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>> Tyrannie éphémère << Verticalité, mais sans ascension (Avec Calvin)

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MessageSujet: >> Tyrannie éphémère << Verticalité, mais sans ascension (Avec Calvin) >> Tyrannie éphémère << Verticalité, mais sans ascension (Avec Calvin)  EmptyDim 4 Oct 2015 - 12:28
Eva était assise sur son lit, un peu étonnée. La présence de la compagne de jeu de son enfance était pour le moins inattendue. Elle la pris doucement dans ses bras, encore un peu incrédule. L'autre se laissa faire, molle et passive comme elle l'avait toujours été.

"Pourquoi est-ce que tu es là ? Tu n'as rien à faire ici."

Nize resta coite, la regardant de l'air vide qui lui était coutumier. Alors que l'étreinte se relâchais, elle tomba avec langueur sur son dos, dégringolant des genoux de sa propriétaire. En riant entre ses dents, un petit pincement au cœur, Eva la rattrapa et la levais devant ses yeux. La peluche était toujours la même. Une grosse tête ronde, sans cou, avec deux gros yeux et une bouche cousus sur son visage lisse de tissu. Elle paraissait plus délavée et mollassonne que jamais, usée par le temps et les ballottages. Passant ses doigts sur le corps rembourré, la jeune femme repensa aux vêtements qu'on lui avait confectionné. Des robes, des pulls et pantalons, de joli tissu, avec une ouverture en velcro facile et pratique pour la gamine capricieuse qui avait exigé de pouvoir changer son jouet favori comme elle le voulait et quand elle le voulait. Le jouet en lui-même avait été un de ses caprices. Eva avait refusé les choses que lui offraient sa mère, les belles poupées de porcelaine finissant en morceaux, les vêtements déchirés. Ce qu'elle voulait, c'était quelque chose qui lui était propre, unique. Quelque chose qu'elle pouvait malmener, qui résistait à ses jeux les plus enragés, qui ne s'abîmait pas, qu'elle pouvait faire varier dans l'apparence mais qui était unique, qui était à elle, juste à elle. Une poupée de chiffon, version luxueuse, aux matériaux et coutures solides. La bougresse gardait les stigmates des excès qu'elle avait subi; taches, traces d'usures savamment reprisées, aspect délavé à force d'être traînée de partout. Un bel objet. Mais Nize n'avait rien à faire ici, en effet. Saisissant distraitement une boîte à chaussures sous son lit, Eva la rangea un peu précipitamment, avant qu'elle ne veuille plus le faire. Puis elle se concentra sur la lecture qu'elle avait interrompu en butant contre ce corps mou et étranger, sous son bureau.  

A quoi avait bien pu penser Eva en s'endormant, c'était une bonne question. Rien de bien précis, sans doute. Associations d'idées, réflexions brouillonnes. Rien que de bien commun, après tout; il est assez rare que l'on puisse dire, avec facilité et surtout lucidité, quelles étaient nos pensées avant que le sommeil nous prenne. Plus un mille-feuille qu'un beau tableau bien net. Cependant elle se sentait plutôt bien quand elle s'endormit, sans pour autant être dans un confort intime très prononcé.


Dans son rêve, Eva était assise sur un siège en bois sculpté, recouvert d'un lourd voile de velours bleu roi. Elle-même était vêtue d'une robe longue qui descendait jusqu'au milieu de ses tibias, en lin d'un bleu-gris très doux, au col fendu qui s'échancrait loin sur sa poitrine, jusqu'au milieu de son sternum, découvrant la naissance ténue de ses seins. Les manches étaient évasées aux poignets, étroites aux épaules. La jupe était large, se plissant naturellement, laissant les jambes libres. Elle avait également un gilet de daim gris assez sombre, lacé sur la poitrine et le dos, qui épousait la forme de son buste. Les ourlets étaient cloutés finement d'argent brossé, formant des petites vaguelettes. Ses pieds étaient nus. Ses cheveux étaient, comme à son habitude, lâchés à l'avant, bouclant sur son front et devant ses oreilles, et ceux, plus long, de la moitié arrière de son crâne, pendaient en une longue tresse, ici à cinq brins. Ce qui était le plus marquant, cependant, était le halo qui brillait au dessus de sa tête. Formant une couronne à sept branches, d'une lumière blanche bien visible. Eva, cependant, ne le voyait. Elle regardait distraitement les alentours. La pièce dans laquelle elle se trouvait était longue, au plafond soutenu par des arcs en ogive de poutres de bois clair, évoquant l'architecture elfique de Tolkien. Le sol était de dalles de pierre lisse, et supportait une ligne de tables massives, entourée de bancs recouverts de tissu assortis. Rien dessus, cependant, ni autour. L'endroit était vide, et silencieux. Un âtre brûlait, de part et d'autre, et un brasero imposant distillait sa chaleur au milieu de la rangée de tables. La lumière tamisée des feus donnait un air très chaleureux à l'ensemble, tempérée par le jour qui passait par une série d'ouvertures présente sur les trois cotés qu'Eva avait face à elle.

"Ah, princesse, vous voici !"

Accourait à elle une femme en robe et tablier, l'air très affairée. S'avançant sur les escaliers de bois qui marquaient la position surélevée d'Eva, elle s'inclina en pliant un genou et baissant la tête. Sur son trône, la jeune rêveuse ne remarqua pas qu'elle avait des oreilles pointues.

"Vous savez bien que vous ne devez pas vous éclipser seule ainsi ! Qu'adviendrait-il si ..."

"Si rien du tout, voyons ! Que crains-tu, ici ? Je fais bien ce qui me plait. Et d'ailleurs, je ne t'avais pas demandé quelque chose, tu Essaies de faire passer cela ?"

L'autre ne pu retenir un bref sourire avant de relever la tête. C'était toujours aussi  plaisant lorsque la chose prenait si facilement. La rêveuse sautait à pieds joints dans le scénario qu'elle lui exposait, c'était parfait. Les choses plus amusantes pourraient commencer sous peu ... Elle releva la tête, chassant une mèche de ses cheveux noirs en la ramenant derrière son oreille avant de répondre, l'air contrite, regardant ses pieds.

"Vous êtes toujours aussi sagace, et prompte à houspiller ... J'ai bien fait ce que vous m'avez demandé, princesse, ne vous méprenez pas ! Mais cela met plus de temps que vous ne pouvez l'imaginer ... Ne vous mettez pas martel en tête, cela ne tardera plus !"

Dans un timing parfait, des pas résonnèrent, se rapprochant de la salle qui les amplifiait. Cependant, Eva n'attendit pas. Se levant, elle partit à la rencontre de ce qu'elle voulait, sans savoir ce que c'était. Elle ignora le cri de protestation de pure forme de la servante, et courut. Sa couronne rayonnante la suivait. Alors que sa lumière disparaissait avec elle dans le couloir qui partait vers l'est, vers la provenance des pas, la salle du trône se retrouva privée de sa lumière.
Souriant les lèvres serrées, la servante arracha son fichu, se laissant glisser dans les ombres qui se formaient. Les lieux perdaient de leur éclat, de leur consistance, bientôt le tout se fondit dans le même flou sombre, dans lequel quelque chose s'agitait.
[HRP : Bon, j'espère que ce n'est pas trop mal ^^' Si tu as des doutes, fais m'en part : HRP]
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MessageSujet: Re: >> Tyrannie éphémère << Verticalité, mais sans ascension (Avec Calvin) >> Tyrannie éphémère << Verticalité, mais sans ascension (Avec Calvin)  EmptyDim 4 Oct 2015 - 17:00
Le 03 octobre XXXX
Bordel, j'étais presque sûr de n'avoir rien à écrire dans le carnet ce matin, à la fin de ma nuit d'hier. Je me suis pas mal emmerdé et au final j'ai passé la journée à faire mon marché (sans argent) chez les Chats, quand l'un de ces types qui vous abordent dans la rue est venu m'agresser! J'ai toujours un mal fou à me défaire de ces gars là et celui-ci... il était particulièrement collant et persuasif.
C'était un simulacre d'elfe (Lanson de son petit nom) et il s'est mis à me raconter toute sa vie, de sa femme qui l'avait quitté et de ses trois gosses à nourrir, l'histoire de son Royaume (il a commencé à m'en parler comme d'une association je crois, mais je suis pas sûr), qu'ils avaient besoin d'aide, que ce serait mieux si je bossais en tant que bénévole, etc... Il pleurait à moitié et il me demandait de protéger les rêves des rêveurs ! D'habitude je m'en sors mieux mais là, j'ai pu m'en débarrasser qu'en signant son papier.

Bon, protéger des rêves, après tout, pourquoi pas hein ? Il m'a demandé de m'endormir en pensant à lui le lendemain (cette nuit quoi) donc... je sais pas, je verrai bien...


Le 04 octobre XXXX
Suite des événements, donc... J'arrive toujours pas à savoir si c'était une arnaque ou pas. Tout ce que je sais, c'est que ça valait le coup.

L'endroit où je suis apparu avait des allures inquiétantes, je n'arriverai sans doute pas à le formuler de manière précise... L'ensemble était très sombre et légèrement malsain et... On pourrait peut être comparer ça avec le plateau de tournage d'un film en intérieur mélangé à une immense machinerie façon Big Ben. Sauf qu'au lieu d'être fait de carton pâte, de câbles, caméras, lampes, cordages et mauvais trucages, c'était une atmosphère magique mouvante et bon marché, une sorte « d'envers du décor de la magie ». C'était comme si je pouvais voir que cette magie n'en était pas une, alors que … Bin ça restait des artifices surnaturels ; des illusions, déformations de la matière, lévitation d'objets...
Je savais bien que je n'arriverai pas à formuler ça correctement.

Et le pire reste à venir. Lanson s'est presque jeté dans mes bras. Refaire des dialogues de tête, c'est pas mon fort donc je vais simplement résumer.

Lanson travaille dans l'association le royaume des pimbêches. En gros, son mode de fonctionnement reposait sur les rêves ; les pimbêches exaucées génèrent (allez savoir comment) des bénéfices et l'endroit devient florissant.
Sauf que la nouvelle direction a trouvé un autre business modèle et qu'en gros, elle veut les frustrer, soi-disant que ce serait plus productif une pimbêche qui souffre. Lanson est contre, parce qu'ils deviendraient une association  un royaume cauchemar et Lanson refuse de servir les cauchemars. Il y avait aussi une histoire de subvention, quelque chose comme "les cauchemars reçoivent moins d'aide"...
Bref, voilà l'idée.

Comme ce serait trop simple de laisser la hiérarchie décider toute seule, ils ont décidé de faire une compétition pour voir, une bonne fois pour toute, ce qui serait le plus productif. Moi, j'allais être du camp Lanson et exaucer la rêveuse. Les autres feraient en sorte de transformer son rêve en cauchemar, sans la réveiller trop brutalement. Et comme leur bénévole à eux n'est jamais venu, je n'allait pas avoir d'adversaire direct.

Ce qui ne veut pas dire que ça allait être facile, puisque chaque équipe avait son lot de « magiciens du trucage » et que celle d'en face disposait de moyens... Largement supérieurs aux nôtres. Mais j'y reviendrait.

Pour l'occasion mon jean a été remplacé par un pantalon épais tenu par une ceinture de cuir rustique, mes chaussures par des bottes hautes, mon pull est devenu une chemise à lacets un brin trop serrée pour mes épaules. Ils ont pas enlevé ma cape, jugeant que ça le faisait.

Et puis ils m'ont affublé d'un collier. Ras du cou. Un collier pour chien. J'écris pas ça qu'à titre de comparaison hein, je tenais dans la main la laisse qui y était accrochée quand l'équipa Lanson m'a jeté vers l'avant. Et d'ajouter dans un dernier encouragement;


Courage ! On a choisi cette rêveuse pour la compétition parce qu'elle vient souvent ici... J'espère que tu ne vas pas la détester tout de suite... C'est pas la plus facile à satisfaire, ce sera dur mais tu dois tenir bon ! C'est une bataille entre rêves et cauchemars !

Poussé à travers l'embrasure d'une porte qui n'avait l'air de mener que vers un placard à balais plongé dans les ténèbres, je me suis soudain trouvé dans un vaste couloir aux fenêtres spacieuses. Tout était raffiné et délicat, accompagné du cui-cui des oiseaux.

Et là... Je l'ai vue. La princesse. La femme la plus belle que j'ai vu de ma vie. Encore, oui, encore ! ça fait chier mais oui ! C'est le monde des rêves non, c'est peut être normal ? Je me suis figé et je suis resté coi, glacé comme un enfant devant une nourrice trop jolie. Elle marchait avec grâce au milieu des lances de lumières qui traversaient les ouvertures aux murs et ses cheveux nageaient atour de son joli visage, accompagnés dans leur mouvement par les volutes de sa robe...

La tête de Lanson est apparue dans le décor, comme s'il se tenait là, à côté de moi, et que le fait de parler l'avait fait émerger un instant ;


Vas vers elle ! La direction ne va pas intervenir tout de suite, ils ne font commencer le cauchemar qu'au bout d'un certain temps, on doit en profiter !

Ca a brisé un peu la magie. Il a disparu dans le mur juste après et je me suis avancé vers ma princesse. Il fallait vraiment que ce soit une pimbêche ? Arrivé à son niveau, je ne voulais pas lui faire l'affront de la prendre de haut alors j'ai posé un genoux à terre.
Et je ne sais pas pourquoi, j'ai tendu la main où reposait la laisse...
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MessageSujet: Re: >> Tyrannie éphémère << Verticalité, mais sans ascension (Avec Calvin) >> Tyrannie éphémère << Verticalité, mais sans ascension (Avec Calvin)  EmptyDim 11 Oct 2015 - 12:57
Débouchant dans un couloir, au plafond haut, largement ouvert sur toute sa longueur, sur un coté, de fenêtres en ogive, qui laissaient entrer les rayons obliques du jour. Des particules brillantes y dansaient. Eva les admira distraitement en marchant, avant de remarquer celui qui s'avançait droit vers elle. Refusant de s'arrêter, elle l'observa, allant sur lui d'un pas décidé. Ce qu'elle remarqua tout fut ses yeux. Vert comme des jeunes pousses, limpides. Une couleur rare. Cela ne manqua pas de provoquer un petit pincement chez la rêveuse, malgré les brumes du sommeil. Une réaction peu avouable, qui se contredisait elle-même. Une part d'elle était d'emblée intéressée, comme elle l'était toujours devant quelque chose de rare, qui sortait du commun. Cependant, elle avait été habituée à être cette chose rare, à être celle qui sort du lot, celle que l'on remarque, celle qu'on regarde en coin. Sur le sujet de ses yeux, tout spécialement. Ses prunelles d'un bleu exceptionnellement vif, limpide, lui attiraient immanquablement les réactions des autres. Elle en était fatiguée, excédée même, mais cela devenait une habitude. Qu'on la brise ainsi ne pouvait que provoquer une petite pointe de dépit.

Cette réaction resta cependant dans la périphérie de ses pensées confuses. Son esprit était plus accaparé par la vision du jeune homme en général. A part ses yeux, il n'avait pas grand chose de très remarquable. Des cheveux d'un blond somme toute assez banal, qui bouclaient plus ou moins comme ceux d'Eva. Grand, bien bâti (un peu trop à son goût, même), il avait des traits assez doux, régulier mais un peu quelconque dans l'expression. Ses vêtements, dans le contexte, étaient très banal, si ce n'est la cape rouge. Longue, à l'ourlet déchiré, elle était fermé par une rangée de boucles, ce qui donnait un drôle de style à l'ensemble.

Alors qu'il arrivait devant, elle se souvint brutalement pourquoi elle était là. Il s'agenouilla, se prosternant devant sa personne. Souriant de surprise, elle fut un peu troublée par la main qu'il lui tendait. Surtout par ce qui y reposait. Une lanière de cuir fin, relié à un collier au cou du blond encapé. Une laisse. Qu'il lui présentait. Que lui offrait-il ? Est-ce ce qu'elle venait chercher ? Eva ne comprenait pas du tout. Pourtant elle réagit comme avec naturel, passant ses doigts fins dans la boucle, en éprouvant brièvement le contact de la paume du jeune homme des ongles. Elle tira brusquement vers le haut, pas assez fort pour lui faire mal, mais assez vivement pour qu'il soit surpris et bouge.

"Debout ! S'il y a une chose qui m'insupporte, c'est bien les gens qui rampent."

A ses oreilles, cela donnait "Stand up ! If there's one thing I can't stand, it's people groveling", la scène du Roi Arthur et ses chevaliers se prosternant maladroitement devant Dieu leur apparaissant dans un écrin de nuages, du chef-d'oeuvre ("a masterpiece, no doubt") des Monty Python. Cela la fit presque rire, mais elle se contenta de sourire joyeusement à son vis-à-vis. Elle ajouta à la volée, sur un ton interrogatif qui ne demandait pas de réponse.

"J'ai l'air d'avoir une barbe, peut-être ? Tu as envie de partir en quête d'un splendide gobelet inutile ?"

Il était assez grand, elle le remarquais encore plus maintenant. Mais aucune importance ! Elle n'avait pas besoin de dominer les autres pour se sentir bien. C'était en tout cas ce qu'elle se disait, alors qu'elle tirait doucement, mais ferment sur la laisse pour faire avancer son captif volontaire, alors qu'elle reprenait la marche dans le couloir. Son pas était guilleret, insouciant. Elle ne savait pas où elle allait, et ne se posait pas du tout la question pour le moment. Il n'y avait que le couloir, elle et son grand dadet.

"Tu ne vois pas d'inconvénient à ce que je taquine un peu, n'est-ce pas ? Tu es là pour ça après tout. Tu as une idée de la manière dont je devrais t'appeler ? Ou plutôt, comment est-ce que toi, tu t'appelles ? Tu me laisserais deviner ?"

Eva adorait donner des noms, et plus généralement la nomination. Cela lui procurait un grand plaisir, d'en inventer, en deviner, en entendre. Cela lui donnait un sentiment de sécurité, tant par la nature quelque peu infantile de l'exercice que par l'emprise intellectuelle qu'il donnait.
Derrière eux, le couloir s'effaçait doucement. Cependant aucun de ceux qui s'occupaient généralement des lieux sous leur forme de coulisse ne s'y agitait. Quelque chose d'autre.
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MessageSujet: Re: >> Tyrannie éphémère << Verticalité, mais sans ascension (Avec Calvin) >> Tyrannie éphémère << Verticalité, mais sans ascension (Avec Calvin)  EmptyJeu 15 Oct 2015 - 19:27

Cette beauté suréelle a accepté l'offre sans rechigner c'est à dire sans s'enfuir en courant à ma vue. Et même si les premiers mots qu'elle m'a adressé étaient cinglants (je n'ai pas tout compris mais j'étais perdu dans ses yeux, ça jouait contre moi) ils n'étaient pas non plus insultants. Je crois.
Je dois dire que même si c'était un petit pas pour le camp des rêves, c'était un pas immense dans la relation que je rêvais (n'est ce pas?) de développer avec elle. Elle, une rêveuse et moi, créature du Comte assoiffé de sang.

Ah parce que oui j'ai oublié ce détail dans les lignes du dessus ; c'était l'une de ses nuits où j'ai envie de sang. J'étais pas affaibli et remué par l'envie de mordre quelqu'un, seulement... J'avais faim quand même, sans que ce soit une nécessité. Comme une envie de gourmandise ? Quelque chose comme ça je pense. Et j'avoue que quand Hobbes n'est pas dans le coin pour me permettre de me repaître, j'ai PARFOIS envie de me jeter sur un rêveur isolé, ni vu ni connu je ne fais de mal à personne. Et c'était juste une rêveuse, hein ? Enfin je digresse, tout ça pour dire que j'étais sans doute pas tant que ça un avantage dans le camp de Lanson et que notre relation n'était pas la plus évident sur le papier.

On a commencé à marcher, paisiblement ; pas la moindre trace de cauchemar en vue. En regardant mes pieds je pouvais constater que nous avancions sur une sorte de tapis roulant en bille très fines, sans doute pour nous permettre d'évoluer longtemps entre les décors sans exploser le budget immobilier de l'association.
Enfin je dis « on a marché » ; elle me tirait par sa laisse pour être exact. Et comme je n'osais pas me coller à elle, la pression sur ma nuque se faisait sentir doucement à chaque enjambée. Malgré tout, pour elle, je suppose que tout allait bien. Est-ce qu'il fallait que je prenne une initiative ? Je regardais autour de moi pour attendre des instructions puisque la parlotte c'est pas vraiment mon truc... Mais rien ne semblait prêt à m'aider.
Elle a coupé court au dilemme en m'interrogeant directement. Elle voulait deviner mon nom et je répondis du mieux que je pouvais, sans doute avec une intonation trop artificielle (mais j'avais l'impression que c'était ce qu'on me demandait, à la base). Quelque chose comme ;


Que nenni gente heu... dame. Mon nom n'est pas si commun mais si cela peut vous faire plaisir, je vous laisse le deviner avec grand fort joie. Comme dois-je vous appeler ?

En espérant que le ridicule ne tue pas, je m'efforçais simplement d'éviter de rougir devant l'humiliation que je venais de m'infliger. Est-ce que je lisais de la perplexité ou du dégoût dans le froncement de son sourcil ? Il me semblait qu'elle s'amusait la seconde d'avant ! Inquiet, j'attendais sa réponse en me tournant en boucle « ne fais pas de conneries Calvin, attends au moins que l'équipe d'en face débarque ».


Et l'équipe d'en face préparait son camp, pour sûr. Je me demande à quoi ressemblaient leurs brainstorming de "cauchemardage de rêves". Le tout étant de ne pas la réveiller, ni d'empiéter sur le domaine des autres seigneurs cauchemar.
J'imagine qu'en cet instant, une copie conforme de ma personne prenait déjà forme quelques "mètres" plus loin, prête à me traiter d'imposteur et à semer la confusion chez celle que je servais cette nuit. Mais pour le moment, il lui fallait encore prendre des notes.
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MessageSujet: Re: >> Tyrannie éphémère << Verticalité, mais sans ascension (Avec Calvin) >> Tyrannie éphémère << Verticalité, mais sans ascension (Avec Calvin)  EmptySam 24 Oct 2015 - 16:27
En lui posant sa question, la jeune femme se demanda soudain si elle avait bien fait de prendre la laisse. Mais à la réponse, Eva se retint (tout à son honneur, elle en était presque compatissante), de moquer ouvertement le phrasé proprement ridicule de l'individu docile. Elle ne put s'empêcher de mettre sa main devant sa bouche, brièvement, dans un petit mouvement impossible à réprimer, en tout cas pas en surplus de l'explosion de rire qu'elle se devait bien d'endiguer. Elle mit quelques instants à se reprendre contenance, tout en réfléchissant. Ce jeune homme était bien amusant, dans ses manières empruntées. Comme un jeune animal encore mal à l'aise avec son corps, à ceci près que lui l'était avec son esprit Très amusant, oui, vraiment.

"Sans être réductrice, je peux considérer que tu es l'inverse exact d'un bouffon, non ? Loin de rire aux dépens des autres, tu fais rire à tes dépens."

L'image brève mais poignante d'un pauvre hère, fuyant inutilement les grelots qui tintaient à une guirlande attachée à son derrière, lui vint. Elle réprima un autre éclat de rire, avec plus de succès cette fois. Elle ne regrettait plus du tout d'avoir accepté sa soumission. Son image de grelots lui restait en tête, et elle regardait toujours le jeune homme, l'étudiant pensivement. Malgré son air hébété (elle hésitait à dire bêta), il avait une certaine allure, indéniablement. Amusant, en tout cas. Elle parla d'une voix qui ne lui sembla pas être la sienne, s'entendant comme une autre.

"Tu me diras ton nom plus tard, alors, si tu en veux encore. Pour l'instant, je t'appellerai Bell. Tu aimes bien ?"

Elle se rendit compte à ce moment qu'ils devaient être arrivés à destination, à présent. Elle cligna des yeux. Durant ce très court laps de temps, le décor se modifia du tout au tout. Le couloir avait disparu, et ses vestiges se présentaient derrière eux en une grande ouverture, un bel arc en ogive. Plus précisément, se dessinait vaguement l'aile d'un bâtiment, qui s'élançait élégamment vers les hauteurs. Juste assez pour le voir en se retournant, mais rien n'était très complet. On pouvait voir les limites du tableau, qui se restreignait (par économie de moyen, peut-être). Mais surtout, devant eux s'offrait aux regard un très joli jardin. Un rien en pente, une pelouse drue, assez haute, dont le vert profond variait dans les tons émeraude, d'autant plus que le soleil changeant, à demi couvert de quelques nuages, créait des clairs obscurs du plus bel effet. Des buissons bigarrés, aux formes impétueuses, formaient quelques massifs épars. Surtout, un grand arbre, à l'écore très pâle, étendait ses branches largement, laissant ses feuilles tombantes, semblables à celle d'un saule pleureur, descendre jusqu'à la moitié de son tronc. En dessous de lui était placé un long banc, un rien incurvé pour suivre la courbe du tronc.
Une légère brise agita les cheveux d'Eva, l'arrachant à la contemplation du lieu. Elle donna une petite impulsion joueuse à la laisse en reprenant la marche. Ses pieds nus lui procuraient un plaisir sensoriel très prononcé, en foulant les brins d'herbes. Cela lui rappelait quelque chose, mais quoi ? Bah, elle s'en fichait, sur le moment, restant dans un état d'esprit serein et insouciant.

"Asseyons nous, ce sera plus pratique."

Eva se baissa soudain, ramassant au passage une étole écru, qui était sur le sol, très naturellement. Ne l'avait-elle pas oubliée tout à l'heure, après tout ? La portant à son nez, fermant les yeux à demi, elle en huma le parfum frais et un rien végétal, en ployant les genoux pour s'installer sur le banc. Cependant, elle se demandait si elle n'oubliait pas quelque chose d'autre, maintenant. Sa quiétude commençait à se fissurer, doucement, imperceptiblement. Elle n'y prêta pas plus attention, n'osant pas en faire part à Bell. Relevant le regard, elle planta ses yeux dans ceux de son compagnon attaché, recherchant à ce qu'il fasse de même. Elle se retint de sourire d'un contentement très simple, de l'impression soudaine qu'elle ne subissait pas le présent. Elle failli l'exprimer à haute voix, pour elle-même, ouvrant légèrement les lèvres.
Dans le ciel factice, au delà de son dégradé de nuages et de bleu, ça s'agitait en silence, ça se préparait.


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MessageSujet: Re: >> Tyrannie éphémère << Verticalité, mais sans ascension (Avec Calvin) >> Tyrannie éphémère << Verticalité, mais sans ascension (Avec Calvin)  EmptyJeu 5 Nov 2015 - 14:35


Elle ne m'a pas dit son nom. Bon, peu importe hein ? Je sais que les autres le savaient puisque c'était une habituée mais sur le coup, j'avais oublié de demander (ou oublié tout court). Quoiqu'il en soit, ça l'amusait de me surnommer et donc, cette nuit, je serai Bell.
Notre étrange promenade statique à amené un nouveau décor. Je ne sais pas de quoi il était fait mais ça restait réussi; une sorte de coucher de soleil, un jardin un rien délaissé, juste ce qu'il fallait pour donner l'impression d'être isolé dans un lieu tranquille, qui ne serait entretenu qu'une fois par semaine. Le contrejour avec le soleil, je sais pas, je dirai que c'était un petit peu trop loin dans le cliché mais bon, ça c'était le boulot des décorateurs. Ca aurait pu être superbe si ça ne faisait pas aussi...faux. A part l'espèce de saule sous lequel on s'est assis, le reste avait l'air d'avoir été magiquement peint par un aquarelliste radin sur ses crayons. Et il suffisait d'un coup d'oeil en arrière pour voir que les édifices n'étaient pas terminés, placés là à la va-vite par l'un de leur technicien avare en sortilège.

Enfin bref. On s'est assis là. Bon, je peux pas dire que ça m'arrangeait pas, c'est plus simple que de devoir jongler ou faire des trucs de clown. D'ailleurs, elle a dit que j'étais l'inverse d'un bouffon, donc elle devait pas s'attendre à ce genre de trucs (je suppose qu'elle faisait référence au bouffon du roi, pas à l'insulte "sale bouffon", ça avait pas l'air d'être son genre). Enfin quoiqu'il en soit, si son délire c'était ça (ne rien faire), tant mieux !

N'empêche que j'étais mal à l'aise. D'un côté, j'ai rien contre le fait de rester assis en silence mais en même temps... J'étais là pour faire gagner le camp de Lanson quoi ! Est-ce que j'aurais dû ajouter quelque chose ? Elle a posé ses yeux bleus sur moi et je me suis senti minuscule; il y avait des mots contenus là dedans, une complicité dans ce regard que je ne m'expliquais pas, que je ne comprenais pas. Est-ce que je pouvais, d'ailleurs ? Les rêveurs sont sans doute toujours dans un monde à part, je sais que quand je rêvais "normalement" j'avais l'impression de comprendre beaucoup de choses plus rapidement, l'impression de ne pas avoir besoin de parler pour me faire comprendre...
Je me suis contenté de lui sourire. Je suis pas très bon pour sourire sur commande, mais je la trouvais aussi belle que touchante, j'étais franchement ... ému ? Je crois qu'on peut dire ça. C'était comme un enfant inconscient de son environnement, qui elle était, ce qu'elle faisait. Depuis qu'elle s'était couverte d'un petit gilet/plaid/écharpe, elle avait l'air plus fragile. J'avais envie de la laisser dans cette sorte d'état d'innocence où je la sentais. J'imagine que c'était encore un rêve agréable pour elle, on avait pas besoin de plus que ça. J'avais envie de lui dire quelque chose du genre "vous êtes très belle" mais d'une part ça m'aurait fait mourir de honte et même si j'avais pu, draguer les rêveuses est une sorte de tabou.

Sauf qu'évidemment, la compétition, tout ça...

Un type est entré dans le champ, de derrière. Alerté par son exclamation, je me suis tourné pour voir... Hobbes déguisé en moi ?
Non ? Même pas; ce machin là était une réplique de moi même ! Il a fait mine d'être énervé en me voyant et s'est jeté en direction de ma rêveuse;


Princesse ! Cet imposteur a pris ma place, il est là pour vous tuer et vous faire souffrir mille tourments ! Fuyez avec moi, venez, fuyez !

Et c'est qu'il jouait bien la comédie celui là ! L'équipe de la direction avait appuyé le discours de leur pantin en changeant le décor; l'arbre sous lequel on se trouvait avait soudainement fané, le soleil avait définitivement fini son cache-cache avec les nuages pour être voilé par une masse sombre de mauvaise augure. La brise était plus fraîche, les herbes semblaient fânées, un bourdonement grave se faisait entendre, pesant, comme un son de basse presque inaudible qui nous plongeait dans une ambiance sodani malsaine.
J'avoue que je m'attendait pas à ce genre d'attaques. Qu'est ce que c'est, le cauchemar d'une pimbêche, hein ? C'est plus subtil qu'afficher soudain un décor rempli de zombies ou de monstres (ce qui aurait fait fusionner l'association-royaume des pimbêche avec les Royaumes des zombies/des monstres en question, chose qu'aucune équipe ne souhaitait comme je l'expliquerai sans doute plus tard).
Moi ce que je voyais, c'est qu'ils se contentaient de menacer son rêve ? On passe le jardin en climat automnal et c'est tout ?


Mais... mais c'est n'importe quoi !

Piètre défense. Je sais. J'ai jamais été un grand orateur. J'avais juste envie de lui foutre mon poing dans la gueule pour régler ça sans délai mais à ce moment là, je pensais que la violence plongerait plus profondément ma rêveuse dans le cauchemar. Ils n'auraient qu'à faire tomber cette lopette dans une mare de sang et ce serait fini pour moi. Mais j'ai quand même eu une idée (ça m'arrive). Un genou au sol, j'ai proposé;

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MessageSujet: Re: >> Tyrannie éphémère << Verticalité, mais sans ascension (Avec Calvin) >> Tyrannie éphémère << Verticalité, mais sans ascension (Avec Calvin)  EmptySam 14 Nov 2015 - 11:32
Eva le regardait, et il faisait de même. Elle ne pensait plus à rien d'autre, ne faisait plus rien d'autre. Tous ses états d'âme, les sentiments confus qu'elle ressentait sur l'instant, se concentraient dans ses yeux, les chargeaient d'une énergie qui la picotait. Un étrange émoi la prenait, suite directe de la "révélation" qu'elle venait d'avoir. L'instant avait du poids, beaucoup de poids pour elle. Il la recouvrait, l'enserrait dans sa douce pression. Douce et presque étouffante. Elle le regardait. Et l'autre, le jeune homme ... Il lui sourit, tout simplement. Il sourit parce qu'il comprend ? Ou alors ... Peu importe ses doutes, elle était rassurée par cela. Le vague début d’oppression qu'elle percevait autour d'elle, devant la densité subite de l'atmosphère, de son épaisseur, s'envolait avec l'expression gentille et sincère qu'elle y lisait.

Elle se tourna un peu plus vers lui, se permettant d'esquisser une réponse qu'elle avait retenue précédemment. Un regain de confiance, de tranquillité, qu'elle semblait devoir à son compagnon. En tout cas, elle lui attribuait spontanément. Sans trop s'en rendre compte, elle se rapprocha un peu de lui sur le banc, se penchant légèrement vers lui, avec une petite lueur espiègle dans ses yeux. Elle le voyait toujours un peu comme le dindon de la farce, mais ne trouvait plus cela si risible, d'un seul coup. Au contraire, cela rendait Bell, en un certain sens, attachant, du moins pour le moment. Mais pour Eva, ce qui lui venait sur le moment avait valeur d'infini. Bell était attachant de par son coté victime penaude de ce qui l'entourait; puis son sourire était très plaisant.

A l'instant où elle ouvrait de nouveau les lèvres pour finalement lui faire part de ce constat réjouissant, quelque chose vint tout briser. Tout allait pourtant bien, non ? Alors pourquoi ? Pourquoi est-ce que ... Tout perdait subitement de son caractère rassurant, agréable ? Peut-être parce qu'un accroc non négligeable venait de se glisser dans la fluidité des événements. Pour confus et relatif soit-il, le sens logique d'Eva était troublé par le doublon qui déboula soudain, entachant tout le paysage de sa présence. Elle était de trop ! Une fureur réflexe s'empara de la rêveuse devant cette interruption détestable. Elle se leva brutalement, lui jetant un regard emprunt d'une colère glaciale, pleine de dépit. Mais à peine arrivait-il que tout devenait pire encore; elle n'eut pas le temps de lui cracher son dégoût à la figure. Il accusait son jumeau d'être celui de trop, clamait, avec une honnêteté confondante, qu'il n'était pas le trouble, mais bien l'autre, Bell premier du nom, l'air ahuri sur son banc.
On lui disait de fuir, fuir les tourments à venir, mais elle ne voyait que ceux présents. Elle attrapa une feuille morte qui lui tombait devant les yeux, l'écrasa entre ses doigts, lentement, convulsivement, et jeta les miettes d'un mouvement rageur, en refermant ses épaules, baissant la tête. Elle se mordit les lèvres, sentant monter une contraction qui lui serrait la gorge, alors qu'au coin de ses yeux perlaient les débuts de larmes de frustration. Eva ne vivait plus, elle subissait. Tout arrivait autour d'elle sans qu'elle puisse faire autre chose que recevoir ces blessures. Cela la prenait à la gorge, lui faisait se sentir minuscule, faible, molle dans sa chair et son esprit. Elle les cachait de ses cheveux, mais ne put s'empêcher de répondre à la supplique de Bell, qui s'agenouillait soudain. Qu'il se mette plus bas qu'elle fouetta brusquement on orgueil. Relevant le visage, elle cria presque, en retenant un sanglot.

"Tais-toi ! Taisez vous, tous les deux !"

Voix qui claque, pleine d'un amer ressentiment, mais porteuse d'une volonté impérieuse, cassante, sans appel. Un vent froid commençait à se lever, charriant de plus en plus les feuilles qui venaient de tomber. Le paysage s'assombrissait encore, alors que l'arbre prenait des allures décharnées, inquiétantes. Le tronc se fendit, imperceptiblement. Trop doucement pour que l'on puisse s'en rendre compte.
Tout était de plus en plus gâché, pour la rêveuse. Elle recevait l'atmosphère désagréable comme un coup de poing lancinant. Ou non, plutôt ... comme lorsque sa pomme, qui se promettait délicieuse, se trouvait en fait mangée par un énorme ver gras. Cependant ici deux vermisseaux se rejetaient la faute mutuellement, l'un accusant alors que tout allait bien avant qu'il ne se montre, l'autre s'étouffant dans sa bonne foi apparente. Et ils lui demandaient de prendre part à leur mascarade ! Eva s'avança vers eux, d'un coup. Elle attrapa la laisse de Bell dans sa génuflexion, le relevant d'un coup sec du poignet, et l'amena devant l'autre d'un pas rageur.

"Vous êtes contents ?! Ce n'est pas ce que vous vouliez, peut-être ? Ou vous vous en fichez, trop préoccupés par vos petites querelles stupides, c'est ça ? Regardez autour de vous ! Regardez vous, regardez moi ! Heureux de ce que vous avez accompli, vous deux ?"

Elle était de plus en plus en colère, sa voix saturant dans un son chargé de sentiments négatifs, mais très énergiques. Elle avait totalement oublié le malaise qu'elle avait ressenti l'espace de quelques instants. Quelque chose grattait doucement, doucement, à l'intérieur de l'arbre.
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MessageSujet: Re: >> Tyrannie éphémère << Verticalité, mais sans ascension (Avec Calvin) >> Tyrannie éphémère << Verticalité, mais sans ascension (Avec Calvin)  EmptyMar 24 Nov 2015 - 22:06

Comment résumer ça sans m'étaler... Oh, « m'étaler » c'est sans doute le mot qui convient. Mon idée n'a pas ravi la rêveuse, c'est peu de le dire. J'imagine que le spectacle météo son et lumière des autres lascars n'a pas joué en ma faveur, mais quand même...

Je n'avais pas prévu cette forme de tristesse rageuse, la puissance de sa déception. C'était pas totalement ma faute hein ! Franchement, qu'est-ce que je pouvais faire ? J'avais bien senti que ça marcherait pas très bien mais à ce point !
La décomposition de son visage, de sa sérénité pour passer de l'angoisse à la colère, aux sanglots retenus... C'était un vrai crève cœur ! Et le pire, c'est que je ne pouvais pas l'arranger en niant, en lui expliquant les choses de manière raisonnable. On ne partageait pas la même vision de ce monde, toute ma bonne volonté n'y aurait rien changé.

Pendant que je m'efforçais de bredouiller une excuse, elle m'a tiré vers l'autre et a passé ses nerfs sur nous, comme si nous étions, ensemble, responsables de ce qui se passait ! J'avoue que j'étais... désemparé et que sur le coup, j'avais l'impression d'être en partie responsable de son mal-être. J'aurais bien baissé la tête si elle ne m'avait pas demandé de la regarder, de m'imposer cette insupportable vision.

Plaquer mon regard dans les yeux de l'autre, comme elle me le demanda, ça par contre c'était plus supportable.
Un ennemi, voilà. Je pouvais focaliser mes pensées là dessus.

Je ne pouvais pas lui sauter dessus pour le tabasser, hors de question, ça aurait rien arrangé. Je me suis dit qu'il fallait que je fasse en sorte qu'il me tabasse lui, que peut être ça jouerait en ma faveur. Et puis par association d'idée, je me suis dit qu'il fallait faire « l'inverse » de le tabasser en fait et c'est comme ça que j'en suis venu à tendre ma paluche vers ma fausse réplique.


Je ne veux de mal à personne, c'est un malentendu. Je m'appelle Bell.

J'aurais aimé lui broyer quelques jointures, pour le plaisir, mais cet enfoiré n'a pas tendu sa main. Je l'ai entendu me rétorquer avec ce qui était peut être ma propre voix, mais que je ne pouvais pas m'empêcher de trouver déplaisante ;

Ca m'est égal, Bell, je ne vous fait pas confiance et je vous ai à l'oeil.

Quel connard. On peut pas m'accuser d'être une brute quand on sait que je lui ai pas refait la lèvre dans la minute.
Pendant ce temps, j'entendais que ça s'agitait en coulisse. La voix de Lanson me parvenait presque clairement ;
Si votre Voyageur ne vient pas, vous n'avez pas le droit de nous voler le vôtre ! C'est de la triche ! Et on lui rétorquait quelque chose du genre « ce n'est qu'une illusion, pas la peine de vous vexer si elle fait mieux que l'original ». Ca ne m'a pas fait super plaisir.

Et puis comme si ça ne suffisait pas, comme si je n'étais pas déjà censé être en train de trouver un moyen de consoler une superbe jeune femme déséspérée, en guise de réponse j'ai eu le plaisir de voir débarquer ... nain furieux. Comme s'il venait de sortir du néant. Son accoutrement faisait penser à une fusion douteuse entre un clochard et un magicien. Il a pointé quelqu'un du doigt, sans faire attention à moi et a prononcé en criant d'une voix grinçante ;


Si c'est comme ça, me voilà ! La rêveuse ne peut pas me voir, donc je ne compte pas. Invisibilité aux rêveurs, niveau 3. Puis il a fixé ses sourcils broussailleux sur moi d'un air agacé et m'a fait ; Bon l'empoté, on va jouer autrement. Fais ce que je te dis plutôt que prendre des initiatives douteuses, c'est compris ?

Je hochais la tête d'un air ahuri tout en regardant Eva pour voir si elle pouvait... Voir ou entendre le gnome grincheux. Il semblait que non. De mon point de vue, ça cassait un peu le charme de la situation mais si pour elle, ça ne changeait rien... Après tout pourquoi pas ? Enfin, je ne sais pas, de toute façon je bossais pour eux quoi...

Le nain m'a fait apparaître un haut de forme dans la main en me disant de faire mine d'en tirer des choses, si j'avais besoin d'un coup de pouce. Puis, après avoir agité son bâton/canne/sceptre autour d'Eva (ce qui a, semble-t-il, réchauffé l'atmosphère tout en créant des papillons éthérés) il est allé s'intéresser au genre de saule pleureur sous lequel on se trouvait en maugréant qu'il n'avait pas l'air en forme, cet arbre.
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MessageSujet: Re: >> Tyrannie éphémère << Verticalité, mais sans ascension (Avec Calvin) >> Tyrannie éphémère << Verticalité, mais sans ascension (Avec Calvin)  EmptyJeu 10 Déc 2015 - 15:11
Eva, après ce déchaînement brusque, resta de marbre. Après avoir presque crié, elle sentait sa gorge comme asséchée, sa bouche impropre à l'expression, et par là même, elle n'avait plus rien à dire sur ce qui pouvait bien se produire. Que pouvait-elle bien en penser, maintenant, si ce n'est ... rien ? Rien. I'm done. Oui, Eva, finie. La tempête impromptue ne laissait qu'un vide froid derrière elle. Sec, incolore. Elle écoutait à peine les jumeaux, à présent; ils auraient aussi bien pu ne pas exister. Si exister avait encore un sens. Elle baissa les yeux, sans rien regarder. Si un seul désir pouvait pointer de la lande aride de ses sensations, c'était les restes du dépit qui s'accrochait encore dans les recoins. Ses dents rencontrèrent la chair tendre de sa lèvre, agitées, et elle eut une brève montée d'angoisse, pure et fulgurante; qui ne dura pas, surtout. Un flux et reflux de plus.

Je ... j'ai envie de casser quelque chose. Ses mains se portèrent à ses vêtements, serrant le tissu avec une contraction douloureuse. Terriblement tentante, également, de déchirer la matière sous ses doigts. Peut-être que cela ferait changer les choses ? Quelque chose ... Non, rien. Rien ne pouvait vraiment combler le vide. La pulsion du néant était trop forte pour elle. La rêveuse se recroquevilla un peu plus, fermant les épaules, fébrile dans son non-être subit. Ses lèvres frémissaient des mots qu'elle ne disait pas.

Elle aurait tant voulu rétrécir, devenir poussière qui se perdrait dans le vent glacé. Seul les lambeaux de ses états précédents retenaient l'inconsciente de sombrer dans ces envies de rien. Ce n'était pas ce qu'elle désirait, pas tout ce qu'elle désirait, et c'est ce qui guidait son songe, en ce qui la concernait directement. Quoique ... Eva était plus près de la chute qu'autre chose.

Pourtant un sursaut survint, sans crier gare. Pouf ! Tout semblait moins déprimant. La rebuffade d'un orgueil enfoui ? C'est ainsi qu'elle le prit, en tout cas, sa fierté prenant un coup de pouce qu'elle s'attribua, consciente de son état mais inconsciente des causes qui le déterminait (en l'occurrence, un gnome des rêves). Non, il n'y avait qu'elle, elle seule, dans toute sa splendide faiblesse ! Evidemment, quoi d'autre ? Je dois me ressaisir, reprendre tout ça en main.

Elle se redressa, sentant presque la chaleur de sa volonté pulser dans sa poitrine. Reprenons nous, par nous-même, mais oui ! Chassant ses imbéciles d'insectes qui lui tournaient autour, elle s'ébroua, reportant son attention vers Bell et Bell. Elle avait du mal à savoir lequel était lequel, maintenant. La laisse, restée dans sa main, ne laissait pas de place au doute, cependant, et éprouver son contact contre la pulpe de ses doigts le lui confirma. Cette lanière était une splendide allégorie de son emprise, trouvait-elle.

"Vous deux, regardez moi."

Lancé d'un ton calme mais sans appel, l'ordre ne saurait souffrir d'aucun écart. Elle s'avança un peu, les toisant sévèrement. Réajustant d'une main distraite son étole, elle s'approcha de quelques pas obliques. Qu'allait-elle donc faire de ces deux-là ? Les doubles se toisaient en chien de faïence, l'air tout aussi empoté, si ce n'est plus. Eva, en contrepoint, se sentait d'un coup en pleine possession de ses moyens, et même plus, elle considérait comme une évidence incontestable la mainmise qu'elle avait sur la situation. Oui, regonflée à bloc, tout simplement.
La donzelle ne s'en rendait pas compte (pouvait-elle seulement), mais son excès de confiance soudain, apporté avec autant d'à propos que peut-être de maladresse, la propulsait sur un terrain glissant. Sa confiance était aussi énorme que fragile. Comme un ballon d'air chaud ... Gare à celui qui aura l'audace de le crever; le dégonfler serait plus facile. Trop facile, sans doute.

Derrière eux, l'arbre n'avait pas l'air plus mal en point, du moins en apparence.


[HRP : désolé pour la piètre qualité et le temps ... : HRP]
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MessageSujet: Re: >> Tyrannie éphémère << Verticalité, mais sans ascension (Avec Calvin) >> Tyrannie éphémère << Verticalité, mais sans ascension (Avec Calvin)  EmptyMer 3 Fév 2016 - 16:34
Ouah, j’ai fait une pause goûter, je retourne sur toi petit journal !

Là, on était dans un moment de flottement, une sorte de silence un peu gêné c’était installé après qu’elle nous ai demandé de la regarder.

Regarde la. répéta le gnome.

[i]Merci, je pouvais encore répondre à un ordre simple ! Je plongeais mes prunelles vertes vers les océans jumeaux de la rêveuse et tentait d’y déchiffrer les mystères. Est-ce qu’elle avait un genre de fantasme des jumeaux ?
C’était forcément moi le bon des deux ; d’ailleurs j’avais été là le premier ! J’avais du mal à comprendre pourquoi elle évacuait pas ce connard alors qu’on avait été en train de partager un moment d’intimité juste avant. Enfin bon, je prétends pas être capable de comprendre une fille, mais j’avais quand même un doute, j’arrivais pas à m’empêcher de penser que, peut être, elle avait un petit quelque chose de pervers. Bon, c’est pas super sympa de dire ça.

Un coup de pied dans le tibia m’a rappelé à mes fonctions premières et je pense que j’ai franchement rougi en réalisant que j’avais laissé mes pensées dériver sur les yeux de cette nouvelle belle inconnue.
Il a fallu que je me contrôle très fort pour ne pas faire plus que sursauter ou répondre à ce petit machin colérique. Elle m’aurait vu parler tout seul et prit pour un timbré.


Mais fais quelque chose !

Ah ! La bonne idée ! Et quoi, hein ? Est-ce qu’il n’était pas censé être là pour m’aider ? Et j’avais même pas le droit de lui parler pour qu’on mette un plan au point ! Au bout d’un moment, il a peut être réalisé que je m’efforçais de ne pas le regarder et a soupiré un juron.

On joue tout notre business modèle là... Bon, propose lui de continuer la promenade.

Voudriez-vous continuer la promenade ? Cela nous changerait ma foi les idées ?

Et arrête de parler comme un abruti ! Sois toi-même nom d’un chien !

j’ai pensé qu’un bon coup de pied dans les burnes, c’était ce qu’il méritait ce nabot. J’admets que je suis pas un super orateur mais au moins je faisais des efforts ! Et puis ils avaient qu’à choisir quelqu’un d’autre si j’étais aussi nul…
Bref comme j’avais levé le bras pour désigner le paysage mais que ce dernier avait toujours un jeu ne sais quoi d’assez malsain, j’ai plongé ma main dans son chapeau en disant « elle aura besoin d’une large écharpe ». C’était aussi pour lui faire fermer sa gueule à ce truc et mon intonation ne cachait pas cette intention.

Comme par magie, une large échappe de laine (plutôt un plaid) s’est accrochée dans mes doigts et je l’ai tiré(e) du chapeau pour la poser sur les épaules de celle qui me tenait en laisse.

Mon enfoirée de copie conforme, de son côté, s’est avancée en tendant le bras, pour l’inviter à le prendre. Ah ! Je pense que ce n’est pas que la jalousie qui fait que j’estimais à ce moment là qu’il était plutôt con, ce double. Rentrer dans mon jeu à moi, c’était lui faire faire de beaux rêves. Normalement.
hrp = je pense qu'on est plus que quittes !
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MessageSujet: Re: >> Tyrannie éphémère << Verticalité, mais sans ascension (Avec Calvin) >> Tyrannie éphémère << Verticalité, mais sans ascension (Avec Calvin)  EmptyDim 28 Fév 2016 - 12:17
Ils obéissaient, c'est bien. Eva retint le petit sourire de satisfaction qui lui montait aux lèvres à chaque fois qu'un de ses ordres était exécuté; elle avait l'habitude, après tout, de ce genre de situation. De quoi la mettre un peu plus en confiance. Bell premier du nom oui, c'est bien lui, oui, la regardait dans les yeux, alors que le second avait les siens allant et venant maladroitement. Airs contrits, encore mieux. La rêveuse se complut instantanément dans le rôle qu'elle avait. L'artificiel total de la situation ne lui apparaissait pas le moins du monde. Non, elle y adhérait sans problèmes. Bien que ...

Quelque chose lui restait un peu en travers; elle n'oubliait pas chez qui étaient les tords, oh que non, et n'allait certainement pas laisser passer cela comme si de rien n'était ! Magnanime cependant, elle ne pipa mot, permettant même à ses épaules d'être recouvertes par la maladroitement proposée couverture. En effet, la température avait bien baissée, à en croire le petit frisson qui parcouru l'échine de la jeune femme. Elle prit une inspiration, sourit un peu intérieurement en voyant que les deux Bell l'entouraient, pleins d'attente, et répondit à la question que l'un avait posé, admirant distraitement les volutes que son souffle créait. C'était très joli, pour Eva, mais aussi un peu effrayant; le froid n'était pas de bon présage.

"Pourquoi pas, même si ce n'est pas ce que j'attend de vous deux. D'ailleurs ..."

La glissage de son ton allait de pair avec son comportement, d'indulgente à ferme. Ignorant le bras se voulant probablement galant de Bell le second, elle attrapa la lanière qui pendait sur son torse, reliée au collier autour de son cou, et la pris dans sa main gauche. Elle fit de même avec celle de l'autre, sans concession. Après tout ils n'étaient pas ici pour autre chose ! Elle lança un regard dur et sans équivoque devant le mouvement quelque peu réticent de l'un de ses captifs.

"Allez, vous êtes un poids suffisant ! Si vous osez être rétifs nous n'allons pas arriver loin. En avant."

En avant, en avant et la marche droite, de surcroît ! Eva se sentait l'âme implacable, dans l'instant, pleine de rigueur et de froide détermination, fus-ce pour un objectif aussi bénin (et surtout ne venant pas vraiment d'elle) que continuer à se promener. Elle se contredit toute seule cependant en s'arrêtant après son premier pas. Elle était frappé comme d'un résurgence, un détail qu'elle n'avait pas vraiment retenu et qui lui revenait en tête brusquement. Bien que ce détail, elle était bien incapable de dire ce qu'il pouvait être. Il la torturait brusquement néanmoins, à tel point qu'elle failli en lâcher les deux laisses.

L'inquiétude revenait, sourde et peu à peu douloureuse. Qu'est-ce que j'ai oublié ... Oui, elle oubliait manifestement un point important mais quoi donc ? Eva jeta des regards éperdus de droite à gauche, à la recherche de ce qui pouvait bien la tarauder. Car cela ne pouvait qu'être dans les environs, n'est-ce pas ? Et certainement autre chose que les deux idiots blonds. Quoi alors ?! D'un pas un peu empressé, elle rebroussa chemin, alla droit vers l'arbre, passant dans le même mouvement les deux laisses dans sa main gauche. Elle ne se rendait pas compte qu'elle se dirigeait vers quelque chose en particulier, simplement qu'elle allait où elle venait d'être. Puis ...

"Vous entendez ?"

Arrivé à quelques pas de l'arbre, parvenait à ses oreilles à demi hallucinées une sorte de ... grattement. Très incongru, surtout avec le son du vent qui revenait au loin. Eva avait la conviction bien ancrée qu'elle ne rêvait pas, et s'approcha encore, poussée par une drôle de curiosité. Elle n'avait pas envie d'aller plus près, mais ne pouvait s'empêcher d'y aller. Voir ce qui s'y trouvait , caché à l'intérieur. Personne ne l'attendait vraiment, surtout, ni elle ni même ceux qui la menaient dans leur décor. Les pires intrus sont rarement là où on les attend ...

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MessageSujet: Re: >> Tyrannie éphémère << Verticalité, mais sans ascension (Avec Calvin) >> Tyrannie éphémère << Verticalité, mais sans ascension (Avec Calvin)  EmptyVen 18 Mar 2016 - 13:08

Je me suis raclé la gorge, je me rendais compte du caractère gênant de la situation. Une rêveuse bordel ! Tout ça pour une rêveuse ! Qu’elle soit superbe ne changeait rien au fait que les rêveuses, c’était tabou. Et là, non seulement un petit gnome colérique était là pour s’assurer que je ne faisais pas un pet de travers mais en plus, tout un comité de juges m’observait.
Pour moi c’était clair ; il fallait réussir à la draguer et super bien. Ou lui faire passer du bon temps mais on va pas se mentir, ça revient un peu au même. Sauf que je sais pas trop faire ça quoi. Enfin pas du tout. Si j’avais été en terrain familier encore, j’aurais peut être pu lui montrer des trucs intéressants mais là, de but en blanc, c’était carrément mission impossible. Ca me rappelle que je sais pas pourquoi ou comment on a pu m’élire mister Dreamland. Ca m’a pas rendu plus populaire.

Je soupirais quand elle accepta la promenade, non sans préciser, bien sûr (pimbêche oblige) qu’elle n’attendait pas ça de nous. Quelque part, je commençais à comprendre les membres de la direction qui cherchaient à réformer ce petit royaume pour faire cauchemarder ce genre d’individus. Le gnome pressa une magnétophone antique au moment où nous entamions la marche, nous plongeant soudain dans un climat plus joyeux, plus volontaire.

Mais elle s’est arrêtée tout de suite et la musique est restée là, un moment, avant d’être finalement coupée un peu par dépit. Iquand j’y pense, il faut être sacrément idéaliste et motivé pour faire ce boulot ! Et sans doute un peu soumis...
Bref, ça a coupé parce que on n’allait pas faire une promenade, finalement. Elle s’est approchée de l’arbre qu’avait déjà examiné mon compère et ils se sont mis tous les deux à tendre l’oreille. J’ai fait pareil. Ca grattait. C’est fou comme ce son léger, plutôt innoçent, peut provoquer un malaise. Dans le silence attentif, un rythme macabre, le son du bois que l’on attaque avec une lenteur mesurée et une détermination implacable.


Oui j’entends.

Ca ne me plaisait pas. Un joli rêve ne se présente pas comme ça. Quand ma copie a devancé celle qui nous tenait en laisse pour poser son oreille contre l’écorce, j’ai réagi trop tard. La chose avait réussi son effet.
La créature monstrueuse cachée dans l’arbre n’a pas laissé la moindre chance à mon double. Une sorte de mille-pattes squelletique gigantesque et immonde, dont la tête ressemblait à trois crânes humains hurlants, immergea soudain dans un cliquetis insectoïde répugnant. La bouche centrale s’ouvrait, démesurée, sur une rangée innombrable de dents acérées. Mais c’est pourtant le dard scorpitpïde (disons ça) de la bête qui traversa la corps de ma copie. Simplement, sans cérémonie. Le corps de l’autre moi tomba mollement sur l’herbe de la petite colline tandis que les yeux du monstre nous contemplaient passivement, comme pour constater l’effet de sa tuerie.

Mon bras s’est enroulé autour du ventre de la rêveuse et j’ai bondi en arrière avec elle, aussi légère qu’un souffle. Le gnome s’est mis à hurler dans le vide, à l’adresse de nos observateurs invisibles.


QU’EST-CE QUE VOUS FICHEZ ?! CE N’EST PAS UN CAUCHEMAR DE PIMBECHE ! QUE FAIT CETTE CHOSE ICI ?!


Fini la drague. Cette bête était bien réelle et elle pouvait vraisemblablement me faire du mal. Et l’enjeu de la compétition semblait soudain s’être déplacé. Malgré tout, je gardais en tête mon objectif premier. Peut être que ce gnome n’était pas vraiment là pour moi. Que tout ça était un coup monté pour que la chose vire au cauchemar, pour m’intimider.
Un bon en arrière plus tard, je forçais la rêveuse à se tourner vers moi. Je lui dit avec toute la douceur dont j’étais capable ;


Na regardez pas, soyez courageuse. Donnez moi un ordre.

De mon côté, j’observais attentivement les reptations du monstre qui descendait lentement de son arbre, se dirigeant vers le gnome paniqué.
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MessageSujet: Re: >> Tyrannie éphémère << Verticalité, mais sans ascension (Avec Calvin) >> Tyrannie éphémère << Verticalité, mais sans ascension (Avec Calvin)  EmptyMer 11 Mai 2016 - 22:19

Eva n'avait jamais été très courageuse. Les circonstances importaient assez peu dans cette constatation. Prendre l'habitude qu'on s'occupe toujours d'elle, qu'on la décharge de tout effort un peu pénible, n'avait pas aidé son tempérament à évoluer. L'effacement faisait partie des tactiques courantes de la jeune femme, encore et toujours, lorsqu'elle était confrontée à la difficulté. Ce n'était sans doute pas très sain ou profitable sur le long terme, et elle ne pouvait pas ne pas en avoir conscience. Elle s'en accommodait sans trop de mal, cependant, la plupart du temps. L'horreur qui l'avait envahie devant la créature de cauchemar (littéralement ici) qui émergea brusquement la pris cependant au corps avec une telle violence qu'elle ne parvint même pas à défaillir ou se liquéfier. Figée dans sa peur, *c'est pas possible c'est pas possi* elle était même incapable de laisser s'échapper le cri qui resta dans sa gorge lorsque Bell, second du nom, se fit embrocher par l'appendice monstrueux de l'horrible scolopendre.

Elle ne comprit pas comment, mais se fit emporter vers l'arrière, sans qu'elle puisse rien y faire de toute manière. Ses yeux restaient fixés sur les horribles mandibules, ne pouvant s'en détacher. Presque de quoi en oublier l'aspect macabre de la scène devant elle, tant ce point en particulier occultait tous les autres à son regard. Le tout avait la couleur de l'effroi, mais cette promesse infâme contenue dans la bouche de la chose n'était que trop connue d'Eva. Jamais la jeune femme n'avait été très courageuse, surtout confrontée à une incarnation osseuse de sa peur. Même si elle s'était sentie porter en arrière, tout fuite lui était impossible, son corps le savait bien. Aucun de ses muscles ne voulait bouger. Aussi incapable de résister à l'imposition de mouvement que Bell le premier lui faisait subir, elle eut peine à voir son visage, ou même entendre ce qu'il essayait de lui dire.*Comment veut-il que je puisse ...*Donner l'ordre de donner un ordre avait quelque chose de cocasse.

*A quoi penses-tu donc, ma chère ?*Une drôle de voix s'élevait brusquement*Que ... Quoi ?*, provoquant une confusion plus grande encore. Ce n'était pas la première nuit que cela se produisait, mais Eva ne s'en souvenait pas. Elle se sentait littéralement envahie par une force étrangère, s'insinuant dans sa tête avec autant de facilité que d'une répugnante douceur. Intrusion doublement affreuse qu'elle était sans violence, puisque aucune résistance ne l'en empêchait.*Tu penses rester alanguie dans ses bras en attendant de**Je ne peux rien faire d'autre, comment**ou plutôt pourquoi pas ? Tu n'as qu'à ...*Comment voulait-il qu'elle soit capable d'y répondre ? C'était proprement inconcevable. Elle n'avait pas choisi son impuissance, elle la subissait ! Elle ne se complaisait pas dans sa situation, *bordel !**Tout vas aller tout seul, tu verras*La piètre persuasion de cette drôle de voix ne convainquait nullement Eva. Ses lèvres, pourtant, arrivèrent à former un mot, qui s'échappa en un souffle.

"Aide ..."

*Tu pourrais faire mieux, ma jolie, tu sais*Elle n'en revenait pas. Abandonnant cependant toute tentative de compréhension, la rêveuse se contenta d'accepter ce fait, déjà trop prise au corps pour se concentrer sur autre chose efficacement. La créature était toujours là, et impossible de passer outre. *Pourquoi encore ...**Tu vois, si facile. Maintenant, essaies de*Impossible d'y couper*Non, laisse moi, laissez moi tous*. Cet espèce de dialogue interne ne la distrayait pas, ne pouvait pas la distraire.

La seule chose qu'Eva parvenait à bien penser, c'était que le seul désir qui ressortait de cet instant infernal (bien qu'allégé par les bras de ce cher Bell) se trouvait d'un flou déplorable. Le monstre exerçait sur elle une attraction qui n'avait d'égal que la répulsion qu'il provoquait du même temps, la laissant prisonnière entre les deux forces contraires. Une partie d'elle bouillait de bondir en avant et l'autre de fuir sans se retourner, et la voilà, coincée avec un jeune homme blond qui la regardait.
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Calvin Thomas
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MessageSujet: Re: >> Tyrannie éphémère << Verticalité, mais sans ascension (Avec Calvin) >> Tyrannie éphémère << Verticalité, mais sans ascension (Avec Calvin)  EmptyLun 29 Aoû 2016 - 15:43

Voilà plus ou moins comment s’est terminé mon rêve. On peut pas faire confiance aux rêveurs, qu’est-ce que vous voulez ? La pimbèche s’est réveillée subitement, disparaissant dans mes bras dans un petit nuage de fumée.

Subitement, toute la scène a disparue, monstre compris, l’éclairage s’est « allumé » et je me suis remis à voir parfaitement notre décor : un vague studio de plateau télé où s’agitaient des Créatures qui hésitaient entre faire cauchemarder ou rêver les pimbêches (j’imagine que c’est pour les deux sexes hein, mais je trouve pas de mot neutre sur le genre, faudra pas m’en vouloir).

A ce propos, les porte paroles des deux camps contemplaient un écran au plafond. Ils avaient l’expression de ceux qui ne veulent pas croire ce qu’ils voient. Pour l’un d’entre eux, ça se traduisait par un sourire incrédule et pour l’autre, un froncement de sourcils tout aussi incrédule.

Lanson, c’était le sourire.


Match nul ! Je suppose qu’il va falloir rester sur les rêves !

Hors de question ! a fulminé l’autre dont j’ai oublié le nom. Cette expérience ne vaut rien puisqu’elle n’a pas pu se dérouler comme nous le pensions ! Et les dernières courbes indiquent clairement que nous étions en train de prendre le dessus… Le choc l’aura réveillée, ce sont des choses qui arrivent…

Surtout quand on traumatise et qu’on fait faire des cauchemars ! Admettez-le : nous sommes doués pour les rêves alors qu’on ne maîtrise pas l’exploitation du cauchemar des Rêveurs. S’ils se réveillent, qu’est-ce qu’on y gagne, hein ? Rien ! Et l’association ne va pas fructifier dans ces conditions !

C’est ridicule ! Comme vous le soutenez, nous débutons dans le cauchemar et obtenons des résultats égaux aux vôtres ! Si ce n’est pas une preuve de votre incompétence-ou de la supériorité des cauchemars, je ne sais pas ce que c’est !

Le sourire de Lanson s’est effacé et les deux Créatures ont continuer de se disputer, de plus en plus fort, sans emporter la moindre adhésion de leurs collègues autour d’eux. La vie reprit son cours, c’est tout.


Je ne sais même pas si le Royaume/ l’association a fait son choix, finalement… Est-ce que j’ai eu un impact positif sur le monde des rêves ? Je l’espère. Sur cette rêveuse ? Aucune idée. Je suppose que je ne la reverrai jamais… Comme d’habitude.

J’aurais bien aimé que ça… Non rien.
4 octobre, terminé.
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