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Il va y avoir du spore... [Quête solo]

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Robert Rosewood
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MessageSujet: Il va y avoir du spore... [Quête solo] Il va y avoir du spore... [Quête solo] EmptyDim 27 Aoû 2017 - 19:19
Il s'agit de la suite directe du post RP de ma fiche de présentation. Je conseil donc d'aller le lire AVANT de se lancer dans la lecture de cette quête!!!
Robert s'éveilla en un grognement de peur. Puis un souffle profond, frénétique. Les yeux écarquillés, humides et presque suintants de larmes. Il toussa à en cracher ses poumons, la gorge en feu ; la bile qui vint ensuite à ses lèvre ne fit qu'empirer son état. Robert avait mal partout, son corps entier le piquait, le brûlait ; son œil gauche restait clos car couvert du sang de son arcade ouverte, plaquée contre le plastique souillé et inconfortable de l’airbag déployé. Son visage et ses avants-bras étaient joliment pailletés des débris de son pare-brise disloqué. Il sentait son volant et le tableau de bord broyer le bas de son corps, ne lui laissant de ses jambes qu'une sensation de douleur constante, qui remontait le long de son dos et de sa nuque.
Il se rendit rapidement compte que son œil valide était, de loin, la seule partie de son corps encore capable de se mouvoir. Il le fit rouler en tous sens, affolé, circonspect ; un globe vitreux et détrempé, injecté du sang qu'il lui restait, pointant partout sa pupille sombre, cherchant un appui quelque part dans la nuit.
La première chose qui attira son attention, une fois conscient de son environnement, fut son bras. Sous sa chemise, détrempée et visqueuse du sang qui la rendait plus rouge que verte maintenant, il distingua un membre parfaitement normal et humain : cinq doigts immobiles sillonnés de raies sanguinolentes, une mains gonflée, une avant-bras pileux maculé avant un coude amoché, son biceps honteusement caché sous sa manche remontée et son épaule, percée d'un éclat qui reflétait la lumière de la Lune. Au moins, cet arbre n'était plus là…

Bizarrement, il était pris d'une sensation étrange, complètement différente de ce que pouvait ressentir un homme après un grave accident de la route, en découvrant son corps en miettes et probablement destiné à y rester si on ne l'aidait pas rapidement ; il n'était pas paniqué outre mesure, il n'était pas vraiment choqué de son état : prévisiblement précaire, il n'était pas inquiet de sa fin sans doute proche. Non, Robert ne ressentait pas cela. Ce qui le préoccupait plus que sa dégaine ; parce qu'il fallait avouer qu'il était pas mal nôtre ancien militaire, collé à l'airbag, la bouche à moitié ouverte et dégoulinante de son repas de midi, qui venait souiller ses fringues, déjà bien salopées par le sang qui sortait de toutes ses plaies. Non, ce qui l'avait vraiment marqué, la chose qui s'était enracinée à jamais dans sa mémoire, qui surpassait tout les événements qui s'étaient enchaînés depuis… Depuis quand d'ailleurs ?
Robert n'aurait su le dire. Il avait perdu toute notion du temps, de l'espace ; l'univers entier se confondait en une mélasse informe et tournoyante dans la frêle et étriquée cellule de son crâne, raisonnant encore du choc de l'accident. Songes, réalité, imaginaire et souvenirs s’emboîtaient sans aucune logique, dénués de toute signification, affranchis des règles universelles qui régissent le monde, pour heurter le moindre centimètre carré de sa boîte crânienne, imitant quelques atomes excités fusant partout sans paterne défini. Dans l'obscurité, pas de repère, pas de soutient, on ne fait que nager inlassablement dans les courants, qui nous ballottent à leur bon vouloir. Tout fusionne et ne fait qu'un dans les ténèbres, l'unique tout de cauchemars.
Toutefois, tout cela ne représentait rien pour lui, il n'avait qu'une mire omniprésente dans ce qu'il lui restait encore de conscience : ce « rêve ». Images, bruits, sensations, odeurs ; tout lui revenait en mémoire, et aussi clairement que s'il l'avait réellement vécu.
Cette homme imposant que l'on devinait solide, avait toujours tenté d'oublier ses cauchemars récurrents, de faire fi des regrets et de la souffrance. Le sommeil n'avait plus été pour lui un moyen de se défaire de tout, car empli de ce qu'il avait enfermé au fond de lui. Il s'y sentait même moins bien que dans le monde réel. Depuis combien de temps n'avait-il pas bien dormi ? Ça non plus, Robert n'aurait su le dire. Mais là, alors qu'il ne se souvenait habituellement jamais de ce que le monde onirique lui faisait voir ; tout était gravé dans sa mémoire, portant autant de curiosité que d'effroi.

« De toute façon j'aurais tout oublier demain. Tentant de se rassurer. Y'aura peut-être même pas de demain remarques… Je le méritais sans doute… » Tournant de l’œil.

Aux combles de la fatigue, prêt à tout laisser et rejoindre enfin sa place légitime : dans les profondeurs du ciels et des étoiles, il restait curieusement accroché à la vie, porté par son rêve. Ses paupières : maintenant closes, saisit d'une soudaine légèreté dont la surprise fut vite effacée par un bien-être fou, il se laissa partir doucement, comme happé par une force douce vers les strates les plus reculées de son âme, volant délicatement dans son propre esprit, jusqu’à un flash de lumière, qui l'aveugla presque.

----------------


Robert fut tiré de son demi sommeil par un picotement le long de son bras droit, pérégrinations myrméliennes dans les galeries veineuses de son membre ; désagréable était le mot. Agréable semblait, à l'opposé, qualifier la course libérée de ses sens surmenés dans l'atmosphère ombragée des bois, découvrant au détour de chaque tronc, de chaque buisson, une facette plus fascinante du monde qui les entourait, comme les marmots dans leurs jeunes heures. Il profita donc, les yeux fermés, de ce qui lui semblait être le paradis.
Notre homme était allongé dans un herbe douce, qui ondulait doucement sous l'effet de la légère brise qui passait. Les cheveux qui étaient tombés sur son front ondoyèrent mollement, portés par cette caresse éolienne. Son vêtement eut un remous presque imperceptible sur sa peau et ses poils qui se dressaient. Sentir partout une couverture fine de chaleur que dispensait le Soleil au travers de la cime immense, perçant les branches entremêlées des conifères colossaux, gardiens immuables et immortels de la vie, procurait un calme et un bien-être divin sous leur regards protecteur.
Le petit vent amenait aussi une odeur fraîche, une odeur de nature, ça sentait le sous-bois, un mélange de senteurs sauvages et délicates, parfois le fumet épais d'un champignon inconnu, le parfum musqué des cervidés occupés à brouter la luzernes grasse, l'humus qui dégageait une senteur de terre et de feuilles mortes. Concentré, Robert put trouver l'odeur de la sève réparatrice, des pins pointus, de la menthe sauvage et du bois pourrissant. Au loin résonnait le bourdonnement d'insectes orbitant avec envie autour de pétales teintes d'arc-en-ciel, leurs ailes infimes vrombissantes ; le chant mélodieux de bancs d'oiseaux était perceptible dans le ciel d'azur, comme un orchestre naturelle jouant toujours plus fort sa symphonie sylvestre en un écho apaisant, qui partout déposait le calme tel un baume invisible et immatériel, une onde sonore presque spectrale, pimentée du bruissement léger des feuillages touffus dans la brise, des petits cris de rongeurs insignifiants et des pas feutrés de tout ceux qui marchaient sous la protection vivante de la canopée.
S'il avait su la mort si douce, Robert ne se serait pas attaché à un bonheur factice, ni à un mensonge millénaire. Il aurait retrouvé son frère et vécu éternellement beaucoup plus tôt, abandonné loin derrière ses chaînes, pour retrouver enfin ceux qu'il avait tant chéri et perdu.

L'hylophobe ouvrit enfin ses yeux, difficilement : secs et brûlants comme un désert à midi, couverts de pellicules d'acier que ses muscles, fatigués, avaient du mal a soulever.

— « Wow… » Surprise et émerveillement, ridicule.


Si sa peau, son nez et ses oreilles ne s'étaient pas trompés, ses yeux lui montraient une image quelque peu différente de celle qui s'était peinte dans son esprit : une forêt, certes, mais au lieu d'arbres centenaires y étaient plantés d'immenses champignons. Si parmi eux se trouvaient des espèces que le vétéran put identifier malgré leurs dimensions obscènes, la plupart arboraient couleurs et formes si étranges qu'aucun écosystème terrestre n'aurait un jour put enfanter de telle mycètes.
Robert se souvint aussitôt du picotement qu'il avait senti à son réveil, juste avant de s'abandonner au calme ambiant ; une torsion rapide du cou à droite agrémentée d'une douleur aiguë lui donnèrent la confirmation de ce qu'il redoutait : l'arbre était bien là, fiché dans son épaule, faussement innocent, comme un coupable mimant l'incompréhension devant un officier de police bourru.

— « Bordel… J'aurais préféré crever…  » reposant doucement sa tête dans l'herbe.


Rêve à l'arrière goût amère comme piquette de supérette ou cauchemar enluminé à la préface mensongère de roman illégitimement décoré chez Nobel ? Qui ferait une quelconque différence tant restait au palet l'aigreur et aux yeux la déception ? Le cadeau piégé, le plat trop salé, la chanson brisé d'une fausse note, le roman tué d'une faute d'orthographe, le film enterré d'un figurant trop enthousiaste L'apologie infâme de l'insatisfaction dans son concentré le plus pur, la ruine du sublimement génial en une fraction de subrepticement mauvais : le cheveux qui vous dégoutte de la soupe que vous appréciiez quelques secondes plus tôt, quelques secondes avant de rencontrer la signature capillaire du chef dans son œuvre de légumes mixés. L'infime qui donne mauvais goût à la totalité. C'est, en résumé, ce que ressentait nôtre pauvre Robert, en étoile dans le gazon, ruminant depuis cinq minutes ce qu'il ne pouvait avaler : la chique noir de son désarroi.
L'immobilité relevait malgré tout de l'idiotie, rester à découvert dans un terrain inconnu rimait avec « suicide », d'autant que l'évidence faisait de cet environnement quelque chose de surnaturel. L'ancien soldat remerciait rarement son éducation « barbare » de chair à canon, ce moment en devenait donc encore plus exceptionnel. Utilisant intelligemment ce savoir rustaud mais parfois efficace, notre barbu entreprit de se lever pour sonder les alentours : zone, vivants, pièges potentiels, cachettes circonstancielles, entre autres. Il avait reçu la possibilité de revivre, autant ne pas la gaspiller dès son babillement.
Action des abdos, position assise, appuis des bras requis avant de se lever et constat immédiat de l'amorphisme du bras parasité.

— « Forcement… A deux bras c'était trop simple ! » Soupirant.

Robert réussi, tant bien que mal, à se dresser sur ces deux jambes ; immédiatement pris de vertiges il tituba et s'appuya contre le tronc spongieux d'un champignon de deux mètres de haut. Le choc de sa carcasse fragile contre le pied monta vers le chapeau, les lamelles faseyèrent et laissèrent pleuvoir des interstices un nuage brun clairsemé.
Ainsi assaisonné de spores assez douteux, un nouveau malaise agrippa et tordit les tripes de Robert, que ses jambes peinaient déjà a porter. Le cœur lui vint aux lèvres quand le sol se tordit devant lui. Un flou globale brouilla ses mirettes, comme lorsqu'on les ouvre sous l'eau, formant des vagues irrégulières et décolorées tout autour. Voir derrière des verres fumés et liquéfiés un paysage rendu plus étrange, voir défiler des remous psychédéliques.
L'hylophobe était bien loin du repérage militaire qu'il avait prévu. Oublié la discrétion, la circonspection, il avait du mal a poser un pied devant l'autre, arborant le svelte et le vif d'un ivrogne; passant, prompt, sauts et pointes, tournant et rebondissant, gauche et droite sur les appuis, d'un partenaire à un autre, porté habilement sur la musique distordu dans ses oreilles, finissant son ballet alcoolisé le visage écrasé plusieurs fois dans l'herbe, car il ne pouvait se rattraper de son bras droit.
Dix minutes s'estompèrent dans sa cavalcade dansante, quand il retrouva un signe de civilisation : un chemin ! Il prit la, sans doute, sage décision de l’emprunter après avoir réfléchi longuement à la question qui se posait alors : « dans quel sens ? ». La réponse fut : « droite »… L'autre « droite »… Indécis, Robert obliqua dans la direction du cri qui lui vint alors ; féminin, aiguë, qui cassait les oreilles.
Deux minutes de plus suffirent à donner à l'hylophobe les bons cotés des hallucinations. Certes il ne voyait pas clair le pauvre gars, mais je peux vous garantir qu'il l'avait bien vu la petite qui arrivait en courant : longs cheveux blonds flottant dans sa course, un corps fin très légèrement grisé, de fortes cuisses et une poitrine généreuse mal dissimulée derrière ses bras repliés. Elle était nue la pauvre, ballottant ses attributs dans son effort somptueux. La bouche ouverte qui criait, les yeux fermés qui pleuraient, rien n'enlevait pourtant son charme à ce visage luminescent. Deux oreilles pointus perçaient le fagot de sa coiffure couleur de blé, et complétait ce tableau faussement pudique et discrètement désirable dans son voyeurisme.
Il en profita le bougre, difficilement en équilibre, béat dans son hallucination, se rinçant proprement les deux yeux devant ce monument. Elle courrait à l'aveugle la petite, si bien qu'elle percuta nôtre Robert et ils tombèrent tout les deux, le corps nu de l'une contre le torse de l'autre. Elle balbutia des excuses, gênée, puis demanda de l'aide semblait-il. Robert lui s'en fichait et en profita pour voler un baiser et une énorme baffe. Il repoussa la chouquette sur le côté, d'un bras, se relevant ensuite de la même façon. Il fut gratifié, quelques mètres plus loin, d'une autre torgnole généreuse, qui l'envoya valser et tourner dans un tas de champignons sur le bord du sentier. Un gros musclé, qui lui avait donné la gifle.

— « Dégage la brindille ! » Qu'il avait dit.

Robert l'aurait bien poursuivit mais il se sentait faible, tout continuait a tourner et il s’enivrait constamment de l’atmosphère planante du lieu. Et puis, il fallait avouer que ce tas de champotes était plutôt… Trop confortable pour en partir. Très rapidement, il s'endormit profondément, probablement à cause des spores, rouges cette fois, que sa chute avait soulevés. Il resta là, affalé sur le sol.

Nôtre ami metalleux sorti de sommeil impeccablement allongé dans ce qui ressemblait à un lit, recouvert jusqu'aux hanches d'une sorte de drap assez épais et froid. Visiblement, les effets son et lumière de ses hallucinations s'étaient dissipés, lui rendant un champs de vision normal et un énorme mal de crâne.
Il put donc discerner aisément l’alcôve dans laquelle reposait son corps meurtri. Un plafond en coupole parfaite, beige, comme un grès excessivement lisse, aucune fioriture, aucune gravure, la genèse parfaite de la sobriété. Elle reposait sur des murs circulaires de la même matière, ils étaient comme taillés dans le même bloc, exempt de la moindre marque de sculpture. Y était creusée, pourtant, une petite fenêtre circulaire, d'une sorte de verre étrange semi-opaque.
Robert porta bientôt son attention sur le mobilier, pour le moins exotique, qui se trouvait partout dans ce qu'il interpréta comme étant une maison. Tout était fait de champignons ; table centrale en champignon rond violet foncé, bureau et étagères de champignons en demi-cercle rouges, armoire en champignon haut, calotté de replis marrons clairs et creusé de battants, évier en pied de champignon géant gris clair – comme la peau de certaine créatures délicieuses aux oreilles pointues – et placards du même matériau.
Même les indénombrables éprouvettes, Beschers, fioles, Herlenmeiers, et autres vases, pots et coupelles semblaient fait de la chair d'une mycètes translucide. Certaines de ces verreries contenaient des filtres, potions, mixtures, ou du moins liquides mouvants, semblables à des liqueurs, parfois peintures ou encres plus que cocktails ou sirops, malgré tout proche en décoctions et filtrats, que certains voudraient rapprocher de vinasses ou jus-de-pisse tant ignorants qu'ils sont de l'aspect diablement opposé d'eau croupie et miel d'été. Que d'égarement dira-t-on pour quelques insignifiantes préparations, non point normal il est vrai, mais partie la plus probante de la décoration et de l'habillage des murs.
Qu'ajouter encore de plus étrange a un tel spectacle de bizarreries, dont nous n'avons fait qu'un tour succin, passant à la trappe les montagnes de parchemins sans doute faits de lamelles coupées et griffonnées, qui jonchaient partout le sol terreux et brillaient sous la lumière vacillante d'une chorale de cierges liés par la cire fondue, tous de tailles différentes et dont certains étaient mouchés, déjà ; les bestioles et plantes empotées, souvent desséchées et pourries, jaunies évidemment.

Passons, passons maintenant car il y aurait trop à dire sur l'apparence de ce lieu sombre dans la nuit du dehors et il ne nous resterait aucunement la place de parler du bonhomme qui virevoltait en chantant, bondissant et rebondissant, sautant et ressautant, boulant, roulant et déboulant ; ce bonhomme tout rond et petit qu'il était, chantant : « Pom pom pom » de-ci de-là dans sa moustache plâtre proéminente. Ah !
Quelle moustache, quelle barbe, d'un blanc immaculé, longues et pendantes, rebiquant légèrement aux extrémités. Sa bouche et son nez étaient totalement dissimulés sous cette touffe, qui cachait aussi les brindilles de ses jambes lorsqu'elles n'étaient pas écartées lors de bonds extravagants. Ses antérieurs paraissaient, aux aussi, jouer une sorte de cache dans son immense pilosité ; sans doute profitaient-ils de leur finesse aberrante pour se soustraire à la vu de Robert.
Ce vieux monsieur semblait se mouvoir sur un plan différent du nôtre, comme si il avait accès à des dimensions de mouvement différentes, tant il bougeait partout, sans pourtant ne rien faire tomber des fragile verreries aux murs. Le suivre des yeux donna une nausée à Robert, qui détourna le regard.

— « Et bien, et bien, nous voilà réveillé ; Pom-pom ! Dit le petit bonhomme, magiquement et instantanément placé à quelques centimètres de la figure du voyageur, à l'opposé de sa position d'il y avait un instant et parfaitement en équilibre sur son crâne chauve, les bras dissimulés et les pieds joints dans un yoga surprenant.

Wowowowow ! Surpris, Robert eut un mouvement de recul et tomba sur le côté du lit-champignon.

Plus à l'aise par terre ? Fort bien ; Pom-pom. Désolé de ne point vous y avoir allongé plus tôt ; Pom ! Joyeux, après avoir effectué une pirouette innommable et être atterri en lotus, les jambes suspendues en l'air, uniquement porté par sa barbe.

Ok, heu… Les mains passant sur le visage, du calme… Petit rire nerveux, vous êtes qui ou quoi ?

Un nouveau assurément ! Bien sur j'aurais dû y penser, enfin ! Vous n'êtes intime avec nous autres, habitants de Dreamland ; Pom ! Aucun mouvement excepté le tortillement de la moustache, la bouche encore introuvable.

Avec qui ? Attendez… vous n'avez pas répondu à ma question !

OOOH mais où avais-je donc la tête ! Toutes ces années m'auraient donc faites oublier mes bonnes manières ! Je suis Mephisten, plus éminent scientifique de toute l'histoire des Sporions ! Pom-pom-pom-pom ! Fier, semblant bombé son torse déjà rond.

… Des quoi ? Un air ahuri

Les spores inhalés auraient-ils endommagés votre système auditif! Fouillant du doigt l'oreille droite de notre homme : nageur amateur dans une mer d’incompréhension. Le bonhomme ne semblait tenir que grâce à son doigt, c'était le cas d'ailleurs, puisqu'il tomba et roula après l'avoir retiré. Bizarre que ceci ! Je n'ai relevé aucune espèce de… Feuilletant très vite ; rien décidément… Vous devez n'avoir pas compris ! Quel idiot je fais, Pom-pom ! Reprenons cher ami, je disais donc : Mephisten, plus éminent…

Oui bah ça j'avais compris ! C'est après que je me suis perdu.

Pom-pom ? Ses yeux se cachaient derrière des verres fumés, sa bouche sous sa moustache touffue, pourtant Robert décela l'incompréhension.

Vous le faîtes exprès c'est ça ?

Non point d'emportement je vous prie ! Pom !

Bon alors vous êtes quoi ? Et je suis où ? C'est quoi ce bordel, merde ! » Empoignant la barbe de ce vieux fou, lèvres retroussés et dents qui grincent.

Le mal de crâne de Robert le lança encore plus, à mesure qu'il perdait patience. L’énergumène, avec qui il conversait, ne semblait pas enclin à répondre aux questions qui se bousculaient dans sa tête. Rien n'était clair, rien n'était ordonné, les pièces mélangées de l'ouverture d'un puzzle dont l'image nous reste inaccessible. On essaye, on assemble, on cherche ; association de couleurs, formes, de ce qu'on pense connaître et savoir ; mais malgré quelques couples éparses, rien de reconnaissable n'émane de nos tentatives vaines, une minorité de pièces s'assemblent sans extirper de ce méli-mélo de souvenirs ne serait-ce qu'un infime fragment de vérité.

Quelques secondes défilèrent entre les regards croisés de nos deux personnages, respectivement perdus dans les pupilles de l'autre – dans des verres de lunettes pour Robert, mais passons – alors que seul le silence était audible. Mephisten attendit que l'expression farouche qu'arborait le visage stigmatisé de Robert se détendit, puis il exerça une légère pression sur son poignet, l'incitant calmement à défaire sa prise. Il s’exécuta lentement, puis appuya sa nuque sur sur le bord du lit, comme démonstration de sa plénitude.
Le petit scientifique brisa le silence :

— « Cher monsieur, je puis bien comprendre vôtre incompréhension… Pom. Vous venez d'arriver dans un monde différent, qui n'est pas régi par les mêmes lois que celui dont vous êtes originaire. Y vivent ensemble ceux de vôtre peuple et ceux du miens. On appelle cet endroit : « Dreamland. » Pom-pom… »

Tout en parlant, d'une voix très calme, d'un ton plus grave, le bonhomme s'était déplacé, en flottant presque dans l'air. Il avait saisi quelques fioles dans ses sauts, et en déversait le contenu qui, sous la danse aérienne de ses mains, prenait des formes étranges, illustrant ses paroles.

— « Dreamland, n'est rien de plus que ce que son nom désigne : « le monde des rêves » ; Pom. Tout y est possible et réalisable, vos rêves les plus fous, vos fantasmes les plus profonds mais également vos pires cauchemars. Ce monde est composé de royaumes qui n'existent que grâce au pouvoir de ceux qui les habitent, de ceux qui rêvent de ce qu'ils offrent ; argent, gloire, luxure, poneys à pois roses mais aussi le noir ou les araignées ; Pom-pom-pom »

Une silhouette humaine se dessina, des teintes de verts sculptant ses traits, devant l'air émerveillé de l'Hylophobe.

— «Vôtre peuple n'a accès aux merveilles de Dreamland qu'une fois endormi. Dès lors, vôtre esprit quitte vôtre corps et vient passer la nuit ici. On vous appelle : les « rêveurs ». Vous déambulez où vous le souhaitez, interagissant avec les autres habitants et le monde sans en changer la constitution. Les rêveurs n'ont de limite que leur imagination, mais une fois le Soleil levé, ils oublient tout ce qu'ils ont vécu la nuit passé.

Alors comment se fait-il que je me rappelle de ce qu'il s'est passé cette nuit, malgré que je me sois réveillé ?

J'y viens, patience… Les humains sont parfois torturés par des peurs, des phobies qui les hantent presque toutes les nuits. C'est la naissance des cauchemars ; et de temps à autres, il arrive qu'ils surpassent leurs peurs durant leur sommeil. Ils se voient alors dans la capacité de contrôler l'essence même de leur ancienne phobie, et de déchaîner des pouvoirs aussi surprenants que puissants, qui en découlent ; on appelle ces êtres : des « voyageurs ».

Si je pige bien, je suis un de ces « voyageurs », et ce tronc de mes deux c'est mon pouvoir ?

Vous y êtes.

Vous avez dis qu'on était pas du même peuple. Mais si vous êtes pas humain, vous êtes quoi ? »

Apparut alors un Mephisten miniature, fait d'une poudre rouge en lévitation.

— « Les gens comme moi sont appelés « Créatures de rêve » ; nous vivons toute nôtre vie dans ce monde. Nous somme créés par le royaume dans lequel nous vivons, il existe donc une multitude d'être oniriques bienveillants et malveillants. Nous aussi possédons des pouvoirs, mais à parts les seigneurs, nous sommes clairement moins puissants que les voyageurs ; Pom-pom-pom !

Après l'image d'une créature humanoïde plutôt inquiétante, sensée représenter un seigneur, la magie de Mephisten s’estompa.

— « Ça fait aucun sens vôtre truc… Mais bon, c'est le monde des rêves après tout. Et du coup, c'est quoi vôtre pouvoir ? Faire des minis aurores boréales ?

Et bien non… Pom-pom, il eut l'expression d'un sourire ; je suis un Sporion, un peuple né des spores d'un énorme champignon qui pousse dans cette forêt, au Royaume Champignon. Nous sommes des créatures faibles mais paisibles, nôtre corps nous permet de nous déplacer aisément dans les aires et nous sommes capables de nous changer en champignon en cas de danger.

Ouais, pas hyper puissant le bouzin… Et c'est quoi le miens alors ? Regardant son bras droit, qu'il remarqua suspendu à la façon d'un membre plâtré. Alors que son hôte semblait offusqué de sa remarque, il ne réagi cependant pas.

Ça monsieur, c'est à vous de le découvrir ! Pom-pom, il fit une pirouette

Ça m'aurait étonné aussi… Dépité.

Je puis cependant vous aider un peu ; Pom-pom. Je connais plutôt bien les plantes voyez-vous, mais je ne puis malheureusement pas vous donner l'origine du bois qui compose vôtre bras ; Pom !

En quoi ça m'aide ?

Je suis capable de reconnaître n'importe quelle plante ; arbre, fougère, fruit, légume, fleur ou champignon. Ce qui, présentement, n'est pas le cas. Cela signifie donc que ce bois est assez rare pour ne pas figurer dans mes manuscrits.
Vous ne pouvez pas tout savoir…

Je ne le puis point en effet, je ne suis pas originaire du Royaume de la vie.

Le Royaume de la Vie ?

Tout à fait. C'est là-bas que les Ents…

Les Ents ? Genre ceux du seigneur des anneaux ?

Je ne connais pas ce seigneur… Qu'importe, c'est le seul endroit où poussent toutes les sorte de végétaux de Dreamland. Ses habitants ne font qu'un avec les plantes qu'ils protègent, ils connaissent personnellement chaque brin d'herbe de ce monde. Il est cependant difficile d’accès car, à ce que l'on raconte, il se situe dans les branchages d'un arbre monumentale. Mais très peu de rêveurs s'y rendent, il faut dire que ce n'est pas très divertissant si vous n'êtes pas botaniste, ce pourquoi il est si méconnu ; certains prétendent même qu'il n'existe pas…

Dans ce cas, je vais aller demander aux vieilles branches ce que ce machin fout sur mon bras !

Je vous déconseille de vous y rendre, pour l'instant du moins. Car s'il existe bel et bien, il doit être perdu dans les hautes zones de Dreamland, vous n'y tiendriez pas deux minutes… Il paraît qu'il y a quelques années, un groupe composé de voyageurs bien classés à la Major s'y est risqué et n'est jamais revenu.
La Major ?


— Soupir ; j'ai encore beaucoup de choses à vous expliquer… Mais vous devriez vous reposer d'abord, vôtre nuit a été éprouvante. Vous n'aurez qu'à penser à moi la prochaine pour me retrouver.

On peut dormir à Dreamland ? On est sensé dormir déjà non ?

… Reposez-vous… »

Robert s’exécuta.

Son sommeil fut long et agité, il tournait et se retournait inlassablement sous les assauts invisibles de ses démons intérieurs. Visiblement, s'assoupir au sein même du monde du rêve ne l'aidait pas a passer de plus paisibles nuits. Des voix, des visages, des souvenirs inconnus, comme une vie antérieur, rivalisant d'horreur avec la sienne. Les tergiversations oniriques de son locataire mental semblaient d'une extrême confusion, pas d'ordre logique, de lieux précis, d'informations potables. Il devait exister un sens à tout ça, un début et une fin, des personnages récurrents ; c'était trouver une feuille de chêne dans une forêt de pins, un poisson à Death Valley. Comprendre était la philosophie de l'Hylophobe, mais là, il était perdu.

Au réveil, la scène qui s'offrit à lui ressemblait dans tout ses traits à celle du soir passé ; changeaient simplement les raies lumineuses du soleil de dehors. Le jour rayonnait assurément, c'était presque si le sourire parfait du Soleil, affublé de ses lunettes noires, pouvait être aperçut dans un coin du ciel. Un beau jour, pour sur ; le chant des oiseaux, le vent dans les feuilles, la vie simplement. Tout en redécouvrant la masure qui l'abritait, le silence sauta aux oreilles de Robert. Circonspection, surprise : Mephisten manquait ; ou pas, le calme souverain aurait été détrôné en sa présence et Robert préférait, pour le moment, la tutelle de ce roi-ci. Au moins ce régime là lui permettait de se remettre de ses émotions.
Ce n'est que plusieurs dizaines de minutes plus tard qu'il se rendit compte que quelques chose n'allait pas. Il avait dormi, une certitude : il faisait jour. Mais selon ce que lui avait dit son hôte, les humains revenaient dans leur monde, une fois la nuit passée… Il dormait donc toujours dans le monde réel, où peut-être était-il mort de ses blessures…
Son naturel ne poussait pas à une panique facile, mais pour le coup, aucun mot ne décrivait avec plus de justesse ce qu'il ressentait. S'il avait passé l'arme a gauche, et qu'il se voyait promis à une éternité affublé de ce « pouvoir » rocambolesque, autant dire qu'il faisait pas le fier notre barbu ; certes sa peur n'en était plus une, mais de là à finir en tronc d'arbre, la marche était assez gigantesque… Mephisten saurait lui expliquer, mais forcement : il était de sortie.

Quelques recherches succinctes dans l'amas bordélique environnent ne permirent pas de retrouver le petit scientifique, qui aurait, possiblement, été capable de s'assoupir à même le sol, détournant n'importe quel morceaux de papier en couverture d'appoint. Robert entreprit donc de sortir par la porte, quoi qu'un peu étroite par rapport à sa carrure, poursuivant ses investigations en extérieur.
Ébloui en premier lieu, ce qui ressemblait à ce qu'il rechignait à appelé « jardin », tellement les plantations surpassaient les parterres – si « parterres » ils étaient encore – et le manque d’entretien sautait au yeux. Forçant son passage au travers de cette jungle miniature de champignons comme dans une réunion publique cosmopolite, nôtre vétéran put arriver à un portail de bois moisi et ridiculement microscopique. L'enjambant copieusement, un voix nasillarde et empreinte d'une lassitude flagrante résonna :

— « Bah ça va te gênes pas, aucun respect pour le boulot des autres ces humains… »

C'était bien le portail qui s'était exprimé ainsi, de sa bouche tombante surplombé de ses deux énormes yeux mi-clos et cernés, le tout taillé dans le bois. Ce qui ressemblait à son nez pendait mollement sur la lèvre supérieur et se souleva lorsqu'il soupira longuement, comme suite de son monologue.
Notre voyageur oublia vite sa surprise et avança précautionneusement. Il se trouvait dans un endroit qu'il jugea beaucoup plus renfoncé dans la forêt ; des « arbres » plus impressionnants, moins espacés, visiblement aucunes clairières. Les chapeaux étaient proportionnels aux pieds de ces champignons colossaux, quelques raies brillantes perçaient cette cime surprenante, dont la plus imposante baignait la maison et le jardin de Mephisten, mais il faisait beaucoup plus sombre qu'à l'endroit de son réveil ; plus inquiétant, de fait.
La vie y semblait gelée, mise en pause, comme retenant son souffle devant la présence de cet étranger ; le sablier du temps paraissait ne plus couler, les grains dorés de secondes bloquées de peur, suspendus de stupeur, figés de surprise. Pas de bruits animaux, pas de vent ; Robert en avait pourtant entendu de l’intérieur quelque minutes en amont. Il n'était pas très impressionnant pourtant : pieds et torse nu, son jean troué pour seul véritable vêtement, le bras toujours en bandoulière. L'atmosphère pesait lourd, l'air paraissait du plomb a chaque inspiration.
Robert commença à marcher, étouffant le plus possible le bruissement de ses pas sur l'humus. La sensation d'être le seul a émettre un son, de déranger ; jugé, observé, situation inconfortablement proche du malaise. Si bien qu'il n'osait pas appeler, il n'osait pas parler, comme si cela était interdit en ce lieu, la recherche de son bienfaiteur se ferait donc silencieusement.

Robert tourna aux alentours cinq, puis dix minutes, sans repérer aucune trace de pas, aucun signe de vie. Revenant vers la maison, il repéra un tas de petits champignons piétinés, levant la tête suivant la direction des traces, les légères ondulations d'immenses lamelles vérifiaient sa pensée : quelqu'un ou quelque chose rôdait. S’immisçant sur la voix que « l'autre » avait dû emprunter, le dos courbé, son bras libre prêt à riposter. Son excursion mourut bien vite, car ce sentier improvisé le fit déboucher auprès de la maison, un peu plus à droite de son ancienne position. Quelque chose clochait, mais de là à savoir quoi…
Notre homme n'avait pas fait trois pas qu'une ombre fondit sur son dos, plaquant son visage au sol d'une main. Il ne put voir son agresseur : un genoux au milieu de son dos, liant ses poignets et ses chevilles à l'aide de lanières de cuire dont il ne comprenait pas l'origine ; immobilisé.

— « Comme on se retrouve vieille branche… Tu ne te rappelle pas de moi hein ? Ni de tout ceux que t'as bouffé, espèce d'ordure ! Toujours à te cacher, a semer des cadavres derrière toi… Mais je t'ai retrouvé, ta tuerie est finie, relâche ce pauvre type et vient te battre ! »

Une voix féminine, un peu rocailleuse… Elle ne faisait pas âgée mais on sentait qu'elle appartenait à une personne que la vie avait tannée depuis longtemps. C'était un ton posé mais ferme, on sentait aux sursaut de ses demi-chuchotements que ces phrases avaient fermenté depuis longtemps, qu'elles s'étaient tues pour ne sortir que maintenant. La rage bouillait, la vengeance n'était pas que dans les paroles.

— «  Putain mais vous êtes qui encore ? C'est quoi cette histoire, je me suis réveillé hier, je comprend que dalle à ton baratin, vous êtes tous fous ici ! Après avoir mis on visage sur le côté ; le souffle court, logique avec quelqu'un sur le dos.

Quoi… ? Qu'est-ce que tu raconte salaud ! Laisse ce corps en paix, amènes-toi !

Ok, je sais pas à qui tu cause minette, mais tu te met le doigts dans l’œil jusqu'au coude ! Je suis un putain de vieux gars paumé, qui se fait balader aux quatre vents depuis que ce foutu de bras de merde m'a fait devenir… heu… voyageur ou je sais pas quelle connerie. Alors j'en ai RAS LE CUL de vos monde des rêve de MERDE ! Bien énervé, pour le coup.

Voyageur… Comment...»

Une autre voix résonna, Robert reconnu le petit « Pom-pom » du sporion.

— « Meph… La femme lui fit un bâillon d'une autre lanière, sortie droit des fin fonds de l'incongru.

Qui que tu sois, écoutes bien. Ce qui t'habite ne te veux pas du bien, ni à personne d'ailleurs. C'est une bête sanguinaire qui contrôle puis tue ses hôtes, je ne sais pas par quel miracle tu n'est pas mort mais je compte bien le découvrir… On se reverra… »

La femme s'évapora comme elle était apparue. Robert s'assit, difficilement, son dos le faisait encore un peu souffrir. Mephisten tomba juste devant lui, rebondit aléatoirement en plein sur son visage, plaquant de nouveau le voyageur au sol, mais sur le dos cette fois. En se redressant, ce dernier attrapa son ami rond par la barbe pour la seconde fois et fulmina :

— « Mais vous avez fini de me les briser, tous là ! Bande de… » La suite de ses paroles fut prononcées dans une violence qui ne puit être retranscrite.

Si peu calmé qu'il puisse être, notre homme se leva et parti à pas rapides vers la maison.

— « Comment se fait-il que vous soyez encore là? Et... où… où aller vous ? Pom… » Osa le petit scientifique apeuré.

J'en sais que dalle, c'est à vous de m'expliquer! Et je vais me pieuter, j'en ai marre !

Mais je comptais aller au village…

Qu'est que ça peut me foutre ?

J'aurais espéré… pouvoir conter sur vos facultés pour me protéger durant le voyage… Pom-pom. Voyez-vous le chemin est parfois dangereux et…

D'aaaaaaaccord aller, c'est parti, je suis garde du corps maintenant… »

Robert n'avait vraiment pas envie d'y aller, mais ce truc l'avait aidé, il devait lui rendre la pareille ; ce n'était pas la mère à boire après tout… Il parti d'un pas décidé, énervé, beaucoup plus que de nature.

— « C'est de l'autre…

Et bah on y va… Le voyageur fit demi tour, prenant Mephisten par la barbe.

Je suis ravi que…

Taisez-vous… Et surtout ne dîtes pas « Pom »… »

Ils marchèrent une demi-heure et assurément, le sporion ne sut se taire. La patience de Robert, pourtant grande normalement, s'amenuisait vite. Malgré tout, il n'était pas violent, se contentant de ne rien dire. La tension était palpable, la forêt semblait toujours retenir son souffle, mais cette fois, elle avait une raison.
Au détour d'un chemin, ils croisèrent un enfant, une petite idole de pierre y ressemblant en tout cas, harmonieusement enchâssée dans une niche sobrement gravée. C'était un sorte de champignon miniature : un large chapeau aux bords incurvés, un visage personnifiant le mot « mignon », figé en une expression de joie, de minuscules bras tendus vers les voyageurs qui empruntaient le sentier ; le tout scellé dans un bloc qui arborait un texte que le vétéran ne pouvait lire. Il ne tenta pas d'ailleurs, lui pourtant passionné d'histoire et de culture, il passa sans un regard. Il dut s'arrêter, finalement, remarquant l'absence de son collègue sur son flanc ; il s'était agenouillé devant la statue, qui se mouvait maintenant.
Sa patience passée sous le seuil de tolérance, il le rejoint à grands pas.

— « Bouges toi le vioc, on a de la route ! Un tel ton se passait de commentaires.

Quiconque passe s'agenouille », c'est dans la pierre. Pom… »

Voyant la possibilité de se faire un nouveau copain, la statue pivota légèrement et ouvrit ses bras à Robert, les yeux fermés et la bouche ouverte dans son expression de joie bénigne. D'un mouvement d'une imprévisible rapidité, l'hylophobe tendit son bras droit et saisi le corps de l'idole au visage décoré de surprise, arrachant zeste le tissu qui tenait son membre. Il porta la petite chose de pierre à son visage.

— « On a pas le temps de jouer aux pèlerins ! »

A mesure qu'il parlait, sa voix changeait, imitant la transformation de ses iris. L'écorce qui couvrait son bras gagna du terrain, jusqu'au niveau de sa mâchoire ; ses traits tirés d'une douleur intense, son esprit tiraillé de pensées étrangères. L'enfant champignon commença à se transformer en un bois similaire à celui du parasite, jusqu'à n'être qu'un pantin d'écorce à l'expression figée de terreur.
Robert laissa la statuette tomber au sol, puis se tourna vers Mephisten un peu en retrait : incapable de mouvement. Il lui agrippa, encore, la barbe ; chuchotant :

— « Un mot et tu es pareille… C'est encore loin ?

Le… village est… à une demi-heure de l'idole… Trois quarts, tout au plus… » Sa voix ne résonna pas, tant la peur le tiraillait, un simple chuchotement.

L'homme le lâcha, se retourna et reprit sa marche, écrasant au passage la statuette qui se fendit. Mephisten suivit, en silence cette fois.
Robert remarqua soudainement du mouvement autour de lui, jetant un coup d’œil colérique vers le buisson le plus proche, il vit s'en extirper un champignon de pierre, ressemblant étrangement à la statuette. Puis un autre, un autre, puis une dizaine. Ces bestioles avaient différentes tailles et formes, comme une mauvaise caricature de méchants de dessin animés. Ils se mouvaient lentement, très lentement, n'en devenant presque plus dangereux.
Robert et Mephisten se retrouvèrent encerclés malgré tout.

— « Je crois, Pom ; qu'ils n'ont que moyennement apprécié le traitement que vous avez infligé à cette statuette… » Sa voix trahissait une inquiétude mais aussi un certain « je te l'avais dis… »

Son camarade voyageur ne fit que grogner en réponse, crachant à terre. Il avisa à sa droite un individu plus grand et beaucoup plus fin que ses congénères. D'un bond, il lui enserra ce qui semblait être son torse. Son pouvoir s'activa automatiquement, la colère avait ouvert le passage au parasite, c'était lui qui avait les commandes maintenant… Le bois s'étendit. Le champignon passa de la pierre au bois, se figeant sans comprendre ; Robert lui, inspirait et expirait par la bouche, mâchoire serrée, écumant comme un bête alors que son parasite grandissait et couvrait son visage (au totale, il devait avoir parasité un peu plus de deux mettre carré).
Il n'avait pas lâché, que l'individu à sa droite, un plus petit et plus épais, frappa sa hanche d'un coup de chapeau. Le voyageur eut mal et tomba, si bien que le contact se rompit avec le grand champignon, qui tomba également, son tronc immobilisées, le haut de son visage marquant la frontière entre le bois et la roche.
Robert cria un coup sec, mais se vengea de ce coup bas. Il rampa rapidement sur quelques centimètres et saisit pour la seconde fois le corps du grand. Sans déclencher son pouvoir, il décocha un swing dans la direction de celui qui l'avait frappé ; la tête de son arme de fortune explosa en poussière, celle de sa cible aussi. Roulant promptement sur le ventre, puis sur les genoux, grâce à son élan, il profita d'une montée d'adrénaline pour se dresser.

— « ALLEZ, VENEZ ! J'AI LA DALLE » Hurlant

Immédiatement, Robert écrasa son gourdin improvisé sur l'un des champignon en face de lui, qui s'écrasa inerte. Mettant a profit ses années de Baseball du collège, son arme volta à gauche, sciant en deux la roche friable d'un autre individu. Un de ses adversaires, derrière lui, chargea sa jambe faible, le faisant chuter dans les gravats des cadavres des défunts avant de lui tomber dessus gauchement. Robert courba son dos pour faire rouler son cavalier au sol. Maintenant à califourchon sur le champignon rocailleux qui se trouvait sur lui auparavant, le voyageur matraqua son espèce de visage immonde à grands coups de poings ; son « bâton » ayant volé un peu plus loin lorsqu'il avait perdu l'équilibre. Chaque choc sur la pierre résonnait jusque dans son épaule, dans ses tempes, c'était presque un effort désespéré car la roche, même friable, restait de la roche. Notre Yankee se surprit pourtant a pilonner efficacement cette pauvre créature, n’entamant que superficiellement l'écorce de ses phalanges.
Il surplombait sa victime, agenouillé, lorsque trois compagnons de celui-ci, bizarrement mécontents, arrivèrent à son niveau. L'un d'eux l'envoya rouler un mètre plus loin d'un violent coup de chapeau entre les omoplates. Robert serra les dents, tant le choc s'était répercuté le long de sa colonne et répandu comme une onde jusque dans ses orteils. Lancés dans ce qui, compte tenu de leur vitesse, ressemblait à une course, ces trois braves commencèrent a piétiner et a frapper l'hérétique au sol.
Robert était dans une bien mauvaise posture ; n'ayant put apercevoir le moindre signe d'existence de Mephisten depuis le début du pugilat, il déduisit sa transformation en champignon et oublia l'idée d'une aide extérieur. Les coups répétés des monstres couvraient sa peau nue d'hématomes bleuâtres ; replié en un fœtus semi-arboricol et incapable de se relever, le voyageur se crut un instant perdu, avant d'identifier son « arme » entre deux pieds de pierre. Allongeant son antérieur gauche de toute son envergure, il réussit à s'en saisir malgré un pas sur son coude qui dut légèrement endommager la structure osseuse de son articulation. Enchaînant un hurlement de souffrance avec un autre de colère, il réussit à faire chuter l'un de ceux qui le foulaient ; un moment d’inattention suffit à en embrocher un second.
Rampant à l'écart du dernier, encore sous le choc, Robert put se préparer à encaisser sa charge. Les bras en avant, la tête entre les épaules, sa jambe gauche en appui ; l'individu était le plus large et réussi à faire glisser le voyageur sur vingt bon centimètre dans la terre meuble. Mais dès que la contamination débuta, s'en était fini.
Il fallut un énorme contrôle de sois à notre barbu pour maintenir un contact d'environ huit secondes, immobilisant les deux tiers du corps de son adversaire (soit un autre mètre carré, donc à peu près trois mètres carrés en tout). Il profita de l'élan que le bonhomme champignon-caillou s'était donné dans sa charge pour le faire basculer en équilibre au dessus de sa tête, puis pour jeter cette masse de près de soixante-dix kilos sur son congénère, celui qu'il avait fait trébucher dans la mêlée et qui n'avait pu se relever. Les deux se disloquèrent en un crac sourd, leurs restes roulant un peu partout autour.

Le silence était revenu, mis à part le souffle haletant de Robert. Son cœur battait dans son crâne, il avait l'impression de sentir encore le poids de la roche sur son corps meurtri. Ses genoux s'étaient écorchés sur le sol, au travers des trous qui ceignaient son jean. Il se releva difficilement, puis chercha où pouvait être son compagnon de route. La présence d'un champignon à barbe blanche et lunettes noires, gentiment dressé au milieu des restes graveleux, lui indiqua qu'il avait trouvé le scientifique. L'homme le souleva et le mit sur son épaule avant de repartir en boitant. Mephisten mit quelques minutes à retrouver sa forme normale ; ils finirent leur périple dans le calme absolu.
Une fois à destination, ils se séparèrent d'un simple regard. L'hylophobe plaça son index sur ses lèvres comme avertissement.

— « Je comprend pourquoi certains ne veulent pas de vous… Les voyageurs sont une plaie pour ce monde… Ne remettez jamais les pieds ici ! " Mephisten semblait triste lorsqu'il prononça ces adieux. Le regret de perdre un homme qu'il croyait bon ? De perdre la foie qu'il avait en les humais ? De perdre la démonstration d'une culture millénaire ? Un mélange sans doute, saupoudré de peur.

Robert parti de là où il était venu, ne prêtant pas attention aux reproches du scientifique, s'enfonçant toujours plus dans le bois sombre. Ce n'est que plusieurs heures après que ses pérégrinations hasardeuses le ramenèrent à la statuette et au carnage. Sa surprenante colère retomba subitement et il se rendit compte de ses méfaits, tombant des nus – mais surtout sur les genoux – il regarda sa main, récupèrent au creux de sa paume les morceaux éparse du bambin de bois, perdus aux milieu des autres. Il avait fait tout ça, pas totalement intentionnellement, certes, mais fait tout de même… Quelque chose avait changé en lui, quelque chose de mal. Son corps entier le brûlait, sa tête lui semblait exploser plus fort chaque seconde, la fatigue le dévorait comme ses pensées malsaines, sans qu'il puisse y opposer la moindre résistance.

— « Qu'est-ce que j'ai fait… Qu'est-ce que je suis devenu… Alors c'est ça mon pouvoir : réduire les gens au silence… »

Malgré tout, il s'appliqua, mettant un temps faramineux à retrouver chaque petit écli, à trouver un moyen de remettre sur pied ce petit mais si lourds de sens monument, de réparer son crime. Sa tâche terminée, le honteux petit bonhomme était redressé mais son visage toujours décomposé par la peur qu'il eut alors. C'était impossible à regarder…
Robert vagabonda donc dans la forêt, sans but, sans réelle réflexion ; un zombie. Pendant trois jours complets il ne dormi presque pas, il ne pouvait plus tenir debout sur les dernières heures, tant son corps comptait d'ecchymoses. Il ne quitta pas Dreamland non plus ; il se pensait mort quand au bout du compte : il ouvrit les yeux dans ce qui ressemblait à une chambre d'hôpital.
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Il va y avoir du spore... [Quête solo]

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