À peine eus-je fini de les informer de mon nouvel état d’esprit que l’un des petits gars sur mon dos disparut dans un tout petit nuage de fumée. Peut-être l’avais-je tellement choqué que cela l’avait poussé à se réveiller ? Certains humains étaient-ils si sensibles ? Peut-être bien… peut-être pas. Je ne pouvais pas dire ça ainsi.

Après être finalement descendu, le petit homme se lança dans une tirade pleine de justice, de niaiseries et d’idéal irréalisable. Tiens donc, je n’aurais jamais cru que ce petit bout souhaite me protéger. Moi qui pourrait lui arracher la tête comme il décapsulerait une bière. Mouais, je n’étais pas convaincu du tout. Néanmoins, je ne voulais pas le froisser. Qui étais-je pour casser ses rêves ? Mais la parole alla plus vite que la réfléxion et la sagesse qui allaient de paire avec mes pairs :

- Et c’est un bout de viande aussi chétif qui désire protéger toutes les créatures ? Cela signifie-t-il aussi que tu protégerais en même temps la créature victime et le Duc obscur félon ? Un Duc ne fait que son travail, quand tu y penses. Enfin bref. Je ne veux pas casser tes illusions emplies de candeur… mais, surtout seul, tu vas juste te faire tuer. Oui, tuer. Bon, après, tu ne mourras pas vraiment… Tu rêveras seulement d’un dragon moqueur, vert et hérissé de pointes.

Sur ces entrefaites-là, je lui tournai le dos et gratta le sol pour m’y nicher confortablement. Je lui souhaitais une bonne fin de nuit et lui indiquais la direction à prendre pour descendre du flanc le plus tranquille de la vallée. Je me demandais simplement comment pouvait-on penser que l’on puisse protéger tout le monde sans être fou. Peut-être en étant simplement inconscient, ignare. C’est la tête pleine de réflexions du genre que je regardais le ciel clair des plaines.