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Amère condition (Pv : Lithium Elfensen)

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MessageSujet: Amère condition (Pv : Lithium Elfensen) Amère condition (Pv : Lithium Elfensen) EmptyDim 24 Mai 2015 - 19:57
Je tombais. Sans pouvoir me rattraper, ni m'envoler, me freiner. Horriblement déstabilisant. puis ...

Le noir. Absolu et total, qui s'infiltrait par mes pores et m'étouffait. Liquide et insidieux, sournois. Je le connaissais, je la connaissais. Mais ... pourquoi à nouveau ? Je m'enfonçais dans une limbe impalpable, qui me traversait et m'entourait tout à la fois. Flottant dans l'étendue de l'intérieur d'un solide, décalqué dans la pâte que le constituait. Complètement privé des mes sens. Comment pouvais-je savoir alors ? Je m'arrêtais d'un coup, tout se brisant, comme une vitre que l'on aurait déchiré. Mes pieds touchèrent un sol mou et souple. Pourtant je ne me sentais pas debout, ni assis. Mes orteils bougèrent dans ma cécité, je le savais, mais pas moyen de les contrôler. Extérieur à moi-même. Voilà ce qui me percuta, avec la force d'une révélation silencieuse. Les circonvolutions brouillonnes de ce qui m'assaillait prirent la teinte d'une hallucination désincarnée. Je voulais bouger, mais rien ne répondait, mes pensées se faisaient contradictoires, prises à rebrousse poil par des élans impérieux et quelque chose de fort, droit et froid, plein de l'assurance compacte et métallique de ce qui ma répugnait. Je ne voyais rien, sentais tout comme à travers des filtres abscons et changeants, tamisant ma perception et inhibant mes gestes.

Étais-ce bien mes gestes, d'ailleurs ? Cette vague et éminemment dérangeante impression de ne pas être maître de moi-même, n'étais-ce pas ce qu'elle suggérait à mon esprit ? Je n'étais plus moi. C'était confus, horriblement confus, emmêlé et agressif. J'avançais sur la surface tiède et bizarrement malléable sous mes plantes, mes mains jouant un ballet à hauteur de mon sternum, les doigts se croisant et se décroisant au rythme de je ne sais quoi. Noix séchée dans sa coquille, j'assistais par bribes à mes déplacements, complètement perdu. Des pics se faisaient sentir , violents, brutaux, hurlant subitement dans les recoins de ma sensibilité, avant de se retirer en laissant béante la blessure de leur retour sec et haché. J'étais meurtri, d'une profondeur qui me fis suffoquer, alors que mes poumons continuaient leur cycle régulier. Je m'étouffais en moi, prisonnier d'un non-être qui me prenait par chaque fibre. Je connaissais cela, l'avais déjà vécu. Reprenant contrôle sur mes pensées, à défaut de retrouver mon corps mien, je cessais de m'affoler dans le présent pour récupérer les germes du passé.

Toutes mes nuits à batailler contre elle, moi-même, refirent surface. Qu'elles aient été marquantes le les rendaient pas pour autant omniprésente pour moi, bien au contraire. Elles étaient derrière, enterrées. Vives, peut-être, sans doute. Ce n'était après tout pas autre chose qui m'était à présent inhérent dans mes rêves, cette aura, cette présence qui se superposait à moi; elle n'était que ce que j'avais combattu, ma peur et ma faiblesse, ma plus grande force. Syndrome de Stockholm tordu, je l'aimais comme je m'aimais; terriblement et avec une haine ou un dédain féroce. Etre tel que j'étais ne m'intéressait pas, je voulais plus, et vouloir ce "plus" me dévalorisait à mes yeux, me rendait faible, partiel et partial à jamais. Son ombre m'avais pénétré, profondément et durablement, n'étant qu'une partie de moi au départ, que j'avais rejeté. Qu'elle m'aveugle de ma rage me semblait, avec le recul, logique. Qu'elle m'ait fait sentir avec violence ma condition que je fuyais, aussi. Un retour en arrière, qui, au final, se superposais au présent de saisissante manière.

J'étais tel que j'étais, avec pour différence notable ce souvenir. Je ne l'avais pas rêvé; enfin, si, justement ! La saveur de cette victoire était encore dans ma bouche, qui pourtant était sourde à ces stimulations, fermée à moi comme au reste du monde. Cet état de fait me mis subitement dans une colère qui n'avait que trop tardé. Elle embrasa mon être restreint, sans pour autant changer quoi que ce soit. Rien du tout. Mon corps onirique était étanche à mes propres émotions. Imperturbable, il continuait sa marche de somnambule perdu dans le noir, sur cette surface qui se pliait sous les pieds. Mes pieds ! C'était moi, pas autre chose, et bordel, j'en avais plus qu'assez d'assister à cela. Comme un viol de moi-même, par moi-même. C'était insupportable. Où étais-je ? Dans je ne sais quelle illusion, dans un Royaume bien particulier ? Je m'en fous, en fait, je m'en contrebalance, je veux juste que ça s'arrête. Maintenant. Maintenant !
MAINTENANT ! MAINTENANT ! MAINTENANT ! MAINTENANT ! MAINTENANT ! MAINTENANT ! MAINTENANT ! MAINTENANT ! MAINTENANT ! MAINTENANT !

"M..." MAINTENANT ! "Maint... e..." MAINTENANT ! "Maintenant ... Maintenant ..."

Fou de rage, je devins complètement fixe, martelant avec une obstination et un acharnement cet ordre. Il fissura la coque qui m'emprisonnait, faisant vibrer mon corps à chaque coup du marteau de ma volonté. Je sentis avec engourdissement la présence de mes membres, pleins de fourmillements. Mes lèvres s'agitèrent, imperceptiblement d'abord, puis de plus en plus, jusqu'à esquisser un mot, le reprendre, le murmurer enfin. Le processus m'avait fait m'effondrer subitement, alors que je m'agitais mollement, reprenant mes droits. Je sentais confusément un crépitement aux accents surexcités autour de moi, alors que mon aura jaillissait. Je ne savais quoi penser. Je m'asseyais gauchement, me palpant lentement, cherchant un peu mes pensées dans mon esprit. Il faisait toujours aussi sombre, et toujours cette surface sous moi, tiède, souple, douce et lisse. J'étais toujours perdu, mais un peu moins.

Une pression sur mon torse, mes jambes, me fis presque sursauter. Légère, mais néanmoins bien présente. Je tendis la main, les doigts écartés. Elle rencontra une étrange résistance, comme dans un liquide épais. Je sentis les crépitements s'intensifier, se concentrer sur ma main. Un doux murmure me parvint. Rien d'articulé, mais d'une intelligibilité forte pour moi. Je ne l'entendais pas avec mes oreilles, mais avec mon âme, ce qui me reliait à elle. Elle, lovée contre moi, plus présente, distante et en quête de ma personne que jamais. Elle, qui m'avait renvoyé dans les limbes de mon impuissance passée. Je le devinais, la percevais, forme nébuleuse et fluide, aux courbes élancées, changeantes. La plus belle des amantes. Sans plus réfléchir, je refermais mes bras sur elle, la buvait à pleine bouche en plongeant avidement mes lèvres. Elle se fondit dans mon étreinte, alors que je me fondais dans la sienne, à nouveau.

Une question vint toquer à la porte de ma raison : qu'est-ce qui venait de se passer ? Comme pour semer plus le trouble, l'éclat cru et aveuglant d'une lumière blanche m'envahit soudain les rétines. Je fermais les yeux convulsivement, des larmes perlant déjà. A tâtons, je me relevais, lentement mais sans hésitation, mon équilibre double et assisté retrouvé. M'habituant à la luminosité nouvelle, je déplissais les yeux en détaillant les lieux. Un grand couloir, au plafond assez haut, parsemé de spots arrondis distribuant une clarté d'un blanc immaculé sur les murs et le sol. Ceux-ci étaient étrange, fait d'une matière lisse, couleur crème, qui s'enfonçait doucement sous la pression. Capitonnés. Seul une forme vague tranchait la régularité de ce qui s'ouvrait devant moi. Quelque chose ... quelqu'un ? Recroquevillé dans un coin, cela y ressemblait. J'eus pour réflexe de faire un pas dans sa direction, mais arrêtais mon geste avant même de l'avoir concrétisé. Je ne savais pas à quoi m'attendre, loin de là. Que faire ?
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MessageSujet: Re: Amère condition (Pv : Lithium Elfensen) Amère condition (Pv : Lithium Elfensen) EmptyLun 25 Mai 2015 - 19:15


Dans une salle empestant la sueur et respirant la testostérone à plein nez, quelques femmes pourtant se battaient avec férocité. Dans un coin des tapis, un duo brillait en particulier par la violence de leur échange. La première était brune, les cheveux courts ruisselants et en nage. La seconde était blonde, une tresse qui disait simplement "fuck you world" et tout aussi glissante. En dehors de l'état humide dans lequel elles se trouvaient mutuellement, leur second point commun était leur visage tuméfié. Lorsque la brunette balança son poing en avant, la jeune femme à la natte l'esquiva et riposta. Son coup fit mouche. Puis avec une rage assez indescriptible, elle attrapa la tête de son adversaire, la baissa et lui asséna plusieurs coups de genoux dans les côtes. Elle aurait pu lui mettre dans le visage, mais elles n'étaient qu'en entraînement. Puis pour achever le duel qui durait depuis un moment, elle attrapa la brune par les manches de son débardeur et la jeta sur le côté, avant de poser son genou dans le creux de son dos, et de placer son bras sous sa gorge en position d'étranglement. Après quelques secondes dans cette position, elle lâcha sa prise et aida sa camarade à se lever. Chacune ria de bon cœur.

"Bah dis donc, t'as mangé du lion ce soir ??"

"Haha, parles pour toi, tu m'as pas loupé non plus !"

"Tu sais, on devrait se voir en dehors des cours, sans se taper sur la gueule hein !
Boire un verre, sortir.. Un truc quoi !"


"Mh, oui pourquoi pas.
ça me ferait du bien de sortir, ça fait longtemps que j'ai pas vu la lumière du jour."


Cathrina était une personne assez longiligne, mince, le corps puissant et sec.
Un visage un peu carré, une coupe courte à la garçonne et un grain de beauté sous l'œil pour une pointe de féminité. C'était une femme marrante et franche, avec qui elle pouvait se foutre sur la gueule sans prendre le risque de se disputer avec. Etrangement, ça détendait. Alors si elle proposait qu'elles sortent ensemble pour faire plus ample connaissance, elle n'allait pas dire non. Depuis que sa meilleure amie avait déménagé en Italie pour la durée de ses études, elle la voyait peu et s'ennuyait légèrement. Daniel passait ses examens, donc peu disponible, puis ensuite.. Bah c'était tout. Elle ne croulait pas sous les potes en fait, que des connaissances avec qui passer une soirée dehors, ou une partie en ligne. Une bande aussi avec qui elle se faisait des soirées jeux de temps en temps, mais rien de bien transcendant. Alors elle ne cracherait sûrement pas sur l'occasion de copiner avec quelqu'un d'autre !
Elles s'échangèrent leurs numéros et se quittèrent ainsi, s'assurant de se faire une petite sortie un de ses quatre. Lithium rentra donc chez elle sans encombre, se demandant au passage sur la route quel était le pourcentage de chance que Cathrina s'avère être également une voyageuse. Le résultat devait être infime. Elle ne se souvenait pas l'avoir croisé à la soirée Spéciale Voyageurs. Bon, en même temps, elle ne la connaissait pas à cette époque, mais même en réfléchissant, jamais elle n'avait aperçu son visage auparavant. La demoiselle restait pourtant optimiste. Elle avait retrouvé Daniel par hasard alors qu'il était otage, et c'était au cours d'une séance chez son psy qu'elle avait découvert que ce dernier était également Voyageur. Comme quoi, le monde se trouvait être relativement petit. Qu'est-ce que lui disait que son vieux voisin acariâtre ne l'était pas aussi, hein ? N'importe qui pouvait l'être.

Après l'habituel passage des léchouilles du chien, elle partit pour la douche.
La jeune femme envoya absolument tout valser, sac de sport, vêtements avant de passer sous l'eau. Après un instant détente bien mérité, elle passa une soirée relativement routinière. Film, jeux, miam, puis dodo. Une journée bien calme par rapport à ses soirées sur Dreamland hein... Si elle avait su qu'elle arriverait dans le Royaume dans lequel elle s'endormit, jamais elle n'aurait voulu fermer l'œil. Jamais.


-----------


Etrangement, lorsqu'elle ouvrit les yeux, elle ne vit rien de particulièrement effrayant. Au contraire, elle dû cligner plusieurs fois des paupières pour vérifier la véracité des images que ses yeux lui renvoyaient. Voilà qu'elle se trouvait assise à une immense table rectangulaire, revêtue d'une nappe rosâtre. La surface était recouverte de tasses de thé, de théière et autres friandises. Mais la nature de ces-dites "friandises" étaient pour le moins étrange. Un immense gâteau se composait exclusivement d'albums de Tintin (avec plus de pages que la réalité) avec comme cerise Milou et Idéfix. Les tasses de thé se trouvaient être des casques romains et la théière ressemblait étrangement à Caroline, la pauvre tortue de Bill. Une créature se trouvait au centre de la table, une mouette dans la bouche. C'était le Fourreux (Quête de l'Oiseau du Temps) considéré comme un vulgaire plat de résistance, et l'oiseau de Gaston comme un encas. Lithium éprouva une certaine tristesse d'assister à pareille spectacle. Mais que n'avait-elle pas encore vu la scène qui allait se dérouler bientôt. Autour d'elle se trouvait Tournesol, Obélix, les Dupont et... Tintin. Ah bah, de vieux amis dis donc. Et pourtant, elle était certaine d'avoir littéralement écrasé le reporter à l'aide d'un menhir lors de sa victoire sur sa phobie. Comme quoi, Dreamland était pleine de surprises et pas forcément des bonnes. Quant au paysage en particulier, elle se trouvait simplement dans une grande forêt aux arbres couleurs pastel. Du Alice mais pas tout à fait. Un immense parterre de marguerites entourait la table comme pour les séparer du reste du monde.s

Quelle était l'utilité de tout ceci ?
N'avait-elle pas déjà vaincu sa peur irrationnelle des bandes-dessinées ?
Bien sûr que si, alors que se passait-il ici ? Où était-elle ? Si tout cela était pour l'effrayer, bah excusez-moi, mais ça ne marchait absolument pas. Cela en devenait ridicule.


"Une tasse de thé, très chère ?"
"Sans façon, merci. D'ailleurs, je vais m'en aller hein.."
"Oh non, ne partez pas !"
"Je dirais même plus, ne partez pas !"
"Vous prendrez bien un morceau de ce gros gâteau ?"
"Il a l'air délicieux mais.."
"PERSONNE N'EST GROS ICI ?!!"
"..Mais où est donc passé ma petite tasse ?"
"Quelle magnifique journée n'est-il pas ?"
"Je dirais même plus, quelle magnifique journée !"
"Vous m'excuserez mais j'ai à faire, salut !", fit la jeune femme en se levant précipitamment.

Alors qu'elle tentait tant bien que mal de s'extirper de cette folle réunion, une poigne incroyablement puissante se referma sur son poignet et la ramena en arrière. La jeune femme se retourna pour tenter de se débattre, mais fit face à, devinez qui ? Bah oui, Tintin. Ce dernier la regardait avec un grand sourire qui en devenait presque malsain. Lithium eut un léger frisson mais ne se débina point. Elle l'avait déjà vaincu une fois, alors pourquoi pas une autre ?

"Salut, moi c'est Tintin !"

"Non sans déconner, j'avais pas remarqué ! ..Abruti.
Bon, maintenant, lâches-moi si tu ne veux pas que je te désintègre comme la dernière fois. Tu t'en souviens hein ?"
, lança-t-elle d'une vois emplie de sarcasmes.

"Oh oui, bien sûr !
Comment oublier la fois où tu m'as.. TUE ?!!"


A cet instant précis, Lithium se mit à hurler de terreur.
Le visage du personnage venait de se déformer, devenant ainsi à moitié écrasé, dégoulinant de sang et laissant apercevoir une partie du squelette. Les autres protagonistes se mirent à perdre leur chair, n'était plus que l'ombre d'eux-mêmes. Tout devenait un parfait film d'horreur, tout ces cadavres pourris la dévisageant en continu. La prise se serra d'autant plus fort et les coups que put lui asséner la demoiselle ne la libérèrent point. Au contraire, tout craquait mais se remettait ensuite en place comme si de rien n'était. Son cœur battait à tout rompre et sur son visage, on ne pouvait que y lire un profond effroi. La nuit de son passage en Voyageuse ne s'était absolument pas déroulé de cette manière, et la venue de nouveaux personnages de bande dessinée en zombies n'arrangeait pas le tableau. Elle ne comprenait absolument pas ce qu'il se passait, quel Royaume était capable de créer de telles horreurs ?
Inconsciemment, elle se mit à appeler Bis dans sa tête, mais n'eut pour réponse qu'un sombre écho. Où était-elle ? Non pas qu'elle avait besoin d'elle, mais contrairement à Lithium, Bis en aurait rien eu à cirer de ce qui se passait actuellement. Elle aurait tout envoyé valser puis mangé le gâteau pour la forme. Pourquoi était-elle ainsi paralysée ? La blonde se liquéfia davantage sur place lorsqu'elle reconnut certains cadavres qui étaient, cette fois-ci, des voyageurs et non des personnages. Étrangement, tous n'étaient pas actuellement morts sur Dreamland, ce qui la perturba d'autant plus.


"Tu m'as tué, Lithium.", murmura Tintin.
"Que t'avais-je fait ?", soupira Dimitri Vladof, le membre d'Onirion qu'elle avait tué à l'aide de Vlad, pour elle-ne-sait-quelle-raison. Que lui avait-elle pris ?
"Les Voyageurs tel que toi ne sont que source de malheurs !", cracha le soldat de Statu Quo.
"N'as-tu donc aucun cœur ??", pleurnicha Vlad, ah mais toi si tu savais comment je m'en fous, pensa Lithium.
"Tu es dangereuse, un jour tu nous tueras.", frissonna Daniel.
"Je croyais que tu étais quelqu'un de bien !", hurla Jakob.
"Un parfait sujet d'étude, atteinte à souhait.", nota Chapelle, son psy.
"Tu n'es qu'un monstre. J'avais peur de toi, c'est pourquoi je t'ai fui.", l'acheva Caleb en s'éloignant, histoire de finir en beauté.

"Monstre, monstre, monstre..", chantaient quelques enfants en cœur, l'entourant pour l'empêcher de fuir.

Et à présent Lithium pleurait toutes les larmes de son corps.
Elle crut également discerner quelques amis au fond, ainsi qu'une copie de Megan, Ed, Khildar et d'autres voyageurs qu'elle avait rencontrée ces dernières années, mais elle ne parvenait pas à entendre ce qu'ils avaient à lui dire. Il fallait vraiment être foncièrement méchant pour faire dire de telles médisances de la part de Caleb, alors que cela faisait des années qu'il avait disparut sans aucune raison. Dans ses yeux, elle n'y avait vu que du mépris. Rien de tout cela n'était vrai, ce n'était pas possible, cela ne pouvait être possible.. Rien n'était réel.. RIEN ! Elle aurait voulu disparaître. La voyageuse avait compris quelle peur ressortait; c'était celle de faire du mal aux autres.
C'est pourquoi elle préférait être seule, n'être accompagnée de personne d'autre qu'elle-même et de Bis, pour éviter que quiconque soit blessé par sa faute. Et surtout, que personne n'ait à subir de nouveau les lubies de son virus comme ce malheureux Jakob. Elle n'était pas toujours en mesure de la contrôler, et sa gentillesse la poussait parfois à ne pas se montrer trop dure envers elle, alors que Bis ne méritait rien de plus que l'enfermement à vie, voire l'éradication pure et dure. Si Lithium avait vaincu sa phobie principale, d'autres étaient venues se greffer pour la remplacer. Elle n'était pas prête de s'en sortir. Que faire ? ..espèce de petite PUUUUUUUTE !!, hurla finalement une fois dans sa tête, lui rappelant une étrange référence.

D'un coup sec, la jeune femme arracha le bras de Tintin et l'assomma avec.
L'intruse le poussa du pied et grimpa sur la table, envoyant valser sa nouvelle arme dans les airs. Après avoir rendu Tournesol aveugle, elle enfonça le bras de Tintin dans le torse de Dupont et y encastra ensuite Dupond, avant de se jeter toutes griffes dehors sur Obélix. Elle attrapa au passage le gâteau qu'elle lui fourra dans la bouche, de ramener sa tête pour l'écraser sur la table. La présence de Gargamel la poussa à s'en servir comme écrase-taupe sur les Schtroumpfs, qu'elle se fit un plaisir de réduire en bouillie avant de l'envoyer valdinguer dans la tronche de Blake et Mortimer qui pourtant, venaient seulement demander un peu de silence pour la subite de mort de Yoko Tsuno. Ce ne fut que lorsqu'elle remarqua qu'elle s'apprêtait à être submergée, qu'elle s'empara de la boîte à Scoobiscuits et partit en courant à travers la forêt, se servant de deux enfants comme appui pour prendre de la marge, tout en se marrant comme une baleine.


"Avoues que je t'avais manqué hein ?!"
"J'ai cru que t'avais disparu, ça m'aurait fait des vacances."
"Tsss.. Vas-y fais pas genre, tu me kiffes trop pour te passer de moi !"
"Tais-toi et cours.

Bis éclata d'un rire assez flippant et continua son chemin à travers les bois.
Puis sans prévenir, le décor disparut pour laisser place à du noir le plus total. Où étaient-elles à présent ? L'intruse s'arrêta net, sur ses gardes. Elle n'eut le temps que de faire un simple pas avant de tomber dans un vide qu'elle ne voyait pas. Où était-elle ? Lith', t'es là ? .. Pourquoi tu réponds pas ? Allez vas-y fais pas ta grognasse, t'es où ?!! Je suis là, ça va ? ..Non rien. Tu m'appelais ? Parce que je ne t'entendais p.. AAAAH !!! La tête de Bis et Lithium était empli d'un bruit strident, et le corps tomba accroupi au sol en hurlant. Elle se débattit avant de se recroqueviller et de se calmer.

Que venait-il de se passer ?
Pourquoi tout était soudainement si blanc ?
.. Qui était ce type au fond qui la regardait ?
La jeune femme vérifia en regardant ses mains qu'elle était bien aux commandes et que son virus était dans sa tête. Puis une fois assurée de tout ça, tenta de se lever. Ses jambes ne répondaient plus. Et zut.. Pourquoi était-elle dans une pièce capitonnée ? Ne me dites pas qu'elle avait été finalement internée ? Ce tissu blanc qui lui servait de vêtement semblait étayer la thèse. Ses cheveux étaient détachés et tombaient en cascade sur ses épaules. Pourtant hier encore elle avait fait du sport, Chapelle ne lui avait pas prescrit quoi que ce soit, Daniel allait bien, sa vie n'avait pas changé. Sa jauge de stress grimpa aussi vite et elle jeta un regard affolé à l'homme partageant la même pièce qu'elle, mais aucun mot ne sortit de sa bouche. Sans trop savoir pourquoi, elle se recroquevilla d'autant plus dans son coin, le toisant depuis son mètre carré. Ne l'avait-elle pas déjà vu ? Qu'est-ce qu'il lui voulait ?


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MessageSujet: Re: Amère condition (Pv : Lithium Elfensen) Amère condition (Pv : Lithium Elfensen) EmptyJeu 28 Mai 2015 - 19:17

Inspiration; longue, profonde. Tranchant le silence de la pièce avec douceur. Brisant la monotonie de la chair blanche du lieu, cassant sa mollesse de ma présence. Mais je n'étais pas seul à ainsi dépareiller. Elle n'était pas seule. Elle, je le sentais obscurément, prenant cette soudaine impulsion pour instante vérité. Quelque chose dans la manière dont son corps se nouait sur lui-même, la finesse des mains qu'à présent je percevais, ses longs cheveux blond, qui me masquait à moitié son regard, brillant d'une détresse essoufflée. J'étais debout, droit, les membres déliés, immobile; elle, prostrée dans son coin. Moi, tendu vers ce que mes yeux accrochaient, vers les deux lumières troubles de ses prunelles, à travers la cascade aux reflets d'or. seul accroc dans ce lisse isolement. Bienvenue, mais intrigante et dangereuse. Je voulais être prudent, poussé par l’appréhension d'une mauvaise expérience supplémentaire. Être ainsi malmené par plus ou moins moi-même sans savoir où je pouvais être, et pourquoi je me retrouvais ici ... Un vrai cauchemar, comme je n'en avais plus fait depuis longtemps ...

Je réapprenais à la dure, voilà tout. Et même si cette jeune femme m'attirait vers l'assouvissement rapide de ma curiosité, je n'en étais que plus prudent. Du moins, je voulais. Mon premier pas, lent, fluide, fut suivi du deuxième, découlant comme naturellement de l'autre. Je progressais sur la surface souple, qui me parut soudain tiède sous mes pas. Mes pieds se décollaient à peine du sol, glissant dans un léger bruit feutré vers mon objectif. Je continuais de l'observer, tout à ma contemplation froide, étudiée. Les crispations de ses doigts, le nœuds de ses jambes, m'indiquait la tension qui l'habitait elle aussi. L'éclat presque apeuré de ses yeux (je ne pouvais m'y résoudre) me faisait mal. Mes propres prunelles brûlaient de voir cette inconnue dans ce qui se rapprochait trop à mon goût de la détresse. J'en oubliais définitivement mes récents déboires, chassant les questions et apitoiement loin au fond de ma conscience.

Je pris soudain la mesure de ma position, de mon attitude. Loin de lui venir en aide, chassant ce silence oppressant de ma présence, je ne faisais que distiller dans l'atmosphère confinée ma tension. Mes gestes étaient ceux de l'agresseur, certainement pas du sauveur. Progressant avec une circonspection de chasseur dans les hautes herbes, la fixant de mon regard aussi froid que disgracieux, l’œil droit coulant doucement, répandant une traînée fraîche sur ma joue. Je m'immobilisais, gêné de mon ingérence. Pêché par excès, voilà tout ce dont j'étais capable, que je tente de me modérer ou non ... Je chassais tout cela, secouant la tête alors que me venait aux lèvres un sourire dépité. Mes mains volèrent jusqu'à mes joues, s'y accrochèrent brièvement, les frottant avec vigueur alors que je tentais de reprendre une contenance plus détendue, et surtout moins agressive. J'étais à quelques pas d'elle, à la limite de sa zone de confort, légèrement de trois-quart. L'entraînement payait, je m'étais placé d'instinct en garde, les appuis souples, gainé. Le rire me vint, sourd, rauque, qui peinait à sortir de ma gorge. Je relevais mes cheveux, regardait à nouveau mon inconnue, l'air désolé, souriant. Les mots me vinrent, un peu dépourvu de sens.

"Je ... excusez moi, excusez moi. Je me conduit en cuistre, doublé d'un incapable et d'un salaud, à ne pas venir proposer un soutien, aussi dérisoire et malvenu soit-il."

Je me sentais agréablement ridicule, propice à rire de moi. Qu'elle constitue un danger ou non en cet instant, je m'en fichais éperdument, autant que faire se peut pour moi. Je ne voulais que lui être utile, comprendre un peu de quoi il retournait dans cette salle d'isolement, digne d'un hôpital psychiatrique. Plus on est de fou, plus on rit.

"Je me morfond de voir une jeune femme en si piètre posture, qui plus est devant moi. J'ai l'impression d'être un monstre, de ne pas accourir. Bien que je puisse n'être autre chose qu'un calvaire supplémentaire."

Je me risquais à franchir le dernier pas qui me séparait de la zone que je lui laissais entre nous. A moins de deux mètres d'elle, à présent. Les bras le long du corps, les mains esquissant le geste de se tendre vers elle. Un peu penché, mes yeux cherchant les siens, faisant tous les efforts du monde pour ne pas paraître aussi étrange et repoussant que je pouvais l'être en ces occasions. Avoir des traits si froids, durs, couplé à un look un peu atypique, et mon regard de lame à moitié sanglante ... Je me trouvais objectivement peu attirant. Peu secourable d'aspect, surtout. Pas la carrure d'un protecteur, la douceur de corps d'autres, le visage ouvert. Non, j'étais maigre, osseux, anguleux. Ma voix pouvait me rattraper, ainsi que mes expressions. Mes grimaces et torsions exagérées de mes traits me rendaient, apparemment en tout cas, comique, presque sympathique. Je l'espérais, malgré que mes expériences récentes m'aient un peu désaccoutumé à cela ... J'étais en tout cas prêt à l'aider, de quelque manière que soit, la soutenir, physiquement ou mentalement. Je voulais la relever, lui offrir une main amicale. Je le fis après une légère pause, en m'inclinant presque.
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MessageSujet: Re: Amère condition (Pv : Lithium Elfensen) Amère condition (Pv : Lithium Elfensen) EmptySam 30 Mai 2015 - 23:47


De derrière ses cheveux, Lithium ne cessait de fixer l'étranger en face d'elle.
Elle était certaine de l'avoir au moins une fois déjà vu, mais où et surtout quand ?
Malgré tout, elle ne daigna pas bouger un seul petit doigt, trop occupé à le dévisager tel un animal en cage. Elle aurait presque montré les dents. Lorsqu'il osa quelques pas vers elle, la jeune femme s'écrasa davantage dans son coin, comme pour lui échapper. Encore secouée par ce à quoi elle venait d'assister précédemment, la demoiselle ne savait plus ce qui était illusoire ou non. Peut-être qu'il s'agissait d'une énième créature qui s'apprêtait à la torturer psychologiquement pour faire ressortir ses vieux démons, comme les plus récents, pour ensuite finalement l'achever. Cela expliquerait pourquoi elle semblait le connaître -succinctement certes- c'était pour mieux la poignarder dans le dos. Ce Royaume était vicieux.
Hé t'es parano hein. On ne sait jamais. T'as bien vu ce qu'il s'est produit tout à l'heure, non ? Qui nous dit que ce type-là ne fait pas parti du plan pour nous rendre dingue, hein ? Rien. 'tain, pour une fois, t'es pas si conne.. En plus, il a l'air louche. Il me fait vaguement penser à cet aristo chelou là. Khildar ? .. Ah non pas vraiment non. C'est sûrement le bouc qui te fait penser ça. C'que je m'en balec' ! J'aime pas leur gueule à tous les deux de toute manière, donc c'pareil. Je pensais que tu ne détestais rien de plus que Ed. .. Rien que son nom me donne la gerbe. Tsss, tu mériterais vraiment que je te frappe.

Lithium ne se sentait pas bien.
La présence de ce garçon dont l'identité lui demeurait inconnue ne la rassurait aucunement, au contraire. Il avait l'air aussi tendu qu'elle et elle le ressentait, ce qui ne contribua point à l'apaiser. L'étranger avançait à pas de loup, comme si il envisageait de l'attraper. La voyageuse ramena doucement ses jambes contre elle et se mit en position accroupie, en appui sur ses mains, prête à s'extirper de ce qu'elle pensait être un véritable traquenard. Toujours derrière ses cheveux qui faisaient que l'on distinguait vaguement les traits qui se cachaient en-dessous, elle l'examinait en silence. Plutôt grand, pas grassouillet pour une sesterce -Tu vas pas me dire que ce mot existe sérieux..- le corps sec et des oreilles rondes, donc voyageur, mais ce qui l'intrigua davantage était son regard. Si déjà il ne manquait pas d'être relativement surprenant, cette tâche marron avait le mérite d'être inhabituelle. Le fait que cet œil était également injecté de sang n'arrangeait pas le tableau. Conjonctivite ? Ou p'têtre qu'il est juste moche en fait. Mais.. Je rêve ou il est en train de chialer là ?
Lithium ne comprenait plus rien. Que diable avait-il ? Elle fut d'autant plus perplexe lorsqu'il cessa d'avancer.  Il frotta ses joues, sourit vaguement puis, sans crier gare, se mit à rire. Mais.. IL SE FOUT DE MA GUEULE LA ?! Alors qu'il s'excusait de son attitude, la blonde remarqua son langage soutenu qui, sur ce coup-ci, lui rappela étrangement Khildar. Elle ne savait que penser de cette personne qui se comportait d'une bien étrange manière envers elle. Il ne semblait pas lui vouloir de mal, mais elle ne pouvait s'empêcher de se méfier de lui. Elle l'écouta parler, l'observant avec interrogation. Son visage se déformait à chaque grimace qu'il faisait, ce qui le rendait encore plus étrange qu'à l'accoutumée. Un comique ce type. Un bouffon ouais ! Lorsqu'il fut aussi prêt qu'elle pouvait l'entendre respirer, elle se braqua instinctivement, prête à battre en retraite ou à riposter. Un court silence s'installa et lorsqu'il tendit sa main vers elle, le corps de la jeune femme réagit par réflexe. Aidée du sang chaud de Bis, elle attrapa dans l'instant le poignet de la main tendue, croyant que c'était un geste agressif, et la ramena avec force vers elle. La demoiselle s'écarta, tout en conservant la main dans la sienne, fit une clef de bras au garçon et l'immobilisa. Il fut donc plaqué au sol, le bras bloqué et un genou posé au creux de son dos pour l'empêcher de se mouvoir. La voyageuse ne le quittait absolument pas des yeux, les lèvres retroussés, le regard agressif. Un sifflement s'échappa de sa bouche.


"Ne daigne MEME PAS poser les yeux sur moi ! Je pourrais te dévor.." Lithium reprit le contrôle et lâcha immédiatement toute prise sur l'inconnu. Elle s'écarta d'un bond, réinstaurant une certaine distance entre eux. "Excusez-moi, je suis un peu à cran cette nuit. J'ai vu.. des choses que je n'aurais pas voulu v.. ça ne te concerne pas ! Vraiment désolée."

L'intonation avait changé à chaque fois que l'une ou l'autre prenait la parole, mais la voix restait la même. Consciente qu'elle avait l'air d'une parfaite dégénérée, elle ne savait pas comment rattraper le coup. Elle dégagea enfin son visage en ramenant ses cheveux en arrière, et tenta un petit sourire désolée. C'est ainsi qu'elle redevint calme, en apparence. Au fond, Lithium était toujours stressée. Elle eut l'étrange impression de voir flou quelques instants, mais occulta cette sensation. Puis elle vit sa tenue. Non mais c'était quoi cette robe étrange ? C'était comme si elle portait un tissu immaculé qui s'effaçait, s'évanouissait. Ce n'était aucunement transparent, mais à la limite du palpable. La voyageuse fut relativement troublée avant de finalement se concentrer sur l'étranger dans la pièce qu'elle avait, lééééégèrement, secoué.

"Que fais-tu.. vous ici ? Qui êtes-vous ? Vous n'avez pas l'air d'être là pour me tuer en tout cas. Enfin, je crois.."

"Il essaierait qu'il s'louperait.", se marra Bis dans la tête de Lithium.


[HRP: La dernière phrase de Bis, tu ne peux pas l'entendre hein, c'est dans la tête de Lith ^^
J'espère que ça ira mon petit post]

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MessageSujet: Re: Amère condition (Pv : Lithium Elfensen) Amère condition (Pv : Lithium Elfensen) EmptyMar 2 Juin 2015 - 18:35

Elle bondit presque, avec une rapidité qui me prit de court. Je la vis, sus avant qu'elle ne finisse son geste ce qu'elle tentait, mais elle était tout bonnement trop vive pour moi. Mon mouvement pourtant réflexe fut totalement avorté, tué dans l’œuf par sa poigne implacable. D'une clef qui me laissa à peine le temps d'éviter à mon visage de prendre de plein fouet le sol mou, je me retrouvais à sa merci. Sa prise m'interdisait tout mouvement au delà du frémissement, elle savait s'y prendre. A mon grand dam ... Un sifflement étouffé entre ses dents, qui me rappela celui de mon chat lorsqu'il était en colère, s'infiltra jusqu'à mes oreilles. Je restais impassible, mes yeux se braquant vers le haut, pour apercevoir celle qui soufflait de rage et de peur en me tenant plaqué au sol. Je ne lui opposais qu'une résistance somme toute assez passive, une simple tension qui lui indiquait que je pouvais, si je le voulais, bouger, mais que je n'en faisais rien. Entre l'abandon et la révolte.

La suite me fis presque faire un bond, que je retins fermement, évitant certainement à mon bras ou mon échine de se faire malmener outre mesure. Sa voix avait une hargne proprement alarmante, digne de je ne sais quelle furie au cœur de la bataille, ou une folle au coin d'une ruelle, un tesson à la main. S'était-elle sentie agressée ? Qu'elle se coupe elle même, changeant radicalement de ton et d'attitude, puisqu'elle me lâcha aussi sec, se blottissant plus loin. Un autre pic de rage se fit entendre, alors qu'elle se justifiait en bafouillant. Un peu à cran ? Je préférais ne pas connaître le beaucoup, alors. Je m'étais redressé, posant mon regard sur elle, massant doucement mon poignet en m'installant dans une position accroupie, le dos droit, les jambes parallèles, prêt à bouger. L'air totalement confuse, elle avait libéré ses traits de la rivière blonde qui les couvrait, me dévoilant avec plus de clarté des yeux bleus brillants, et une pauvre mine navrée, hésitante. Elle était, je ne pouvais que le constater, très jolie. A me demander si elle était bien réelle, tant je voyais des jolies filles, à Dreamland ... Une complexion d'une finesse remarquable, pleine de petits détails, se prêtant bien aux petits mouvements de ses expressions. Assez juvénile, en fait, avec des pommettes et un nez délicat, une jolie bouche ténue, quelques taches de rousseur. Elle était assez dévêtue, je le voyais à présent, seulement couverte par une sorte de robe, assez courte, qui semblait aussi légère qu'un soupir, malgré son opacité. Elle lui tombait sur le corps en épousant chacune des parties sur laquelle elle se soutenait, en tout cas. Que ce soit ses épaule, la courbe de ses hanches, sa poitrine. Mieux valait ne pas laisser traîner son regard ...

Surtout, elle me paraissait, inexplicablement, familière. Que je la connaisse était impossible, mais l'avais-je déjà croisé ? Aucun souvenir d'une telle Voyageuse dans mes songes, non. Au détour d'une foule, peut-être. Mais cette impression persistait, alors qu'elle prenait à nouveau la parole, s'embrouillant un peu. Je fus troublé par ce qu'elle dit; la tuer ?! Certes non, j'avais été, je pense, assez clair, tout de même ! Puis, pourquoi ? Les questions qu'elle posait étaient en outre plus ou moins les mêmes que les miennes, malheureusement. Ce n'était pas d'elle que j'apprendrais le lieu dans lequel nous étions ... Un détail me troubla plus encore; ses oreilles étaient pointues. D'habitude, cela indiquait la nature purement onirique de mes vis-à-vis, étant la marque distinctive des Créatures des rêves. Elles étaient, cependant, bien plus petites, bien moins marquées. Indéniablement mignonnes, aussi, mais là n'était pas la question. Elles éveillaient en moi une réaction qui m'échappait; les traces d'un souvenir, qui peinait à resurgir. Ancien ? Oh, non, pas ancien, au contraire ... Des mots me revinrent aux lèvres, qui les murmurèrent dans le presque silence.Tu aurais besoin d'un bon psychanalyste, tu me sembles passionnante, belle voyageuse ...

J'eus à nouveau envie de rire, me retins, cette fois. Autant ne pas m'enfoncer plus encore. A la place, je plantais mes yeux dans les siens, captant son regard. "Tu", "Vous", elle hésitait. J'avais, je le confesse, soigneusement évité de trancher, en n'utilisant ni l'un ni l'autre dans mes formulations. Qu'elle ai tranché pour le "vous" me fis tiquer sur la manière dont elle avait parlé. Son ton, si changeant, m'avait perturbé, au moins autant qu'elle.

"Drôle d'idée, en effet. Je vous ... te rendrais bien la politesse, mais cependant ce serait impoli, justement. Je m'appelle Jean-Baptiste, simple Voyageur, et je n'ai quasiment aucune idée de où et pourquoi nous sommes ici. Quoique, en me reprenant, le "vous" serait plus adapté, n'est-ce pas ? Au fait, elle n'a pas de nom fixe."

Ce disant, je fis flamboyer mon aura, avec force concentration, mais sans grande violence (je l'espère). J'avais remarqué, au fil des nuits, que si mon éternelle compagne était pour moi parfaitement visible, il n'en allait pas de même pour les autres. Du moins, pas toujours. Je pouvais, plus ou moins volontairement, la rendre bien plus palpable, plus visible de tous. Ni feu ni fumée, elle prenait une teinte d'un bleu-gris cendré, parsemé de crépitements plus vifs, énergiques. Qu'elle la vit comme moi je la voyais restait pour moi incertain. Certes, les quelques fois où je m'étais penché sur ce petit problème, j'avais eu quelques réponses évasives, mais guère plus. Je savais que je pouvais la rendre visible, alors que par là-même elle soulevait mes cheveux et le pans de mon manteau, pris dans la poigne de ma volonté. L'exact tableau m'échappait. Toujours est-il que je me grattais du bout du doigt derrière l'oreille d'un air badin, voulant rompre avec le pseudo-impressionnant de ma prestation, rompant l'envolée éphémère.

"Et vous, comment vous appelez-vous ?"
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MessageSujet: Re: Amère condition (Pv : Lithium Elfensen) Amère condition (Pv : Lithium Elfensen) EmptySam 13 Juin 2015 - 15:19


Plus floue que sa robe, tu meurs.
Mais c'était quoi ce vêtement ? Elle se prenait pour la Dame Blanche ou quoi ? Sa tenue éthérée flottait vaguement autour d'elle. Dommage que sa peau ne fut pas non plus translucide, elle aurait pu se la jouer esprit frappeur. La jeune femme imaginait sacrément bien Bis dans le rôle de Peeves. Elle ria intérieurement à cette idée saugrenue. Puis reporta enfin son attention sur l'inconnu à cette adresse (blague de merde).

Elle avait beau le dévisager et le dévisager encore, elle ne parvenait pas à se souvenir de lui. De vagues réminiscences s'entrechoquaient, mais elles étaient bien trop floues pour qu'elle n'en décode ne serait-ce qu'une infime parcelle. En même temps, dès qu'elle commençait à se faire des amis, c'était pour qu'ils s'évanouissent aussitôt. Dreamland n'était pas franchement le lieu où il faisait bon de la rencontrer. Si dans le monde réel, elle paraissait plus ou moins sympa et choupinette, son asociabilité se retrouvait sur les terres oniriques en la présence de Bis. Ok, Lithium avait toujours été "particulière", voire étrange, mais de là à la fuir, fallait pas déconner non plus. Elle n'avait jamais mangé personne. Bon, elle avait déjà bastonné des gens, mais ça c'était avant ! A présent, elle était tout à fait normale. Ou presque. Jusqu'ici, il lui arrivait de tuer de temps en temps. Enfin, quand son virus était de sortie et que cette dernière se faisait chier. Et même lorsqu'elle ne s'ennuyait pas en fait ! D'elle-même, Lithium avait cessé tout meurtre intempestif. Jamais elle ne tuerait dans son monde, alors pourquoi le faire ici ? Mais bien entendu, Bis n'était absolument pas de cet avis. C'était limite une entité qui réclamait son tribut, ce qui lui était dû. Un peu de violence et beaucoup de sang. Mais que demande le peuple ? A l'époque romaine, Bis aurait était à la fois barbare pillant et violant villages et femmes, marchand d'esclaves et gladiateur. Pourquoi se limiter à une seule profession lorsque l'on peut en combiner plusieurs à la fois qui sont proches ?

Lithium se sentit soudainement mal à l'aise lorsqu'il l'observa à son tour.
Quoi, il ne l'avait pas déjà suffisamment analysé, non ? Elle n'était pas un animal de foire ! La jeune femme fit mine de rester calme, il ne faudrait pas le brusquer. Imaginez qu'ils restent coincés ensemble jusqu'à la fin de la nuit. Se taper sa sale tronche toute la soirée ? Génial. ça ne peut pas être pire qu'avec Ed et son costard blanc ! Mais ta gueule un peu. Puis, il était très bien son costume je trouve.. Beuah, laisse-moi vomir ! Peut-être qu'elle avait quelque chose sur le visage ? La voyageuse remarqua qu'il matait ses oreilles et instinctivement, ramena ses cheveux sur celles-ci, comme pour les cacher. Oui bon, elle ressemblait à Peter Pan et alors ? Les déformations génétiques ça existe.. Une légère montée empourpra ses joues. Elle crut l'entendre murmurer quelque chose mais ne parvint pas à entendre ce qu'il put bien dire, puis l'observa avec interrogation. Sa méfiance se transformait petit à petit en curiosité.
Son intérêt se fit plus grandissant encore lorsqu'il se mit à parler. Bien entendu, il était tout aussi ignorant des lieux dans lesquels ils se trouvaient qu'elle. Bah ils allaient aller loin comme ça.. A juger de l'aura qui entourait JB, elle pouvait aisément jauger sa force heureusement bien inférieure à la sienne. Il tenterait quoi que ce soit, elle serait en mesure de se défendre sans trop de mal. Mais à son grand bonheur, il ne semblait pas vouloir lui faire le moindre bobo. Bah génial écoute hein ! Il se mit également à la vouvoyer. Oui mais en fait, non pas qu'il semblait plus âgé qu'elle, mais carrément que si. Bon en même temps, il était fort aisé d'être plus vieux qu'elle vu la tête qu'elle avait. Elle s'apprêtait à lui faire la remarque, mais lorsqu'il sous-entendit que "elle" n'avait pas de nom fixe, elle se tut, perturbée. Il parlait de qui ? De quoi ?

La jeune femme sursauta lorsqu'elle vit l'étrange spectacle qui se déroulait sous son regard hébété. C'était comme si un faible nuage enveloppait à présent l'étranger, ce certain Jean-Baptiste. Elle recula d'un pas, ne quittant des yeux la nouveauté qui venait d'apparaître. Mais c'était quoi ça ? Un fantôme, une aura ? Le tout ressemblait vaguement à un Halo qui faisait bouger le tout autour de lui. Etait-ce son pouvoir ? Bah moi au moins, j'ai un prénom. Tu m'présentes pas ? Non sans façon. Pas besoin d'accentuer mon image de folle furieuse. Non mais attends, t'imagine si je pouvais virevolter autour de toi pendant que c'est pas mon tour de sortir, et inversement ? ça serait trop énorme ?! Ce serait atroce et chiant. Devoir me taper ton visage toute la nuit, non merci. J'ai la même tronche que toi, alors steuplé, fermes-la un peu. Non, t'as l'air plus tarée. Nuance, j'ai plus la classe que toi. 'tite merde. Grognasse.Tafiole. Abru.. Oh et puis tu m'emmerdes. Gagné !
Lithium observait en silence la chose, et finit par s'approcher doucement, bien tenter de toucher. Mais elle n'eut pas le temps de trop s'approcher, car il fit disparaître l'objet. Zut. Elle aurait bien voulu savoir si cela avait la même consistance que sa robe chelou. La dessinatrice resta néanmoins à minimum 2mètres de lui. Lorsqu'il lui demanda son prénom, elle fut tentée de répondre "Pocahontas" tant la scène ressemblait à se méprendre à la scène avec John Smith. Elle se retint de rire, et hésita quelques secondes avant de donner son identité partielle.


"Lithium. Voyageuse également, logiquement."

Elle ramena doucement une mèche de cheveux derrière une oreille.
C'était comme si elle se retrouvait en primaire à se présenter devant toute la classe, alors qu'elle débarquait en milieu d'année. Son ascendant timide s'évapora doucement lorsqu'elle observa autour d'elle, se remplaçant par l'instant survie. Une pièce blanche et capitonnée.. Il y avait forcément un moyen de sortir. Et ce n'était pas en discutant tout en sirotant un thé qu'ils sortiraient d'ici. Et par elle ne savait qu'elle intuition, elle sentait bien le coup fourré du "vous vous êtes réveillés ici ? Si vous n'en sortez pas avant la fin de la nuit, vous y reviendrez encore et encore jusqu'à ce que vous en trouviez la sortie". Bien décidée à se sortir d'ici, elle prit un air qu'elle voulut sérieux, et s'adressa à son camarade.


"Ce que je te propose, oui je vais te tutoyer, ça va être plus simple. Et puis, il ne semble pas y avoir un fossé générationnel entre nous, alors bon.. C'est que l'on s'entraide pour trouver une potentielle sortie. Ou tout du moins, survivre jusqu'à la fin de la nuit."

Elle s'approcha des murs et tapota doucement dessus.
Une pièce possède toujours une porte. Si non, il suffisait seulement d'en créer une, quitte à utiliser la force.


"Je ne sais pas où on est, mais à coup sûr, c'est un royaume obscur. La mise en bouche de la nuit qu'il m'a concocté ne me rend que plus affirmative à ce propos. Je ne m'avancerai pas en revanche quant à l'exact nom de celui-ci. Dommage que mon pote ne soit pas là pour nous renseigner.."

Heureusement, elle n'était pas claustrophobe.
Cette pièce avait sûrement dû être créée pour l'occasion, mais manque de bol pour l'architecte, elle s'en fichait royal. Elle continua à glisser ses mains sur les murs tout en parlant à JB. Puis finalement, elle sentit un de ses ongles se coincer dans une légère fente dans la mousse. Elle y glissa ses doigts avec précaution et tira de toute ses forces. Un grincement se fit entendre, puis un petit pan de mur s'évapora sur la droite, donnant naissance à un couloir. Satisfaite, elle se tourna vers JB.


"Autre chose; ne fais pas trop de gestes brusques à mon encontre. Pour ta propre sécurité.", elle prit un air désolé.
Mais je ne mords pas hein !.. Enfin, pas moi en tout cas.

Appelle-moi Médor, Bitch !
S'appeler Médor n'est pas un compliment tu sais. ça claque pas comme prénom ? Bon. Elle l'attendit à l'entrée du corridor.


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MessageSujet: Re: Amère condition (Pv : Lithium Elfensen) Amère condition (Pv : Lithium Elfensen) EmptyMar 16 Juin 2015 - 16:53

Elle semblait quelque peu gênée; de se retrouver seule face à moi, peut-être ? Comme si elle ne m'avait ceinturée violemment au sol il n'y a pas deux minutes. Ma petite démonstration eut un effet certain sur elle, au vu de son air quelque peu étonné. Je n'avais pas trouvé grand chose d'autre pour essayer de détendre l'atmosphère, et si elle ne me regardait pas comme un danger, elle restait tout de même à distance, loin de moi. Qu'elle ai été prostrée sur le sol devant moi il y a si peu de temps n'affectait en rien son attitude, ou en tout cas pas dans le sens que j'aurais voulu. Elle se comportait comme je n'aimais pas, à dire vrai; entre l’attitude particulièrement décontractée que certains adoptaient à Dreamland et une gêne toute banale et ancrée dans une réalité où les gens ne voulaient pas ton bien. La situation dans laquelle nous étions ne s'y prêtait pas, pas plus que moi d'ailleurs. A moins que ce ne soit tout autre chose ? En tout cas, je n'étais pas à mon aise dans cette demi-teinte comportementale. J'aimais être aux frontières, pas sur une corde raide qui me grattait la plante des pieds.

Le fait qu'elle annule l'accord tacite qu'elle avait passé en vouvoyant la première me fis une drôle de sensation. Ne se souvenait-elle pas du tout de ce qu'elle venait de dire, ou avait-elle simplement déjà changé son avis ? Je l'avais convaincu de ma bonne foi, ce qui l'avais quelque peu sécurisée, et donc rapprochée ? Cela me perturbait, et surtout ne m'inspirait rien de bon. Elle n'avait pas le profil d'une tête en l'air, enfin pas à ce point, et ses sautes d'humeurs faisaient écho d'une bien inquiétante manière à cette étrangeté de communication. Presque rien, un détail, oui, mais il était trop évocateur pour que je passe à coté. Le souvenir de son corps furieux contre le mien impuissant m'incitait à une froide circonspection. Cela ne m'empêchait cependant pas d'être aussi sympathique avec elle que je pouvais l'être. Ce qui ne signifiait pas grand chose, j'en ai peur ... Premier point positif, elle n'était pas étonnée de mon apparence. J'avais de plus en plus l'impression que seuls les tordus et les Voyageurs plus expérimentés me passaient devant sans tiquer. Première ou deuxième option pour cette belle mais un peu trop dangereuse Voyageuse ? Je dirais les deux, en fait. Quant à l'argument du fossé générationnel qui ne nous séparait pas, elle réveilla en moi l'envie subite de discourir sur les significations et implications de la troisième personne, mais j'avais autre chose de mieux à faire que me lancer dans un soliloque certes très intéressant et divertissant pour moi, mais un peu inutile quant a me, ou plutôt nous, faire sortir d'ici. Une de ses spéculations me fis tiquer, et je lui en fis part alors qu'elle se lançait à tâtons dans la recherche d'une sortie.

"Un Royaume Obscur ? Je t'avoue ne pas être très expérimenté à ce sujet, très expérimenté tout court en fait. J'ai plus de doigts que de mois en tant que Voyageur à mon actif. Cependant, au vu de ce qu'en sais, soi tu as raison et nous sommes dans de beaux draps, soi tout cela est un peu cousu de fil blanc. Dans tous les cas, oui, il n'y a rien de bien engageant dans la nuit qui s'annonce ... Ton "pote" n'eut pas été de trop, en effet ... Merci, en tout cas, bien qu'une alliance peut commencer mieux qu'après une petite partie de lutte unilatérale dans une chambre capitonnée."

Je souris à demi sur cette dernière remarque, et fis un pas sur les marches invisibles qui me plaisaient d'avoir. Mon aura y mis son grain et je m'élevais au dessus du sol, jusqu'à atteindre le plafond et ses spots arrondis. Je tendis les mains, palpant les rebords d'une matière aussi lisse, souple et tiède qu'une toile vinyle chauffée au soleil. Aucun raccord, ni inscription, rien qui puisse indiquer quoi que ce soit. Évoluant à l'horizontale, le dos parallèle au sol, je fouillais le plafond, à la recherche d'une quelconque ouverture qui s'était ouverte sur moi. J'avais eu la très nette sensation de tomber, trop nette pour être du à autre chose qu'une chute. Mes doigts furetaient en vain sur la surface qui me donnait juste envie de la câliner tant elle était moelleuse quand un grincement, à la limite de la parodie, parvint à mes oreilles. Je descendis illico de mes hauteurs, me posant à quelque distance de Lithium, comme elle disait s'appeler. Elle, avait trouvé quelque chose. Devant la jeune femme s'ouvrait un couloir, qui rapidement se perdait dans l'obscurité. Ce qu'elle me dit me tira un sourire acide.

"Oh, très peu pour moi, ne t'en fais pas, je n'aime pas à me sentir dominé, et je n'ai pas l'ombre d'une chance face à toi, à mon plus grand damne. Pas plus que je n'ai l'envie de me frotter à toi, et désolé si ça parait douteux dit comme ça, je le remarque en le disant ... Tant que nous sommes sur le douteux, tu m'excuseras j'espère, mais préfères tu être devant ou derrière ? Le couloir est trop étroit pour nous y engager de concert, ce sera donc forcément l'un après l'autre ..."

Je ne fis pas un seul pas, ne m'approchant ni ne reculant, jetant mon regard aussi peu glacial que possible sur elle. J'étais peut-être trop précautionneux, d'ailleurs. Quoique, au vu de ce à quoi j'avais eu affaire jusqu'à présent avec elle, je ne pouvais pas être trop prudent. Son air sincèrement désolé et ses paroles qui se voulaient rassurantes, mais aussi un peu honnête, me confortait dans mon idée. Pas question de refaire une erreur aussi saugrenue que tendre la main pour la relever. Quitte à ma faire violenter, autant que j'ai tout fait contre avant. Nous parvenant du couloir, je crus entendre comme le souffle du vent. C'était trop étrange pour ne pas être inquiétant. Je regardais de nouveau Lithium, après avoir tenté de percer les ténèbres de mon regard, sans succès.

"je retire ce que j'ai dit, je préfère passer devant. Si tu permet, et pitié, pas de coups bas."

Ce disant, je fis un pas, lent, puis un deuxième, continuant de la regarder. Mes mains restaient le long de mon corps, et elles me picotaient. Trois, quatre ... J'étais à présent à un mètre d'elle, devant l'ouverture, et je la franchis sans m'arrêter, en espérant qu'elle ne m'accroche pas au passage.


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MessageSujet: Re: Amère condition (Pv : Lithium Elfensen) Amère condition (Pv : Lithium Elfensen) EmptyMar 23 Juin 2015 - 20:47



Ce gars était vraiment étrange.
Alors qu'il lui avait paru logique de d'abord vérifier les murs, lui avait pensé logique Dreamland et avait débuté sa recherche en palpant le plafond en volant. Oui, en volant. La jeune femme l'avait regardé avec des yeux écarquillés, mais s'étonna à peine. En même temps, ici tout était possible. Son pouvoir lui permettait certainement de s'élever. Mais vas-y, moi aussi je veux voler ! D'un côté, ce n'était absolument pas stupide de commencer par les endroits illogiques, cela prouvait qu'il était plutôt intelligent, alors qu'elle, elle avait choisi la voie rationnelle. Bon, sur ce coup-là, ça avait payé. Mais pas sûr que cela fonctionne à nouveau au prochain coup.

Selon ses dires, il était d'arrivée récente sur Dreamland, ne connaissant pas le principe du royaume obscur. Rien que le nom, ça ne pouvait que lui indiquer la nature des lieux. La demoiselle détourna le regard lorsqu'il relança le sujet de la "lutte".  Il appelle ça une lutte lui ? Mais qu'est-ce que ça serait si on se battait pour de vrai ! Non mais ne soyons pas pressées hein !

"Pour faire court, les Royaumes Obscurs, c'est là où il ne fait pas bon de traîner. On y recense un grand nombre de voyageurs disparus. Pas tous hein, mais ce ne sont pas les Plaines quoi ! T'y trouvera sûrement pas de gentils chatons. C'est encore pire maintenant avec la naissance de ces factions de Pro-Dreamland, Pro-Voyageurs et même Pro-rêveurs -plus ou moins pacifiques les derniers- qui se permettent un peu tout, tant que cela embrasse leurs idéaux. Mais je t'avouerai que je ne suis pas trop au fait des derniers évènements. Je préfère me tenir éloignée de tout ça. De.. De tout en fait. C'est mieux ainsi.", elle murmura la dernière phrase, plus ou moins à elle-même.

Pas une seconde Lithium pensa que son comportement changeant puisse paraître douteux aux yeux des autres. Encore moins son prénom chelou. Elle avait toujours été très lunatique, passant de la colère à la gentillesse, la compassion à la cruauté. La voyageuse ne cessait de voler entre ses sentiments et ses réactions, aucune ne se ressemblait et rare étaient celles comprises. Cette facette de sa personnalité s'était incroyablement développée depuis qu'elle cohabitait avec Bis et ses humeurs. Ne sachant plus qui et ce qu'elle était, elle tentait inconsciemment de se retrouver. C'était comme si son cerveau était court-circuité. Comment diable aurait-elle pu savoir qu’elle était encore plus bizarre que ce qu’elle pensait ? Faut dire qu’elle était habituée à sa propre personne. Il lui était difficile de se remettre en question, et encore plus de se comprendre. Le docteur Chapelle semblait saisir son fonctionnement, mais gardait ses découvertes pour lui, ce qui était hautement frustrant. Saleté de psy..

JB ne semblait pas lui faire confiance.
En même temps, elle n'était pas en position de le blâmer.
Quelques minutes auparavant, elle lui avait fait une clef de bras et avait menacé de le dévorer. Pas étonnant qu'il gardait ses réserves vis-à-vis d'elle à présent. Non mais il lui avait tendu une main pour l'aider, et elle, que faisait-elle ? VLA ! Et vas-y que je t'immobilise ! Franchement, y'avait mieux comme reconnaissance.. Il était réservé, comme si il se contenait. Lui faisait-elle peur ? J'espère bien. Être craint signifie le pouvoiiiir ! Mais elle ne voulait pas être crainte. Elle ne souhaitait faire de mal à personne. C'est pour cela que Lithium préférait être seule, qu'elle n'avait rejoint auucn groupe, aucune guilde, et encore moins les compagnons de son ami Daniel. Jamais Bis n'aurait trouvé satisfaction dans la recherche de civilisations dreamlandiennes. Qu'est-ce que son virus en avait à faire des "choses" qui peuplait les alentours, alors qu'elle les lyncherait sûrement un jour ?
Si cela intéressait Lithium, son autre n'en avait strictement rien à carrer. Elle ne faisait pas dans la sensiblerie. La jeune femme voulut tenter quelque chose pour attester de sa bonne foi. Mais à part lui dire "hé, j'suis schizo et toi ?", elle ne voyait pas trop quoi faire. La dure loi de la sociabilité..

Elle se contenta donc seulement de l'attendre en souriant légèrement, puis s'écarta de l'entrée pour éventuellement le laisser passer. Bien évidemment, il ne bougea pas, la toisant et lui souriant d'un air assez amer. Ouais, il avait pas aimé tout à l'heure.. Elle s'en voulait tellement d'avoir été si réactive, poussée par Bis. A croire que leurs émotions s'entremêlaient à présent. Lithium fit de son mieux pour ne pas se sentir blessée par ses mots. Elle le regarda même d'un air interrogateur lorsqu'il sous-entendit qu'il avait dit quelque chose de tendancieux. Pas une seule seconde elle n'y avait songé. Et il continua à s'enfoncer davantage en s'interrogeant sur sa place dans la file. A croire qu'elle lui donnait l'impression de vouloir le poignarder à la première occasion. Bah génial l'image dis donc ! Elle fit une brève moue avant de lui indiquer la première place dans la file lorsqu'il, finalement, se décida. Quelle fiotte !
La voyageuse était un peu vexée d'être considérée de la sorte, mais s'en accommoda. Elle ne perdit aucunement son léger sourire encourageant, et acquiesça pour lui promettre qui ne lui arriverait rien de son fait.
Pas rassuré pour un sou, il s'avança lentement. Très lentement. Ne la quittant pas des yeux. Elle soutint son regard avec un calme impérieux. Pour attester une nouvelle foi de son honnêteté, elle montra ses mains avant de les glisser derrière son dos. Ce qui ne fallait pas faire sérieusement.. Elle faillit lâcher un "non mais ça va, je vais pas te bouffer non plus !", mais garda contenance.

Lorsqu'il parvint enfin à sa hauteur, elle continua à soutenir son regard, impassible mais toujours légèrement souriante. Elle fut tentée de lui faire peur, mais ne bougea point. Lorsqu'il la dépassa enfin, elle eut un sourire amusé. Elle était donc capable d'inspirer de la méfiance voire une très succincte peur. Avec son visage, cela l'étonnait, mais cela signifiait qu'elle n'avait pas l'air si innocente que ça. Elle le laissa marcher devant elle, sans rien dire. Ce ne fut que lorsqu'elle entendit un crissement et des couinements qu'elle s'arrêta net. Elle observa autour d'elle, sans voir clairement quoi que ce soit. Mais c'est qu'il faisait sacrément sombre ici ! Elle activa son tatouage pour voir au loin, mais ne vit rien d'autre que de l'obscurité. Rassurant à souhait. Et si je hurlai Bouh ? L'action est tentante certes, mais ce n'est pas le moment. Le pauvre, il flippe déjà bien assez d'être devant nous, alors imagine si je l'effraie davantage.. P'têtre qu'il se pissera dessus. ça pourrait être marrant ! Miam.
Néanmoins, la jeune femme n'oublia pas de rester prudente. Elle ne savait pas dans quel royaume ils étaient, se demandait même si elle le connaissait. Mais c'en était assurément un. Lithium se souvint soudainement d'un fait important. Où étaient son crayon et son carnet ? La voyageuse s'arrêta à nouveau et commença à se palper les hanches, puis les cuisses, les fesses et le torse. Et merde. Absolument rien ! Elle s'accroupit finalement au sol et chercha un caillou ou un objet quelconque, capable de faire des marques. Le sol était aussi lisse qu'un galet sculpté par l'eau de la rivière. ça sentait le glissement de terrain à plein nez.. Elle examina ensuite les murs, espérant trouver une grosseur qu'elle pourrait arracher, mais toujours rien.

Lithium soupira de dépit.
Hé, on dirait bien que ce sera tes capacités ou ton sang qui t'aideront à sortir de là. Donc, MOI. HAHA ! ..Hahin, génial, je suis ravie. Tu peux crever pour que j'utilise mon sang. Je l'ai déjà fait une seule fois, j'ai retenue la leçon, ça n'arrivera plus jamais. Roooh, allez, fais pas ta radasse ! C'est mort. La ferme. Consciente que ce qu'elle s'apprêtait à demander risquait d'aggraver son image déjà bien entachée, la blonde s'approcha doucement de JB.


"Euh, excuse-moi ?
Je sais que je suis pas trop en mesure de te demander quoi que ce soit, mais..
T'aurais pas un crayon ou même un stylo sur toi ? Eventuellement un caillou ou une branche. Un truc qui peut marquer quoi.."



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MessageSujet: Re: Amère condition (Pv : Lithium Elfensen) Amère condition (Pv : Lithium Elfensen) EmptyVen 26 Juin 2015 - 14:48

J'avais une très dérangeante sensation. Quelque chose qui éveillait un orgueil pour le moins malvenu. Ma prudence, pour le moment, avait, de mon point de vue même, un caractère excessif, mais cependant je m'y pliait. Je l'avais brièvement exprimé : me sentir totalement inférieur était à la limite de l'insupportable. Lithium, terriblement changeante, mais pour le moment assez penaude et gentille, était forte. Bien plus que moi, bien trop pour moi. Rien que me tenir à coté d'elle me donnait l'illusoire impression d'être diminué, ma chair se souvenant de sa force et sa rapidité. C'en était rageant à un point ! Et pourtant le pendant ce ce fait indiscutable me pesait plus encore que la jeune femme me martyrisant au sol. En passant à coté d'elle, j'avais capté son regard. Chargé de plusieurs messages à mon égard. Une gentillesse rassurante de surface, qui ne cachait en rien un certain agacement. Comme si les dernières minutes n'avaient jamais eu lieu, que mon prude comportement était par trop ridicule. Oui, un agacement qui tendait vers un amusement corrosif, presque une moquerie. Je surinterprétais sans doute, emporté dans mon désagréable sentiment. Possible probable, exposait calmement une partie de moi. Broutille que cette tentative de ma raison, j'étais trop remonté pour bien en tenir compte. Le léger acquiescement qu'elle me fit fut à la fois salvateur et abrasif. J'eus l'image, pour le moins prenante, de deux images semblables mais inversées. Deux agacements, deux accommodations sommaires, aux tenants et aboutissants rigoureusement identiques, mais pris dans des sens inverse. De quoi sourire, au moins ...

Le couloir était pour le moins spécial. Aussi lisse que du verre, il semblait en pierre, ou du béton diablement lisse, quelque chose de ce genre. Toujours cette même tiédeur à la limite de l'inquiétant dans la matière. Une chaleur très ténue, uniforme, comme si elle émanait du matériau même. M'arrêtant à peine entré, je posais ma main à plat sur le mur, intrigué. J'eus la sensation de toucher un corps inerte, mort, encore chaud d'une vie fuyante. Retirant la main et reprenant précipitamment la marche, je me demandais d'où je sortais de telles impressions. Je n'aimais pas me sentir ainsi polarisé vers des impressions qui ne me convenaient pas.
Le silence qui régnait dans la chambre capitonnée n'avait pas lieu ici. Des bruits émanaient de nulle part, résonnant sourdement dans l'espace clos, dans son atmosphère pesante, étrangement feutrée. Le bruit de nos pas s'éteignaient rapidement, de même que les légers bruits de frottements de nos vêtements. Progressant d'un pas égal, ni lent ni rapide, je ne voyais pas grand chose, et le caractère bizarrement étouffé des sons ne m'aidait guère. J'entendis pourtant assez distinctement Lithium s'arrêter derrière moi. Je fis de même, ne me retournant pas tout de suite. Je tendis la main, au hasard, au dessus de ma tête. Elle ne rencontra rien. M'élevant très brièvement, je sondais l'obscurité au dessus de moi prestement. Rien, pas de plafond, ou alors bien trop haut. Quand je redescendis ma main, je crus sentir une vague caresse, comme le vent ou une toile d'araignée. J'agitais mes doigts, en vain. Mes pieds reprenant leurs appuis sur le sol, je me tournais vers Lithium. Se découpant dans un contre-jour qui commençait à dangereusement s'étioler, elle pris la parole.

Sa question outre la formulation qui aurait mérité quelques commentaires de ma part, me laissa quelque peu incertain. Quelque chose pour écrire ? Pas que je sache, en tout cas. Je tâtais les quelques poches de mes vêtements, ne trouvant rien de tel. Je ne possédais pas d'objets particulier à Dreamland, je l'avais remarqué. A part mes vêtements, j'étais un simple va-nu-pied, sans possessions. Ah, si. Coincé dans la poche intérieure de mon manteau, le diplôme inutile qui réapparaissait avec moi chaque nuit. Un rouleau scellé à la cire, avec un joli ruban, et une petite inscription. Récompense fortuite d'une nuit en demi-teinte, avec une Voyageuse au moins aussi jolie, mais bien moins dangereuse. Que j'espérais bien revoir, d'ailleurs, elle m'avait paru pleine de ressource. Tâtant brièvement le rouleau, je fis une petite moue piur moi-même. Bien beau, certes, mais totalement inefficace pour écrire. Comme support, et encore ... Je le sortis néanmoins, un sourire désolé me venant aux lèvres, mais sans éclore. Nous étions dans le noir, elle ne pouvait sans doute pas le voir.

"Eh bien ... A part cela, je n'ai rien qui puisse correspondre à ra demande. Il ne marque pas, en plus, en tout cas pas à ma connaissance. Cependant ta question me fait en poser plusieurs, mais je n'en formulerais qu'une : pourquoi veux-tu de quoi "marquer", comme tu dis ?"

Ce disant, je triturais entre mes doigts le papier du diplôme, en tentant tant bien que mal de distinguer les traits de Lithium. Je ne savais trop pourquoi, mais j'étais vraiment mal à l'aise. Je ne me souciais plus vraiment d'elle, et de ses réactions, en tout cas je ne l'envisageais plus comme un danger immédiat, plutôt une source potentielle. Non, je me sentais réellement mal du lieu. Ce couloir me collait à la peau, il était déconcertant, juste assez bizarre dans ses bruits, sa noirceur, la vague tiédeur, le sol lisse, l'absence de plafond. Pris entre deux murs, une jeune et jolie psychopathe à mes cotés, avec de splendidement glauque ténèbres pour seul chemin. La question qu'elle me posait entraînait un brusque sentiment d'irréalité chez moi, en plus d'un mal-être latent qui se réveillait sous ses paroles. Je ne me sentais pas à mon aise, et je n'avais qu'une envie, m'envoler, bouger de ce confinement entre deux parois lisses.  

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MessageSujet: Re: Amère condition (Pv : Lithium Elfensen) Amère condition (Pv : Lithium Elfensen) EmptyMar 7 Juil 2015 - 15:51


Hé mec, t'as pas de la drogue ?
Sa demande de crayon ressemblait limite à ça.
Déjà que l'étranger ne semblait toujours pas à l'aise en sa présence -comment l'en blâmer- il était encore plus perturbé par son étrange demande. La jeune femme tenta un bref sourire pour atténuer la tension, mais rien n'y fait. Ouais bon, il y avait du boulot encore hein. Il sortit une sorte de parchemin et elle eut un air désolé. Non, ce n'était pas avec ça qu'elle écrirait.. Décidément, elle se trouvait bien démunie cette nuit.


"Mh, non c'est vrai qu'il ne m'aidera pas à écrire. Mais merci de proposer.", elle eut un instant d'hésitation quant à la suite de la question, puis se résigna à répondre. "J'ai besoin d'un ustensile car cela me permet d'utiliser mon pouvoir. Pour faire court. Mais c'est pas grave, je ferais sans."

Elle avait la chance de ne pas dépendre de son pouvoir.
Lithium était tout à fait en mesure de se défendre toute seule.
Et si par malheur, elle n'était plus en mesure de tenir mentalement, Bis était là pour prendre sa place. Cela ne l'enchantait guère, mais c'était une possibilité qu'elle ne devait surtout pas dénigrer. Son virus avait être une véritable grognasse, elle avait le mérite d'être parfois relativement utile. La demoiselle était consciente que sa réponse à la question de JB était assez vague, mais elle ne voyait pas l'intérêt de lui dire ses capacités, cela ne les avanceraient absolument pas dans leur quête de la sortie. Surtout qu'elle avait la désagréable et grandissante impression qu'il n'existait aucune fin à cet endroit. Comme si la seule voie qui s'offrait à eux n'était au final qu'une vaste illusion. La voyageuse avait la chance de ne pas être claustrophobe, l'idée que les murs pourraient s'écraser sur eux ne l'effrayait pas au point de la tétaniser. Ce qui ne l'empêchait pas de ne pas désirer l'être. C'est pourquoi il leur fallait s'extirper de ce couloir le plus vite possible.
Ils continuèrent de marcher sans trop parler, espérant en trouver le bout rapidement. C'est alors qu'ils durent s'arrêter. Pourquoi ? Le chemin s'arrêtait tout simplement là, un mur coupant net leur progression. Ok, et maintenant ? Si ils faisaient demi-tour, ils tomberaient à nouveau sur cette salle à la con et là ils ne pouvaient plus avancer. C'était à devenir fou ! C'est cool hein ?! Bah non justement ! C'est la merde. La blonde tourna sur elle-même, palpa de nouveau les murs qui lui renvoyèrent une horrible sensation de liquide chaud, poisseux. Elle ne connaissait que trop bien ce toucher.. Du sang frais. Elle recula, écœurée, et jeta un œil à son collègue qui lui, ne semblait n'avoir rien vu. Etait-elle la seule à ressentir cela ? Esquissant une grimace dégoûtée, elle vérifia de plus près pour affirmer ses soupçons. Mais lorsqu'elle le fit, un visage sortit du mur, il avait les traits parfaits de Dimitri Vladof, un lointain décédé dont elle ne parvenait même plus à savoir pourquoi elle l'avait tué. Horrifiée, elle se jeta en arrière en lâchant un cri terrifié. ENORME, mais ça déchire !

Lithium avait le cœur qui battait la chamade.
Et lorsqu'elle regarda à nouveau le mur, la tête avait disparu.
Qu'était cette supercherie ?! Elle avait eu si peur qu'elle avait cru faire une crise cardiaque. Elle toucha de nouveau le mur, prudemment, mais la surface était redevenue lisse. Ok, elle n'avait pas peur des espaces confinés, mais elle n'était pas non plus hyper enjouée à l'idée d'affronter son passé.
Alors qu'elle cherchait à comprendre ce qui venait de se passer, Bis ne s'attendait pas à être également visée par les maléfices du Royaume maudit. Qui s'occuperait d'une personnalité squattant un corps ? Elle se marrait sacrément bien à regarder son hôte flipper comme une fillette. Jusqu'à ce qu'elle entende un murmure, comme un souffle agonisant -se référer à la voix de Palpatine tiens- qui s'adressait à elle et uniquement à elle.


.. Le temps t'es compté..

"kess' tu m'causes le mourant ?"

.. Tu n'existes pas..

"Ah si, j'crois bien que si, sacré canaillou va !"

.. Bientôt, tu disparaîtras.. Sans corps pour t'accueillir, tu n'es rien..

"Ecoutes mec, t'es sympa, mais arrêtes de me souffler dans l'oreille, ça chatouille sévère là !"

.. Bon, tu fais pas chier et tu flippes oui ?!

"Ah parce que t'es censé m'faire peur là ? Bah dis donc, tu devrais voir ce type devant au réveil hein, je t'assure que ça fout sacrément les jetons, 'tain !"

.. Vraiment ? .. Non mais l'histoire n'est pas là ! Tu devrais sombrer dans la folie à force que je te retourne le cerveau ! ..

"Comment tu vas faire gars ? Je suis déjà folle, ça va être difficile ! .. Bon écoutes, ce qu'on va faire, c'est que tu vas m'filer ton numéro ou j'sais pas quoi, on s'appelle et on se fait une bouffe, ok ? ALLEZ, on fait ça ! Amuses-toi bien sinon hein ! Va plutôt faire chier le mec là-bas, ça sera plus rentable pour toi. Allez, tchou !"

.. Quel insolence.. Je reviendrai..

Bis se bidonnait encore plus qu'avant.
Persuadée que Lithium avait également assistée à leur scène, elle vint vers elle dans sa tête pour partager leurs visions de la chose.


"Hé ma blondasse préférée ! .. En même temps, on est que deux, et c'est évident que je me kiffe davantage, m'enfin.. Il était chelou le type de la voix, non ? Comment je lui ai cassé son coup, c'tait trippant !"

"Mais de quoi tu parles ? Y'avait personne là."


"Bah si, y'avait une vieille voix qui m'cau.. Attends, t'as rien entendu ?"

"Absolument rien du tout. Je ne comprends pas.. ça voudrait dire que ce royaume nous considère comme deux personnes bien distinctes ?"

"Yeaaah, on reconnaît enfin que j'existe ! .. Dans tes dents Lith !!"

"Rah mais tais-toi ! .. Mais il te disait quoi ?"

"Que j'existais pas, que j'allais disparaître, bla bla, le baratin de base quoi !"

Ce n'était pas de vulgaires paroles, et Lithium l'avait bien compris.
Cela était directement destiné à Bis,et celle-ci ne semblait pas saisir la gravité de ces mots. La jeune femme savait bien que au plus profond d'elle, son virus cachait certaines peurs, même si elle refusait de l'avouer. La peur de ne plus exister et de s'évaporer après avoir goûté à un semblant de vie, la peur d'être oubliée. D'un côté, elle pouvait comprendre. Une fois que vous découvrez le monde, vous ne voulez plus vous arrêter. Ce royaume connaissait donc leurs peurs, leurs faiblesses et cherchaient un moyen de les exploiter contre eux pour les rendre.. fous ? Le Royaume de la Folie existait donc ? Bien sûr qu'il existait, pourquoi pas ? C'était bien leur veine de tomber ici. Ils allaient devoir redoubler de vigilance pour ne pas sombrer, ne pas jouer au jeu des créatures de ces lieux.. Ne surtout pas céder à la panique. Et justement, en parlant de panique ! Alors que Lithium avait été silencieuse pendant plusieurs minutes le temps des deux discussions à la suite, les deux voyageurs purent entendre des crissements, puis voir s'élever une légère poussière depuis le sol et du plafond. Et allez, fallait bien que ça arrive, c'était évident !
Les murs se rapprochaient dangereusement d'eux, prêts à les écraser. Ils ne pouvaient pas courir en arrière, la pièce était trop loin. ça pouvait se tenter, mais la chance était trop infime pour réussir. Et si oui, un seul d'entre eux y parviendrait. La voyageuse refusait de laisser quiconque en arrière. Elle se mit à réfléchir à toute vitesse, et c'est en regardant son camarade qu'elle eut une idée. Au début de la nuit, il avait directement pensé à chercher au plafond, pourquoi ne serait-ce pas la solution cette fois-ci ? Elle patienta jusqu'à ce que les murs soient suffisamment proches, apposa son dos contre l'un d'eux, ses jambes en face, et monta à toute vitesse. Son intuition fut juste car elle ne sentit presque plus de mur dans son dos. Elle se jeta en l'air pour atterrir sur un nouveau sol crée par la fermeture de ces murs, se mit à plat ventre pour passer sa tête dans la fente des deux murs qui restaient encore et hurla à l'encontre de JB si il ne l'avait pas déjà fait:



"VOLE AU PLAFOND !"

Si il n'était pas déjà à ses côtés, elle lui tendit la main au cas où, prête à le ramener de toutes ses forces vers elle. Mais elle ne doutait absolument pas de ses ressources. Après tout, c'était grâce à lui qu'elle avait pensé à grimper en haut.


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MessageSujet: Re: Amère condition (Pv : Lithium Elfensen) Amère condition (Pv : Lithium Elfensen) EmptyMer 15 Juil 2015 - 11:33

Un ustensile pour utiliser son pouvoir ... C'était dit de manière assez saugrenue. Et surtout, cela ne me donnait que peu d'informations ... Trop peu à mon goût. Certes, ma question avait été quelque peu évasive. Par politesse, par prudence. Je n'allais pas l'assaillir de mes nombreuses interrogations, ou il risquait fort que ce soit elle qui le fasse, de sa furie en revanche. Autant rester dans une retraite de flou. Il n'empêchait que j'étais vraiment intrigué. Un pouvoir qui impliquait un vecteur de tracé ? Il devait se référer à une phobie qui mettait en jeu soit l'image, soit l'écriture, alors. Ah, bien trop hasardeux à conjecturer, en tout cas ... Me le faire rabâcher encore et encore par les circonstances ne me plaisait nullement, mais j'étais bien prisonnier de ma prudence. Frustrant, si frustrant ! Au moins autant que de me faire complètement dominé par sa force de folle furieuse. Cruel dilemme, que de choisir entre ces deux insolubles problèmes à mon bien être. Oui, insoluble en l'état, en effet. Ce n'était pas un choix, je ne pouvais que subir; à moi de m’accommoder, alors. Mais il y a en moi une voix qui s'élève, hargneuse et fervente. Accepter tel quel les événements n'était pas une absence de choix, mais le choix de l'absence, de la passivité face aux contraintes. Et, loin de s'en accommoder, je ne faisais que m'y plier, me déformant, me dénaturant sous la pression, louvoyant à en perdre ma cohérence.
Je secouais la tête, chassant les quelques gouttes qui perlaient à mon œil droit. Sans réduire au silence mon ego pour autant, je n'avais pas vraiment envie qu'il me conduise à la stupidité factuelle. J'en étais assez proche. Même en raisonnant, je voisinais, malgré moi, la frontière de l'inconscience suicidaire. Une partie de moi s'en fichait, éperdument, complètement impulsive. Contraire à mes penchants réfléchis, et hautement détestable, en effet. Mais cependant ... Elle apportait du dynamisme, du piquant à mes pensées même, et cela, je l'appréciais avec ferveur. Oui, c'était une bien agréable dualité, en somme. De quoi être en mouvement, de corps comme d'esprit.

Nous étions, en tout cas, immobile. Je ne distinguais que très peu Lithium, dans un contre-jour effacé. Je me retournais, et repris la marche, elle à ma suite. Le silence était aussi tiède et épais que l'atmosphère des lieux, et il peinait à se rompre sous nos pas. Mes pieds ne résonnaient pas, comme si le son était amorti par le sol et les murs. Un feutrage étouffant. J'eus, en avançant, petit à petit, l'impression que, sous mes pieds, tout palpitait, doucement, dans un rythme écœurant. Sans bruit, nous nous enfoncions dans le noir, une marche d'une monotonie somnifère. Je perdais le contact franc avec mon corps, me calfeutrant petit à petit dans mes pensées, fuyant les sensations molles et insistantes qui me parvenaient. Une piètre retraite, finalement, puisque toutes ces petites sensations s'infiltraient, vapeurs qui m'imprégnaient au fur et à mesure, humectant mon être. Je n'y tenais plus. Baissant les yeux, la paroi lisse me parut comme soudain faite d'un mucus épais, dans lequel glissaient une myriade de longs vers. Je claquais du pied sur le sol, heurtant l'espèce de béton douceâtre avec un bruit sec qui trancha avec mon léger engourdissement progressif. Rien, évidemment. Rien ... Hallucinations sensitives et visuelles, à présent ? De mieux en mieux, vraiment. Il fallait que je reste vigilant envers moi-même. Quel était cet endroit ? Au vu de ce qui m'assaillait, et de ce en quoi nous avions atterri, je ne savais trop quoi penser. Rien que de bien hasardeux, en tout cas. tout ici n'était que troubles et confusions, pour le moment, une inquiétante et totalement hermétique traversée du désert. Rien, pas de signes, pas d'arrière décors, aucun signe de vie, si ce n'est la jeune femme qui m'accompagnait. Rien que le silence, oppressant, qui me faisait entendre dans le vide des murmures, des pulsations. Je perdais la notion de différence entre le battement de mon cœur et celui des murs, aussi imaginaire soit-il. C'était ... horrible.

Je refusais de m'y laisser porter, tentant de me fixer sur un objectif simple, concret, qui mobiliserait ma volonté et mon esprit. Sortir, ou simplement avancer. Rester concentré, ne pas se stopper de penser, sentir, ressentir, questionner. Une activité intense, vigilante, qui oscillait dangereusement entre la rigidité et l'obsession. Comme pour le faire, je crus sentir dans la plante de mes pieds une soudaine douleur, qui me vrilla jusqu'à l'os. La sensation que mes jambes allaient flancher fut instantanée, et je la combattis sauvagement. Mon pas s'enraya, je manquais de tomber. Mais je me rattrapais, secouait mes jambes furieusement, chassant les picotements qui n'étaient qu'une impression. J'avais envie de parler, une envie qui me brûlait presque littéralement la langue, mais quelque chose dans la teneur lourde du silence me prévenait d'une telle intervention. J'avais en outre peur de dire ... de ne rien dire justement. Autant se taire si c'est pour ne vraiment rien dire, et pire encore, alourdir encore l'ambiance. J'étirais mes bras, en essayant de les dynamiser. A ma grande surprise, ils rencontrèrent tous deux avant leur extension complète les parois. Je posais bêtement mes mains à plat, ne ressentant rien si ce n'est la douce chaleur répugnante de la roche lisse. Sa pression s'accrut sur mes paumes, sans que je bouge. Je poussais avec insistance, sans que cela s'estompe, bien au contraire. Ils se rapprochaient. Ils se rapprochaient. Sans trop réfléchir, je m'élevais d'une détente sèche, gardant les mains de chaque coté afin de sentir l'ouverture restante. Mes doigts s'accrochèrent à un rebord alors que je réalisais soudain que Lithium, elle, ne savait pas voler.

Sur le moment, je ne pu rien faire d'autre que me concentrer sur mon ouïe. Il faisait toujours aussi noir, et je progressais à tâtons. Finissant de me mettre hors des mâchoires au mouvement lent mais inexorable, je fermais les yeux, me concentrait sur les sons. Les murs, en se refermant, ne faisaient pas le moindre bruit. J'entendais ma respiration, lente et profonde, empreinte d'une certaine fébrilité. Je l'oubliais, de même que le battement de mon sang à mes tempes et dans ma poitrine. Restait ... Rien. Rien du tout. Ou plutôt trop de choses d'un coup. Je fus envahi des crissements, murmures, frottements, bruits étranges ou connus, forts et faibles, dans une sorte de cacophonie lointaine qui me hurlait aux oreilles d'un coup. J'ouvrais les yeux, secouait la tête, et sifflait entre mes dents. Le bruit fit disparaître tous les autres, mais je ne pouvais pas vraiment trouver Lithium. Puis je l'entendis. un frottement ténu, suivi du bruit, qui malgré l'occlusion ambiante, était pour moi bien reconnaissable, celui des pieds claquant sur une surface. Je m'approchait de la source, entendant alors sa respiration. Il faisait complètement noir, ici, plus aucune lumière ne me parvenait, aussi avais-je du mal à trouver sa position exacte. Elle était à quelques mètres devant moi, devant la fente de plus en plus étroite. Des orteils de mon pied gauche, je sondais distraitement l'ouverture, à présent de moins de 40 centimètres. Son appel assez fort me surpris presque, alors qu'il brisait le silence brutalement. Je lui répondis instantanément, en essayant de m'approcher.

"Je suis ici, Lithium ! Fais attention, tout se referme de plus en plus. Où es-tu exactement ? Je ne vois rien."

Au "rien", je fermais brutalement les yeux, la tête vrillée par un flash lumineux. Mettant mes mains devant mes globes oculaires meurtris, je fis un pas vers la position estimée de la jeune femme, en assimilant le brutal changement. Tout était à présent inondé d'une vive lueur d'un blanc cru, qui perçait à travers mes doigts et mes paupières, bien trop forte pour mes yeux habitués au noir presque complet des lieux quelques secondes auparavant. Peu à peu, j'arrivais à les ouvrir, laissant s'échapper leurs larmes, et regardait Lithium. Sa robe vaporeusement opaque paraissait presque iridescente dans cette lumière.

"Qu'est-ce que c'est que cet endroit ... Tu n'as rien, j'espère ?"
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MessageSujet: Re: Amère condition (Pv : Lithium Elfensen) Amère condition (Pv : Lithium Elfensen) EmptyVen 17 Juil 2015 - 13:27


"... Jean-Baptiste ?"

Pas de réponse.
Comme si son appel s'était évanoui dans le noir.
Ou comme si elle se trouvait dans une bulle vers laquelle aucun son ne parvenait, lui ôtant l'ouïe. La jeune femme commença à douter, puis à paniquer. Et si il était resté en bas ? ... Non, ce n'était pas possible. Elle avait pu voir qu'il volait, alors il n'y avait pas le moindre doute quant à sa présence à cet étage. Mais alors... Où était-il exactement ? Son tatouage ne lui permettant pas d'être nyctalope - je savais bien que t'étais une salo.. - elle ne parvenait pas à le voir. Cependant, elle crut déceler une aura, certes peu puissante, mais suffisamment présente pour qu'elle la ressente. A mesure que l'on gagnait en force, était-on capable de traquer et sentir l’aura des autres ? C'était possible et même hautement probable. A savoir si celle-ci était bien celle de son camarade de galère. Toujours à quatre pattes, elle rampa doucement, suivant une direction aléatoire. Tout était si sombre et si... Silencieux. L'absence de sons, même le plus primitif qu'est celui des pas, était oppressant. Elle n'entendait rien.
Que se passait-il ? N'était-elle plus capable d'entendre ? Elle ne comprenait pas. La voyageuse se frotta vigoureusement les oreilles - aïeuh - et continua à errer comme un animal. Après quelques minutes de vagabondage, elle crut entendre un appel, comme si on lui parlait alors qu'elle se trouvait sous l'eau. Elle prêta davantage attention à ce son, jusqu'à déchiffrer son prénom, puis une demande de position. C'était JB ! Elle fit demi-tour, toutes voiles dehors, pour retrouver son collègue. Jusqu'à ce qu'elle soit éblouie par un violent flash lumineux qui lui fustigea la rétine.

Elle lâcha un grognement de douleur et  se jeta en arrière, tout en ramenant ses jambes à elle. Les paupières fermées ne suffisaient pas à atténuer cette souffrance oculaire. Bis, au travers de Lithium, émit un sifflement de rage, et manqua de prendre les commandes. Cette agressive lumière eut un effet étrange sur Bis, comme si cela l'excitait négativement. A l'intérieur de Lithium, elle grognait presque, tel l'animal traqué et pris au piège. La blonde se sentit mal, vidée de son énergie par la colère grandissante de son intrus personnel. Elle eut du mal à respirer, oppressée dans et par son propre corps. La respiration saccadée, elle eut cette impression qu'elle avait déjà embrassée plusieurs fois par le passé. Celle de perdre le contrôle. Une main sur la poitrine, pinçant sa peau comme pour empêcher que son cœur n'éclate, elle rouvrit les yeux à la voix de JB et avança avec difficulté. Avec peine, elle tenta de masquer cette douleur affreuse qui lui transperçait la cage thoracique, et lui donnait une démarche saccadée.


"ça va, je vais bien, c'est gentil. La surprise seulement. Et toi ? Tes yeux... ", Fit-elle en avançant une main vers son visage sans pour autant le toucher. "T'es sûr que ça ne t'as pas trop amoché ?"

Quant à elle, sa douleur la tenaillait, comme si Bis se jetait contre les parois de sa prison corporelle, elle ne tenait plus en place. La demoiselle tenta de la rassurer, de la calmer mentalement, mais elle parlait à un mur. Rien ne semblait atteindre la seconde personnalité. Que se passait-il, bon sang ?! Certes, elle avait toujours été très agressive quand elle le voulait, mais là, elle se comportait comme une bête sauvage ! Et elle ne savait comment l'aider à s'apaiser. Du côté de celle-ci justement, rien n'allait. Ce flash luminescent l'avait comme brûlé au dernier degré, elle avait l'impression de se consumer de l'intérieur - un comble pour quelqu'un étant DEJA à l'intérieur de quelqu'un - tel un vampire rencontrant la lumière du soleil. Elle combattait la douleur par la douleur, se jetant contre les murs invisibles de sa prison cérébrale. Il ne manquait plus que l'écume aux lèvres pour ressembler à une créature à abattre sur le champ... Etait-elle en train de mourir ? La simple idée de disparaître l'a rendit folle de rage et elle se mit à hurler davantage.
Elle tenta d'entrer en contact avec Lithium, mais c'était comme si les ondes qui leur permettaient de communiquer avaient été coupées, ce qui contribua à accentuer sa fureur. Par le mal qu'elle lui causait, elle espérait bien se faire entendre par sa propriétaire. Contrairement à sa première rencontre avec la vieille voix qui avait tenté de l'effrayer, cette seconde tentative, plus subtile, je vous l'accorde, et sans vocalises, avait l'effet escompté. Bis commençait à paniquer, à sa manière, c'est à dire par la violence. Bientôt, la voix obtiendrait ce qu'elle désirait. La rupture.

Lithium savait que Bis allait mal, mais ne parvenait pas non plus à l'entendre tout comme à lui parler. L'idée de la perdre l'effrayait-elle ?... Non ce n'était pas possible. Son virus était une plaie, pas moyen que sa présence ne lui manque un jour. Si seulement, elle venait à disparaître, ce qui n'était pas encore le cas. Sa gorge devenait de plus en plus sèche, et ses idées floues. Ce fut avec une voix légèrement éraillée, qui se cassait à la fin de certains mots, qu'elle répondit à la question de JB.


"Je ne sais absolument pas où l'on est... Pourtant, si je me fie à ce que j'ai déjà vécu en me réveillant plus tôt, puis à certaines choses auxquelles j'ai été personnellement confrontée dans le couloir et à ce que B..", elle faillit prononcer le prénom de son intruse mais s'abstint, "...Et à bien d'autres choses, je me demande si on ne serait pas - Mais qu'est-ce que..."

Une nouvelle sensation s'emparait de Lithium, fort désagréable.
Et lorsqu'elle baissa les yeux vers la source de ce tourment, son visage se déforma en une expression de profonde terreur et elle ouvrit la bouche pour crier, mais aucun son ne sortit de sa gorge. Ses mains étaient translucides, disparaissant et de détachant lentement de son corps. Lith... Non... Non ! Pas ses mains, elle ne pouvait pas perdre ses mains ! Qu'était-elle capable de faire sans elles ? Rien ! Li... Plus de mains signifiait plus de dessin. NON, elle ne pouvait s'y résoudre, jamais ! Sale blo... T... M'en... Jetant un regard effaré à JB, ne sachant trop si il voyait ce qu'elle subissait, elle frotta ses mains l'une contre l'autre, espérant désespérément de ne pas les perdre. LITHIUM, PUTAIN, TU VAS M'ECOUTER, BORDEL DE MERDE ?!!! Bis ? T'étais passé où ?! Regarde mes mains !!! Qu'est-ce que je fais, QU'EST-CE QUE JE FAIS ?!!!
OH, CALMES-TOI DEJA, arrêtes de hurler putain. J'ai déjà suffisamment l'impression d'être passée sur le barbecue alors hein... Fermes les yeux, ce que tu vois n'est pas réel. T'es pas une chiarde, hein ? Ce mot n'existe pas... Ta gueule, maintenant si. Tu ne dois pas te laisser embobiner comme je l'ai été y'a même pas cinq minutes. C'est pour ça que je frôlais la crise cardiaque tellement t'étais enragé ...? Ouaiiiis, bon ! J'ai un peu pété les plombs, ok. Mais c'est pas le sujet ! Je crois qu'on se fout de notre gueule en fait. Attends, n'en dit pas plus. C'est bon je comprends. Revivre ma phobie, voir mes amis et même connaissances mourir ou me tourner le dos, les gens que j'ai tués par le passé, mes regrets, mes mains qui disparaissent.. Ce royaume se sert de mes peurs pour me faire perdre la tête. Qu'est-ce que tu as vu, toi ? ... Moi ? PEUH ! Mais j'ai peur de rien, moi ! Tu m'prends pour qui, p'tite larve ? Tsss, sans déconner. Moi, peur. MOI ? Oh et fous-moi la paix ! Va chercher de quoi tuer pour moi au lieu de m'faire chier pour rien... Elle partit bouder.

Lithium avait parfaitement compris que Bis avait subi quelques souffrances également. La voix était-elle revenue la hanter avec davantage de virulence, s'en prenant physiquement à elle ? La jeune femme désirait savoir, mais avait pleinement conscience que sa congénère ne lâcherait rien. Aucune chance qu'elle n'avoue une seule de ses faiblesses, et encore moins qu'elle la reconnaisse elle-même. Maintenant qu'elle avait compris où ils se trouvaient, elle devait en faire part à JB. Il avait l'air plus ou moins récent sur Dreamland, il ne devait sûrement pas connaître la totalité des royaumes existants. En même temps, impossible de tous les connaître. Ne prêtant plus la moindre attention à ses mains, elles revinrent doucement à leur place, comme si il ne s'était jamais rien passé.


"Je sais où nous sommes. La dernière chose qui vient de se produire m'a convaincu." ainsi que les dires de Bis, mais ça... "La logique voudrait que nous nous trouvions au sein du Royaume de la Folie. Et je t'avoue que ça ne me rassure pas davantage de connaître notre position. En revanche, je n'ai pas la moindre idée de comment nous en sortir."

Elle regarda autour d'elle, et ne vit que du blanc à perte de vue.
Le cercle vicieux quoi ! D'abord que du noir, puis que du blanc. Ensuite, ça serait quoi ? Que du vert, puis du jaune et finalement un peu de mauve ? La blague. Comment pouvaient-ils se sortir de là ? Fallait-il être fou pour sortir d'ici ? L'idée de laisser sortir Bis lui effleura l'esprit, mais elle se ravisa dans la foulée. C'était une théorie; comme quoi, au pays des fous, seul les fous savent où aller. Une théorie bien bancale à ses yeux...
La lumière ne leur permettait pas de voir quoi que ce soit au-delà de leurs mains, mais ils pouvaient toujours avancer. A moins que.. Que la solution résidait à continuer vers le haut ? Les murs s'étaient refermés sur eux, et avaient donnés naissance à un étage. Alors pourquoi ne serait-ce pas le cas ici non plus ? Enfin, pas se faire écraser par des murs hein. Mais grimper ou voler.


"Tu penses pas que, au lieu de errer sans but au sol, il faudrait pas plutôt chercher à monter les étages ? Si ces murs en ont formés un, pourquoi pas un autre ? Enfin, je veux dire que, peut-être qu'il faut monter au lieu d'aller tout droit."



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MessageSujet: Re: Amère condition (Pv : Lithium Elfensen) Amère condition (Pv : Lithium Elfensen) EmptyDim 19 Juil 2015 - 13:52

Elle avait aussi souffert du flash brutal, bon point. Au moins, il n'était pas qu'une illusion personnelle. Peut-être simplement partagée, mais je m'en fichais. La lumière allait rapidement décroissant, mais j'arrivais à voir, assez pour trouver Lithium. Elle s'approcha de moi, tendit la main vers ma tête. Cela me surprit un peu, mais je ne le montrais pas, d'autant qu'elle ne vint pas jusqu'à me toucher, et briser ma zone de confort. Le contraire m'aurait étonné au delà de toute mesure, d'ailleurs, vu comment elle avait réagi lorsque j'avais tendu ma main vers elle, moi aussi. Qu'elle fasse tel cas de mon état ne me rassura en rien, en revanche. Je l'avais devinée gentille de nature, pensait m'être trompée, mais non. Elle était dangereusement changeante, définitivement, et sa douceur actuelle ne faisait que retarder une nouvelle saute d'humeur dévastatrice. Je répondis avec un demi-sourire, en espérant qu'elle puisse le distinguer.

"J'ai les yeux sensibles, mais ça va. Ils sont simplement irrités."

Je me retins de dire qu'ils ne saignaient même pas. Ce n'était en effet pas une bonne idée que de préciser que cela pouvait m'arriver, de tant à autre, quand le soleil était trop fort et mon regard trop audacieux. Autant ne pas trop en dire, surtout pour des choses superflues de ce genre. Lithium ne semblait pas aller très bien non plus, d'ailleurs. Perturbée, sans doute. Par les torsades sensitives que nous imposaient le lieu, son caractère oppressant, qui nous imprégnait de ses assauts de fausses impressions dérangeantes, d'agressions sensorielles. Oui, elle n'allait pas bien, rien que le pli soucieux de son front me l'indiquait, et je comprenais pourquoi. Cet endroit était un calvaire, pour le moment, et je craignais qu'elle le vive d'une manière que j'avais du mal à le cerner, ne serais-ce que parce que je ne la comprenais pas bien. Elle avait trop de zones sombres à mes perceptions, et je n'étais pas dans le meilleur état pour l'analyse. Le peu que je pensais savoir m'amenait à ce que je croyais à présent voir, en tout cas. Que mon observation soit déformée par les préjugés que j'avais construit pour elle était cependant tout aussi, plus probable même. Elle était suffisamment pertinente pour que je la retienne. Restant sur mes gardes, mais moins tendu qu'auparavant, je l'écoutais me répondre.
Ses hésitations étaient toujours aussi bizarre, mais elles ne m'étonnaient plus. Cependant, venant à l'information cruciale, elle s'arrêta, jetant un regard effaré et perdu sur ses mains, qu'elle leva à demi, le visage congestionné. Je ne savais trop ce qu'elle voyait, mais ce n'était pas agréable. D'ordinaire, je ne sais trop comment j'aurais réagi, mais après avoir expérimenté quelques hallucinations sensorielles il y a peu, je me doutais qu'elle avait sous les yeux quelque chose de fort désagréable. Elle était paniquée, agitant, entrechoquant ses doigts et ses paumes, comme si quelque chose était collé dessus, ou qu'elle avait peur qu'elle ne tombent. Je tentais de la rassurer de la voix, si toutefois elle m'entendait.

"Lithium, calme-toi, les hallucinations sont légions ici. J'ai eu la même chose, reste simplement ..."

Concentrée et calme, et elle y arriva bien toute seule. Relevant la tête, elle reprit où elle en était, en substance. Je l'écoutais avec attention, remarquant que ma jambe gauche me paraissait raide et fibreuse. Je ne relevais pas l'argument de la logique, qui pour moi n'était qu'à moitié valide, mettant cela d'une part sur le compte de sa réflexion un peu embrouillée encore (ou la mienne, d'ailleurs, ce qui revenait au même), et d'autre part sur son expérience bien supérieure à la mienne. Royaume de la folie ? Comment avais-je atterri ici, alors ? Ce que j'avais fait juste avant de me rendormir, je n'arrivais pas à m'en souvenir. Toute ma journée, en fait. Ah, c'était rageant d'en venir à cela. Pourquoi étais-je ici ? Elle, Lithium, était manifestement déséquilibrée, et si je tentais de ne pas m'illusionner sur mon esprit, je ne me pensais pas atteint d'une telle pathologie. Une vive colère m'envahit, une fureur qui m'était étrangère. Je savais d'où elle provenait, et cela m’excéda. Et si c'était elle, la raison de ma disgrâce actuelle ? Elle se tordit en moi, me brûlant dans ma chair par la blessure que je lui infligeais. Je remarquais un peu tard que j'étais en train de la rejeter.
Formant une myriade de filaments qui tournoyaient en se fondant les uns avec les autres autour de moi, elle s'extirpait par chacun de mes pores avec peine, se détachant de moi sous mon dégoût subit. Le spectacle devait être étrange. Elle me fouettais doucement le visage, le torse, se collant parfois à moi, effectuant un ballet de frustration vive et acide, mais aussi d'une certaine compassion, à mes yeux. Qu'est-ce que j'étais en train de penser ?! J'ouvris les lèvres, exhalant un profond soupir de lassitude en baissant la tête. Mes cheveux couvrirent mes traits, alors que, vainquant ma stupide réaction, je buvais avec une avidité quelque peu dérangeante mon aura, qui rentra en moi avec une prestesse satisfaite. Relevant le chef d'un mouvement preste, j'envoyais voler mes cheveux en arrière, et me tournais vers Lithium, qui avait assisté à cette courte lutte.

"La folie, oui ... Je pense que tu touches juste. Pour ce qui est de ton raisonnement ... Je suis d'accord, mais un problème se pose pour toi, non ? Contrairement à moi, tu ne peux pas t'élever sans prise quelconque. A moins que tu n'ais une capacité à grimper aux murs, je ne vois qu'une solution."

Je me gardais bien d'avancer, mais ouvrit les deux mains en signe d'impuissance.

"Je me refuse à avancer en te laissant en bas. Je pense pouvoir supporter l'ascension de nous deux, je l'ai déjà fait, mais ... J'ai peur que ça ne te conviennes pas, n'est-ce pas ?"

A moi non plus, par certains aspects, d'ailleurs. Vu comment elle avait réagi lorsque j'avais offert ma main, je n'osais imaginer ce qu'il se passerait si elle se prenait de m'étriper une fois en l'air. Avoir un tel danger entre les bras n'était pas une perspective très réjouissante, mais je ne voulais pas me laisser guider par ce sentiment négatif. Elle était aussi une jeune femme assez gentille, et surtout la seule qui me séparait d'un abîme d'illusions sans repères. Avec une autre personne, il était plus simple de ne pas se laisser entraîner dans les délires qui survenaient de plus en plus régulièrement en ce lieu.
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MessageSujet: Re: Amère condition (Pv : Lithium Elfensen) Amère condition (Pv : Lithium Elfensen) EmptyVen 24 Juil 2015 - 15:44


Elle fait quoi son machin-là, du breakdance ? demanda Bis à une Lith relativement déconcertée.


La jeune femme ne savait trop quoi dire face au spectacle, pour le moins intéressant, auquel elle assistait. Ce qu'elle déterminait comme une aura, s'affairait autour de JB. Elle le gifla plusieurs fois, se désagrégeait pour se reformer, lui tournait autour pour finalement se frotter, et même se coller, à lui. La demoiselle l'observait, surprise et intriguée, alors que Bis faisait juste une grimace de merde, complètement stupide.
Spoiler:
On dirait qu'il flotte dans son propre sper... AAAH, mais tais-toi, t'es dégueulassse ! QUOIIII ?!! Mais c'est vrai regaaardes ! Tout plein de petits spermat... Ah putain, tu m'dégoûtes. C'toi qui m'dégoûtes, t'es qu'une larve tendue du string qui se met presque à chouiner quand il faut tuer quelqu'un ! On ne peut pas discuter avec toi, c'est impressionnant, gamine. Pisseuse. Tarée. Grognasse.
Et c'était ainsi toutes les nuits. Il venait forcément un moment où elles s'insultaient ainsi, histoire de. Une sorte de routine s'était installée entre elles. Mine de rien, ça faisait un moment qu'elles traînaient et vivaient ensemble, comme une... famille. Aussi étrange soit-il, elles se comportaient parfois comme si elles étaient sœurs, se chamaillaient et parfois s'accordaient. Leur relation n'était absolument pas ordinaire et encore moins saine. Mais aucune des deux ne savait comment se comporter à l'égard de l'autre. Lithium éprouvait des sentiments réellement contradictoires à l'encontre de Bis, et il en était de même pour cette dernière.

La première la détestait autant qu'elle en était dépendante.
Inconsciemment, elle avait besoin de ce virus. Elle représentait tout ce qu'elle avait été par le passé, mais revu à l'extrême sur quelques points. La rage qu'elle exultait en permanence la maintenait à flots, elle qui avait comme perdu une part d'elle-même depuis qu'elle s'était scindée en deux. Lithium traversait une véritable crise d'introspection, et cela commençait à durer depuis bien trop longtemps à son goût. A chaque réveil, elle s'obligeait à se reprendre en main. Et pourtant, rien n'était fait. Bien entendu, elle s'était inscrite à bon nombre de sports divers et variés pour se dépenser et se détendre, mais rien n'évoluait pour autant. Son problème était psychologique, mental. Elle refusait de se l'avouer, mais elle était réellement atteinte, éventuellement malade limite déséquilibrée. Assurément mal dans sa peau, assiégée de culpabilité, elle se punissait en permanence pour tout ce qu'elle avait bien pu faire de mal. Considérant que sa seule présence était nocive voire dangereuse pour son entourage, elle s'éloignait volontairement des autres sur Dreamland et s'écartait de tout projet commun. C'est pourquoi, malgré les nombreuses et incessantes propositions de Daniel, son meilleur ami, elle refusait toujours catégoriquement de les rejoindre dans leur quête.
De un, elle savait que cela finirait par ennuyer Bis et la pousserait à créer des problèmes pour s'amuser, et de deux, elle avait peur de ne pas trouver sa place parmi eux. Découvrir et consigner les civilisations de Dreamland était certes fort intéressant, mais elle craignait de ne pas partager le même enthousiasme que les camarades de son ami. Il valait mieux pour tous qu'elle se promène seule. Cependant, Lithium avait rencontré pas mal de personnes en cours de route. Elle avait partagé avec chacun des aventures plus ou moins dangereuses, parfois complètement irréalistes, mais généralement inoubliables. Et fort heureusement, personne n'était mort à ses côtés parmi eux. Aucun ne désirait quitter ces terres oniriques avant d'avoir accompli son but.

Oui, la particularité que toutes ces personnes partageaient en commun était qu'elles avaient toutes un but. Devenir le meilleur, numéro 1, découvrir telle ou telle chose, retrouver telle personne, etc... Mais elle, que pouvait bien être son leitmotiv ? N'en avait-elle aucun ? MOI, j'en ai un ! Laisses-moi deviner; pouvoir t'abreuver du sang de tes victimes jusqu'à la fin de mes jours ? ... Mais je le fais déjà, non ? Pas faux. C'est quoi alors ? ça t'intéresse, heiiiin ? Non. Bah m'fais pas chier alors ! Si même une personnalité n'existant que à Dreamland possédait un but, pour quoi passait-elle alors ? C'était d'autant plus perturbant que ce soit Bis en plus ! Lithium se doutait du rêve de son intruse, bien qu'elle le savait irréalisable. Mais tout était possible ici, alors pourquoi cette créature ne pourrait-elle pas avoir, elle aussi, son propre corps pour pouvoir continuer à vivre lorsqu'elle n'était pas là ? Parce que ce serait lâcher une bombe dans une école primaire.
La jeune femme savait qu'il fallait mieux que ce jour n'arrive jamais. C'est pourquoi, elle ne l'aiderait probablement pas dans sa quête, au risque d'aggraver la culpabilité qui l'accablait déjà. Vous imaginez, être responsable d'avoir lâché un Carnotaure dans une réserve naturelle d'antilopes en voie d'extinction ? Ici, c'était relativement la même chose. Elle refusait catégoriquement de faire partie de cette histoire.

Alors qu'elle se perdait dans des pensées noires, JB lui parlait.
Hein, qu'est-ce qu'il avait dit ? [color-deepskyblue]Je crois qu'il disait que tu ne pouvais pas voler. De quoi j'me mêle ? Je vole si je veux ![/color] C'était pas faux oui, mais pourquoi une telle constatation ? ... Oh ! Ah oui, il voulait voler jusqu'en haut suite à sa suggestion ! Effectivement, oui, elle ne savait pas voler. A son grand dam d'ailleurs. Evidemment, elle pourrait utiliser son sang pour créer quelque chose lui permettait d'atteindre le plafond, mais elle se le refusait catégoriquement. Hors de question de réutiliser cette technique. De un, elle était juste dégueulasse, et de deux, cela laisserait une porte de sortie grande ouverte pour Bis. Elle préféra acquiescer en réponse à JB, allongeant la liste de secrets qu'elle lui cachait. La demoiselle n'était pas du genre à tout dévoiler au premier venu en toute honnêteté. Enfin, plus maintenant. Rare étaient ceux en qui elle avait réellement confiance, alors un inconnu... Encore moins !
Lorsqu'il proposa qu’il les emmène tous deux en haut, elle eut un très léger mouvement de recul. Hnnn... La voyageuse n'était guère rassurée. Se foutre dans ses bras ? Plutôt crever. Je suis sûr qu'il fouette le bouc ! Oui, mais pas trop le choix. Ils devaient vérifier si sa théorie était bonne. De plus, ils n'avaient aucune autre solution à exploiter. Après avoir mûrement réfléchi, elle s'approcha doucement de JB, les sourcils légèrement froncés, et haussa les épaules.


"Je survivrai à un contact humain, si c'est ça que tu entends...
Tant que tu ne fais pas de geste brusque qui m'inciterait à réagir. Je sais me tenir et je ne vois pas d'autre solution. Donc, baaah... Let's go, hein.


Un peu à contrecœur, elle se retint de grimacer lorsqu'elle passa un bras autour du cou de JB, histoire d'avoir un appui solide. J'crois que j'vais vomir... Un geste, et je lui brise la nuque. Et on tombera lamentablement au sol. Sacrée bonne idée, dis donc. T'en as d'autres des comme ça ? 'Me servirai de son cadavre pour atterrir en toute impunité, kess'tu crois ? Tu connais pas l'histoire du scorpion et de la tortue toi, ça se voit...


(HRP: désolée, ça n'avance pas beaucoup et c'est sûrement décousu par endroit)
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MessageSujet: Re: Amère condition (Pv : Lithium Elfensen) Amère condition (Pv : Lithium Elfensen) EmptyLun 27 Juil 2015 - 21:01

Ma proposition mis une distance entre moi et Lithium sur le coup. Je fus assez amusé de remarquer qu'elle avait extériorisé avec une retenue très appréciable la tension qui subsistait entre nous deux. Ce léger recul me fit un bien fou sur le moment, alors que je craignais son dégoût et sa crainte. Pas autant que sa fureur cependant. Je ne bougeais pas, la laissait peser le poids de mes paroles. Après tout, je ne faisais que la confronter à son hypothèse. Que la sortie soit réellement en haut ou pas, pour le savoir, il fallait passer par cela. A moins, donc, qu'elle ne puisse, elle aussi, voler. Et, même si j'en doutais, laisser cette possibilité ouverte était pour le moins rassurant pour moi. Puis j'avais malgré tout la sensation de m'imposer à elle, ce qui était assez déplaisant. Me donner des arguments qui contredisaient cette impression m'aidait quelque peu.
Je laissais la jeune femme à sa réflexion, patient. Que ce soit la lumière qui avait encore changé, ou simplement l'adaptation, je voyais de mieux en mieux, et observais tranquillement Lithium pendant qu'elle soupesait ma proposition. Il me vint à l'esprit que la porter allait être facile. Elle était plutôt petite, en tout cas de mon point de vue. Pas tant que cela pour une femme, même plutôt dans la moyenne, à dire vrai. Mais elle était svelte, et mes capacités physiques à Dreamland augmentaient encore et encore. Je souris à demi en repensant à la première fois où j'avais essayé de porter quelqu'un en volant. L'effort avait été tel que sur le moment j'en avais perdu mes moyens. La seconde personne à avoir profité de mon aura pour découvrir les cieux ne m'avait pas posé autant de problème, loin de là. Même si, rétrospectivement, j'avais été quelque peu galvanisé par la situation ... Ce qui n'allait pas être le cas ici, ou en tout cas d'une manière radicalement différente. Un peu rabaissant, d'ailleurs, je le remarquais seulement, que je n'ai jamais fait cela qu'avec des femmes. Jamais mes bras n'avaient porté une créature non féminine dans mes voyages oniriques. Quelle mauvaise image je me donnais à moi-même ! Pas que l'occasion de faire faire une promenade à n'importe qui m'enchante, cependant, mais ... Dieux, je n'allais tout de même pas me laisser penser aller à un tel sexisme.

La réponse de Lithium vint alors qu'elle s'approchait de moi. J'en fus très surpris, mais retint fermement mon impulsion de recul. Son expression était presque comique. Son honnêteté était pour le moins lacunaire, à mes oreilles. A la manière dont elle bougeait, je semblais être pour elle un franc repoussoir, et c'était comme si elle se forçait à ne pas grimacer. Ou étais-ce simplement moi qui était à cran ? Je remarquais que mes doigts étaient raides, comme si je les retenais de se crisper. A peine cette constatation faite je sentis quelque chose me monter dans le dos, littéralement. Cela froissait mes muscles, tordait mes chairs de l'intérieur, me laissant tel un mollusque dans sa coquille ramollie. C'était rampant, ça crissait contre mes os, comme si ... Suffit !
Alors que ce qui semblait être mes vertèbres lombaires semblaient avoir décidé de monter l'échelle de leurs sœurettes jusqu'à mes omoplates, je chassais cette frustrante hallucination de mes sensations en plantant subrepticement les ongles de ma main droite dans ma paume. Pas assez pour me faire saigner, mais suffisant pour pleinement reprendre contrôle. Lithium était devant moi, tout près. Elle passa son bras à ma nuque, prenant appui. Instinctivement, je m'abaissais légèrement, pour qu'elle puisse se caler plus facilement. Le contact de sa peau contre la mienne me fit presque mal sur l'instant, comme si ses pores mordaient les miens. Non, ce n'était que de la peur, qui se traduisait ainsi. Sa peau était tout ce qu'il y a de plus normale, assez douce même, sans pour autant être exceptionnelle. Je la scrutais du mieux que je pouvais de mon point de vue malcommode, levant lentement les deux bras, sans la toucher.

"Pas de geste brusque, certes. Comme sécurité supplémentaire, je me permet de te prévenir maintenant : je vais devoir te porter. Tu ne pourras pas rester facilement accrochée à mon cou ainsi, à moins que tu ne me ceintures des deux bras et des jambes, ce qui ne serais vraiment pas pratique. De plus, mon pouvoir n'est pas vraiment "fait" pour ce genre de choses. J'ai donc besoin, moi, d'avoir une bonne prise, si je puis dire."

Je prenais une légère pose, pour sortir de mon esprit les réflexions fécondes qui se formaient quant à la nature de l'odeur de la jeune femme. Je la trouvais presque poivrée, à la fois très sèche, boisée, piquante, et d'un autre coté plus douce, doucement acidulée. S'adonner ainsi à l'étude des senteurs corporelles était déjà quelque chose d'assez mal vu, bien que ça ne soit pas justifié à mon sens. La plupart, en effet, avaient tendance à confondre les odeurs purement extrinsèques à la personne, comme le savon, le parfum, ou même la sueur, qui ne sentait pas en elle-même, ça n'était que les bactéries qui se développaient rapidement dans ce liquide qui provoquait son odeur désagréable; et l'odeur intrinsèque de l'individu, quelque chose qui ne lui était dû qu'à son corps, et à la perception des autres. Les phéromones, bien que moins présentes que chez nos cousins mammifères, étaient tout de même bien là. Si, avec la vie citadine et moderne, nous étions élevés à ne pas la sentir, et même la répugner, lui préférer les artifices consommables, il n'en restait pas moins vrai que chaque personne avait une odeur qui lui était distincte, et qui était un message adressé aux autres humains par son corps. Cela ne faisait pas exception à Dreamland, je l'avais remarqué. La plupart des traits physiologiques restaient même dans les rêves, surtout de ce genre là.
Lithium me perturbait grandement par son odeur. Les deux composantes que je pouvais percevoir ne se mariaient vraiment pas, ou tout du moins elles ne m'inspiraient pas. Certes pas désagréable, mais déroutant. Je me demandais soudain quelle pouvait bien être mon odeur. Je ne pouvais pas me sentir, à mon grand malheur, mais elle ? J'espérais ne pas être trop dérangeant sur ce point. Ou peut-être même étais-ce l'inverse ? Je me secouais avant de m'enfoncer trop loin dans mes spéculations, et reportais mon attention sur Lithium.

"Je vais avoir besoin de te soulever, de prendre tes jambes. Si tu te rétractes ou que tu as une appréhension, fais-le moi savoir, que ce soit en parlant ou par geste, in pincement sur ma nuque suffira. Je vais donc prendre mes appuis d'un bras au niveau du milieu de ton dos, et de tes jambes. D'accord ?"

J'attendrais patiemment qu'elle acquiesce ou au contraire montre quelque trop grande réserve. Mon aura nous entourait doucement, la recouvrant avec moi alors que je me concentrais et qu'elle prenait sa légère emprise sur nous deux. Je la sentais comme une insistance de l'air sur ma peau et mes chairs, en même temps qu'une sensation d'absence de poids et une excitante électrisation. Comment elle pouvait le ressentir, c'était un mystère. Toujours est-il que je ne m'élèverai pas avant de l'avoir soulevé dans mes bras et qu'elle soit bien positionnée, et pas avant qu'elle y soit bien prête. Pas question qu'elle m'étrangle ou m'écharpe parce que je lui prend les jambes trop vite où que je la touche trop à son goût l'espace d'un instant. Après quoi seulement, je commencerais à m'élever, à la verticale. Mes yeux me piquaient, le droit s'humidifiait outre mesure, comme à son habitude.
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Amère condition (Pv : Lithium Elfensen)

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