*Je n'ai plus le choix. Il faut que je passe à cette méthode complètement crevarde et risquée que j'ai imaginée toute à l'heure. Mieux, je vais même l'améliorer et la rendre beaucoup plus efficace. Et la première chose à faire, c'est de ne pas bouger la former de ma bulle. Elle est très bien comme ça finalement. En tout cas, moi je la trouve très classe et très pratique pour ce que je veux faire. Oui, plus vraiment possible de reculer maintenant. Mais il ne s'attendra jamais à ça. Comment pourrait-il s'y attendre, même moi je n'aurais jamais osé avant cela. Il faut un début ) tout dit le proverbe... Si c'en est un. Et bien ce sera un début très sympathique mon grand, tu vas voir, tu vas beaucoup t'amuser cette nuit, autant que moi chaque nui ! Ahahahah ! Oui en réalité, ça marchera, j'en suis absolument confiant à ce sujet là. Et pour la seule et unique raison que c'est tout à fait improbable. C'est une chose qu'un voyageur normal ne ferait pas. C'est même particulièrement suicidaire. Dans le cas où Ed aurait été accompagné, j'aurais lamentablement perdu aussitôt après. En plus, qui voudrait cela ? Et bien un type qui a mon pouvoir. Voilà, le problème c'est qu'il faut pour faire une circonstance très particulière, son pouvoir à lui. Ses portails. Et un con coincé dans un pouvoir comme le mien. Et ensuite, bah ensuite, il suffit d'être très imaginatif et de ne pas avoir froid aux yeux. Un bon piège donc, mais totalement invraisemblable et qui demande vraiment que nous deux, moi Jacob et lui Ed, et personne d'autre se battent l'un contre l'autre. En fait, en y réfléchissant bien, j'aurais du le faire depuis le début, ç'aurait été simple et efficace, sans équivoque. Et ç'aurait été encore plus surprenant et je n'aurais pas été à ce point amoché. Mais il fallait y penser... Et c'était complètement absurde, même pour moi... Et voilà le portail. Ed, tu es trop prévisible.*

Ed prépare son coup tandis que le portail entre dans la bulle, comme prévu. Jacob se tient prêt, la chose n'est pas si facile et il devra éviter le coup adverse, réagir aussitôt. Tout est une question de timing et de réaction, cependant, il est mentalement prêt à le faire et peut même évaluer comment le coup va tenter de l'atteindre. La visibilité réduite d'Ed concernant ce qu'il se passe dans la bulle est sans doute ce qui lui servira le mieux. *Ed mon cher Ed, tu oublies une donnée capitale concernant tes portails. Ils sont peut être invisible, mais tout passe au travers d'eux. À commencer par les sons, la température et le vent. Imagine-toi dans un monde aussi fermé que ma bulle le changement que l'arrivée de l'un de tes portails provoque dans cette cellule. Je sens le vent sur mon visage et franchement, ça fait du bien de respirer en fait. Je vais te remercier pour ça, mais ce n'est pas finit, bientôt, je vais aller beaucoup mieux. Et bien sûr, j'entends la tempête et j'entends ton panneau siffler dans l'air. Mec, tu viens de faire l'erreur de ta vie. Et tu vise ma tête. Tu me sers plus que tu ne peux le croire. Hélas, trois fois hélas, tu ne sais pas encore ce qu'il va t'arriver. Et c'est maintenant que tu vas découvrir ton malheur. Heureusement que pour le fun, j'ai pris un manteau ce soir. Pas suffisant, bien sûr, pas ce sera déjà ça. Je survivrai au froid le temps qu'il faudra. Et toi... Tu vas comprendre à présent.* Comme prévu, le panneau arrive dans la bulle et Jacob l'évite de peur, il sent même le métal frotter contre sa peau. Puis, il joue sur sa rapidité. Il attrape le panneau et le bloque immédiatement. Sans attendre un centième de seconde supplémentaire, il passe une main dans le portail et attrape bras de Ed, se sert de sa propre poussé et d'une geste plus brusque et en y mettant toute sa force et même en gémissant sous l'effort. Il tire alors Ed dans sa bulle et y met assez de volonté pour que celui-ci, porté en plus par son propre mouvement passe son propre portail. Le tout en moins d'une petite seconde. Ed est à présent totalement dans la bulle et Jacob le lâche et plonge dans le portail, s'affale dans la neige totalement gelée.

"Collée au corps !" hurle-t-il alors qu'une simple pensée aurait suffit. Et aussitôt la bulle obéit et se referme sur Ed, s'imposant à lui comme une seconde peau... *Une peau dont il n'a pas le contrôle cependant. Une prison invisible. Une peau que tu ne peux contrôler, une peau que JE contrôle. Une peau qui ne bougera pas sans mon ordre. Oui, tu as très bien compris, tu es maintenant complètement immobilisé, par ma seule volonté. Tu es tombé dans mon piège, et comment n'aurais-tu pas pu ! Je me suis servi de ta propre attaque pour faire ça. C'était risqué bien sûr, et ça l'est toujours, je suis piégé dans la tempête à présent. Mais toi, tu es complètement piégé, complètement...* "Aahahah ! Je t'ai eu ! J'ai gagné ! Je suis le meilleur ! Avoue-le je suis trop fort ! Jamais tu n'aurais pensé à ça !" Et l'intouchable, qui ne l'est à présent plus du tout continue d'éclater de rire pendant une bonne minute avant de revenir à la réalité. Il tremble et grelotte, ce qui l'oblige à refermer son manteau et à le serrer. Il gagne un peu de chaleur ainsi et juge la chose suffisante. Mais la tempête l'entoure toujours et le menace plus que jamais. *Putain, j'avais presque oublié le plaisir de ressentir le froid ! Je respire ! Je respire ! Je bois même les flocons qui viennent dans ma bouche ! Putain je ressens !!!! C'est énorme ! J'adore ça ! J'aime ce fichu pays et même toi Ed je t'aime ! Sans toi, ça n'aurait pas été possible d'échanger nos places ! Ahah ! Je suis trop heureux ! Youhou ! J'adore ça ! En plus, c'te connerie de froid atténue la douleur de ma cheville. Je suis trop bon ! C'est trop bieeeeeeen ! Lalalala ! Je suis dehors ! Enfin ! Enfin ! J'adore ça ! Et la bulle ne m'a pas suivi ! Pourquoi l'aurait-elle fait, puisqu'elle emprisonne toujours un corps en elle ? Ahaha ! Trop fort ! Je suis trop fort ! Avoue Ed, avoue que c'était brillant. Pas une technique pour tous les jours, mais brillant ! Génialissime même ! Regarde où je suis ! Liiiiiiibre ! Et toi ! Tu es mon prisonnier, totalement à ma merci. Tu ne peux plus bouger ! Il faudrait que je te libère pour ça, que je change la forme de ta bulle - ahah, TA bulle - mais pourquoi faire ? Pour que tu viennes crever de froid avec moi ? Non ! Jamais ! Tu es bien au chaud à présent hein ? Tu ne gèle plus - putain, c'est vrai que c'est la merde niveau froid... Mais on s'en fout, je suis libre ! Pour la première fois à Dreamland, je suis libre ! Totalement libre ! Je fais enfin pouvoir profiter de ce monde pour une nuit et toi... Toi ? Qu'est-ce que je vias bien faire de toi. Je peux te la foutre en toute impunité ta rossée maintenant. Il te reste deux ou trois portails. Ils te seront bien inutiles à présent ! Ahaha ! Tu ne peux pas en créer ou en déplacer un pour sortir à présent, tu n'as plus la place pour le faire. Tu es piégé ! PI-É-GÉ ! Ahah ! Je suis trop fort. Je vais pouvoir t'en foutre plein la gueule et toi... Eh bien, tu ne pourras pas répliquer. Génial, non ? Moi je trouve ça brillant. Et toi ?... Non, je ne vais pas frapper. Je l'ai déjà assez fait et je perdrais du temps ainsi. En plus tu serais fichu d'utiliser tes derniers portails pour te défendre. Inutile. Tu es déjà vaincu, tu es déjà à ma merci. Pourquoi chercher à vouloir plus ? J'ai gagné c'es tout. Et toi... Toi qui n'arrête pas de me dire mille chose sur ma bulle, comme quoi, c'est pas cool que je sois déprimé d'y être tous les soirs. Et bien toi mon ami, tu va tester l'expérience d'y rester pendant toute une nuit et on verra ce que tu préfères ! Ahah ! Allez, Ed, à la nuit prochaine ! Moi, je vais aller me réfugier bien au chaud ! À ciao bonsoir !*

Mon panneau traversa le portail, mais Jacob réussit à l'éviter. Chiure de merde, t'en ratais pas une pour me les briser ! Pire que ça ! Il réussit à me bloquer mon panneau de signalisation en la coinçant contre la bulle. Et un instant, il sauta à travers mon portail pour m'attraper les bras. Je lui foutus un coup de boule pour lui présenter ma façon de penser, vu qu'il avait l'air aimer se prendre des châtaignes. Mais dans une situation aussi cocasse que stupide, dans une situation aussi stupide qu'illogique, il me fit passer à travers la bulle, et passa à travers mes portes.

*Oulà ! Oulà Guy ! Répétons ce qu'il venait de se passer avec un détachement provisoire qui me permettrait de lui coller une pâtée monumentale. Déjà, on avait échangé de place dans la bulle. Non, le vrai problème était ailleurs : la bulle ne le suivait pas. Et ça, c'était totalement inédit ! Mais bordel de merde de foutre ! Il aurait pu me le dire qu'on pouvait échanger nos places ! Il en serait pas venu à se morfondre dans son coin. Non mais attendez ! Il a la solution au problème, et il vient se plaindre ! Mais il avait un problème mental, ou quoi ? Est-ce que ce petit con pouvait depuis le début de son arrivée sur Dreamland changer de place avec quelqu'un ? Non, c'était totalement stupide ! Pourquoi il se lamentait sur son sort, alors ? Il était débile ou quoi ? Est-ce qu'il ne me venait pas me faire chier, me tabasser la gueule à cause de sa « Dépression attitude », alors qu'il pouvait depuis le départ échanger sa souffrance avec un tiers ? Mais quel demeuré ! Comment on pouvait être aussi con ? Et dire que lui, il me traitait d'imbécile. Je me sentais intelligent maintenant. Intelligent, mais salement en rogne devant une rage qui n'avait pas lieu d'être. Mais s'il le voulait, je pouvais y aller quand il le voulait dans sa putain de bulle de mes deux ! Et les méchants qu'on tabassait par centaines ! Il fallait juste les emprisonner pour le libérer, et la question était réglée ! Je ne savais pas si Jacob était un être particulièrement stupide, ou s'il avait fait tout ce cinéma juste pour me punir. Non, mais ! Maintenant, c'était à moi de lui foutre la branlée de sa vie. Maintenant, le temps pouvait revenir à son cours normal, je pouvais comprendre que Jacob allait demander à la bulle de m'immobiliser en me serrant comme un sarcophage. Je réussis à jeter mon panneau de signalisation en-dehors du portail, et annulai ces derniers. Puis, je les réutilisais grâce à des réflexes insoupçonnés :*

Premier portail : Tourné en-dehors de la bulle, dans mon dos.
Second portail : Exactement superposé à l'autre. Ma technique miroir, en somme.
Effet provoqué : La bulle qui voulait se refermer sur moi fut arrêtée par elle-même. Je ne savais pas jusqu'à quel point elle était inexorable, mais son « inexorabilité » se neutralisait mutuellement. Connasse de bulle de merde.

*Et regardez-le jubiler, ce salopard ! Le mieux, c'était qu'il ne pouvait pas voir sa propre bulle. Pour ne pas lui gâcher son bonheur, je restai immobile et pris un air piteux. Voilà Ed, amadoue le gentil Jacob. Pauvre demeuré, je vais te kicker l'arrière-train comme jamais on aurait osé imaginer kicker un type qu'on appelait l'Intouchable. Je ne pourrais pas faire grand chose, il valait mieux attendre un peu. Allez, jubile plus loin, tu vas me gâcher le plaisir final. J'ai un combat à terminer, et il valait mieux pour toi que ça se passe rapidement. Mais bouge ton gros cul ! Voilà, regarde-moi. Fais-la moue, Ed, fais la moue. Je t'ai assez amadoué ? Tu peux dégager maintenant ? J'ai un superbe cadeau à t'offrir, qui s'appelle « Retournement de Situation in Your Ass ». Ça va chier. Et enfin, mon compagnon se décida à partir. Oh, joie ! Maintenant, il me fallait calculer mon timing. Bon, tout doux, Ed. Franchement, Jacob avait été heureux, mais peut-être pas seulement parce qu'il m'avait capturé. Juste le monde de Dreamland qui lui ouvrait enfin ses bras. Je fus heureux de savoir qu'il était capable d'aimer ce monde. On passerait un accord. Je le ferais sortir de sa bulle pour qu'il prenne l'air quelques temps. Si on restait au Royaume des Deux Déesses, on pourrait toujours ordonner à Clane de rentrer dans la protection pour que Jacob se la coule douce quelques temps. Brave Jacob. Tu avais gagné quelque chose cette nuit. Mais ce que tu avais gagné, ce n'était pas forcément le combat. Bon, j'en étais où ? Ah oui, calculer mon fucking timing. La bulle... elle se refermait à une vitesse que je pouvais estimer à peu près à... Moins d'une seconde, dans ces environs. Est-ce que ça serait suffisant pour niquer Jacob ? Totalement jusqu'à la moelle. Il fallait juste que je ne le perde pas de vue. Je pouvais le voir descendre dans la pente, comprenant à nouveau ce que voulait dire froid. Ça caille, dans le monde, hein Jacob ? T'inquiète pas pour ça, j'allais te réchauffer. Ou te refroidir. Ahah, super blague. La troisième de la soirée en fait. Pauvre idiot de mes couilles ! J'allais te montrer pourquoi on était des Private Jokes, pourquoi j'étais considéré comme un connard ingérable, presque à ton niveau. Enfermé dans la bulle ? Je ne pouvais pas y sortir ? Alors ça, c'était funky. Attention, Mesdames et Messieurs, c'est important, ça va commencer. Installez-vous dans votre fauteuil bien gentiment. Mon attaque allait se dérouler comme un éclair. Allez Ed, on respire à fond. Voilà, doucement. On a le loup en visuel ? Parfait. Jacob, je vais te défoncer la gueule puissance dix. Je risque de subir aussi des coups et... attendez... ah non ! J'étais dans une bulle de merde ! Je ne recevais pas la douleur. Dommage Jacob ! Dommage pour toi. On ne fait pas chier l'invincible, le redoutable, l'arpenteur de vos rêves et de vos cauchemars, le monstre sacré de tous les vilains de Dreamland, Ed Free. Voici ce qui se déroula en moins d'une seconde, le temps que la bulle vienne me recouvrir se sa seconde peau indestructible.*

Premier Portail : Sous mes pieds, collé contre le sol.
Second Portail : Juste au-dessus de la tête du gentil Jacob qui sautillait avec insouciance dans la poudreuse.
Effet provoqué : Petit un, la bulle regagnait ses droits et partit à l'assaut de la tâche de me recouvrir. Petit deux, je tombai sur Jacob grâce à la gravité. Imaginez bien la scène : vous voyez un jeune adulte avec le sourire aux oreilles qui descendaient de la montagne presque à cheval. Puis apparut derrière lui en l'air un monstre, les cheveux blonds, les mains tendus au-dessus de sa tête pour dévorer le jeune et gentil adulte. C'était à ça qu'on devait ressembler. Sauf qu'on sentait que je criais quelque chose en même temps. Et si personne ne pouvait m'entendre, on comprenait directement ce que je voulais dire :

« FUUUUUUCKEEEEEEEEEEEER !!! »

Et avant même que la bulle ne parvienne à m'immobiliser totalement, j'avais attrapé Jacob de mes deux bras au niveau se son poitrail. La force des choses fit qu'on se retrouva face à face pendant sa chute sur la neige.

*Et voilà la dernière scène de notre épique combat, de notre duel homérique dans la tempête la plus dévastatrice de l'histoire du cinéma, de notre chevauchée l'un contre l'autre rempli d'idéaux, dans ce fracas terrible qui secouerait Dreamland de bout en bout, de cette bataille remplie d'avalanches, de suspense, de tactiques insondables : Jacob et moi qui roulions dans la neige. Comme deux abrutis. La pente neigeuse faisait quoi ? Un bon kilomètre avant son terme. Et elle était assez pentue pour qu'on ne s'arrêta pas à mi-chemin. Non, on roulait dans la neige, moi accroché à lui par la puissance de la bulle. On tombait comme cela : l'un prenant le dessus sur l'autre constamment, on s'écrasait sur la neige avant de mieux redémarrer, une descente saccadée. Sauf que moi, j'étais dans une putain de bulle qui m'empêchait d'avoir mal et de ressentir le froid, tandis que Jacob devrait brûler son dos pour pouvoir en extraire totalement la neige qui s'y infiltrait. Essaie de me laisser une marge de manœuvre en contrôlant ta bulle, et j'utilisais direct mon dernier portail. Je ne savais pas si Jacob voulait le faire, ou s'il s'était évanoui en se frappant contre une pierre. En tout cas, ce final était totalement stupide, mais il fallait bien que je ne me laissa pas vaincre par cette enflure. J'allais le faire regretter d'être sorti de sa bulle. Pauvre petit con de mes deux ! Et on continue l'infernale descente dans la neige. Oulà, ça s'accélère encore ! Tu vas pas résister Jacob ! Je pense surtout que ça va se terminer comme ça : tu vas être incapable de bouger à cause de tes blessures, ou bien tu seras totalement dans les vapes, tandis que moi, je serai conscient, mais je ne pourrais plus bouger. On se cramponne Jacob, ça doit être une noire !*

__

Tout ça pour dire qu'au final, les deux abrutis terminèrent leur course en se décalant légèrement de la pente, et en faisant une chute de plus dix mètres. Ils atterrirent finalement (Ed atterrit finalement) sur le toit d'une maison qu'ils traversèrent pour s'écraser sur les lattes en bois du parquet. La fille qui vivait à l'intérieur sursauta sur son fauteuil, et alla voir quelle était la météorite qui venait de traverser sa maison. Isabelle, puisque c'était son nom, fut surprise de voir deux hommes qui devaient sortir d'un pugilat infâme contre un monstre de plus de vingt mètres de haut. Elle les traîna devant son feu de cheminée, qui la remercia de lui apporter des gens à réchauffer. En rajoutant qu'en haut, il faisait vachement froid.