Un tonnerre d'applaudissements retentit, moi j'avais toujours la conscience perdue dans les nuages. Pourtant je réalisais bien ma défaite, je ne m'en fichais pas non plus. La clameur de la foule, je restais un instant focalisée dessus, comme un torrent qui s'écoulait, violent, fluide et irrégulier, il résonnait dans mes oreilles comme si je me noyais en son sein. Le soleil qui frappait mes pupilles de ses rayons fut masqué par quelque chose, revenant sur terre, j'aperçus Ed qui murmura doucement quelques vers qui apaisèrent mon être. Je n'étais pas sure d'en avoir vraiment compris le sens, néanmoins, ce fut une assez bonne raison pour moi de ne pas regretter ce combat. Peut-être que le jeune homme eut aperçut ce léger sourire qui esquissa le coin de mes lèvres si rarement visibles en plein jour. J'entendis le crissement de ses chaussures sur la terre battue puis la lueur de l'astre lumineux revint brûler mes iris. Qu'allais-je faire maintenant ? Je n'étais plus tout à fait sure de vouloir poursuivre mon périple à Dreamland... pas besoin d'être prisonnier d'une bulle indestructible pour vivre toutes les souffrances possibles, il y a des jours où j'aurais bien envie de m'enfermer ainsi, qu'on me fiche la paix. Mais le hasard n'en a donc pas décidé ainsi pour moi, je chante des hymnes à la paix et voilà que je suis dotée du pouvoir le plus atroce du monde onirique, aussi pénible pour l'adversaire que pour moi à vrai dire. Surtout que je ne savais même pas l'utiliser à bon escient, quel beau gâchis que cette « explosion » qui me couta un bras. Je me sentais du même niveau qu'une gamine qui venait de perdre à un jeux juste après avoir essayé un sale coup dans le dos de son camarade de jeux. Maintenant, je n'avais plus qu'à me réfugier dans les jupons de ma mère car bien que le combat ait prit fin, je me sentais si vulnérable, étendue sur le sol de l'arène. Pourquoi le public ne me jetait donc pas de pierres ? De tomates pourries ? Je préfèrerais presque, ça voudrait au moins dire que quelques personnes portent leur attention sur ma misérable personne.

Le micro de la présentatrice résonne, je sens mon cœur faire un bond en entendant le fin mot de cette nuit. Je m'y attendais, j'avais conscience de la situation, mais c'est toujours un choc d'entendre le verdict de la bouche de quelqu'un d'autre. Peu de temps après, je sentis une certaine agitation autour de moi, plusieurs personnes se penchaient au dessus de mon visage. Je restais de marbre, dans un état à demi léthargique, exténuée, vidée de mon sang avec une belle marque de pompe imprimée sur le nez. Ajoutez à cela la douleur du cartilage en bouillie, mon bras explosé au sens propre du terme, ma mâchoire endolorie par les deux coups de pieds successifs, cette crampe viscérale depuis ce coup de poing... bref, je n'avais pas finis de compter les bobos. On me souleva du sol, je me sentis si lourde et brisée à ce moment là que je crus que j'allais m'écouler des bras des infirmiers comme si je n'étais en réalité qu'une grosse masse flasque de gerbe pâteuse. Enfin, je retrouvais mon appui sur une surface bringuebalant. Une seconde après, je sentis un picotement sur mon bras inerte et je sentis mes paupières s'ouvrir sur la vue du plafond de mon studio. Je restais un instant tétanisée, tête profondément enfoncée dans le matelas, comme si mon cerveau avait été mit sur pause. Puis après avoir remonté les souvenirs de la nuit, je m'assis précipitamment, palpant mon visage de mes mains, j'inspectais aussi mon avant-bras... intact. Mon masque aussi était là. D'ailleurs, seul le son de ma respiration filtrée troublait le silence de mon chez moi. Je me calmais, réalisant la stupidité de mes gestes. Mon regard se posa sur mes mains posées sur ma couette. Comme premier combat, je n'aurais vraiment pas rêvé mieux, j'aurais bien pu tomber sur un type violent de première qui n'aurait pas fait de quartiers et ne m'aurait même pas laissé me relever. Il fallait vraiment que je m'estime heureuse d'avoir eut Ed, maintenant je m'en voulais presque de lui avoir affligé telle douleur... et telle humiliation, enfin, le public ne semblait pas en avoir cure, tant mieux pour lui. Maintenant, prendre exemple serait la plus sage décision, progresser en gardant ces évènements en tête serait aussi une bonne orientation. La prochaine nuit sera à la recherche de progrès à faire. Je voudrais ma revanche, non pas par pure vengeance, mais bien dans le but de dépasser mes limites. En attendant, je souhaitais bonne chance à mon concurrent passé et je souhaitais franchement qu'il aille en finale, histoire que mes efforts n'eurent pas étés vains.

[Simplement pour clore.]