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Le Sphinx [PV : Ed Free]

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Alice Sauvebois
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MessageSujet: Le Sphinx [PV : Ed Free] Le Sphinx [PV : Ed Free] EmptyVen 14 Nov 2014 - 1:01

Seule, assise sur un rocher au milieu d'une pelouse grisâtre un peu desséchée, Alice contemplait la ville avec une appréhension palpable. En contrebas, au pied de la colline où elle se trouvait, s'étendait Doppel City, le lieu à Dreamland qu'elle aurait souhaité ne jamais revoir et encore moins dans ces circonstances. Pour faire court et en résumant les trois derniers jours qui l'avaient mené à cette soirée, Hisèn lui avait demandé de contacter Ed Free (LE  Ed Free) pour lui donner rendez-vous ici. Pourquoi ? Elle n'avait même pas demandé, la créature n'aurait pas répondu. Alors elle l'avait fait, sans même y réfléchir. Peu importe que le fait de passer deux nuits à attendre une personne qu'elle n'avait pas très envie de voir, dans un endroit qu'elle n'avait pas envie de fréquenter, lui soit une peine qu'elle se serait volontiers épargnée, elle avait envoyé un message au jeune homme sur Facebook et elle l'attendait pour la dernière fois sur la colline grise. C'était la dernière nuit, ensuite, Hisèn pourrait bien aller au diable, il se débrouillerait seul avec le claustrophobe.

D'ailleurs, pourquoi est-ce que la bête de brume avait besoin que ce soit elle qui attende là ? Si Ed voulait venir, il pouvait très bien s'endormir en pensant à lui, il l'avait déjà "vu" après tout. Elle n'aimait pas ça du tout, les magouilles tordues de la créature onirique étaient systématiquement désagréables, quand elles ne tenaient pas de la torture psychologique pure et dure. C'était le prix à payer pour les excellents conseils de ce fauve diaphane et sa protection presque omnipotente, ou du moins en donnait-il l'impression. Hisèn dégageait une aura grisante, intrigante et indubitablement singulière, bien loin de l'étouffante puissance d'un seigneur onirique, c'était plus... Subtil. Ou alors juste une excuse qu'Alice invoquait pour justifier sa confiance envers un être dont la bienveillance se payait aussi chère.

Elle se laissa glisser en bas du rocher, adossant son dos frêle à sa surface rugueuse, elle ramena ses cuisses contre sa poitrine, enlaçant ses jambes entre ses bras pour mieux enfouir son visage dans ses genoux. Rationnellement, elle n'avait rien à craindre ici, l'expérience qu'elle avait vécu la dernière fois était entièrement dû aux capacités d'Hisèn et au petit jeu morbide auquel il les avait fait participer, elle et Ed, mais aujourd'hui, il n'était pas là pour jouer. Quelque chose dans la façon dont il avait donné ses instructions, l'avait alerté sur le sérieux avec lequel il prenait cet affaire. Là encore, c'était difficile à dire, mais il y avait quelque chose, un bruissement dans l'air, un frémissement, ou alors était-ce juste ce fin filet de brume qui venait tout juste de lécher sa cheville ? En tout cas, elle savait et elle n'eut pas besoin de relever les yeux pour savoir à qui appartenait ce pas dans l'herbe.


"Bonsoir, dit-elle dans un souffle, je pensais pas que tu viendrais."

C'était faux, cela dit, elle ne comprenait pas pour quelle raison il était là, mais elle n'avait jamais sincèrement douté de sa venue. Elle releva la tête, s'installant en tailleur, avant de retirer ses épaisses lunettes de son nez pour en essuyer la buée avec un pan de la tunique blanche que Dreamland avait jugé bon de lui faire porter. Elle rechaussa ses verres d'un geste rendu presque élégant par l'habitude, puis considéra enfin le nouveau-venu de son habituel air neutre.

Ed Free se tenait devant elle, assez semblable au vague souvenir qu'elle avait gardé de lui. Il n'avait pas l'air très heureux et plutôt tendu, mais elle devait faire la même tête, la tension en moins : elle avait l'habitude de "gérer" Hisèn et elle ne sentait pas vraiment concernée par la discussion du jour. Peut-être aurait-elle du ? Alice grinça des dents, elle n'aimait pas cette situation et l'ignorance dans laquelle on l'avait maintenue tout en requérant sa présence.

Elle se releva péniblement, un peu engourdie et tout en époussetant le legging sombre qu'elle portait, elle s'adressa à la troisième personne présente en ces lieux :


"Tu es déjà au courant, mais au cas où, je précise que je n'ai pas le pouvoir de dire plus que ce que je sais et comme tu n'as pas jugé bon de me parler des raisons, tu pourrais..."

Une voix grave mais légère, à peine audible souffla dans l'air, coupant Alice malgré son faible volume :

"Lui, il sait pourquoi."

Lentement, alors que la dernière syllabe s'éteignait, la brume sembla reculer, se masser en un point en nuage de volutes inquiétantes. Puis se dessinèrent des contours, des formes plus compacts, mais toujours troubles, translucides, comme un spectre de brume. Néanmoins ce qui se tenait devant les deux voyageurs avaient quatre pattes, dont les pieds indistincts disparaissait dans le brouillard qui nappait le sol autour de cette silhouette qui ne tenait absolument pas de ce qu'Alice voyait habituellement de la créature. D'ordinaire un fauve blanc immense, aux allure canines, doté de longs bois semblables à des branches sur le crâne et le dos, c'était cette fois un tout autre mélange qui se dressait devant eux. Si la bête restait blanche et le corps félin, le crâne de hibou ne dépassait pas Alice et donc, atteignait avec peine l'épaule d'Ed, s'ajoutait à cela un buste d'homme puissant que couvrait des ailes immaculée, s'évaporant presque dans l'air tant leur texture semblait impalpable, laissant une traine de brume masqué la croupe de l'animal, dont l'exotique hybridation, rappelait autant les dieux égyptiens que les sphinx antiques.

Alice grogna, mais n'ajouta rien.
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MessageSujet: Re: Le Sphinx [PV : Ed Free] Le Sphinx [PV : Ed Free] EmptyJeu 20 Nov 2014 - 20:11
Le rien tue, je peux vous le dire. Enfin, tuer, j’aurais pu mettre « abrutir », ça aurait dit la même chose : épave parmi les épaves, trois jours de repos de suite, ainsi que de nuits peu délirantes à me trimballer dans mon propre Royaume les mains dans les poches, à regarder que tout se passait bien, ce qui me prenait environ, une à deux secondes. Même Fino se tenait tranquilles, obsédé par comprendre la comptabilité de Germaine à but lucratif : comprendre comment les tableaux fonctionnaient afin de détourner en douce de l’EV du Royaume pour son propre bénéfice. Le chapitre des amortissements lui avait beaucoup plu et il essayait maintenant, en prenant le rôle du comptable, de réduire le nombre d’années des amortissements des meubles achetés afin de pouvoir se garder en douce le bénéfice occasionné par rapport à leur véritable durabilité (vous n’avez rien compris ? C’est tout à fait normal, cela veut dire que vous avez fait de bonnes études). Shana insistait pour que je fasse acte de présence au Royaume, mais vu que la présence demandait pas énormément d’implication, je me demandais si je ne pouvais pas retourner au Royaume Claustrophobe au lieu de ne rien faire de mes nuits.

En tout cas, quatre nuits et trois journées sans rien foutre, y avait de quoi me miner. Plus que ça encore, le manque de rêve. Je n’avais plus d’ambition, ce qui était à peu près aussi terrible que de ne pas en avoir du tout. Avant, j’étais partant pour être journaliste, j’avais fait les écoles et tout et j’avais reçu les diplômes de justesse, à quelques centièmes de points près. Mais maintenant, que faire ? L’école de journalisme m’avait appris exactement ce qu’elle voulait m’apprendre : découvrir mon futur métier, et c’était là, le problème. Ça ne m’avait pas plu. Pas de liberté, pas de moi dans les articles ; finalement, mes quelques revenus de pigiste étaient plus amusants à décrocher que de se caler avec un journal plus gros. La seule idée en tête, la seule petite étincelle qui éclairait mes pensées, c’était : et si j’ouvrais un restaurant ?

Je renvoyais au loin ces réflexions stupides et je vérifiai tout ce qu’Internet avait à me dire aujourd’hui depuis la dernière fois que je l’avais checké, soit il y avait approximativement huit minutes. Facebook, okay, le forum officiel de Dreamland, okay, mes mails, okay, que de la pub de merde et… ah non, j’avais reçu un mail. Je l’ouvris, expéditeur inconnu, et le lus en une traite :

« Bonjour,

Je suis Alice Sauvebois, la voyageuse que tu as aidé à Doppel City, il y a un moment. La dernière fois que nous nous sommes vus était des plus désagréables, ce contact soudain doit sembler étrange et il l'est. Quelqu'un (quelque chose ?) m'a demandé de te proposer un rendez-vous à Doppel City, à vrai dire, c'est la même créature qui nous y a "piégé" alors je ne saurais trop te suggérer de te méfier. Mais je sais de source sûr qu'Hisèn (c'est le nom de cette créature), malgré les apparences, sait être des plus utiles et j'ai cru comprendre, du peu qu'il a dit, que vous aviez "récemment découvert un point commun nommé Pijn", alors je te transmets son invitation, au cas où.

Méfie-toi, que tu viennes ou pas et pardon pour la dernière fois.
En te souhaitant bonne continuation,
Alice Sauvebois »


Il m’avait fallu quelques secondes pour situer l’auteur, mais ouais, je me souvenais d’Alice, la combattante du Tournoi, qui s’était inclinée face à Megan, et que j’avais retrouvé dans d’étranges circonstances à Doppel City. Je me demandais en parcourant les phrases quel était le but de cet envoi, mais la simple mention du nom de Pijn me donna un frisson glacé dans le dos extrêmement désagréable. Alors comme ça, le sujet me rebondissait en plein dans la frimousse de façon aussi aléatoire. J’étais en train de chercher des alliés, et voilà qu’il y avait cette étrange demande qui apparaissait : piège ? Un peu tordu pour quelqu’un comme Pijn, il n’était pas du genre à faire dans la dentelle, et ça m’étonnait qu’il fut au courant de ma future traîtrise, à part déboire exceptionnelle. Je me fichais bien des risques en tout cas, il était temps d’en prendre, au contraire. On n’avait pas d’omelette sans casser des œufs, et cette demande était si mystérieuse qu’elle ne pouvait piquer qu’à la curiosité. Y avait une opportunité, il fallait la saisir, point.

Quelques heures plus tard, après une séance d’aïkido, un dîner de lasagne congelée, quelques caresses au gros chat qui perdait ses poils partout pour une raison obscure de l’humanité, lecture des commentaires de mon dernier article sur le forum officiel de Dreamland, à échanger quelques SMS avec Shana sur ma future disparition de ce soir, il était temps de me coucher. J’éteignis la grande lumière après avoir fait lever le store, et je me couchai sur le ventre. Mon chat en profita pour tenter de me démonter la colonne vertébrale en sautant dessus de tout son poids, et après une bagarre territoriale sur la couette, Bourritos l’emporta et se plaça pile au milieu pour faire son lit. Coincé entre lui et le mur, je me mis à penser à Alice Sauvebois, des souvenirs que j’avais de son visage. Le sommeil vint lentement mais il ne me fit pas faux bond. J’étais de retour à Doppel City ; marrant que ce fut un des Royaumes où j’allais le plus alors qu’il était entièrement vide et tourné vers l’introspection.

__

J’apparus près d’Alice, et la reconnus de suite ; non non, ne me donnez pas trop de crédit, il n’y avait qu’elle dans tout ce Royaume de toute façon, nous étions les seules âmes vivantes à des kilomètres à la ronde. Elle me salua, je la saluai d’un ton plus bas ; ça faisait bizarre de la voir sans qu’il y ait un danger qui rôdait près d’elle. Enfin, ça restait à vérifier, elle n’était qu’une intermédiaire, donc le boss devait se trouver pas loin. Mes lunettes de soleil à verres amplifiés cherchaient des traces d’autres personnes, mais y avait rien à voir, circulez. J’étais un peu étouffé par l’atmosphère lourde des environs, en même temps, dès que j’y posais les pieds, jamais j’en étais ressorti en étant jouasse. Je dis rapidement, pour en finir avec cette histoire :

« Alors ? »

Elle me répondit rapidement qu’elle ne savait pas grand-chose ; intermédiaire, comme je le pensais. Tandis qu’elle s’exprimait, je faisais attention à l’environnement, voir si quelqu’un allait se montrer maintenant que la donzelle avait publiquement exprimé qu’elle n’était là pour rien. Elle servait peut-être juste de balise pour qu’un Voyageur puisse venir directement au Royaume, sauf si elle était directement concernée par Pijn aussi. De toute façon, il n’y eut pas à attendre longtemps, car je notais la perturbation magique près de nous en même temps que la voix se fit entendre dans le brouillard léger qui nous entourtait. Son ton doucement autoritaire, pas loin de la condescendance ou de l’assurance à gogo même, me fit comprendre que j’avais là mon mystérieux contact.

Il apparut avec quelques effets de style doucereux comme le ton de sa voix, et ressemblait à une créature mythique qui aurait pu entraîner des religions dans des pays de l’Antiquité rien qu’à sa simple présence. Il me semblait costaud, j’avais rien à dire dessus, mais j’étais content de savoir que sa véritable apparition ainsi que la tournure de la discussion annonçaient une nuit plus pacifique qu’un piège. Je laissais tomber Alice pour parler à la créature qui se dressait devant moi :

« A qui ais-je l’honneur ? Et surtout, que me voulez-vous ? » J’aurais pas dû vouvoyer, c’était pas une bonne idée, j’aurais dû me montrer plus imposant dès le départ. J’étais pas extrêmement à l’aise face à ce type qui en savait long sur Pijn et malheureusement sur moi. Ami ou ennemi, c’était peut-être encore à décider, mais j’avais toujours mon panneau dans le dos au cas où des soucis apparaîtraient.
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MessageSujet: Re: Le Sphinx [PV : Ed Free] Le Sphinx [PV : Ed Free] EmptyMar 23 Déc 2014 - 2:00

"Bonsoir, Ed Free."

Alice tressaillit, la voix de la créature était étrangement douce, presque féminine dans ses intonations rassurantes et délicates, elle y trouvait comme un jeu subtil de respect mêlé d'un soupçon d'ironie, que la voyageuse devinait plus qu'elle ne l'entendait réellement. Tous ces changements chez Hisèn lui semblait si inhabituels et soudains, qu'elle ne savait pas trop si elle devait s'en méfiait, s'en contentait, ou juste ignorait la scène qui se déroulait devant elle et qui, elle le sentait bien, ne la concernerait que parce qu'on la considérait de trop peu d'importance pour ne serait-ce que songer à lui demander de quitter les lieux. Alors, dans le doute et faute de réponse, elle reposa son derrière sur le rocher qu'il avait quitté tantôt, ses coudes sur ses genoux et son menton dans ses paumes, arborant sur son visage sa plus belle expression d'ennui.

A sa grande surprise, l'animal onirique fit de même, étendant avec grâce son corps diaphane sur le sol, avec tant de légèreté qu'il semblait presque flotter. D'un geste de la patte extraordinairement souple pour un quadrupède, il invita le claustrophobe à faire de même, indiquant par là que la discussion aller durer, au grand désespoir d'Alice.


"Qui je suis n'a que peu d'importance. J'aurais beau te donner un nom, il serait faux, au moins partiellement et ne contenterait en rien ta curiosité ou ton désir de confiance. Appelle-moi comme bon te semble, ce sera plus honnête."

Alice leva les yeux au ciel, lâchant même un soupir, mais pas le moindre mot. Elle aurait pu lui dire qu'il s'appelait Hisèn, mais face à ce qu'il venait de dire, elle pouvait elle-même deviner que c'était un nom parmi tant d'autre, un moyen de se nommer pour être plus qu'un inconnu pour elle. Dans ce cas, soit il voulait réellement être honnête avec Ed (ou en donner l'impression) ou alors il se fichait d'être autre chose qu'un inconnu. Ce qui, au final, ne révélait en rien ses intentions, elle n'aurait même pas su dire s'il avait plus de considération pour le claustrophobe que pour elle. La deuxième question donnerait peut-être une réponse un peu plus digne d'intérêt :

"Pour ce qui est de mes désirs, je veux savoir ce que Pijn trame avec ton seigneur, Maze."

Si elle avait pu imaginer un sourire se dessiner sur cet impassible bec, elle était presque sûre qu'il avait disparu à ce moment-là. Les yeux de la créature plongeait cruellement derrière les lunettes de soleil du voyageur, comme ignorant leur présence pour se jeter avec avidité sur ces prunelles clairs et en dévorer le moindre sentiment, le moindre frissonnement. La voix était toujours extrêmement douce et posée, mais ce velours cachait avec peine les griffes d'acier d'intentions extrêmement précise et que le fauve brumeux entendant satisfaire au plus tôt.

"Bien sûr, j'ai des doutes, quelques connaissances sur le sujet, mais il me semble que tu es bien mieux renseigné que moi. Je ne te demande pas de m'offrir ces informations gratuitement et même si mon prix ne te convient pas, tu pourras repartir de ce royaume indemne, tu as ma parole."

L'algophobe reporta son regard sur Ed. Est-ce que cette faible assurance le rassurait-elle ? Probablement pas. Bien que, jusque là, Hisèn ait toujours tenu parole, la jeune femme voyait des guillemets et des menaces déguisées à chacune de ses phrases. Le simple fait qu'il évoque de lui-même la possibilité qu'il ait pu ne pas repartir de Doppel City en tant que voyageur avait quelque chose de terriblement angoissant et un frisson traversa son échine en y pensant.

"Cela dit, j'ai bien des choses à t'apprendre sur l'ancien royaume de la douleur, sur les algophobes en général, sur ce cher Pijn, son insatiable soif de pouvoir qui n'a d'égal que sa cruauté, elle-même comblée par une brutalité sans égal sur Dreamland. Mais je peux aussi t'apprendre le nerf de la guerre et notamment à ne pas répondre à une invitation louche, lancée par une voyageuse dont tu ne connais rien, à part que la dernière fois que tu l'as croisée n'était pas... Plaisante."

Avec tranquillité, il croisa ses pattes avant et déposa sa tête dessus, laissant au jeune homme tout le loisir de peser la valeur de sa proposition. Valait-elle des informations cruciales qui, si révélées à la mauvaise personne, pouvaient lui coûter plus que ce qu'il était encore disposé à perdre ?
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MessageSujet: Re: Le Sphinx [PV : Ed Free] Le Sphinx [PV : Ed Free] EmptyLun 5 Jan 2015 - 23:15
Un de mes sourcils se haussait, légère trace attentée sur ma poker face bâtie sur quelques tables de poker et notamment l’expérience des surprises oniriques de Dreamland qui entraînait forcément à ne plus se contenter de disposer ses lèvres en O à chaque fois qu’une nouveauté ébranlait votre confort mental : la créature ne préféra pas se présenter. Soit elle estimait que je valais pas assez pour que je sache son nom millénaire quelconque, soit elle n’avait pas confiance en moi ; en écoutant la suite des événements, je pencherais plutôt vers la seconde solution, mais commençons par le début.

Déjà, mon malaise. Non pas que j’avais peur (si, un peu, utilisons plutôt le terme « effrayé » dans la phrase), mais je n’aimais pas la créature qui était en-face de moi. Ce n’est pas qu’elle ne semblait pas naturelle, mais qu’elle était surnaturelle, même pour Dreamland. On aurait dit qu’elle était couverte de peau tissée avec des plumes douces, ou je ne savais pas. Je n’aimais pas ça, mon âme de Voyageur était remplie d’horreurs traversées et de monstres balèzes qui auraient leur place dans des jeux vidéo portés action, mais là, c’était tout à fait inattendu et ça me prenait tout à fait au dépourvu. Je ne savais pas du tout comment approcher mon empathie de cette créature, elle donnait la sensation qu’un coup de panneau à travers la gueule pourrait la toucher, voire la traverser, sans cependant lui porter le moindre dommage, comme si elle était trop bien pour supporter une quelconque fissure dans son enveloppe physique parfaite. Ce malaise me fit accepter de m’asseoir face à elle, comme si j’en éprouvais un soulagement de me rendre compte qu’on était bien ici pour des discussions. Mon cœur ne battait pas la chamade, il était au contraire au ralenti. Je déposai mon arme près de moi, peu pratique pour la position assise, et je regardais sans détourner les yeux l’étrange créature que je ne pouvais pas nommer… Sympa, j’étais censé t’appeler comment alors ? Trouduc, ça t’irait ?

Sa prochaine phrase fut en tout cas un coup de bélier sur la poker face, que je réussis à maintenir ; un peu trop durement pour être honnête d’ailleurs, j’espérais que la créature ne le remarquerait pas. Enfin, vu comme elle me bouffait du regard comme si elle traquait la moindre onde de tremblement de ride, je pouvais toujours rêver. Fallait que je change la stratégie en partant du principe que ça ne m’intéressait pas assez pour témoigner un quelconque sentiment sur le visage, une fois qu’elle eut expliqué plus en détails sa demande. Ma voix était neutre, un peu comme une pierre mal polie, et je disais sans trop grimacer et sans trop montrer de tics :

« Si tu voulais connaître les plans de Maze, tu t’es trompé de Voyageurs. Y en a quelques dizaines qui sont bien plus dans ses petits papiers que moi. Je suis allé une fois au Royaume Obscur, effectivement pour que Maze aille voir Pijn, mais à ce que j’ai compris des discussions, c’était notamment pour que Maze demande des renforts du Royaume Obscur afin d’écraser l’Agoraphobie. » Je me grattais la barbe comme si le sujet me décevait.

J’avais enrobé le mensonge d’une ou deux vérités, histoire qu’il fut mieux avalé par la créature, pour peu qu’elle soit capable de gober quelques faussetés, mais je me refusais à lui dire la vérité aussi rapidement. J’avais failli attaquer violemment Megan, une Algophobe, parce qu’elle avait eu la connerie de dire les plans à Clem, ce n’était pas pour que derrière, je fasse la même bourde. Un inconnu me demande les plans de la Claustrophobie, bim, je les lui donne sur un plateau d’argent. Je n’étais pas la lumière de ce siècle, mais y avait bien quelques trucs que je savais. On ne parlait pas aux inconnus déjà, surtout aussi louches que celui-ci.

Cependant, malgré mes craintes et le peu d’informations que j’avais, je sentais en moi comme un petit truc tout chaud, tout mielleux et lointain : le sentiment de l’espoir. L’espoir que cet individu puisse servir mes fins au final, et que je puisse abattre Pijn avec l’aide qu’il me donnerait. Je tentais de faire en sorte que cet espoir ne délie pas ma langue trop rapidement, malgré le prix qu’il m’avait demandé de mettre sur la table. Mes informations pouvaient être achetées, et je ne savais pas encore jusqu’où je pouvais demander. Les EV étaient la dernière chose qui m’intéressait face au potentiel de cette étrangeté, restait à savoir ce qu’elle avait à m’offrir. La Créature en-face de moi en devenait encore plus louche, et encore plus dangereuse.

Et elle me déballa exactement ce que j’aurais voulu lui demander, comme si la créature lisait sans forcer dans mes pensées : les informations pour combattre Pijn, tout ce qu’il y avait à savoir sur cet enfoiré pour être capable de le prendre de court et peut-être même, l’abattre. C’était trop beau pour être vrai, mais quand c’était trop beau, alors généralement, on n’arrivait pas non plus à en détourner les yeux. Je me mis à réfléchir très très rapidement afin qu’elle ne lise pas trop dans ma tête suivant les réactions (n’oublions pas, je n’étais rien censé savoir sur les actions de Maze vis-à-vis de Pijn, récompenses ou non à la clef), mais je me permis de gagner du temps en rebondissant sur sa dernière réflexion :

« Vous devriez être contents que j’ai répondu à l’invitation, non ? Sinon, vous ne vous seriez pas donnés cette peine. En tout cas, si vous voulez que j’apprenne à me méfier des invitations douteuses, peut-être que je devrais aussi me méfier d’une Créature des Rêves qui refuse à me dire jusqu’à son nom et qui me demande juste les plans de mon Seigneur, et qui est même prête à y mettre le prix... Vous me prenez peut-être pour un parfait imbécile... A moins que vous ne préféreriez-vous satisfaire d’une naïveté plus chaleureuse et plus ouverte aux débats. »

Je me mordis la langue quand je me rendis compte que je m’étais remis à le vouvoyer ; avec un peu de chance, il comprendrait qu’il avait été trop insistant et reviendrait sur ses paroles afin d’être plus compréhensible et plus… approchable. J’avais carrément sous-entendu que j’en savais plus que ce que j’avais moi-même dit plus tôt, mais je m’en fichais. J’allais surtout expliciter ce qui était caché dans mes phrases précédentes. Je me penchai vers la créature et lui demandai :

« Qui êtes-vous, que me voulez-vous et pourquoi. Commencez par là, non ? »
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MessageSujet: Re: Le Sphinx [PV : Ed Free] Le Sphinx [PV : Ed Free] EmptyDim 11 Jan 2015 - 1:07

Si l'un semblait crispé, ou comme pétrifié, au fur et à mesure de la discussion, l'autre semblait de plus en plus à l'aise. Difficile à dire, les becs manquent de cette chose qu'ont les visages humains : une expression, et les contours souples et flous du corps diaphane rendaient chaque mouvement extrêmement ténu et difficile à identifier. Ne restait plus alors que les yeux et la façon dont ils dévoraient le jeune blond en face en disait très long sur l'attention et le plaisir qu'Hisèn mettait dans la scène, ça et le fait qu'il n'interrompit pas une seule fois son interlocuteur. Quand celui-ci eut fini de parler, il s'autorisa même quelques longues secondes de silence avant de prendre la parole, instants qui laissèrent à Alice le loisir de s'intéresser réellement à ce qui se passait. Elle glissa à nouveau de son rocher, installant en silence son dos contre la pierre, afin d'avoir un meilleur angle d'observation entre les deux. Les questions d'Ed avaient pour mérite d'être directes et intéressantes : elle ne savait pas plus les réponses que lui et même si elle doutait de son honnêteté, elle était certaine que le récit serait passionnant.

Elle ne serait pas déçue.

D'une voix claire, douce et profonde comme un drapé de velours, la bête blanche reprit la parole avec une tranquillité déconcertante, pas le moins du monde perturbée par la situation :


"Lorsque le Royaume de la Douleur était encore indépendant, bien avant qu'il ne devienne un duché obscur, j'étais alors connu sous le nom de Dimma et j'étais assez proche du seigneur algophobe ; Pijn l'était aussi, bien évidemment, puisque c'était son fils. J'ai travaillé avec lui, auprès de son père, pendant longtemps et bien que nos fonctions et nos manières de faire différaient du tout au tout, nous trouvions chacun notre compte dans une relation... Cordiale, si je puis dire ? Suffisamment, en tout cas pour qu'il me propose de participer à son petit putsch, lorsqu'il a voulu renverser l'ancien seigneur. Ce sont des pratiques assez communes, dans les royaumes cauchemars, en général la créature la plus forte règne, famille ou pas et la façon de faire de Pijn ne m'a posé de problème que lorsqu'il abandonna les terres de la Douleur pour faire de ce royaume un duché obscur."

Alice ouvrit la bouche, laissa échapper un bref souffle et ne dit finalement rien. Le changement de nom, elle s'y attendait, qu'il ait eu un rapport de près ou de loin à l'algophobie, ça restait logique, que le parricide soit "une pratique commune" à Dreamland, soit, qu'Hisèn ait réussi à dire ça d'une voix parfaitement égale, comme s'il lisait sa liste de course, c'était bien plus dérangeant. Quelques secondes passèrent encore, la bête blanche pencha légèrement la tête sur son épaule, avant de continuer, un soupçon de malice dans l'intonation :

"Cela dit, la vengeance n'est pas le but de mes entreprises à ton égard, Ed. Cette motivation, je te la laisse volontiers. Le fait que je n'ai pas voulu rejoindre les ombres lorsque mon royaume a cessé d'exister en tant que tel ne m'a pas posé de problème jusque là, ça ne risque pas de commencer maintenant. Non, non, je vis très bien l'indépendance. De même, ne va pas croire qu'une supposée fidélité à l'égard de mon ancien seigneur me pousserait à ourdir un sombre complot pendant des années, attendant la bonne occasion ou le premier blondinet cherchant à sauver sa belle des griffes de Pijn, pour venir mettre des bâtons dans les roues de son assassin."

Par un effet de perspective, d'illusion ou de distorsion abominablement étrange, la tête de rapace d'Hisèn se trouva soudainement à quelques centimètres du nez du blond, pile devant les verres de ses lunettes, plongeant ses yeux droits dans les siens et rendant progressivement sa voix aussi légère et fluide que l'était son corps, au point de n'en faire qu'un insidieux murmure.

"Mes motivations et mes actes ne font qu'un, Ed Free. Dreamland est mon terrain de jeu, comme c'est le tien et ni toi, ni moi, ne pourrons plus exercer librement nos frasques avec quelqu'un comme Pijn à la tête du plus grand Royaume Cauchemar de Dreamland et j'ai suffisamment d'élément pour me permettre d'imaginer que c'est ce qu'il s'apprête à faire."

Le murmure se fit soudainement glacial, mordant mais pas violent, comme si la température même des lieux avait baissé de plusieurs degrés simplement pour rendre la suite encore plus saisissante :

"Et je te veux car je sais que tu es important pour Maze, sinon il t'aurait tué au moment ou tu as foutu en l'air son merveilleux artefact, car je sais que personne ne demande jamais de renfort au seigneur de l'obscurité, puisque personne n'obtient jamais rien de lui et car je sais que tu es un imbécile, pour essayer de me mentir et pour le faire très mal, pour être venu ici seul et sans protection autre que ta bêtise, et enfin pour parler de naïveté et de chaleur dans une situation qui requiert toute ta vigilance et ton intellect."

Puis tout redevint parfaitement normal. Aussi vite que l'atmosphère paisible s'était soudain changée en cauchemar, cette dernière était redevenu parfaitement tranquille et Alice aurait presque imaginé Hisèn sortir le service à thé, si elle-même ne sentait pas encore la sueur froide coulait encore lentement dans son dos.

La créature reprit alors un ton parfaitement doux et aimable, presque sucré lorsqu'elle ajouta avec comme un sourire le long de son bec :


"Maintenant que nous en avons fini avec les démonstrations d'usage, pouvons-nous faire preuve d'un peu de sérieux et aborder le sujet qui nous intéresse tous les deux, c'est à dire notre très cher Pijn."
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MessageSujet: Re: Le Sphinx [PV : Ed Free] Le Sphinx [PV : Ed Free] EmptyVen 16 Jan 2015 - 0:02
Les présentations commencèrent enfin, difficile de savoir si je l’avais fait céder ou si de base, il était prêt à me révéler ces informations s’il en obtenait quelque chose en échange. Une vieille créature donc, quelqu’un qui avait vu le grand déménagement du Royaume de la Douleur sous les couettes de celui de l’Obscurité, et ce changement ne lui avait pas énormément plu. Je me demandais si de par notre proximité avec le grand Royaume, la Claustrophobie n’avait pas été appelé elle aussi pour faire combler les trous, c’était une bonne question. Mais en attendant, je me penchais rapidement dans l’histoire du Royaume, avec le père de Pijn à sa gouvernance jusqu’à ce que Pijn lui-même le boute hors du trône afin de le récupérer… La seule chose à dire, c’est qu’il n’avait pas changé. Dimma, donc, hum… Très bien, je l’appellerais ainsi. Il se faisait appeler Dimma alors, donc peut-être que même dans cette période où il avait une position stable, voire prestigieuse, il se cachait de tous. Bizarre de bonhomme, je n’aimais pas ça du tout.

Peut-être que tu me disais que tu ne machinais rien de ton côté, cependant, je ne pouvais pas te croire sur parole vu l’être totalement étrange que tu étais, flou dans les contours et changeant au milieu. Comment je pouvais faire confiance à une telle créature ? Plus elle me parlait et moins je l’aimais, elle contrôlait l’atmosphère autour de nous, l’ambiance dirais-je. Une vieille technique de négociation : se mettre dans le rôle du meneur. J’avais assez vu des choses comme ça il y avait longtemps dans des bouquins, il fallait juste éviter de céder à la crainte. Heureusement, la colère que je commençais à éprouver contre ce type étrange me permettait de ne pas sombrer dans la peur… mais me ferait peut-être passer à-côté de bonnes propositions car je me renfermerais.

Il me dit clairement en tout cas que nous étions dans le même camp, ou plutôt, contre la même personne. Les ennemis de mes ennemis sont mes amis. Ouais, en gros, il voulait que je tue Pijn. Très bien, j’avais mes armes pour négocier, ou plutôt, je me servirais de cette base pour éviter les éventuels marchés qu’il serait prêt à me filer en douce en dévalorisant mes propres arguments. Bon, je ne parvenais pas à le comprendre, mais pour une fois, là, je pouvais mettre un doigt sur quelque chose : il voulait que je tue Pijn parce que lui ne pouvait pas le faire lui-même. Je sirotais cette informations afin de la cracher le plus rapidement histoire qu’on soit au clair tous les deux.

Non, ce qu’il me filait la gerbe, c’est qu’il en savait autant sur moi, et sur la Claustrophobie. J’étais persuadé qu’il savait parfaitement les informations qu’il voulait concernant Maze, même sans la confirmation, il saurait ce que la Claustrophobie préparait. Et qu’il ait autant de contacts me foutait le frisson. J’étais maintenant plus que méfiant et à deux doigts de m’en aller. S’il continuait à croire qu’il pouvait garder l’ascendant sur moi et qu’il avait le contrôle de la situation avec son égo qui ferait passer le mien pour un vieux fruit ratatiné, il se foutait son doigt divin dans l’œil.

Pis il m’aimait pas non plus hein, à vouloir me recadrer avec cette sorte d’ambiance glaciale et ses phrases alambiquées. Il savait tout, j’avais compris, j’étais un oisillon débile sans défense, comme il voulait le croire, tout était fait pour m’écraser. Peut-être qu’il avait compris qui était la partie faible ici, et camouflait le fait qu’il avait besoin de moi, un argument que je pourrais lui retourner… J’étais nul en jeu d’esprit. Ce que je savais, c’est que je pouvais pas le piffer, qu’il était louche, et qu’il jouait à je ne savais pas quel degré de jeu. Pour battre ce genre d’adversaire de mon avis, fallait pas tenter de rivaliser, je pourrais clairement pas. Par contre, j’allais rester au premier degré et frapper comme une buse afin de le déstabiliser, je ne voyais que ça : définir ma ligne directrice et m’y restreindre. Une stratégie de poker en fin de compte, très facile à analyser sur le long terme, mais qui me permettrait de pouvoir jouer comme je l’entendais face à la présence presque monstrueuse de cette créature. Je me levais ainsi histoire de rompre le face-à-face, première chose, ce qui était un geste purement agressif dans ce genre de discussions, et une fois qu’il eut fini de parler, je pus lui asséner :

« Sans protection ? Je ne savais pas que j’avais besoin de protection. » C’était clairement dit pour sous-entendre : je ne savais pas que le numéro 21 actuel de la Major, soit dans le top 75 des Voyageurs, avait besoin de protection face à un ancien sbire d’un Royaume disparu. Peut-être que mon aura flamboyait un peu en même temps, histoire qu’il comprenne que j’étais chaud pour une distribution de baffes si c’est ce qu’il désirait.

C’était un peu couillu et je cherchais à provoquer la créature, c’était presque un défi. On verrait s’il calmerait le jeu ou s’il préférerait grimper au poteau dans son jeu du « je suis le plus menaçant ». Dans ce cas, il pourrait tenter de parler avec la Sauvebois à-côté car je me casserais, marre des enflures qui tentaient de m’enquiller en m’enfonçant. Si Dimma avait un égo, il se rendrait compte que moi aussi, et qu’il commençait à me courir, à chercher à me faire passer pour une merde comparée à lui. J’avais déjà d’autres pistes que la sienne, je pourrais m’en contenter, et sans trahir le Royaume de la Claustrophobie au passage en dévoilant des éléments stratégiques à un parfait inconnu, et difficile de faire plus louche. Je n’allais pas lui parler de ça, si par le plus grand des hasards, il n’était pas au courant, mais je pouvais lui dire la chose suivante sur un ton extrêmement serré :

« Vous savez tout, vous êtes tout-puissant, à se demander pourquoi vous avez besoin de moi. Si vous voulez continuer votre jeu psychologique et me prendre comme une merde, vous décidez, mais vous le regretterez, dans la mesure où cette discussion à sens unique prendra fin. » Je ramassais mon panneau de signalisation au sol et le gardais en main, tandis que le bout était collé à terre. Ce n’était pas une position de combat, c’était la position de : un coup de poignet, je le range et je me tire. Je continuais avec les yeux méchants : « Ce que je comprends, c’est que vous voulez buter Pijn, très bien, et que je suis une bonne occasion. Vu que vous avez un système d’informations apparemment assez performant pour ne pas avoir besoin de moi, alors depuis tout à l’heure, on parle pour ne rien dire. Laissez-moi recadrer la discussion : vous avez plus besoin de moi que je n’ai besoin de vous, parce que je suis l’occasion et que vous n’êtes qu’un bonus. Dans ce cas, le marché, c’est donnez-moi toutes vos informations utiles et j’en ferais bon usage. » Rien de plus, rien de moins. Vu que t’aimais parler, t’avait qu’à continuer à le faire.
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MessageSujet: Re: Le Sphinx [PV : Ed Free] Le Sphinx [PV : Ed Free] EmptyMar 27 Jan 2015 - 22:13

Si elle avait pu le faire discrètement et sans risque, Alice serait partie en courant. Mais elle ne pouvait pas, à la place elle tenta tant bien que mal de se faire encore plus petite qu'elle ne l'était déjà, plaquant son dos au rocher, priant presque pour se fondre avec lui et, ainsi, être plus à l'abri de la scène se jouant devant ses yeux. Il était difficile de connaître la puissance exacte d'Hisèn, tout ce qu'il faisait aurait tout aussi bien pu n'être qu'un jeu de manche, de la pure esbroufe destinée à provoquer la crainte ou la panique, puisqu'en y réfléchissant, elle ne l'avait jamais vu faire usage de "force", ce qui ne voulait pas dire qu'il ne disposait pas d'un autre genre de pouvoir. De l'autre côté, elle avait appris bien après l'avoir rencontré pour la première fois, qu'Ed était un voyageur très puissant, plutôt le genre à se retrouver au cœur des embrouilles les plus bizarres de Dreamland, mais assez fort pour s'en sortir. Elle, entre ces deux monstres, n'était qu'une toute petite voyageuse, autant en taille qu'en rang, sans aucune expérience martiale et favorisant naturellement la fuite à toute sorte de négociation, musclée ou non.

Mais la créature n'eut aucune réaction, réellement aucune. Elle continuait de fixer paisiblement son interlocuteur, ne laissant pas le moindre frémissement trahir ce qu'il pouvait penser. Hisèn laissa passer quelques secondes dans un silence pesant, qui fit se ratatiner encore d'avantage Alice contre son rocher, puis il lâcha un soupir désolé qui détendit presque l'atmosphère des lieux :

"Si tu penses réellement ne pas avoir besoin de moi ou de protection, alors oui, je peux te prendre 'pour une merde' et j'aurais bien raison, car tu vas très vite mourir, Ed Free. On ne s'attaque pas à quelqu'un comme Pijn comme on s'en prend à n'importe qui et je doute très sincèrement que tu aies la pleine mesure de la puissance d'un Duc Obscur. De plus, soyons clairs, tu veux le tuer, personnellement je veux juste épargner les soucis qu'apporteraient un tel Seigneur Obscur à Dreamland ainsi qu'à moi-même par la même occasion et si ça doit passer par ton assistance et donc la mort de Pijn, c'est un tribus que je paierais sans aucune hésitation."

Il avait dit tout cela avec la même intonation douce et caressante qu'auparavant et rien dans son attitude ne suggérait qu'il retiendrait Ed si ce dernier choisissait de partir. Rien, à part ses deux yeux pâles qui le fixaient avec une attention encore renouvelée et si lisible dans le regard qu'Alice en fut surprise. Avait-il vraiment besoin du claustrophobe ? Cela aurait été surprenant. Pas que le contrôleur de portail ne fût pas un allier de poids et un combattant émérite que n'importe qui aurait voulu avoir de son côté lors d'une guerre, mais Hisèn n'était pas un guerrier et ne semblait pas les tenir en grande estime. Comme lisant dans les doutes de sa "protégée", il poursuivit sur le même ton léger :

"Nous pourrions arriver à nos fins l'un sans l'autre, peut-être oui, éventuellement. Ce pourrait même être une excellente chose. Mais en poursuivant un but similaire par deux voies totalement différentes, nous risquons surtout de nous gêner sans même en avoir conscience, ce qui risque de profiter à Pijn et ses alliés."

Il se releva avec lenteur, la brume autour de lui ondulant en volutes translucide, épousant ses mouvements comme un léger manteau.

"Si tel est ton désir, pars. Je ne suis pas pressé."
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MessageSujet: Re: Le Sphinx [PV : Ed Free] Le Sphinx [PV : Ed Free] EmptyVen 30 Jan 2015 - 2:09
Je me sentais beaucoup mieux debout, les deux pieds sur terre, et le panneau dans les mains ; évidemment, tout cela m’était inutile, mais ces éléments me rassuraient et me disaient que j’avais le contrôle sur quelque chose, aussi inutiles fussent-ils dans la situation présente. M’être levé n’entrait pas dans les plans de Dimma, ça brisait quelque chose, cette ambiance délétère que je sentais autour de moi. J’étais mieux debout quand la situation était tendue, et là, elle l’était, même si j’étais incapable d’expliquer clairement pourquoi. Prêt à bondir, prêt à partir… prêt à agir en somme. Je n’avais pas le contrôle, loin de là, mais je pouvais interférer, ça faisait la donne. Je ne sentais plus la moindre ascendance sur moi, c’était déjà une bonne chose. Je n’en étais pas moins en colère non, j’étais surtout moins effrayé.

Le type me rappela qui était Pijn, les risques qu’il y avait à prendre et l’utilité qu’on avait de collaborer. Bon, très bien, j’allais devoir expliciter – ou je dirais même répéter – ma pensée afin qu’on soit au clair tous les deux. Car évidemment, je ne voulais pas Pijn l’emporte et j’étais ravi de voir que cette nuit, aussi sordide fut-elle, débouchait sur de meilleures probabilités de l’abattre. Je n’aurais pas de seconde chance, et c’était la mort assurée en cas de défaite… si j’arrivais toutefois à saisir ma chance, ce qui serait loin d’être le cas dans un contexte aussi meurtrier et chaotique qu’une énorme bataille. Je voulais son aide, oui, mais il pouvait garder ses foutus commentaires. Comme disaient les beaufs au sujet des végétariens, j’étais pas au sommet de la chaîne alimentaire pour bouffer des légumes. Je m’étais pas entraîné des années et réalisé des dizaines de mission pour qu’on me renvoie tranquillement à l’état d’idiot incapable qui maîtrisait pas la situation. Mille fois je l’avais pas maîtrisé la situation, et mille fois on me l’avait reproché. Maintenant que je pouvais coller des tartes qui vous retournait de la tête jusqu’à la colonne vertébrale, pour une fois que je faisais quelque chose de viscéral, d’haineux, venant de moi, c’était évidemment une partie sensible et je voulais pas qu’on gratte là-dessus à coups de « t’es petit ».

Oh quoi, qui allait se farcir le Pijn ici, lui ou moi ? C’était facile de rappeler à quel point le Duc était dangereux, c’était tout aussi simple de critiquer ses collaborateurs éventuels qui allaient risquer leur vie tandis qu’il allait prendre tranquillou un quelconque cocktail divin tandis que ses plans s’écrouleraient sans même le toucher. Mais ouais mon gars, t’as quantité d’autres machinations pour faire tomber un des êtres les plus puissants de Dreamland, c’était sûr. Quoi, Alice était une de tes cartes par exemple ? Il se foutait de ma gueule. Il était peut-être pas pressé, mais la bataille allait arriver très prochainement, ça se comptait peut-être même en semaines plutôt qu’en mois maintenant. Cependant, j’entendis aussi que je pourrais interférer dans son plan. Mon plan allait durer une heure au bas mot, enfin, pas plus longtemps qu’une nuit. Peut-être que Dimma comptait aussi envoyer quelqu’un buter Pijn durant cette période, ça ne serait pas impossible. Enfin bref, je répétais ce que j’avais dit plus haut :

« Je vais le redire pour que ça soit clair : la parole est à vous, dîtes-moi tout ce qui pourrait m’aider et tout ce qui me permettrait de ne pas gêner vos autres options. Ensuite, je me casserai et je ferai en sorte d’utiliser vos infos à bon escient, sauf si vous avez pas fini d’étaler mes défauts par rapport à votre intellect. »

La dernière partie de la phrase était clairement en trop, je le sentais, mais j’étais pas payé pour être un professionnel, et quelqu’un qui préférait vous rabâcher plutôt que d’aller à l’essentiel juste pour éviter que son égo soit trop souillé méritait pas trop que je le salisse pas quand il tendait des perches aussi évidentes. Non, t’es pas pressé, oui, je suis une merde si je ne vais pas dans TON plan, très bien, capish, aboule les infos plutôt, ça serait bien plus profitable pour nous deux. Je ne comprenais pas ce type, il était peut-être encore plus à fleur de peau que moi.
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MessageSujet: Re: Le Sphinx [PV : Ed Free] Le Sphinx [PV : Ed Free] EmptyVen 30 Jan 2015 - 21:01

Ed faisait parti des braves, Alice n'en avait jamais douté, mais elle incluait dans cette adjectif d'autres notions moins louables que le courage du jeune homme. Honnêtement, elle ne comprenait pas grand chose à la situation et surtout pas pourquoi on la laissait assister à cette scène, mais elle devait avouer qu'il y avait quelque chose de fascinant dans tout ce qui se déroulait devant ces yeux. C'était presque comme regardé un film policier avec un scénario en huis-clos : il ne se passait pas grand chose, mais tout ce qu'il se passait était important et juste assez mystérieux pour qu'on ne s'en lasse pas. Cependant, on ne pouvait pas en dire de même des deux protagonistes, qui avait en commun le même désir de mettre fin à cette discussion au plus vite pour que chacun puisse retourner à ses préoccupations habituelles.

Hisèn laissa parler le voyageur sans un mot, même après qu'il eut fini il sembla peser le pour et le contre de cette "proposition" qui sonnait plutôt comme un ordre, ou un ultimatum : un marché qui n'en était pas vraiment un, en somme. Alice, bien que trouvant l'attitude du jeune homme totalement folle et déraisonnable, ne pouvait pas s'empêcher de penser que c'était aussi "un peu classe". Pouvoir envoyer balader une créature du gabarit d'Hisèn, ce n'était pas donner à tout le monde (et certainement pas à elle) ; même si rien n'indiquer effectivement sa puissance réelle, tandis qu'Ed figurait dans les cinquante premiers de la ligue M, ce qui, en revanche, était tout à fait explicite quant à ses qualités de combattant.

La douce voix d'Hisèn rompit à nouveau le silence, lorsqu'il reprit la parole en baissant les paupières. Encore une fois, c'était difficile à dire, mais il sembla à Alice que son visage affichait une expression désolée , assez surprenante et difficile à identifier sur un bec.


"Ce n'est pas possible, Ed. Je t'ai déjà dit beaucoup de choses et je n'ai toujours rien obtenu de ta part ; ni confirmation ou infirmation de mes hypothèses et pas plus d'indications sur ce que tu sais. C'est un peu triste de penser que je suis plus intelligent que toi, ou de croire que je le pense et agir ainsi : en me prenant pour un tel novice en affaire. Quel piètre estime de ton intellect tu as !"

Il avait fini sur un ton bien plus ironique, sans pourtant se départir de son apparente sympathie. Il s'avança alors, faisant quelques pas vers le jeune homme. Sous cette forme, le sommet du crâne de la créature atteignait avec peine son épaule et pourtant il gardait une prestance incroyable, comme si, peu importait son apparence, il restait un monstre dangereux dont il fallait se méfier. A un mètre du claustrophobe, il releva la tête, rouvrant les yeux pour les planter dans ceux du blond avec toute l'intensité dont il était capable. Il n'y avait aucune menace dans cette posture, pas plus qu'il n'y avait de condescendance ou de défi (difficile, en faisant deux têtes de moins et en étant si près), juste une nouvelle invitation à partir, s'il n'était pas satisfait par son offre. Néanmoins, la créature explicita un peu plus sa pensée :

"Je ne vais pas le nier, je suis un de ces "salauds" qui envoient des soldats au front se faire massacrer, tout en restant dans les lignes arrières ; tout le monde ne peut pas être un guerrier et je n'en suis pas un. En revanche, je n'aime pas le gâchis, et la mort est toujours un affreux gâchis, même dans les camps que l'on affronte. La guerre est donc une option que j'aurais voulu éviter. Malheureusement, je suppose qu'une telle stratégie est dépassée depuis un moment et que seules les armes pourront désamorcer cette inconfortable situation. Dans ce cas, t'envoyer faire ta guerre avec les informations que j'ai actuellement, ce ne serait pas te rendre service et je ne suis pas là pour ça, de toute façon. En d'autres termes, et puisque tu veux parler franchement : je ne t'aiderais pas si tu n'en fais pas de même et toutes tes promesses de ne pas interférer avec mes plans ne valent pas une véritable association, même temporaire, où nous pourront maintenir une entre-aide régulière et réfléchie, tant que durera ces funestes évènements ou jusqu'à ce que l'un de nous en meurt, cela va sans dire."

Il s'assit sans s'allonger, gardant ses deux yeux plantés dans ceux du jeune homme, toujours très calme en apparence, mais chacun pouvait sentir que la tension présente sur les lieux avaient de nouveau grimper d'un cran. Alice aussi reporta son regard vers Ed, une interrogation silencieuse sur son visage inquiet : allait-on vraiment vers une guerre si énorme qu'elle impliquerait le royaume obscur ?
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MessageSujet: Re: Le Sphinx [PV : Ed Free] Le Sphinx [PV : Ed Free] EmptyVen 6 Fév 2015 - 16:13
C’était très marrant, je ne savais pas si je devais en être fier ou honteux, mais quand Dimma me reprocha de ne pas m’impliquer, j’eus l’impression qu’il était Pijn parlant à Maze : c’était toujours ce qu’on reprochait à Maze d’ailleurs, en tout cas, ses partenaires. Le Seigneur de la Claustrophobie avait une conception très personnelle d’aider les gens car il refusait de mettre le moindre orteil dans l’eau tant qu’il n’avait pas une étude très approfondie sur sa température, l’éventuelle faune, flore, bactéries qui pouvaient y habiter, et dès que tout était vu, mesuré, calculé, évalué, il demandait tout de même à ses Voyageurs de rester dans le petit bassin et de ne pas oublier leurs brassards. C’était quelqu’un de très fermé en fin de compte. J’avais inconsciemment déployé les mêmes stratégies que lui, c’est-à-dire, le « toi d’abord et si je ne veux pas donner, je partirais quand même, au revoir, ciao, si t’es pas content, essaie un peu d’envahir ma forteresse ».

Dimma avait clairement lancé le jeu des négociations, surtout quand il s’était approché de moi afin de me faire ployer, ce dont il n’arriva pas (bon, les yeux, je fus incapable de les soutenir, c’était un fait), mais maintenant que j’étais debout et en pleine possession de mes moyens, je sentais que quelque chose était différent en moi, comme si je ne convenais pas à la position assise. Non, c’était surtout pour me dire que j’étais prêt à me déployer s’il le fallait dans toutes les directions possibles, de la fuite jusqu’à l’affrontement. Mais plus le débat était houleux et plus je sentais qu’il n’y avait pas de combat. Pas forcément parce que la créature ne se disait pas guerrier, je savais faire la différence entre « ne pas être guerrier » et « ne pas savoir se battre » et surtout, je ne prenais jamais pour argent comptant les dires d’un adversaire qui devait de moins en moins m’aimer ; plutôt parce que la discussion continuait sans mouvement agressif.

J’écoutais clairement ce qu’il avait à me dire alors, et je ne n’en étais pas satisfait, évidemment, il cherchait à tirer la couverture de son côté, il s’esquivait à mes demandes. Je n’étais pas encore super doué en négociations, je supposais qu’il fallait comprendre la pensée de l’interlocuteur et anticiper ses réactions, mais je restais buté dans mon petit esprit ne répondant qu’au fur et à mesure sans véritable stratégie. Je décidai en tout cas les choses suivantes…
En fait non.
Voilà pourquoi j’étais mauvais, mais mon manque d’expérience allait peut-être me faire rester sur mes principes sans arriver à m’adapter. Mais bon, difficile de faire confiance à un type pareil, le mot « MANIPULATION » était marqué sur son front en majuscule, pas qu’il cherchait à me manipuler, mais que vu qu’il avait tout prévu et qu’il « n’était pas un guerrier », c’est qu’il avait certainement des cartes piégées en main et ma paranoïa habituelle ainsi que mon malaise me soufflaient qu’une ou deux pouvaient m’être réservées.

Je cherchai en tout cas la cohérence dans mon discours, et c’est ainsi que je revins sur ce que j’avais dit plus tôt, ma propre croyance comme quoi le donnant-donnant était déjà trouvé :

« Je ne vois pas pourquoi j’aurais à donner ce que je n’ai pas à donner. Le deal est simple pourtant, vu qu’il n’y a pas de deal : vous cherchez à vous débarrasser de Pijn, alors vous optimisez vos chances en me donnant vos informations, c’est tout. Je ne vois pas pourquoi je vous devrais quelque chose, quand on embauche un mercenaire, c’est lui qui vous demande un acompte, pas l’inverse, et en plus, pour le coup, je ne vous demande rien. On cherche tous les deux à tuer Pijn, faisons ce qu’il y a pour, et n’allez pas chercher plus loin ou vous allez rater une chance énorme juste par orgueil. Et je dis par orgueil, parce que je n’ai pas de mot véritable sur ce qui vous empêche de me dire ce que vous savez, ce n’est pas comme si ça aurait de la valeur pour moi autre que pour tuer Pijn qui est justement votre but. On ne devrait pas être à marchander. »

J’étais tout de même déçu sur un point : il disait que ces infos seraient contre-productives dans une guerre et c’était justement à ce moment que je voulais frapper. Outre ce que j’allais lui répondre bientôt, j’avais un petit goût de déception : peut-être que la créature finalement serait incapable de m’apporter son aide, malgré toutes les informations qu’elle disposait. Ce n’était aucunement sa faute, j’imaginais qu’elle savait énormément de choses, mais ce qu’elle avait à m’offrir et ce que je demandais n’étaient pas les mêmes choses. Je continuai :

« Il est impossible de frapper Pijn quand il est dans son temple, on n’entre pas dans le Royaume Obscur, surtout vers le Temple de deux heures, la bouche en cœur. Donc oui, je vais chercher à frapper durant la bataille qu’il y aura contre le Royaume Obscur. » Regardez comme je donne subtilement l’information en faisant croire à ma conscience que je ne faisais que confirmer et que de toute façon, Dimma était déjà au courant. « Si vos infos ne me rendent pas service, alors je ne vois pas en quoi vous êtes utiles, et inversement. »

J’avais croisé mes bras inconsciemment, certainement parce que je supportais pas le regard que l’autre portait sur moi. J’avais une pensée pour Alice, posée à-côté et qui semblait n’avoir rien à dire dans cette discussion.
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MessageSujet: Re: Le Sphinx [PV : Ed Free] Le Sphinx [PV : Ed Free] EmptyVen 20 Fév 2015 - 0:18

Suite à la réaction d’Ed, Alice s’attendait à ce que la tension monte encore d’un cran. Chacun des deux partis gardaient fermement ses positions et si Hisèn était demeuré de marbre jusque là, elle imaginait aisément que l’admirable résistance de son interlocuteur devait commencer à entamer sa patience bien plus qu’il ne voudrait l’admettre. Cependant la dernière phrase du voyageur provoqua chez lui une toute autre réaction, une réaction inattendue : un recul. C’était léger certes, un faible glissement d’une de ses pattes avant, mais son buste avait bougé avec, de même que son regard imperturbable : pendant un très bref instant, Hisèn avait lâché Ed des yeux et pendant cette infime seconde, quelque chose l’avait dérangé ou suffisamment perturbé pour qu’il esquisse un retrait.

Il ferma les yeux, mais quand il les rouvrit, se fut manifestement pour mieux se jeter sur ceux du jeune homme. Cette fois, il y avait clairement de la dureté dans la façon dont il le contemplait, ce n’était pas tant un jugement, qu’un avertissement sur le sérieux et l’importance de ce qu’il avait désormais à dire et lorsqu’il parla, la mise en garde était clairement audible dans sa voix douce mais désormais plus grave, sans être tout à fait menaçante.


« Donc… Si j’ai bien saisi, tu es en train de me dire que, selon toi, le meilleur moyen de vaincre le seigneur de la douleur, c’est dans une bataille, à l’extérieur du royaume obscur ? il fit une pause, marquant le mot, une sècheresse dans l’intonation. Une… Bataille ? »

Brusquement, il se détourna du jeune homme, lui présentant son dos sans guère se soucier de l’éventuel risque que cela pourrait impliquer, compte tenu du niveau et du rang du voyageur. Ses ailes brumeuses étendues largement, il fit quelques pas, avant de faire de nouveau face au blond, le regardant par en dessous. Ses quatre pattes fermement enfoncées dans le sol le faisaient maintenant plus ressemblait à un animal, qu’à une créature mythologique. Alice fronça les sourcils, perplexe et vaguement inquiète.

« Tu veux des informations, Ed Free, commençons par celle-là : quand on se lance dans le fantasmagorique projet de défaire un seigneur cauchemar, on identifie clairement son terrain de prédilection et on ne se trompe pas. Pijn n’est pas une créature obscure et c’est l’un des rares ducs chez qui les chandeliers ont un autre but que de briller par leur absence. Qui plus est, penses-tu réellement qu’il va sortir et s’éloigner de sa cible, en espérant qu’elle sorte poliment lui offrir sa tête ? Je doute que le seigneur obscur soit vraiment du genre à apprécier les promenades bucoliques sous le soleil printanier, même pour un combat épique avec l’un de ses lieutenants préférés. »

Il se rapprocha d’Ed, retrouvant de sa prestance ; ses ailes écartées gonflant sa présence avec une impressionnante efficacité, lorsqu’il reprit avec plus de calme la suite de ses explications.

« Est-ce que cela te viendrait à l’esprit de défier Maze entre six murs, quand bien même ce ne serait pas ceux de son palais ? Est-ce que tu enverrais une foule immense dans un espace gigantesque face à Héliée ? Est-ce que tu irais combattre le seigneur du feu au beau milieu d’un volcan ? »

Alice déglutit, elle comprenait peu à peu le problème que soulevait Hisèn dans le plan du jeune homme. Elle le comprenait d’autant mieux qu’elle était elle-même algophobe : elle savait mieux que quiconque de quoi elle tirait la force de son pouvoir, pire, elle avait expérimenté celui de Megan Cole, une autre voyageuse de son royaume  bien plus « classique » dans son traitement de la souffrance et elle savait ce que cela pourrait impliquer face à leur seigneur, même si elle ne l’avait heureusement jamais rencontré.

« Maintenant, dis-moi où est le bien fondé d’un plan qui consisterait à livrer bataille à une créature qui tire toute sa puissance des tourments humains ? Une créature qui se délectera de chaque blessure ? Des larmes des guerriers pleurant leurs compagnons morts à leurs pieds ? De la rage des plus fous, qui voudront arracher les trippes de ceux qui leur ont volé des êtres chers ? A quoi bon mener une guerre, le foyer même de la violence, contre un être qui se roule dedans comme un porc dans la fange ? Contre un seigneur dont les voyageurs et les créatures ont les pouvoirs parmi les plus violents et les plus complémentaires qui soient à Dreamland : surpuissance, indolores, soigneurs, contrôleurs de la souffrance et je te passe les pouvoirs plus rares basés sur la douleur moral, comme celui de notre amie Alice. »

La jeune femme se figea et fixa le sol avec obstination, sous le regard acéré de la bête blanche. Elle n’aurait su dire si c’était le froid ou l’angoisse, mais ses bras tremblaient doucement. Il se lassa très vite de ce spectacle et reporta son attention sur l’homme, le gratifiant d’une expression qu’on aurait presque pu qualifier de souriante.

« Pourtant je ne t’apprends rien, Ed Free, tout cela, tu le savais sans doute déjà, son sourire se fit plus carnassier encore derrière son bec. Je suis peut-être un salopard de la pire espèce, mais je suis heureux que sur ce point au moins, nous puissions nous comprendre tous les deux, car je n’ai rien à envier à un voyageur qui veut envoyer ses alliés, ses amis, se battre contre celui qui jouira de les voir périr par dizaine, sans avoir rien à craindre de leur assaut.»

Il glissa dans son dos souplement, enveloppant avec douceur le claustrophobe dans sa brume froide et opaque. Alice n’aurait su dire s’il le touchait ou si c’était autre chose, tant les volutes troublaient les contours et les formes, mais elle frissonna d’avantage, n’imaginant que trop bien la situation désagréable dans laquelle Ed se trouvait. Malgré tout, elle trouva la force d’articuler d’une voix rauque et tremblante.

« Pijn… N’est quand-même pas tout puissant. Il y a forcément plus fort que lui, quelqu’un qui peut le battre… Ou bien une faiblesse à exploiter. Puisqu’on… Vous… Enfin… Il n’est pas envisageable de le laisser devenir seigneur obscur. »

Elle déglutit, elle ne savait pas bien pourquoi elle avait parlé maintenant, peut-être pour distraire Hisèn de son soudain "câlin" ou peut-être parce qu'elle commençait enfin à se sentir vaguement concernée. Ce fut sans surprise qu'Hisèn la considéra un bref instant, avant de poursuivre, laissant un peu plus d’espacé à Ed.

« Exact et puisque notre cher Ed nous a fait l’honneur de nous exposer son plan, je vais l’informer du mien et je vais même lui dire comment, de ce que je sais, on tue un seigneur de la douleur, puisque c’est ce qu’il veut. »

Il se rassit en face du claustrophobe, enroulant son brouillard autour de lui comme une étole diaphane.

« Une façon de faire, serait simplement d’avertir l’actuel seigneur obscur, ou son lieutenant le plus proche, du complot qui se trame, et ce avec preuve à l’appui. Il agira en conséquence et si Pijn a de la chance, cela marquera simplement la fin de ses velléités monarchiques, mais pas de son existence dans sa globalité. Oh ! Je ne dis pas que c’est facile d’obtenir une entrevue avec une telle personnalité, ni même que ceux qui iront reviendront, mais ça me semble moins suicidaire et destructeur qu’une guerre. »

Il fit une pause, laissant chacun appréhender pendant un bref instant le plan qu'il venait d'exposer. Alice n'ajouta rien, elle n'avait pas la moindre connaissance dans le domaine, elle espérait simplement que ce plan ne la concernerait pas. La créature reprit alors la parole posément, assurant doucement son ton :

« Si, malgré tout, tu tiens à l’épique d’un combat à mort, je vais te dire comment Pijn a tué son père, comment il a tué un seigneur de la douleur, soit la créature la plus cruelle de tout Dreamland. C’est très simple, en réalité ; il est juste devenu pire que lui. En d’autres termes, pour tuer un seigneur de la douleur, il faut devenir le prochain et j’avoue que la perspective de voir un voyageur, un être humain, essayer est… Est totalement réjouissante. »

Ses yeux brillaient d’un appétit et d’un intérêt qu’Alice ne lui avait jamais vu, il semblait terriblement sincère quand il disait que l’idée de faire d’Ed le prochain roi des tourments lui plaisaient et c’était cette sincérité qui rendait le principe d’autant plus inquiétant.
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MessageSujet: Re: Le Sphinx [PV : Ed Free] Le Sphinx [PV : Ed Free] EmptySam 21 Fév 2015 - 13:10
Là, peut-être que la conversation allait démarrer ; une des phrases que j’avais dites, mal comprises par Dimma certainement, lui vrilla tant les oreilles qu’il se sentit directement obligé de venir se foutre de moi pour quelque chose que je n’avais pas dite ; sans compter le reste des informations qui en découlait sur des bases hypothétiques et qui se révélaient souvent fausses heureusement pour moi. J’eus une petite pointe de satisfaction quand je l’interrompis à un moment, levant mon bras pour essayer de dissiper cette espèce d’aura-fumée qui se faisait bien trop proche de moi :

« Je n’ai jamais dit que j’allais l’affronter à l’extérieur du Royaume Obscur, mais à l’extérieur de son Temple. Elle est là la différence. En-dehors de son Temple, Pijn n’a pas d’autre terrain de prédilection, c’est déjà un point. Quant à savoir s’il va en sortir, oui, il le fera. »

Le plan de bataille était bientôt un lointain souvenir dans mon esprit tant par le temps que par le manque cruel de détails que j’avais reçu, juste l’essentiel. Cependant, les désirs de Pijn étaient restés étonnamment clairs dans mon esprit vu que seuls ses mouvements à lui m’intéressaient, et qu’on ne m’avait pas encore dit où est-ce que je devrais aller pour le moment : plein d’égo et de suffisance, il voulait abattre de lui-même Minuit, le bras droit du Seigneur Obscur, un duel loin d’être remporté. Et c’était là-dessus que je comptais miser

Mais avant de pouvoir en parler plus précisément de ce détail, il fallait que je supporte quelques questions rhétoriques fumeuses que mes connaissances voulaient balayer d’un revers de main sans y réfléchir plus longtemps, celles de la puissance de Pijn en plein milieu d’une bataille ; je n’avais pas réfléchi très longtemps à cette situation mais ma conscience et l’espoir essayèrent de garder les pieds au sol face à ces affirmations et tentèrent même de les décrédibiliser. Je répondis :

« Vous parlez de Seigneurs qui ont des pouvoirs avec des manifestations physiques, et vous en déduisez pour Pijn la même chose en vous basant trop sur la symbolique ; la véritable question ne serait pas de l’affronter avec une bataille autour de nous, mais avec une blessure sur nous. Là, c’est plus crédible. »

Et Pijn essaya de me montrer qu’on était en tout point pareil et que j’allais devenir un pur salopard vu que j’allais envoyer tous mes amis à la mort. J’essayais de compter sur le bout de mes doigts mes amis que j’allais effectivement envoyer et… Non, à part Jacob qui s’était incrusté, je n’avais aucun ami que j’avais fait venir avec moi dans le but de l’assassiner. Megan n’était pas mon amie, Kala encore moins, et les Claustrophobes, je préférais ne pas en parler et je ne comptais pas leur demander de tuer Pijn ; et, s’ils seraient dans l’énorme bataille de l’obscurité, ce n’était de base pas du tout de mon fait. Heureusement, contrairement à ce que pensait Dimma, voir ce qu’il voulait m’entendre faire, je n’avais personne qui me tenait véritablement à cœur qui allait batailler pour moi contre Pijn. On avait bien d’autres points sur lesquels discuter pour devoir le réfuter là-dessus ; qu’il croie ce qu’il voulait.

J’écoutais ensuite la solution de Dimma pour terminer ça sans guerre avec un plan moins risqué. Prévenir le Seigneur Obscur. Mais déjà de base, c’était aussi très dangereux et en plus, ça ne garantissait en rien la mort de Pijn. En tout cas, je ne me voyais pas frapper à la porte du Seigneur Obscur pour lui expliquer la situation, je risquais surtout de me faire embrocher dès le premier Temple que je croiserais, je n’avais jamais entendu qu’un Voyageur puisse parler au Seigneur Obscur et s’en tirer à bon compte… voire même, lui parler tout court serait déjà bien. Et ensuite, peu de gens pouvaient arrêter Pijn dans tout Dreamland, et même dans la Zone 5, ils ne seraient pas des masses. S’il ne prenait pas les mesures nécessaires, et bien, pouf, terminé, Pijn pourrait s’enfuir et le calvaire d’Ophélia continuera tant qu’il serait vivant. J’expliquais ma retenue à Dimma :

« Tu as déjà soulevé tous les défauts de ton plan : aussi très risqué, et en plus, Pijn n’est pas assuré de mourir. Je n’ai pas envie de sacrifier ma vie pour rien. »

Ce qu’il dit ensuite était déjà bien plus intéressant, bien plus effrayant, et là, je décidai sciemment de fermer les yeux et me dire que c’était du blabla intentionnellement sans avoir la moindre preuve : pour tuer Pijn, il fallait s’assurer d’endosser le rôle du prochain Seigneur de la Douleur juste après, un changement de pouvoir qui ressemblait énormément aux principes des ailes noirs qui avaient converti Ophélia aux dernières instances. Mais je ne me voyais pas prendre sa place, moi, d’ailleurs, ou un autre tueur, je n’étais pas assuré de porter le dernier coup final. J’aurais pu être encore plus insouciant et envoyer foutre tout ce que disait Dimma si ça ne faisait pas écho avec ce qu’avait dit Héléna Von Jackson lors de notre duel, il y avait bien longtemps de ça, où elle était assurée que je devienne un futur Seigneur des Ombres, un Seigneur des ténèbres ou je ne savais quoi encore. Je me grattais un ongle tandis que la fumée de l’autre m’entourait, des effets de spectacle qui devaient marcher sur des esprits plus faibles, ou, moins irrités. Au lieu de l’envoyer chier parce que je ne voyais pas encore comment une telle métamorphose était possible, je lui renvoyai un peu trop doucement :

« On verra quand on y sera, merci, je retiens l’info. »

Bon, il était peut-être temps de tout dire à Dimma avant qu’il ne se mette à penser que j’étais totalement dégénéré, si ça ne lui était pas passé à l’esprit face à quelqu’un qui voulait arrêter Pijn par un assaut frontal. Ce qui n’était pas réellement véritable, il fallait l’avouer, mais attendez que je déballe tout. J’avais envie de lui dire d’arrêter ses effets avec de la fumée, mais j’étais plus entraîné dans la discussion qu’auparavant et je ne voulais pas qu’elle s’arrête à cause d’une bêtise de plus sortie de ma bouche. Je prenais plutôt le soin de prendre mes mots avant de lui dire :

« Pijn veut renverser le Seigneur Obscur, pour ne rien vous apprendre, et il s’est mis martel en tête de devoir affronter Minuit. Il a déjà des chances de mourir face à lui, mais le but serait de l’y aider s’il venait à gagner le combat. Une attaque surprise dans son dos alors qu’il est déjà gravement blessé, voire même pendant l’affrontement, voire même de demander dans le chaos de la bataille à d’autres Ducs Obscurs de nous aider dans la tâche. On fera avec ce qu’on a. »
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MessageSujet: Re: Le Sphinx [PV : Ed Free] Le Sphinx [PV : Ed Free] EmptySam 28 Fév 2015 - 20:35

Hisèn, quoiqu'il pensa des explications supplémentaires d'Ed n'ajouta rien, au contraire il sembla retrouver sa contenance et son calme imperturbable. De son "excitation" il ne restait qu'une sorte de discret frisson sur les contours duveteux de ses fumeroles diaphanes. Alice, elle, n'ajouta rien, elle avait même lâcher des yeux le fauve blanc pour regarder plus attentivement Ed, debout et immobile. C'était peut-être parce qu'elle était totalement dépourvue de cette fibre héroïque qui forge les plus grands voyageurs de Dreamland, mais elle avait beaucoup de mal à le comprendre, elle ne savait même pas ce qu'il venait faire dans un conflit qui opposait des entités aussi démentiellement surpuissantes que des seigneurs cauchemars. Ce n'était pas qu'il avait l'air faible, non, il n'avait juste pas l'air... Si fort que ça, mais là encore, elle pouvait probablement incriminer sa nature résolument passive : elle ne voyait le danger que quand il portait le panneau du même nom.

« Oh, Ed, reprit la créature d'un ton qui sembla, non pas déçu, mais peiné, c'est insultant que tu m'accuses de ne pas connaître les pouvoirs d'un des seigneurs que je connais le mieux. Je me sens... Terriblement blessé. »

Difficile de dire si c'était vrai, ou s'il jouait simplement une comédie d'un gout douteux, les deux pouvaient s'envisager, d'autant qu'il continua sans trop s'appesantir sur ses états d'âme.

« Ce qu'il y a de bien, c'est qu'un corps physique, s'il en existe réellement à Dreamland, mais nous allons considérer que oui, a toujours quelque chose qui ne va pas. Je m'explique : Pijn n'a jamais eu besoin d'ouvrir une blessure pour faire souffrir qui que ce soit, il fait ainsi parce qu'il aime ça, mais une gencive irrité lui suffit pour commencer. Qui plus est, ce serait supposer que qui que ce soit puisse arriver à toucher Pijn avant qu'il n'ait le temps de le faire ou mieux, tuer Pijn sans lui laisser l'occasion de verser le sang d'un autre ; et même Minuit pourrait avoir quelques soucis sur ce point. Là encore, ce serait supposer en plus que sa propre souffrance l'affaiblit au lieu de le rendre plus fort. »

Il sourit, Alice était sûre désormais et malgré la difficulté de le faire avec un bec, qu'il souriait et c'était effrayant. Il s'approcha d'elle, s'asseyant à ses côtés sans même la regarder, ses yeux posés sur Ed, son sourire toujours parfaitement composé. Elle déglutit.

« Tu prends beaucoup de paris, pour un scénario qui n'est déjà pas des plus sûr. Au risque de me répéter : je ne désire pas tuer Pijn. Je préférerais seulement éviter qu'il devienne le prochain seigneur obscur. Tu es le seul ici à prendre en compte son décès dans la qualité de ton plan, car hormis ce point, l'idée que je t'ai proposé est moins risquée, plus économique et plus pratique, en bref, elle est meilleure et elle a beaucoup moins de variable qui pourrait entacher sa qualité, puisque moins d'élément Independent. »

Il se laissa tomber sur le sol, s'allongeant sans un son, sans même que l'herbe autour de son corps ne ploie sous son poids. Il soupira doucement, fermant les yeux, comme profitant de l'air autour de lui, pourtant terriblement tendu, à en assécher la gorge d'Alice qui frissonnait encore.

« Mais je vois bien que tout ce que je pourrai dire ne changera rien à tes désirs, à ton impatience. Je sais reconnaître une vengeance personnelle lorsque j'en vois une. Oh ! Je ne dis pas que tu agis uniquement pour ton compte, ton égoïsme à ses limites, ou alors tu penses pouvoir conjuguer tes aspirations personnelles et le bien-être de Dreamland, selon ton point de vu. »

Il rouvrit les yeux et pencha la tête sur le côté. Le fait que celle-ci soit celle d'un hibou rendait l'angle terriblement inconfortable qu'elle adoptait un tout petit peu moins terrifiant, mais tout de même, Alice était sûre que même un authentique rapace nocturne ne pouvait pas faire ce mouvement sans se briser les cervicales.

« Ne sous-estime pas ce monde, ni ses habitants, voyageur. Sa "virtualité" est le genre d'illusion qu'aime à agiter les plus ignorant devant leurs yeux : c'est un voile plein de promesses, qui se change si vite en linceul. Ce serait dommage que tu rencontres un destin si funeste, car tu es fort intéressant, Ed Free. Maintenant, si tu as d'autres questions, peut-être puis-je t'aider ? Sinon, tu peux quitter ces lieux. »
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MessageSujet: Re: Le Sphinx [PV : Ed Free] Le Sphinx [PV : Ed Free] EmptyVen 6 Mar 2015 - 15:17
C’est bon, nous avions trouvé le fond du problème, la discussion tournait maintenant à vide, la pédale et le moteur n’étaient plus synchronisés, et oui, il était tellement facile de trouver des défauts dans les dires de l’autre qui apportaient comme conséquence la fin de la discussion quand la scène entière était désagréable et qu’on n’avait qu’une seule envie : la quitter. Déjà que ça me frétillait et que je profitais de ma hâte comme menace pour faire cracher Dimma, mais maintenant, avec d’autres pièces à conviction, il n’y avait même plus besoin de se sentir coupable et ça serait le cœur léger que je m’en irais. En attendant de placer la bonne sortie, la pauvre créature détestable à souhait me dit qu’elle était terriblement blessée que je l’accuse de ne pas connaître les pouvoirs de Pijn – au-delà de la véracité totale de ses propos, effectivement, peut-être que seule la fatigue pouvait faire mettre un genou à terre à ce démon au lieu des blessures et qu’ainsi, on avait plus à seconder Minuit que d’intervenir après le combat – mais ça ne m’empêcha pas de lui répondre en sifflant entre les dents avec un ton neutre, perdant ainsi les miettes de sympathie réservée qui auraient pu se perdre dans l’inconscience de Dimma :

« Terriblement blessé ? Pauvre choupette. »

Histoire de lui apprendre que parler de façon soutenue pour se donner un style, même si c’était sa façon de parler habituelle, il était facile de bâcher le premier de la classe, je n’allais pas laisser passer ce remerciement pour m’avoir traîné ici tout ça pour m’envoyer foutre et me dire que son plan était meilleur. Meilleur pour quoi ? Pour discréditer Pijn ? Eh, génial, mais juste, est-ce que c’était mon but ? Je m’en fichais que Pijn devienne le Seigneur Obscur, c’était comme si Dimma avait confondu les désirs avec leurs conséquences ; oui, les conséquences auraient le même effet : l’empêcher d’accéder au trône, mais je m’en fichais de ça, ce que je voulais, c’est qu’il meure. Et ça, je m’en privais pas pour le souligner, de façon certes plus agressive que voulu, mais c’était me permettre derrière de mieux justifier mon départ :

« Et bien Dimma, voici notre point de rupture : je veux tuer Pijn, pas sauver le monde, pas l’empêcher d’être Seigneur Obscur. Je ne veux pas d’aide pour souffler un mot au principal, je veux le tuer. Faîtes vos manigances, si vous ne voulez pas m’aider à l’assassiner, alors la discussion est terminée, je n’ai pas besoin de vous. »

Et voilà, terminée le dialogue, je récupérai mon panneau de signalisation et le bloquai dans la sangle, sur mon dos, il ne me manquait plus qu’à partir tandis que la bête quasi évanescente me susurrait les derniers mots, les dangers de Dreamland et le tintouin, comme si j’étais pas au courant, comme si je n’avais pas décidé de mettre ma vie en jeu dans cette guerre de façon raisonnée, avec tout l’accord de tout mon être. Certes, rien que d’y penser, même maintenant, j’en avais des frissons qui me parcouraient les bras et j’avais un vide dans le ventre plutôt pesant vu comment par le jeu de la gravité il semblait attirer le reste de mes organes, mais j’avais décidé. A trop jouer au con, voilà ce qu’on semait. Mettre ma vie en jeu était la première chose à faire. Et quand on voulait se battre contre Pijn, même avec le niveau de Maze, on préparait son testament d’abord, hein, juste au-cas où.

La virtualité, c’te concept, des promesses plein les poches, mais ça faisait longtemps que je n’avais plus de poche. Et on termine par le fait que j’étais fort intéressant, ce qui était extrêmement flatteur venant de la bouche d’une autre personne que Dimma, mais que sifflées entre ses lèvres, j’avais l’impression qu’il s’était rendu compte à un moment que j’étais un pion qui pouvait avancer de deux cases en avant plutôt qu’une, sans plus d’utilité. Le remercier pour avoir dit ça, c’était le remercier pour me montrer potentiellement utile dans ses futures machinations. J’avais reçu plus joli compliment dans ma vie. Oui, je le prenais mal. J’avais envie qu’on me dise que j’étais intéressant, comme tout le monde, mais venant de lui, le terme et sa signification prenaient derechef une teinte malsaine que je réprouvais. Voilà, tout était sanglé, me manquait plus qu’à dire au-revoir :

« Bon, je me barre. Dimma, si t’as des infos pour m’aider à tuer Pijn, tu peux me les envoyer comme tu veux, mais si tu veux juste qu’il se fasse gronder par son boss, trouve quelqu’un d’autre. Alice, au revoir, et bonne chance, tu devrais pas fréquenter des gens qui te mettront systématiquement devant eux pour que tu crèves à leur place. »

Je pensais partir avec un petit doigt d’honneur, mais celui-ci était plutôt satisfaisant. Doppel City, aucun souvenir heureux dans ce Royaume, j’allais détester y revenir si le destin me refaisait fouler les environs. Et je partais, aussi dégoûté pour l’espoir que j’avais placé en cette nuit qui s’était effondré que sur la pauvre Alice dont je n’avais aucune idée de sa présence aux côtés d’une telle créature. De ce que je me souvenais d’elle, elle avait un caractère certain mais qui ne sortait que difficilement, facilement traumatisée. Je n’étais pas sûr que sa relation avec Dimma soit saine, encore moins sous l’équilibre de la réciprocité, mais je n’avais pas la tête à lui en demander plus, je préférais m’éloigner de cette compagnie aussi rapidement que possible.
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MessageSujet: Re: Le Sphinx [PV : Ed Free] Le Sphinx [PV : Ed Free] EmptySam 7 Mar 2015 - 2:08

La jeune femme sursauta lorsqu'Ed s'adressa directement à elle. Elle releva les yeux vers lui, derrière sa frange et ses lunettes, son regard reflétait toute son inquiétude et une peur à peine dissimulée. Elle les rabaissa à la fin de la phrase que lui lança le jeune homme, sans répondre. Elle savait bien qu'elle aurait du fausser compagnie à Hisèn depuis bien longtemps, qu'elle n'aurait même jamais du lui parler, mais elle n'arrivait pas à s'y résoudre. La créature, aussi inquiétante soit-elle, ne lui avait jamais fait vraiment du mal, à dire vrai, et jusque là ses conseils s'étaient toujours montrées plutôt pertinents et instructifs. Elle n'avait personne d'autre pour la guider dans Dreamland, Calvin, ce n'était pas la peine d'y penser et le grand-père de ce dernier... Etait son grand-père, pas le sien à elle, elle n'avait pas à se placer sous son aile comme ça, ça ne se faisait pas, ou du moins le voyait-elle ainsi.

Elle laissa un timide hochement de tête signaler qu'elle avait entendu et saisi le conseil claustrophobe, mais l'absence de contact visuel montrait sans mot qu'elle ne le suivrait probablement pas. Hisèn fixait toujours Ed avec son espèce de sourire malsain. Il ne répondit pas aux sarcasmes et aux insultes à peine voilées, il se contenta de le dévorer des yeux jusqu'à ce qu'il disparaisse du paysage de Doppel City, son panneau si caractéristique soigneusement sanglé dans son dos. La créature se redressa alors, droit sur ses quatre pattes et tourna sa tête de rapace vers l'invocatrice, contemplant son visage baissé et ses genoux pressés contre son torse, muette et frissonnante dans l'air pourtant pas si froid du royaume.


"Ne t'inquiète pas, je ne compte pas te traîner là-dedans, ma chère. En revanche, si tu veux l'aider lui, je t'en prie. Si tu survis ce sera probablement très enrichissant pour toi."

Elle crut entendre un léger rire de gorge, mais immédiatement après, il se tourna et disparut, comme englouti dans sa propre brume. Elle demeura assise contre son rocher, seule, pendant encore un moment. Elle songeait aux mots de Hisèn et d'Ed, au plan de ce dernier, au pourquoi d'une telle détermination, à la folie qui pouvait mener à désirer sincèrement éliminer une créature aussi ridiculement puissante que Pijn. Combien de temps resta-t-elle là, assise et immobile ? Assez longtemps pour se réveiller, ouvrant les yeux sur le plafond familier qui dominait ses draps. Les murs pâles de sa chambre et la lumière chaude de sa lampe de chevet formaient un contraste étrange avec la froideur de la scène à laquelle elle venait d'assister, mais aussi à son humeur, définitivement soucieuse et inquiète, suffisamment pour que ses doigts sur le réveil tremblent doucement, dans la chaleur douillette de sa maisonnée.
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