Après avoir eu ce que je voulais, je n’avais plus aucune raison de m’en prendre à rien ni personne, surtout pas au jeune homme que je maintenais durement plaqué au sol et ce, sans aucun doute contre sa volonté. Bien sûr il se mit à tousser, contrecoup de la brutale infiltration de l’air dans ses poumons, mais c’était toujours mieux que d’être à moitié agonisant, non ? Je me redressai et m’époussetai pendant qu’il reprenait ses esprits. Visiblement mes coups n’avaient pas été si violents que ça puisqu’il fut rapidement debout… Tant pis, je frapperai plus fort la prochaine fois, ne pus-je m’empêcher de penser.
Pour preuve de sa vigueur retrouvée, mon ex-adversaire passa par la fenêtre par laquelle nous étions entrés pour sortir. Il ne manqua pas de me gratifier d’une petite phrase très spirituelle. Comme si j’en avais quelque chose à foutre de ses états d’âme ? Je ne l’avais pas frappé après avoir eu ce que je voulais, et alors ? On n’allait pas en faire un plat, j’avais plus urgent à traiter. Comme par exemple me débarrasser d’une certaine dette.
Lorsqu’il disparut après avoir escaladé la façade, je me dirigeai à mon tour vers l’ouverture qui avait été pratiquée là. Allez savoir pourquoi… Comment ça c’était en grande partie ma faute ? Mais non, mais non c’était une hallucination ! Bref, je m’assis sur le rebord de la fenêtre, le visage tourné vers les toits. Je ne tenais en équilibre qu’à la force des abdominaux, ce qui pouvait relever de l’exploit tant j’étais penchée vers l’arrière. Je m’attendais à le voir encore sur la façade, mais il était déjà sur le toit...
- Eh débile ! L’interpelai-je. Pour ta culture, moi j’en ai rien à secouer de savoir si les voyageurs sont bien vus ou pas. Je compte bien aller où je veux et écraser les éventuels obstacles.
Sur ces paroles et un sourire, je me laissai tomber en arrière, retenant le montant intact de la fenêtre. Je ne le lâchai qu’au dernier moment, avant de me manger le mur en pleine face d’une façon somme toute fort peu sexy… C’aurait été franchement dommage, non ? J’atterris sur mes pieds à deux bons mètres de la façade après une parabole parfaite. Quoi ? Un peu d’autosatisfaction n’a jamais fait de mal à personne que je sache… Je partis donc en quête d’une autre personne à qui laisser quelques centaines d’EV à payer.
- Au fait, le rappelai-je en me retournant, je n’ai pas bien saisi, je ne peux refiler ça qu’à un voyageur ou tout le monde peut se retrouver avec une putain de dette anonyme ?