Haut
Bas
-40%
Le deal à ne pas rater :
-40% sur le Pack Gaming Mario PDP Manette filaire + Casque filaire ...
29.99 € 49.99 €
Voir le deal
Le Deal du moment :
Jeux, jouets et Lego : le deuxième à ...
Voir le deal

Partagez

MAMAAAN ! Chuis rentré ! [PV Shana et François s'il veut quand il veut]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
AuteurMessage
Ed Free
Surnom : Le Ed Free
Messages : 2785
Date d'inscription : 27/05/2010
Age du personnage : 34

Voyageur d'élite
Ed Free
Voyageur d'élite

Carte d'identité
Essence de Vie: 4095
Renommée: 7949
Honneur: 1289
MessageSujet: MAMAAAN ! Chuis rentré ! [PV Shana et François s'il veut quand il veut] MAMAAAN ! Chuis rentré ! [PV Shana et François s'il veut quand il veut] EmptyMer 15 Aoû 2012 - 18:32
Celui qui croyait que le Royaume des Deux Déesses était un havre de paix, il avait raison. D’un point de vue, il avait raison. Si certains Seigneurs Cauchemars grimaçaient quant au fait que des Voyageurs avaient leur propre Royaume, si certains Voyageurs jalousaient évidemment ce petit bout de territoire, aucun acteur extérieur n’allait faire exploser le Royaume car on avait autre chose à faire que de démontrer à ses voisins qu’on avait des penchants expansionnistes, et la revanche de différents groupes très pesants qui pourraient se venger par pure idéologie (des Voyageurs habitués à leur liberté se concentreraient pour une expédition punitive, par exemple) n’allait pas les convaincre à commencer un siège. Le Royaume n’avait pas à craindre d’attaques extérieures, ou en tout cas, il n’avait aucun ennemi déclaré à lui faire la guerre ouvertement. Par contre, le Royaume était loin d’être un havre de paix sitôt que vous cherchiez les potentiels agitateurs de la cité venus de l’intérieur. Il y avait des gens qu’on reconnaissant sans citer leur patronyme ; Fino était de ceux-là, même si cette révélation était contradictoirement inutile avec la première partie de ma phrase.

J’étais de retour du Royaume des Deux Déesses. On était à la mi-Août. Et ma seule envie, c’était juste de me cloîtrer dans mon bureau et de ne plus jamais y sortir. Pour ceux qui ne me comprendraient pas, je vous avais écrit un résumé de mon super camp de vacances cet été. Tout ce que vous aviez besoin de savoir à propos de cette aventure pour comprendre la lassitude et la peur qui m’affligeaient, c’était que voilà, j’avais… Nan, c’était pas résumable. Pas possible. J’avais failli crever, tout le monde avait failli crever, je m’étais fait lessiver la tête plusieurs fois et j’avais perdu une partie de mon innocence dans ce foutu Royaume des Cowboys de mes deux. Maintenant, il fallait que je me repose pendant plusieurs jours dans mon Royaume des Deux Déesses chéri, et les explications calmes de Germaine sur la comptabilité du Royaume ne seraient qu’une douce berceuse (et non plus une douce berceuse délétère auparavant, si je tentais de m’endormir avant). L’administration était devenue un loisir que j’avais hâte de redécouvrir, et tant pis si ça faisait crasse, je pourrais me consoler en me disant que j’aurais au moins l’air responsable.

J’étais roi à ce qu’il paraissait. Mais je ne m’occupais pas vraiment du Royaume en tant que tel ; j’avais réussi à délaisser à assez de personnes compétentes pour ne pas me sentir mal à l’aise quand je quittais le palais « pour faire quelques courses ». Par exemple, la Garde du Royaume des Deux Déesses ! C’était plus une idée de Jacob, bien décidé à transformer notre Royaume en havre de paix. D’une partie, les défenseurs qui servaient exclusivement à surveiller le grand marché dressé dans la cour du palais dont on avait un peu agrandi le périmètre. L’idée marchait pas mal, je devais l’avouer. Y avait aussi une partie du Garde du Royaume des Deux Déesses qui était dirigée vers l’extérieur, servant d’estafette, d’espion, et s’il le fallait, de commando. Rémi Soral était le Ministre de ces gars, celui qui s’occupait d’un peu tout le bordel et m’en renvoyait un rapport cohérent sans de fioritures, mais sans se faire chier non plus. Y avait aussi le Ministre qui s’occupait de l’intérieur, mais le poste n’était pas encore pris. Par défaut, c’était le Chancelier qui s’en chargeait, et manque de bol, le Chancelier, c’était ce foutu phoque.

Fino s’occupait de gérer le Royaume quand on n’était pas là, en quelque sorte. Il s’occupait de l’administratif, prenait certaines décisions, donnait son point de vue (imposait son point de vue à coups de gueulantes ; on lui envoyait Jacob dans ces cas-là), etc. Et pour clôturer le tout, la sublime Germaine qui se chargeait de la comptabilité avec une passion dont on aurait du mal à la soupçonner. Son sadisme était incroyablement aseptisé, si bien qu’elle servait du café et torturait ses victimes avec le même grain d’ennui dans le regard. Clane, notre défenseur principal asservi par un parchemin magique, était la grande victime de ces deux dingues, ne pouvant échapper aux directives du pinnipède à cause de son asservissement magique. Je savais que je devrais lui ordonner de ne pas écouter les ordres farfelus de Fino, mais le phoque tournait si bien ses phrases qu’il outrepassait mes interdictions ; et je savais parfaitement que Clane était la boule antistress qui empêcherait de Fino de se tourner vers d’autres horizons, comme détruire le Royaume en envoyant des lettres de menaces de mort à des Seigneurs Cauchemars irritables.

Donc, maintenant, je rentrais dans mon Royaume. Je me promenais sur le sentier en direction du palais, sentant la puissante chaleur d’été qui nous poursuivait jusque dans nos rêves accablée mes épaules. Le panneau de signalisation était toujours maintenu à mon dos, et interdisait le passage « sauf aux riverains ». Pour une fois qu’il était plus touchant qu’ironique. Cette nuit-ci, j’étais vêtu de chaussures noires au tissu léger, d’un pantalon motifs militaires, mais en restant dans le ton noir, un T-Shirt de même couleur qui réussissait à faire un peu ressortir mes épaules. Pour le reste, j’avais évidemment le panneau, mes lunettes de soleil aux motifs argentés plus des boucles d’oreilles. Je voyais au loin les pierres albâtre de la porte principale aveuglées mes yeux, à cause là aussi d’un soleil trop puissant. Il y régnait comme un doux parfum d’exotisme et je sentais poindre quelques palmiers dans la forêt qui réagissait aux stimuli extérieurs et à l’ambiance générale (elle avait été sombre et menaçante quand elle avait été occupée par Clane et sa troupe de gigolos démoniaques). Je marchais d’un pas plutôt rapide, profitant de l’ombre que chaque arbre pourrait m’apporter en respirant un gros coup. Il faisait chaud, bon sang. J’essuyais mon front d’un revers de manche avant de continuer mon minuscule périple dans mon propre territoire. J’arrivais enfin devant la porte où deux Voyageurs gardiens me regardaient. Ils faillirent m’arrêter mais reconnurent mes Artefacts au dernier moment.


« Salut, Chef.
_ Yo. »
J’aurais préféré un « Bienvenue dans votre demeure, Votre Majesté » mais ça aurait fait un peu pompeux pour quelqu’un qui voulait juste se coffrer dans son bureau. Tout n’était pas très officiel mais tant qu’ils me reconnaissaient et me foutaient pas hors du palais comme un malpropre…

J’étais directement dans le palais sans passer par la cour, et je fus très surpris d’y voir le sol du hall très propre ; je supposais que Fino n’y était pas pour rien, vu que son activité favorite consistait à donner de nouvelles manières douloureuses de balayer à Clane. Quelques gens y passaient et une seule Créature des Rêves, habillée en domestique, me fit une très subtile révérence du menton avant de reprendre ses activités inconnues. Je montai au premier étage, saluai les gens que je croisai en mode directeur de PME sympathique et trouvai mon bureau personnel que j’ouvris délicatement. C’était la même poignée que la dernière fois. Je pénétrai dans mon espace intime.

Mon bureau, je l’avais aménagé moi-même avec les conseils de gens plus avisés que moi (oui, Shana était plus avisée que moi, j’étais obligé de m’incliner devant la logique féminine). Un gros bureau en bois bien costaud au milieu, une chaise derrière plutôt cool qui me permettait de tourner sur moi-même comme un gros gamin. Y avait une grosse secrétaire totalement vide, si on escomptait quelques fichiers remplis par Germaine. Sinon, il y avait une bonne fenêtre qui donnait directement sur la cour et le marché. Je pouvais apercevoir des dizaines et des dizaines de gens qui discutaient, se baladaient simplement en recherchant des articles, et vas-y que ça gueulait et qu’ils étaient pas d’accords sur le prix. C’était franchement cool de voir que tout ça, ça sortait de nos têtes à nous, les Private Jokes. Je pouvais voir, même s’ils restaient discrets, la GRDD patrouiller parmi les étalages pour dissuader quiconque de s’approcher de l’endroit. Sur les murs, je souris en revoyant deux photos : la première, c’était ma tête mise à prix à mille EV, une coquette somme. La seconde, c’était les quatre membres de la Private Jokes, Hélène, Shana, Jacob et moi, souriant devant le palais avec des pouces levés ou des V de la victoire. Le bon temps ? Nan, on était toujours dans le bon temps. Cette simple photographie me mit du baume au cœur.

Je revenais à mon bureau et ouvris quelques dossiers. En quoi consistait l’administration dans le Royaume des Deux Déesses ? Tout d’abord, à tenir les comptes de ce qu’on gagnait par taxe d’imposition aux marchands et de ce qu’on perdait à rénover un peu la bâtisse et payer ceux qui avaient besoin d’être payés. Sans surprise, les comptes tournaient toujours autour de zéro. De toute façon, on ne cherchait pas à être lucratif, mais plutôt de pouvoir aider les habitants et les réfugiés du mieux qu’on pouvait. Ouais, on n’avait pas d’habitants à proprement parler, mais si des Créatures des Rêves passaient par là, pour des raisons politiques ou pas, elles pouvaient y rester sans aucun problème. Donc à partir de là, il fallait tenir la place disponible dans les chambres réaménagées du palais, sans oublier les étalages pour les marchands. Qui allait occuper quel espace dehors, de quelle heure à quelle heure pour vendre quoi, et s’il vous plaît, donnez-nous notre taxe par rapport à vos bénéfices. C’était plutôt un énorme travail, mais Germaine avait une efficacité terrifiante devant laquelle n’importe quel expert-comptable s’inclinerait. L’administration, c’était aussi les rapports des différents Voyageurs de la GRRD, comme Rémi. Et aussi les lettres de réclamation pour améliorer certains points, les menaces de mort, etc.

Maintenant, j’allais vérifier que tout allait bien dans les rapports, que je m’informe un peu des différentes missions qui s’étaient déroulées pendant mon absence. Je me rendis compte tout en lisant, assis sur mon fauteuil, que je n’avais pas croisé Hélène. Normal, car elle non plus n’était pas très sédentaire. Bon, elle l’était moins que moi, c’était certain. Y avait pas Jacob dans les environs, c’était dommage, j’avais des questions à lui poser à propos de son colloc’ qu’il m’avait refilé. J’avais eu la chance de ne pas croiser Fino (ni même de l’entendre en fait), et ça, c’était plus que bizarre. Je n’avais pas vu Shana non plus. Je soupirai en pensant à elle. Bon dieu… Je n’avais pas arrêté de lui dire que pour Août, je partais voir des amis, et que tout se passait très bien, etc. Mes SMS « Tout va bien » étaient de très énormes mensonges. Seul Jacob avait su ce que j’avais réellement fait dans le Sud, et si je le disais à Shana, elle allait m’enfermer à tout jamais dans les sous-sols du château pour que je n’aille plus faire le foufou. J’espérais juste que Jacob ne lui avait pas dit la vérité, ou bien qu’elle ne s’en était pas rendue compte toute seule, de cette vérité. Je redoutais qu’elle lise le DreamMag qui parlerait du Royaume des Cowboys. Ça allait être compliqué à expliquer. Mais bon, ils ne pouvaient pas déjà faire un article aussi rapidement. J’espérais quand même que Shana viendrait me voir si elle passait, si elle avait entendu la rumeur comme quoi on aurait assisté à mon retour.
Revenir en haut Aller en bas
AuteurMessage
Shana Delizet
Messages : 184
Date d'inscription : 30/05/2010
Age du personnage : 32

Voyageur Expérimenté
Shana Delizet
Voyageur Expérimenté

Carte d'identité
Essence de Vie: 120
Renommée: 260
Honneur: 55
MessageSujet: Re: MAMAAAN ! Chuis rentré ! [PV Shana et François s'il veut quand il veut] MAMAAAN ! Chuis rentré ! [PV Shana et François s'il veut quand il veut] EmptyMar 28 Aoû 2012 - 0:33
Ennui… Mortel… Rien à faire… Mais vraiment… Les vacances sont d’un ennui horriblement ennuyeux… Voilà des jours et des jours, et des nuits et des nuits que je m’ennuie. Dans la vraie vie, je n’ai pas quitté Montpellier, malheureusement pour moi ce n’est pas le cas de la plupart de mes amis qui sont partis ailleurs. Amis qui comprennent également Ed, Jacob et Hélène… D’ailleurs ces trois là… Même sur Dreamland je ne les ai pas vus une seule fois. Durant les semaines qui viennent de passer, je n’ai pas quitté le Royaume des Deux Déesses dans l’espoir de les croiser. Ed reste également injoignable en dehors de quelques sms disant que, je cite, tout va bien. Sms qui, au début, ne m’intriguaient pas plus que cela… Oui, au début… Bon je dois avouer que ça m’agaçait quand même un peu de recevoir que des « tout va bien, c’est fun », à longueur de temps, alors que j’étais moi-même en train de me faire ch*er comme un rat mort. Bon Gyn me tenait compagnie… Mais un chaton n’est pas très bavard…

Bref, comme je le disais, au début les textos de Ed ne m’intriguaient pas plus que cela… Jusqu’à ce que j’entende des rumeurs circulées sur Dreamland. Encore une fois, au début, cela ne m’a pas trop intéressée. J’entendais vaguement parler du fait qu’un gros bordel avait lieu au Royaume des Cow-Boys. Apparemment, les royaumes voisins avaient dus se concertés pour intervenir. Puis, plus le temps passait, plus je commençais à me poser des questions… Entre Ed qui continuait de m’assurer que tout allait bien, et le bordel qui s’amplifiait dans le royaume des Cow-Boys… Si je n’avais pas connu Ed comme je le connaissais, je n’aurais jamais fais le rapprochement, mais là… Depuis que nous étions petits, Ed avait toujours adoré faire des conneries, et ce n’était pas dans le monde des rêves qu’il allait s’empêcher d’en faire… J’ai donc vite fait le rapprochement. De plus, le palais des Deux Déesses restait étrangement calme, laissant supposer que Fino n’était pas là non plus. Autant dire qu’ils allaient tous entendre parler de moi dès qu’ils croiseraient mon chemin…

Assise sur la banquette installée dans l’oriel de mon bureau, je regardai les gens s’affairer au marché. Toujours le même manège au fur et à mesure des jours… Rien ne changeait, et rien n’arrivait… Je vous ai déjà dis que je m’ennuyais ? Si ? Tant pis… Un soupir m’échappa et je me retournais sur ma banquette pour observer mon bureau. La pièce était un peu à mon effigie : à la fois simple et colorée. En son centre se trouvait mon bureau et ma chaise, dans un coin de la pièce, une pile de coussin de couleurs diverses où je pouvais m’installer pour lire les nombreux livres qui se trouvaient dans la grande bibliothèque qui recouvrait un mur entier. Ici et là, quelques plantes, peluches et autres bibelots inutiles. Ah, et aussi de nombreuses photos et coupures du Dreamag accrochées sur un pan de mur. Toutes montrant les Private Jokes dans leurs nombreux exploits.

D’un bond, je me relevai pour m’étirer vers le ciel. Passant la main dans mes cheveux, je portai mon regard vers le seul miroir de la pièce. Encore une fois, et comme à son habitude, Dreamland s’était amusé à m’affubler de vêtements plus qu’osés, mais bon, j’avais fini par avoir l’habitude. Toujours le fameux short en jean assez court, et un haut ressemblant toujours plus à un soutien-gorge qu’à un t-shirt… Au final, c’était toujours plus ou moins la même chose… Attrapant un élastique sur mon bureau, je nouais mes longs cheveux bruns en une queue de cheval haute.


- Dis, on va jouer ?

Je sursautai et me retournai vers la pile de coussin face à la bibliothèque. Kanaria, ma seconde invocation, me regardait avec ses grands yeux verts. Ces derniers temps, elle avait commencé à apparaitre toute seule, sans raison. A moins que ce ne soit ma propre solitude qui la fasse venir sans que je ne m’en rendre compte. Sa petite robe jaune et orange se mariait parfaitement dans les couleurs criardes des coussins.

- Non Kana’, on ne va pas jouer… J’ai autre chose à faire…
- Ah oui ? Quoi ?
- … Bon d’accord, je n’ai rien à faire, mais je n’ai pas envie d’aller m’amuser… répondis-je tout simplement.
- T’es pas drôle, maugréa-t-elle avant de disparaitre.

Un nouveau soupir m’échappa, tandis que je sortais de la pièce. Me balader dans le palais me changerait peut-être les idées. C’est ce que je me disais à chaque fois, et à chaque fois, mon ennui s’accentuait. Donc la thérapie par la marche était inutile. Et pourtant… En traversant un couloir, j’entendis deux gardes discuter entre eux.


- Oui, je l’ai vu rentrer dans son bureau tout à l’heure.
- Et ben, ça faisait un moment qu’il n’était pas revenu par ici. C’est à se demander s’il s’intéresse vraiment à son royaume…
- Bah, c’est Ed Free quoi…

Je m’arrêtais net. Avais-je bien entendu ? Ed serait rentré ? Sans plus attendre, je tournai les talons et me mis à courir à travers les couloirs. Son bureau se trouvait deux étages en dessous, mais je fus devant la porte de son bureau très vite. Sans frapper, j’entrai dans la pièce. Mon ami était assis sur sa chaise, devant des papiers. Il me regarda, je le regardai, et la joie que je venais d’éprouver durant les secondes précédentes, se transforma en colère, mais pas une petite colère, oh non… Et il n’y avait que lui qui pouvait me mettre dans des colères pareilles. Comment pouvait-il rester aussi imperturbable, derrière son foutu bureau, alors que cela faisait des jours, voire des semaines qui je m’inquiétais ? En trois pas, je traversais la pièce, contournais le meuble qui nous séparait et lui mis une gifle monumentale, avant de me jeter sur lui pour le secouer comme un prunier.

- Où t’étais passé, hein ?! Je peux savoir ce qui t’a pris de me laisser quasiment sans nouvelle durant tout ce temps, hein ?! Et tes textos à deux balles comme quoi « tout va bien », alors que y’a un bordel pas possible dans le Royaume des Cow Boys, tu prends pour une imbécile c’est ça ? Qu’est-ce que tu cherches à la fin ? A te faire tuer c’est ça ? Tu veux redevenir un simple rêveur inutile ? Tu veux quitter Dreamland pour de bon ? Si ce n’est que ça faut me le dire, hein ! Je peux accéder à ta requête sur le champ ! Au même moment, Souseiseki apparaissait, son sécateur à la main. Et m’appeler ? Ca ne te serait pas venu à l’esprit ? Nan parce que m’abandonner pour aller dans le sud avec des amis je veux bien, mais tu aurais pu au moins t’inquiéter pour moi ! Espèce de crétin, imbécile, idiot !

Le souffle court, j’arrêtais de hurler, pour reprendre ma respiration, tout en le regardant dans les yeux, attendant une quelconque réaction. Au bout d’un petit moment, je finis par le prendre dans mes bras.

- Tu m’as manqué… Crétin…
Revenir en haut Aller en bas
AuteurMessage
Ed Free
Surnom : Le Ed Free
Messages : 2785
Date d'inscription : 27/05/2010
Age du personnage : 34

Voyageur d'élite
Ed Free
Voyageur d'élite

Carte d'identité
Essence de Vie: 4095
Renommée: 7949
Honneur: 1289
MessageSujet: Re: MAMAAAN ! Chuis rentré ! [PV Shana et François s'il veut quand il veut] MAMAAAN ! Chuis rentré ! [PV Shana et François s'il veut quand il veut] EmptySam 1 Sep 2012 - 2:59
La quiétude que je ressentais dans mon bureau, vide de tout dossier superflu et de tout travail administratif harassant, était en train de se faire briser consciencieusement par petites saccades, comme autant de pas colériques qui venaient des couloirs. Les personnes qu'on connaissait bien, on pouvait non seulement les reconnaître à des distances très éloignées rien qu'à leur balancement quand ils marchaient, leur taille et leur stature, et aussi par le bruit de leur pas sur une surface dure ou dans des escaliers. Grands, furieux, précis, durs, petits, discrets, rapides, lents, bourrins, traînants, autant d'adjectifs et il n'y en avait pas la moitié, pour identifier quelqu'un rien qu'aux sons de ses pas. Et aussi le caractère de cette personne. Je n'avais pas besoin de voir débouler Shana dans mon bureau pour savoir qu'elle était en train de me chercher, et que si elle avait un fusil dans les mains, elle serait en train de désactiver le chien par anticipation. Je cherchais à prendre une pose de directeur qu'on ne pouvait pas faire chier comme ça, mais je supposais qu'une stature hautaine ne serait pas des plus appropriées pour parler à une amie d'enfance qui vous voulait du bien ; dans la plupart des cas. Je ne savais pas comment la recevoir pour tenter d'épancher sa colère sans faire exploser le château, donc j'allais tenter l'attitude du "Je fais un grand sourire car je suis très content de retrouver Shana qui m'avait tellement manqué et non je n'avais fait aucune bêtise dans un Royaume en proie à des génocides pour le compte de plusieurs gars louches et je n'avais pas risqué ma vie une bonne dizaine de fois dont une où ça tenait du miracle comme toutes les autres en fait mais sinon comment ça va ?"

Je supposais qu'un simple sourire totalement béat et vide de sens ne suffisait pas à arrêter une tigresse qui serait capable de me foutre une fessée en plein sur la place publique du Royaume pour m'apprendre à me foutre dans des sacs de nœuds improbables. Shana était une mère-poule qui s'inquiétait juste de nos vies bien plus que celles du Royaume ; je savais qu'elle était motivée et qu'elle gérait les dossiers dont elle voulait bien s'occuper avec un zèle amusé, mais c'étaient les Private Jokes d'abord. Hélène était plus prudente, on savait qu'elle ne courrait pas derrière le danger comme le danger ne cherchait pas à la bouffer. Puis elle restait pas mal au Royaume elle aussi (on allait bientôt se demander si le nom des Deux Déesses ferait référence aux deux Voyageuses, même s'il serait étrange de penser qu'une folle avec un masque à gaz puisse s'intituler Déesse, et qu'on allait poser des questions du genre que pourquoi ça s'appelait pas plutôt le Royaume des Deux Déesses, des Deux Clampins, et d'un Phoque un peu Rigolo). En ce qui concernait Jacob, il était un brin plus pacifiste que moi. Même si des Voyageurs venaient le faire chier, il était protégé par une bulle indestructible tellement invincible que même Shana avait arrêté de s'inquiéter de la majorité des problèmes physiques qu'il devait abattre. Par contre, moi, c'était la merde... Non seulement elle et moi étions amis d'enfance et elle avait appris depuis longtemps que j'étais un peu abruti sur les bords, mais en plus je n'avais pas de pouvoir assez grandiloquent pour assurer ma survie hors du Royaume des Deux Déesses comme mon compagnon muet de tous les instants, mais en plus, je me fourrais dans des situations tellement mortelles que si la Mort et moi commencions une partie d'échecs maintenant et que je ne pourrais jouer mon tour que quand j'étais à un chouïa de crever, on aurait finis la partie, la revanche et la belle en moins de quinze jours. Alors en plus, si Shana avait un sens des responsabilités tellement énorme qu'elle se sentait obligée de me défendre même sur Dreamland, et qu'en plus, elle avait eu vent je ne savais comment des minuscules problèmes dans le Royaume des Cow Boys, c'était sûr qu'elle n'allait pas bondir de joie.

Ouais, d'ailleurs, comme elle l'avait su ? Le DreamMag était-il si rapide et elle avait chipée le numéro auquel j'étais abonné parce que y avait ma photo en plein sur la couverture avec une inscription "Il a failli mourir vingt fois" ? Ou alors de simples rumeurs, des bruits qui courent, de ceux qui ne sont qu'en partie vrai mais qui ne loupe jamais l'occasion de mettre une personne dans la merde ? Je n'allais pas lui demander cash comment elle l'avait su, ça serait avouer directement que j'avais fait quelques bêtises pas très catholiques ou venant d'une personne à l'instinct de survie peu développée, et ce sans me laisser le temps d'élaborer une excuse suffisante. En fait, sans vouloir tomber dans la paranoïa la plus primaire, même si j'avais quelques excuses au vu des événements de l'année dernière, je voyais bien Fino transmettre à Shana tout ce qui s'était passé dans le Royaume pour être sûr que même si je réussissais à survivre, je me ferais défoncer à la rentrée du Royaume des Deux Déesses. Maintenant que cette idée me tournait dans la tête, je la trouvais vraiment réaliste. Faudrait que je lui pose quelques questions tiens, si je ressortais vivant de cet entretien. Parce que là, ça paraissait mal barré, très très très mal barré. Elle était furax, avait envie de me démonter pièce par pièce pour me dire qu'il fallait pas que je me fasse mal. Je ne sus pas comment j'avais réussi à ne pas me lever de ma chaise pour m'enfuir à travers la fenêtre dans un plongeon hollywoodien ; peut-être que mon inconscient croyait à tort qu'un simple meuble comme le bureau me permettrait d'échapper à une gifle ? Mon sourire aussi faux que possible s'élargit encore tandis que je lui dis d'une voix rapide et faussement enjouée :


"Maman ? Chuis rentré."

En tout cas, je le maudis, ce foutu inconscient car la gifle vola. Plus que la douleur, c'était le fait de la recevoir d'une fille aussi douce que Shana qui me fit mal. J'oubliais bien vite ma joue car déboulaient maintenant des accusations, de la colère et des critiques. J'aurais bien voulu la faire taire pour lui dire que tout s'était bien passé, mais elle ne méritait pas un mensonge. Et tandis que les phrases sortaient de sa bouche, je me mis dans le mode masculin le plus incroyable jamais conçu : le mode "deux cerveaux". Les filles, les mères, et autres représentantes de la gente féminine, sachez que même si votre partenaire, votre père, votre ami, votre fils et autres peuvent vous paraître un peu gauches (voire totalement idiots), quand vous les engueulez, il peuvent révéler des trésors d'intelligence en se mettant en mode "deux cerveaux", qui, sous l'effort d'un désir et d'une concentration extrême, pourra non seulement comprendre ce que vous dîtes sans aucun problème, et en parallèle, développer une liste d'excuses parfaitement potables. Deux cerveaux pour deux consciences ; ces deux activités sont effectuées aussi efficacement que si le cerveau n'en gérait qu'une seule, d'où la puissance de cette technique. Ce fut pour ça que mon cerveau, tout en assimilant sans aucun problème ce que disait Shana, était déjà en train de préparer la réponse prochaine.

La réponse la plus évidente était de dire que je ne voyais pas ce qu'elle voulait dire, que j'étais tranquillement en train de me la couler douce dans une jolie petite ville à dénicher des infos ça et là, limite dans un hamac avec un whisky à la main, pionçant la plupart du temps. Mais voilà, j'étais dans un Royaume, le Royaume avait un beau bordel en son sein pile quand j'arrivais, et qui s'arrêtait pile quand j'y repartais, j'aurais du mal à me défendre contre ça. La seule chose encore moins suspecte serait de voir un cadavre encore chaud, Fino avec un fusil à pompes encore fumant et qui serait en train de vous dire : "Qui ? Moi ?". Mauvaise idée, fallait passer à la suivante. Hum, voyons voir, et si je tentais un "J'étais dans le sac de nœuds, mais sans y prendre part, ou au moins sans avoir été impliqué dans des combats". Bon, là, non plus, c'était pas tellement crédible et il faudrait rajouter des détails pour être certains que ça passe. Certes, le DreamMag pourrait sortir bientôt et révéler une autre version des faits, mais je ne pensais pas que j'aurais un grand rôle dans les articles : il était très simple de minimiser mon rôle et dans certains points de vue, je n'avais pas été si utile que ça contrairement à d'autres figures, comme Fino par exemple. J'aurais certainement un peu de chance de ce côté-là, mais côté chance, j'avais connu plus compétent. C'était pas beau de mentir, c'était vraiment pas beau, mais je pouvais pas lui avouer tout ce que j'y avais fait sans qu'elle ne m'égorge à coups de dents avant de faire un infarctus. Je trouvai plein d'autres excuses, mais quand elles n'étaient pas boiteuses, elles s'aventuraient trop loin dans le mensonge pour que je puisse être serein après vis-à-vis des informations officielles qui allaient apparaître, ou s'aventuraient trop dans loin dans l'omission vague pour penser qu'elle n'allait pas demander des précisions derrière. La dernière excuse n'était pas une excuse. Dire qu'on s'en foutait de tout ça parce que j'étais en vie, je ne savais pas si c'était le genre d'arguments qui marchait sur elle. Il fallait attendre la fin de son speech pour parler.

Mon attitude nonchalante tenait du fait que même si je respectais son désir de nous protéger, je savais que je n'allais pas rester à moisir dans ce Royaume quand un imaginaire de plus de sept milliards de personnes me tendait les bras. Et Shana devait le savoir aussi, ce qui était à l'origine d'une partie de sa colère envers moi. Le discours ne servirait à rien, elle en était consciente et pourtant, elle me le ressortait, car il fallait bien essayer. Je ne voulais pas endosser le rôle de la victime ou du chef, je préférais tenter de m'expliquer pour la calmer et lui faire croire que depuis un bout à l'autre, je gérais la situation. Heureusement, le seul autre témoin à cette affaire était Fino, et dieu savait que la vérité évitait de passer par sa bouche, tout comme la politesse. Donc, s'il tentait de briser les conventions que j'allais rédiger, Shana ne le prendrait jamais pour argent comptant. Je tentais de me sentir coupable, mais je n'y arrivais pas. J'avais fait ce qu'on m'avait demandé dans un premier temps, puis j'avais tenté de réparer. J'avais fait ce que je voulais faire, et en plus, je me payais le luxe de ne pas mourir. Elle pouvait rien dire, là, j'étais une crème.

Ce fut quand je tentai d'en placer une qu'elle m'enlaça et m'insulta d'un ton beaucoup plus doux. Bon, okay, maintenant, je culpabilisai. Je plaçai une main derrière son dos pour m'excuser. Bon sang, toute la peine que j'avais dû lui causer... Je ne savais pas comment faire maintenant, je me sentais vraiment con. Je regardai au plafond voir s'il y avait une inscription pour m'aider à choisir les bons mots, mais évidemment, le constructeur n'avait pas pensé à ça. Je mis fin à l'étreinte tout en gardant une petite distance de sécurité pour garder une intimité propice aux explications.


"Je m'excuse." Des fois, c'était le plus facile à avouer, le plus simple, et le plus intelligent. Mais ça ne suffisait pas. "Je te raconterai l'histoire plus tard. J'avais mis un doigt dans l'engrenage, je pouvais plus l'enlever. Et vu la merde que c'était, j'avais pas envie de te voir mourir si tu venais dans le Royaume après un SMS un peu pessimiste. Mais sinon, ça va toi ? Y a pas eu de problème ?"

Magnifique revers pour changer de sujet de discussion sans changer de discussion, une technique d'une subtilité que je ne me connaissais pas. Ouais, c’était trop étrange de ma part, il fallait que je revienne sur la discussion pour déculpabiliser :

« Shana, tu sais que j’aime Dreamland. Et que j’aime le parcourir. Et si des gens ont besoin de mon aide, je leur tends la main, c’est tout. J’ai pas envie de crever, mais j’ai encore moins envie de voir d’autres crever. » Ouais, difficile de faire plus résumé sans tomber dans le mensonge. J’étais de signe Gourmandise, il paraissait.
Revenir en haut Aller en bas
AuteurMessage
Matthieu Furt
Messages : 92
Date d'inscription : 04/08/2011

Voyageur Expérimenté
Matthieu Furt
Voyageur Expérimenté

Carte d'identité
Essence de Vie: 170
Renommée: 743
Honneur: 40
MessageSujet: Re: MAMAAAN ! Chuis rentré ! [PV Shana et François s'il veut quand il veut] MAMAAAN ! Chuis rentré ! [PV Shana et François s'il veut quand il veut] EmptyMar 25 Sep 2012 - 19:39
PV: Vu que j'ai eu l'autorisation de Ed, voila enfin mon post ^^

Le Royaume des Deux Déesses. L’endroit le plus mal nommé de tout Dreamland. Il eut en effet été plus judicieux de le baptiser « Royaume de Quatre Tarés et d’un Bébé Phoque Tyrannique ». Mais, évidement, cela aurait été un peu long à écrire sur une carte de visite, et la première dénomination avait quand même plus de cachet. Toutefois, la deuxième proposition restait plus juste. D’ailleurs, on avait bien rajouté une statue à l’effigie des Private Jokes, les représentant fièrement, comme les souverains qu’ils étaient. Ou du moins, censés être. Cependant, techniquement parlant, il semblait que c’était vraiment Fino qui gérait la baraque, et peut-être n’avait-il pas eu totalement tord de rajouter son effigie à la statue vantant la gloire des dirigeants de ce petit royaume onirique, qui était plus paisible que la moyenne. Il était plutôt rare de voir les quatre voyageurs trôner ensemble, et contrôler d’une main de fer cette contrée. De façon générale, c’était plutôt l’infernal Fino qui glapissait ses ordres à qui voulait les entendre. D’un autre point de vue, il était vrai qu’en dehors du malheureux Clane, personne ne se précipitait pour suivre ses directives, puisque la majorité des voyageurs travaillant pour le Royaume avait prêté allégeance aux Private Jokes, et non pas à un bébé phoque en manque d’autorité. En tout cas, même si cela devait être parfois contraignant, contrôler un royaume devait être quand même sacrément cool. Mais cela, c’était l’opinion de Matthieu Furt.

Il venait de s’endormir, et son esprit vagabondant venait d'atterrir au Royaume des Deux Déesses. Peut-être était-ce dû au fait qu’il avait encore la tête pleine de ses dernière aventures en compagnies de son pote Ed au Royaume des Cow-Boys. Résultat des courses, il avait sans doute dû s’assoupir en pensant au célèbre claustrophobe, et se retrouvait donc là, où ce dernier avait dû trouver refuge pour la nuit. Ba, c’était sans doute pas plus mal. Après les derniers événements, cela ne ferait sans doute pas de mal de passer une nuit à peu près au calme. Et puis, de toute façon, Matthieu savait pertinemment qu’en compagnie de Ed, la probabilité que les choses se passent normalement était proche du zéro. Donc, normalement, il y avait peu de chance que Mollusque-man s’ennuie ce soir, et cela lui arracha un sourire. Par réflexe, il chercha dans sa poche de quoi fumer. A sa grande joie, il trouva de quoi faire. Une des choses qui réjouissait particulièrement Matthieu quand il se trouvait sur Dreamland était qu’il y avait toujours de grandes chances qu’il trouve dans sa poche quelques clopes alors qu’il venait juste d’arriver dans les royaumes oniriques. Qui plus est, il trouvait que cela lui donnait une certaine classe de rentrer au Royaume des deux Déesse la cigarette au bec, tel l’éternel baroudeur qu’il prétendait être.

En tout cas, alors que Matthieu faisait son entrée, qu’il espérait être aussi nonchalante que possible, il pouvait constater que, comme de coutume, l’endroit était relativement fréquenté. Sans être surpeuplé, le royaume était encore loin d’être un désert, et le marché générait un certain flux de populations diverses, que se soient des voyageurs ou des créatures des rêves. Il fallait avouer que c’était un endroit plutôt sympa, même selon les critères de Matt, pour qui calme rimait généralement avec ennui (et c’était une rime riche). En attendant, le jeune invocateur cherchait Ed du regard parmi la foule. Il n’était pas venu pour faire du tourisme, ni pour faire des emplettes, mais voulait profiter de l’occasion de s’être retrouvé pour passer quelques moments avec son pote, et échanger ensemble leur point de vue sur les récents événements, façon vieux briscards partageant leurs souvenirs martiaux. C’était cool, indéniablement. Mais encore fallait-il dénicher Ed. A défaut du porteur de panneaux, Matthieu croisa la route d’une patrouille, qui entreprit de vérifier l'identité du jeune homme. Celui-ci leur rétorqua qu’il était Mollusque-Man. Un garde prétendit que ce nom lui disait bien quelque chose, mais qu’il lui en faudrait plus que cela. En soupirant, Matthieu rétorqua qu’il était l’invocateur de Germaine, la comptable. La réponse eut un effet glacial, et les soldats préférèrent de ne pas insister, en affirmant que, oui, effectivement, maintenant qu’il le disait, son visage leur disait bien quelque chose.

Après eu avoir eu la confirmation que Ed était bien là, Matt traça son chemin, en soupirant. C’était toujours la même histoire : il semblait bien que le nom de Germaine ouvrait toutes les portes. En fait, c’était même assez pathétique. C’était lui l’invocateur, et c’était son invocation qui était connue. Ed lui avait déjà dit une fois qu’il n’était pas sûr de savoir qui était l’invocateur et l’invocation entre Germaine et lui, et le binoclard n’avait pas totalement tord sur ce point, en fait. C’était vraiment rageant pour Matthieu, il avait parfois l’impression de n’être là que pour servir de pendant à l’odieuse limace. C’était lui, Mollusque-Man, le voyageur au pouvoir le plus cool de l’univers (onirique), et pas cette foutue Germaine, dont les compétences s'arrêtaient à la bureaucratie. Mais elles s’étaient si bien arrêtées qu’elles avaient pris toute la place possible dans ce domaine. Tiens, d’ailleurs, quand on parle de la limace... Matthieu pouvait reconnaitre cet immonde chandail n’importe où, ainsi que cet éternel regard blasé, mais consciencieux. Germaine. La plus terrible et la plus aléatoire de ses propres invocations. Comme de coutume, elle avançait lentement, un dossier sous le bras, seule (les gens avaient tendance, par le plus grand des hasards, à s’écarter de son chemin). Matthieu s’avança, lui, vers elle, provoquant des regards interloqués à son endroit.


-B’jour, Germaine.
-Bonjour, Mr. Razowsky. Vous n’avez pas rendu votre...
-Oh, fermez-là.

La limace ferait perdre son calme à n’importe qui. Enfin, ça, c’était avant de le plonger dans le plus profond désespoir. Heureusement pour Matthieu, il était l’un des seuls qui arrivait plus ou moins à canaliser l’immonde comptable. Il espérait que la principale raison était qu’il était son invocateur, et qu’à ce titre, elle devait lui obéir. En fait, c’était surtout par habitude. D’ailleurs...

-Pour fermez ma gueule, Mr. Razowsky, il faudrait que vous remplissiez la feuille B-43X en trois exemplaires, et ce, avant un délai écoulé depuis quatre jours.
-Ouais, ouais. Vous ne savez pas où est Ed Free, par hasard ?
-En toute logique, il doit être dans son bureau. Et...

Matthieu n’attendit pas qu’il finit sa phrase. Il avait compris que la meilleure façon d’arriver à une conversation avec la limace, c’était de ne pas la laisser parler trop longtemps et d’ignorer le plus possible ses délires administratifs. Parfois, quand elle n’était pas trop pressante, cela pouvait marcher. Matthieu avait fini par comprendre cela au bout de quelques mois. Malheureusement pour les autres individus, Germaine ne leur laissait jamais autant de temps. Matt était sans doute l’individu vivant qui avait vécu (et survécu) le plus longtemps en compagnie de la limace, à l’exception du Souverain des Mollusques, ce qui expliquait beaucoup de choses sur son caractère, d’ailleurs.

N’empêche... Matt ne devait pas se leurrer, c’était bien grâce (ou à cause ?) de l’immonde gastéropode jaune qu’il était ici, pratiquement invité d’honneur des Private Jokes. Il se souvenait... C’était peu de temps après que le Tournoi des Jeunes Talents se soit terminé, où Matthieu s’était comporté glorieusement (selon lui, du moins). A l’époque, il ne connaissait pas Ed Free, à peine de réputation, mais celui-ci s’était retrouvé l’arbitre de cet événement complètement dingue (par contre, ce genre de commentaire est partagé par tous). C’était ainsi que tout avait commencé. En effet, quelques nuits après la finale du tournoi, Ed était venu retrouvé Matthieu, et il n’était pas seul. Il était avec Fino. Matt s’était attendu à des félicitations pour le tournoi, ou un truc du genre. Il était complètement à côté de la plaque. Une fois encore, on ne venait pas pour lui, mais pour Germaine. Pour des raisons totalement aberrantes, Fino avait absolument tenu à engager cette dernière comme secrétaire. Ce genre d’idée avait paru complètement saugrenue pour Mollusque-Man. Honnêtement, qui de sain d’esprit voudrait de Germaine dans les pattes ? Mais il ne fallait pas trop de temps, même à quelqu’un d’aussi lent que l’invocateur, pour comprendre que «sain d’esprit» et «Fino» étaient des termes antinomiques. Mais finalement, Matt accepta de prêter Germaine. Elle devait travailler au Royaume des Deux Déesses quand son «maître» n’avait pas besoin d’elle. En l’invoquant, elle rappliquait immédiatement. Dans le cas contraire, elle resterait dans le petit royaume onirique. Matt posa tout de même une condition : qu’Ed accepte un combat contre lui. En cas de victoire du blondinet, l’invocateur était prêt à signer le contrat. Celui-ci trouvait ça plutôt cool d’affronter quelqu’un de la réputation d’Ed, qui avait été son arbitre quelques jours avant.

Bien évidemment, n’importe qui peut se douter que Mollusque-man, malgré ses invocations, ne sut faire le poids face à Ed, qui le rétama sans trop de difficultés en quelques instants. Mais Matt ne fut pas rancunier. Il avait vu comment avait agi son adversaire, et il lui fallait admettre que ses pouvoirs étaient vraiment classes, sans compter qu’il les maitrisait plutôt bien. Et c’est ainsi que Germaine se retrouva nommée comptable du Royaume des Deux Déesses. Sa «promotion» ne lui fit émettre aucune remarque, ce qui, chez elle, était plutôt bon signe. Matt était persuadé qu’elle devait largement préférer ça plutôt que de se retrouver le plus clair de son temps avec lui. La comptabilité, c’était sa passion, pour peu que cette limace puisse avoir un coeur. En ce qui le concernait lui-même, il avait fini par se lier avec Ed, ainsi qu’avec Jacob, même s’il ne les croisait que rarement sur Dreamland. Il trouvait du reste le second plus froid. Il avait même mis un peu de temps à comprendre que sa réserve n’était pas dû à un certain snobisme de sa part, mais plutôt au fait qu’il était sourd et aveugle dans les mondes oniriques. Cela mis à part, il s’entendait un peu mieux avec Ed. Matt avait rapidement trouvé plein d’avantages à fréquenter ainsi un homme qui avait un don plus qu’important pour s’attirer des ennuis de toutes sortes. De surcroit, Matthieu espérait toujours secrètement pouvoir le battre un jour en combat singulier, histoire que leur combat prenne une tournure plus agréable et plus exaltante (pour lui) que le précédent. Enfin, bref, toujours était-il qu’il était désormais lié aux Private Jokes, qui faisaient parfois appel à lui quand il y avait du grabuge, et ce n’était pas pour lui déplaire.

Mais trêve de ce long flash-back. Suivant les indications de Germaine, Matthieu se rendit au bureau d’Ed Free. Cela prit évidemment quelques temps. Il fallait dire que le jeune homme n’était pas vraiment doué en ce qui concerne le sens de l’orientation, même dans un palais qui était loin d’être le plus grand de tout Dreamland. Et Matt ne tenait pas tellement à retourner voir Germaine pour lui demander son chemin. Heureusement pour lui, au bout d’un moment, il finit par mettre la main sur un serviteur du coin qui lui indiqua son chemin avec beaucoup moins de procédures que ne l’aurait fait sa limace préférée. Matt finit donc par se retrouver devant la porte du bureau tant recherché. Il entra sans frapper. Entre anciens compagnons d’arme, on était au-dessus des règles usuelles de politesse. Non ? Néanmoins, à la surprise de Matt, Ed n’était pas seul. Il était en compagnie d’une jeune fille dont le visage n’était pas inconnu à l’invocateur. C’était sans aucun doute Shana, une membre des Private Jokes. Matthieu la connaissait très peu. Il l’avait croisée rarement, vu qu’elle demeurait essentiellement au palais. Mollusque-man ne se rappelait même lui avoir vraiment adressé la parole un jour ou l’autre. En tout cas, au regard de la situation, n’importe qui se serait excusé de l’interruption, et aurait prétendu revenir plus tard. Mais Matt n’était pas n’importe qui.


-Yo, Ed, vieille branche ! Comment va ? T’as l’air en forme, c’est cool ! Mieux que chez les Cow-boys, en tout cas.

Matt ne savait pas encore dans quel pétrin il allait mettre son collègue de guérilla périlleuse.
Revenir en haut Aller en bas
AuteurMessage
Ed Free
Surnom : Le Ed Free
Messages : 2785
Date d'inscription : 27/05/2010
Age du personnage : 34

Voyageur d'élite
Ed Free
Voyageur d'élite

Carte d'identité
Essence de Vie: 4095
Renommée: 7949
Honneur: 1289
MessageSujet: Re: MAMAAAN ! Chuis rentré ! [PV Shana et François s'il veut quand il veut] MAMAAAN ! Chuis rentré ! [PV Shana et François s'il veut quand il veut] EmptyMar 22 Jan 2013 - 22:30
Je sentis que le visage de Shana s’était radouci. Elle avait eu autant besoin d’explications que d’être rassuré, et si les explications n’étaient qu’une sorte d’excuse bien enrobée de phrase clichée « Je ne pouvais pas faire autrement, mon karma me le hurlait à l’oreille », j’étais présent et je la calmais. Voilà… Shana était une sorte d’hyperactive, et s’il était facile de la faire grimper au poteau, il était aussi très simple de la faire retourner à son état normal. Pour un petit temps, certes, avant qu’elle ne réfléchisse à nouveau, mais cette fois-ci, je serai préparé. Je tombai sur ma chaise en signe de décontraction, l’invitant à la paix. Je mentirais si je disais qu’à cet instant précis, j’aurais adoré que Fino ou un autre deus ex machina arrive pour distraire Shana et me permette de m’échapper de ses griffes passionnées. Genre, Fino qui tentait de cuisiner, ou qui faisait semblant de ne pas avoir fait exprès de réduire en cendre l’établi, Fino qui hurlait jusqu’à se péter une corde vocale. Que Fino fasse un truc normal qui attirait l’attention finalement. Ou alors qu’un bandit vienne foutre le feu à des étalages, ça serait une bonne idée, et je pourrais filer en douce tandis que le pauvre inconscient serait en prise avec une furie (il ne fallait tomber, ni sur elle, ni sur Jacob quand vous faisiez une connerie ici. Jacob considérait que c’était son paradis perdu, et que le premier qui tâchait le sol méritait que ses doigts ressortent de sa glotte).

Finalement, je l’eus mon deus ex machina. Mais quand je demandai la Main de Dieu, celui-ci me faisait un Doigt. Matthieu Furt. Le plus étrange spécimen qui m’ai été donné de voir sur Dreamland. Il semblait éternellement drogué, une sorte de pile électrique qui n’avait peur de rien. Avec lui et Jacob, ils allaient pouvoir ouvrir le fanclub de « Suivre Ed car on est sûr qu’il y ait de l’action mortelle au bout ». En tout cas, c’était l’émissaire du destin qui arrivait tout sourire.
Et je l’avais vu ! Je le lisais dans ses yeux ! Il avait été là tandis qu’on s’était foutus sur la gueule, et il allait tout déballer devant Shana sans aucune once de pitié, sans même se rendre compte qu’il signait mon arrêt de mort à chacune des syllabes qu’il préparerait.

Il lâcha évidemment au moins une preuve de l’état dans lequel j’avais été cet été. Tandis que Shana s’était retourné pour le dévisager (et prendre cette nouvelle donnée en considération, qu’elle fit fondre dans son esprit bouillant), je fis un magnifique facepalm. Je te tuerai un jour, Matthieu Furt, Germaine ou pas Germaine. Il fallait cependant prendre les devants. Je me ruai par-dessus mon bureau en prenant par surprise une Shana prête à me tabasser pour m’apprendre à me faire tabasser. Je fis limite un plaquage sur Matthieu tandis que nous disparaissions tous les deux dans une paire de portails qui nous amena sur un couloir au rez-de-chaussée, très loin du dragon qui se réveillait. Je l’aidai à se relever, vérifiai que personne ne nous avait vus débouler d’un coup (on ne savait pas à quoi pensaient les gens) et le regardai d’un air qui voulait dire que je le remerciai pas. Malheureusement, caché derrière mes lunettes de soleil, mon regard ne parvint pas à trahir mes pensées, ce qui me laissa la parole :


« Mais putain, mec, t’es fou ! T’as pas vu qu’elle voulait me buter ? Elle nous aurait arrachés les yeux ! Maintenant, faut qu’on fuie. Elle pourrait nous retrouver si on reste statique. » Oui, je venais de passer en mode Ninja.

Tandis que nous avancions dans les couloirs en croisant quelques réfugiés qui prenaient du bon temps, je cherchais un scénario potable à faire avaler à Shana, tout ça en partenariat avec Matthieu qui acquiescerait gentiment sans dire un mot de plus. Pitié, qu’il la ferme à ce moment-là. Sérieusement, qu’est-ce qui pourrait expliquer la phrase de Matt ? Hein ? Ecorché vif ? Démembré ? Saigné à blanc ? Torturé ? Non, il fallait que je m’éloigne de tous ces mots malsains qui ne faisaient naître aucune excuse. Voyons voir… dans cet état… Ça pouvait faire référence à… un marathon. C’était ça ! On avait fait un marathon. Pour soutenir les pauvres villageois sans domicile, que la guerre avait déplacé d’un petit coup de balayette. Un super marathon de soutien, et ne pas hésiter à rajouter des détails, comme dire que c’était l’association Paraiso totalement pacifiste qui l’avait créé, qu’on avait remporté plus de quinze mille EV avec ça, qu’on avait couru dans le désert comme des dingues et…

Non, ça ne tenait pas la route. Sérieusement, vous l’imaginiez, vous la scène ? Parce qu’il y avait Fino aussi, hein ? Et il balancerait tout sans aucun problème s’il avait vent que ça pourrait me causer des dommages sévères au niveau de l’aine. De toute façon, l’image n’était pas crédible. Voyez plutôt : deux féroces Voyageurs, un bandeau sur le front pour les cheveux, dans le désert, dégoulinant de sueur et d’effort, le polo violet pourri trempé, en train de courir comme de vieux beaufs le Dimanche alors qu’il y avait des explosions et la guerre en arrière-fond, et n’oubliez certainement pas Fino, rampant le plus vite qu’il pouvait à hauteur des baskets, pourvu lui aussi d’un bandeau de sport, haletant et puisant sa force en pensant aux enfants qu’il allait sauver. L’histoire n’était pas crédible pour un sou, et même la gentillesse de Shana ne pourrait pas tolérer ce mensonge si visible. Je faisais de grands gestes pour marquer mon stress face à cette situation mortelle. Je n’avais pas tant envie que ça de me faire lyncher après cet été difficile, donc je me dépêchai de dire à Matthieu d’une voix saccadée par une sorte de peur viscérale :


« Alors, écoute. On ne s’est pas fait détruire la gueule dans le Royaume des Cow-boys. On n’a mené aucune bataille, niet. On n’a rien à voir là-dedans. Nous, ce qu’on faisait… on fumait. Voilà, on fumait. On s’est mis super cher à cause de drogues délirantes. C’est pour ça que tu as dit à Shana que j’étais dans un drôle d’état. Est-ce que c’est bien clair ? »

__

Papa était de retour à la maison. Fino était sur un petit chariot doré poussé par Clane qui portait un tablier rose. C’était son moyen de locomotion afin de ne pas être distancé par ses potentiels interlocuteurs, pour pouvoir arriver rapidement d’un point A à un point B, et évidemment pour faire chier Clane qui était obligé de rester près du chariot tant que Fino ne l’utilisait pas ou ne lui demandait pas d’autres tâches ingrates.

« Clane, est-ce que c’est vrai que tous les Russes sont des tarés consanguins ? A vrai dire, je croyais pas la rumeur, mais depuis que je t’observe, je me pose vraiment la question. Oh fait, ce tablier te sied vraiment. Tu es très mignonne avec. J’avais raison de te demander de la coudre, assis en tailleur au milieu du marché en faisant semblant de chouiner. Je te dis, quand tu pleures, tu couds mieux. Oh. On est arrivés, bouffon. Ouvre-moi la porte. »

Clane s’exécuta sans avoir son mot à dire, et Fino pénétra dans le bureau. Dedans, il y avait une table remplie de dossiers, des armoires remplies de dossier, et si vous cherchiez bien, vous aviez Germaine.

« Hey, salut Germaine ! Vous avez la forme aujourd’hui ? Faut penser à prendre l’air, hein ? C’est le temps de votre jogging matinal. »

Etablir la relation qui s’était tissée entre Fino et Germaine n’était pas simple. Proust secondé de Hugo auraient du mal à mettre le doigt dessus. Pour le bébé phoque en tout cas, c’était limpide : Germaine était diabolique. L’Homme était tellement tombé dans des penchants administratifs, que les papiers étaient tellement la marque d’un nouvel enfer, que l’on pouvait dire que ceux qui vivaient dans l’administration pour l’administration provoquaient chez le civil lambda une terreur instinctive. Germaine puait de cette terreur, et elle ne semblait pas agacée par le phoque, bien trop absente des données métaphysiques aussi simples, pour lui donner le crédit meurtrier et redoutable que les simples hommes avaient envers lui.
Revenir en haut Aller en bas
AuteurMessage
Matthieu Furt
Messages : 92
Date d'inscription : 04/08/2011

Voyageur Expérimenté
Matthieu Furt
Voyageur Expérimenté

Carte d'identité
Essence de Vie: 170
Renommée: 743
Honneur: 40
MessageSujet: Re: MAMAAAN ! Chuis rentré ! [PV Shana et François s'il veut quand il veut] MAMAAAN ! Chuis rentré ! [PV Shana et François s'il veut quand il veut] EmptySam 26 Jan 2013 - 0:56
On ne le répétera jamais assez : Matthieu Furt n’était pas exactement ce qu’on pouvait appeler une « lumière. » C’était clairement et indéniablement un homme d’action. Malheureusement, ce faisant, il avait tendance à laisser pour compte la réflexion. Il n’était pour autant pas totalement stupide (pas totalement) : en voyant les yeux exorbités qui l’accueillirent après sa répartie, il comprit qu’il venait de faire une grosse bêtise. S’il avait fait un peu plus attention, il aurait pu constater quelque chose d’intéressant : si les deux individus qui lui faisaient face avaient tous deux doublé le volume et la taille de leurs globes oculaires respectifs, on pouvait pourtant y lire deux expressions bien différentes. Chez Ed, c’était un sentiment de terreur qui s’exacerbait. Chez Shana, une surprise qui ne demandait qu’à se muer en colère dévastatrice. Un beau programme au demeurant. Mais Matt n’eut guère le temps de profiter de l’effet de coup de théâtre qu’il venait lui-même de provoquer, tel un petit mollusque ex machina. Les choses s’enchainèrent en effet très vite, si bien que ni Shana, ni Matthieu ne purent faire quoi que se soit, tandis qu’Ed prenait les devants, et les genoux de l’invocateur par la même occasion. Ce dernier n’eut pas le temps de crier son désarroi qu’il se trouva tout bonnement téléporté, grâce à l’un de ces célèbres portails dont le blondinet avait le secret. Ce n’était pas la première fois que l’ami de Matt lui faisait le coup, mais on ne pouvait pas dire qu’il appréciait cela pour autant. De surcroit, d’habitude, il avait tendance à le prévenir lorsqu’il utilisait ainsi son pouvoir sur sa personne. La surprise avait accru la violence du coup. Comme à chaque fois, en effet, Matt se sentit un peu nauséeux, les jambes légèrement faiblardes, se demandant bien comme ce foutu binoclard pouvait résister à un truc pareil à chaque fois.

Toujours était-il que les deux hommes ne se trouvaient désormais plus dans le bureau d’Ed, mais dans ce qui ressemblait à un des couloirs du palais, les dieux savaient où. Le temps que Matt ait compris ce qui venait de lui arriver, Ed l’aida à se relever. Mais avant que Mollusque-man eut pu insulter le faiseur de portail pour l’avoir téléporté et bousculé de la sorte sans lui avoir demandé son avis ou même prévenu, ce fut ce cher Free qui se lança dans une diatribe à l’égard de son compagnon de combat. Ce fut cette fois au tour de Matthieu d’avoir les yeux ahuris, le temps d’assimiler le flot d’informations. Il n’était pas sûr d’avoir tout compris. De ce qu’il savait, Shana était une amie d’Ed : pourquoi, dès lors, voudrait-elle le tuer ? Cela tombait sous le sens. D’ailleurs, l’invocateur ne voyait pas trop en quoi sa propre intervention aurait pu contribuer à accentuer la volonté meurtrière de la voyageuse. Non, décidément, il y avait quelque chose qui dépassait totalement le jeune homme. En plus, il ne serait jamais venu à Matt que le claustrophobe ait pu éprouver de la crainte face à un membre de la gente féminine. Sans qu’il eut forcément une admiration sans borne pour son vieux pote de galère, Matt voyait pourtant plutôt en celui-ci un séducteur (même s’il n’atteignait pas son propre niveau dans ce domaine, c’était l’évidence même). C’est pourquoi, face à l’anxiété que le blondinet affichait, l’invocateur des mollusques préféra calmer le jeu :


-Woho, du calme, mon gars ! Tu me sembles bien stressé. Du calme ! C’est qu’une fille, après tout !

Matthieu s’empressa pourtant de suivre son pote, histoire de pas trop le contrarier. Il était tout de même venu pour le voir, et échanger des souvenirs de guerre (qui datait de la veille, certes), façon vieux briscards, ce qui était bien sûr éminemment cool, pas pour se prendre la tête avec lui, et surtout pas à cause de Shana. Il voyait pas trop où il voulait aller, mais autant le suivre dans ses lubies. D’ailleurs, Ed sembla, l’espace d’un instant, perdu dans ses pensées, oubliant presque qu’il n’était pas tout seul. D’une délicatesse inattendue chez lui, Matthieu préféra garder le silence, peut-être pour se faire racheter de sa bourde, même s’il ne la comprenait pas. Néanmoins, au bout de quelques instants, le blondinet sortit de son mutisme, pour adresser à nouveau la parole à son compagnon, toujours avec une anxiété latente dans la voix, ainsi que le trahissaient également ses gesticulations. Apparemment, il avait cherché une excuse assez bidon à la remarque de l’invocateur. Ce dernier ne put s'empêcher de sourire. C’était bien de Shana qu’il avait peur, et pour des raisons inconnues, il tenait absolument à lui cacher ses actions au Royaume des Cow-boys. Matthieu ne voyait pas pourquoi. Après tout, Ed s’était comporté de façon plutôt héroïque, et avait entrainé tout le monde dans une situation, sinon sympathique, au moins dantesque, ce qui était largement suffisant selon les standards de Mollusque-man. Mais bon... Autant de pas le contrarier.

-OK, OK, pas de soucis Ed. En plus techniquement, c’est nos ennemis qui se sont fait poutrés la gueule, pas nous. C’était vraiment un putain de combat d’ailleurs. Mais bon... En plus, je vois pas pourquoi tu me dis ça. J’étais bien en train de fumer, comme d’habitude.

L’excuse semblait en fait assez bidon, pour le jeune homme. Il ne voyait pas en quoi fumer de la drogue était plus immorale que de sauver des vies lors d’une bataille épique. Enfin, du temps où il vivait encore chez ses parents, c’est probablement ainsi que ceux-ci auraient vu les choses. C’était aussi d’ailleurs le discours tenu par ses petites copines, même si, bien évidemment, Matthieu n’avait jamais sauvé des vies durant une guerre apocalyptique dans le monde réel. Toujours était-il que la proposition d’Ed rendit son regard encore plus excité que d’habitude.

-A ce propos... Ca te dirait pas qu’on se roule un petit, histoire de ? Sauf si tu as mieux à faire !

____________

Comme de coutume, une fois la petite visite de courtoisie exercée par Matthieu Furt, si l’on peut dire, Germaine retourna à son activité préférée. La seule en fait. Il s’agissait bien évidemment de la comptabilité (était-il vraiment nécessaire de la préciser ?). Mais à peine l’odieuse limace s’était-elle enfermée dans son bureau pour traiter la masse de travail qu’elle seule était capable de trouver et d’abattre, son acolyte de circonstance entra en scène. Fino, car c’était lui, s’était apparemment trouvé un véhicule digne de lui, se faisait balader par le malheureux Clane sur un chariot doré. A ce propos, lorsque le bébé phoque avait mentionné cette idée à sa secrétaire, deux réflexions taraudèrent celle-ci. D’abord, il faudrait rajouter une nouvelle ligne de dépense au rapport mensuel. Ensuite, elle imagina le nombre de dossiers qu’on pourrait transporter sur un objet pareil. Mais passons. Toujours était-il que lorsque Fino et son esclave de service débarquèrent dans le bureau, Germaine n’eut d’autre réaction que de lever vers eux son éternel regard blasé et dénué de tout expression humainement compréhensible.

-Bonjour Monsieur Razowsky. Un jogging ? Pourquoi pas. Cela risque d’entrainer de nouvelles pénalités de retard, dont le pourcentage est variable selon nos mensualités, mais c’est vous qui voyez. Ceci dit, vous avez raison : cela m’éclaira les idées en ce qui concerne les taux d’imposition du marché du Royaume.

Il valait mieux ne pas imaginer ce que devrait donner une Germaine aux idées pas claires. Ce faisant, la comptable se dirigea de son pas lent, si on pouvait décemment appeler sa façon de se trainer un « pas», vers un placard, au fond de la pièce. Le placard en question comprenait, bien sûr, foultitude de paperasses en tous genres, ainsi que quelques affaires de rechanges pour Germaine, ce qui était bien plus inhabituel. Il s’agissait en fait d’un ensemble de chandail dont la couleur devait être rouge, ainsi que d’un bandeau et de deux bracelets sportifs, de même couleur, afin de ne pas dépareiller. De ses gestes précis et calculés (aucun dirait « lent»), Germaine se saisit de ces accessoires, et s’en revêtit. Elle se tourna alors vers le bébé phoque et de son esclave de service.

-Je suis prête Monsieur Razowsky.

HRP : Désolé, c’est un peu court pour le passage avec Germaine, mais je compte développer plus pour la suite ^^
Revenir en haut Aller en bas
AuteurMessage
Shana Delizet
Messages : 184
Date d'inscription : 30/05/2010
Age du personnage : 32

Voyageur Expérimenté
Shana Delizet
Voyageur Expérimenté

Carte d'identité
Essence de Vie: 120
Renommée: 260
Honneur: 55
MessageSujet: Re: MAMAAAN ! Chuis rentré ! [PV Shana et François s'il veut quand il veut] MAMAAAN ! Chuis rentré ! [PV Shana et François s'il veut quand il veut] EmptyVen 1 Fév 2013 - 10:57
[Hrp: Haerm... Euh... Mieux vaut tard que jamais ? ^^' Mais comme je vois que vous avez continué sans moi, si vous aviez prévu quelque chose, dites le moi, et je me retirerai :s Etant donné que je réapparais comme un cheveu sur la soupe...]


Quand je le disais un peu plus tôt, Ed et moi nous connaissions depuis l’enfance, et cela avait suffit pour que je le connaisse par cœur. Je savais parfaitement qu’il avait le don pour se mettre dans des situations improbables et vraiment dangereuse, et ce, quoiqu’il fasse. Il était capable de rester assis derrière son bureau, et la minute d’après d’être embarqué dans un combat pour je ne sais quelle stupide raison. Bon, il fallait avouer que j’avais aussi un don pour me mettre dans ce genre de situation, mais contrairement à lui, moi, c’était involontaire ! Dans le monde réel, j’avais dû plusieurs fois intervenir pour le sortir de situation à risque. Etrangement, malgré ma timidité maladive, parfois, j’en effrayais plus d’un, peut-être était-ce le fait que j’avais des grands frères derrière moi, capables d’aller tabasser quiconque me faisant chier… Pourtant, cela avait continué bien après mon départ de Paris. J’avais gagné en maturité, certes, mais pourtant, je ne pensais pas être une fille effrayante. Bref, tout ça pour dire, qu’il fallait que je sois toujours derrière Ed pour lui éviter des ennuis certains. Toutefois, depuis Dreamland… C’était foutu. Je ne pouvais pas toujours garder un œil sur lui, et voilà comment ça se terminait. En guerre au Royaume des Cow-Boys.

Tandis que je lui hurlais dessus des choses que moi-même je n’arrivais pas spécialement à comprendre, j’attendais sa liste des excuses. Car je le connaissais trop bien pour ne pas savoir qu’il n’était pas en train d’en préparer. C’était ainsi qu’il fonctionnait depuis toujours, bien que ses excuses se soient améliorées au fil du temps… Le pire dans tout ça, c’est que je savais très bien que mon petit discours ne lui ferait ni chaud ni froid, qu’il s’en fichait comme de son premier slip, et qu’il retournerait se faire taper sur la tronche dès qu’il en aurait l’occasion. Mais je voulais le faire culpabiliser, et ça j’y arrivais parfaitement. Il culpabiliserait à mort de m’avoir abandonnée durant tout l’été, sans me donner aucune nouvelle digne de ce nom en dehors de « tout va bien c’est génial ! ». Triple andouille ! Ca me mettait d’ailleurs encore plus hors de moi. Et le fait qu’il reste aussi calme alors que je le frappais, m’énervait encore plus !

En tant normal, je suis une fille assez calme, très calme. Non sans blague ! Demandez à tous mes professeurs depuis le primaire, ils vont diront tous que je suis un ange, qu’ils ne m’entendent jamais, que je déteste le conflit. Limite si je n’étais pas une hippie en fait… Et pourtant. Ce mec, là, face à moi, réduisait mon calme absolu à néant en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Quand j’eus finis mon petit discours en lui disant qu’il m’avait manqué, les larmes au bord des yeux, je sus que j’avais presque gagné. Sa main se glissa dans mon dos pour m’étreindre gentiment, avant qu’il ne prononce des excuses. Il voulait me raconter l’histoire, mais plus tard, mais ajouta qu’il ne voulait pas m’inquiéter, pour ne pas que je décide de le rejoindre et me mette, moi aussi, dans la merde. Lorsqu’il me demanda comment ça allait, je le regardais d’un air étrange, pour savoir s’il plaisantait. Il dut le sentir car il revint tout de suite sur la discussion. Ses excuses étaient plausibles au final, même si je savais qu’il n’y avait qu’une part de vérité là dedans. Il ne me dirait pas tout, j’en étais certaine, et même si le fait qu’il s’inquiète pour moi me touche, je ne pouvais pas ne plus lui en vouloir. Il m’avait mise de côté pendant presque deux mois !

Toutefois, il avait réussi à me calmer. Autant il arrivait à me mettre dans des états pas possibles à la moindre occasion, autant, il réussissait très bien à me calmer quand il arrivait à trouver les mots justes. Un jour, Ed m’avait dit que j’étais hyperactive. J’avais nié catégoriquement, mais peut-être qu’il n’avait pas tort… Même si je ne le lui dirais jamais… Tout ça pour dire, qu’à cet instant précis, j’étais calme, presque. Ses pseudos excuses avaient eu raison de ma colère, et le voir ici, avec moi, était déjà un bon point. J’étais contente de le voir, c’était le principal.

Soudain la porte s’ouvrit à la volée, un jeune homme entra. Sa tête me dit quelque chose, mais je ne le connaissais pas. J’avais du le croiser une ou deux fois sans plus. Il salua Ed très amicalement avant de lui demander si… Le temps sembla s’arrêter pendant un instant. Je regardais le nouveau venu comme s’il venait de sortir d’un paquet de céréales. « Mieux que chez les Cow Boys »… Cela confirmait tout ce que je pensais. Je pris une profonde inspiration, prête à en découdre de nouveau avec mon ami qui allait finir en petits morceaux très rapidement. Toutefois, je n’eus pas le temps de faire quoique ce soit, car Ed réagit avant moi. Il se dégagea de moi, sauta par-dessus son bureau, sauta sur le gars qui venait de signer son arrêt de mort, et ils disparurent tous les deux dans un des portails de Ed. La mâchoire crispée, je sentais la colère monter en moi comme de la lave en fusion dans un volcan.


« EEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEED !!!! »

D’un bon, je sautai à mon tour par-dessus le bureau, puis quittai la pièce en courant. Il ne devait pas être bien loin, et j’allais l’étriper ! D’une pensée, j’invoquai Suigintou, ma première poupée, et lui demandai de partir à la recherche de mon… ami. Pendant que je cherchai de mon côté. Il n’allait pas s’en tirer comme ça, c’était certain ! Je traversai les couloirs en courant, ouvrant des portes à la volée ici et là, hurlant son prénom dans tout le château. Lorsque j’ouvris la quinzième porte peut-être, je me retrouvai face à Germaine, Fino et Clane. Ceux-ci se tournèrent vers moi d’un seul geste, et je vis le bébé phoque blémir (si un phoque pouvait blémir évidemment). Je m’approchai de lui, furieuse et l’attrapai d’une main.

« Il est OU ? »
« Hein ? Qui ça ? »
« A ton avis abruti ?! Je te parle de Ed ! Je te préviens, si j’apprends que tu es responsable de ce qu’il s’est passé là-bas, ça va très mal finir pour toi ! »

Et sans attendre sa réponse, je quittai de nouveau la pièce pour aller à la recherche du claustrophobe.

___

De son côté, Suigintou avait fait apparaître ses ailes de plumes et volait à travers les couloirs. Elle ne fut pas très longue à le retrouver, et atterrit juste devant les deux hommes, annonçant à l’un d’eux, par sa seule présence, ce qui l’attendait.
Revenir en haut Aller en bas
AuteurMessage
Ed Free
Surnom : Le Ed Free
Messages : 2785
Date d'inscription : 27/05/2010
Age du personnage : 34

Voyageur d'élite
Ed Free
Voyageur d'élite

Carte d'identité
Essence de Vie: 4095
Renommée: 7949
Honneur: 1289
MessageSujet: Re: MAMAAAN ! Chuis rentré ! [PV Shana et François s'il veut quand il veut] MAMAAAN ! Chuis rentré ! [PV Shana et François s'il veut quand il veut] EmptyMer 6 Fév 2013 - 21:50
[HRP : Scuse-moi Shana, je nous fais fuir encore T_T Promis, c'est terminé après.]



Le flegme de Matthieu me mettait dans tous mes états : il me donnait une raison supplémentaire de paniquer en explicitant pourquoi je devais paniquer, et si son instinct de survie n’était pas aussi défaillant que lors des quelques jours précédents, il devrait lui aussi sérieusement se préoccuper de Shana. Comme un bolide, elle foncerait nous retrouver, en prise avec une colère sans pareille, et la suite des événements serait brutale. Le pouvoir de l’amour était plus puissant que tout, et si vous le retourniez comme une crêpe, vous n’obteniez pas de la haine pure, mais une sorte de sentiment contradictoire qui lui soufflait à l’oreille et implantait dans son esprit que si elle défonçait ce qu’elle aimait, alors plus personne ne pourrait lui faire de mal car après, il ne resterait plus assez de nerf intact pour transmettre la douleur. Le tapis ne ressentait rien quand un rouleau-compresseur lui roulait dessus. C’était un peu la même logique, pour Shana. Qu’elle puisse me hurler dessus sans que j’accepte de lever le ton était la preuve qu’elle avait de la légitimité à le faire, et que ce n’était qu’une représentation de l’amitié mutuelle qu’on avait construit pendant des années. Et qui des fois, payait sa dette.

Face à Shana, il n’y avait pas de défense possible. Juste se recroqueviller sur toi, tenter de trouver des mots apaisants à lui sortir, attendre que la tempête passe car ce n’était pas en levant les mains, ou en levant la voile, qu’on calmait la houle. Les colères aimantes d’une Shana surprotectrice n’étaient finalement rien de moins qu’un cataclysme sentimental sur lequel il fallait absolument bien naviguer, et profiter des vagues. Et l’apparition de Matthieu correspondait, en gardant cette magnifique allégorie, à avoir tiré la chasser de la mer toute entière. Maintenant, on était embarqué dans une lutte pour la survie, car le maelström allait faire des ravages. Donc quand Matthieu, du haut de son innocence me demandait de me calmer parce qu’on avait seulement affaire à une fille, je le regardai avec les yeux ronds de stupeur en me disant qu’il n’avait pas appréhendé la situation.


« Nan, c’est pas une fille. C’est un putain de monstre. C’est un peu comme si Fino… il avait soudainement des envies de meurtre, bien violentes. » J’espérais que cette image le réveillerait. Difficile de faire plus frappant.

Tandis qu’on longeait les couloirs, que je choisissais avec précaution avec mes lunettes de soleil, aiguillant ainsi notre chemin selon les vas-et-viens de Shana (et aussi, je l’avouai, pour éviter la pièce de la comptabilité où Germaine, Clane et Fino étaient rassemblés pour des raisons que je n’avais pas envie de connaître). Avec mon super Artefact, je pourrai savoir où elle était avant qu’elle ne nous tombe dessus. Sans lui, cette nuit aurait viré au cauchemar d’horreur. Je fus même averti d’une seconde aura qui se déplaçait vite et sans raison dans les couloirs. J’en venais presque à me demander si la Voyageuse n’avait pas invoqué une de ses poupées afin de pouvoir nous retrouver au plus vite.

J’écoutais ce que Matt avait à dire. C’est vrai, nous avions gagnés après une âpre bataille. Mais tout de même, Shana n’allait pas aimer savoir que j’y avais participé, à cette bataille. Ensuite, je ne savais pas si elle me giflerait pour avoir entraîné Mollusque-Man dans ces galères, je n’étais pas certain qu’elle l’apprécie assez pour l’engueuler comme elle m’engueulait ; et puis, certainement qu’elle serait trop aveuglée par la colère pour se concentrer sur autre chose. Dire que je mettais autant d’acharnement à fuir, à esquiver ses allées et venues avec un pauvre Matthieu, tout ça pour refuser de la laisser m’écrabouiller la gueule. De toute façon, je ne faisais que repousser l’échéance ; et quoi, soit elle nous retrouvait maintenant, soit elle me retrouverait plus tard, et si par hasard le temps n’avait pas calmé ses ardeurs, alors le DreamMag qui sortirait et qui raconterait les événements récents du Royaume des Cow-Boys allait lui remettre en mémoire mon exécution prochaine. Il serait difficile après cela de lui faire croire que j’étais parti là-bas pour fumer des pétards avec un Voyageur connu pour sa hargne au combat.

Matthieu me demanda soudainement si je ne voulais pas fumer un petit joint. Je le regardai, étonné qu’il puisse encore penser à ça, mais en fait, l’idée était plutôt bonne, oui. Il ne restait plus qu’à savoir où on pourrait se poser sans craindre une Shana folle furieuse au détour d’un couloir. Et en parlant d’elle, je fus surpris par l’aura de tout à l’heure qui filait à travers les couloirs et qui se retrouva trop rapidement devant nous. C’était une des poupées de Shana qui nous regardait. Et qui nous dit que Shana allait nous retrouver et nous faire énormément de mal. Enfin, c’était ce que j’entendis. Je me retournai, hurlai (un truc dans le genre), invitai Matthieu à faire de même et nous repartîmes dans la direction opposée à la poupée. Ce n’était pas très intelligent de lui tourner le dos, je savais que Shana avait des pouvoirs plutôt destructeurs. Ce fut pour ça que je me dépêchai de trouver une solution.

Je trouvai finalement la solution. J’utilisai une nouvelle paire de portails et je nous fis passer à travers eux de suite. On se retrouvait maintenant sur le toit du palais, en plein air, alors qu’une petite bise rafraichissait la température chaude de l’extérieur. Dire que le toit était parfaitement plat tiendrait du mensonge, mais il n’était pas aussi pointu que les charpentes américaines. On pouvait tenir dessus sans problème, le cul sur des tuiles parfaitement vissées, avec un bout du marché et la cime de la forêt comme paysage. C’était plutôt sympa. Je n’étais pas certain de pouvoir rester longtemps ici, mais merde, je ne pouvais pas me cacher éternellement.


« Je t’en prie, Matt, déballe la cam, on va se mettre bien. »

Je regardai encore une fois les forêts, le vent que je pouvais presque voir, cisaillant le haut des arbres. Je sentais que l’aventure se dressait partout. Ça me donnait déjà envie de repartir, c’était dingue. Je supposais que Shana y était pour beaucoup ; pas qu’elle me terrifiait, bien au contraire : sa présence était si touchante et si familière qu’elle réussissait à me redonner du courage pour repartir à l’aventure. Dire qu’il n’y avait pas une demi-heure, je rentrais dans le Royaume blasé, et maintenant, je rêvais déjà de repartir vers des contrées lointaines. Un souffle dans mon cœur me le demandait, j’avais un fil dans le nombril qu’une force invisible tirait.

« Faudrait quand même que je la remercie, Shana. Elle me permet de relativiser tous mes problèmes. » Un petit silence. C’était plus une pensée dite tout haute qu’un moyen de relancer la conversation. « Et toi, Matt ? Tu comptes faire quoi maintenant ? La nuit prochaine, la semaine prochaine, tout ça… »

__

Fino regardait Germaine se changer ; c’était long, très long, mais il ne fit aucun commentaire. Il se réservait pour le moment où elle serait en survêtement, même si Germaine pouvait faire passer n’importe quel haut pour un chandail pourri. Le résultat était tellement ridicule que le bébé phoque avait déjà une dizaine de phrases qui se collaient à sa langue et attendaient d’être éjectées. Mais il n’eut même pas le temps de sortir un honorable « Vous êtes moche à ravir, Germaine », ou encore, « N’oubliez pas de les passer à Clane dès que nous aurons terminé » qu’une Shana en furie rentra dans le bureau de la comptable et s’empara de lui et le regarda avec des yeux fous. Elle lui hurla un truc, il voulut riposter mais la surprise encombrait sa gorge. Finalement, Shana partit aussi vite qu’elle n’était venue, laissant dans son sillage une traînée de colère qu’on pouvait encore sentir dans l’air. Fino hurla :

« Putain mais quelle salope ! Elle a ses règles ou quoi ?! A moins que justement, elle les ait plus. Pauvre Ed. »

La seule fille sur Terre et sur Dreamland qui recherchait Ed. Dommage, c’était pour lui faire bouffer ses vertèbres après y avoir arraché la moelle osseuse. C’est fou comme la vie était bien faite. Il se rendit enfin compte que la colère de Shana, selon ce qu’elle lui avait craché, devait provenir des événements récents du Royaume des Cow-Boys. Le phoque ne put s’empêcher de sourire méchamment quand il comprit que le petit blondinet était dans la pintade.

Les trois partirent de la pièce. Un grand Voyageur badasse en tablier rose qui poussait un chariot doré sur lequel trônait Fino qui avait maintenant un sifflet autour de son cou, et se traînait près d’eux, une limace en survêtement de sport tellement ridicules qu’une grand-mère n’en voudrait pas comme pyjama. Les rares domestiques qui les croisèrent prirent très peur. Fino jeta un coup d’œil à l’imperturbable limace, qui avait émis comme des menaces les conséquences que pourraient entraîner son absence au bureau, comme si elle était la geôlière des chiffres et que sans elle, ils en profitaient pour s’envoler très haut et décoiffer des taux record. Germaine était une arme de dissuasion massive en tout cas, car chaque personne qui voudrait avoir un lien quelconque avec le Royaume pourrait se retrouver à farfouiller des documents comptables avec Germaine. Une manière efficace de faire fuir les gens, souiller leur honneur, les plonger dans l’horreur rationnelle, et tout ça sans qu’il y ait d’incident diplomatique.

Ils se retrouvèrent enfin dans le grand hall du palais. Il était bien propre, tout parfait. Fino sourit méchamment quand il déclara enfin :


« Allez Germaine. Il est temps que vous fassiez vos petits tours de jogging. ET TOI, ESPECE DE CONNARD DE MERDE, DUCON, TU LA SUIS AVEC TA BROSSE A DENTS ET TU NETTOIES LES SALETES QU’ELLE LAISSE DERRIERE ELLE !!! »

Evidemment, Fino avait eu cette idée de petit sport pour la limace seulement afin de trouver de nouvelles manières de tuer Clane à la tâche. Il s’en foutait bien de savoir si ce mec était un truand, un économiste, un saint ou un vendeur de pains au chocolat : il était sous ses ordres, et sous les ordres de Fino, vous n’étiez plus qu’un esclave, et votre patronyme n’était plus qu’un nom de chien.
Revenir en haut Aller en bas
AuteurMessage
Matthieu Furt
Messages : 92
Date d'inscription : 04/08/2011

Voyageur Expérimenté
Matthieu Furt
Voyageur Expérimenté

Carte d'identité
Essence de Vie: 170
Renommée: 743
Honneur: 40
MessageSujet: Re: MAMAAAN ! Chuis rentré ! [PV Shana et François s'il veut quand il veut] MAMAAAN ! Chuis rentré ! [PV Shana et François s'il veut quand il veut] EmptyJeu 21 Fév 2013 - 22:51
Durant toute cette histoire, Matthieu ne pouvait pas s'empêcher de sourire. Qu’est-ce qu’il disait déjà ? Ah, oui. Qu’il suffisait de trainer quelques minutes avec Ed pour que ça dégénère en n’importe quoi, avec action et suspens souvent en supplément. C’en devenait presque de la routine, et cela ne lui déplaisait en aucune manière. Prenez la situation présente : Matt était juste passé voir son pote, le lendemain d’une bataille de dingue, et qu’est ce qui se passait ? Les deux compères se retrouvaient poursuivis par une furie, qui se trouvait être une amie d’Ed, dans son propre palais. Avec des amis pareils, on n’avait pas besoin d’ennemis. Pour connaitre tous les ennuis possibles et inimaginables de Dreamland, il suffisait de trainer avec le plus célèbre des claustrophobes. C’était mécanique. Et c’était à se demander comment il avait survécu jusqu’ici. Peut-être justement trainait-il une horde de fans prêts à en découdre avec n’importe quoi, tant qu’il y avait de l’action époustouflante de promise, un peu comme ce que faisait Mollusque-man ? Ou alors, Ed avait beaucoup de chance. Mais autant de chance combinée avec autant de malchance, même si cela n’en était pas réellement selon l’invocateur, ce n’était tout simplement pas possible. L’autre possibilité était peut-être que le réel pouvoir du blondinet était d’invoquer des Deus ex machina à tout moment. Ce n’était pas la plus irrationnelle de toutes les solutions.

Toujours était-il que les deux larrons en foire erraient comme deux voyageurs en peine (surtout Ed, en fait, qui gardait un perpétuel air angoissé) dans les couloirs du palais. Ceci dit, à la décharge du claustrophobe, leur départ avait provoqué de la part de Shana un cri plutôt terrifiant, dont même Matt avait été intimidé. Drôle de fille, quand même. Matthieu ne comprenait tout simplement pas pourquoi elle se mettait dans des situations pareilles. Certes, il lui était arrivé lui-même, dans le monde réel, de se retrouver aux prises avec une de ses copines du moment, qui trouvait qu’il avait pris des risques inutiles pour telle ou telle histoire. Mais c’était dans le monde réel. Là, on était sur Dreamland. Le but était quand même d’en profiter au maximum, ce dont Ed semblait plutôt d’accord. Et de toute façon, même les voyageurs trouillards qui préféraient rester tranquilles se retrouvaient plutôt facilement dans la panade. De surcroit, autant que Matt pouvait le savoir, Shana n’était pas la copine du Private Jokes. Allez comprendre. C’est pourquoi Ed tenta d’expliquer la situation à son acolyte du moment. Lequel n’en demeura pas moins éberlué.

-Mais... OK, je sais que Fino est parfois gueulard. Mais ça reste un bébé phoque... Non ?

Il y avait quelque chose de bizarre avec Fino. Evidemment, c’était un bébé phoque qui avait un caractère de cochon, et quand il voulait, il pouvait s’avérer blessant, au sens propre comme au figuré. Mais ça restait techniquement une bestiole qui ne devait pas dépasser les genoux de Matt quand il se tenait « debout», et encore. Surtout, pour une raison totalement inconnue, le jeune homme avait souvent l’impression d’être le seul à trouver l’animal drôle. Il fallait avouer qu’il avait un vocabulaire plutôt fleuri, pour une bestiole habituée à la glace (oui, c’est un mauvais jeu de mot). Et, honnêtement, Matt trouvait ça drôle. Il avait beaucoup de mal à prendre Fino au sérieux, et était presque persuadé que le phoque le faisait exprès, cachant au fond un caractère plus aimable (vraiment profondément, alors). Pour des raisons étranges, le pelucheux ne semblait pas vraiment apprécier quand Mollusque-man prenait ses insultes à la rigolade. En fait, cela semblait l’irriter plus qu’autre chose.

Mais alors que Matthieu était plongé dans ces pensées et qu’Ed tentait toujours de trouver une issue de secours à la situation, une étrange créature fit son apparition devant les deux garçons. Apparemment, il s’agissait d’une invocation de Shana. Les lèvres de Matt s’étirèrent d’avantage, tandis que que ses yeux se mirent à briller. Et bien, la voila enfin, l’action en bonne et due forme. Peut-être cette soirée serait-elle encore plus intéressante que prévue. Invocateur contre invocatrice. Mollusque contre poupée (non, ce n’était pas le titre d’un mauvais porno). Un petit combat contre une célèbre Private Jokes, voila qui n’était pas pour déplaire au jeune homme. Mais avant même que Matt eut pu faire un geste et lâcher un de ses monstres contre la poupée volante, Ed attrapa son bras et l’entraina à sa suite dans la fuite. Et alors que Mollusque-man, outré, s'apprêtait à protester contre cet état de fait, Ed les téléporta, une fois encore. A peine arrivée, Matthieu s’étala contre le sol. Enfin, le sol... Façon de parler. En effet, les deux voyageurs se retrouvaient sur le toit du palais du royaume des Deux-Déesses. L’invocateur se releva péniblement, les jambes flageolantes, pas loin du haut-le-coeur.


-Putain, Ed, je déteste quand tu me fais prendre tes portails à la noix !

Décidément, Ed n’était pas dans son état normal, pour réagir de la sorte. En attendant, les voila tous les deux en plein air. Ceci dit, ici, ils étaient cachés. Mais Matthieu détestait totalement que le claustrophobe utilise ainsi son pouvoir sur sa personne. Mais la vue était plutôt sympa, d’ici, rien à y redire. D’ailleurs, Ed sut parfaitement faire changer les esprits de Mollusque-man en lui proposant de commencer à fumer, ce que ce dernier avait proposé quelques instants plus tôt, avant que la poupée ne fasse son apparition. Il n’en fallait pas plus à l’invocateur. D’ailleurs, d’ici quelques instants, il allait probablement ce retrouver dans le même état nerveux que ses propres mollusques. Il sortit donc de sa poche le matériel adéquat, avec, entre autres, de l’herbe particulièrement délicate, dont il avait l’acquisition quelques nuits plus tôt au Royaume des Chats. C’était là qu’on trouvait la meilleure de toute façon. Autre avantage non négligeable de Dreamland, tout de même : on pouvait trouver de quoi fumer de qualité exceptionnelle. Et Matt n’avait jamais entendu parler de dealers arrêtés dans aucun royaume onirique, même si le Roi des Mollusques lui avait formellement interdit de fumer quoi que se soit quand il se trouvait dans l’enceinte de son Royaume. De ses doigts experts, le jeune homme roula le joint avec art. Puis tira une première taffe, tandis qu’Ed parlait quasiment tout seul.

-Hein ? Tu disais quelque chose, mec ?

Matthieu retira sur son joint, laissant son esprit planer. C’est vrai qu’ils étaient bien, tous les deux, sur le toit, en plein air, avec de quoi fumer, tel deux anciens combattants. Ceci dit, heureusement qu’il n’y avait pas de coucher de soleil, sinon, ça aurait fait très gay. Tandis que l’invocateur tendait le joint au contrôleur pour qu’il puisse en profiter aussi, il lui répondit, car il avait tout de même eu le temps de percevoir les questions que le blondinet lui avait posé :

-Ba écoute, je sais pas trop. J’aime bien ne pas me donner des règles trop strictes sur Dreamland. On est pas au boulot, quoi. Faudrait peut-être que je retourne au Royaume des Mollusques, remarque. Et toi, vieux ?

Un petit sourire béat courait sur les lèvres du jeune homme, signe que la drogue commençait à faire effet. Un pote, un joint, du soleil, Dreamland. Il y avait tout de même pire dans la vie. Enfin, cela, c’était si on retirait la furie qui leur courait après, bien sûr...

_________________

A ce propos... Germaine venait à peine de finir de s'apprêter, si une telle expression pouvait vraiment convenir à la limace, qui restait toujours aussi immonde de toute façon, qu’une Shana folle de rage déboula dans le bureau de la comptable. Elle eut un entretien des plus brefs et des plus agressifs avec Fino, puis repartit. Pour une fois que c’était le bébé phoque qui servait de défouloir... La comptable n’avait même pas eu le temps de protester de sa voix trainante (et angoissante pour un grand nombre de gens) de la présence impromptue de la jeune fille dans son bureau. En un sens, cela valait mieux. Germaine avait un sérieux problème avec les personnes de sexe dit faible. Non pas qu’elle fut misogyne, car après tout, la bureaucratie ne fait pas de discriminations entre les genres, mais c’était la dénomination qui était un tant soi peu problématique. En effet, comme chacun sait, et pour une raison inconnue, Germaine s’obstinait à appeler tout le monde, quel qu’il soit, par « Monsieur Razowsky », surtout Matthieu, qui cherchait en vain la solution de mystère. Or, elle ne pouvait décemment pas appeler une femme « monsieur», ce serait une faute procédurière grave. Donc, ce n’était pas plus mal si Shana était repartie aussi vite qu’elle était revenue, même s’il était terriblement frustrant de pas lui avoir mis sous les yeux les paperasses que Germaine devait lui faire remplir depuis quelques temps. Etonnamment, dans ce palais, dès qu’elle venait voir quelqu’un pour lui parler des papiers en retard, la personne en question esquivait la demande, quand elle ne s’enfuyait tout bonnement pas en hurlant. Fino, en tout cas, lança une de ses sympathiques tirades dont il avait le secret, toujours avec élégance et vocabulaire châtié.

-Vous croyez que perdre ses règles fait perdre son sang-froid, Monsieur Razowsky ? Je suis content de savoir les humains aussi attachés à leur matériel de bureau.

Il était évident qu’une limace comme Germaine avait du mal à percevoir le sens de « menstruation. » Et si jamais elle avait dû en avoir un jour, la ménopause devait sans doute faire partir de son être depuis de trop nombreux siècle pour qu’elle se souvienne de cette notion. Ce fut en tout cas sur ces bonnes paroles que l’invocation suivit le phoque à roulette jusqu’au hall. La relation entre ces deux créatures étaient tout de même des plus étonnantes, et aussi des plus effrayantes pour nombre d’habitants du Royaume des Deux-Déesses. Si la limace pouvait avoir des sentiments, nul doute que Fino serait manifestement l’élu de son coeur (nous sommes ici bien entendu dans le domaine de l’improbable). En tout cas, elle avait un comportement différent avec lui, qu’on ne pouvait remarquer que quand on la connaissait bien. Par exemple, elle lui refilait nettement moins de formulaires à remplir qu’à la moyenne des gens. Ensuite, de façon générale, elle semblait toujours prête à suivre la plupart de ses directives, même si c’était avec l’absence totale d'enthousiasme qui la caractérisait, ainsi que les remarques bureaucratiques habituelles. Mais tout de même, il y avait quelque chose qui faisait bien de ces deux-là un duo, aussi farfelu et dangereux soit-il. Peut-être était-ce parce que Fino était le seul à manifester un intérêt certain pour la secrétaire, et ce, pour ce qu’elle était vraiment, à savoir un bureau d’administration. Allez savoir. En tout cas, Germaine se mit en route pour son footing :

-C’est parti, Monsieur Razowsky. Un formulaire 35CX-5, deux formulaires 35CX-5, trois formulaires 35CX-5...

C’est ainsi que l’invocation scandait chacune de ses avancées, qui était bien évidemment longues et laborieuses au possible, laissant au passage une quantité de bave proportionnellement équivalente à sa masse (comprenez : « importante»). Le pauvre Clane n’avait pas fini d’en baver, sans mauvais jeu de mot. Tout en « courant», Germaine s’adressa au bébé phoque tyrannique, d’un air aussi peu frais que de coutume, en tout cas nullement indisposé par l’effort physique ô combien intense.

-Vous êtes sûr qu’un jogging dans le hall est parfaitement réglementaire, monsieur Razowsky ?
Revenir en haut Aller en bas
AuteurMessage
Shana Delizet
Messages : 184
Date d'inscription : 30/05/2010
Age du personnage : 32

Voyageur Expérimenté
Shana Delizet
Voyageur Expérimenté

Carte d'identité
Essence de Vie: 120
Renommée: 260
Honneur: 55
MessageSujet: Re: MAMAAAN ! Chuis rentré ! [PV Shana et François s'il veut quand il veut] MAMAAAN ! Chuis rentré ! [PV Shana et François s'il veut quand il veut] EmptyMer 17 Avr 2013 - 12:22
Je sentais que Suigintou m’appelait. Apparemment elle les avait retrouvés. Je me précipitai dans la direction qu’elle m’indiquait par le lien étroit qui existait entre l’invoquant et l’invoqué. Heureusement ils n’étaient pas loin, mais j’arrivais plus ou moins trop tard. J’entendis hurler, et accélérai le pas tandis que je sentais ma poupée s’agiter. Au moment où je tournai dans le bon couloir prête à en découdre une nouvelle fois avec mon stupide ami et son acolyte, ceux-ci se dirigeaient vers moi en courant, avant de disparaitre par un portail qui venait d’apparaître entre eux et moi. Les plumes de ma poupée qui se dirigeaient vers les deux hommes, arrivaient maintenant dans ma direction, et avant qu’elle ne s’en rende compte, Suigintou m’attaquait avec des plumes noires. Je me protégeai le visage à l’aide de mes bras, puis cela se termina. Je jetai un œil à ma poupée qui me fit un sourire désolé avant de disparaitre.

Je lâchai un juron. Ed commençait sérieusement à m’énerver avec ses portails à la noix. Il ne se rendait pas compte que plus il me fuyait, plus ma colère serait terrible. Je me mis à faire les cent pas dans le couloir, essayant de deviner l’endroit où il aurait pu se planquer. Mais le château était vaste… Il ne retournerait pas dans son bureau, c’était certain. Auprès de Fino encore moins. Plus il trouvait le moyen de l’éviter, mieux c’était pour lui. Un peu comme avec moi en fait. Moins il me voyait, plus ça semblait lui faire plaisir. Je commençai par me demander si cela valait la peine de continuer à m’énerver contre un idiot pareil. Cela faisait des années que je me trouvai à ses côtés, et j’avais l’impression d’être la rabat-joie de service, et encore plus depuis que nous nous étions retrouvés à Dreamland. Je laissai échapper un soupire et me laissai glisser contre le mur, les yeux levés vers le plafond.

Quand on était petit, les gens nous comparaient souvent aux inséparables, ces petits oiseaux tout mignons. Mais plus le temps passait, et plus j’avais l’impression que cette comparaison était stupide. J’avais plutôt l’impression d’être une mère surprotectrice envers lui. Mais je ne pouvais pas m’en empêcher, et pourtant j’essayai… Je me souviens une fois, sa grande sœur l’avait engueulé, et il s’était réfugié sur le toit de sa maison pour lui échapper. J’avais été la seule à savoir où le trouver, parce qu’il nous arrivait de penser de la même manière. Et quel meilleur moyen d’échapper à quelqu’un que de se mettre en hauteur, là où personne ne pensait à lever les yeux…

Je me redressai brusquement. Le toit ! Bien sûr ! Je me remis debout avant de courir de nouveau dans les étages. A ma connaissance, il n’y avait pas d’accès direct aux toits, mais j’avais un autre moyen de m’y rendre. Une fois rendue au dernier étage, j’ouvris la première porte que je trouvais et me dirigeai vers la fenêtre sans faire attention au reste de la pièce. J’invoquai Suiseiseki qui comprit tout de suite ce que j’attendais d’elle. Elle transforma son esprit artificiel, Suidream, en arrosoir, et arrosa le sol autour d’elle pour créer des lianes qui se dirigèrent vers l’extérieur pour atteindre le toit. L’une des lianes s’enroula autour de mes chevilles et de mes poignets et m’emmena dehors. Je me retrouvai au dessus du vide, mais n’y fit pas attention, me contentant de regarder vers le ciel. Quelques secondes plus tard, je me retrouvai sur les tuiles. Ma poupée disparut, me laissant là. Le château possédait plusieurs toits, puisque quelques tours, aussi n’étais-je pas sur le bon. Mais un peu plus loin, je pouvais apercevoir Ed et Matthieu en train de… Fumer ?

Furieuse, je réussis à passer de toit en toit, jusqu’à arriver là où je voulais être : derrière les deux hommes que je cherchais depuis… Depuis trop longtemps à mon goût.


« Ah ! Enfin vous voilà ! Ed, tu vas me payer cette course poursuite je te pré… »

Mais je n’eus pas le temps de finir ma phrase. Trop énervée contre mon ami pour faire attention à ce que je faisais lorsque je m’approchai de lui, mon pied glissa sur les tuiles, et je tombai sur les fesses avant de dévaler le toit, et de tomber dans le vide…
Revenir en haut Aller en bas
AuteurMessage
Ed Free
Surnom : Le Ed Free
Messages : 2785
Date d'inscription : 27/05/2010
Age du personnage : 34

Voyageur d'élite
Ed Free
Voyageur d'élite

Carte d'identité
Essence de Vie: 4095
Renommée: 7949
Honneur: 1289
MessageSujet: Re: MAMAAAN ! Chuis rentré ! [PV Shana et François s'il veut quand il veut] MAMAAAN ! Chuis rentré ! [PV Shana et François s'il veut quand il veut] EmptyVen 17 Mai 2013 - 0:57
[HRP : Excusez-moi du retard T_T Je vous ai oubliés T_T]



Sweet God, que ça faisait du bien d’être en haut du Royaume et de le voir… Une petite bouffée de fierté me remplit le bide, et une vague de nostalgie me secoua légèrement (mais pas trop, on était en haut d’une tour). On en avait accompli des choses, avec Jacob… Je fis évaporer les pensées rapidement, aussi agréables fussent-elles. J’étais avec Matthieu, je n’allais pas penser à Jacob. Je me rendis compte que cette phrase, sortie de son contexte, avait un terrible côté subversif. Au lieu de penser des conneries, peut-être qu’écouter les réponses de Matthieu serait bien, aussi, hum ?

Je sautai sur le fait qu’il ne m’écoutait pas. Je tirai une autre latte pour souligner la fin de la discussion, et je laissais tranquillement Mollusque-Man répondre à la question concernant ses prochains voyages. Même s’il ne savait pas vraiment où aller, et que faire. La seule idée qui lui venait en tête était peut-être, à l’occasion, de se rendre à son Royaume, sans but précis. Ouais, il avait répondu ça parce qu’il n’avait aucune autre idée à me soumettre. Il connaissait le Royaume des Mollusques, alors peut-être qu’il allait y faire un tour, comme ça, tranquille. Matthieu ne s’était pas encore posé sur Dreamland ; même moi, alors que je me considérais comme un aventurier insatiable, j’avais un îlot où me reposer, comme le Royaume des Deux Déesses. Et ma vie consistait à flirter entre cet havre de paix et quelques missions dangereuses. J’allais rarement dans un endroit sans savoir quoi y faire, sauf quand je me réveillais dans un Royaume que je ne connaissais pas à cause de la veille (barathon, excès d’informatique, etc.). Je me demandais vraiment ce qu’allait devenir Matt sur Dreamland. Il me semblait toutefois que vouloir l’embaucher dans la Garde du Royaume des Deux Déesses serait contraire à ses principes. Je me tus donc, et attendais peut-être une meilleure opportunité pour lui en parler. Matt, c’était un pote, pas un futur employé.

En tout cas, je lui souhaitai bonne chance, et allai presque à l’envier. Il avait une idée : partir et voyager sans se soucier du reste, et ça me faisait méchamment envie. Malheureusement, j’avais visité de nombreux Royaumes déjà, et même si je n’avais pas posé les pieds sur les neuf dixième de Dreamland, j’avais contemplé déjà pas mal de ce qu’il y avait à voir. Le reste, c’était soit inutile, soit salement dangereux. Je n’avais pas envie de faire de voyage seul, mais Jacob était un peu flemmard depuis qu’on avait le Royaume et que les principales menaces étaient éliminées. J’avais entendu quelques merveilles qui attendaient sagement qu’on pose les yeux dessus, et il y avait aussi des endroits dangereux où je rêvais d’aller… Mais voilà, y aller seul, c’était légèrement ridicule. Je réussirais certainement à faire bouger mon coéquipier un de ces quatre… Mais ce n’était pas la priorité du moment. La priorité, c’était d’oublier cet été merdique où Matt avait un joué un rôle précieux.

Quand il me retourna la question, j’étais un peu silencieux, car je ne savais pas quoi exactement lui répondre. Continuer à faire ce que je faisais ? Oui, Ed, mais tu faisais quoi ? Je ne voyageais pas, le terme n’était pas exact… Disons plutôt que je… vagabondais. Et que quand on avait besoin de moi, il arrivait que je tende la main. Puis des fois, je revenais ici. Puis des fois, Maze m’appelait, mon Seigneur Cauchemar voulait absolument que je fasse une petite course pour lui, et ça partait en cacahouète avec moi qui marchait jusqu’en Espagne pour des raisons obscures. Oui, j’avais raconté à l’invocateur une partie de l’histoire, mais je lui avais caché quelques trucs. Enfin, à part continuer à « vagabonder », avais-je quelques projets d’avenir ? Ouais, je croyais que oui. Même si ça serait aussi vague que sa réponse à lui :


« Je sais pas trop… J’ai rien prévu avec Jacob. Je pense qu’une fois qu’on sera devenus un peu puissants, on ira se fritter contre le groupe de Voyageurs qui a mis nos têtes à prix. » Foutus Von Jackson… J’avais pas buté leur fille, même l’autopsie aurait dû être avec moi. Mais voilà, ils en avaient rien à foutre et ils hurlaient vengeance. Ces mecs étaient vraiment pas des cadeaux. « Je vais aussi tenter d’éviter mon Seigneur Cauchemar, par contre. Au cas où il aurait d’autres supers idées de mission. »

Au moins savait-il que mon propre Royaume m’avait fourni le meilleur été de ma vie. Enfin bon, c’était du passé maintenant. Peut-être que je me ferais pourchasser, peut-être pas. Rien à foutre de l’avenir. Là, j’avais un peu de tranquillité et j’allais en profiter.

Un peu de tranquillité, à une Shana près tout de même. Elle avait je ne savais comment réussi à nous retrouver et se retrouvait derrière nous, avec une sérieuse envie de meurtre. Ma vie avait certainement défilé devant mes yeux, mais je ne m’en souvenais plus. C’était passé bien trop vite et de prime, l’effet effrayant de sa subite apparition fut gâchée par une triste glissade. Mon esprit me dit que ce n’était pas bien grave, qu’elle se rétablirait et nous casserait la gueule après. Mais malheureusement, je me souvins aussi que nous étions tout en haut d’un château, et que la chute pouvait être fatale. Même pour une Voyageuse. Même pour Shana, même si elle tuerait le sol au passage. J’avais des réflexes, autant les utiliser. Tandis que son corps commençait à chuter, je me jetai à son tour pour récupérer une de ses mains. L’utilisation du verbe « se jeter » voulait tout dire sur ma capacité cognitive, alors qu’un simple « attraper » aurait suffi. Mais voilà, « attraper » n’aurait pas rendu justice au fait que je tombe à mon tour, précipité par la surprise et la crainte de voir Shana chuter.


__

« On bouge son cul, Clane ! Tu crois que les habitants du Royaume veulent voir le hall dégueulasse ?! Faut que ça brille autant que le cul d’un politicien ! Allez, on bouge, on bouge ! Merde, Clane, comment tu peux traîner plus que Germaine alors que elle traîne littéralement ? BOUGE TON CUL !!! »

Fino adorait ces petites séances de jogging, où Germaine n’était qu’un prétexte. Sa prochaine idée consistait à du saut à l’élastique : on accrochait la limace à un endroit quelconque, on la laissait tomber, elle s’amusait comme pouvait s’amuser une comptable (peut-être en comptant les mètres), et évidemment, on mettait Clane en-dessous, qui se prendrait la douche de bave de sa vie. Et si la longueur de la corde (euh, flûte, l’élastique) le voulait bien, il aurait droit à Germaine en prime en plein dans la gueule. Et évidemment, comme il était un coussin, il n’avait pas le droit de se plaindre. Plus Fino pensait à cette idée, plus il l’aimait. Il se reconcentra sur la course.

« Clane, si la brosse à dent est pas assez efficace, tu peux te servir de ta langue, dufion ! »

Après un quart d’heure d’un spectacle hautement jouissif, il était temps de s’arrêter. Fino savait que Germaine ne pouvait pas se fatiguer sous peine de prouver qu’elle avait des organes comme la plupart des êtres vivants, mais elle perdait certainement en énergie quelque part. Elle ne DEVAIT pas courir plus de vingt minutes. Heureusement, la prochaine activité de la journée allait être moins fatiguant. Et peut-être même encore plus amusante. Fino siffla comme un dingue pour arrêter le jogging, mais pria très méchamment Clane de continuer à frotter jusqu’à ce que ça brille, et si par miracle il arrivait à tout nettoyer avant son réveil, alors qu’il reste ici. On avait toujours besoin de savoir où étaient les jouets. Il demanda à Germaine de l’accompagner, et n’hésita pas à lui dire :

« Chère Germaine, que penserez-vous de faire du saut à l’élastique. Il paraît que ça détend. »

Les deux descendirent ensuite dans la cave du Royaume. L’humidité et l’odeur les assaillirent, mais ça ne les firent pas reculer. Ils traversèrent deux trois pièces pour se retrouver dans une salle sombre, très sombre, où on entendait quelques geignements. Fino alluma un vieil interrupteur (à sa portée), et une silhouette apparut au fond de la salle. C’était un pauvre prisonnier torse nu, sale, attaché à deux poutres placées en diagonale. Dès qu’il vit la lumière, il commença à implorer leur pitié. Les deux bourreaux l’ignorèrent sans aucun problème.

Les Private Jokes viraient les malfaiteurs du Royaume. Quand ils n’étaient pas là, c’était Fino qui se chargeait de leur sort, et ils détestaient la punition éphémère d’un rapide petit coup de pied dans l’arrière-train. Les garder prisonniers quelques temps en les détruisant psychologiquement était un acte bien plus censé plus punitif, et aussi plus rigolo. Fino se posa sur la table, presque à hauteur du prisonnier. Il déclama :


« Alors alors alors… ça fait quinze jours que tu es ici, non ? Excuse-moi de ne pas être descendu plus tôt, j’avais à faire ailleurs. Bon, si je me souviens bien, tu avais tenté de voler une pastèque. C’est très mal. C’est sacré une pastèque. Très très sacré. Tu savais qu’il y avait un dieu Pastèque quelque part ? Ce sont les humains qui me l’ont appris, un culte antique d’Amérique du Sud. Aïe aïe aïe.
_ Pitié… Je vous demande pardon…
_ Pardon, j’ai pas entendu ?
_ Je vous demande pardon !
_ Ta gueule ! Me hurle pas dans les oreilles ! Germaine, je vous le laisse… Faîtes-lui savoir ses droits. »
Comme on dit, dans le jargon.
Revenir en haut Aller en bas
AuteurMessage
Matthieu Furt
Messages : 92
Date d'inscription : 04/08/2011

Voyageur Expérimenté
Matthieu Furt
Voyageur Expérimenté

Carte d'identité
Essence de Vie: 170
Renommée: 743
Honneur: 40
MessageSujet: Re: MAMAAAN ! Chuis rentré ! [PV Shana et François s'il veut quand il veut] MAMAAAN ! Chuis rentré ! [PV Shana et François s'il veut quand il veut] EmptyDim 9 Juin 2013 - 17:50
Plus le temps passait, et plus un sourire béat s’étirait sur les lèvres de Matthieu Furt. Loin d’être un junky, comme certains (dont Ed) semblaient le penser, Matt savait tout de même apprécier la juste valeur des choses. Et ce joint valait son pesant d’or. Peut-être que sans, le jeune homme aurait tout de même apprécié cet instant : voir le soleil illuminer ce paisible royaume onirique en compagnie d’un pote était déjà des plus appréciables. Mais nul doute que rapidement, le trop énergique Mollusque-man aurait trouvé cela chiant, et peut-être même pas assez virile pour eux deux. Alors qu’un petit joint... Et bien, cela changeait toute la donne. Et si l’invocateur l’aurait apprécié dans le monde réel, c’était encore mieux sur Dreamland, où les drogues les plus extravagantes (joli euphémisme) pouvaient être dénichées sans trop de difficultés, ni sans trop de flics aux aguets, d’ailleurs. L’esprit de Matt était désormais dans un autre espace-temps, loin de tout soucis. La peur qui avait pu l’assaillir lors de la bataille au royaume des cow-boys (même lui devait reconnaître qu’il avait eu peur, parfois) était désormais un loin souvenir. En fait, dans l’état qu’il était, il ne demandait qu’une seule chose : connaître à nouveau les joies de l’excitation que procurent le combat. Exploser tout le monde sur son passage, vaincre victorieusement, frôler la mort et que celle-ci (pardon, celui-ci) ne s’en remette pas. Ceci dit, Matt n’était pas sûr qu’il se sente capable de se lever pour accomplir de tels exploits : ces jambes semblaient avoir décidé de devenir aussi flasques que l’une de ses invocations. Ses doigts, au contraire, étaient pris d’une frénésie palpable, et le jeune homme s’amusait à jouer avec, ceux de la main droite triturant ceux de la main gauche comme on s’y applique avec la corde d’une guitare. On pouvait donc le dire, Matthieu était défoncé.

Cela ne l'empêchait tout de même pas de pas écouter ce que disait Ed, même si, désormais, sa voix semblait traverser un voile épais pour atteindre Matthieu. Il lui parlait de Jacob, l’autre Private Jokes. A la limite, on pouvait se demander si le groupe n’était pas plus un duo qu’un quatuor, vu la prédominance des deux éléments masculins au détriment des deux membres de la gente féminine. Néanmoins, l’invocateur de mollusque manqua de s’étrangla quand Ed prétendit vouloir devenir encore plus fort. Encore plus fort ? Mais comment comptait-il faire ? Certes, Matthieu savait pertinemment qu’Ed était loin d’être le plus puissant des voyageurs. D’ailleurs, le royaume des cow-boys s’était fait une joie de le lui rappeler. Mais tout de même. Ed était presque une légende locale. D’ailleurs, n’avait-il pas un Royaume, preuve en soi d’une importance non négligeable ? En plus, l’idée que Ed tente encore de monter de niveau n’arrangeait pas les affaires de Matthieu. Certes, le contrôleur de portails était son ami, mais l’invocateur n’oubliait pas qu’il était toujours censé le défier un jour ou l’autre, et qu’il lui fallait vaincre de préférence. Or, pour l’instant, Matt ne se leurrait pas sur leur différence de niveau, surtout depuis que Ed lui avait mis une branlée monumentale pour « gagner » Germaine en tant que secrétaire du royaume. Tu parles d’une demoiselle en détresse... En attendant, Matt tenta de secouer sa tête pour retrouver son attention, afin de suivre ce qui lui disait son ami. La dernière phrase de celui-ci le fit tiquer.


-Ba euh, pourquoi ? Elles sont cool, ces missions !

Si Ed avait compris quoi que ce soit de la phrase de son compère, bravo à lui. En effet, ce dernier avait tellement bien profiter de l’instant présent (et du joint) tandis que le claustrophobe discutait de son avenir, que sa langue s’était fait pâteuse, et que ses propos relevaient plus du gargarisme sonore qu’autre chose. Mais Ed n’eut pas le temps d’apprécier l'élocution de son interlocuteur complètement défoncé. En effet, Shana, qu’on n’attendait plus, fit son apparition sur le toit. Surpris, mais surtout sous substances illicites, Matthieu la regarda d’un air blasé qui devait avoisiner avec celui de Germaine, mais en moins effrayant. Ed, lui, devait avoir un regard terrifié, mais l’invocateur de mollusques n’eut pas le temps de le constater. Les choses s’enchainèrent en effet très vite. Shana, sans doute aux prises avec sa rage folle, ou plus simplement d’un vertige, glissa sur le toit, et chuta. En un instant, Ed se lança à à la rescousse et à sa suite : il chuta, lui aussi. Matthieu, toujours complètement perché, s’était à peine rendu compte de ce qui venait de se produire. Mais il était bien tout seul sur le toit. Par réflexe, il jeta un coup d’oeil en bas : Ed et Shana se rapprochaient de façon problématique du sol. Dépités qu’on l’ait ainsi abandonné, Matt tenta de leur faire signe de la main, pour qu’ils reviennent. Au lieu de cela, en agitant ainsi des bras dans leur direction, il ne parvint qu’à invoquer Oscar, le chiton, juste à leur niveau. Le coquillage, qui, certes, était d’un tempérament assez aléatoire, comprit rapidement la situation, tandis que la chute continuait à vive allure (soit les toits étaient particulièrement hauts, soit la logique narrative en prenait un coup en terme de vitesse) : il se plaça juste en dessus des deux voyageurs, tel une cuve. Il était temps : ces trois-là s’écrasèrent sur le sol, Ed et Shana heureusement protégés par l’armure du chiton. Le dallage du sol, par contre, était foutu. Plusieurs mètres plus haut, Matthieu, toujours penché, contemplait la scène :

-Ah ! C’est trop bien ! C’est comme dans the Dark Knight !!

C’est alors que la position dans laquelle se trouvait Mollusque-man s’avéra problématique : défoncé, baissé vers le bas, à une certaine altitude, le jeune homme vomit. Tout simplement.

_________________


Germaine avait suivi sans rien dire Fino, après sa séance de jogging, laissant Clane essuyait ce que la limace avait laissé derrière elle. Et encore l'esclave de service avait-il de la chance : une fois, le malheureux s’était brûlé les mains après un passage corrosif de la comptable. Il n’y avait en effet pas que le langage de la limace qui était dangereux. Mais heureusement pour le ministre russe, il était très rare que Germaine se laisse aller de la sorte. Elle n’en laissait pas pour autant un tracé conséquent de bave, proportionnel à sa taille gracieuse. Il y avait tout de même pire : Fino aurait pu exiger une course entre la limace et Gaston, l’escargot de Matthieu, qui n’était pas toujours des propres non plus. Clane avait de la veine que l’affreux bébé phoque n’ait jamais entendu parler de cette invocation (pour le moment...). En tous cas, les deux tristes compères avaient (enfin) abandonné le hall et leur esclave de service, à la plus grande joie de ce dernier, qui n’était pourtant pas prêt de finir ses corvées. Fino et Germaine se retrouvaient désormais dans la cave du palais. Par une magie onirique inconnue, sans doute celle qui veut que les personnages de dessin animé ne changent jamais de tenue, la limace avait repris sa tenue habituelle, délaissant son jogging les dieux savent où. Elle avait en tout cas suivi le bébé phoque sans dire un mot, et il était impossible de déterminer si la proposition du tortionnaire la réjouissait ou l’ennuyait. Mais il s’agissait de tout sauf de saut à l’élastique : un prisonnier avait été arrêté, et Fino se décida à le laisser entre les tentacules de Germaine (on n’allait quand même pas dire « entre ses griffes »). La limace s’approcha de l'infortuné voleur, et lui tendit un formulaire :

-Monsieur Razowsky, il faudrait avant tout que vous me remplissiez ce dossier, afin que votre identité soit connue.
-Hein ? fit-il, ne sachant pas dans quelle galère il s’aventurait.
-Même si « hein » est votre nom, il faudrait que vous l’écriviez vous-même : je ne dispose pas de l’autorisation nécessaire pour le faire à votre place.
-Mais vous voyez bien que je suis attaché ! gémit le dangereux malfaiteur.
-Evidemment, c’est embêtant.

Un silence.

-Néanmoins, si vous ne remplissez pas ce formulaire, je ne pourrai pas lire vos droits, et vous risquez de demeurer ici pour une durée indéterminée, et indépendante de ma volonté, croyez-le bien.
-QUOI ?


Un éclair de terreur passa dans les yeux du malheureux, qui se voyait déjà laissé entre les papattes du bébé phoque au regard sordide.

-Vous ne pouvez pas me détacher, tout simplement ?
-Je regrette, mais ce n’est pas dans mes cordes, monsieur Razowsky.

Un spectateur aurait sans doute apprécié le jeu de mot involontaire. Le condamnée n’eut pas le temps ou la volonté de s’y attarder.

-Et, et... Si vous me mettiez le style dans la bouche ?
-Ce n’est pas impossible, monsieur Razowsky. Néanmoins, il me faudrait une dérogation écrite signée en trois exemplaires, et un accord de votre bouche afin de s’assurer que celle-ci soit d’accord.
-Mais c’est complètement con ! C’est MA bouche !
-C’est peut-être con, selon vos mots, mais c’est ainsi, et je ne peux pas faire d’exception. Bureaucratiquement, je n’ai aucun moyen d’être sûre que cette bouche est bien la vôtre.

La comptabilité avait parfois une logique qui n’était pas sans poésie. Le voleur de pastèque avait pourtant du mal à la percevoir. Les yeux hagards et désespérés, il ne voyait pas comment se sortir de ce guêpier :

-Mais... Et si je demande à quelqu’un de le remplir à ma place ? Personne n’a les compétences pour le faire ??
-Bien sûr que si, monsieur Razowsky. L’administration a toutes les compétences. L’adjointe au service juridique est parfaitement en mesure de s’occuper de votre dossier.
-Ba faites-la venir, alors, fit le prisonnier, réconforté.
-Je regrette, monsieur Razowsky, mais c’est impossible.
-HEIN ??! Mais pourquoi ?? Vous aviez dit que... glapit-t-il, dans son désespoir.
-Je suis l’adjointe du service juridique, monsieur Razowsky. Et le service est actuellement en vacances pour une durée de trois mois depuis...

La limace regarda une montre sortit d’on ne sait où.

-Depuis deux minutes trente-sept, précisément. Vous m’en voyez navrée.

Un hurlement de détresse comme on en avait rarement entendu au Royaume des Deux Déesse retentit alors des soubassements du palais, causant un frisson de terreur parmi tous les habitués du marché local.
Revenir en haut Aller en bas
AuteurMessage
Ed Free
Surnom : Le Ed Free
Messages : 2785
Date d'inscription : 27/05/2010
Age du personnage : 34

Voyageur d'élite
Ed Free
Voyageur d'élite

Carte d'identité
Essence de Vie: 4095
Renommée: 7949
Honneur: 1289
MessageSujet: Re: MAMAAAN ! Chuis rentré ! [PV Shana et François s'il veut quand il veut] MAMAAAN ! Chuis rentré ! [PV Shana et François s'il veut quand il veut] EmptyDim 3 Nov 2013 - 23:44
Je n’étais pas bien certain de me remémorer avec exactitude ce qui s’était passé le reste de la nuit, juste après que Matthieu ait plongé pour me tenir les chevilles, que Shana l’ait retenu lui, et que, revenant à Matthieu, celui-ci ait vidé son estomac sur moi, laissant un sillage de dégueulis qui faisait penser aux gens que j’avais été léché par une Germaine géante qui était en train de mastiquer de la potée aux choux dégueulasses. Et l’odeur en prime. Je savais juste que j’étais furieux, mais que la beuh avait anesthésié légèrement mon esprit, et trafiqué quelques souvenirs.

Ça avait été une nuit normale, surtout, en-dehors de ce petit incident et les remontrances exagérées de Shana (supportées par quelques baffes bien physiques). Un autre minuscule point noir était que Fino et Germaine étaient parfaitement introuvables, ce qui n’augurait rien de bon ; enfin, même quand ils étaient devant vous, ils ne faisaient jamais quelque chose qu’on pouvait considérer de catholique, mais au moins, on pouvait les tenir à l’œil, et se jeter à terre au bon moment si besoin était (voire se boucher les oreilles, car Germaine n’avait jamais besoin d’être lancée pour vous accabler d’une décennie d’horreur administrative). Enfin, sur le coup, la drogue me faisait penser à autre chose, une myriade d’autres choses, et tout l’été pourri que j’avais passé derrière moi était réellement derrière moi, ou plutôt, je n’y pensais plus, en ce moment précis, une récompense que je ne m’attendais pas à avoir juste en respirant un peu de fumée avec Matt.

Ça me donna envie de rester dans ce Royaume, pour quelques temps au moins, au moins un mois, et je renouvellerai si ça me plait. Des horreurs comme cet été, je n’en voulais plus. Ce n’était plus de l’aventure à ce niveau, même si ça avait commencé comme telle. Mais les enjeux avaient été trop puissants, et les répercussions dans ma véritable vie, traumatisantes. Jamais plus je ne m’investirais autant. L’été d’encore avant, avec le Major et les personnages de dessin animé, j’avais été terrifié mais je m’en étais remis rapidement. Tout était dans Dreamland, ça ne dépassait pas du cadre, j’avais eu de sacrés frayeurs, mais c’était terminé. Mais au Royaume des Cow-Boys, ça avait été différent, beaucoup plus profond, beaucoup plus viscéral, beaucoup plus passionné… dans les teintes de la haine, de la colère, de la tristesse et du désespoir. Je n’avais pas envie de lire ce qu’avait dit le DreamMag sur moi, c’était la dernière chose dont j’avais besoin. Au pire, j’y retrouverais un résumé atroce, au mieux, une version de l’histoire lissée comme on pouvait en avoir dans les manuels scolaires. Je n’étais pas prêt à en parler en tout cas. Pas de suite. C’était un peu comme le sport en fait : quand on faisait de grands efforts, la fatigue nous attrapait dès qu’on arrêtait de bouger. C’était pareil ici : sur le coup, j’avais été immergé et je ne me rendais pas encore compte de ce que j’avais fait. Maintenant que je prenais du recul, je me rendais compte de toute la fatigue mentale que j’avais accumulée et des épreuves que j’avais traversées, et de la transformation de Dreamland du terrain de jeu en champ de bataille.

Alors si je ne me souvenais de pas grand-chose de cette fin de soirée, vous savez quoi, aucun problème, tant mieux. Ça voulait dire que ce n’était pas intéressant, et j’avais cruellement besoin de non-action, de choses banales, d’indolence et de hamac. Voilà ce qu’il me fallait. Du repos.


__

« Germaine, on arrête les plaisanteries maintenant. Vous pouvez aller voir Ed et lui montrer toute la comptabilité qu’il va devoir se taper. »
Revenir en haut Aller en bas
AuteurMessage

Contenu sponsorisé


MessageSujet: Re: MAMAAAN ! Chuis rentré ! [PV Shana et François s'il veut quand il veut] MAMAAAN ! Chuis rentré ! [PV Shana et François s'il veut quand il veut] Empty
Revenir en haut Aller en bas

MAMAAAN ! Chuis rentré ! [PV Shana et François s'il veut quand il veut]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut
Page 1 sur 1

Sujets similaires

-
» Rp avec n'importe qui, n'importe ou! Et n'importe quand, mais pas dans trop longtemps quand même :p
» Absences de Shana
» Mise à jour Shana
» "Auriez-vous une minute ?" PV Shana
» It's a Trap ! (Part 1) [PV : Shana Delizet & Al-Cid Stein]

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Dreamland RPG :: Dreamland :: Zone 2 :: Royaume des deux déesses-