D'abord, ses yeux avaient glissé sur le thread, n'osant admettre qu'il se dissimulerait devant tant d'artifices. Mais il revint sur le titre, et lut avec circonspection le message qui s'affichait sous ses yeux. Dans un premier temps, ce fut sa curiosité qui l'obligea à déchiffrer le charabia, bien plus que toute autre chose.
Mais il y avait trop d'indices. Le sens se faisant de plus en plus limpide, sa moue fatiguée se figea en un rictus, tandis que ses yeux cernés s'écarquillaient légèrement, rendus un peu plus brillants par l'afflux soudain d'une enzyme responsable par ailleurs de l'accélération de son pouls.
Cela lui était adressé.
L'émetteur ne s'en était pour ainsi dire guère dissimulé et assez d'indices y pourvoyaient. Ce n'est qu'après avoir acquis la certitude de l'identité de son émetteur que la pression se relâcha enfin. Seul devant son écran, dans la solitude de son T4, Nedru se laissa aller à rire faiblement, le corps traversé par d'irrépressibles frissons d'excitation.
Combien de temps il avait guetté ! Sur son téléphone, sur son ordinateur, en permanence, depuis des jours qui lui semblaient des mois ! Jour après jour, il s'était rongé les sangs, cherchant un nouvel angle d'approche en alternant entre les moments de dépression anxieux, des crises de colères incontrôlables ou ceux de cette joie furibonde et perverse qu'était la sienne.
Un détail, pourtant, colla légèrement son fin t-shirt contre le haut de sa colonne vertébrale. Le sens profond du message lui restait obscur et il n'avait absolument pas le droit à l'erreur dans sa réponse. Tout en suggestions le ton donné suivait leur précédente entrevue. Seulement, d'abord, il ne saisit pas l'allusion.
Et puis, enfin, après que la fatigue et la joie eurent laissé place à la frustration, puis à la colère, l'esprit du jeune homme retrouva ses facultés normales (c'est à dire; ses capacités exceptionnelles). Et l'évidence s'imposa. Il connaissait assez bien les poules pour se morigéner lui même devant sa lenteur d'esprit.
L'analyste se mit au travail sans perdre un instant.
