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Before Christmas [Quête solo]

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Dante Di Stefano
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MessageSujet: Before Christmas [Quête solo] Before Christmas [Quête solo] EmptyMer 5 Juin 2013 - 16:18


♦21h19♦
Dante se leva, et s’assit derrière son bureau, couvrant la page de son écriture malhabile et maladroite. La médiocrité des mots qui remplissait le feuillet désespérait le jeune homme. Il n’y avait là aucune poésie. L’écrivain néophyte se contentait de s’embourber dans un marécage vaseux de mots velléitaires. Il n’en ressortait que l’impression fade d’une description fastidieuse, l’auteur semblant d’ailleurs aussi passif que l’étaient ses mots.
Dante discourait sur les diptères.

Les mouches ne l’intéressaient guère pourtant, mais elles infestaient le salon et le jeune homme avait décidé de décrire leur ballet incessant. Je vous vois venir, et au risque de faire une prolepse, je précise que les mouches ne sont pas de vulgaires insectes sans intérêt artistique, comme s’amuse à le dire bon nombre de leurs détracteurs. Elles sont juste opportunistes, mais surtout libres, voguant dans les airs à une allure plutôt confortable. Elles sont pusillanimes, et ne manqueront pas de fuir, si jamais votre main passait trop près de leur carcasse. Car c’est ce qu’elles sont, n’est-ce pas, de vulgaires cadavres ambulants qui n’attendent que le coup de savate salvateur qui les emmènera dans un monde meilleur. Après tout, quoi de plus désolant que la vie d’un diptère ? Mais bon, l’on ne peut rien y faire… Et je dois avouer que cela ne me plait guère !

Tandis que le jeune homme laissait sa plume dériver, au gré de ses pensées, il se prit à songer à un drôle de diptère. Il en avait le comportement –et les manières !- mais était un être à part entière. Il se nommait Jack Sparrow, et était la nouvelle invocation du jeune nécromancien pour le plus grand déplaisir de ce dernier. Il était un grand opportun –et également importun- qui était tout autant capable de susciter l’admiration que la haine chez les individus qu’il rencontrait. Une chose était certaine : il ne laissait personne indifférent. Il avait depuis longtemps reçu le « coup de savate salvateur » et cela expliquait son aspect squelettique. Pourtant, il continuait de jouer les pusillanimes, avec son fameux précepte « Combattre pour fuir ! ». Etait-il seulement dérangé, ou bien s’attribuait-il un rôle ? Manipulait-il tout le monde sciemment, ou bien n’était-il qu’un pauvre hère, égaré dans une ère où il n’est plus le bienvenue? Personne, au grand dam de certains, n’était en mesure de répondre à cette question. La seule chose sur laquelle pourront s’accorder bon nombre des personnes qui ont fréquentés –ou fréquentent toujours- le squelette qui se fait donner du « Capitaine », c’est que c’est un sacré « fils de chienne » !

Dante lâcha son instrument de torture, avec lequel il blessait soigneusement cette malheureuse feuille, et décida de se mettre au lit. Son dos le faisait souffrir, et il envisagea sérieusement de s’acheter une chaise avec dossier, afin de ne plus se courber tel un bossu pour écrire.

Allongé sur la douce et fine plage de tissu soyeux, il soupira d’aise. Comme chaque soir, il n’aurait aucun mal à trouver le sommeil. Et c’est donc naturellement qu’il s’endormit, tout en pensant au pirate possesseur du bandana vermeil.

♦Dreamland♦

Dante ouvrit péniblement les yeux, agressé par la lumière vive du soleil. Le doux murmure du remous des vagues berçait ses oreilles, et il se sentit émerveillé, comme chaque fois qu’il se retrouvait dans une nouvelle zone de Dreamland, par la beauté du paysage qui s’offrait à sa vue. Une plage d’une immensité à couper le souffle teintait de ses tons dorés le décor alentour. Un rocher d’une blancheur immaculée était à moitié émergé dans le sable, et étincelait sous la lumière de cette journée splendide. Quelques cocotiers achevaient de dresser le fond de cette scène, qui rappelait à Dante ses lointaines vacances en Martinique, avec son père.

Momentanément plongé dans une profonde nostalgie, le jeune homme s’agenouilla dans le sable et croisa les bras, le regard perdu à l’horizon, indifférents aux vagues qui se brisaient à quelques pas de lui seulement. De ce fait, il se désintéressa totalement du rocher, ce qui constituait une erreur fatale : tout d’abord, il n’avait toujours pas retrouvé Jack qui, conformément à son contrat d’invocation, jouissait d’une liberté absolue du moment que Dante ne l’invoquait pas. C’est-à-dire qu’il était libre de se balader dans Dreamland, et qu’il ne se retrouvait dans sa « cellule » que quand le jeune invocateur invoquait une autre invocation. De toute manière, Jack ne risquait pas de mourir, enfin pas une seconde fois. Mais Dante, lui, pouvait toujours succomber et perdre son statut de Voyageur. Il songea d’ailleurs à invoquer Rudolf, juste pour le plaisir de savoir Jack enfermé dans la Crypte de l’Oubli, mais il délaissa finalement cette idée.

Il finit par se relever, et décida d’explorer la jungle qui composait le centre de ce qui semblait être une île tropicale. Rappelons que le rocher était toujours à sa place, et que Dante se dirigeait vers lui à une vitesse comparable à celle d’un escargot en rut –ben oui, il venait à peine de se réveiller-. C’était un rocher des plus banals, un rocher vicieux, je dirais même pernicieux, qui attendait avec un plaisir plus que visible qu’un Voyageur glisse sur l’arrondi de son dos. Il esquissait d’ailleurs un sourire mesquin, que Dante ne pouvait voir, à l’idée que sa victime avançait vers lui sans rien voir venir. C’était le genre de rocher qui pouvait rendre la nuit d’un voyageur exécrable, alors que tout semblait bien parti. C’était le genre de rocher dont on quitte le dos sur les fesses, pour se retrouver à courir avec une troupe de cannibales aux fesses.

Ce qui devait arriver arriva ; Dante tomba. Il se ramassa de toute sa longueur, et il se passa une bonne minute avant qu’il se remette de cet instant d’étourdissement, avec un mal de crâne. Il se releva péniblement, tâtant ses côtes afin de vérifier qu’il n’avait rien… et se rendit compte qu’il n’était plus seul ! Une bonne vingtaine de regard cerclé d’ébène le scrutait, avec l’air de se demander combien de pincées de sel fallait-il rajouter au jeune homme pour l’accommoder.

Mais attendez, que faisait Dante au royaume des Tropiques ? Et pourquoi avait-il décidé de penser à Jack avant de s’endormir ? Pour répondre à ces questions, et ainsi comprendre pourquoi le jeune nécromancien s’apprêtait à se faire dévorer par une myriade de cannibales, il nous faut revenir un jour en arrière…

♦"Thy Bar : Six Feet Under Your Drink"♦

Dante était, comme à son habitude, accoudé au comptoir de son bar préféré. Face à lui, un squelette vêtu d’une redingote noire essuyait des verres sales avec un vieux torchon parsemé de tâches. Le seul inconvénient qu’il y avait à boire en compagnie des morts était de se retrouver avec un ver de terre dans le gosier. Il était donc attablé, avec une pinte de Nécrorhum dont le jeune homme ne souhaitait aucunement connaître l’origine. Pourtant les volutes de fumées flottant à la surface du breuvage noirâtre le renseignait sur sa provenance ; le commerce entre les Crapoteux et les mort-vivants fructifiaient. D’ailleurs, un représentant du peuple batracien avait fait son apparition au Bar : E’rvé. Il était doté d’un sens de l’humour prodigieux, et ne manquait pas de faire part à tout le monde de ses traits d’esprits salaces. Avisant Dante, il se précipita d’ailleurs en sa direction, progressant par petits sauts de ses pieds palmés.

Le crapoteux n’était pas bien grand, guère plus grand en tout cas qu’une rainette. D’ailleurs, sa couleur vert pomme renseignait sur son statut de sage. En tout cas, Dante était heureux que le Conard ne soit pas encore apparu. Le volatile faisait ce que bon lui semblait, n’étant jamais loin de Dante quand ce dernier arrivait à Dreamland. Il arrivait donc que le jeune homme le retrouve au cours de son rêve, et il ne pouvait dès lors plus avoir la paix. En effet, le Conard s’amusait à créer des dissensions, à semer la zizanie… quand il ne se contentait pas de dévorer les interlocuteurs du nécromancien. Heureusement, ils savaient se défendre. La plupart…

« Hé, Dante ! J’en ai une bonne : tu sais pourquoi les crapoteuses ont deux paires de lèvres ? Non ? Ben, la première leur sert à parler, l’autre à se faire pardonner. » s’exclama E’rvé, un rictus goguenard plaqué sur la fente écailleuse qui lui servait de lèvres.

Le jeune homme ne répondit pas, ses lèvres s’ouvrant d’embarras. Les blagues grivoises avaient tendance à intimider le jeune homme, autant qu’elles le fascinaient. Il s’apprêta à répondre à l’entrée en scène du crapoteux, quand il arriva une chose horrible. Un tourbillon de plumes jaunes s’engouffra dans l’allée devant le comptoir, et se rua sur l’être couleur pomme, qui se retrouva bloqué dans le large bec de son agresseur. Dante jura. Le Conard avait fait son entrée.

« Conard, lâche-le ! Tout de suite ! s’écria le jeune homme, tandis que son sang semblait se glacer dans ses veines.
- ‘e ‘ais ‘e ‘anger ! ‘ai ‘aim ! » éructa le palmipède, l’œil furibond, avant de pencher la tête en arrière afin d’avaler tout rond le pauvre E’rvé.

Alors que le sort du blagueur semblait sceller, une faucille transperça de part en part le Conard, libérant E’rvé, qui se précipita aux pieds de son sauveur. Dante ne s’inquiétait pas pour le Conard, qui avait disparu ne laissant derrière lui qu’une plume jaunâtre. Le cochon-canard semblait pour le moment increvable, bien qu’il ne soit pas très puissant. Il réapparaîtrait ainsi quelque part dans un rayon de dix kilomètres, et passerait ses nerfs sur une colonie de rats cadavériques. Et il essaierait -sans y parvenir- de manger tout ce qui se trouve entre lui et Dante, son met préféré.


* Tu ne peux quand même pas le laisser faire ça ! s’exclama une voix criarde dans le subconscient de Dante, qui se maudit d’avoir autant laissé ses pensées vagabonder.
- C’est bon Rudolf, ce n’était qu’une idée en l’air. Je ne pense pas que notre ami à plumes réapparaisse de sitôt. *

Merde à la fin, il ne pouvait même plus penser tranquille ! Il se tourna vers le « sauveur ». C’était une créature atypique, une sorte d’épouvantail constitué d’un sac de farine troué et de deux balais se terminant avec des faucilles. Il était surmonté d’une citrouille figurant un sombre faciès. Cette tête de citrouille s’éclaira d’ailleurs d’un sourire sinistre, tandis que son regard brillait d’une lueur inquiétante.

« Mais tiens ! Qui avons-nous là ? Le jeune Dante Di Stefano, voyageur tant apprécié de notre ami Omar Frakacé. Ne pourrait-il donc pas rendre un petit service à Jacky la Tête de Citrouille ? »

Jacky… Mais quel nom débile ! Et puis, ça ressemblait trop à Jack au goût de Dante. Cela sentait le coup tordu à plein nez… Il décida donc de rester calme et de garder sa méfiance dissimulé en lui-même.

« C’est dans ma nature de rendre des services… du moins, tant qu’ils sont mérités, répliqua le jeune homme, une confiance peinte sur le visage.
- Bien dit ! Connaissez-vous les habitants des îles Tropiques ?
-Et bien… non.
-Ce sont des sauvages arriérés qui ne connaissent rien d’autres que le sable et l’eau les entourant. Ils n’ont même pas de fête païenne comparable à Halloween.
-Oui, et ?
-Du fait de ces… lacunes, les esprits errants comme moi sont menacés, enfin ce qui vivent en périphérie de ces îles. En effet, les esprits seront chassés de leur habitat naturel, ce qui provoquerait une crise spirituelle de l’immobilier sans précédente à Dreamland !
-Et ?
-Tout Dreamland, ainsi que ses rêveurs se verrait ravagé par l’invasion de multiples esprits issus de l’imaginaire vaudou. Des zombis tremperaient dans des rivières de coulis tandis que des poupées vaudous géantes dévasteraient le Métro.
-Ok. Donc si je résume bien, c’est un peu comme si vous aviez besoin de moi pour sauver le monde, c’est ça ?
-Ben non, pas vraiment. Une coalition de créatures des rêves, des cauchemars ou même un groupe de Voyageurs auraient tôt fait de dérouiller mes confrères, et nos chers contrées reprendraient le cours normal de leur existence onirique. Mais nous subirions de forts dommages collatéraux, ce que nous voulons éviter, plaida la créature à tête de citrouille, la lueur sinistre brillant dans son regard se teintant du rose de la supplication.
-Très bien. Et je n’ai rien de plus à faire qu’à apprendre à ces sauvages à célébrer les morts ?
-C’est cela, oui. Et vous aurez une récompense à la mesure de vos efforts.
-Je commence quand ? Et comment pourrais-je trouver ces îles ?
-Le nom de Jack vous évoque-t-il quelque chose ? questionna sournoisement la créature, souriant avec malice.

♦Îles tropiques ♦

Ainsi c’était grâce au fameux pirate d’outre-tombe, que Dante se retrouvait au milieu d’une horde de cannibales au regard troublant. Ces derniers regardaient le jeune homme comme s’il n’était rien qu’une immense pièce de viande destinée à les nourrir l’espace d’une soirée. Une entrecôte certes, mais avec de bonnes jambes.

Dante se mit à courir, ses jambes martelant le sol avec autant de fougue qu’un cheval affolé. Il ne pouvait plus s’arrêter, et cavalait sur le sable brulant, tandis que des hommes vêtus de paille le suivait, semblant bien plus rapide que ne l’était leur proie. Le jeune homme se maudit de ne pouvoir utiliser Rudolf, mais retrouver Jack était une priorité à laquelle Dante ne pouvait échapper.

Au lieu de ça, il continua à courir, dévalant à toute allure les dunes de sable ; Sa respiration s’accélérait de plus en plus, son cœur battait la chamade, sa sueur inondait son visage : la fatigue le gagnait progressivement.

Malgré tout ce qu’il avait enduré, malgré son statut de Voyageur, il n’était rien de plus qu’un jeune garçon pourchassé par une dizaine d’hommes d’âge mûr, le faible du troupeau, rattrapé par la meute de loups. Un sifflement parcourut l’air tandis que quelque chose fauchait les jambes de Dante. C’était une sorte de corde, à laquelle était attachée une pierre, et qui s’était enroulé autour des jambes du Nécromancien, le faisant tomber à terre. La dernière chose que Dante se rappela fut un kaléidoscope aux couleurs du spectre visible, qui emplit son champ de vision tandis qu’une douleur sourde éclatait à l’arrière de son crâne.


♦Deux heures plus tard ♦

Dante se réveilla avec l’impression qu’une poignée de clous s’enfonçait dans sa boîte crânienne, et la sensation désagréable d’être dans la merde, sensation que les liens à ses poignets et à ses chevilles ne faisaient qu’aggraver. Il était accroché à une espèce de pilori vivant, un poteau en bois sur lequel étaient sculptés plusieurs visages humains. L’un de ces derniers mordillait de ses dents fines sa chair, y découpant de minces lambeaux. Dante se faisait dévorer vivant et les cris qu’il se mit à pousser n’y changeaient rien.

Il calma net ce début d’hystérie, serrant les mâchoires tellement fort que le sang se mit à couler. Puis, il releva la tête afin de découvrir l’endroit où il était.

Une plage d’un sable d’une blancheur aveuglante s’offrait à son regard. Il y avait d’autres piloris mais aucun autre prisonnier vivant n’y étaient attachés : il n’y avait plus que des squelettes desséchés. Dante frissonna rien que de songer à sa mort imminente, et préféra tenter de se libérer. De toute manière, il n’y avait aucun signe de vie mis à part lui ; les sauvages l’avaient abandonné à son sort, sous ce soleil de plomb. Ils n’allaient même pas le manger, le pilori allait s’en charger !

Il était encore en train de tenter de desserrer ses liens quand il entendit des bruits de pas venant de plus loin venant de la direction du soleil couchant.  Il tourna la tête, plissant les yeux afin de ne pas être aveuglé, et distingua ce qui semblait être un squelette vêtu d’un tricorne, et d’une chemise blanche… Jack venait délivrer Dante. Jack venait délivrer Dante. Jack venait délivrer Dan… Attendez, il n’y a pas comme un petit problème avec cette phrase ?


* Bordel ! Je suis en train d’halluciner, merde ! Réveillez-moi ! Ah, merde, j’peux pas vraiment dire ça vu que je suis en plein rêve, non ? *

Il vivait une situation digne du lauréat du scénario le plus improbable et il murmura faiblement :

« Jack… Venu me sauver… Peut-être vais-je apprendre… que… le CoNard… (Dante toussa faiblement, crachant un mince filet de sang) est devenu… clown… d’hôpital… »

Dante tenta de visualiser le palmipède en train de soulever un ballon avec son bec comme le ferait une otarie, et l’image manqua de peu de le faire rire, même si la douleur rendait cette dernière chose impossible.

« Tiens, tu t’esclaffes Will ? La douleur t’aurait-elle fait perdre l’esprit ? D’ailleurs, à quoi dois-je le plaisir de ta sale gueule ? demanda le squelette, qui n’était maintenant plus qu’à une dizaine de pas.
- Mais… tu… venu… sauver… de ce… merdier… non ?
-Parle plus fort, Will, j’ai du mal à t’entendre. Tu désires peut-être du rhum, non ? Allez, ouvre la bouche un peu plus !
-Mais… mmmmh (Jack verse le contenu d’une flasque dans le gosier de Dante, qui manque de peu de s’étouffer. Ce dernier reprend son souffle, et désigne ses liens, contractant ses poings afin de ne pas crier tandis que les gueules du pilori fouillent dans ses entrailles.) Tu n’es pas venu me sauver, Jack ?
-Hum… (Jack semble réfléchir) Non. Non, je suis venu afin de t’avertir que j’ai été officiellement l’esprit du shaman de cette tribu sauvage. Dis-moi, Will… (Jack sourit de toute ses dents, dévoilant une dent d’or massif) te souviens-tu des clauses de notre contrat ?
-Non, pas vraiment, répond Dante, presque penaud. Y est-il dit que tu es tenu de m’aider, quand je suis en danger ?
-Non, il y est juste dit que je suis ton invocation… jusqu’à ce que la mort nous sépare ! (Il s’éloigne d’un pas leste, faisant un signe de la main en signe d’adieu, puis se retourne une dernière fois.) J’espère que t’as bon goût !
-Fils de p*** ! Connard ! Puisse-tu t’enfoncer le fémur jusqu’à la gorge et en crever ainsi ! Puisse-tu servir de casse-croûte à tous les chiens des enfers ! Puisse-tu… » acheva Dante, se rendant compte que le squelette est de toute manière trop loin pour l’entendre, et que ses insultes n’inspiraient que la pitié tant elles étaient peu recherchées.

Il se remit à tenter de se détacher, mais sans succès. Les gueules semblaient prendre un malin plaisir à éviter d’entailler la corde, se déplaçant quand Dante pressait cette dernière contre leurs mâchoires. Le jeune homme souffrait maintenant de nombreuses entailles, même s’il lui faudrait plusieurs jours à cette allure-là pour être dévoré entier.

Le rhum que lui avait administré Jack et le soleil de plomb ne faisaient pas bon ménage. C’est ainsi qu’au bout d’une demi-heure seulement, Dante se mit à délirer, racontant l’histoire de Bernie Kalatch, le petit bonhomme de pain d’épice. Il n’était pas non plus bourré –Jack ne lui avait versé que la moitié du flacon- mais commençait à tenir des discours incohérents.


« Il était une fois un petit bonhomme de pain d’épice qui s’appelait Berbie… non, Bobbie… ben non, Bernie… Bernie Ka…ka… Bernie Kalatch. Bernie vivait dans son petit village avec des petits bon-hommes… oui monsieur, moi ze fais la liaizon, même s’il y a un ache, une hache, un « H ». Donc, le petit bon-hommeuh de pain d’épice vivait avec tous ses amis, quand un vilain loup vient, et mangea tous les zamis du p’tit bonhommeuh en pain d’épiceeeeeeeuh…. Tous les amis… Tout ! C’est fou ! Il a tout mangé ! Tout ! Un vilain loup ! Vilain, pâbô !Comme Jack… Jackary… Zakary… Jack a ri ? Oui, mais Dante pleure… Parce que Berbie, il a blus d’abis… (Dante renifla, réprimant un autre sanglot). Tout mangé… »

Dante continua de délirer pendant plusieurs heures, oscillant entre délire et sommeil. La nuit finit par totalement se coucher et la chaleur se fit plus supportable. Dante finit par recouvrer totalement sa conscience, accompagnée certes de maux de tête.

Et il fit ce qu’il aurait dû faire dès le début : il invoqua Rudolf, révoquant ainsi Jack par la même occasion. C’était bas, certes, mais Jack méritait bien pire. Il laissa donc Rudolf mordre ses plaies, qui étaient toutes situées sur le torse. Les tissus se gangrenèrent tandis que le virus de Non-Mort faisait effet, et Dante poussa de toutes ses forces en avant, permettant ainsi à la chair fragilisée de rompre, afin de se libérer de cette corde. Il était maintenant scindé en deux, au niveau du torse, et ce dernier serait tombé en avant s’il n’y avait pas eu les os visibles de la colonne vertébrale, qui retenait d’ailleurs la corde. Dante attrapa du mieux qu’il put sa colonne, et poussa de toutes ses forces vers le haut afin de déboîter deux des os afin de laisser passer la corde. Il réussit finalement et il n’y eut plus au sol que la moitié inférieure et celle supérieure de son corps.

Pourtant, Dante ne souffrait pas, bien que ses jambes gisaient inertes et qu’il n’ait de contrôle que sur ses bras. Il se servit donc de ces derniers afin de ramper jusqu’à ses jambes, se hissa ensuite afin de joindre les deux « bouts ». Le reste tenait de la magie, puisque la colonne vertébrale se remboîta parfaitement tandis que les chairs se régénéraient. Dante attendit un dizaine de minutes que tout soit parfait, puis se leva.  Il pouvait de nouveau bouger ses jambes, mais ne ressentait qu’un gros vide au niveau de l’abdomen : au moins, s’il recevait un coup à l’intérieur, il ne pouvait pas mourir… du moins, si son adversaire potentiel ne pensait pas à lui couper la tête ou à viser la tête.

C’est donc quelque peu ragaillardi que Dante reprit sa route, après multiples injustes et gestes obscènes adressés à ses bourreaux. Il ne savait pas si les bouches ressentaient la douleur, mais il l’espérait fortement. Il leur fit d’ailleurs bouffer de sa chaussure.

Il y avait une forêt au milieu de l’île. Et comme tout le monde le sait, les forêts recèlent de secrets –et de dangers-. C’était surtout pour la première raison que Dante s’y rendait. Après tout, peut-être y trouverait-il le village des cannibales qui l’avaient attaqué ? Dante n’était pas con, mais prudence est mère de sucre et de thé, et Dante n’était pas très sucre et thé non plus.

C’est donc d’une démarche naturelle qu’il pénétra l’épaisse jungle luxuriante, sifflant la fameuse chanson phare du tout aussi fameux Disney « Le Livre de la Jungle ». Malheureusement pour lui, Baloo n’était pas là pour lui filer des bananes… enfin plutôt un coup de main.


« Il en faut peu pour être heureux, vraiment très peu pour être heureux : il faut savoir se satisfaire du nécessaire, oh oui ! » commença à chantonner Dante, qui n’avait pas tout à fait récupéré de sa « sieste » au soleil.

Il dut se taire car une sorte d’immense tyrannosaure passa à quelques mètres de lui. Le corps tremblant, agenouillé derrière un tronc d’arbre, il tentait de récupérer son calme habituel.

* Mais c’est quoi c’te forêt ? C’est Jurassic Park, ou quoi ? A qui le tour, maintenant, à King Kong ?! *

Il est vrai que le reptile, haut d’une dizaine de mètres, était très impressionnant. Son crâne gigantesque occupait bien le volume d’une voiture. Si les arbres composant cette jungle n’avaient pas culminés à plusieurs dizaines de mètres, il aurait été impossible de rater cette créature indicible et Dante n’y serait pas allé avec un air aussi guilleret. Mais avec des si, on risque un pari sur les abeilles, et le jeune homme se dit qu’il avait, tout compte fait, effectué le bon choix.

Alors qu’il marchait depuis plusieurs minutes, il entendit une voix mélodieuse s’élever à quelques pas de lui :


« Hey ! Vous êtes prêt pour une autre chanson de Magic Mike, le lapin qui en a dans le caleçon ? »

Dante se rapprocha du bruit, et découvrit un spectacle étonnant. De nombreux lapins se pressaient autour d’un lapin un peu plus grand que la moyenne, se tenant sur ses pattes de derrière et vêtu d’un costard, qu’il avait accompagné de lunettes de soleil. Le Lapin tenait dans sa patte un bâton dont la pointe se terminait par une pomme de pin.

« Celle-là est pour toi… » déclara tendrement le dénommé Magic Mike, tandis qu’un soupir suave parcourait l’assistance, chaque membre du public –qui semblait essentiellement féminin bien que Dante ne savait comment vérifier- se sentant directement visé.

« I love your body fruity and I want you as wife ! You have the own of my life ! »

Le lapin chantait affreusement faux, sa voix partant dans les aigus. Dante dut se couvrir les oreilles des mains, alors que le public animal semblait apprécier.

« I smell your ass, it’s really hot ! Come with me and… sorry I forgot the quote ! »

I smell your ass… Mais c’était dégueulasse !? Dante en avait marre de ce futur Magic civet et décida de lui faire part de ses pensées.

« Please, baby, sleep like a duck, ‘coz i want … »

Sa phrase ne s’acheva pas car il reçut au même moment un direct dans la mâchoire de la part d’un certain Nécromancien à l’oreille musicale.

« Shut up ! Ta gueule ! Pourquoi on ne peut pas marcher tranquille dans cette forêt ? » s’écria Dante, visiblement agacé.

Puis, il se rendit compte de deux choses : la première était qu’il venait de frapper un lapin, une mignonne boule de fourrure d’une cinquantaine de centimètres qui ne devait pas bien tenir les chocs. La deuxième, bien plus grave, était qu’il faisait face à une foule en délire, une foule d’une cinquantaine de membres, qui vénéraient la créature qu’il venait de frapper. Certains dévoilaient déjà leurs crocs –car oui, des lapins qui parlent c’est pas forcément herbivores- et en avaient d’assez impressionnantes. Du genre à donner des problèmes gastriques à un piranha, si vous voyez le genre.

Pour la seconde fois de la soirée, Dante était en train de courir. Certes, le paysage avait changé, les vastes dunes blanchâtre ayant cédés place à une luxuriante forêt à la palette de tons verts plus que représentative. En tout cas, il savait dorénavant qu’il fallait éviter de se faire remarquer, si on voulait éviter de se faire courser par des piranhas à grandes oreilles.

Heureusement pour Dante, ces lapins/lapines n’étaient pas les plus rapides de leur espèce et Dante commençait à avoir du renom dans le domaine de la fuite : il réussit à gagner peu à peu une avance confortable et commença à prendre son pied dans la course, à trouver son rythme de croisière. Il se sentait heureux de courir, écoutait le chant des oiseaux, le frottement du vent sur sa peau. Les lianes lui déchiraient la peau, mais ces blessures étaient infimes et ne faisaient que mettre sa peau un peu plus en contact avec l’air, dans une caresse réconfortante et revigorante. Il voyait les arbres défiler à toute vitesse, à chaque seconde il y en avait un de différent à sa droite. Il observa sur le côté gauche, et c’était pareil. Cela le fit sourire. C’était la même chose devant lui.
Devant lui ?!


«  Merde ! Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaargh ! »

La théorie de Murphy… Vous commencez à connaître, non ? Si des lapins se mettent à vous courir après, et que vous êtes déjà dans la merde, quoi de mieux qu’un bon vieil arbre pour vous remettre les pieds sous terre ? Les six pieds sous terre, mais si vous en avez moins, on peut toujours s’arranger.

C’est ainsi que Dante perdit connaissance, une énième fois. Il commençait à en avoir sérieusement marre, de toujours souffrir, de toujours sombrer dans l’inconscience à DreamLand. C’était la poisse incarnée et il se demandait s’il n’aurait pas dû être fortunaphobe. Ou plutôt phobique des monsieurs qui tombent inconscient à chaque fois qu’ils sont dans la merde. Car c’était un super pouvoir ce machin-là ! T’étais poursuivi par des cannibales et pop ! Tu te retrouves ficelé à un pilori dévoreur de chair humaine ! T’étais à l’hôpital et hop ! Tu te réveilles en pleine invasion zombie ! Comment ça cette exemple a déjà été fait ? S’il n’avait pas été réalisé, cela ne ferait pas un bon exemple, non ? T’étais poursuivi par des lapins, tu te manges un arbre et…

Dante se réveilla en plein cauchemar. Enfin, il était toujours à Dreamland, mais il nageait en plein délire dantesque. Il était dans un chaudron. Bon, ça c’était déjà dérangeant en choix. Pour comprendre la suite, il faut en savoir plus sur les habitudes culinaires de Dante. S’il y a un plat que le jeune homme exècre, ce sont les petit-pois carottes. Et s’il y a un légume qui terrifiait Dante, c’était bien la carotte. Vous savez, cette racine qui pousse dans la terre et qu’on vous sert tout en disant que ça rend aimable, que ça donne les fesses roses. Mais qui se préoccupe d’avoir les fesses roses, qui en a quelque chose à foutre ? En parlant de foutre, en mangeriez-vous si on vous disait que ça rendait les dents blanches ? Non ? Alors arrêtez de faire chier Dante avec ces maudites carottes !

Bref, vous avez donc un aperçu de la haine que se vouait ce maléfique petit légume de potage et le Nécromancien. Et qu’y avait-il dans ce potage ? Des carottes !

« Laissez-moi partir ! » vociféra Dante, hors de lui, jetant les quelques carottes qui lui tombaient sous la main, comme s’il écopait l’eau d’une barque percée.

Magic Mike –qui n’avait plus rien de magique avec son œil au beurre noir- se pencha en direction du chaudron, regardant l’invocateur dans les yeux.

«  On va pas te sortir, Johny Boy ! On va te bouffer ! Avec de la great soup, yeah ! N’est-ce pas, les busty ladies ? (Un tonnerre d’applaudissements salua ses dires) »

Dante observa autour de lui, il se trouvait donc dans un gigantesque chaudron noir, suspendue à deux immenses piliers en bois. Le feu n’était pas encore allumé, le foyer étant toutefois préparé. Autour de cette espace de restauration, il y avait quelques trous dans le sol, qui devaient être les terriers des lapins. Et il y avait des arbres, beaucoup d’arbres ; Dante n’avait pas quitté la forêt.

-Hey ! Magic Mike ! Tu sais que je serais meilleur avec l’ingrédient secret ?  commença Dante, en lançant un clin d’œil à l’adresse du lapin. Approche donc, je vais te le dire rien qu’à toi, le plus magic de tous les lapins…
-Oh, Jonny Boy ! Toi, tu sais to use les bons words ! Say to me that secret, j’ai vraiment envie de le savoir. J’te promet de te cuisiner with lot of amour ! »

Le lapin se rapprocha du jeune homme qui avait placé contre sa bouche, d’un air conspirateur. Dès qu’il fut assez proche, le Nécromancien l’attrapa et le plongea dans le potage.

« Alors, tu l’aimes ton potage ? Tu l’aimes ? Difficile de répondre avec ce liquide dans la bouche, hein ? Les carottes rendent aimables, hein ? C’est du bon cooking, hein ? Ben, mange les tes carottes, fous les toi où j’pense, tu les auras plus roses tes fesses, mais oranges ! »

Un florilège de bulles remontait à la surface tandis que le lapin étouffait de plus en plus, en proie à la panique. Il avait beau se débattre, ruer, tenter de mordre l’invocateur, rien n’y faisait.

« Tu voulais me cuisiner avec des carottes, n’est-ce pas ? C’est ton domaine, ça, non ? Les carottes, les lapins… Ben, moi, mon domaine c’est les morts ! Et tu vas aller les rejoindre, petite pourriture ! »

La conscience de Dante tentait de le résonner, de le calmer, mais rien à faire : sa main restait ferme. Son invocation finit par s’y mettre.

* Dante, ne fais pas ça ! Ce n’est qu’un pauvre rongeur, tu l’as attaqué en premier et il n’a fait que se défendre, c’est tout. Laisse-le là et fuis avant que les lapines ne se posent des questions * lui dit mentalement Rudolf.

En effet, les lapines, qui ne brillaient manifestement pas par leur intelligence, se demandaient s’il s’agissait d’un jeu ou si leur idole était réellement en danger.

Dante attrapa finalement le lapin par le collet, le sortit de l’eau et, tandis que l’animal respirait à grandes goulées, le colla tout contre son visage.


« J’te donne dix secondes pour me sortir d’ici. Pas une de plus, et j’lance le compte à rebours maintenant… »

Magic Mike donna des ordres à ses fidèles, qui firent basculer le chaudron afin que Dante puisse s’en extirper. Puis, on l’escorta jusqu’à la lisière du camp. Mike tira alors sur le bras de Dante, afin de s’enfuir et de rejoindre ses congénères.

« Tu fais quoi, là ? Tu crois m’échapper ? Tu vas m’amener chez les sauvages, et que ça saute ! »

Alors que les mots traversaient sa bouche, Dante ne put s’empêcher de les trouver faux : on aurait cru entendre un acteur cliché de film d’action, et l’expression « Et que ça saute ! » n’était pas là pour arranger la chose.

La forêt était vaste et le jeune homme se demandait si le lapin en costard qui le guider savait réellement où aller. Ils marchèrent pendant plusieurs heures, marchant au milieu d’une végétation dont la luxuriance, bien qu’agréable à regarder, était une sérieuse contrainte puisqu’il était difficile de faire dix pas sans machette. Le Nécromancien en avait plus que marre de devoir s’extraire des multiples ronces, surtout que cela faisait plutôt mal. Il n’y avait pas de chemin balisé et Dante regrettait les bonnes vieilles forêts françaises. Ils n’atteignirent toutefois pas le campement des sauvages, puisqu’ils furent arrêtés bien avant, par un groupe de plusieurs hommes en combinaison blanche et au casque de même couleur.

Dante et Mike se retrouvaient face à une escouade de Stormtroopers.

Une dizaine d’armes -ressemblant beaucoup trop à une mitrailleuse au goût de Dante- se braquèrent sur eux, et l’un des Stormtroopers leva un bras.


« Halte-là ! Veuillez décliner votre identité ! »

Le jeune homme n’avait pas le choix et poussa un soupir. Il n’avait jamais eu de bons rapports avec les milices privées de Dreamland.

- Vous êtes quoi ? Des Voyageurs phobiques de Star Wars ? demanda Dante, stupéfait.
- Négatif. Nous sommes des soldats de l’Empire. Veuillez décliner vos identités ou nous faisons feu, répondit le chef de l’escouade.

Son masque le déshumanisait tellement que Dante se sentait incapable de juger s’il bluffait ou si le Nécromancien était en danger de mort. Mais il valait mieux être prudent que mort.

- Je suis Dante, un Voyageur. Et l’animal qui m’accompagne est Mike, un lapin. (Dante désigne le lapin qui -dans un désir de montrer son appartenance au règne animal, peut-être- pousse un petit cri bien éloigné de celui d’un rongeur aux grandes oreilles. Les Stormtroopers se regardent un instant, avant de braquer leur fusil sur le lapin.) Mais que faites-vous ?
- C’est un Wookie génétiquement modifié !
- Il mute !
- Faites feu ! Tirez !
- Il va nous arracher nos têtes ! Et nos bras !

Et c’est ainsi que se répandit une rumeur parmi la base de l’Empire installé sur les îles Tropiques : celle de la légende du terrifiant « lapin », un wookie génétiquement modifié, habillé comme un humain de l’Âge de l’Alcane. Et c’est ainsi que naquit l’expression courante « Courir comme un lapin ». Car c’est ce que fit ce valeureux « Wookie », poursuivie par un déluge de balles et laissant Dante seul et stupéfait.

Dreamland était vraiment un monde de dingues.


« FAAAAAAAAAAAIS CHIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIER ! » hurla de dépit Dante, qui se retrouvait sans guide et donc sans destination.

Il fut tenté de suivre les traces des Stormtroopers mais, n’ayant pas envie d’y laisser sa peau, il s’en éloigna et se retrouva à marcher au milieu de cette jungle si mystérieuse. Et bien entendu, comme il semblait coutume dans ce lieu trop fréquenté, se retrouva nez à nez avec un homme d’une cinquantaine d’année, au ventre bien rebondie et portant un costume du célèbre plombier rouge de Nintendo.

« Ma qué voilà ! Oune sympathique jeune homme qui nous tombe dans les bras ! » s’exclama le quinquagénaire, parlant le Dreamlandien comme un italien parlant français avec un fort accent.

* C’est quoi encore ce zouave ? *

- Mais qui êtes-vous ?
- Yé souis Mario, le grand chasseur de prime. Et yé souis accompagné de Yoshi, lé terrifianté Wookie ! (A ces mots, une sorte de réplique de Chewbacca déguisé en dinosaure vert fait son apparition. Le pauvre animal fait peine à voir)
- Aooooouuuh ! Oaauh !

Dante tente de prendre une attitude blasée et de ne pas se montrer trop étonné par ce qu’il voit.

- Et je suppose que tu es recherché par des Stormtroopers ?
- Oui, répondit l’éminent chasseur de prime en lissant sa fausse moustache d’un air pensif. Ces pitouyablé créatouré pensé être capablé dé captourer lé magnifiqué Mario.

* Ils ne sont pas les seuls à le penser… *

- Et à ce que je vois, tu sembles être un Voyageur…
- Oui, mais je garde ma véritable identité secrète, tel Clark Kent. (Regardant dans le vague tout en plaquant son bras contre son torse, parodiant tant bien que mal un super-héros américain, il ne semble pas se rendre compte qu'il a momentanément perdu son accent.) Pour lé mondé, yé souis Mario, lé chasseur de prime italien !
-… et t’es même pas Italien dans la vie réelle en plus… J’dirais un geek français, qui a fait une overdose de Mario et de Star Wars à force de jouer au premier et de regarder le second, en boucle, depuis une dizaine d’années… Juste un quinquagénaire asocial en manque de confiance en soi.

Un bref silence suivit cette déclaration qui sonnait comme une sentence, froide et implacable, énoncée par le jeune homme. Dante se sentit mal à l’aise : de quel droit pouvait-il se permettre de parler ainsi à cet homme, ou de le juger ? Dreamland était le pays des rêves, un pays sans limites, n’était-il pas juste que tout le monde, quel que soient ses idéaux ou bien son mode de vie, puisse en profiter ?

« Désolé pour ce que j’ai dit, ça m’a échappé… » tenta de s’excuser le jeune homme, le regard fuyant.

Mais l’homme déguisé en Mario ne le regardait pas mais regardait plutôt derrière lui. Il leva un doigt tremblant, s’écria « Mamamiya ! » et s’enfuit à dos de Wookie déguisé en Yoshi. Le jeune homme se retourna… et manqua de se faire renversé par une escouade de Stormtroppers, fusils à la main, qui couraient à toute allure. Sur le dos de l’un d’eux pendait mollement Magic Mike, qui ne portait aucune trace de blessures.

Plusieurs choix s’offraient à Dante : devait-il poursuivre la troupe afin de tenter de sauver Mike, tout en sachant que ce dernier ne l’aurait pas aidé si les rôles avaient été inversés ? Ou bien, devait-il tenter de retrouver le campement des sauvages sans guide, alors qu’il était totalement perdu dans cette jungle ? Puisqu’il n’avait nulle part où aller, Dante résolut de faire le premier choix et de suivre les traces des soldats de l’Empire.

La progression dans la jungle était difficile, et même les griffes de Noctis peinaient à déchiqueter les plus épaisses des ronces, dont tout jusqu’à la couleur évoquait la pierre. Mais Dante ne devait, pour rien au monde perdre la trace de la troupe ou alors, il se retrouverait livré à lui-même dans cette forêt aux milles dangers.

Suivre les pas des stormtroopers fut moins aisé pour le jeune homme qu’il ne l’eut pensé : la végétation ne semblait guère déranger les soldats surentrainés, au détriment de leur poursuivant. Ils finirent toutefois par ralentir leur allure et, des murmures qu’ils échangèrent, Dante comprit que leur proie leur avait échappé. Puis, l’un d’eux se mit à hurler de toutes ses forces, et à fuir, entrainant les autres dans la débâcle. De la position d’où il était –dans un buisson, dissimulé par deux palmiers- Dante ne parvenait pas à voir leur agresseur, mais il entendit de profonds sifflements stridents qu’il se souvint avoir déjà entendu quelque part.


« Tiens ? Mais qui voilà… » susurra une voix douce et chaleureuse, juste derrière le Nécromancien.

Ce dernier sentit une sueur froide lui glacer le dos, tandis qu’il avait l’impression qu’une demi-douzaine de rats rongeait son estomac. Une voix, une seule, avait ce timbre suave et dérangeant à la fois. Et le jeune homme aurait voulu ne plus jamais avoir affaire à sa propriétaire.

Il se retourna délicatement, sachant déjà quelle créature se trouvait dans son dos : la créature qui s’était fait passer pour une momie nommée Néfertiti.


- Tiens, tu ne viens pas saluer ta bonne amie la momie tourisssste ? Comme c’est étrange… continua railleusement la créature.
- Tu n’… (Une bandelette lui entoura soudainement la bouche, l’empêchant d’émettre le moindre son tout en le soulevant du sol.)
-Chut… cajola la jeune femme comme à un enfant de cinq ans trop bavard. Ne t’énerves pas, tu risquerais de te faire mal. N’est-ce pas une merveilleuse journée ? (La jeune femme au corps décomposé tourna sur elle-même tout en partant d’un rire qui sonnait faux.) Bien trop belle pour la gâcher par de futiles choses comme tes funérailles ! Chut ! Ne songe même pas à parler ! Tu m’appartiendras plus tard, ton heure n’est pas encore venue…

La bandelette s’extirpa des lèvres de Dante, lui permettant une meilleure posture. Le Nécromancien hésita entre attaquer brutalement avec la fougue d’un animal blessé et pris au piège ou la fuite. Il opta pour la seconde option et courut de toutes ses jambes… pour tomber nez à nez ou plutôt nez à mandibules avec deux effroyables créatures : des sortes d’araignées à la queue de scorpion et à la tête de vieille femme agrémentée d’une solide paire de mandibules. La carapace des créatures, d’un noir luisant, évoquait celle d’un scarabée d’une taille tout à fait gigantesque.

« Tiens… Il semblerait que je ne t’ai pas présenté mes créatures, mon petit Dante. Tu en as déjà rencontré une, lors de ton bref passage à Macrophonopolis, il me semble. Ce sont des tisseuses nécrophages, aussi grossièrement appelées « mange-charognes ». Et ce sont les servantes favorites de Leh, c’est-à-dire de moi. Et je suis… Non, désolé mon chou, mais je t’ai déjà révélé trop de choses. Tu comprendras tout lors de l’éclosion… »

Et sur ces derniers mots, des bandelettes entourèrent Leh et ses deux servantes et tournèrent, de plus en plus vite, projetant la créature et ses suivantes dans les airs, un peu comme une hélice d’hélicoptère. Bientôt, elles ne furent qu’un vague point dans le ciel et Dante sortit de son impassibilité.

Il se mit alors à courir, ne s’arrêtant plus, l’esprit en proie à une terreur pure.

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Dante Di Stefano
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MessageSujet: Re: Before Christmas [Quête solo] Before Christmas [Quête solo] EmptyVen 5 Juil 2013 - 13:42


« Comme le dit un jour un homme d'esprit, le cannibalisme fit place au capitalisme lorsque l'homme se rendit compte qu'il était plus rentable d'exploiter son prochain que de le manger. »
Lytle W. Robinson

C’était la tête pleine de pensées désagréables que Dante courait à travers la végétation dense.  Il ne parvenait pas à se défaire l’esprit de la subite apparition de Néfertiti, qui le laissait aussi désemparé qu’un missionnaire face à une armée de cannibales.

Il fuyait cet endroit désormais maudit qui avait été témoin d’une nouvelle rencontre entre lui et Leh. Pourquoi fallait-il que cette satanée créature s’acharne sur lui ? N’y-avait-il pas d’autres Voyageurs à Dreamland qu’elle pourrait persécuter ?

Pas d’aussi stupides que Dante, apparemment, ni d’aussi facilement manipulables.

Et puis, chaque pas qu’il faisait l’amenait de plus en plus près du village des cannibales –du moins, c’est ce qu’il tentait de se persuader. Cette pensée le confortait dans sa course effrénée, et il se mit à cesser de ne penser qu’à lui pour tourner ses sens vers le paysage qui l’entourait.

La végétation aux alentours était luxuriante, constitué de palmiers et de buissons dont les feuilles évoquaient celles des bananiers. Il y avait plusieurs tonalités de verts, allant d’un vert plutôt clair à un beaucoup plus sombre, et on avait l’impression de se trouver dans un tableau de Henri Rousseau, un peintre que Dante affectionnait particulièrement.

Après le vert, le marron dominait dans ce paysage où la terre restait apparente, bien que jonchée d’un épais humus qui emplissait l’atmosphère d’une odeur plutôt forte qui chatouillait les narines de l’Invocateur pendant sa course.

A cette odeur, se mêlait celle de bon nombre de fruits, qui pendaient aux arbres alentours. C’était un délicieux fumet qui, mélangé à la senteur de l’humus, donnait un parfum raffiné et sauvage, envoutant et étrangement déroutant.

Quelquefois, Dante posait le pied sur un objet assez solide, qui émettait un craquement plutôt désagréable.  C’était le même son que peut produire un os de poulet qu’on casse en deux, mais amplifié.

Dante songea avec effroi qu’il s’agissait peut-être des restes de Voyageurs, qui avaient sans doute servis de repas aux cannibales. Et qu’il se pouvait bien qu’il les rejoigne, un jour ou l’autre. Mais quand ce jour arriverait, il se débrouillerait pour y être accompagné.

C’est avec cette pensée belliqueuse en tête que Dante, le regard froid et fixe, se dirigeait droit devant lui, chaque craquement résonnant en lui comme une promesse, celle du survivre et de rentrer au Thy Bar pour démonter la gueule à Face de citrouille.

Pour tout dire, Dante se faisait grave chier. Même s’il était encore effrayé par l’apparition de Leh, il ne pouvait s’empêcher d’en avoir marre de cette végétation luxuriante, qui ne changeait pas depuis plusieurs kilomètres. Okay, c’était beau, mais à force, ça devenait vite lassant.

Le pire, dans tout ça, c’était de ne pas savoir où pouvait bien se trouver ce village de cannibales. Où pouvait bien se cacher ce dernier ? Etaient-ils seulement sédentaires ? Et puis, contrairement à ce que lui avait assuré Jacky, Jack n’avait été d’aucune utilité dans cette quête. Au lieu de prêter main forte à Dante, il était venu le narguer et lui…

Attendez !… Voilà que Dante commençait à se souvenir de quelque chose… Que lui avait-dit Jack, déjà, alors qu’il avait les idées embrumées par l’alcool ?... Qu’il était l’esprit du shaman un truc comme ça… Cela pouvait signifier que le guide spirituel de ces sauvages –car le shaman est une sorte de guide spirituel, comme Thrall dans World of Warcraft, vive les références de Dante…- était un Invocateur de morts, un truc du genre.

Un Nécromancien, quoi !

Un plan commença à germer dans l’esprit de Dante, qu’il se promit de mettre en pratique dès son arrivée au village.


♦♦♦


Une ombre immense planait parmi les nues, accompagnée d’un cliquetis désagréable qui évoquait les claquements de dents d’une bande de gamins terrifiés. Sur le dos de cette Ombre Volante Non-Identifiée, un petit homme tout sec à la peau bronzée se frottait les mains avec l’air caractéristique du type qui a réussi sa mission.

- Le sale mioche s’est échappé mais je l’ai retrouvé, oui retrouvé ! C’est le maître qui va être content, oui content !

Le sinistre moyen de transport et son étonnant passager disparurent peu à peu, laissant le champ libre à une nuée de mouettes qui emplirent l’air de leurs battements d’ailes insupportable, et de leurs cris si appréciés des marins.

Quelqu’un n’allait pas tarder à apprendre que Dante n’était pas mort. Et ce quelqu’un n’avait pas l’air de beaucoup apprécier le jeune homme…


♦♦♦


Loin de se douter de la menace céleste qui planait sur lui, Dante courait à une allure soutenue, attendant avec une impatience grandissante de pouvoir de nouveau utiliser Rudolf. Le pauvre rat ne lui était plus utile qu’à ça, dorénavant. Dante se lassait de la conversation plate du rongeur, qui ne cessait de se prendre pour sa conscience.

Rudolf, qui avait compris cela, ne se manifestait plus, tout comme Noctis. Les deux invocations avaient conscience que leur maître était partie à la Crypte de l’Oubli afin de trouver une invocation plus puissante, et ils en ressentaient une amère jalousie. Bien sûr, Noctis n’en laissait rien paraître, restant fidèle à son statut d’ancien Nécromancien déchu n’ayant aucune affection pour Dante. Mais cela expliquait le silence qui régnait entre nos trois compères.

Et ce silence n’aidait pas Dante à dominer ses émotions ! Jusqu’à présent, le jeune homme était dopé d’adrénaline : il s’était fait courser par des cannibales, avait eu des démêlés avec un pilori mangeur de chair, puis des lapins, ensuite des Stormtroopers et enfin avec Leh et ses compagnes. Autant dire que l’adrénaline circulait bien dans ses veines !

Mais depuis maintenant plusieurs minutes, il parcourait la jungle seul, sans guides, sans rien. Une jungle dont l’humus était envahi par de nombreux crânes d’origine humaine sur leur lit d’ossements, accompagné d’un cadre enchanteur, c’est-à-dire d’une végétation luxuriante et d’une faune très exotique… Trop exotique ! Ainsi, Dante devait quelquefois se plaquer contre un arbre quand une sorte de gigantesque dinosaure passait. C’était pas Jurassique Park mais presque !

Impossible de décrire la peur qui tiraillait l’estomac du jeune Nécromancien. Il avait envie de se mettre à courir, de fuir bien loin de cette jungle cauchemardesque, mais il avait une mission à accomplir. Et il y avait de l’Essence de Vie à la clé.

Alors, quand un dinosaure passait, il se plaquait contre l’écorce d’un arbre, suant à grosse gouttes mais s’efforçant de calmer sa respiration et ses battements de cœur. Heureusement, la faune, qui était habituée à cette cohabitation absurde, continuait de faire du bruit. Il n’y avait pas, comme dans les films, des fuites de tous les animaux aux environs, et cela permettait à Dante de passer inaperçu. D’ailleurs, si ce dernier avait fait plus attention aux gigantesques sauriens, il se serait rendu compte qu’ils étaient faméliques, et qu’ici les dinosaures étaient loin d’être les rois.

Dante marcha ainsi pendant plus d’une demi-heure, évitant les dinosaures tout en continuant de suivre ce vaste chemin, ce large sentier tapissé d’os. Cela faisait un moment qu’il n’en avait plus vu et deux éléments avaient fait leur apparition dans le paysage environnant : de gigantesques crânes, aussi grand qu’une voiture, qui devaient appartenir à des dinosaures morts, et des racines qui serpentaient le long du sentier.

Cela intrigua Dante. Il pensait au début que ce sentier avait été créé par les cannibales, qui entreposaient ici tous les Rêveurs et Voyageurs qu’ils tuaient chaque nuit. Mais apparemment, puisqu’il y avait des crânes de dinosaures, ce n’était pas le cas. Quel pouvait donc bien être le lien entre ces racines et ces crânes ?

Il continua à marcher, plus lentement, conscient que ce sentier contenait sa part de mystère. Certains os étaient écrasés, mais était-ce par les dinosaures qui empruntaient ce sentier ? Étaient-ils capables de transformer des ossements en poussière blanche sur des kilomètres et des kilomètres ? Dante en doutait. Il avait la désagréable impression de marcher sur un champ miné, et que son crâne pouvait rejoindre les autres à n’importe quel moment.

Une voix interrompit là ses interrogations.


- Hé ! Toi, là-bas !

Le Nécromancien orienta sa tête en direction de la voix. Elle appartenait à un jeune albinos, aux allures plutôt maigrichonnes, qui ne paraissait pas méchant. Il souriait même gaiement tout en agitant sa main en direction du Nécromancien.

- Je te déconseille de poser le pied sur l'une de ces racines, tu finirais broyé !
- Hein ? (Dante paraissait surpris que ce jeune homme en sache plus long que lui.)Comment tu sais-ça, toi ?

L'albinos se rapprocha davantage. Ses yeux rougeoyaient d'une lueur malsaine, et il semblait bien moins sympathique. Il avait tout l'air d'avoir une haute opinion de lui-même et cela sa voyait à la manière qu'il avait de relever le menton, comme pour regarder tout le monde de haut.

- Qu'importe !(Il balaya la question de Dante d'un revers de la main.) Je suis bien en veine de tomber sur un Voyageur, dans un endroit si désert... Vois-tu, je recherche un Nécromancien. Un certain Dante, qui fait très peu parler de lui. Ce nom te dit-il quelque chose ?

Dante résista à l'envie de se présenter. C'était comme si chaque parcelle de son corps, chacun de ses nerfs lui hurlaient de s'éloigner de ce type. Il n'était pas simplement dangereux, non, c'était l'incarnation même du Danger. Si jamais le Voyageur albinos apprenait qu'il était en présence dudit Nécromancien, ce dernier irait certainement rejoindre les morts qu'il prétendait invoquer.

D'un autre côté, le jeune homme était également curieux : pourquoi quelqu'un se donnerait-il la peine de le chercher, ou même de le tuer ? Il était tellement insignifiant, tellement peu renommé dans le vaste monde qu'était Dreamland... Même dans le DreamMag, on ne le citait qu'une fois et c'était pour se moquer de ses déboires avec Néfertiti... Non, vraiment, quel genre de type pouvait bien prendre la peine de le rechercher ?

Tandis que l'invocateur était tout à ses pensées, l'albinos s'était encore rapproché, n'étant maintenant plus qu'à quelques pas de Dante.


- Pourquoi le cherches-tu ? demanda finalement Dante, perplexe.
- Tu viens de répondre à ma question ! (Il sourit encore plus largement -en effet, Dante, en ne démentant pas immédiatement, avait fait sauter sa couverture-.) Tu m'as l'air plutôt sur la défensive, ce doit-être un ami proche...
- Non, mais je ne le connais pas, je... enfin, je me demandais pourquoi tu pouvais bien chercher ce dénommé « Dante »...
- « Tu » ? Je dois te prévenir, ton tutoiement m'exaspère... Et j'ai horreur d'être exaspéré !... menaça-t-il, son sourire se faisant plus dur, plus menaçant.

Ce n'était certainement pas la meilleure nuit de sa vie... Voilà que Dante se faisait insulter par un type dont la pâleur et la maigreur étaient telles qu'il aurait tout aussi bien être tout droit sorti d'un camps de concentration nazi, lors de la Seconde Guerre Mondiale.

- Écoute, je suis pas ton chien ! Et tu t'appelle comment, d'abord ?
- Alejandro répondit le jeune homme à la grande surprise de Dante qui s'attendait à se faire insulter. Et vu tes faibles capacités cognitives, même le terme de chien serait trop faible pour te qualifier... Mais présente-toi donc ! Que je sache quoi mettre sur ta tombe...

Aïe... Finalement, le dénommé Alejandro ne l'avait pas aussi bien pris. Et Dante s'apprêtait à se faire attaquer. C'est pourquoi, il résolut de donner son vrai prénom et de se préparer au combat et -au passage- de calmer ses nerfs en assaillant d'injures l'Albinos, injures que nous ne rapporterons pas ici afin de ne pas heurter la sensibilité de personnes d'origine Somalienne ou Éthiopienne. Le combat commença donc, et nos deux protagonistes invoquèrent leurs invocations respectives : du côté de Dante, un crâne flottant dans les airs fit son apparition tandis que du côté d'Alejandro, c'était un véritable colosse qui apparaissait, une sorte d'ange aux ailes de flammes, à la longue chevelure blanche et aux traits d'une beauté inouïe et légèrement féminine. L'énorme épée que ce dernier tenait semblait capable de couper Dante en deux... dans le sens de la longueur.

- Kamaël ! Par le Feu Triomphant, tracé avec de la cendre, je t'invoque et te somme de consumer ce Nécromancien de pacotille, ce Dante, et toutes les invocations qu'il pourra mettre sur ton chemin !
- Vos désirs seront exaucés, maître. répondit l'ange, d'une voix étonnamment mélodieuse.
« Non mais regarde moi comment ils se la jouent ! Dante, il faut absolument qu'on leur fasse regretter d'être né ! »
- Kamel ? C'est pas une marque de clopes, ça ? J'vais pas me laisser tuer par un type avec un nom aussi pitoyable ! Noctis ! Par le Crâne euh... Grimaçant, tracé avec du sang, je t'invoque et te somme de te transformer en gant, modèle Élargissement Anal Maximal !

Et après cette pitoyable parodie qui arracha une grimace haineuse à Alejandro, Dante se retrouva avec une Death's Hand disproportionnée, soit cinq appendices osseux d'une taille plus que raisonnable, prêts à tailler en pièces l'albinos.

Le jeune homme se jeta sur ce dernier, et le coup ravageur qu'il porta fut stoppé net par la lame de l'Ange, du moins par le plat de cette lame. Le Nécromancien ne se démonta pas et voulut repartir à l'assaut...

Il contempla, stupéfait, le crâne de Noctis qui venait de se faire trancher en deux par l'épée de Kamaël... La même épée qui se fendit et se planta dans sa poitrine, légèrement en dessous du cœur. Dante eut un haut-le-coeur, régurgita une quantité impressionnant de sang et tomba en avant, sur les genoux, comme un écuyer qui va se faire adouber. Sauf qu'en guise d'adoubement, il s'agissait plutôt d'une décapitation pure et simple.


- Du vent... Juste de l'air, tels sont ces mots sortis de l'anus qui te sert de bouche... De l'air vicié, de vulgaires pets... mais au final, rien de bien intéressant. Je vais te laisser agoniser afin que tu aies le temps de pleurer sur ta médiocrité. Adieu, futur Rêveur ! Profite de la vie réelle au lieu de polluer Dreamland !

Et sur ces dernières paroles, que Dante ne put s'empêcher d'entendre, le jeune homme aux cheveux blancs monta sur le dos de son invocation et s'envola dans les cieux avec elle, laissant Dante noyé dans son sang et dans sa stupeur mêlée de dégoût. Dégoût de lui-même, de sa propre impuissance...

Mais il ne devait pas se laisser mourir ! C'est pourquoi il révoqua Noctis, invoquant à la place Rudofl afin que ce dernier remplisse son office et le soigne.

« Dante ! Te voilà en piteux état ! Quel dommage ! » commença mentalement le rat cadavérique, avec une tonalité déplaisante.
« Merci d'avoir répondu à mon appel, Rudolf. Occupe-toi de mes blessures, maintenant. »
« Non. »
« Hein ? Rudolf, soigne les blessures du maître, voyons ! Sinon, on va rester prisonniers de la Crypte de l'Oubli ! déclara mentalement Noctis qui, s'il avait perdu son corps matériel, possédait toujours son esprit.
«  Rudolf... Que... Pourquoi ne m'aides-tu pas ?
« Pourquoi ?... POURQUOI ?! Monsieur Dante Di Stefano n'est pas satisfait de Rudolf et de Noctis, Monsieur Di Stefano décide d'aller se trouver une plus puissante invocation dans la Crypte de l'Oubli... Et quand Monsieur Di Stefano a des soucis, est-ce Jack, la fabuleuse et dernière invocation qui vient à la rescousse ? Non. C'est qui ? C'est Rudolf, le gentil rat ! Et pourtant, Monsieur Di Stefano n'en fait qu'à sa tête, n'écoute pas les avis de sa première invocation et...
« Euh... Rudolf ! Il est en train de crever, là... Si tu le soignais AVANT de lui faire la morale, histoire qu'il ne meurt pas...
« Non ! C'est catégoriquement non ! Je préfère rester prisonnier de la Crypte plutôt que de servir un ingrat ! »
« Rudolf... Je... promets... de faire davantage... a... attention... à... vous deux... pensa Dante, difficilement car il avait du mal à conserver des pensées correctes, alors même qu'il se vidait de plus en plus de son sang.
« Fais chier ! »

Technique : Infection de virus de Non-Mort. Surface d'application : le ventre.
Conditions d’utilisation : Rudolf et l'intégralité du virus présent dans ses canines.
Objectif : Régénérer les chairs et les veines tranchées par le coup d'estoc, guérir une blessure mortelle et faire bénéficier Dante, durant une heure, d'une immunité intégrale sur toute la surface d'application.

Rudolf mordit finalement de ses petites canines le haut du ventre de Dante, en plein dans la plaie plutôt large. Les chairs ne tardèrent pas à se refermer, à cicatriser, et Dante fut bientôt sur pieds, remerciant grandement son sauveur à coup de pensées réconfortantes.

« Je veillerais à ce que tu honores ton serment, Dante... » menaça-t-il.
« Ne te fais pas de soucis pour ça, mon cher rat. Je n'aurais de cesse de l'honorer, et ne repartirais plus à la Crypte de l'Oubli tant que vous ne serez pas assez puissants. répondit-il, son esprit tout comme son corps ayant récupéré toutes ses facultés.

Le Nécromancien regarda finalement le ciel qui était d'une beau bleu turquoise, à la tonalité irréelle. Quelque part se trouvait le Voyageur qui l'avait laissé pour mort. Le Nécromancien était certain qu'ils se reverraient un jour, même s'il espérait que ce jour arrive le plus tardivement possible.

En effet, Dante ne pensait pas être en mesure de survivre à une seconde rencontre, avec ou sans Rudolf... Laissant de côté de telles pensées, le jeune homme se remit péniblement en route, l'air profondément attristé : jusqu'à quel point allait-il se faire dominer ? Qui était-il au regard des autres Voyageurs ? N'était-il qu'une bouse insignifiante ? Allait-il rester impuissant face à tous les ennemis rencontrés, incapable de se  débrouiller seul ?

Il n'avait, pour le moment, jamais vaincu d'autres Voyageurs, et ça ne semblait pas prêt d'arriver...


Spoiler:

[size=14]Alors qu'il marchait depuis plusieurs heures, Dante entendit des bruits de pas et accéléra l'allure. Le Nécromancien était à présent en mode Faust's Walk, ses membres ayant été remplacés par ceux de son invocation à poils courts : Rudolf.

Il allait ainsi à une allure prodigieuse, soit deux fois celle à laquelle il allait en sprintant et ce, sans se fatiguer puisque c'étaient des muscles mort-vivants qui étaient utilisés. Le jeune homme devait bien dépasser les 60 km/h mais, heureusement, il n'y avait pas de limitation de vitesse sur ce sentier constitué d'ossements.

Non loin de lui, à quelques centaines de mètres environ, deux stormtroopers marchaient à une allure rapide, jetant des regards inquiets autour d'eux. L'un d'eux trimbalait un objet long et noir que Dante identifia comme étant une mitrailleuse, tandis que l'autre avait sur son dos une boule de fourrure que le Nécromancien reconnut aisément : il s'agissait de Mike.

Le cœur du jeune homme fit un bond dans sa poitrine : il allait enfin pouvoir sortir de cette maudite jungle !

L'un des Stormtroopers se retourna, alerté par les bruits de course que produisait Dante en martelant allègrement les ossements avec ses jambes modifiées.


Spoiler:

C'était celui à la mitrailleuse et il se mit à arroser la zone de balles, obligeant Dante à sauter dans les airs, et à ensuite zigzaguer sur le sentier. Le Nécromancien criait à présent, il était mort de trouille : il n'avait plus la possibilité de se guérir et la moindre balle signifiait la fin de son voyage onirique à Dreamland...

Il se prit de nombreuses balles, mais heureusement dans les jambes : en effet, puisqu'il sautait haut, le Stormtrooper ne visait pas assez haut pour pouvoir atteindre les membres supérieurs.

Le jeune homme continua ainsi son avancée, se rapprochant petit à petit des Stormtroopers, enfin du Stormtrooper qui était resté en retrait s'occuper de lui. Et ce qui devait arriver arriva : une balle transperça l'épaule du jeune homme, lui arrachant un cri de douleur, et l'arme émit un clic sonore, indiquant que toutes les munitions avaient été utilisées.


- Pauvre con ! Fallait pas gaspiller tes munitions et fuir ! s'écria Dante, alors même qu'il rentrait en collision avec la créature en combinaison blanche.

Ils furent tout deux projetés au sol mais le jeune homme parvint à arracher son arme au Stormtrooper abasourdi. Il entreprit ensuite de lui arracher son casque, dévoilant le visage... de Dante !

- C'est quoi ce bordel ! Vous êtes censés être des copies de Fett, pas de moi !

C'était perturbant de fracasser ainsi son propre visage, pourtant Dante continuait de frapper, avec l'arme du Stormtrooper, la réplique exacte de son propre visage. C'était son nez qu'il éclatait, ses joues qu'il défonçait, ses lèvres qu'il faisait exploser, ses...

Son épaule gauche l'élançait et il ne pouvait plus se servir de son bras gauche, enfin pas sans douleur. Il frappait donc de la droite, avec la crosse de la mitrailleuse, de toute ses forces, laissant échapper les souffles courts d'un animal aux abois.

Le visage se brouilla, puis changea : c'était à présent Néfertiti, la seule créature des rêves que Dante eut aimé, qui se trouvait devant le jeune homme. Mais, au grand dam du Stormtrooper, Dante frappa avec une ardeur renouvelée, prenant un plaisir évident, sadique même, à briser ainsi les traits si parfaits de celle qui avait meurtri son cœur.

Il frappa tant et si bien qu du visage de la créature, il ne resta bientôt qu'un amalgame d'os et de chair. Il entreprit alors de prélever des munitions sur le Stormtrooper et tenta d'équiper l'arme afin de s'en doter... A bout de cinq minutes de galère, le Nécromancien renonça...


«  Tant pis, pas de mitrailleuse pour moi. Noctis, peux-tu m'aider à l'achever ? »
« Navré Maître, mais au vu des dégâts faits à mes os, je ne risque pas d'être utilisable avant quelques heures de plus. »
« Très bien, je me débrouillerai sans toi, alors. » répondit Dante, d'un ton plus froid que d'habitude, bien perceptible dans cette pensée.

« Utilisable »... Dante n'aimait pas entendre ce mot dans la bouche de ses invocations. Même s'il se laissait appeler « Maître » par Noctis, il ne considérait pas ses invocations comme de vulgaires objets qu'il pouvait utiliser à son gré. Il est vrai qu'il les avait négligés, depuis quelques mois, mais il ne devait pas oublier qu'il leur devait sa survie.

Il acheva rapidement le Stormtrooper en frappant encore plus fort jusqu'à apercevoir des morceaux de matière grise, jeta le fusil dans les fourrés, et reprit sa course tout en se replongeant dans ses pensées.

Rudolf et Noctis étaient tout aussi important aux yeux de Dante que ses propres bras et jambes. Non, « utilisable » était décidément pas un mot que le jeune homme souhaitait entendre dans l'esprit d'une de ses invocations. Le Nécromancien ne manipulait aucun pion, et encore moins Noctis et Rudolf, c'était plutôt le crâne animé qui tentait de manipuler son monde !

Tout à ses pensées, le jeune homme progressait rapidement, à grandes foulées, et il ne tarda pas à rattraper le Stormtrooper et son ballot qui, pour une quelconque raison, ne s'étaient pas écartés du sentier. Plus que quelques pas et il y était... Plus que quelques pas et son passeport en fourrure lui serait rendu...

Le Stormtrooper bifurqua d'un coup sur la droite, plongeant au milieu des racines !

Un bruit de cocotte minute retentit et Dante se précipita, arracha le lapin des épaules du Stormtrooper alors que celui-ci tentait de sauver sa misérable peau -ben, oui, votre pote qui avait une mitrailleuse s'est fait tué ; vous pensez avoir une chance face à son meurtrier, sans avoir de mitrailleuse?- et, mu par son instinct, s'enfuit avec toute la rapidité qu'il put.

Jetant un regard par dessus son épaule et serrant Mike contre lui avec son bras droit, Dante eut enfin l'occasion de savoir pourquoi y avait-il tant de crânes et pourquoi ne fallait-il pas s'approcher des racines : de part et d'autres du sentier, les armes gonflaient et gonflaient à vue d'oeil, laissant échapper de la vapeur d'eau par les trous dans leur troncs, formant deux épaisses murailles de bois qui se rapprochaient à une allure folle l'une de l'autre, écrasant crânes et ossements sur leur passage.

Au fur et à mesure de sa course Dante sentait le souffle d'air provoqué par la fermeture de cette gigantesque fermeture éclair constituée d'arbres qu'était devenu le sentier. Il courut comme il n'avait jamais couru, exploitant ses jambes cadavériques au delà de leurs possibilités. Il lui sembla quelque fois que tout était fini, qu'il allait mourir là, seul, que son existence onirique prendrait fin ici et maintenant.

Les murs se rapprochaient de plus en plus et la vitesse de gonflement des arbres semblaient croître comme s'ils se rendaient compte qu'ils laissaient échapper leur proie. Peut-être que les ossements leur servait d'engrais ? Peut-être que le sentier serait broyé jusqu'à sa fin ?

Alors même qu'il se perdait dans des pensées sombres et pessimistes, qu'il abandonnait tout espoir, Dante eut la joie de voir qu'au-delà de la barrière d'arbres s'étendait une vaste plage de sable fin.

Ragaillardi par cette vision, il redoubla de vitesse, de force, allant jusqu'à serrer ses bras contre son corps afin de gagner en aérodynamisme. Il poussa sur ses jambes, de toute la force qu'il put, se jetant finalement en avant tandis que les derniers arbres écrasaient les dernières parcelles de ce sentier et se refermaient derrière lui avec un grand craquement.

Il resta ainsi, quelques secondes sur le sable doux, à regarder les arbres se dégonflaient et le sentier reprendre son aspect ordinaire. Et, au terme de ces quelques secondes de pause, il se rendit compte de quelque chose de terrifiant...

Le sable l'aspirait !
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Dante Di Stefano
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MessageSujet: Re: Before Christmas [Quête solo] Before Christmas [Quête solo] EmptyLun 28 Oct 2013 - 11:08

« J'aime beaucoup le Royaume des Tropiques, ses plages, ses mers, ses chouquettes... Enfin, hormis une seule de ses plages : une étendue de sable anthropophage où les serviettes volent, où les palmiers sentent mauvais et où les gens disparaissent... Jamais plus je n'y passerais mes vacances ! »
Un Voyageur anonyme...

Sur une vaste plage de sable fin, affalé sur le ventre comme un crabe mort d'insolation, Dante regardait avec une horreur sans pareille ses membres être progressivement absorbés par le sable, dans un abominable bruit de succion. Il tenta de se débattre, de fourrager dans la matière jaune avec ses jambes modifiés, mais cela ne fit qu'empirer son mal.

La fuite éperdue le long du sentier l'avait laissé aussi épuisé et chancelant que s'il venait de faire un marathon. Il ne pouvait plus rien faire, et attendait petit à petit d'être enseveli, pensant avec frustration aux Evs qu'il n'empocherait jamais. Une brise lui caressa le visage, frigorifiant ses joues sur lesquelles coulaient des larmes d'impuissance. Son tee-shirt blanc était trempé de sueur et ça le grattait dans le dos...

Cela pouvait paraître stupide pour quelqu'un qui était en train de se faire happer, lentement mais sûrement, par du sable, mais Dante remarquait alors des détails qui ne l'avaient pas dérangé jusqu'à présent : ainsi son dos le démangeait, sa nuque également, ses jambes aussi... S'il n'avait pas eu ses bras dans le sable jusqu'aux épaules, il se serait gratté comme s'il avait la gale !

Quelques minutes passèrent, et seule la tête du Nécromancien émergeait. Il ne pouvait pas respirer contrairement à ce qu'on aurait pu le croire, car ses poumons étaient compressées par le sable qui entourait son corps de sa présence étouffante. Alors qu'il pensait que tout était perdu, qu'il avait renoncé à lutter et qu'il étouffait, un lasso rouge lui attrapa le sommet du crâne et le tira.

La douleur fut intense, le jeune homme avait l'impression de se faire arracher les cheveux et la peau du crâne... Perspective bien déplaisante. Il fut hissé jusqu'à la hauteur d'un personnage singulier : la cinquantaine, le poil grisonnant, il faisait face à un sosie parfait d'Indiana Jones en plus vieilli.

Mais c'était le moyen de locomotion du célèbre aventurier qui était, sans aucun doute, le plus surprenant : il était debout sur une serviette de plage, sur laquelle étaient dessinés deux dauphins qui s'embrassaient. La fine serviette de tissu (Dante eut l'occasion d'en vérifier la matière puisqu'il fut jeté face contre tissu sans ménagement) devait être magique, pour arriver à supporter deux hommes sur son dos avec aisance, sans se déchirer.


- Enlève tes vêtements ! ordonna Indiana Jones, avec une voix grave et charismatique.

Se dévêtir ? Là, tout de suite ? Dante n'en avait pas envie et, tout en crachant du sang et du sable, il tenta de mettre le plus d'écart possible entre ce pédophile à chapeau et lui. Il se massa la gorge et le corps, tentant de se débarrasser du sable qui s'y trouvait et qui le grattait.

Il se mit d'ailleurs à se gratter, s'arrachant des lambeaux de chair. Cela soulageait les démangeaisons et il se grattait toujours plus, creusant de profonds sillons ensanglantés... C'était frénétique, on aurait dit un galeux en pleine crise de démence. Alors que ses mains accomplissaient leur travail de forage avec zèle, le lasso -qui était en réalité un fouet rougeâtre manié avec habileté- se referma sur ses mains et les emprisonna plus solidement que n'auraient pu le faire des menottes d'acier.


- Pourquoi faut-il toujours tout faire soi-même... soupira l'aventurier.

Ce dernier s'avança et entreprit de déshabiller Dante d'une main habile, lui enlevant d'abord son tee-shirt, puis son pantalon, et enfin ses sous-vêtements. Le jeune homme n'en avait soudainement que faire, obnubilé par les démangeaisons auxquels tout ses sens étaient soumis.

Indiana Jones habilla finalement Dante d'un maillot de bain rouge et noir, sur lequel était représenté Clint Eastwood en pleine action, un revolver dans chaque main.Dès que le vêtement fut enfilé, les démangeaisons du Nécromancien s'arrêtèrent, permettant au jeune homme de reprendre ses esprits.


- Me... Merci, monsieur. Je ne sais pas ce qu'il m'a prit, je... commença Dante, avant d'être coupé par l'aventurier.
- Tu es tombé en plein dans le sable anthropophage. Si je ne t'avais pas sauvé, tu serais mort... tu me dois donc la vie ! Ici, nous sommes à Calm Beach, la plage la plus calme du Royaume des Tropiques. Tu veux que je t'en apprenne plus ? C'est mon job, ici, d'aider les touristes Voyageurs. Et appelle-moi Indi !
- J'aimerais bien en savoir plus, mons... Indi... se rattrapa Dante, son intérêt trouvant son origine dans la peur qui le faisait trembler.
- Okay ! Je commence mes explications donc ne m'interromps pas, ça risque d'être long !

» Nous sommes donc à Calm Beach, une plage un peu étrange sur laquelle se retrouve tous les kékés des plages, lorsqu'ils s'endorment. Je suis donc une Créature des Rêves, venue d'Hollywood Dream Boulevard afin de servir de guide touristique.

» Si cette plage s'appelle Calm Beach, c'est parce qu'il y a peu de monde qui y survivent, et donc peu de bruits. En effet, les charmants bambins ne font pas un pli, ici.

» Déjà, il y a pas mal de règles à respecter, et la liste est assez longue. Je vais donc t'en donner quelques-unes, en vrac, qui te permettront de passer un agréable séjour ici.

» La plupart des objets sont louables et magiques, ce sont des Artefacts. Mais il faut les remettre avant son réveil au bureau de location. Sinon, pour le cas d'un maillot de bain, la prochaine fois que tu te retrouveras à Dreamland, tu pourras dire adieu à tes burnes et à tout ce qui se trouve en-dessous. Pour le cas d'une serviette, j'imagine que faire une chute d'un millier de mètres ne doit pas être agréable...

» Il n'y a que deux solutions pour se déplacer à Calm Beach : la serviette volante, et les tongs odorantes. Je ne te conseille pas la seconde solution, car ces tongs enduites à l'huile de palmier, en plus de coller aux pieds, n'ont pas une odeur désagréable seulement pour le sable. Mais ça empêche de se faire dévorer, c'est déjà ça.

» Tu sais maintenant de quoi il en retourne. Certaines zones abritent des fourmilions, et sont donc à éviter car ils peuvent très bien aspirer une serviette et son possesseur. Les crabes, bien que d'une taille formidable, ne sont présents que dans l'eau et ne présentent pas de grave danger, si on omet leur nombre. Ces enfoirés copulent plus vite que des lapins !


- Qui a parlé de lapin ? demanda une voix que Dante n'aurait jamais cru entendre une nouvelle fois.

Indi brandit une boule de poil qu'il avait délogé en enlevant les vêtements du Bloody Nécromancer : il s'agissait évidemment de Mike. Ses oreilles étaient repliés sur les côtés, et il ne semblait pas sujet aux démangeaisons que devrait lui causer le sable dont il était recouvert, donnant à son pelage une couleur vaguement jaunâtre.

Cette posture nous donnait l'occasion de décrire cet aventurier de l'Arche Perdue. Il était torse nu, vêtu d'un maillot de bain vert et jaune sur lequel figurait l'affiche d'un des premiers films dans lequel Harrison Ford avait joué. Il n'avait pas de tongs et était pieds nus, portait un chapeau sur la tête en bon frimeur of the beach, et avait son fouet enroulé dans la main gauche, tandis que le lapin pendait à sa main droite, qu'il tenait comme s'il s'agissait d'une bombe qu'il devait balancer avant qu'elle n'explose.


- C'est quoi, ça ?...
- C'est un lapin ! répondit précipitamment Dante, ayant gardé de mauvais souvenirs de l'épisode Stormtrooper. Je l'ai domestiqué et je m'en porte garant !
- Hum... ça me convient. Du moment que tu respectes le règlement à ce sujet, il n'y a pas de problèmes. Une dernière chose : méfiez-vous des apparences ! Certains des habitants de Calm Beach ne sont pas ce qu'ils semblent être...

Un long silence suivit cette dernière déclaration, lui accordant d'autant plus d'importance et mettant ainsi en place une atmosphère malsaine, dérangeante. Qui sait ce que Dante allait bien pouvoir trouver à Calm Beach ? Il ne comptait pas y rester longtemps, de toute façon, et repartir dès qu'il se serait débarrassé de ce « guide touristique ». Durant le trajet, Mike parvint à glisser quelques mots à l'oreille de Dante : « Il y a, à Calm Beach, un type qui entretient des relations avec le village des cannibales... je te le présenterais une fois là-bas... » Cette déclaration remonta le moral du jeune homme, qui sentait que sa quête reprenait petit à petit la bonne voie.

Une demi-heure passa avant qu'il ne puisse percevoir les premières esquisses des seuls bâtiments de Calm Beach. Sur une sorte de gigantesque promontoire constitué de rondins de palmiers se dressaient quatre bâtiments : il y avait là une boutique souvenirs qui vendait des têtes réduites et une autre qui vendait des glace. Il y avait également une sorte de réserve, bâtiment qui évoquait davantage un cabanon de plage, et qui devait contenir les maillots de bains et les tongs. Des piquets en bois étaient posés un peu partout sur ce bâtiment, lui donnant un aspect « hérisson », et de nombreuses serviettes y étaient attachées.

Il y avait également un hôtel, bâtiment coloré et accueillant aux murs jaunes et à la toiture rouge, dont l'enseigne indiquait qu'il faisait bon y dormir. Indi indiqua à Dante qu'il y avait, dans cet hôtel, des chambres aménagées avec des consoles de jeux venues de Park of Games afin que les Voyageurs ne s'ennuient pas. Même si Dante avait déjà perdu connaissance à Dreamland, il se demandait s'il était possible, pour un Voyageur, de s'endormir dans le monde onirique. Il éloigna rapidement cette question de son crâne, en balayant l'air d'un geste de la main, comme pour éloigner une mouche.

L'heure n'était pas aux questions existentielles !

C'était extraordinairement calme. Il n'y avait là, en tout et pour tout, qu'une poignée d'habitants des rêves et de Voyageurs, ainsi que quelques Rêveurs qui se contentaient de sauter dans le vide ou même, parfois, de s'envoler dans les airs.

Ce dernier événement fit germer une idée dans la tête qu'il exposa à Indiana : comment les serviettes pouvaient-telles voler ? Dans quelle matière était-elle faite ?


- C'est une bonne question et je pense que cela ne coûte rien d'y répondre. Nous avons fait un partenariat avec un royaume cauchemar, celui des tisseuses nécrophages. C'est un tout petit royaume, en périphérie de celui des araignées, et ces créatures ont la capacité de produire des toiles volantes et presque indestructibles. Elles nous fournissent ainsi la matière première pour les serviettes et nous leur donnons de l'Essence de Vie. Et, avant que tu ne pose la question, nous prenons l'huile de palmier des tongs sur les palmiers d'ici qui, pour survivre, secrète une substance qui les rend indigeste pour le sable. Ce dernier les laisse donc pousser en paix, expliqua posément Jones.
- Avec de l'EV ? Mais vous le trouvez comment si vous vous contentez de louer vos maillots de bain et vos serviettes ? demanda ingénument le Nécromancien.

Le visage du guide se ferma soudain et il détourna le regard, conservant le silence. Il poussa Dante et Mike brutalement, afin qu'ils quittent la serviette volante et se rétablissent sur la plate-forme, et alla amarrer sa serviette avec les autres.

- Cette question, je ne peux y répondre.

Dante commençait à avoir de sérieux doutes sur l'endroit dans lequel il se retrouvait. « Calm Beach, la plage sur laquelle on ne vous entend pas crier... », voilà une phrase qui allait bien avec l'atmosphère étrange de ce lieu. Ses doutes se renforcèrent d'ailleurs quand il se rendit compte qu les possesseurs de la boutique de souvenirs et de la boutique de glace étaient tous deux maquillés comme les cannibales qui l'avaient attaqués dès son arrivée au Royaume des Tropiques.

Autant dire que cela puait le traquenard à plein nez ; Dante se sentait aussi à l'aise qu'un poisson dans la friture...


- Que désirez-vous faire ? Surfer ? Vous reposer à l’hôtel ? Ou bien tout simplement manger une glace ?
- J'veux une glace ! s'exclama Mike, que Dante avait pris à part pour qu'il lui dise qui il devait contacter, même s'il se doutait qu'il s'agissait des deux marchands.
- On a pas le temps pour ces conneries.
- On a pas le temps pour que je te dise qui est en contact avec les cannibales...
- … Okay, t'auras ta glace ! abandonna promptement Dante, déjà excédé par ce chantage.
- Ne t'inquiète pas, j'ai de quoi payer... déclara le lapin, en se tâtant la bourse...

Apparemment, le lapin avait, comme les kangourous, une poche, même si celle-ci était placé à un endroit... très déplacé. Au moins, Magic Mike pouvait sortir la blague « J'te paye en liquide » en désignant ses parties intimes avec le plus grand sérieux...

Le lapin et son « grand ami » se rendirent donc auprès du marchand de glaces, qui regarda le Nécromancien avec des yeux étrécis, comme ceux d'un serpent. Il était plutôt petit, même derrière son comptoir légèrement surélevé et était assez bronzé, comme les autres cannibales qui avaient pourchassés Dante.


- Vous êtes du village des cannibales... souligna Dante, le regard dur.
- Oui et ? Vous voulez un autographe, oui un autographe ? Prenez plutôt une glace, elles sont si délectables oui délectables...
- Non merci, je souhaite juste obtenir des renseignements sur l'end... Humpf ! (Dante laissa échapper tout l'air contenu dans ses poumons alors que Mike lui envoie un solide coup de coude dans l'abdomen. Ce n'était pas subtil, mais c’eut le mérite d'empêcher le Nécromancien de se dévoiler.)
- Moi, j'veux bien une glace monsieur ! Cela fera combien d'EV ?
- 50 EV, et c'est un prix d'ami, oui d'ami. D'ailleurs, je peux même vous en faire une gratuite, oui gratuite.
- Franchement, je ne veux pas de glace... commença Dante, qui trouvait l'insistance du cannibale et sa manière de parler inquiétante. Il tenta de changer de sujet. Enfin, c'est vrai qu'il fait une de ses chaleurs !
- Une chaleur accablante même, oui accablante ! Cela ne fait qu'une demi-heure que je suis là, et je crame sur place, oui je crame. Vous prendrez bien une petite glace, oui petite ?

Le jeune homme ne prit même pas la peine de répondre et s'éloigna, laissant le lapin payer sa glace. Si vous aviez été plus attentif que Dante, vous auriez remarqué qu'accroché à la toiture de la boutique de glaces, il y avait une gigantesque serviette volante, à laquelle était accrochée par des ficelles de multiples têtes réduites dont les dents s'entrechoquaient à chaque coup de vent. Cela ne vous rappelle rien... ?

Mike prit un malin plaisir à manger sa glace bruyamment, en poussant de petits gémissements de plaisir tout en déclarant qu'elle était rafraîchissante et d'une saveur juste exquise... Tout afin de rendre Dante jaloux, mais ce dernier était tellement anxieux que cela ne marchait pas. Le Nécromancien désirait en savoir plus et décida d'aller surfer. Il commença donc à se diriger vers la réserve, derrière laquelle se trouvait quelques planches de surf.


♦♦♦

- Je suis désolé, jeune homme, mais la mer est inaccessible pour le moment... Un Voyageur toxicophobe s'y baigne et, à cause de la mémorisation parfaite de l'eau de Calm Beach, l'eau s'est transformée en véritable acide... Non, vraiment c'est impossible, déclarait froidement Ian Solo -le gérant de la réserve- à tous les possibles surfeurs.

De l'eau de mer ? Transformée en acide ? Rien d'étonnant, le Nécromancien était à Dreamland... Mais Dante était bien embêté, lui qui voulait surfer afin de se détendre et de penser à autre chose... De rage, il shoota dans une planche de surf qui traînait dans le coin, avant de s'excuser précipitamment : après tout, il s'agissait peut-être d'une créature des rêves...

- Hé ! N’abîme pas le matériel ou je te jette par-dessus bord !

Ne répliquant rien, le jeune homme s'éloigna. Il ne voulait pas irriter le guide au point de devoir l'affronter, car il savait qu'il y aurait de grandes chances qu'il ait le dessous, en cas d'affrontement. Il préféra, pour le moment, se diriger vers l'hôtel, dans le but d'obtenir des informations.

- Hein ? C'est quoi ça !? s'écria une jeune fille en pointant du doigt une sorte de nuage verdâtre qui se rapprochait.

Comme tous les autres, Dante fit une rotation complète sur lui-même afin de voir de quoi il était question. Sa curiosité n'était pas plus exacerbée que celle d'un autre, mais il avait des picotements dans la nuque et cela ne lui disait rien qui vaille... Une sorte de fumée aux tonalités vertes et kakis serpentaient autour d'un individu à l'aspect encore masqué derrière cet épais voile brumeux, qui se déplaçait à grande vitesse.Au bout de quelques minutes, l'étrange volatile se stabilisa, et s'élança sur la plate-forme de bois, abandonnant le tapis qui lui servait de moyen de locomotion. Ce dernier était mal en point, les tissus le composant s'effilochant. Il ressemblait davantage à une pelote de laine laissée entre les griffes d'un chat.

C'était un jeune homme, un brin plus âgé que Dante. Il dépassait Dante des épaules, avait une épaisse tignasse rousse et était entouré de divers halos de fumées verdâtres, qui empestaient. Il était torse nu, portait des lunettes de soleil et levait ses bras de manière triomphante, comme un prophète de retour en son pays.


- Ah, ce que la mer était bonne ! Et ces vagues !... Juste magnifiques... Dommage qu'il n'y ait pas eu plus de monde ! s'exclamait-il, tout en roulant des mécaniques.
- Vous aviez loué une planche de surf.
- Oui et ?
- Où est-elle ?
- Elle vient de se dissoudre, je suis venu en chercher une autre... Haha... déclara le jeune homme, en affectant une moue nonchalante.
- Rendez-vous à l'hôtel et plus vite que ça ! ordonna Ian, d'une voix sèche, avant de se radoucir. Je veux dire, on vous y filera un cocktail merveilleux qui vous remettra de vos émotions. Perdre sa planche en pleine vague doit être traumatisant...

Dante, qui avait suivi la scène comme un bon nombre d'autres amateurs de surf, résolut de suivre le jeune homme. Après tout, ils avaient une direction commune. Il se présenta donc au type à la chevelure de feu, attendant de lui qu'il fasse la même chose.

- Désolé, mon p'tit gars, mais je n'ai pas de temps à te consacrer. Un cocktail m'attend ! T'écriras ma biographie un autre jour ! répliqua le toxicophobe, ne prenant même pas la peine de se présenter et accélérant la cadence afin que Dante peine à le suivre.

« Toi, j'ai une violente envie de te faire la peau... » menaça ce dernier, dans son for intérieur.
« Maître, vous n'allez pas devenir Voyageur Killer, quand même ? » s’inquiéta Rudolf, s'immisçant dans les pensées du Nécromancien.

L'invocateur ne prit même pas la peine de répondre. Si Rudolf était assez idiot pour ne serait-ce que s'imaginer une chose pareille, il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même et le Nécromancien n'allait pas lui sacrifier ses pensées afin de le détromper. Bien sûr que non, il n'allait pas tuer ce péteux de merde ! Il n'était pas comme ça. Mais si l'idée d'en faire un allié lui avait effleuré l'esprit, elle était maintenant enfouie sous des couches et des couches de mépris.

Il arriva bientôt dans l'hôtel. La grande salle était plutôt grande, il y avait beaucoup de tables et de chaises, et cela ressemblait grandement aux restaurants de bord de plage que Dante avait pu voir dans le monde réel. Il y avait quelques personnes attablées, mais seulement deux singuliers personnages retinrent son attention : un ananas en costard, assis au comptoir et discutant avec l'hôtelier, et le toxicophobe aux chevilles enflées.

Tous deux sirotaient un cocktail, mélange subtil de fruit de la passion et de mangue. Dante, qui avait la gorge plutôt sèche, en eut des remontées salivaires et se demanda s'il lui serait possible d'obtenir semblable cocktail sans donner le moindre EV.


- Bonjour, vous désirez?
- Hum, ce serait pour savoir s'il nous serait possible d'avoir également un cocktail, comme vos deux autres clients. On a subi beaucoup d'émotions et notre guide nous a conseillé de venir vous voir

Il s'agissait bien entendu d'un mensonge puisque les réconforts n'avaient été adressé qu'au Voyageur ayant perdu sa planche de surf. Mais bon, personne n'allait en mourir si un cocktail de plus allait être bu, donc pourquoi ne pas essayer ? Dante n'était pas dans son tort, il avait soif, le pauvre, avait couru comme un dératé et survécu de peu à tant de péripéties ! Il méritait une médaille, mais se contenterait de l'un de ces délicieux et rafraîchissants cocktails.

- Je vais voir ce que l'on peut faire pour vous. Attendez un instant ici, s'il vous plaît. Je tâcherais de faire vite.

En attendant l'hôtelier, Dante se dirigea vers la table de l'ananas, intrigué par une créature avec une apparence si étrange. Cette dernière le regarda d'un air blasé, en pleine conversation avec un interlocuteur invisible. L'ananas était-il schizophrène ? C'était une question qu'il était légitime de se poser. En tout cas, il était vêtu d'un costume complet noir très classe, qui dépareillait avec l'atmosphère de vacances qui régnait tout autour. Dante se demanda s'il ne pouvait pas être le mystérieux contact du village des cannibales.

- … Mais puisque je te dis que l'affaire se déroule à merveille ! C'est un succès tot... (se tournant vers Dante, enfin, si on accepte l'idée que seul sa tête bouge et non l'intégralité de son corps)Bon, je vais te laisser, Bob, nous ne sommes plus seuls. Que faites-vous là, jeune homme ? Et pourquoi diable m'écoutez-vous ?
- Euh... Ben, rien de spécial... En fait, pour être totalement franc, je me demandais d'où une créature de votre envergure pouvait provenir...
- Pfffff... Tu peux laisser ta langue là où elle est, si c'est pour baver des débilités pareils. Je suis un gentlefruit, pas un vulgaire pigeon. Que me veux-tu ?

Le jeune Nécromancien était dérouté : il pensait que l'ananas réagirait aux compliments de manière positive, et se montrerait même affable, mais ce n'était pas le cas. Il n'était pas dupe, et était loin d'être le genre de fruit à se laisser manipuler par les autres. Surtout quand il s'agissait d'un morveux de moins d'une vingtaine d'années. Mais cette subite immersion dans son quotidien par cet inconnu n'était pas pour déplaire à l'ananas, qui manquait de distractions. Il se demandait ce que pouvait bien lui vouloir ce jeune humain à la chevelure en pointes.

- Ahem... Pour tout vous dire, je suis à la recherche d'un certain village de cannibales et, je me demandais s'il vous serait possible de m'y amener. Mais bon, je ne suis pas certain que... commença Dante avant d'être interrompu par une certaine boule de poil.
- Dante, l'hôtelier est arrivé... je vais lui demander s'il a une chambre de libre. Si c'est le cas, je paierais et je m'y rendrais afin de me rafraîchir. Le gosier de Magic Mike ne devrait jamais être sec, car Mike et son mic t'en mettent plein le bec...

Le Nécromancien attrapa le lapin par le collet et l'écarta sans ménagement de la table à laquelle était appuyé le gentlefruit. Observant le lapin se diriger vers le maître d'hôtel, il se tourna vers son interlocuteur qui le contemplait avec un regard méprisant : un être qui se faisait couper la parole par l'un de ses propres suivants, quelle honte !

- … Mince, j'ai perdu le fil de la conversa...
- Vous étiez en train de me faire part de vos doutes à mon sujet, le coupa sèchement l'ananas. Heureusement pour vous, ils ne sont pas justifiés : je connais personnellement le chef du village des cannibales, et je compte m'y rendre dans une ou deux heures, pour affaires. Hélas, je ne compte pas m'embarrasser d'un jeune Voyageur. Passez une bonne fin de journée.
- Mais !...

L'ananas se leva et écarta sans ménagement le Voyageur estomaqué. Après avoir déposé une bourse sur le comptoir de l'hôtelier -bourse qui devait être bien remplie au vu du sourire de ce dernier- il sortit de l'auberge, laissant la porte claquer à grand fracas une fois son énorme bedaine jaunâtre passée. Dante, affligé, demanda sa chambre au gérant de l'hôtel puis se rendit en direction de la chambre numéro vingt-six.

Il y trouva Mike, un verre à cocktail vide dans la main droite, une lampe torche dans la main gauche, en train de fixer la source de lumière, en se contorsionnant comme s'il était victime d'un virulent poison. Soucieux, Dante s'avança et posa une main sur son épaule velue. Le lapin se retourna et Dante se jeta en arrière : le visage du rongeur était totalement déformé par l'apparition d'une dentition à faire pâlir un Tyrannosaure. Le lapin grandit à toute vitesse, dépassant le Nécromancien de deux bonnes têtes, et il se jeta sur lui. La lampe de torche, qui ne lui servait plus à rien, gisait sur le sol à proximité des débris du verre brisé. Qu'arrivait-il à ce guide aux grandes oreilles qui avait aidé Dante ? Telle était la question que semblait formuler les sourcils haussés du jeune homme qui, sur le dos, tentait péniblement de se mettre hors de portée des coups du rongeur géant en effectuant des roulades. Il fut rapidement essoufflé et la créature fut sur lui. Il émanait de Mike une forte odeur de sueur rance et de vieille laine, ainsi qu'une haleine forte et désagréable. La bave lui coulait de sa gueule béante et tombait, à grosse gouttes, sur le visage du Nécromancien qui préféra garder la bouche fermée, même s'il était sur le point de mourir.

Après un dernier soubresaut, la bête s'effondra sur sa victime. Dante ferma les yeux, attendant que cessent toutes ses pensées, mais rien ne vint. De la fourrure chaude du lapin ne pulsait aucun organe vital, ne se faisait entendre aucun battement de cœur. Il était mort. Mais comment ? Et par qui ? La porte s'ouvrit soudainement.


[- Vous voilà ! Vous souhaitez rencontrer les cannibales, soit ! Nous y all... Mais qu... que fait ce lapin garou ici ? Ne l'aviez-vous pas dressé ?

Dante tourna la tête et grimaça de soulagement devant l'apparition de l'ananas, qui se proposait de l’amener au village des cannibales. Ils ne furent pas trop de deux pour s'assurer que le jeune homme soit dégagé de la monstrueuse dépouille -qui pesait assez lourd- et le Nécromancien put enfin s'asseoir sur son lit afin de se rétablir et de réfléchir sur les raisons de la mort du lapin. Mais il avait beau cherché, il n'en trouvait pas. Ce devait être dû à la transformation incomplète, puisqu'une lampe torche ne devait pas remplir aussi pleinement les conditions qu'une pleine lune. Quant à l'ananas, il restait enfermé dans son mutisme. Après avoir obtenu pour seule réponse un babil incompréhensible à ses deux questions -prononcé par un Dante en état de choc- il attendait à présent qu'il soit temps de quitter cet hôtel et cette maudite plage. L'ananas avait changé d'avis car son escorte personnelle avait été retrouvé raide morte, une glace à la main... Etrange.

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Dante Di Stefano
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MessageSujet: Re: Before Christmas [Quête solo] Before Christmas [Quête solo] EmptyLun 28 Oct 2013 - 11:09

« Où j'ai perdu ma jambe ? Il me semble que c'était lors de Thanksgiving, à proximité d'un certain village de cannibales...»
Un Voyageur anonyme...

[color=white]
♦ 1 heure et trente minutes plus tard ♦

Dante se trouvait sur un ancien chemin de contrebandier -datant de l'époque où les échanges entre les cannibales et Calm Beach étaient interdits- qui partait de la plage et traversait la forêt jusqu'au village des indigènes amateurs de chair fraîche. Le jeune homme avait rendu son maillot de bain – ne tenant pas à perdre ses parties génitales en cas de réveil brutal et imprévu- et s'était vêtu des habits qu'il avait récupéré auprès d'Indiana Jones -après un discours plutôt lourdssur les risques que prenait le jeune homme en quittant Calm Beach. Ils y étaient donc allés en serviette volante -louée par l'ananas, Dante préférant ne pas prendre ce risque- et c'est ainsi qu'ils étaient à présent sur la terre ferme.

Ils marchaient en silence, l'ananas perdu dans ses pensées, Dante se disputant avec Rudolf au sujet des risques qu'il prenait.


« Je te signale que c'est justement ça l'avantage que tu représente, Rudolf : t'es la solution à la plupart des problèmes éventuels que je rencontrerais. »
« Et que vas-tu faire si tu croise Jack ? Vas-tu tenter de le persuader de revenir ? Parce qu'au cas-où tu ne t'en souviendrais plus, il a tenté de te tuer ! Je ne veux pas que tu meures, Dante!
« Euh, Rudolf... Tu sais que tu me fais peur, un peu... A t'entendre, quelquefois, on a l'impression que t'es une fille...
...
« Ahem... On va dire que j'ai rien dit...

Cette conversation mentale dura encore quelques dizaines de minutes et servit de justification à Dante quand il perçut la menace trop tard. En effet, tandis que Dante et Rudolf philosophaient sur le genre sexuel de la conscience d'un rat mort, un immense saurien se jeta dans leur direction. Dante serait tombé entre ses crocs si l'ananas ne l'avait pas poussé sur le côté au dernier moment. C'est ainsi que le Nécromancien se retrouva à terre après avoir percuté violemment le tronc d'un palmier. Pendant ce temps, l'ananas se retrouvait entre les crocs du saurien, qui ne semblait pas décidé à refermer la mâchoire. Haïssait-il les végétaux au point de laisser la vie sauve à une créature vivante ? En tout cas, l'ananas disposait encore de quelques secondes, et Dante comptait bien en profiter pour sauver la créature et lui rendre l'appareil.

« Lance l'invocation, Dante !  Tu ne vas pas le laisse crever comme un chien alors qu'il vient de te sauver la vie !»

Sans attendre, le rat cadavérique apparut et commença à ronger les jambes de Dante à une allure trop lente pour la survie de l'ananas. Heureusement, ce dernier avait été jeté sur le côté par le saurien qui s'apprêtait maintenant à s'occuper du sac de viande et de tripes qui se faisait manger par un rongeur. Alors qu'il se jetait sur le jeune homme, la transformation dantesque s'acheva et Dante fendit sur le fruit vivant comme un oiseau de proie sur un lièvre. Puis il courut au travers des arbres, regardant derrière lui avec appréhension. La forêt entière semblait battre d'un immense cœur végétal tandis que le gigantesque dinosaure, bête écailleuse aux crocs et aux griffes démesurés (et à l'allure famélique) se précipitait sur le Nécromancien. Afin de semer son poursuivant, le nécrophobe passa entre deux troncs d'arbres qui furent réduits en pièces par la musculature du prédateur. Il n'y avait que dans les films que deux palmiers pouvaient retenir la charge d'un dinosaure affamé, et encore !

Renonçant à l'abri pitoyable de la forêt, Dante retourna sur le sentier et se mit à sprinter, se déplaçant sur les crânes et les os brisés comme s'il s'agissait d'une terre ferme et souple. Ses jambes, gonflés par l'énergie malsaine du virus de Non-Mort et couvertes du poil ras caractéristique des rats, se mouvaient à une fréquence très élevé mais peinaient à distancer le prédateur écailleux, fait pour la course. Les habitations primaires des cannibales se dessinèrent enfin à l'horizon et Dante eut un regain d'énergie. Accélérant de plus en plus, oubliant l'écume au bord de ses lèvres et la bile qui menaçait de monter, il franchit l'espace entre les pieux comme Usain Bolt la ligne d'arrivée. (Notez que ce sprinteur jamaïcain n'aurait jamais pu distancer un tyrannosaure comme Dante l'a fait.)

Fier de lui mais exténué, le Nécromancien se laissa glisser au sol, haletant, tandis que les indigènes faisaient subir au dinosaure le même sort qu'ils avaient réservés à Dante : il se retrouva fauché par une dizaine de cordes auxquelles des pierres étaient attachées, sa masse pesante s'écroulant d'un coup. Ne pouvant plus se relever, la créature passa du statut de prédateur à celui de proie, tentant de se défendre en envoyant sa mâchoire dans tous les sens pendant que les cannibales lui plantaient des javelots. Dante eut l'impression d'assister à une corrida Made In Dreamland : le dinosaure se retrouva bientôt hérissé de javelots, qui s'étaient glissés dans les interstices entre ses écailles, et se laissa tomber au sol après un dernier râle. Des exclamations chaleureuses et des cris de joie en résultèrent, les sauvages se congratulèrent et Dante se glissa dans une inconscience bien méritée.

♦♦♦

Il fut réveillé ce qui lui sembla être quelques minutes plus tard par une voix grave et désagréable. Elle tenait à la fois du râle et de la toux, comme si son possesseur avait remplacé le chanteur d'un groupe de Métal et avait chanté pendant deux jours sans s'arrêter. A chaque fin de syllabe, la voix de l'homme semblait être prête à s'éteindre.


- Et... bien..., qu'a...vons-nous... là...? Ce...la... m'a... tout... l'air... d'être... un... Nécromancien... Qu'en... pen...se-tu..., Shaman?
- Je pense qu'il serait préférable que je m'en occupe, ô Gardien du savoir. Si les dires de nos espi... de nos contacts à Calm Beach sont vrais, il s'agirait du Voyageur que nous avions capturé plus tôt. Il serait parvenu à s'échapper... lui répondit une autre voix, moins grave, plus glaciale et plus vive.
- Pauvre... Totem... Vivant... Il... doit... être... affamé..
- Ahem... Oui, c'est fort... possible... en effet, répondit le shaman, qui ne semblait pas tenir en bien haute estime son interlocuteur. Pour revenir à notre sujet, je suis venu récupérer ce gosse.
- Ne... lui... faites... aucun... mal... ou... notre... contrat... avec... l'ananas... en pâtira...
- Bah, j'épargnerais les parties visibles de son anatomie ! Merci de votre attention, Vénérable.

Dante, qui faisait toujours semblant de dormir, tentant d'adopter la respiration ample et calme d'un dormeur, sentit plus qu'il n'entendit l'approche silencieuse d'un des deux hommes. Il reçut soudainement un coup sourd dans les côtes, qui lui coupa le souffle et l'obligea à se mettre en position fœtale en poussant un cri étouffé.

- Lèves-toi, cancrelat ! Je sais que tu nous écoutais !

Se massant lentement les côtes, le Nécromancien se redressa et se mit sur ses pieds, manquant de peu de chanceler. Il se trouvait dans unes espèce de hutte faite de chaume, debout sur une couche à même le sol, constituée de couches superposées de tissus sales qu'aurait dédaigné n'importe quel animal domestique. Mais le jeune homme n'était pas en mesure de dénigrer quoi que ce soit, surtout dans son état. L'homme qui l'avait frappé était une sorte de sauvage, aux yeux cerclés d'ébènes et à la longue chevelure noire. C'était un mélange de Vendredi (vous savez, l'ami sauvage de Robinson Crusoé) et du chanteur du groupe Kiss. Mélange plutôt détonnant, vu l'air hébété qu'affichait Dante. Dans un coin de la pièce, attablé autour d'une bougie qui agitait paresseusement sa flamme, il y avait un homme plutôt âgé dont la chevelure et la barbe grise contrastait avec sa peau hâlé. Ses yeux, d'un bleu hivernal, semblaient aussi purs et innocents que ceux d'un enfant. Cet aspect juvénile s'accordait bien avec la diction difficile du vieillard, digne du babil d'un nourrisson, et était l'un des indices de la décadence de cet homme qui, il fut un temps, avait dirigé la tribu avec humilité et sagesse.

Mais pour le moment, la direction que prenait la tribu semblait celle tracée par son shaman, et le chef, bien que toujours nommé par ses titres pompeux tels que « Vénérable » ou encore « Gardien du savoir », n'était plus qu'un triste épouvantail, vestige d'un autre temps, qu'on agitait afin de faire obéir les oiseaux de mauvais augure qui composaient cette tribu. Même si Dante ne disposait pas de toutes ces informations, il parvenait bien à voir que cet homme âgé, qui passait pour un ange à côté du démon qui venait de le réveiller, était autant à plaindre que lui.

C'est pour cela que Dante conserva le silence. Il marchait devant le shaman comme un condamné à mort, serrait les dents à chaque fois que le pied de son bourreau s’enfonçait dans son dos, le meurtrissant un peu plus. Il ne ressentait plus qu'une haine glacée, solide et effilée, tellement dense qu'elle semblait à même de couper en deux cet homme méprisable, comme le ferait la lame d'une guillotine. Ils parvinrent à l'air libre ; des nuages menaçants couvraient le ciel et plongeaient le village dans la pénombre. La pluie commença à tomber, les gouttes ruisselants sur le dos de Dante comme s'il s'agissait de son propre sang. Un sang froid, glacial. Le Nécromancien ne s'était jamais interrogé sur les possibilités de la météo à Dreamland, sur comment fonctionnait ce monde, au final. Toutefois, telle était la nature des questions qu'ils se posaient. Comme si son esprit tentait de l'éloigner du moment présent. Comme si son esprit tentait de le protéger, de le materner, de l'abriter de cette haine et de l'homme qui en était l'objet.

A chaque coup qu'il subissait dans son dos, à chaque remarque déplaisante, Dante était ramené à l'instant présent. Il n'en concevait qu'une haine encore plus grande, encore plus amère. Comment pouvait-on être sadique à ce point ? Comment pouvait-on traiter ainsi un jeune homme que l'on ne connaît même pas ? Comment...


- Ah, Will ! T'as déjà fait connaissance avec le Capitaine ? Charmant bonhomme, n'est-ce pas? déclara une voix que Dante commençait à bien connaître.

Pour toute réponse, Dante cracha sur le fémur du squelette. Jack n'avait-il pas été rappelé à la Crypte de l'Oubli quand le jeune homme avait invoqué Rudolf ? Apparemment, non. Ou alors, il était revenu rapidement.

- Quel homme maniéré, tu me rappelles Nancy ! Je ne voudrais pas faire de vieux os, je vais donc te laisser en si...
- Jack, tu restes là. J'ai besoin de toi pour...
-... charmante compagnie. continua le squelette, comme s'il n'avait jamais été interrompu.

La suite de la demande du Shaman disparut dans les méandres de sa gorge alors que le squelette s'éloignait à grands pas. Le Nécromancien se demanda comment une conversation avec un être sans cordes vocales ni oreilles était possible, mais il ne trouva aucune réponse hormis un « Bienvenue à Dreamland » plutôt amer. Un soudain coup dans le postérieur le fit basculer en arrière, tombant la tête dans la boue fangeuse qu'était devenu le sol.

- Oups, j'ai glissé, déclara calmement un shaman qui avait besoin de se calmer les nerfs.

Il poussa Dante sur le sol, jusqu'à ce qu'ils arrivent à une hutte plutôt atypique : elle était recouverte d'ossements de dinosaures et la toile semblait dressée sur des piquets de même nature. Des os plus petits étaient percés et accrochés à la tente par des cordes ; Dante ne préféra pas penser à quoi ou, plutôt, à qui ces os avaient pu
appartenir. Durant un mince instant, la haine et la colère laissèrent place à la peur. Après tout, le Shaman devait certainement être un très puissant Nécromancien. Tant qu'il n'en savait pas plus, Dante devait se montrer prudent.


- Nous voilà devant ma hutte. L'ananas s'y trouve, ainsi que deux autres villageois dignes de confiance, enfin de ma confiance. Je veux que tu déclare à l'ananas qu'on t'a bien traité, sinon je te tuerais.
- Et si je lui dis la vérité?
- Nous le torturerons et nous le forcerons à signer le contrat. Puis, nous le tuerons. Et toi avec.

En temps normal, Dante aurait acquiescé et aurait fait tout ce qu'on lui avait dit de faire. Mais le temps était sombre et l'humeur du jeune homme bien plus. Il ne craignait pas la mort -du moins, dans ce monde-ci, vu qu'il avait l'assurance de survivre à l'extérieur de ses rêves- et n'avait pas envie de jouer les toutous avec un type qui s'amusait à lui démonter le dos à coups de pied. Battre un chien le rendait méchant. S'acharner sur Dante ne faisait pas de grande différence.

- Et bien, j'aurais l'occasion de voir ça quand je lui dirais toute la vérité, déclara Dante, aussi distinctement que s'il s'agissait de ses dernières paroles.

La réaction du Shaman ne se fit pas attendre. Attrapant Dante par le cou, il le projeta contre le sol avec une force peu commune. Puis, il se rapprocha si près que ses lèvres n'étaient plus qu'à quelques centimètres du visage de Dante.

- TU FERAS CE QUE JE TE DIS DE FAIRE +! vociféra-t-il, crachant presque.

Dante réfléchit, tentant de retrouver son calme, même si ce n'était pas facile. Il profita des quelques secondes de répit que lui laissait le molosse déchaîné -sans doute, attendait-il une quelconque réponse- pour esquisser un rapide plan. Après tout, n'avait-il pas une mission à faire ?

- Bon, de ce que je crois comprendre, vous avez vraiment besoin que je fasse semblant d'être bien traité. Parce que sinon, mon ami le fruit ne sera pas dans de bonnes dispositions, ne signera pas et vous serez dans la merde. Mais pourquoi ne le torturez-vous pas de suite, plutôt que de vous embêter avec moi?
- ...
- Ne me dites pas que vous n'y aviez pas pensé!?
- Et puis merde ! Bien sûr qu'on y a pensé, mais la noblesse fruitée est ce qu'elle est, il craquera pas. Très bien, je pense qu'on va devoir conclure un marché : si tu déclare à l'ananas que tu es bien traitée, je vous laisserais la vie sauve à tous les deux.
- J'ai une autre condition. Et, ne vous inquiétez pas, elle n'est pas très contraignante et pourrait même vous apporter quelques bénéfices commerciaux. Car, après tout, n'est-ce pas ce que vous voulez ? Insérer ce village dans la... ahem... « mondialisation » Dreamlandienne afin d'obtenir plus de pouvoirs quand vous serez assis à la place du calife, je veux dire, de votre « Vénérable ».
- Ce n'est pas faux, répondit calmement le Shaman, qui se caressait la barbe d'un air songeur. Quelle est cette condition ?
- Je voudrais que vous fassiez une cérémonie pour les morts. On appelle ça Halloween, par chez nous. C'est une fête plutôt commerciale, et elle a son importance à Dreamland. Je demanderais à l'ananas de signer le contrat après cette fête, que l'on fera ce soir. Cela vous va?
- S'il faut cela pour que le contrat soit signé, cela me va. Maintenant, entrons!

Se montrant beaucoup plus calme maintenant que la concrétisation de ses projets se faisait proche, le Shaman aida Dante à se relever et lui indiqua la porte de la hutte. L'ananas s'y trouvait, et Dante et lui se racontèrent mutuellement les événements qu'ils avaient vécus séparément. Ainsi, le jeune homme apprit qu'il avait été inconscient durant plus d'une heure. De son côté, il passa sous silence le passage à tabac continuel, se contentant d'annoncer qu'il avait prévu de réhabiliter la fête des morts ici -ce qui n'était pas faux- et qu'il fallait que l'ananas signe le contrat ensuite Pendant ce temps, le Shaman en profita pour s'éclipser, les laissant parler en paix -sous la bonne garde des deux villageois. L'ananas se révéla beaucoup moins condescendant durant ces échanges : peut-être que le fait de s'être mutuellement sauvé la vie les avaient rapprochés ? D'ailleurs..

- D'ailleurs, nous ne nous sommes toujours pas présentés... Je m'appelle Dante Di Stefano, et je suis Voyageur.
- Ma foi, je suis pour ma part Sir Roland de Coupeglacée, propriétaire d'un petit manoir sur un domaine plutôt glacée du Royaume des fruits, et businessfruit. Enchanté de vous connaître, cher Dante.

Habituellement, Dante n'appréciait pas ce genre de présentation, où les « Enchanté » étaient de mise, mais il se retint de faire la moindre remarque. Il fallait à tout prix que lui et l'ananas restent en bons termes et semblent être les meilleurs amis du monde ou sinon... Dante ne préférait pas y penser ; l'haleine âcre du Shaman lui restait en travers de la gorge. Ils parlèrent encore un peu, de tout et surtout de rien, puis sortirent de la hutte, allant prêter main forte aux villageois qui, sous la direction du Shaman, commençaient à préparer les festivités.

♦ Trois heures plus tard ♦

Non sans fierté, Dante contemplait le gigantesque squelette de dinosaure reconstitué, qui les regardait de son orbite vide à l'allure menaçante. Évider la titanesque créature n'avait pas été facile, même avec l'aide d'une dizaine de sauvages armés de leurs coutelas. Le jeune homme avait dû se servir de Noctis avec une adresse peu commune, et faire preuve de beaucoup de rhétorique pour convaincre son invocation de servir d'ustensile.

« Éviscérer une victime déjà morte, ça n'a rien de glorieux ! Je suis Nécromancien, pas charcutier ! » s'était exclamé le crâne, pas très coopératif.

Il avait ensuite fallu gratter les os, puis les laver soigneusement, avant de « monter » le squelette, le suspendant à une très grande poutre -dressée là pour l'occasion- par de multiples cordes, et frictionnant toutes les jointures entre les os avec une espèce de pâte moelleuse qui, selon le Vénérable, deviendrait aussi dur que la pierre en séchant. Bien sûr, de multiples autres squelettes avaient été montés de part et d'autres du village, certains de nature bien trop humaine au goût de Dante qui préférait ne pas savoir si leur chair avait servie à la même chose que celle du dinosaure qu'il avait évidé une heure plus tôt : à servir de nourriture pour tout le village.

Afin de pouvoir se repérer dans le noir, Dante conseilla à quelques villageois d'installer de la cire dans les orbites des différentes « décorations » afin de les allumer une fois que la nuit se serait couchée. Car, la nuit d'Halloween étant une nuit spéciale, beaucoup de Royaumes de Dreamland se retrouvaient plongés dans l'obscurité durant toute la journée. L'ensemble rendait bien et, puisque les cannibales ne semblaient pas avoir besoin de déguisements pour être effrayants, toute la préparation était achevée. Les yeux brillants dans le crépuscule du soir, tremblants lorsqu'une fine brise venait leur caresser la chair et faire s'entrechoquer les os des décorations, le jeune homme et ses compagnons attendirent que la nuit se couche complètement. Un cannibale passait dans les rangs, un tambourin de peau -dont Dante ne voulait pas connaître l'origine- à la main.


- Ça va être tout noir...
- Ta gueule !
- Ta gueule !
- Ça va être tout noir...
- Ta gueule !
- Ta gueule !
- Ça va être tout noir...
- Ta gueule !

Si Dante avait réagi par réflexe, ayant bien apprécié le film Rrrrr, cela ne semblait pas être le cas des autres pour qui, semblait-il, il s'agissait d'une scène tout à fait habituelle. On pouvait aisément deviner la progression de l'homme au tambour en suivant les multiples « Ta gueule ! » et si on comptait le nombre de secondes séparant deux « Ta gueule », en sachant que l'homme allait à une vitesse moyenne de 7 km/h, on pouvait en déduire quelle distance séparait les deux hommes.

« Quand une partie de votre rêve se transforme en problème de Maths, c'est qu'il est tant de se réveiller... » pensa le jeune Nécromancien.

Bien que les bougies ne dispensaient qu'une faible lumière, rougeoyant faiblement dans la nuit, l'obscurité ne menaçait pas d'engloutir le paysage environnant dans sa sombre panse. L'astre lunaire veillait sur Dreamland. Particulièrement grand et lumineux, il contrastait de plus belle avec le ciel noir et ténébreux dégagé d'étoiles, ce qui donnait à la toile céleste des faux airs de tableaux de Rembrandt. Le vent se fit timide, préférant rester dans son coin plutôt que de se frayer un chemin parmi les spectateurs qui, attentifs comme devant un film d'Alan Moore, observaient le ciel avec une attente pleine de confiance. Dante fit de même, espérant que Jacky -le commanditaire de cette mission si périlleuse- n'ait pas exagéré les choses.

Soudain, la lune se couvrit de multiples points noirs, de tailles variables. Certains étaient plus petits, d'autres étaient plus grand, certains étaient exagérément gros tandis que d'autres étaient plus des lignes que des points. Ces points parurent grossir, jusqu'à occulter totalement la lumière de la lune comme une... comme une immense masse d'insectes qui se seraient placés entre la lune et les spectateurs. La masse se rapprocha encore plus, et ils purent tous voir qu'il ne s'agissait pas d'insectes, ni même d'oiseaux, mais de multiples spectres, fantômes, revenants de toutes sortes, poupées vaudou ailés, feux follets, vampires transformés...

De part et d'autres, venant de la forêt, de multiples lumières et créatures plus denses approchèrent : il y avaient là des zombies, des cavaliers zombies sans têtes, des créatures à têtes de citrouilles, des vampires à la peau mat. Des créatures à sang froid (voir sans sang pour les plus puissants) que l'assistance contemplait avec une attention si dense qu'elle en était presque palpable. La population du village se retrouva bientôt décuplée, car d'autres « miracles » se produisirent : un certain squelette de dinosaure revint à la vie, une bande de joyeux squelettes entreprirent de jouer des claquettes, leurs yeux flamboyants comme si des bougies avaient été placés dans leurs orbites, et la hutte du Shaman poussa un formidable rugissement avant de partir en courant vers la forêt.

Au milieu de toute cette débauche d'abominations visuelles et olfactives -dont la flagrance n'avait rien à envier à de la viande avariée qu'on aurait mélangé à de la rouille et à un mélange de lait et d’œuf pourri.- un être se détachait. Il aurait pu avoir l'air tout à fait humain si n'y avait pas eu l'espèce d'appendice osseux qui remplaçait son bras droit, et la cape noire dont il était vêtu. Ces deux particularités physiques le distinguaient de nous autres, pauvres mortels. De plus, une aura d'effroi mêlé d'un charisme plutôt nimbait cet individu. En le regardant, on ressentait la même attirance morbide que suscite le vide à notre égard, lorsqu'on longe une corniche particulièrement élevée. L'on ressent cette peur de la mort si vive que l'on souhaite presque que cela s'arrête, on désire presque mettre fin à l'attente, « sauter dans le vide » pour ne plus subir ce sentiment de terreur. Car l'impression de choix que suscite cet abandon apporte réconfort et satisfaction durant les quelques secondes qui précèdent la mort.

Hésitant de la conduite à adopter devant tant de prestance, Dante ne se rendit même pas compte qu'il s'était levé et qu'il allait à sa rencontre, pas plus qu'il ne se rendit compte que Jack le squelette le talonnait. Lorsqu'il fut plus proche de la créature, il remarqua que ses yeux, d'un bleu étonnamment profond, surplombait un sourire sinistre, toutefois dénué de crocs. Ce n'était pas un vampire mais, au vu de l'aura qui affectait Dante, ça pouvait très bien être bien pire. Lui qui pensait avoir vaincu sa phobie, lui qui pensait avoir parcouru du chemin depuis son arrivée à Dreamland, se retrouva vite à genoux tandis que la main avide de la créature se posait sur son cuir chevelu. Le Nécromancien se sentait comme un condamné à être guillotiné, même s'il ressentait une indignation et une rage impuissante à se savoir prisonnier non pas de liens indéfectibles mais de son propre manque de confiance en lui, de sa propre terreur. L'air, qui semblait s'être glacé et densifié autour de lui, se réchauffa et il cessa peu à peu de trembler pour relever la tête, regardant en face la créature en face de lui, se perdant dans les immensités marines et inexplorées de son regard. Quelque chose dans l'expression de la créature alerta Dante, qui refréna peu à peu sa haine, à grand peine : la créature avait cessé de sourire, mais n'observait pas Dante avec indignation, ou même avec colère, mais avec une satisfaction étrange, comme s'il avait agi comme il le fallait, en parfait accord avec ses plans, quels qu'ils puissent être.


- Tu es Dante. (Il ne semblait s'agir que d'une simple constatation, dénué de la moindre tonalité sentimentale. La créature à aspect humain parlait d'une voix plutôt chaleureuse, pourtant, mais son visage était impassible.) Mon maître a entendu parler de toi et souhaiterait savoir si tu souhaites rejoindre ses rangs. Il se nomme Chironheim et se trouve être le Seigneur Cauchemar de la Mort. Il pourrait...
- Pourrait-il me permettre de retrouver mon père ?

Là était la seule question importante aux yeux du Nécromancien : ballotté d’événement en événement, il n'avait guère le temps de se poser afin de se recentrer sur son objectif primal, qui lui avait permis de s'ouvrir à Dreamland. Celui de retrouver son père. Ayant rencontré des Voyageurs qui se la jouaient, ou même des vrais connards, il avait eu tendance à les imiter, à prendre exemple sur eux. N'ayant plus de père, il se raccrochait à la moindre figure paternelle et n'hésitait pas à adopter le comportement et les convictions de ceux qu'il avait rencontré. Auprès de Sabake et de Fenraer, il avait découvert une espèce d'attitude pseudo-virile et solitaire, s'abritant derrière une factice confiance en soi. Auprès de Shad et de Megan, il s'était rendu compte que le côté obscur n'avait pas que des mauvais côtés, mais également que son amour propre récemment glané sur ses précédents compagnons du cimetière avait ses failles. Avec Kaijin, Bryan et Beckett, il avait découvert ce qu'était l'entraide et la solidarité, mais également que Dreamland était loin d'être un lieu dénué de la moindre atrocité. En effet, l'esclavage, selon Dante, était le pilier fondateur d'une civilisation vouée à disparaître. Car qui dit « esclaves » dit «  hommes brisées », qui dit « hommes brisées » dit « vengeance » et la vengeance fait mal. Comme il l'avait vu au travers de Macrophonopolis, un système marche jusqu'à ce qu'un homme ait la conviction de s'y opposer. Car une fois que l'idée a germé dans la tête d'un homme, elle se propagera aussi vite que le plus contagieux des virus et, s'il y a un quelconque vaccin, il ne s'agit certainement pas de balles puisque les idées en sont à l'épreuve. Outre cet événement traumatisant, Dante a également fait des rencontres plutôt dégradantes, comme celle de Jack ou du CoNard, qui l'ont forcés à se montrer moins humain, moins chaleureux, afin de se constituer une sorte de coquille morale lui permettant de subir les différentes brimades assenées par le monde des rêves, par ses tristes réalités malheureusement pas si éloignées du monde réel, sans trop chanceler. Ses mains furent vite tâchés de sang, ce qui n'arrangea pas les choses. Pour faire simple, à l'heure actuelle, avec cet épée de Damoclès personnifiée au-dessus de la tête, Dante commençait peu à peu à y voir plus clair.

- Il pourrait te permettre de grandes choses, t'accorder de grands pouvoirs. Tu ferais partie de la cours de l'un des Seigneurs les plus puissants de Dreamland et, peut-être, serais-tu capable de ne pas t'incliner face à ma puissance, déclara calmement la créature, sans manifester le moindre signe d'orgueil mal placé.

Il y avait quelque chose d'impersonnel dans sa façon de parler, comme si elle récitait un texte appris par cœur. La référence à sa puissance, qui aurait pu passer pour une vulgaire vantardise chez quelqu'un d'autre, sonnait simplement comme une vérité absolue et dérangeante. Un peu comme lorsqu'on vous annonce, étant petit, que vous allez mourir un jour. Bien sûr, tout le monde meurt un jour -sauf Chuck Norris à ce que certains prétendent- mais cela n'en fait pas pour autant une pensée dont on peut se réjouir. L'étincelle de satisfaction, qui avait disparu du regard de la créature, réapparut un instant plus tard.

- Pour ma part, je me nomme Shren. Je suis actuellement l'un des meilleurs éléments de Chironheim et j'ai été chargé de t'apporter ces informations. Par ailleurs, cette initiative de rétablir la fête d'Halloween ici est une bonne idée. Nous avions confié ce travail à un subalterne de moindre envergure... un certain.. Bref, une citrouille, mais il semble qu'il ait trouvé quelqu'un à qui le refiler, se lança-t-il comme s'il sortait du sentier battu de la conversation formelle pour tenter de mettre à l'aise son interlocuteur, en lui donnant des informations à se mettre sous la dent.

La tension s'était peu à peu dissipée et, même s'il avait toujours conscience d'être en présence d'une créature très balèze -un Seigneur de l'Effroi, comme il l'apprendrait bien plus tard, dans des lieux bien plus dangereux-, Dante parvint à esquisser un timide sourire.

- Donc, ça t'intéresserai de rejoindre Chironheim? Sachant que nous sommes en train de déplacer la Crypte de l'Oubli et ses traîtres emprisonnés dans la Vallée des Morts, ce serait la meilleure solution que tu puisse prendre.

Dante allait répondre favorablement quand une main squelettique se posa sur son épaule et l'écarta sans ménagement.

- Et donc, moi, dans cette affaire, que devins-je ?
- Tu appartiens au Nécromancien ici présent. Donc, jusqu'à ta salle, la Crypte de l'Oubli restera au cimetière, alors que toutes les entités supérieures serait conduite à la Vallée des Morts. Donc si, comme j'ai ouïe dire, tu essaie encore de tuer le Nécromancien qui t'invoque, tu ne seras plus protégé par le pacte qui vous lie et je mettrais personnellement fin à tes pérégrinations, fit Shren avec une froideur sans égale tandis que le pirate squelette se recroquevillai sur lui-même.

Voir Jack si mal en point gonfla Dante d'une joie féroce, et il sourit davantage.

- J'accepte. Je souhaite servir Chironheim et ainsi retrouver mon père.
- Bien. Mais avant cela, tu dois nous prouver ta valeur. Prends cette clé. Lorsque tu te sentiras prêt, prononce ces mots : « Aqua Ignis Ari Humus ». Si au même moment tu tiens cette clé en tes mains, tu te retrouveras dans la Vallée des Morts, à quelques centaines de mètres du nouvel emplacement de la Crypte de l'Oubli. Si tu parviens à survivre une nuit, jusqu'à ton réveil et en ramenant une invocation, alors tu te seras montré digne de Chironheim. Dans le cas contraire, recommence jusqu'à ta mort. Le feras-tu?
- Oui, je le ferais.
- Bien.

Ce fut le dernier mot qu'il prononça avant de disparaître dans un nuage opaque de fumée noire. Dante regarda autour de lui et vit que l'ananas était en train de signer un papier plutôt jauni et chiffonné. Le Shaman souriait, ravi de la tournure que prenait la situation. Quant à Jack, il tremblait de tous ses membres et s'était accroché à une hutte pour ne pas vaciller ; c'était plutôt cocasse quand on y repensait. Le jeune Nécromancien tenait toujours la clé entre ses mains, clé qu'il rangea dans sa poche. Il s'agissait d'une pierre, de l'obsidienne peut-être, petite et ronde. Elle ne pouvait en aucun cas servir d'arme même contondante et alourdissait Dante comme s'il portait un sac rempli de cailloux. Ce n'était vraiment pas un cadeau. Il voulut continuer la fête avec les indigènes mais soudain, il s'évapora.

♦♦♦

À plusieurs kilomètres de là, se trouvait Shren. Il semblait plongé dans ses pensées, mais était en réalité en pleine conversation avec le Seigneur des Morts lui-même, Chironheim de son nom. La posture qu'il adoptait n'était décemment pas celle à adopter lors d'une discussion avec un seigneur, mais cela n'empêchait pas le récent interlocuteur de Dante d'être allongé sur le sable de Calm Beach qui, pour une étrange raison, ne le dévorait pas.


- Non, Seigneur. Le jeune Dante ne souhaite pas nous rejoindre. Il a même prévu de retrouver la Crypte de l'Oubli, même si elle se trouve dans la Vallée des Morts. Je lui ai tout de même enlevé les sceaux placés par Leh et Umbra, au cas où il surpasserait Noctis en terme de félonie. Ah, et n'aviez-vous pas passé la clé de la Vallée à Sirius ? Je vous conseille de vous en méfier, surtout qu'il semble nourrir à votre égard des pensées nourries de son ambition. »

Frottant ses mains d'un air satisfait, Shren se replongea dans la contemplation du ciel. Bien entendu, il avait volé cette clé à Sirius, et venait de faire en sorte qu'il soit suspecté de traîtrise en aidant un Nécromancien vagabond. De plus, il avait menti au Seigneur au sujet de Dante, ce qui pourrait très bien retomber sur le jeune homme. Soupirant d'aise, l'un des Seigneurs de l'Effroi -ce qui n'a rien à voir avec les seigneurs cauchemars, il s'agit juste d'une classe spécifique de créatures des cauchemars au service de Chironheim- se délecta de sa prochaine montée en grade.

♦ Deux jours après ces événements ♦

Dante se trouvait toujours à la même place, assis derrière son bureau. Il était plutôt satisfait de lui-même puisque, la nuit précédente, il était reparti au Thy Bar où Jacky lui avait remis une coquette quantité d'EVs. Il repensait sans cesse au nommé Shren et à la Vallée des Morts. Quand trouverait-il le courage d'activer la clé et de se téléporter vers cet endroit inconnu au nom porteur de menaces ? Certainement pas cette nuit-là, puisqu'il comptait bien emprunter le Métro de Dreamland pour la première fois...

FIN
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Before Christmas [Quête solo]

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