forcément un changement de personnalité entre les deux périodes ; nous avions adopté la seconde naturellement alors qu'on entrait dans le vif du sujet. Je n'étais plus Ed Free le malheureux pigiste qui cherchait à joindre les deux bouts entre ses articles qu'on voulait bien lui laisser écrire et ses examens, mais Ed Free le crétin condescendant qui avait toujours une longueur de retard sur tout le monde mais qui sprintait quand même au devant de toutes péripéties stupides avec un courage pétri de stupidité. On discutait plus librement de Dreamland quand on était à Dreamland, et nous étions à Dreamland. Notre seul interlocuteur était un Voyageur, et les apparitions sporadiques d'un intrus ne nous gênaient pas outre mesure vu que lui aussi était un arpenteur des terres oniriques.

Au fur et à mesure qu'elle parlait, je compris deux choses sur Lithium. La première était qu'effectivement, elle ne s'était pas retrouvée par hasard avec Vlad. Ce n'était pas seulement un compagnon, mais un ami. Et tandis qu'ils avaient vaillamment combattu Dimitri qui était certainement plus fort que moi (à l'époque ; maintenant, j'avais pris du poil de la bête et je ne doutais pas d'être au moins du niveau qu'avait feu Héléna). Ce Dimitri avait salement dû les malmener pour qu'elle en soit arriver à le tuer au lieu de le mettre hors combat. Indirectement, ça me donnait à peu près le niveau de Lithium si j'en déduisais les efforts de Vlad qui devaient être aussi fort qu'elle. Ce qui était certain, c'était que si la numéro une actuelle avait eu besoin d'aide pour affronter l'ancien numéro deux, c'était que le niveau de la tête de la Baby avait baissé. Loin de moi l'envie de la narguer à ce sujet ; maintenant que j'étais passé dans la Major, ne m'intéressait que les actualités sur la Major. Et j'étais bien trop loin de la tête pour me laisser dériver dans de futiles spéculations quant à mes chances. J'allais me calmer, éviter de m'attirer des ennuis, puis je monterais le plus vite possible afin d'éviter qu'on ne cherche à barrer ma route. Elle m'expliqua donc qu'elle avait dû choisir entre la vie de son adversaire ou celle de son partenaire. Et elle avait bien choisi ; si elle ne l'avait pas fait, elle aurait été la dernière des abrutis. Un héros de manga sans peur et sans reproche aurait réussi à crier à l'injustice de la vie, de l'univers et du reste et aurait épargné les deux vies avant que l'ennemi ne retourne sa veste de méchant pour adopter un blanc immaculé et combattre aux côtés des forces du bien avec la conviction d'un paladin. Lith avait bien fait, j'étais obligé de le dire. Il me peinait à l'avouer... Je secouai la tête verticalement quand elle explicita le choix qu'elle avait dû faire. Je n'aurais certainement pas mieux fait dans les mêmes conditions et j'étais tout simplement incapable de lui dire que tuer, et bien... c'était mal. Je faisais toujours attention à ne pas priver les autres le droit d'être Voyageur. J'étais toujours en train de me demander si une mort dans le monde réelle équivalait à celle de Dreamland. Il y avait des éléments pour, et des éléments contre. Je n'avais pas envie de tester voire si effectivement, on oubliait au fur et à mesure ou en bloc, ou si quelques éléments nous revenaient pour nous rappeler qu'on avait été autre chose qu'un fumeux étudiant misanthrope.

La seconde chose était beaucoup plus inquiétante et changea mon rapport avec Lith. Elle m'avoua sans une once de gêne que tous ceux qui la faisaient chier périssaient de sa propre volonté. Et là, nos points de vue divergeaient totalement. Même dans le reste de ses paroles, elle continuait à dire qu'elle tuait les gens. J'étais certainement tombé sur une autre personnalité instable. Devait-elle considérer qu'une mort sur Dreamland relevait plus de la punition que du travail de boucher ? Ou bien était-elle aussi capable de tuer dans le Monde Réel ? Parce qu'Héléna ne semblait pas être une fille sage dans le Monde Réel, à moins qu'elle soit atteinte d'une schizophrénie violente et mal placée dès que sa tête reposait somnolente sur l'oreiller. Lithium semblait plus douce à première vue que la folle albinos qui avait essayé de se marier avec moi dès qu'on avait une épée chacun dans le ventre. Mais je tenais ma moralité plus par ma nature que par mes convictions ; en gros, j'étais impossible à faire changer de camp, parce que le côté obscur, cookie ou pas cookie, était mauvais aussi bien pour les autres que pour soi. Que Lithium m'avoua qu'elle tuait ses agresseurs (même si c'étaient effectivement des agresseurs et que leur culpabilité était évident) m'irritait au plus haut point. Quand je tabassais les gens, je faisais en sorte qu'ils ne reviennent pas me faire chier sans les tuer toutefois. Je ne dirais rien au sujet de Clane. Certains pourraient dire que Jacob et moi sommes horribles de le rendre esclave contre sa volonté. Je préférais penser qu'on l'avait emprisonné et qu'il effectuait des tâches d'intérêt général avec un moyen supra efficace pour être sûr qu'il ne grugera pas. Et je pariai que moi et Jacob allions le délivrer à un moment ou à un autre, quand on pourra le maîtriser en fermant les yeux. Pas tout de suite donc...

Je préférais éviter de répondre à ce qu'elle disait pour éviter de rentrer dans des débats moraux, psychologiques, reamlandiennes et théologiques. Je gardais mes remarques pour moi et revins à mon verre dont la boisson me soufflait une invitation à la consommer sans arrière-pensée. Je lui tirai la langue mentalement, mais la grimace ne suffit pas à protéger ma vertu étiolée qui baignait maintenant dans trois gorgées d'alcool mousseux. A-côté de moi, la blonde s'enfilait tellement de verres qu'elle pourrait en faire une pyramide. Je remarquai sa réaction tandis qu'elle me parlait de mon objectif final et secret, aussi inaccessible que flou. Et étrangement, à part un visage assez décontenancé, elle ne se ficha pas de moi comme on était en droit de le faire quand quelqu'un vous disait qu'il voulait décrocher la lune avec un cure-dent. Elle répondit en m'imitant gestuellement que j'avais des chances d'y arriver. J'avais du mal à savoir si elle se foutait de moi ou si elle approuvait totalement un ambitieux qui dévorait les étoiles des yeux. Certainement qu'elle avait compris la différence entre être le Meilleur, et être le plus fort. La seconde notion ne pouvait même pas être considérée comme un vulgaire généralisation de la première.

Être le Meilleur était une position incroyable. Le plus fort... était-ce un moyen de définir un des critères pour atteindre mon rêve, ou juste une étape que je pouvais sauter ? Aucune idée. Je n'avais pas envie d'ennuyer Lithium en vantant mon ambition comme si croire qu'on arriverait à quelque chose faisait automatiquement de nous une personne importante. Je ne savais pas si j'étais un sérieux candidat, mais j'étais au moins un candidat motivé. Être le Meilleur, c'était le Voyageur par défaut, celui qui vient sur toutes les lèvres dès qu'on penserait à ce mot. C'était le Voyageur qui accaparera l'attention par ses actions et sa puissance sans nulle autre pareille. C'était celui que tout le monde connaîtra et qui passera dans le folklore commun, même une centaine d'années après sa mort, voire des millénaires. Il marquerait à jamais Dreamland et là où le temps effacera le nom des autres Voyageurs, seul le sien perdurera dans les mémoires. Les Seigneurs Cauchemars et les Seigneurs des Rêves feront attention au camp qu'ils choisiront pour savoir s'ils devaient s'engager dans une bataille. Le Meilleur, c'était celui que personne ne pouvait surpasser ; le Meilleur, c'était celui qui survivra à tous. Si les instances de Dreamland décidaient de créer une ligue SS (Super Spéciale) pour y faire entrer tous les Voyageurs de renom tel un Panthéon, le Meilleur devra être la tête de la liste. Il devra faire en sorte de surclasser ses contemporains, ses prédécesseurs ainsi que mettre la barre tellement haute que les générations à venir ne chercheraient même pas à le dépasser. Il serait quasiment le chef spirituel de Dreamland.

Rêve irréalisable ? J'avais déjà préparé un petit plan d'action pour le devenir. Le premier des critères, aussi banal était-il, restait la force. Je devais devenir plus fort que n'importe qui sur Dreamland. Peut-être que je pourrais me contenter du podium, mais plus je laisserais de la marge à ce niveau et plus difficile sera de compenser par la suite. Et la position du Meilleur était par définition au-dessus de la première, car la première place pouvait être chipée par n'importe quel gaillard avec des biceps. Après la puissance, il fallait les exploits qui l'accompagnaient. Pour ça, je savais que je trouverais de quoi m'occuper dès que j'acquerrais la force nécessaire. Je balaierais des Royaumes sous le nom de la Claustrophobie, j'écraserais les pires brigands ainsi que mes pairs si ceux-ci venaient à me chatouiller de trop près. Mais entre tous ces exploits, il faudrait réaliser le miracle que personne n'attendait. Le grand exploit. Il fallait ça pour entrer au Panthéon : un coup d'éclat qui transformerait Dreamland, qui me propulserait au rang de star directement. Et ne jamais être oisif, rendre à Dreamland ce que ces terres m'avaient apporté. Comment ? Je ne le savais pas... Mais ça serait extraordinaire. Et je n'étais pas mégalomane. Certes on pouvait me qualifier avec l'adjectif commun. Mais le vrai mégalomane, lui, dirait tout simplement qu'il est le Dieu de Dreamland en étant vraiment persuadé de l'être. Raconter cette ambition à Lithium ne me servirait à rien, de ce fait, je me tus encore. Ce que j'avais de plus que les autres qui me permettraient de réaliser cet objectif ? Disons que j'avais l'ambition. Comme je l'avais dit plus tôt, les autres avaient un objectif bien déterminé. Par exemple, telle personne voulait être numéro une ; elle s'arrêtera là. Moi, je voyais beaucoup plus haut. Être le numéro un de tous les numéros un. Chaque Voyageur s'arrête à un point précis du classement ; je ne serais jamais satisfait. Et le mieux dans ce rêve incommensurable était que le plus beau n'était pas d'atteindre l'objectif, mais de marcher vers lui. Tant que je faisais quelque chose qui me permettrait de réaliser mon rêve, je serais heureux comme la fleur qui succombait aux charmes du printemps.

Lithium affirma qu'elle faisait ce qui lui plaisait tout en dénigrant ceux qui lisaient le journal pour y connaître les exploits. Je ne savais pas si elle avait raison. Parce que dans le monde réel, si on disait que je passais au journal pour une raison X, soyez sûrs que je serais le premier lecteur. Mais à Dreamland, peut-être qu'en fin de compte, on se lasserait de lire chaque exploit qu'on avait réalisé la veille. Lithium prenait une attitude presque condescendante envers tous ceux qui ne respectaient pas son mode de pensée. Elle était peut-être trop mature... et trop gamine sur certains points. Peut-être que c'était cette disparité dans son être qui la transformait en créature rusée et impitoyable. Je lui répondis néanmoins :


« Certaines personnes aiment être dans le journal. Sur Dreamland, il suffit d'apparaître sur le DreamMag pour que chacun te connaisse. Mais je comprends que tu trouves pathétique que certaines personnes veuillent lire les exploits qu'ils ont eux-mêmes accomplis de toutes façons. Mais un article sur un exploit est un bon souvenir. Et certains philosophes disent que nous ne vivons que pour se fabriquer de bons souvenirs. »

Oui bon, des philosophes de comptoir. N'empêche, y avait une part de vérité dans ce que je disais, malgré les quelques gouttes d'alcool ingurgitées. Une vérité tant qu'on prenait un point de vue différent que celui de d'habitude. J'évitais de lui montrer que ces compliments avaient fait mouche (je succombais à tous les compliments, j'étais trop crétin pour accorder une place à la fausse modestie dont pourrait faire preuve les autres). J'évitais aussi de comprendre qu'elle m'avait pris pour un type aussi banal que Simon, qui faisait des allers-retours pour tenter d'étancher la soif inextinguible de la Voyageuse. Lith souhaita qu'on soit amis, mais je me méfiais toujours des gens qui tuaient leur prochain s'ils les considéraient comme emmerdants. Que dire ? Une alliée sans états d'âmes ou sans trop d'états d'âmes restait un allié. Elle n'était pas du genre à trahir ses proches, mais à punir très férocement ceux qui s'y attaquaient. Donc en termes objectifs balayant les termes obsolètes de l'amitié, elle pourrait être utile. Mais arriverais-je à accepter un comportement qui ne respectait pas la vie des autres Voyageurs ? Les gens devenaient-ils si mauvais quand on leur donnait un pouvoir ? Je ne voulais pas entrer dans ces débats : soit j'allais m'y enfoncer comme dans un sable mouvant particulièrement vorace, soit j'allais découvrir la vérité que je n'avais surtout pas envie de connaître et qui donnerait raison à des gens comme Lithium. Je n'avais pas peur de la réalité, mais j'avais peur que mon inconscient s'adapta à cette réalité pour me rendre moins magnanime qu'autrefois. Dur de garder un fond de moral dans une société dépravée comme la notre ; c'était un peu pareil pour Dreamland.

Lithium continua sur le début de notre relation. J'avais l'impression qu'elle se mettait à rêver comme si commencer une amitié avec une nouvelle personne était un luxe qu'elle ne pouvait pas se permettre. Puis comme j'aimais faire souvent pour chatouiller le second voire le troisième degré, elle se tira (faussement) une balle dans le pied histoire que je sois sûr qu'elle était tout, sauf une jeune fille adorable. Je comprenais totalement ce système. C'était de l'auto-dérision. Je me demandais encore comment le Juge pouvait rester avec une fille pareille à ses côtés. On aurait peut-être quelques questions à lui poser dans sa façon de rendre les jugements. J'avais presque l'impression qu'elle m'invitait à la rejoindre dans Dreamland, à moins qu'elle se demandait ce que je penserais d'elle une fois que je découvrirait sa personnalité de minuit. Je finis par dire :


« Si je veux te revoir, je n'aurais qu'à m'endormir en pensant à toi. Ça ne sera pas très épique. De toutes façons, tant qu'il y a un Voyageur dans un endroit, ce dernier se transforme en champ de bataille potentiel. Et certains d'entre eux sont très faciles à énerver, étrangement. Quand on donne un pouvoir à un homme, il se change vite en connard arrogant. »

Une pensée très facile à formuler. Je me félicitais de mon exploit en arrachant une autre gorgée à mon verre qui imprima la marque de mes doigts. Plus je prenais de la bière et plus mon esprit trouvait que les hommes étaient des salops. Très étrange phénomène. Il était bien plus facile de s'accorder avec ses compagnons de comptoir que vouloir détruire l'ambiance en se lançant dans des débats. Si je comprenais mieux Lithium, peut-être que je parviendrais à savoir ses motifs pour tuer des gens. Mais ne surtout pas la froisser avec ça. Elle serait capable de me renvoyer dans les filets avec des arguments imparables ; je ne pourrais lui opposer que la morale, mais la morale n'avait d'importance qu'à ceux qui lui en accordaient. J'eus un sourire triste avant de continuer :

« Plein de monde me l'ont dit, j'attire les ennuis comme un aimant attire les trombones. C'est un malheureux défaut que j'ai du mal à cacher. Je réussis à pourrir les nuits des autres rien qu'en me tenant là... On se retrouvera certainement à Dreamland. Et je te jure que tu n'auras pas besoin d'acheter le journal pour entendre parler de moi. »

Pures vantardises, pures spéculations sur un avenir improbable. Mais ne pas le penser, c'était tuer tout espoir de voir se réaliser mon rêve. Je ne voyais pas en quoi jouer l'hypocrite allait me permettre de m'approcher de mon idéal. Plus je faisais des promesses et plus je serais motivé pour les tenir. Enfin, c'était facile de se dire n'importe quoi quand l'alcool faisait effet au second verre. Je ne devais pas être aussi torché que Lithium, mais il suffisait juste d'un peu de bière à chacun pour que les idées se fassent plus claires et que les paupières s'abaissent.
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Lithium Elfensen
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MessageSujet: Re: Le hasard de l'IRL fait bien les choses Le hasard de l'IRL fait bien les choses EmptyLun 20 Juin 2011 - 21:38
Opinions philosophiques.







Leurs points de vue divergeaient totalement.
A aucun moment ils ne semblaient vouloir se rejoindre.
Pourtant, tous deux restaient là, continuant à discuter en tout tranquillité.
A ces yeux, il comprenait le fait que quelques personnes appréciaient le fait de se retrouver dans le journal, se sentir connu et reconnu de tous, se délectant du plaisir que cela procure quand un étranger vous aborde dans la rue après avoir lu l'article de son exploit. Effectivement, elle trouvait ça pathétique. Immensément pathétique. Nous n'existons pas pour être connu, nous existons pour vivre. Seulement pour vivre. Il en était de même pour Dreamland. Ce second souffle qui nous était offert n'avait pas pour but d'être célèbre. Son principal objectif était de nous faire comprendre notre insignifiance face à l'univers, comme l'espace s'en charge pour la planète Terre. Longtemps nous avons cru que nous étions les seules créatures dotées d'intelligence, nous avons aussi pertinemment pensé que c'était le soleil qui tournait autour de la planète bleue. Toutes ses convictions avaient volées en éclats et ce, à cause d'une personne en particulier qui, par ses calculs et ses recherches plus approfondies, avait découvert une toute nouvelle vérité.

La croyance de la surface aplatie de la Terre en était également une.
Toujours et inlassablement, nous nous sommes pris pour le nombril du monde.
Si il voulait parler de philosophie, elle pouvait lui tenir tête malgré ses multiples sommeils accidentels dans ce cours si barbant et ennuyeux. Pascal illustrerait parfaitement son point de vue. Si elle se souvenait bien, cette théorie apparaissant dans les Pensées. Il nous comparait à la taille d'un Gobi pour exprimer notre taille face à l'univers. Nous n'étions qu'un vulgaire grain de sable, si ce n'est encore plus minuscule, dans l'océan stellaire. Mais cette idée de se faire de bons souvenirs n'était pas si stupide. Certes, elle n'était pas certaine de la provenance de ses mots qui ne lui revenait pas parmi ses cours de philosophie, mais elle approuvait néanmoins. Toutefois, elle restait impassible sur le sujet de la petitesse de l'homme face au monde. A ses yeux, Dreamland existait pour détruire toutes les minables et inutiles croyances de l'être humain. L'impossibilité d'être doté d'un pouvoir quelconque, l'impossibilité de l'existence d'une toute autre forme de vie, l'impossibilité que un tout autre monde existe mais dans notre esprit et nos rêves. Tout ces impossibilités devenaient possibles.

Ed lui expliqua ce qu'elle savait déjà.
Elle avait appris cela avec Vlad lors d'une nuit.
D'ailleurs, elle trouvait ce fait beaucoup trop facile.
Il suffisait de s'endormir en pensant à cette personne en particulier pour la retrouver ensuite.
Le jeune homme laissa sous-entendre qu'il suffisait qu'un voyageur soit présent pour qu'un champ de bataille de forme. Non, il ne comprenait pas. Étrangement, il suffisait qu'elle soit là pour que des personnes malveillantes soient présentes et que la tentation de s'en charger augmente en une seule seconde. Elle avait la très nette impression que Dreamland s'amusait de voir les voyageurs combattant leurs propres démons. Malgré ses efforts, elle n'arrivait pas à résister à l'appel du sang et de la chair. Du coup, elle s'y laissé vainement aller. Vlad serait capable de la calmer, une personne en qui elle aurait suffisamment confiance serait capable de l'arrêter. Son compagnon le pouvait, tout comme ses proches. Ces derniers étaient les seuls en mesure de la contenir. Mais ils devaient être auprès d'elle, et si ils s'apercevaient que le combat commençait à déraper, il fallait seulement l'attraper et l'apaiser, lui expliquer que tout va bien et qu'il ne fera plus de mal à personne.

En quelques mots, il fallait lui parler comme à une personne perdue, une gamine.
C'était justement ce qu'elle était; perdue. Elle cherchait désespérément la lumière qui lui permettrait de s'en sortir. Comment un si misérable évènement avait pu l'a métamorphoser autant ? Certes, une chose comme un pré-viol et des agressions physiques constantes pendant 2 ans alors que l'on a que 13-14ans n'étaient pas si minimes qu'elle ne le laissait sous-entendre. Mais elle voulait s'imaginer que tout cela n'était rien, ne pas leur donner trop d'importance. Peut-être qu'elle s'imaginait constamment que ce garçon était chaque personne qu'elle croisait ? Ainsi, cela expliquerait la rage qui l'habitait quand elle se battait. Mais cela ne lui donnait pas de réponse quant à l'apaisement qu'elle ressentait quand son adversaire décédait. S'imaginait-elle le tuant inlassablement pour soulager sa peine ? Sûrement. Mais qu'importe. A cause de lui, elle n'était plus rien qu'une simple meurtrière sans aucun morale. Elle défendait sa propre vision de la justice, une version bien trop extrémiste et anarchiste. Les règles ? Trop peu pour elle.

Néanmoins, alors qu'elle était plongée dans ses pensées les plus profondes, une phrase la fit tilter.
Un homme pouvait devenir le pire des connards arrogants une fois un pouvoir entre ses mains. Vrai.
On pouvait admirer la série Heroes pour illustrer ces magnifiques propos si philosophiques et bien formulés.
Pourtant, malgré son immense tentation à vouloir s'intégrer dans ce groupe de "connards", elle se rendit compte qu'elle n'était pas la bienvenue. En effet, son pouvoir lui servait seulement de roue de secours. Elle pouvait autant s'en servir que s'en passer. Il faudrait franchement qu'elle pense à le favoriser plutôt que sa seule force physique. Elle voulut lui dire quelque chose, mais fut contrainte de se taire. D'une, elle ne voulait pas s'empêtrer dans des débats moraux auxquels l'un d'entre eux finirait par agacer l'autre, de deux, il parlait. Apparemment, elle ne serait pas la seule à penser qu'elle attirait les emmerdes. La jeune laissa échapper un rire éclatant.




"Sur ce point, tu ne pourras pas nier que nous nous accordons.
Certes, j'ai l'impression que nos points de vue divergent totalement, mais là..
Il suffit également que je me promène dans un endroit sans but particulier et je me retrouve avec un groupe de voyageurs killers, prêt à commettre quelques méfaits. Je ne demande jamais rien mais bon. Je ne vais pas m'en plaindre hein ! Cela fait toujours des malfrats en moins dans Dreamland."
, elle sourit en pensant à sa future nuit.

"Personnellement, tu ne pourrirais pas la mienne.
Tu me donnerais seulement un peu plus de travail pour la soirée."
, ajouta t-elle.



Elle but la fin de son verre en une gorgée, puis le déposa sur le comptoir, le sourire aux lèvres.
Jamais elle n'avait parlé aussi librement de son opinion sur son comportement à Dreamland, jamais.
Malgré le fait qu'il ne semblait pas du tout accepter sa vision des choses, il restait là à lui parler et à l'écouter. Décidément, elle ne le connaissait pas suffisamment pour le considérer comme une connaissance à part entière, mais ces instants lui étaient suffisants pour lui raconter tout et n'importe quoi. Comme on dit, nous nous confions à un étranger avec plus d'aisance qu'à nos proches. Étrange, mais vrai. Bon, il était temps de lui poser une question sérieuse. L'alcool aidant, elle se lança à pieds joints dans le plat.




"Sérieusement.
Je crois comprendre que l'on ne voit pas le monde de la même manière.
Néanmoins, n'étais-je pas en droit de venir en aide à une personne qui m'est chère alors qu'elle est en danger ? J'ai pour principe de ne jamais regretter les actes que j'ai commis précédemment. Ce qui est fait est fait, pas de retour possible. Mais la mort de Dimitri semble me poursuivre, alors qu'à mes yeux elle est justifiée."
, elle marqua une pause pour commander un autre verre.

"J'apprécie de rencontrer quelqu'un qui m'est opposé, c'est pour ça que je te pose cette question.
Il n'y a aucun doute que j'ai bien fait, pourtant, l'impression que les autres me donnent semble me mettre en tort.
Et c'est cela que je veux comprendre. J'ai conscience que ce que je fait est mal d'un certain point, et pourtant, je me contente de nettoyer les alentours des gens susceptibles de faire du mal aux innocents. En faisant justice moi-même, je gagne le même statut que les voyageurs que j'élimine, ce fait m'est connu. Je peux paraître immature et idiote, mais j'ai besoin d'avoir l'avis d'une personne extérieure."




Et voilà qu'elle se mettait à lui raconter ses états d'âmes.
Mais qu'est-ce qu'elle pouvait être lamentable quand elle s'y mettait.
Pitoyable, misérable, vulnérable. Elle méritait tout ces adjectifs à la fois.
Pourtant, elle souhaitait connaître son avis. D'un côté, elle connaissait la réponse.
D'un autre, elle espérait ne pas entendre ces mots. Non, elle n'était pas une meurtrière.
Rien de cela. Elle voulait découvrir un nouveau monde susceptible d'être plus beau que le sien.
Un monde où personne ne pourrait subir ce que tant de personnes ont eu à endurer. Et encore ce qu'elle avait eu essuyer. Elle était tout ce qu'elle haïssait le plus dans l'univers. Elle était meurtrie par un simple et unique évènement, le même qui l'empêchait de vivre une existence normale. Et ça, elle ne pouvait le supporter davantage.




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MessageSujet: Re: Le hasard de l'IRL fait bien les choses Le hasard de l'IRL fait bien les choses EmptyMar 21 Juin 2011 - 16:54
Tiens, elle aussi elle réussissait à attirer les péripéties. On était au moins deux à posséder cette maladie dont les symptômes pouvaient aller du simple mal de crâne à la mort totale et sans merci. Et la pharmacie ne vendait pas encore de médicaments efficaces... Bon, il était vrai qu'il y avait pas mal de différences entre les gens qui attiraient les ennuis. Il y avait au moins trois sortes de personne. La première était Mr. Souffre-Douleur sur qui on s'acharnait parce qu'il semblait plus inoffensif qu'une huître, et qui l'était, malheureusement pour lui. Il n'y avait pas de hasard en ce qui le concernait : quand des crétins voulaient jeter leur dévolu sur une victime, il y avait des chances qu'il repère notre bonhomme et le coince dans une ruelle sombre pour lui faire sa fête. Peut-être que quelques-uns de ces Souffres-Douleur étaient compétents (tant mieux pour eux et tant pis pour les agresseurs), mais on s'attaquait rarement à quelqu'un qui possédait une aura de puissance, alors que celle du naze moyen était si faible qu'on croirait à une invitation. La seconde catégorie correspondait à tous les héros de mangas et autres dessins animés dont le destin était d'avoir un parcours jonché d'épreuves et qui chaque journée s'attendaient à devoir tabasser un brigand ou arrêter une catastrophe climatique. Je me demandais si dans la vraie vie, il existait de ces Voyageurs qui attiraient tous les malheurs du monde car ceux-ci avaient peur de lui. Troisième catégorie de gens qui croulaient sous les emmerdes (et dont je faisais partie, et Lith aussi avec de la chance) : ceux qui foutaient un coup de pied dans le cul des ennuis. Parce que je n'avais rien du héros sans peur et sans reproches (tout comme Lith) et que je ne semblais pas ressembler à un pauvre bouffon. Par contre, j'avais le chic pour m'immiscer dans toutes les affaires possibles et inimaginables afin de faire chier ce que je considérais comme le camp adverse. Dès qu'il y avait un problème quelque part, je me sentais obligé d'y foncer pour régler la situation comme je le pouvais. Donc les ennuis arrivaient en deux temps : quand vous veniez les chercher, et plus tard quand ils vous retombaient dessus.

Exemple tout con : Je combattais Héléna Von Jackson et finalement, c'était touta sa famille qui venait se venger. Bon, évidemment l'histoire était un peu plus compliquée que ça mais il fallait bien un exemple. Je pouvais aussi citer l'odyssée de moi et Jacob pour aller péter la gueule à des petits chieurs. Pour éviter qu'ils ne répliquent tous, on avait continué à Kazinopolis, puis au Royaume des Chats jusqu'à remonter jusqu'à Clane et son organisation de méchants diaboliques. Si on n'avait pas éclaté tout ce monde rapidement, il était évident qu'on aurait eu de rapides représailles. Bah tiens ! Ça me rappelait soudainement cette grosse pute qui était venu nous narguer à la fin du combat contre le chef à l'imper! Elle ne nous avait pas attaqué, mais elle n'avait certainement pas appréciée qu'on lui fauche son pion. On allait certainement la recroiser un jour ou l'autre elle et son organisation et ils n'allaient pas nous rendre la vie facile. Quand on venait chercher les ennuis, on les trouvait très rapidement, puis ils vous retrouvaient très rapidement. Ou alors ! Je savais que quelques personnes étaient contre le Royaume des Deux Déesses (à commencer par des Seigneurs Cauchemars) ; peut-être qu'ils n'allaient pas attendre la décision de l'ONU avant de nous exploser la gueule. Idem pour les frères Midas qui nous en voulaient à mort d'avoir arrêté des criminels (bande de sales hypocrites). S'ils commençaient à vouloir se venger, on allait très vite les sentir passer. Et dire que la Lithium avait dû traverser autant d'épreuves que moi. En plus, son comportement lui valait de se faire des ennemis partout : chez les brigands qui n'aimaient pas qu'on tue leur pair, et chez les personnes éprises de justice (Vlad mis de côté) qui désiraient que la blonde gagne un nouveau collier en chanvre. Oui, je la voyais certainement en train de se faire poursuivre par les ennuis, car son caractère était tel qu'elle ne laisserait aucune injustice se dérouler sans ses yeux sans qu'elle n'ait son mot à dire. J'avais l'impression qu'elle se fourrait dans les nids à vipère pour aider ceux qui leur étaient proches ou pour combattre l'injustice ; moi, je le faisais parce que je pensais que mon karma était bon, et que je devais le consolider tout en essayant de faire gagner des fonds à un éventuel fan-club.

Lithium semblait aussi avoir remarqué que nos avis divergeaient totalement. Elle me faisait peur à le dire comme si ça n'avait pas beaucoup d'importance. Un peu comme si on discutait d'un jeu de rôles et que je lui disais que j'étais un roublard et qu'elle me répondait avec un rire qu'elle avait choisi la classe assassin. La véritable question était de connaître son comportement dans la vie réelle. Ainsi, je pourrais savoir si elle était aussi extrême dans la journée que dans la nuit, ou si elle considérait Dreamland comme un jeu. Au fil de mes pérégrinations, j'avais compris que certains Voyageurs tuaient ceux qui les énervaient car ils considéraient que tuer quelqu'un n'était pas aussi grave que dans la vie réelle ; plutôt que tuer, ils disaient punir. Ils punissaient les gens en les faisant dégager de Dreamland. C'était un point de vue. Que je ne partageais absolument pas. Et après, la Voyageuse enchaîna sur une petite plaisanterie bienvenue que je récompensais d'un gloussement. Je me tournai vers Simon qui approchait :


« Simon ! Tu peux me me prendre une vodka pomme, s'il te plaît. Et un verre de jus d'orange.
_ Bon dieu, je vais devoir vous installer un rail, ça sera plus simple. Si le pourboire est à la hauteur des ventes totales de verre, je pourrais m'acheter une Lamborghini. »


Il repartit aussi sec vers la cuisine, certainement pour aller chercher des verres propres. Jusqu'à ce que la blonde se lança dans une terrible logorrhée pour m'avouer qu'elle ne savait pas quoi faire. Tuer ou laisser tuer ? Oh bordel, c'était un sujet aussi compliqué que « Liberté ou égalité », « Bonheur ou Vérité ». Je n'avais jamais voulu y réfléchir car tout dépendait de la situation. On ne pouvait pas choisir entre les deux notions, mais seulement pencher vers l'une ou l'autre selon l'environnement présent. Heureusement, ma commande allait pouvoir l'aider. J'avais voulu l'utiliser pour lui expliquer mon point de vue à moi, mais je n'allais pas être hors-sujet si je répondais à sa question. Il fallait juste que j'attende que Simon veuille bien nous servir. Bon, j'allais un peu commencer. La réponse n'était pas simple, je ne la satisferais pas avec un Oui, Non, Peut-être. Bon, j'allais lui dire clairement ce que je pensais avant de m'expliquer :

« Bah... Comment te dire... Tout dépend de la situation initiale, c'est dur de savoir si à chaque fois, tu avais le choix à faire entre tuer ou être tué. Je conçois parfaitement que tu ais choisi la mort de Dimitri plutôt que celle de Vlad. Et je conçois aussi que tu ais des remords à cause de cette affaire. Mais je ne peux pas répondre à ta question car la vie n'est pas aussi facile que ça. Je veux dire, on peut pas la visualiser aussi simplement, ce n'est jamais clair quand on est sur place, et c'est pareil quand on a du recul. Le dilemme, ce n'est pas : Vlad ou Dimitri ? Le dilemme, c'est de le comprendre. Tout ça pour dire que la vie n'est pas obligée d'être constituée seulement de réponses simples. Il n'y a pas une bonne et une mauvaise réponse. Il y a juste deux choix qui entraînent des conséquences positives et négatives. Tu as choisi celle qui t'apportait le plus de bonheur et le moins de malheur et c'est normal. Tu te serais sentie bien plus coupable si tu avais pris l'autre option. Ensuite, est-ce que tu es triste parce que tu as tué quelqu'un, ou bien parce que tu t'es rendu compte qu'il pouvait y avoir une troisième solution que certains sentiments t'ont caché ? Par exemple, Dimitri ne devait pas avoir quelque chose contre vous et il faisait partie d'une guilde pacifique. Peut-être que le combat se serait terminé sans aucun mort si tu avais décidé d'abandonner. Ce n'est qu'un exemple, hein ! Je ne sais pas du tout ce qui s'est passé là-bas. Peut-être que tu te sens coupable d'avoir fait ce choix aussi tard alors que tu aurais pu le prendre plus tôt, te permettant d'avoir accès à plus d'options. Mais tu ne l'as pas fait pour x raisons. »

Les x raisons, ça pouvait être que Dimitri était fou, ou bien que Lithium était trop impérieuse pour s'incliner face à qui que ce soit. Je ne le savais pas. Et quand on ne savait pas, on avait deux options : soit on se taisait, soit on soupesait toutes les possibilités comme j'avais fait. Je ne le pris pas en pitié parce qu'elle n'était pas femme à faire subir aux autres ce genre de sentiments. Mais j'étais dans un état similaire. Je devais être un peu triste pour elle qui devait combattre son elle obscure (tandis que certains crétins à lunettes de soleil s'amusaient à l'encourager). Je poussai un soupir à la fin de ma phrase, et remerciai Simon qui m'apporta deux verres : un alcoolisé et l'autre contenant du jus de fruits. Bien, je pouvais enchaîner maintenant. Je laissai dix secondes de pause pour essayer de faire comprendre à Lith ce que je pensais. Je repris mes explications comme pour une conclusion :

« Et puis, tuer, c'est mal. C'est un acte ignoble. Avant, je ne savais pas vraiment si j'étais pour la peine de mort ou pas. Évidemment, je devrais être contre mais j'avais peur de penser autre chose si un de mes proches était la victime d'un psychopathe. Donc j'hésitais pour ne pas jouer l'hypocrite. Jusqu'à ce qu'un jour, un de mes potes absolument contre cette pratique m'avait dit l'argument le plus simple au monde, mais qui m'a retourné l'esprit. Dès qu'il me dit cet argument, je mis longtemps à la retourner dans ma tête avant de l'accepter et de me considérer comme un fervent adversaire de cette pratique. Elle peut te paraître stupide, floue, simpliste, je ne sais pas. C'est ce que je pensais aussi mais j'ai fini par dire que c'était effectivement un bon argument. Le voici : le fait est qu'on ne doit tuer personne. Personne. C'est tout. Même si ce type est le pire connard de l'univers, on ne pratiquera pas la peine de mort, car on ne tue personne. Ce n'est pas une utopie, c'est une façon de penser. Je ne suis pas né pour tuer quelqu'un, comme tout le monde. Donc je ne tuerai personne. Et si je devais un moment tuer quelqu'un à cause de mes sentiments, je ferais en sorte de ne pas m'y attarder car entre les différentes options qu'on me proposait, c'était la moins pire. Comme toi et Vlad. En gros, il n'y a personne qui mérite de mourir, mais seulement des gens qui pensent que d'autres gens méritent de mourir.

De plus, est-ce que tuer quelqu'un à Dreamland est aussi grave que de tuer quelqu'un sur le monde réel ? La majorité disent non et se permettent ainsi de tuer. La petite minorité affirme que oui, car on tue une partie de la personne, on lui fait oublier ses nuits, on la vire d'un monde. Moi, je pense qu'il n'y a pas de débats à faire et pas d'arguments à proposer : tuer quelqu'un sur Dreamland est aussi mauvais que de le tuer la journée. Voilà pourquoi je t'ai apporté ces deux verres. »
Je lui montrai le verre de vodka ainsi que le verre de jus de fruit et je les avançai vers elle. 
« Partons du principe que la vie de Dreamland a moins de valeur que celle sur le monde réel, tout comme nous préférons tous deux le verre de vodka à ce verre de jus de fruits bien trop sucré. Est-ce que tu penses franchement que me voler le verre de jus d'orange serait moins grave que de me voler le verre de vodka ? » Je présentai les deux verres dès que je les citai, pointant Lith d'un regard perçant. Je lui laissais un temps de réflexion, très curieux de savoir ce qu'elle sortirait comme réponse qui pouvait changer du tout au tout selon le point de vue de l'auditoire. Et je pourrais en savoir plus sur elle si elle choisissait une autre réponse que celle que je prévoyais. Je repris :
 « Tout ça pour te dire qu'il ne faut pas réfléchir selon les conséquences de notre acte, mais dans l'acte en lui-même. Il ne faut pas savoir ce qu'on inflige à l'autre, mais ce qu'on s'inflige à nous. Ne pas penser que je peux le tuer parce qu'il n'est pas vraiment mort vu qu'il se réveillera, mais se dire qu'on est autant ignoble d'assassiner quelqu'un ici que là-bas. C'est notre morale qu'on doit préserver, pas celle du monde. Être dans Dreamland et tuer du Voyageur en pensant qu'il a une autre vie de toutes manières, c'est juste une excuse pour profiter de cette occasion parce qu'on a un pouvoir. Tuer, c'est tuer. Où qu'on soit. »

Oulà, j'avais pris l'air sévère sans m'en rendre compte. Je pris les dernières gorgées de bière que mon verre avait à me proposer, essayant par mon silence de faire baisser la tension que j'avais monté tout seul. J'avais réussi à dire mon opinion en entier, j'en étais plutôt fier. Et j'étais impatient de savoir ce que Lith serait capable de répondre afin de mieux pouvoir... l'aider ? Ou bien m'aider.
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MessageSujet: Re: Le hasard de l'IRL fait bien les choses Le hasard de l'IRL fait bien les choses EmptyVen 24 Juin 2011 - 15:54
Prise de conscience.






La plaisanterie du barman était la bienvenue.
Il était vrai qu'ils ne cessaient de s'enfiler les boissons.
En y pensant, c'était presque à la limite de l'intolérable tant ils buvaient.
L'un deux allait finir par s'écrouler ou quoi que ce soit d'autre si le rythme se maintenait.
Mais bon, aucun ne semblait souhaité s'arrêter en si bon chemin. L'appel de l'alcool est toujours plus fort que la simple raison de l'être humain. Sa volonté est trop faible pour une liqueur pareille. D'ailleurs, Lithium notifia que son compagnon de comptoir changeait de cap pour une bonne vieille vodka. Mais avec de la pomme. Ce mélange n'était pas réellement du goût de la jeune femme. Elle préférait cet alcool à l'état pur, à la manière brute. L'original plus communément dit. Toutefois, il demanda également un verre de jus d'orange.

Elle s'étonna.
Mais.. pourquoi prenait-il un jus de fruits ?
On n'accompagne pas un alcool fort déjà mélangé, avec des fruits !
Cela équivalait presque à un sacrilège aux yeux de la pauvre Lithium.
Elle le regarda, ses yeux pleinement écarquillés de surprise et de tristesse.
Le dernier sentiment était pour l'injure faite à cette pauvre Vodka qui n'avait rien demandé.
Pauvre et misérable Vodka..

Alors qu'elle s'attristait au sujet de la boisson, Ed lui répondit quand à ses questions.
Le simple début de sa phrase suffisait à lui faire peur. Il était hésitant, ne savant pas réellement par où et par quoi commencer pour l'a satisfaire sans la blesser. Il était vrai que son cas était compliqué à considérer. Savoir si tuer était mal n'était pas la question, le vif du sujet était encore plus profond et délicat à comprendre. Comme il le disait, son dilemme n'avait pas été de choisir entre son compagnon et leur adversaire commun, le problème avait été de comprendre ce même problème. Elle aurait pu éviter de le tuer et lui laisser la vie sauve. Et pourtant, au lieu de ça, elle avait cédé sans vraiment réfléchir à la pulsion la plus présente à ce moment précis du combat. Effectivement, la vie n'est qu'un long parcours semé d'obstacles plus tordus et malsains les uns comme les autres. C'était peut-être pour cela que Lithium ne supportait pas le monde réel. Nous étions sans cesse confronté à des murs qui ne pouvaient s'empêcher de s'élever toujours plus haut. Si nous voulions en escalader ne serait-ce qu'un seul d'entre eux, un détail allait faire en sorte que nous nous écrasions ou restions coincé à la même place. Un lumbago par exemple, ou le coulage pas sec.

Sur ce point-là, elle ne pouvait qu’acquiescer en signe d'accord mutuel.
Rien n'est bon ou mauvais, chacun à ses propres conséquences plus ou moins emmerdantes pour la personne concernée ou pour l'entourage, voire les deux. Rien n'est simple et jamais quelque chose ne pourra l'être. Le principe même de vivre est en soi un fait plus ou moins négatif autant que positif. Par notre présence désirée ou non, nous détruisons comme nous aidons ce qui nous entoure. Sans nous, certaines espèces vivraient en paix et procréeraient sans encombre. Mais sans nous, certaines espèces disparaitraient également si nous ne les protégions pas. Rien n'est laissé au hasard et rien n'est fait en parfaite connaissance de cause. Il y a toujours un point qui reste inconnu et qui nous empêche de tout prévoir. D'où la nécessité de faire un choix. Ici, elle a fait celui de tuer Dimitri pour être sûr que Vlad soit en sécurité. Mais elle aurait autant bien pu le laisser vivre et juste lui faire peur d'une menace constante au-dessus de son crâne.

Effectivement, il avait existé une troisième solution.
Et elle pesait le "il avait existé", puisque c'était passé.
La même solution qu'elle avait décidé d'ignorer par pure folie meurtrière.
Par simple égoïsme et protection excessive, elle l'avait achevé sans même penser.
Cette autre alternative avait été balayée d'un revers de main, aucune analyse n'en avait été faite, pas la moindre. Et ce n'était qu'après coup que son procès avait lieu. Ce sentiment qui l'avait envahie avait été la rage. Mais étrangement, un tout autre s'y était mêlé. La sensation qui lui avait rongé les entrailles à l'instant même où elle avait aperçue Dimitri au dessus de Vlad avait été.. la peur. Oui, simplement la peur. Cette même peur de perdre de nouveau quelqu'un, perdre l'unique personne à ses côtés qui l'a comprenait et l'a soutenait face à la guerre intérieure qu'elle menait. Cela s'était déjà produit une fois. La seconde aurait été de trop et l'aurait tout bonnement détruite.

L'éventualité qu'elle aurait pu abandonné l'outra.
Déclarer forfait ? Face à une personne prêt à les tuer ?
Jamais ! Au grand jamais cela ne se produirait sous son gré.
Sa fierté et l'orgueil qui l'habitait était tel que ce n'était pas pour rien que son signe astrologique se trouvait être le scorpion, le tout ascendant lion. Bien entendu, elle était consciente que ce n'était qu'un hasard, mais elle aimait s'en servir face aux accros des étoiles. D'après certaines personnes, son signe principal l'a décrivait comme un être fait pour la lutte et les initiatives, mais également prêt à tout pour conquérir ses objectifs, comme éliminer implacablement les obstacles se dressant sur son chemin. En général, les astres disaient de ce signe que le natif était passionné et n'aimait jamais à demi-mesure mais de toutes ses forces, du plus profond de son être. Ses attachements sont puissants et déterminés par une attirance troublante et instinctive. Les femmes de ce signe sont généralement dotées d'un magnétisme aussi hypnotique qu'envoutant. Néanmoins, les scorpions sont capables de tout détruire pour ensuite tout rebâtir. Malgré leur apparence glaciale, leur nature ardente, soupçonneuse et agressive, ils cachaient une immense sensibilité, capable d'aimer d'une sincérité profonde.

Lithium n'avait jamais cru ces sottises, pourtant, le jour où elle avait par malheur précisé son décan qui se trouvait être le second, ce qui en était sorti l'avait perturbé. Les natifs du second décan étaient pourvus de deux natures particulièrement distinctes l'une de l'autre. L'une était timide et réservé alors que l'autre se trouvait être fier, sensuel et tendre avec les gens de son entourage. Seulement avec eux. Ces seules suppositions avaient suffit à lui donner des frissons d'horreur. Comment est-ce qu'un simple signe pouvait décrire une personne dans son intégralité ? Cela ne pouvait pas être valable avec toutes les personnes natifs sous ces astres, ce n'était pas possible. Du moins, elle ne voulait pas le croire.

Il était bien sûr évident que tuer c'était mal.
Et pourtant, c'était un fait qu'elle avait encore du mal à placer.
Aucune catégorie à sa connaissance n'était en mesure d'accueillir cet acte.
Ed était contre la pratique de la peine de mort. Oui, logique comme à peu près tout le monde.
Mais ce qu'elle faisait équivalait à cette pratique si ignoble de par sa nature inhumaine et cruelle.
Personne n'est en mesure de choisir qui doit mourir et qui doit vivre. Ne tuer personne. Simple comme bonjour et pourtant à si longue portée pour elle. Il ne fallait plus qu'elle tue de gens, même les criminels les plus effroyables. Pourquoi ? Étrangement, elle n'arrivait pas à comprendre ce simple argument. Pourquoi ne pas faire subir à ces assassins, ce qu'ils font eux-mêmes subir à leurs victimes ? Oui, cette façon de penser paraissait effroyable mais elle voyait la chose comme ça. Pourquoi eux ils posséderaient le droit de faire le mal et ils s'en sortiraient sans même être punis ? Car oui, la prison n'est pas une punition suffisante pour faire comprendre à ces monstres ce qu'ils avaient fait. En se comportant comme eux et en leur faisant endurer leurs propres immondices, elle s'appliquait ainsi à les torturer et à les questionner sur leurs actes. Les remords ne suffisent pas dans ce genre de situation.

Si elle suivait la façon de penser de Ed, elle faisait partie de ces gens qui pensaient que d'autres gens méritaient de mourir. Effectivement c'est ce qu'elle pensait. Elle savait qu'elle ne le devait pas et pourtant elle le pensait du plus profond de son être. Si ils ne devaient pas mourir, ils devaient au moins supporter les souffrances qu'ils avaient eux-mêmes infligés. Telle était son opinion. Une injustice ne doit jamais resté impunie, c'était un fait qu'elle ne pouvait accepter et qui l'a mettait hors d'elle.

Mais le point suivant qu'il aborda fut nettement plus problématique.
C'était exactement ce sur quoi elle avait du mal à trouver une quelconque vérité.
Tuer un voyageur à Dreamland équivalait-il à le rayer entièrement du le monde réel ?
D'après ce qu'elle avait appris, ce n'était point le cas. Si il mourrait ici, il restait en vie dans sa vie originelle. Encore heureux pensait-elle. Sinon, elle se serait immédiatement calmé. Mais logiquement, un rêve reste un rêve. Si nous mourrons ou sautons d'une falaise dans celui-ci, ce n'est pas pour autant que cela va se produire dans le vrai monde. C'est le principe de l'immatériel et du psychisme. Pourtant, ce n'était pas pour cette règle bien connue qu'elle se permettait de tuer comme il disait. Non, c'était simplement qu'en ces terres, sa seconde nature prenait le dessus sur la première. Et dans ces cas là, elle ne contrôlait plus rien. Elle se laissait tout bonnement allé et que lui importait les conséquences de ses actes. Mais la chose restait la même. Elle tuait. Et ça, c'était mal.

Les verres qu'il avait commandé arrivèrent.
D'après ce qu'il lui dit après réception, c'était pour elle.
De quoi ? Pourquoi avoir pris deux boissons totalement opposées et incompatibles ?
Il les avança doucement vers elle, prenant garde à ne absolument rien renverser du contenu.
La jeune fille l'observa les yeux écarquillés de surprise et de curiosité. Dans ce genre de situation, elle comprenait plus facilement. Elle comprenait plus rapidement si elle avait quelque chose de matériel sous ses yeux, ou simplement un schéma. Ces verres pouvaient être considéré comme un schéma, ou plutôt une expérience en direct. Grâce à cette initiative de la part de Ed, elle s'intéressa davantage à la situation. Captivée, elle déposa son verre sur le côté sans même le regarder, ramena une mèche de cheveux derrière son oreille gauche et fit des allers-retours avec ses yeux entre les boissons et Ed.




"Partons du principe que la vie de Dreamland a moins de valeur que celle sur le monde réel, tout comme nous préférons tous deux le verre de vodka à ce verre de jus de fruits bien trop sucré. Est-ce que tu penses franchement que me voler le verre de jus d'orange serait moins grave que de me voler le verre de vodka ?"



Elle releva les yeux pour affronter le regard de son voisin.
Son expression se fit nettement plus dure à l'égard de la jeune femme.
Elle ne broncha pas. Elle comprenait où il souhaitait en venir à l'aide de cet exemple.
Elle répondit ce qu'elle pensait à ce propos.




"Non.
Qu'importe l'objet dérobé, cela reste du vol.
Il en est de même pour la mort."
, dit-elle en le regardant.

"Mais il n'empêche que cette vodka est sacrément appétissante, et que je te la piquerais bien si mon honnêteté ne me l'empêchait pas de le faire."
, blagua t-elle, consciente que cela pouvait être de mauvais goût.



Mais elle n'en fit rien.
Sa Caipirinha était meilleure.
Et de plus, ce n'était qu'une blague.
Effectivement, c'était l'acte en lui-même qui était important.
Tuer était mal parce que justement on tuait, il en était de même du vol.
Les conséquences ne sont que le retour des choses, la monnaie de notre pièce.
Son discours sur la morale l'a toucha particulièrement. En effet, elle avait peur de ça.
En se comportant de la sorte, elle perdait toute morale et humanité. Sauf qu'à chaque fois qu'elle portait la main sur quelqu'un, elle se procurait un plaisir monstrueux. Et savoir qu'elle devrait probablement y renoncer pour vivre en tant qu'être sage doté d'intelligence, l'attristait plus que tout au monde. Mais Dreamland était un univers comme un autre où des gens vivaient comme toute population normale. Aucune différence notable entre les deux espaces ne pouvaient être affirmée. Ce garçon pourrait être philosophe. Bon, à sa manière et s'exprimant son vocabulaire, mais il savait trouvé les bons mots pour faire mouche. Elle ne savait quoi dire car elle était parfaitement au courant du fait que cela allait à l'encontre de son opinion. Elle se contenta donc de s'exprimer.





"Tu as sans doute raison.", murmura t-elle, le regard dans le vague, un léger sourire sur les lèvres.
Spoiler:
"Je suis consciente de toutes ces choses, et pourtant..
Je n'y arrive pas."




Elle avait dit ces mots avec difficulté.
Se savoir aussi vulnérable lui était insupportable.
Sa gorge s'était serrée avec force, et déglutir lui était douloureux.
Il suffisait de lui faire prendre conscience de ce qu'elle faisait dans sa vie de tous les jours comme à Dreamland, pour que les souvenirs de ses victimes comme de son entourage, témoin de ses actes, remontent. Posant ses coudes sur le bar, elle plaça son visage entre ses mains. Elle ne pleurait pas, elle réfléchissait. Pleurer n'était pas monnaie courante chez elle. Si des larmes venaient à couler sur ses joues, cela signifiait qu'un évènement terrible ou un souvenir trop douloureux se présentait à elle. Ce qui, jusqu'à ce jour n'avait pas eu lieu d'être, hormis quand elle avait raconté à Vlad cette fameuse journée où tout avait basculé. Puisqu'ils en étaient à débattre sur tuer ou ne pas tuer, autant lui dire comment elle fonctionnait. Elle passa sa main dans ses cheveux et s'adressa de nouveau à lui.




"Je sais pertinemment que tuer c'est mal.
C'est pour ça que j'essaie de me contrôler.
Tu vas sûrement me prendre pour une fille complètement givrée, qu'il faudrait mieux pour la sécurité de tous, enfermé, mais au moins tu comprendras le problème avec moi. Concrètement, dans notre monde, celui où nous nous trouvons actuellement, je ne tue pas. J'ai failli plusieurs fois car je perdais tout simplement les pédales, mais je n'ai encore jamais commis d'acte impardonnable à ce jour. Toutefois, je me permet de participer à des batailles de rues ou à faire la loi moi-même. Si je suis agressé, je fais en sorte que ce soit l'agresseur qui endosse mon rôle de victime. Ce qui devait être pour la racaille une soirée fructueuse devient une nuit de honte. Vaincre des adversaires véreux est pour moi un plaisir que je ne sais me procurer autrement. Mon poing fracassant des os, le sang chaud et tout ce qui va avec, me laisse totalement coite. Je.. Je trouve ça purement malsain mais je ne peux m'empêcher de commettre ce que je fais. A cause d'elle, je me retrouve presque au sein d'une flaque de sang. En vain j'essaye d'annihiler mes pulsions. Je deviens une toute autre personne. Et ça, ça me fait peur. Je ne peux pas être schizophrène puisque je me souviens de tout, je gagne seulement en volonté et en assurance. Les remords ne viennent qu'ensuite. Et encore, parfois je me surprends à n'en avoir aucun à cause de ce que le criminel en question a commit. Dernièrement, j'ai rencontré une difficulté à tuer un voyageur killer nommé Edouard. Le même qui m'a incité à savoir ce qu'était le DreamMag.."
, dit-elle piteusement.

"Je crois que ce qui me fait le plus mal est le regard des autres.
Celui de mes proches. Quand je m'apprêtais à tuer Dimitri, Vlad a voulu m'en empêcher.
Je lui ai moi-même imposé de ne pas s'opposer à moi par un simple regard. J'ai également émis un sifflement perçant pour l'arrêter. J'ai pu apercevoir mon reflet dans ses yeux. Malgré le sentiment qui m'avait tordu le ventre, j'ai préféré ignorer ce que j'avais entrevu dans son regard. J'avais l'impression de m'être transformé en monstre.. Une affreuse créature avide de vengeance."
, elle marqua une pause. La remémoration de ces souvenirs l'a mettait mal à l'aise.

"Ce qu'il me faudrait pour m'empêcher de commettre ce genre de choses, ce serait une personne de ma connaissance, n'importe qui suffisamment proche, qui se chargerait de m'arrêter, qu'importe les signaux que je lui envoie. Il faudrait qu'il passe outre sa peur de mon agressivité animale. Même si pour moi il deviendrait un obstacle, il devra me calmer. Je désespère que quelqu'un le fasse à chaque fois que mes nerfs lâchent. Mais tous me laisse continuer. Je m'enfonce chaque jour un peu plus dans ma noirceur. Mes pieds sont au bord d'un précipice sans fond, prêts à glisser dans l'abîme qui s'offre à eux. En quelques mots, Je suis comme une gamine qui aurait besoin d'une gouvernante. J'ai besoin d'être surveillée. Constamment.", elle but une gorgée de sa boisson.

"Je ne sais pas quoi faire.
J'aime ce que je fais autant que j'en ai des nausées.
Aucune solution ne m'est apparue pour me débarrasser de ce plaisir morbide que je tire de mes actes."




Elle détourna la tête un instant puis la ramena vers son verre.
Doucement, elle posa celui-ci de nouveau sur le bar et prit appui sur sa main droite fermée.
Quelques phrases s'écoulèrent lentement, mais sans réelle conviction. Ces mots étaient comme adressés à la jeune fille elle-même.




"Tout ce que je voulais..
C'était être une enfant normale.
Par sa faute il a crée un monstre.
A présent, je suis une source à problèmes.
Et je m'en délecte.
Ce qui fait que je me hais."




Elle se mordit la lèvre inférieure, se forçant à contenir son amertume.



"Je suis pitoyable, non ?
Je suis rongée par les remords et tout ce que je trouve à faire, c'est continuer à foncer tête baissée dans le tas. Malgré mes efforts pour changer, rien n'y fait. Et je bois pour oublier. Si j'avais su que je deviendrais comme ça, je me serais faite ermite dans une grotte au fin fond de l'Himalaya. Mes seules amies auraient été les chauves-souris. A moins que je ne les ai mangées avant en y pensant en fait.."
, dit-elle en riant nerveusement.



Ce n'était pas drôle.
Mais rire de sa propre personne était habituel chez elle.
Elle s'était toujours moquée d'elle-même, de sa banalité et de sa médiocrité en tant qu'être humain.
De l'auto-dérision que cela s'appelait. Ouais. Décidément, elle aura vidé son sac aujourd'hui. Mais.. peut-être qu'il était en mesure de lui venir en aide ? Par ses paroles, il l'avait déjà libéré d'un poids. Il était sûrement le premier à lui avoir balancé en pleine poire ce qu'il pensait de ses actes. Ce genre de personne était exactement ce dont elle avait besoin. Ed faisait parti du groupe de ceux qu'elle appréciait d'avoir à ses côtés pour lui rappeler son insignifiance face au monde.






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MessageSujet: Re: Le hasard de l'IRL fait bien les choses Le hasard de l'IRL fait bien les choses EmptyLun 27 Juin 2011 - 18:38
Je sentis tout de suite la dérision dans le ton de la jeune fille. Ma main avait failli partir pour lui donner le verre de vodka (je m'étais attendu à ce qu'une blague vienne alléger le ton de la discussion) mais mon cerveau rattrapa de justesse le geste dès qu'il dénicha l'humour. Fiou... J'avais eu peur de me remplir le bide avec du jus d'orange en attendant que le prochain verre de bière n'arrive sur son plateau en plastique. Je lui haussai les sourcils amusé avant de prendre une gorgée de la vodka. Je commandai rapidement à Simon une réserve alcoolisée avant de le remercier d'un geste de main. La note allait être salée, surtout pour elle. J'avais maintenant pris cinq verres en tenant compte de celui que je venais commander et du jus de fruits innocent qui m'attendait près de ma main gauche. Par contre, Lithium ingurgitait tellement de verres que j'avais peur de devoir la ramener chez elle au mieux, devoir appeler une ambulance au pire. Bah, je réussirais à me débrouiller : j'étais le meilleur quand il s'agissait de se défiler d'une tâche encombrante. J'aurais aussi pu lui demander de ne pas détruire son foie aussi prématurément mais j'étais absorbé par ce qu'elle me disait. Si elle n'avait pas bu, jamais elle ne serait en train de m'expliquer le pourquoi du comment. Je pouvais ressentir l'émotion dans sa voix, une tristesse infinie. Se posait-elle autant de questions quand elle était sobre, ou était-ce son subconscient qui était en train de prendre les pleins pouvoirs et qui faisait rejaillir toutes les émotions comme si il les cristallisait dans des paroles ? Je ne voulais pas rompre cet artiste : il semblait avoir des choses à dire, et tout un cœur à nettoyer d'une couche de graisse. Lithium était ivre, elle se détestait, mais pourtant ses yeux ne lâchaient aucune larme. Tout ce que je comprenais, c'était qu'elle était très, très fière. Elle serait moins triste si elle pleurait plus souvent. Depuis quand les larmes permettaient-elles de nous sentir mieux, de nous revigorer émotionnellement ? Certainement parce qu'on extériorisait notre peine, et qu'il n'en fallait pas plus pour se calmer. Peut-être que Lithium extériorisait par la violence. Entre la faiblesse que sont les larmes et la force, elle avait opté pour la seconde option. Je n'étais pas fin psychologue, mais un psychiatre n'aurait rien décrit de plus censé. C'était le paradoxe du soiffard du Petit Prince : boire pour oublier qu'on boit. Frapper pour extérioriser qu'on frappe.

Moi, tout ce que je voyais, entendais, comprenais, c'était que la pauvre fille était en train de se perdre. Et qu'elle ne serait pas si démise si elle n'était pas aspirée par une spirale cruelle. De toutes façons, le cycle de violence s'était enclenchée. Elle aurait beaucoup trop de mal à se retenir les prochaines fois. Bon Dieu, l'ennemi de l'être humain était son intelligence qui le menait directement à une compréhension infinie de son environnement. Bon, je ne pensais pas ça sérieusement mais fallait avouer qu'il y avait des ratés avec l'échelle de morale. Je l'écoutai avec attention quand elle se mit à me livrer ses recherches sur sa propre introspection. Que pouvais-je en retenir ? Que cette fille n'était pas la première princesse venue. Elle se battait dans la rue, n'avait jamais commis de meurtres mais n'en était pas si loin (elle en parlait comme une punition inflexible, non pas comme l'arrêt de la vie d'autrui). Elle ne possédait pas un respect infaillible pour la vie humaine. Un connard était un connard et il devait payer œil pour œil, dent pour dent. Ahah, vieil argument comme le monde que je pouvais renvoyer dans ses filets de deux pichenettes différentes. Continuons à pénétrer tes pensées, Lithium. Puis elle me parla de SA corde sensible par excellence : quand elle violentait quelqu'un, elle prenait son pied. Merde, je savais que certaines personnes pouvaient agir comme ça, mais je n'avais cru que j'en verrais un sous l'enveloppe charnelle d'une jolie jeune fille avec des boucles d'or. Moi qui pensais que ce genre de comportement n'enfantait que des fous furieux qui finissaient directement en prison. Mais non, ils avaient de la retenue. Sur le monde réel, Lith réussissait à combattre cette partie d'elle pour éviter qu'elle n'en arrive au meurtre. Un point pour la gentille. Mais sur Dreamland, il semblerait que ça soit son côté obscur qui la domine et qui décide des actions à faire. Mais il n'y avait pas de schizophrénie, je l'avais déjà dit. C'était Lithium elle-même qui adorait faire couler le sang, et qui essayait de l'oublier quand il n'y en avait pas dans les parages. J'étais censé lui répondre quoi ? Je pouvais aisément lui sortir un discours sur la part obscur qui nous domine et qu'il fallait combattre, mais cette réponse soulignait avec justesse et sans le savoir le fait qu'il n'y avait pas de réponse plus concrète.

Je notai avec attention le « elle » que la fille employait pour désigner sa part d'obscurité, comme une autre entité. Je préférais penser qu'elle parlait de son envie meurtrière qui la prenait. Ce qui était intéressant, c'était que sa moralité lui faisait employer sa force seulement contre les brigands. Rien dans ses paroles ne laissait entendre qu'elle avait frappé ou tué des innocents. Je ne voulais pas faire mon hypocrite, mais je n'avais rien à lui reprocher dans le fond. Savoir que sur Dreamland, il existait des gens qui étaient prêts à aller loin pour faire régner la justice me soulageait d'un fardeau. Jacob et moi combattions les bandits et les arrêtions. Mais que je lise dans le DreamMag que quelques uns soient morts par la frappe d'un justicier, ça ne me désolait pas tant que ça. C'était comme les paroles que j'avais sorti à Lithium sur le fait de tuer ou pas tuer ; c'était bien beau mais laissez-moi mon panneau, une petite frappe en face, cinq secondes et un mauvais coup, ça me faisait une mort sur la conscience. Et j'avais peur de savoir ce que me dirait ma petite voix à l'intérieur de mon crâne : que je ne l'avais pas fait exprès et que je pouvais passer à autre chose. Je savais que j'avais dit à la Voyageuse de passer sur le meurtre de Dimitri, mais c'était très bien que ses sentiments négatifs convergeaient vers cet acte : ça lui rappelait qu'elle n'aurait pas dû faire ça. Si je commençais à ne pas m'en faire pour les cadavres que je laissais derrière moi, j'allais me mettre à remplir le cimetière de Dreamland avec un peu plus de conviction. Mais je ne pouvais pas me mettre à sa place tant que je n'avais pas fait l'expérience. On avait une relation psychiatre-patient, et pas de personnes dans une thérapie de groupe. Je n'avais pas toutes les informations générales et je m'en étais sorti en lui répondant par des cas généraux. Par contre, pour soigner l'individu en lui-même, il faudrait se montrer beaucoup plus subtil. Et Dieu sait que je n'aimais pas ce mot, et que celui-ci me le rendait bien.

Dans un soupir, Lithium me raconta la sensation qu'elle avait eu quand le regard de Vlad l'avait transpercé de son mécontentement, de sa surprise à son égard. Bien, le « Juge de Dreamland » avait été touché par le geste de son compagnon. Bon, déjà un point pour lui. Il avait tenté de l'arrêter mais n'avait pas réussi, frappé par la dureté de l'esprit de la jeune fille. Cela voulait dire qu'elle était si remplie de convictions et d'envie de tuer qu'elle pouvait totalement ignorer ses propres compagnons afin d'assassiner quelqu'un. Parfait, sa psyché semblait d'autant plus dangereuse. Mais toujours, Lithium se sentait... coupable. Comme honteuse d'avoir pris autant de plaisir à saccager la vie d'autrui. Bon dieu, il n'y avait aucune dualité dans son être. Elle aimait tuer et se retenait dans la vie de tous les jours. C'était une conclusion intéressante, mais effrayante. Heureusement, il y avait toujours une lueur d'espoir. Le seul argument que je pouvais lui répliquer pour l'aider à s'en sortir. Mais je préférais continuer à l'écouter pour ne pas la freiner dans sa lancée. Peut-être qu'elle se fermerait comme une huître si je lui coupais la parole. Je réfléchis ainsi sur sa demande : trouver quelqu'un qui lui permettrait de briser son élan destructeur en l'arrêtant assez tôt. Un nouveau choix s'offrirait à elle si elle avait un ami comme cela. Un Voyageur, évidemment. Elle me lançait une bouée de sauvetage. Elle avait cité plusieurs fois l'heureux gagnant du concours pour savoir qui irait la stopper avant qu'elle ne commette un autre acte impardonnable. Il fallait que je la rassure sur ce point au moins :


« Bah, je ne vois que Vlad lui-même. Le candidat parfait : vous êtes assez proches, il ne pense qu'à la justice, etc... Si tu lui demandes de t'arrêter dès qu'il sentira que le sang te fait perdre la tête, il devrait accepter. Peut-être même qu'il trouverait les mots justes pour que tu arrêtes définitivement de t'en prendre à quelqu'un. La pensée salutaire, si elle existe, qui te fera comprendre quelque chose. Pour moi, ce fut l'apprentissage du respect pour la vie humaine par la réflexion que je t'ai dite. Pour toi, peut-être que la phrase-clé est cachée quelque part. En tout cas, il y a bien plus de chances que ça soit un de tes proches qui réussissent à la trouver, à fortiori Vlad qui se sent concerné personnellement par ton problème. Tu dois lui dire que tu veux absolument qu'il t'arrête. Que l'enjeu est important. Quand on a les pieds dans le vide, il vaut mieux avoir quelqu'un derrière soi pour t'empêcher de tomber. Et je ne vois pas Vlad chuter dans ce précipice-ci, mais je le vois bien te rattraper avec toute la force du monde. Tu n'as pas besoin de gouvernante, tu as besoin de toi. Vlad ne doit être que la corde du dernier recours. Tu n'arriveras à rien si tu commets tes actes en pensant que ton ami t'arrêtera. Il faut traiter le mal par la racine. Désinfecter, et non bander. »

Comme à chaque fois que je terminais une réponse, je pris une gorgée de vodka. Je devais faire attention à ne pas trop en boire : Simon avait la désagréable manie de mettre bien plus de jus de fruits que d'alcool. Un môme de six ans pourrait engloutir le verre cul sec sans se rendre compte qu'il n'y avait pas que de la pomme (juste avant de devenir aveugle...). Pour l'aide de Lithium, je ne voyais en effet que Vlad. Parce que je ne connaissais que lui et qu'il prenait à cœur les problèmes du monde onirique ; il devait bien être capable de s'occuper de son amie. Je ne savais pas pourquoi, cette histoire me renvoyait directement aux films de zombie, ou les parents qui ont pété les plombs gardent leur gamin zombifié. Ça, c'était si Vlad ne s'occupait pas de Lithium, et si il n'arrivait pas à la chasser du monde alors qu'il se l'accordait pour les autres : Lith serait la zombie, et Vlad serait le parent qui se refusait à l'achever pour une raison hypocrite. Je tournais ma tête vers Lithium en essayant de savoir ce qu'elle donnerait zombifiée. Je pris une gorgée pour oublier son globe oculaire qui était en train de pendre près de son nez. Lithium continuait sa démarche de m'expliquer son problème en résumant la chose par une sorte de comptine que j'aurais presque trouvé musicale si elle n'avait pas été aussi morbide. Je lui faisais quoi, un discours sur l'acceptation de soi ? Histoire qu'elle tue sans avoir de remords ? La situation devenait compliquée. Y avait pas dix minutes, j'étais en train de me demander dans que bar j'allais me poser ; maintenant, je devais résoudre une énigme insoluble dans laquelle je n'avais pas tous les éléments. Il n'y avait qu'elle qui pouvait comprendre son calvaire ; je pouvais au mieux, essayer de l'appréhender. Mais jamais je ne pourrais trouver les mots parfaits sans l'aide du hasard. Elle était une somme de souvenirs que je ne pouvais pas comprendre. Peut-être qu'elle avait été traumatisée pendant son enfance ? Peut-être qu'elle était instable mentalement ? Peut-être qu'elle se foutait de moi ? Je ne savais rien. Je n'avais pas de jumeaux de minuit comme elle (ou alors, qui n'était pas aussi encombrant). Pour terminer, Lithium exprima le dégoût sur elle-même en essayant de lâcher une plaisanterie. Elle ne fut pas drôle. Pas dans cet état. Si je fis mine de sourire, c'était plus par l'habitude pour faire plaisir aux gens que par l'humour. C'était plus un signal de détresse enveloppé dans une blague Carambar. J'attendis cinq secondes dans lesquels je tournai ma tête vers ma vodka sans lui attribuer ne serait-ce qu'un regard. Un silence pouvait s'installer en une seconde. Je pouvais vous dire que cinq secondes après le rire jaune de la Voyageuse passèrent aussi longuement que si j'avais attendu une minute. Je pris trois gorgées avant de lâcher dans le vide, comme si je l'avais dit au cul de mon verre :

« Moi, ce que j'ai compris, c'est que si tu étais une tueuse assoiffée de sang et que tu adorais la violence, tu ne serais pas là à regretter tes actes passés. »

Je repris une gorgée avant de poser mon verre et de poser une regard inquisiteur sur la pauvre fille torturée par son for intérieur. Ma constatation était peut-être simple à penser et à dire, mais il fallait absolument que je lui dise. Que je note le paradoxe que tout le monde avait remarqué, mais avec une insistance nouvelle pour lui faire comprendre là où je voulais en venir. Que tuer lui faisait du mal, et que c'était une raison suffisante pour arrêter. Et tout ça sans parler d'autrui qui devait supporter son comportement de barge.

La question à laquelle je devais répondre pour sauver Lithium, c'était comment combattre le plaisir ? Qui était la principale source de motivation des êtres vivants, sinon pourquoi on adorerait effectuer des gestes vitaux comme manger, ou pourquoi la copulation qui était le principal but des êtres vivants était l'origine d'un plaisir suprême ? Comment je pouvais faire en sorte que Lithium arrête de tuer des gens, ou parvienne à lutter contre son for intérieur dès qu'elle serait devant le corps d'un ennemi qui ne demandait qu'à être achevé ? Moi, je ferais quoi à sa place ? Si un autre Ed me chuchotait que je devais absolument tuer mon adversaire, comment je devais réagir pour l'envoyer bouler au fin fond de mon esprit ? Je compris soudainement que la différence majeure entre elle et moi qui créait une incompréhension dès le départ était qu'elle était une tueuse. Et à quoi bon pouvait se rattacher une tueuse dans la moralité ? Je voulais dire, on pouvait encore faire basculer quelqu'un du côté lumineux de la Force tant qu'il n'avait pas encore commis de trop grosses bêtises. Mais il suffisait que Lithium se remémorait ces meurtres pour se dire qu'il était trop tard de la sortir de cette funeste situation. Je me demandais si je ne partais pas battu d'avance.

Bon, qu'est-ce que je serais capable de me dire si je voulais tuer quelqu'un, que je détestais par-dessus tout et qui venait de tuer toute ma famille ? Non, non, essayons de se mettre au niveau de la Voyageuse... Un Voyageur Killer, est-ce que je le défoncerais ? Que pourrais-je me dire pour me sortir d'une épineuse situation entre régler le problème maintenant, ou laisser les autres décider d'un sort moins grave à ma place ? Je compris rapidement qu'il n'y avait aucune règle générale que je pouvais interpeller pour me sortir de cette situation. Il y avait autant de problèmes que de Voyageurs différents... Bordel, ce n'était pas du tout facile de se mettre dans sa tête. Je ne savais pas du tout ce que c'était, cette folie meurtrière dont l'objectif n'était que la mort de l'autre. Moi, je ne croyais qu'en la victoire et la défaite. Et même contre des gars qui avaient voulu attenter à ma peau, je les avais foutu en taule en ignorant royalement la haine qu'ils ressentaient pour moi, et ce qu'ils auraient été capables de faire si j'avais été à la place du perdant. Peut-être que la solution était finalement de ne pas y réfléchir. Bon, j'allais essayer de commencer par le début :


« Okay, on va faire comme ça. Je t'ai dit que tuer, c'était tuer. Mais ne te fais pas trop de bile pour ce que tu as fait aux autres. Ils continuent de vivre tout de même dans le Monde Réel. Il faut que tu oublies les meurtres que tu as fait, car tu as toujours eu une bonne raison – tu as toujours eu une bonne raison, n'est-ce pas ? Peut-être que tu peux partir du principe que tu éviteras de tuer tes futurs ennemis et que tu trouveras systématiquement de nouvelles solutions.
Voilà, tuer sur Dreamland est totalement inutile. L'autre oubliera ce que tu lui as fait et tu pourrais même la rendre plus mauvaise la journée en l'irritant au niveau du subconscient. Tuer quelqu'un ne résout aucun problème, surtout quand les prisons de Dreamland sont aussi efficaces. Je peux te dire que tu dois oublier les minables prisons françaises. A Dreamland, y aura toujours de la place et les prisonniers seront tous mal traités. Tu peux être sûr que d'autres se chargeront à ta place de ce type. Tuer n'est aucunement une solution sur Dreamland : c'est lui enlever la mémoire et ainsi lui faire oublier les actes qu'il a commis et comment ils se sont mal déroulés. Tu sais, les pires geôliers du monde s'arrangent pour que leur victime ne meurt pas. Si elle perd la vie, elle échappe à toute souffrance. Oui, je sais, c'est stupide. Mais une personne ne paie rien en crevant une lame dans le bide. Elle se dira juste que c'est dommage, et elle oubliera et mènera tranquillement sa petite vie de cadre coincé et tortionnaire. C'est instantané à ce que je sache. Une centaine d'années en prison, c'est déjà beaucoup moins drôle qu'une punition éphémère. Laisse-les au moins récidiver avant d'augmenter la peine. »


Bon sang, c'était de la merde ce que je disais. Je ne m'étais même pas convaincu, alors une pauvre fille en détresse, oubliez de suite. J'essayais de lui expliquer que tuer ne servait à rien pour qu'elle calme sa fougue, mais je m'étais un peu emporté. En tout cas, j'avais évité de lui dire qu'arrêter de tuer lui ferait moins d'ennemis. C'était totalement faux, je le tirais de mes expériences personnelles... Bon, je n'avais aucune phrase choc à lui dire, sinon que je n'avais déjà dite (à savoir, que tuer l'attristait sur le long terme). Il était temps de l'aider. Si elle ne regrettait pas de découper la tête aux gens, je n'aurais pas lui dire grand chose et ça n'aurait pas été mes histoires jusqu'à ce que je décidai de m'y mêler en la combattant pour l'arrêter. Mais elle avait peur de ce qu'elle était capable de faire, peur de ne pas réussir à se retenir si la violence l'habitait. C'était la première fois que mon boulot de paladin à épée de bois me demandait de travailler lorsque j'étais dans le Monde Réel. Si je réussissais à lui faire entendre raison ou à faire douter son âme perdue dans une spirale infernale carmine, je pouvais me dire que Dreamland courrait un danger en moins... Enfin, si on pouvait considérer une tueuse de méchants comme méchante elle aussi. Si vous alliez jusqu'à tuer des gens, on avait de bonnes raisons de croire qu'il y avait quelque chose de personnel entre le vengeur et le criminalité. Même si dans le cas de la Voyageuse, c'était le mental qui était à revoir. Mais au bout du compte, ce n'était peut-être pas si incompatible. J'avais une piste, j'allais l'exploiter. Mais d'abord, je repris :

« Un moyen facile de se surpasser, c'est de se fixer un objectif. Par exemple, tu peux me dire que tu ne tueras personne pendant six mois (je parais cynique, mais j'espère que si tu réussis à tenir six mois, tu tiendras le reste du temps). Dis-toi que qui que ce soit, tu ne prendras pas la vie de quelqu'un (sauf par accident). Tente de le faire pendant six mois, essaie de te raccrocher à ce... simple exercice. Six mois, précisement. Si tu te donnes un objectif trop vague, tu peux être certaine de ne jamais le tenir. Tu n'as jamais entendu parler de ces gens qui peuvent faire plus de pompes ou d'abdominaux en se fixant un nombre à atteindre, et qui soudainement, s'effondre juste après dépassé ce chiffre ? Question de mental : dès que le quota a été franchi, tous les muscles lâchent. Le corps se module de différentes manières pour faire ce qu'on leur a demandé de faire, l'esprit se décourage moins vite. Idem, peut-être que tu as toi-même fait l'expérience. Essaye de suivre une personne à un cross, une personne plus balèze que toi. Étrangement, le corps va se surpasser pour suivre cette personne malgré la différence de niveau à la course. Peut-être que si tu te fixes un objectif, ton être tout entier, ton subconscient pourra t'aider.
Et peut-être qu'après ton « jeûne », tu te rendras compte que ne pas tuer est assez facile, tant qu'on a une tournure d'esprit qui nous interdit cette option. Souviens-toi qu'il y a des gens qui pensent à toi et qui veulent que tu arrêtes de tuer. Fais ça pour eux. Imagine leur joie si tu réussissais à changer de voie. Et surtout, ne t'attarde pas sur tes bavures ! Ça va te tuer si tu y mets trop d'importance. C'était le meilleur choix que tu pouvais faire sur le moment et personne au monde ne te blâmera d'avoir sauvé un ami alors que tu ne faisais que te défendre. Tu vois le fantôme de Dimitri ? Emmerde le fantôme de Dimitri. C'était un Voyageur de haut niveau, et il savait parfaitement les risques qu'il encourait sur Dreamland. Oublie-le. Je ne veux pas que tu tournes la page sur le fait que tu les as tué, mais apprends à vivre avec. Car tes décisions n'ont jamais fait souffrir autrui... Enfin, un autrui qui ne le méritait pas. »


Voilà, c'était déjà un peu mieux. Je ne savais pourquoi je faisais un lubrique parallèle : c'était exactement comme si je lui demandais de ne pas faire l'amour pendant une période indéterminée. Je fronçai les sourcils rien qu'à cette pensée et terminai par :

« De toutes façons, il y a une raison qui te pousse à tuer ? Enfin, une raison qui te pousse à éprouver de l'envie quand tu tues d'autres personnes ? Une expérience personnelle, une compréhension pessimiste ? »
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Lithium Elfensen
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MessageSujet: Re: Le hasard de l'IRL fait bien les choses Le hasard de l'IRL fait bien les choses EmptyMer 29 Juin 2011 - 17:36
Mutisme.






Lithium éclata de rire.
Un rire franc et sincère. Par ce simple relâchement, elle extériorisait sa personnalité originelle.
Une jeune fille joyeuse et chaleureuse, croquant la vie à pleines dents et communiquant sa gaieté à ses proches. Une image qui n'avait absolument aucun lien avec la nature qu'elle prônait à Dreamland où dans la rue. Elle riait franchement.




“J'ai clairement l'impression de me confier à mon psy !
C'est assez perturbant comme sensation.”
, dit-elle toujours en riant.

“Sauf que lui se contentait de me prescrire des anti-antidépresseurs.
Dégueulasses et zombifiants en passant. Comme si j'allais ingurgiter ces horreurs..
Je ne suis pas dépressive, et encore moins suicidaire.
Je suis tout simplement à la ramasse. C'est tout.”
, acheva t-elle en souriant.



Se confier à un parfait étranger était un soulagement apaisant.
Elle pouvait lui parler de n'importe quoi, sans aucune modération.
C'était l'avantage tactique d'une rencontre entre inconnus dans un bar.
Malgré tout ce qu'il pouvait s'imaginer sur elle, rien de tout cela lui importait.
Elle s'adressait à lui comme un patient à son médecin qui se voyaient depuis des années.
Sur le visage de son voisin de tabouret, toutes les expressions possibles défilaient à travers ses rides faciales. De la surprise à l'étonnement, du désaccord à la compréhension, de la compassion à l'indifférence. Avec cet homme à ses côtés, elle pourrait peindre une véritable flopée de visages tout aussi différents les uns que les autres.

Cependant, malgré le semblant de confiance qu'elle lui accordait, elle restait méfiante.
Sans lui demander réellement quoi que ce soit, il avait réussi à lui faire dire tout et n'importe quoi.
Bon, il fallait dire qu'elle était largement consentante. L'intégralité de ce qu'elle lui avouait était parfaitement connu de la demoiselle, et aucun de ces détails ne pourraient être détournés à son insu. Elle savait pertinemment ce qui suffirait à la faire fondre en larmes ou à la faire exploser de colère et de rage, et ce fait n'avait pas le moindre rapport avec ce qui s'était passé lors de sa jeunesse. Non, ce souvenir était aussi puéril et pitoyable que sa propre personne. Il pourrait lui faire boire absolument tout ce qu'il pourrait trouver dans l'arrière boutique, jamais elle ne consentirai à cracher ce morceau-là. Cette réminiscence était destinée à rester enfouie au plus profond de son cœur et ce, jusqu'à ce qu'elle en déciderait autrement. Et aujourd'hui n'était sûrement pas l'instant qui permettrait le retour à la surface de cette pensée. Cette dernière l'a faisait autant souffrir qu'elle ne l'a remplissait de bonheur. Se rappeler de toute cette période passée en sa compagnie était une époque qu'elle n'oublierait jamais.

Pourtant, elle préférait l'enfermer à double-tour.
Elle ne voulait pas que cela vienne perturber ce qu'elle vivait actuellement avec Vlad.
Elle redécouvrait ce que signifiait être aimée comme elle ne l'avait jamais espéré depuis bien longtemps, et pour rien au monde elle n'échangerait cette sensation de quiétude qu'elle ressentait à ses côtés. Sa rencontre avec lui avait été le résultat du plus grand des hasards. Et quel hasard ! En l'espace d'une soirée, elle s'était retrouvée à lui raconter l'évènement le plus traumatisant de sa vie entière jusqu'à finalement se retrouver dans ses bras. Normalement, Vlad n'était absolument pas son style d'homme, même pas du tout. Elle avait une large préférence pour les cheveux courts, bruns si possible, tout le contraire de son compagnon actuel. Non seulement il était doté d'une chevelure de couleur pomme, mais ils étaient longs ! Sans oublier qu'elle ne savait par quel miracle il possédait des yeux de couleurs différentes. Un détail qui l'avait touché étant donné qu'ils avaient un point commun à propos de leur étrangeté physique. Néanmoins, aucun des deux ne s'était moqué de la “malformation” de l'autre. Au contraire. Elle trouvait cela beaucoup plus attirant. De plus, cela donnait un couple assez original. Un homme aux cheveux verts se battant pour la justice aux yeux multicolores, assorti à une jeune fille blonde agressive aux oreilles d'elfes. Un portrait qui mériterait d'être aquarellé.

Alors même qu'elle pensait à son amoureux très compréhensif envers elle, Ed en fit clairement allusion.
Il le décrivait comme LA personne en mesure de lui faire entendre raison. Pas faux. Il en était capable mais il ne le faisait pas. Il fallait dire qu'elle ne lui avait jamais vraiment demandé. Il serait grand temps de lui en toucher mot. Tiens, son camarade ne semblait pas avoir saisi qu'ils étaient en couple tous deux. Les termes “assez proches” n'étaient pas suffisant pour décrire leur relation à ses yeux. Pas le moins du monde. En effet, ils avaient débuté leur histoire le soir même de leur première rencontre. Bon, concrètement on pourrait plutôt dire le lendemain étant donné l'état dans lequel ils se trouvaient mutuellement lors de cette soirée-là. La confiance s'était immédiatement installé entre eux, un courant puissant et étrange. Pourquoi cela s'était déroulé avec lui en particulier et pas avec un autre ? Aucune idée. C'était un sentiment qu'elle n'avait pu contrôlé et auquel elle avait déclaré forfait sans réellement se battre. La seule et unique fois où elle avait abandonné, si on considérait l'amour comme un terrain de guerre. Au début, elle n'était pas sûre que c'était bel et bien de l'amour, mais au fur et à mesure que les jours passaient, son affection et sa tendresse envers lui évoluaient. Elle ne pouvait nier ce qu'elle ressentait à présent.

Tout en ignorant la nature de leur relation, Ed visait néanmoins juste.
Vlad était effectivement sa corde de dernier recours comme il le disait si bien, sa bouée de sauvetage en cas de noyade prématurée. Mais ce qui lui causa un vif électrochoc fut une phrase cachée dans son discours; “Tu n'as pas besoin de gouvernante, tu as besoin de toi”. Que voulait-il dire par là ? Comment pourrait-elle avoir besoin d'elle-même si justement le problème en question venait d'elle ? Elle devait apprendre à s'en sortir toute seule, sans l'aide de personne. Vlad ne serait que la personne qui se chargerait de l'arrêter si elle n'y arrivait pas. En conclusion, elle ne devait se reposer sur personne d'autre qu'elle-même. Elle ne devait en aucun cas obliger son compagnon à supporter son fardeau. C'était le sien, elle devait se débrouiller pour l'alléger et non le refiler à quelqu'un d'autre. Toutefois, désinfecter la plaie ne suffirait pas à la soulager. Il fallait carrément arracher cette racine qui s'installait dans son corps tout entier, la détruire et la faire brûler pour se purger du poison qu'elle libérait.




“Dans ce cas-là, il faudrait mieux la déraciner.”, pensa t-elle à voix haute.



Elle remarqua que, en parallèle de sa consommation, Ed buvait aussi.
Certes, moins qu'elle, mais cela suffisait pour au moins donné un léger tournis.
À le voir boire cette Vodka, la jeune fille s'asséchait. Elle s'empressa donc d'achever le contenu de son verre, tout en prenant soin d'en laisser suffisamment pour une seule gorgée. Il fallait qu'elle se calme avec la boisson, sinon elle risquait de perdre quelque peu la tête. Mais la soif intarissable de Lithium l'a poussa néanmoins à demander un petit verre de Rhum. Ça ne tue pas une lampée de Rhum non ? Le barman ne put s'empêcher de lâcher un grognement de mécontentement à l'entente de sa nouvelle commande qui le poussait à se bouger de son coin si confortable. Alors qu'elle attendait patiemment son verre en pianotant de ses doigts tâchés d'aquarelle sèche sur la comptoir, elle put ouir une phrase placée dans le vent entre quelques gorgées.




“Moi, ce que j'ai compris, c'est que si tu étais une tueuse assoiffée de sang et que tu adorais la violence, tu ne serais pas là à regretter tes actes passés.”



Surprise, elle détourna sa tête pour se retrouver face au sien.
Ses yeux acier l'interrogeait d'eux-mêmes. Les siens restaient écarquillés.
Puis, son visage s'adoucit et récupéra son expression d'antan; une jeune fille douce et attentive.
Spoiler:
En effet, même si elle aimait la violence dans son plus bel accessoire, savoir qu'elle y prenait le plus grand des plaisir lui faisait du mal. Elle s'amusait à utiliser son agressivité et son animosité envers les criminels, tout en souffrant de ce que cela l'a poussait à faire. Elle était une contradiction en elle-même. Ces sentiments se battaient constamment entre eux, cherchant à s'imposer pour la contrôler. Finalement, les plus impétueux en sortaient vainqueurs. Et ce n'était pas la douceur et la compassion qui étaient en cause. Comment se débarrasser d'une douleur qui restait néanmoins appréciable ? Si on l'entendait penser, on dirait qu'elle était masochiste, alors que ce serait plutôt le contraire. Mais qu'importe, là n'était pas la question. Si elle suivait le raisonnement de Ed, elle n'était pas totalement une meurtrière menée par l'odeur du sang puisqu'elle en venait à éprouver des regrets de ses actes passées. Peut-être. Mais il restait quand même qu'elle ne cessait pas de commettre des assassinats. Certes, cela ne dérangeait personne étant donné qu'elle nettoyait Dreamland de ses criminels crapuleux, mais elle tuait quand même. Il ne fallait pas se leurrer en fin de compte.

Ce qui semblait étrange dans ses discours, c'est que lui aussi s'emmêlait dans ses hypothèses.
Une fois il disait qu'il fallait s'occuper de ces morts, une autre fois non. Il était logique tout de même qu'un meurtre restait un meurtre, même si la personne tuée possédait une seconde vie bien plus morne et monotone dans le monde réel. C'est comme si on massacrait un pauvre poussin et que l'on se disait que de toute façon, il reviendrait dans un nouvel œuf. Quoique l'exemple était mal choisi. Ce n'était pas du tout la même chose. Bref. Quand le garçon vint au fait qu'elle avait toujours une bonne raison, il appuya sur la phrase en la répétant pour s'en assurer. Pour le tranquilliser, elle affirma d'un hochement de la tête tout en l'accompagnant d'un haussement d'épaules signifiant clairement que c'était selon elle.

Ce qui était nettement plus intéressant dans le raisonnement du jeune homme était le fait que le tuer pour qu'il oublie ensuite ses crimes était d'une inutilité la plus absurde. Il n'avait pas tort sur ce point-là. Sauf qu'il aurait fallu la mettre au courant de l'existence de cette prison avant. Il y avait vraiment un bagne dans le monde onirique ? Si elle avait sû. Décidément, Dreamland était une terre bien surprenante. Elle n'avait pas encore fouillé ses moindres recoins, et il semblait qu'elle en avait seulement découvert qu'une infime partie. Le plus dur était à venir apparemment. Malgré les mots employés à la rassurer, elle n'était pas réellement convaincue. Les laisser récidiver avant de les achever ? Non, c'était une façon des plus lâches de faire l'autruche et de fermer les yeux sur ses premiers crimes. Si elle les tuait, c'était justement pour éviter qu'ils recommencent et les empêcher de faire du mal à des innocents de nouveau. Elle voulut rouspéter à ce sujet mais préféra se taire. Riposter sur ce sujet-là risquait de faire mal tourné la conversation, et ce n'était absolument pas ce qu'elle souhaitait. Prenant sur elle, elle continua à l'écouter attentivement, non sans conserver une certaine amertume sur le fait de laisser en vie un criminel simplement pour l'autoriser à tuer de nouveau, ou tout autre délit du même niveau, avant de l'éradiquer de la surface des rêves.

Même si dans l'ensemble elle comprenait où il voulait en venir, elle n'arrivait pas toujours à partager ses opinions. Certaines différaient totalement des siennes et malgré ses efforts pour le suivre dans sa démarche, elle gardait un recul palpable à son égard. Sa vision de la justice ne roulait pas du tout sur la même longueur d'onde que celle qu'il défendait. Si un homme tuait un autre homme, il méritait de mourir. Pourquoi ? Parce qu'il avait lui-même ôté la vie d'un autre sans que ce dernier l'ait souhaité. Payer de son existence la destruction de celui que l'on a achevé. Voilà ce qu'elle pensait. Un viol pouvait être placé dans le même panier puisque cet acte contribuait à détruire une personne qui, pour toute sa vie, conserverait cette marque éternelle qu'est celle de la honte, de la souffrance et de la cruauté de l'être humain. Mais son point de vue s'appliquait aussi à ses propres actes. Si elle se chargeait de faucher les âmes qui en avait fauché elles-mêmes, elle se mettait à dos des morts prématurées qui, un jour, demanderont justice, l'unique pour laquelle elle se battait à sa manière. Tout est trop compliqué pour être expliqué. Et c'est bien ça que Lithium reprochait au monde. Rien n'avait de réponse finale, tout n'était qu'hypothèse.

Ainsi, la suite de son discours n'était pas de son goût non plus.
S'empêcher de tuer pendant six mois et donc bloquer ses capacités ?
Dur à respecter. Bien entendu, ce laps de temps imposé n'était qu'un exemple.
Elle n'était pas obligé de le suivre. De toute façon, elle n'en serait pas capable.
La moitié d'une année était une durée bien trop longue pour la jeune fille. Comment faire donc ? Cette idée de se fixer un objectif à poursuivre n'était pas si stupide que ça. Le mental.. Se fier seulement à ses facultés psychiques. Oui, ça c'était possible. Sauf qu'elle s'en servait déjà de son esprit, c'était en partie grâce à lui qu'elle survivait à Dreamland. A chaque blessure, il se chargeait de la lui faire oublier durant tout le combat pour ne pas qu'elle soit gênée par la douleur qu'elle en tirait. Mais Ed ne parlait de pas de cette utilité du mental. Il voulait qu'elle se fixe un objectif bien précis qui lui permettrait de ne pas commettre de meurtres de sitôt, malgré les raisons, valables ou non. Son explication était justifiée. Tout est psychique est rien n'est physique. La douleur vient en partie du cerveau qui nous envoie des ondes stipulant que nous nous sommes blessé. Sans lui, il serait carrément certain que l'on ne se rende pas compte de la souffrance qui devrait nous tarauder.

Ce qui la poussa à vouloir le croire fut cette allusion à ses proches.
Rien de mieux pour la convaincre. Il avait sû trouver le détail qui l'aiderait à changer.
Cette visée extrêmement juste l'effraya quelque peu. Il commençait à trop en savoir sur elle et sur sa façon de fonctionner. Elle voulait lui faire confiance, mais un profond sentiment d'anxiété l'empêchait de s'ouvrir totalement. Pourtant, elle ria légèrement quand il lui dit d'emmerder le fantôme de Dimitri qui planait à ses côtés. Ça aussi elle savait faire. Son sourire amusé se transforma ensuite en un sourire calme et bienveillant. “Ses décisions n'avaient jamais fait souffrir autrui”. En effet. Tous l'avaient remercié, bien qu'elle ai tué des hommes. Par ses actes, elle s'appliquait à sauver d'autres personnes, et cela suffisait à la rendre heureuse et à l'apaiser.




“De toutes façons, il y a une raison qui te pousse à tuer ? Enfin, une raison qui te pousse à éprouver de l'envie quand tu tues d'autres personnes ? Une expérience personnelle, une compréhension pessimiste ?”



Lithium se braqua instantanément au fond d'elle-même.
Ses yeux s'écarquillèrent, ses pupilles rétrécirent, sa voix se perdit.
Une expérience personnelle qui la pousserait à commettre ce genre de choses ?
En quelques mots, Ed venait de la cloîtrer dans son corps. Ce souvenir était bien trop brûlant pour être jeté de nouveau sur la table. Elle avait fait cela une fois mais sous l'effet néfaste de l'alcool. Là, elle n'était pas suffisamment sous son emprise pour tout avouer une seconde fois. Enfin, une troisième fois. La première appartenait à une réminiscence du passé et la deuxième fut Vlad. La dernière n'aura pas lieu. Elle ne comptait pas lui avouer ce qui lui était arrivé alors qu'elle n'était qu'une pauvre gamine sans défense. Si il tenait tant que ça à le savoir, elle le contenterait par de simples détails tout en restant très évasif sur le sujet. Ce n'était pas un évènement qu'elle s'amusait à crier sur les toits. Tout en fixant avec attention le vide qui se profilait devant ses yeux, elle prit une gorgée de rhum.




“J'étais faible.
Il a fallu que l'on en profite.
Cela a suffit à me détruire.”




Elle acheva son verre cul sec et le reposa sèchement sur le comptoir.
Elle déglutit avec difficulté, et continua, la voix légèrement tremblante.




"Je n'ai pas envie d'en parler.
Je sais pertinemment que cela ne m'aidera pas.
Alors excuses-moi mais mes efforts pour changer ont une limite.
Je suis une sorte de fantôme cherchant inlassablement le repos.
Ne le prends pas mal mais, je ne te connais pas suffisamment pour t'exposer la raison de mes actes.
J'aimerai que tu le comprennes."




Elle lui jeta un regard plein de tristesse.
Se souvenir de cette époque où elle était si vulnérable lui compressait le cœur.
Une douleur si vive remontait à la surface lors de ces remémorations qu'elle ne pouvait pas se permettre de raconter les plus profonds détails de cette agression. Elle espérait qu'il ne lui en tienne pas rigueur. Même si elle en avait fait son deuil en quelque sorte, elle ne voulait pas dévoiler cette partie intime d'elle-même. C'était trop dur à supporter. Ce qu'il pourrait en penser était la dernière de ses préoccupations.





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MessageSujet: Re: Le hasard de l'IRL fait bien les choses Le hasard de l'IRL fait bien les choses EmptyJeu 30 Juin 2011 - 0:25
Elle avait l'impression de parler à son psy ? Oui, je savais, je venais de le penser tandis que je tentais une approche différente pour calmer sa situation de psychopathe assumée. Je ris avec elle (sérieusement, en tête-à-tête, un garçon rira toujours quand une fille rit), surtout quand elle avoua qu'elle était totalement à la ramasse. Bon, même si ça n'avait rien de drôle qu'une tueuse se dise à la ramasse. Ce n'était peut-être pas l'adjectif auquel aurait pensé feu Dimitri pour qualifier la furie qui l'avait égorgé. C'était fou de se dire que la personne en face de moi avait déjà assassiné quelqu'un. Même si les disciplines n'avaient rien à voir et que l'émotion restait différente, j'avais la même impression que si je parlais à un alpiniste qui avait gravi l'Everest, ou alors à un candidat pour les Jeux Olympiques. J'avais du mal à appeler ça du respect, mais je me disais que la personne en face de moi avait quelque chose que je n'avais pas, un attribut spécifique lié au caractère que je ne pourrais jamais avoir parce que j'étais un pantouflard de merde, un type qui gardait une ligne directrice au niveau du comportement pour ne pas attenter à sa précieuse petite vie. Même si je parlais du cadre du meurtre, Lithium avait une maturité que je ne détenais pas. Même si n'importe qui aurait pu qualifier ses meurtres d'infantiles ! Ça ne changeait rien, elle avait passé une étape certaine qui me faisait froid dans le dos. Je compensai par une gorgée de vodka qui laissa une belle trace d'alcool sur le palais.

Lithium était vraiment désespérée sur son propre cas. Pas étonnant qu'après le nombre de verres bus, elle me confia tout. Elle n'avait pas dû parler de ses angoisses à beaucoup de monde. Et quand on gardait ses sentiments trop longtemps enfermés sur soi, ils jaillissaient d'autant plus vite quand on ouvrait sa coquille. C'était fascinant que je sache autant de chose sur une personne que je venais de croiser pas dix minutes plus tôt. Il fallait croire qu'en-dehors de Dreamland, les Voyageurs se confiaient bien plus vite à leur compère qu'à des gens qui ne pourraient pas comprendre la moitié de ce qu'on leur racontait. Peut-être qu'il y avait une empathie entre les Voyageurs, car on se mettait tous à changer notre façon de penser pour s'adapter à un monde décalé et sans limites. Quand on vivait à Dreamland, notre imaginaire se mettait à carburer tout seul. Comme une couleur qui se baladerait sur un tableau. La pauvre... Déraciner son mal... Plus que de ce qu'elle était, elle devait avoir peur de ne jamais pouvoir se guérir. J'étais triste pour elle. Il y avait un parallèle facile entre sa situation et une camée qui tentait sans succès d'arrêter la consommation de sucre en poudre exotique. C'était l'envie, sans la volonté. De l'envie désespérée, mais qui n'arrivait pas à décoller parce que la dépendance était trop forte, parce qu'il y avait une force extérieure qui supplantait la notre. Bref, je préconisais de lutter de toutes ses forces, en retournant la volonté contre la dépendance. Et si ça ne marchait pas, et bien on appelait à la rescousse. Je me rendis compte à quel point j'étais inutile à lui exposer mes théories fumeuses sans pouvoir l'aider. Un coupon « Ne pas tuer pour le salut de votre âme » aurait aussi fait bien l'affaire. C'était Vlad qui avait intérêt à s'occuper de la pratique parce que j'avais bien peur de ne pouvoir surveiller une personne que je ne connaissais pas dix heures sur vingt-quatre pour voir si elle ne tuait personne.

Quelques phrases semblaient mériter son attention mais elle retombait vite dans le scepticisme et la boisson. C'était vraiment plus fort qu'elle. Je ne pouvais vraiment rien faire de moi-même à de stade-là. C'était décidé de toutes façons : il fallait absolument que je voie Vlad. Je n'étais pas sûr de l'apprécier vu ses méthodes expéditives qui auraient fait se suicider un avocat américain, et je n'étais pas sûr qu'il me porta dans son cœur (si il pensait comme les Seigneurs des Rêves, la poursuite de dangereux criminels ne justifiaient pas un massacre des biens publics aux alentours... Bande d'hypocrites). Mais pour avoir de grandes chances de remettre une personne dans un chemin un peu plus vertueux que le massacre, je pouvais bien me déplacer une nuit pour expliquer la situation à son compagnon. Si je ne le faisais pas, je devrais supporter l'existence d'une boule désapprobatrice dans l'estomac jusqu'à ce que cède. Alors quitte à le faire de toutes façons, autant se débarrasser de cette charge le plus rapidement possible pour éviter les regrets, et la fuite du temps.


« Déracine si tu veux, tu as compris ce que je voulais dire. »

Puis dès que je posai la question qui m'aurais permis de mieux saisir son comportement et le pourquoi de ses actes, elle se tut. Sèchement. J'aurais pu entendre sa coquille se refermer dans un sursaut rapide. Aïe, je tombais en plein terrain miné. Une ombre furtive passa sur le visage de la jeune fille tandis que je mordis intérieurement les règles pour ce que je venais de provoquer. En tout cas, je l'avais cherché celle-là. Je n'avais pas pu penser une seconde qu'il y eut une raison aussi néfaste sur son esprit. Ça aurait pu être un long apprentissage de la vie dans la rue, mais il s'avéra finalement que ça ressemblait plus à un tragique instant de sa vie. Et cette hypothèse fut directement confirmée par son soudain mutisme, son absence total de détails. Elle contourna avec aisance le sujet pour le laisser apercevoir un petit écriteau censé me donner un indice.

Elle était faible ? Et des gens en avaient profité ? Le mot viol faillit sortir de mes lèvres tandis que je regardais le fond de mon verre, gêné. Les sévices sexuels étaient les seuls dont on ne parlait jamais. C'était plutôt simple à deviner finalement. Bon, il y avait toujours l'hypothèse de la violence à l'extrême, de la torture psychologique, mais elles étaient moins sûres que la première de mes idées (à commencer parce qu'une jeune fille comme elle était la proie idéale pour les salopards qui avaient du mal à joindre les deux bouts à cause de leur consommation excessivement bizarre de sopalin). Un happy slapping peut-être ? Un abus de confiance mortel ? Je ne savais pas et j'avais bien compris que je devais éviter le sujet si je ne voulais directement entrer dans ses mauvaises grâces. Je n'étais pas Dieu pour me mêler des affaires des inconnues. Bon, il ne me restait qu'à vite sauter la conversation pour que la fille regagne son rire d'antan. Il valait mieux ça que de la laisser se noyer dans ses pensées. Lâchez un poisson rouge dans la boue, vous verrez comme il aimera. Elle finit par m'expliquer que je n'avais rien à voir avec ça, que ça ne me concernait pas, etc. Oui, j'avais compris, j'étais désolé. Et je sentis le glissement de mentalité. Elle m'avoua ses limites à changer, les difficultés qu'elle avait à accepter de ne pas tuer. Je soupirai quand je compris qu'elle n'allait pas changer de suite de comportement. Et merde, son autre partie d'elle-même était sacrément puissante et devait présenter des arguments imposants. J'avais même l'impression qu'elle abandonnait, qu'elle me demandait de la comprendre si elle ne voulait rien me dire. Et j'étais censé faire quoi ? Accepter qu'elle avait un passé si terrible qu'elle se donnait le droit de tuer des gens ? Cette histoire m'attristait, parce qu'elle me montrait les limites de ce que je pouvais faire. Je me couchai :


« Je suis sincèrement désolé, je savais pas que ça te dérangeait autant. Évidemment qu'il faut pas que t'en parles au premier inconnu du comptoir. »

Et je repris mon verre pour terminer le fond qui me restait. Mu par un automatisme surprenant et une adaptation qui ne l'était pas moins, Simon s'empara de mon verre et le remplaça par une 16. Bien joué Simon, exactement ce que je voulais. Il fallait toujours plusieurs verres de bière pour me mettre KO (enfin, comme n'importe qui de normalement constitué). Je pouvais suivre les divagations mentales de la fille sans trop me perdre dans des pensées aussi futiles que l'heure qu'il était ainsi que la couleur du drapeau du Zimbabwe. Mais maintenant, pour tenter de tirer Lithium de son gouffre sanglant, c'était terminé. Dans un débat, on pouvait toujours infléchir la position adverse, sauf sur les croyances profondes. Et on venait d'en arriver là. Chaque argument que je lui balancerais ne la ferait que mieux se retrancher dans ses positions. Bon, je n'avais pas eu de passé traumatisant. J'avais mon esprit qui fonctionnait bien, je ne pouvais rien lui dire. Manque crucial d'informations, et elle le savait. Ce pourquoi elle m'avait quasiment demandé entre les lignes d'arrêter de tenter de la convaincre. On ne pouvait abattre l'arbre qu'on ne voyait pas comme on ne pouvait combattre un argument qu'on ne connaissait pas (et en plus, sans paraître hypocrite). Je devais la laisser seule, et mes prochains arguments ne seraient que le fruit d'un cerveau qui n'avait pas goûté à une tristesse sans bornes. J'aurais pu lui demander si elle avait bien été victime d'un viol, mais j'avais un peu de retenue et je pouvais bien penser que celle-ci m'avait sauvé la vie. J'avais été assez incorrect comme cela, je n'allais pas enfoncer le bouchon assez loin pour qu'il me péta à la gueule. Mais je me donnais le droit de tirer une ultime salve. Je savais qu'elle ne toucherait jamais sa cible, je savais que je risquais à l'énerver (ou pire, à l'attrister une fois de plus comme j'avais si bien réussi à le faire depuis le début de la soirée) mais un baroud d'honneur avait cela de beau qu'il était désespéré :

« Tu sais, quoi que tu ais traversé qui t'a dégoûté des salopards, il faut quand même que tu saches que punir les tueurs par la mort est un concept horrible. Je dis pas qu'il ne mérite pas la mort, attention. Mais bon, tu as certainement entendu la réponse qu'un tueur qui tue un autre tueur ne vaut pas mieux que ce tueur ? Oui, tu dois connaître, on a déjà dû te le dire ou tu dois fortement le penser. C'est une réponse aussi vieille que le principe de « Œil pour œil, dent pour dent ». Non, je veux surtout te dire pourquoi je pense pas qu'infliger aux criminels les mêmes horreurs qu'ils ont fait subir à leur victime soit bien. En fait, ça part du principe dans une société que si personne ne fait rien, et bien il ne se passera rien (situation utopique, on sait bien que ça ne marche pas vraiment comme ça). Je veux surtout te faire pencher sur le fait que, selon ton raisonnement, si un homme en tue un autre, alors il devrait se faire buter ? Ça revient à donner l'échelle des normes et valeurs aux mains des criminels... Si la justice leur fait subir ce qu'ils ont fait subir, cela veut dire qu'on se calque sur eux pour prendre des décisions. Comment veux-tu qu'une vie en communauté s'installe si on part du principe qu'on doit imiter les pires de nos concitoyens constamment ? »

Je terminai avec une sorte de moue, en regardant devant moi comme si j'adressais plus ces paroles à moi qu'à Lithium. Mon argument était bien vu en théorie, mais seulement qu'en théorie. Les paroles étaient belles, mais les paroles s'envolent.
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