Clem restait abasourdi devant le niveau de « non gravité » que semblait éprouver l’assemblé. Enfin… l’assemblé de voyageurs, celle des créatures des rêves restaient choqués, mais prostrés comme il sied plus aux couards qui ne font que se plaindre (même si bon, une foule contre un voyageur à Dreamland et la foule restait sur le carreau si le voyageur n’était pas stupide ou jeune donc Clem les comprenait un peu). Seulement il n’aurait pas cru ce détachement de la part de Kala, même si l’agoraphobe savait les vertus apaisantes que pouvait avoir un gros bédo, il restait déçu de l’inaction de son ami. Il pensait qu’il y avait quand même dans l’esprit embrumé de l’aquaphobe un reste de justice teinté d’indignation devant la situation !
Mais non… ça fumait pépère en se prenant la main et en chantant « Kumbaya » pour fêter l’heureux événement d’avoir trouvé un ami à Weed land pété comme un citron (et ce genre d’ami valait ce que ça valait). Sauf que chez Clem ça ne marchait pas comme ça : on n’oubli pas deux meurtres sous prétexte qu’on a un joint en trop dans la narine. De plus, Clem était en colère ce soir, pas après ce qu’il avait vu, non… ça ça n’avait fait que réveiller un sentiment assez chiant qui le suivait depuis une bonne semaine. On a tous des moments « sans » et Clem en était en plein dedans et il avait un voyageur killer devant lui. Selon un certain point de vue, c’était parfait ; cette nuit il avait envie de crier fort, de frapper tout autant, de péter des coudes et des os. Même la plus innocente des brebis galeuses a forcément du vivre un jour de fureur comme celle-ci mais Clem avait eu la chance que l‘une des siennes arrive pile le bon jour.
Le voyageur killer s’assit sur les fesses (il était plus âgé et plus musclé par rapport à Clem qui tenait plus de l’asperge que du gorille mais tout restait à voir à Dreamland) et il était en train d’inviter tout le monde a prendre le calumet de la paix… j’ai déjà indiqué que ce n’était pas comme ça que Clem se calmait ? Il était le genre de personnage que l’alcool et les herbes illicites rendait grognon et énervé ; les toxines ambiantes que contenaient l’air ne faisait que renforcer son humeur de dogue. Après que le killer ait prononcé son invitation au voyageur noir (Clem avait eu droit à un coup de tête qui devait se vouloir gentil mais le prisme de sa colère avait rendu celui-ci condescendent), l’agoraphobe prit une grande inspiration, se mit en position de combat (celle avec les mains dans les poches, c’était sa préféré mais appeler ça une position de combat relevait de la pure charité de ma part) et il flanqua un grand coup de pied sur la tempe du killer, un coup qui était plus du genre à garder une vilaine douleur résiduelle mais mesquine, ledit coup pouvait être déséquilibrant peut-être mais pas assommant. Clem sentit une grande partie de son être se rafraîchir : ça faisait du bien de donner des coups (ceux en traître étant les meilleurs : l’agoraphobe ne ressentait absolument aucun problème moral a frapper quelqu’un par surprise). D’une voix faussement calme où teintait une note de mépris, il lança une fois son équilibre promptement rétabli :
« De la part d’un voyageur fumant cul sur l’herbe alors qu’il devrait être en train de parcourir Dreamland comme leurs beaux discours devraient les y obliger je trouve ça franchement hilarant. Il y a tellement de points sur lesquelles on pourraient discuter à propos de tes propos que ça me décourage d’avance ; là, j’ai juste envie de débarrasser ce monde d’un abruti de plus et la rouste reste la meilleure leçon face à la stupidité. j’attend mec, on va voir si tu tient un peu plus le coup face à un mec qui se défend plutôt que contre des shootés inoffensifs.