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Dogtooth [JBD]

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MessageSujet: Dogtooth [JBD] Dogtooth [JBD] EmptyLun 4 Mai 2015 - 9:59








Je m'éveille à nouveau avec cette inquiétante impression de déjà vu. Ou plutôt, que je ne suis pas anesthésié par le sommeil comme je devrais l'être. Ce n'est pas si désagréable, de pouvoir jauger les créatures qui peuplent mon rêve avec le même regard que dans mon monde. On me pousse à l'intérieur de la rame. Et jusque là, je me sens baigner dans une atmosphère qui ne me dénature pas. Seule la face des voyageurs s'offrait une palette plus variée en couleurs et en formes. Néanmoins, on pouvait toujours discerner la laideur dans le métro. Avec cet éclairage peu valorisant, l'air hagard... non, terrorisé des passagers. Rien de comparable à la nuit que j'avais passé la veille, encore moins cette journée où j'ai dû faire face à Hélène, son bol de céréales, sachant que dans la nuit qui avait précédé, je l'avais précipitée dans un ravin. J'avais tué Hélène en rêve et elle se contentait de manger ses crunch, très consciencieusement. Lorsqu'elle me demanda comment j'avais dormi, la nausée me montait, mais je rétorquais avec la réponse la plus anodine de mon répertoire. Et la journée s'écoula sans troubles.

Le véhicule se trouvait déjà bondé lorsque j'y suis emporté. Je jetais ma main, comme une ancre, à l'une des barre plantée au milieu du compartiment. Compressé entre plusieurs autres voyageurs. La senteur de leurs aisselles m'aidait à tenir debout. Ca transpire l'angoisse ici. L'acide de celle-ci se sent à pleines narines. Et ça ne m'empêche pas de somnoler doucement, songer à la nuit de la veille. Les "Free". Ca sonnait comme une marque de céréales. Je doute que cela puisse faire sens. Ce n'était qu'un rêve, avec tous les signaux étranges que cela pouvait émettre. Pourtant, je ne m'expliquais pas ce réalisme frappant qui découlait des expressions des autres personnes qui peuplaient mon rêve. Il y en avait une telle diversité que je doutais mon cerveau d'être capable de reproduire une pareille complexité. La bizarrerie ne faisait que me troubler crescendo quand on me marchait sur le pied.  Je grogne, comme je l'aurais fais aux heures de pointe.

Arrivés à la première station, le compartiment se vide déjà de beaucoup. Quelques sièges sont laissés vacants. Pas de personne âgées dans les parages, je m'y installe. "Kazinopolis" nous apporte son lot de gosses qui ont l'air d'illuminés. Abimés par des excès de j'ignore quelle nature. Je demeure affalé sur mon siège, mon regard saute d'une personne à l'autre, sans vraiment savoir trop quoi chercher chez ces gens là. J'imagine que mon coeur me dira quand descendre. Ca me parait long, pour un rêve.

Deux stations s’enchaînent comme ça. Dans la rame, on est assez pour se compter sur les doigts d'une main. J'ai l'épaule calée contre la fenêtre où des panoramas tous aussi bariolés les uns que les autres se déploient sous mes yeux. J'en reste assez indifférent. La moie sceptique. On s'arrête à nouveau. Je songe à descendre à la prochaine. Le dernier siège situé près de moi se libère. Le type, flanqué d'oreilles de chats, se rue au dehors comme avant un incendie. Je l'observe au dehors, surprit par son changement d'attitude une fois qu'il eut dépassé la marche du métro. Un excentrique extraverti, peut être.  Rien d’inquiétant en soi. Je songe à descendre à la prochaine. La volonté me fait défaut ce soir. A l'écart du manège.


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MessageSujet: Re: Dogtooth [JBD] Dogtooth [JBD] EmptySam 9 Mai 2015 - 11:06
Le Metro, encore. De nombreux souvenirs m’assaillent, alors que je traverse la foule compacte et mouvante du boyau, ici souterrain. La diversité de Dreamland m'est ici indifférente, pour une fois. Tout autant que ces incessants remous, marrée heureusement pas toujours humaine, qui me presse de tous les cotés, m’oppresse sourdement de sa présence. Je m'en fiche totalement, trop absorbé. Absorbé par moi-même, par mes pensées qui me prennent à rebrousse poil, par les vagues et inquiétantes contradictions qui me secouent l'esprit. Je me sens pourtant en pleine possession de mes moyens, physiques et intellectuels, mon moral est ce qu'il est, toujours voguant dans cette stabilité qui ne me quitte plus vraiment. C'est justement cela qui me tracasse.

Je suis bien trop sur, bien trop stable, droit dans mes bottes. Je me sens bien trop confiant. Une tranquille et surtout illusoire force me porte, elle me soutient. Dès que je suis devenu Voyageur, que je l'ai vaincue, je l'ai sentie. Elle était là, toujours. Non pas qu'elle me gêne, qu'elle m'handicape, bien au contraire. Mais je me perd en elle, comme, j'ai la vanité de le croire, elle se perd en moi. Nous ne sommes presque qu'un, mais ce un est tout autre que nous. Différent d'elle et de moi. Je n'ai plus peur de perdre, mais j'ai l'impression sans cesse plus prégnante de me perdre en me cherchant. Plus je découvre, combat, discours, plus je me sens impulsé, impulsif, plein d'une énergie débordante, littéralement. Dans des proportions que je sens exponentielle.

"Et voilà où le bas blesse. Je me coince dans mon propre jeu ..."

Certains se retournent sur leur passage, me regardant parler tout seul, me murmurer sans me soucier d'eux. Mes sensations ne sont-elles pas, elles aussi, soumises à ma faillibilité, après tout ? Oui, je pense, mais pas toujours juste, souvent à coté, incomplètement ... Mais par rapport à quoi ?

"Oui, par rapport à quoi, hein ? Sur quoi, vers quoi ?"

J'en reviens inlassablement à cela. Vers quoi tend-je ? Une hypothétique et en elle-même insatiable quête de liberté ? Jouir d'un quelconque avantage significatif sur les autres, me complaire dans une célébrité, des connaissances, des possessions ? La réponse me brûle les lèvres, je la croque avec un délice soudain, le sourire naissant, carnivore.

"Tout et rien. Peu importe."

J'essuie d'une main distraite mon œil humide, m'amuse avec la texture du cuir fin qui entoure ma main. Oui, tout et rien, peu m'importe, je ne veux que vouloir. Je suis vecteur pur, funambule sans fil, infiniment limité. Les mots se mangent entre eux, je me contente de les jeter en pâture les uns aux autres, dans leur ballet charnel avec ma langue. Mais assez de creuses auto-satisfactions, il est temps pour moi de faire quelque chose de ma nuit ! Je redémarre derechef, fendant la foule, les yeux en alerte, vers la rame la plus proche. Le courant est trop faible, trop indolent. J'évolue sans lui, à travers lui, louvoyant entre les corps, vers mon objectif. La rame vient de s'arrêter, dégorge sa flopée de passagers. Je me rend soudain compte que je n'ai aucune idée du Royaume dans lequel je suis. Au vu de la population, je dois être dans la première ou deuxième zone, peut-être. Sans doute. Je m'en moque un peu, cette fois. Qu'importe l'endroit que je quitte, comparé à celui que je rejoindrais.

Au vu de son sens, ce métro se dirige loin, vers de plus dangereuses contrées onirique. Surtout au vu du nombre réduit des passagers que j'aperçois à l'intérieur. Parfait. Tentant de ne bousculer personne, j'entre par la porte la plus proche, dans un wagon totalement vide, excepté l'odeur des précédents voyageurs. Je fais le tour des sièges, scrute les barres offertes à mes mains, comme à celles de tant d'autres. Tout semble défraîchi, sent la routine, l'usure du surnombre. Fouler le sol de mes pieds nus, sentir dans mes orteils les soubresauts des roues sur les rails, alors que tout démarre soudain. Debout au centre du wagon, je ne prend pas la peine de m'accrocher quelque part. Je n'en ai pas besoin. Ma volonté splendide me porte et me soutient, et j'évolue sans peine dans les cahots de la machine. Je prend plaisir à être attentif à mon corps. Attentif, mais pas à l'aise. Je me sens cloisonné, réduit, comme si le monde se limitait à une boîte métallique et cabossée, mes yeux à des vitres sales. J'aime ma solitude, surtout quand elle est choisie, mais ici ...

"J'ai envie de parler à autre chose qu'à un wagon vide."

D'un bond, j'atteins la porte entre deux rames, la franchit vaillamment. Elles ne semblent pas habituée à être utilisée, par ailleurs, au vu de sa réticence. Je me retrouve dans l'atmosphère tout aussi vide de dialogues, hormis celui des rails et de l'engin qui les surplombe, dans un son étouffé et insistant. Quelque personnes sont assises. Un habitant des rêves, me regardant, baisse rapidement les yeux, pas plus intéressés que cela. Trois Voyageurs, des jeunes à l'air intimidé, sont assis ensemble également, refermé sur leur groupe. Je les regarde, dans ma prestesse efficace coutumière. Ils ont l'air apeuré, indécis. Que cherchent-ils, à tenter leur chance vers les Royaumes dangereux ? Se découvrir, peut-être ? Non, ils me semblent plus être des bois flottant que des poissons. Ils suivent, inconsciemment sans doute, le courant, se laissent porter sans le savoir ou le sentir dans l'élan global. Les Voyageurs cherchent à monter en puissance, monter en classement, faire un groupe, etc ... Pourquoi ? Une quête personnelle, un moyen de combler le vide de leur existence éveillée ? Ils ne m'ont pourtant pas l'air ambitieux, ni névrosés, pas plus que d'autres. Non, ils font, pensent savoir pourquoi, en sont probablement convaincu; mais tout cela est creux, vide de sens dans leur réflexion.

Mes yeux sont attirés par un éclair roux. Un jeune homme, torse nu, les yeux perdu dans le vague de la fenêtre. Il est seul. Ne me semble pas plus décidé que les autres, ni plus réfléchi. Cependant quelque chose me retiens tout de suite, accroche mon attention et mon regard. Les coups d’œil furtif du petit groupe me chatouille le flanc, mais je n'y prête aucune importance. Il résonne, d'une manière que je ne peux définir. Je veux en savoir plus sur lui, totalement et avec une faim de connaissances soudaine. J'amorce mon mouvement, franchissant le vide sommaire du wagon d'un pas feutré, faisant fi des cahots du métro. Je marche droit, les yeux voguant autour de ma cible. Arrivé à la hauteur de sa rangée, je me penche légèrement, le visage exempt de toute émotion plaquée. Ma voix est aussi chaude que possible, dans la limite de mes possibilités restreintes.  

"Excusez moi, mais me permettez vous ?"
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MessageSujet: Re: Dogtooth [JBD] Dogtooth [JBD] EmptyMar 12 Mai 2015 - 23:21








Absorbé par les traces de doigts qui peignaient la vitre du wagon, je leur trouvais un côté rupestre. Leurs marques, croisées ou trainantes formaient des rythmes qui égayait les paysages se profilain à l'extérieur. Ma conscience se noyait dans ces étendues salies de traces de doigts. Ici, ce ne devait pas être pire que dans l'autre monde. Même. Peut-être tout cela n'existait que par son esprit, son imagerie qui s'était élevée en cette sphère là, le rêve, comme bien commun aux hommes. Cette idée m'aurait presque arraché un sourire s'il n'y avait pas eut cette voix pour me toucher. Je levais mes yeux, pleins d'une éternelle absence. Il avait autant besoin de me demander de s'assoir que d'une permission pour se gratter le dos. Si bien que je ne trouvais pas de mot pour répondre à ce garçon taillé dans l'ardoise. Au lieu de ça, je me blotissais un peu plus contre la fenêtre, déconcerté. Un coup d'oeil en arrière me suffit à constater que nombre d'autres sièges restaient vacants. Je ne m'en sentais pas pour le moins perturbé. Je trouvais un ancrage à mon regard au niveau de sa barbe. Coquètement tressée. Je pensais les rêves fais pour se chercher soi. Et j'étais persuadé que de trouver fin à cette quête n'arrivait jamais pendant le sommeil. Je n'aurais jamais pensé... rencontrer un autre, plus étranger à moi-même encore que je ne l'étais. Ses motifs pour lesquels il vint me rejoindre plutôt que les autres ne demeuraient pas obscurs très longtemps à mes yeux. Immunisé de la nervosité ambiante, j'imaginais que le carré dans lequel je m'étais installé offrait un paravent à ce nuage d'angoisse. D'ordinaire, j'étais plutôt de ceux à attirer le mauvais esprit. Mais je n'en étais pas à ma première nuit regorgeant de surprises. Peut-être m'étais-je trompé en les guettant de la fenêtre. Si bien que j'en revenais au garçon aux yeux verrons. De sa politesse, son air placide, se dégageait quelque chose d'apaisant. Et je ne me sentais pas embarrassé de quitter son attention, poser mon regard sur le paysage pour lui demander d'une voix flegmatique :

''- Quand est-ce que ça se termine ?''

Tout ce que je voyais en ce garçon, et ses yeux énigmatiques, était le fil directeur à ma rêverie. Il en avait de lui-même opérer le virage sans que je ne m'y attende. Et tout le cours de ma nuit reposerait sur cet accident. Tout comme Hélène m'avait précipité dans un chemin sans retour. Elle m'avait marqué au fer pour le reste de mes songes. J'ai ce vœu que tu ne fasses pas de ce rêve un enfer comme elle s'en est montrée capable. Toi, et ta dégaine de chat de gouttière flanqué de son élégance batarde. Les fantaisies de ta barbes, je l'espérais, sont les seules fantaisies qui animent ta personne. Qu'elles ne mettent pas feu à cette mince paroi que j'ai tressé entre les autres voyageurs et les sièges qu'on occupe là.


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MessageSujet: Re: Dogtooth [JBD] Dogtooth [JBD] EmptyLun 18 Mai 2015 - 21:32
Il croisa son regard au mien. Une couleur d'automne, de terre et de métal, chaude sans être accueillante, creux sans être léger. Que de vagues impressions me fit-il. Ni grand étonnement, ni agacement, ni sympathie. De tout ou de rien. Les deux, probablement. Son visage me semblait construit dans cette même idée. Des traits osseux, paraissant marqués, le teint pâle, les joues haves. Pas régulier sans être désagréablement asymétrique, typés sans être reconnaissable ou assimilable à quelque image déjà existante dans mes souvenirs. Oui, des traits intéressants. Mais pas expressifs, ou alors d'une manière qui échappait à mon jugement premier. Oui, il avait bien des choses dans son visage, qui se profilaient, sans se préciser, emmêlées pour mon regard attentif. Je le sondais rapidement, comme de coutume pour moi.

Torse nu, simplement vêtu d'un jean sombre et à la fibre voyante et rude, solide. J'étais, je devais bien me le confesser, habitué à jauger rapidement et de manière éphémère ceux que je croisais. Mes yeux survolaient avec une méticulosité imperceptible pour les autres tout leur être, les gravant en mémoire et les détaillant aussi bien que les circonstances me le permettaient. Ainsi, les pieds nus du jeune homme que j'accostais, eux et leurs ongles irréguliers, me parvenaient, tout autant que la sécheresse de ses jambes et les courbes dures de sa cage thoracique. Qu'il soit, comme moi, les orteils battant les contrées oniriques sans la contrainte de quelque chausses, me plut d'emblée, comme l'insolite réconfortant de son apparence en général, les choses troubles et terriblement captivantes que j'avais entraperçu dans ses yeux.

Il avait bougé légèrement, encore plus tordu. Noué contre la paroi, blotti comme s'il voulait dormir. Son regard errait sur moi, visiblement plus mobile, puis se fixa soudain sur mon menton. Deuxième point d'arrêt sur mon visage de ses yeux, après les miens. Je souris intérieurement à cela. Me remémorant soudain la jeune fille qui m'avait fixé de la même manière, après que je lui soit, bien cavalièrement, venu en "aide", j'eus le sentiment brutal, réactif, d'être ici, dans ce métro qui parcourait je ne sais quelle plaine, à Dreamland. Pas le moment de se pencher sur les circonvolutions trouble de ma personne. Celles d'un autre s'étalaient devant moi.

En fidèle à mes principes, j'attendais de lui une réponse. Si ce que lisais, voulais lire dans son attitude ne m'incitait que plus à m’asseoir sans plus de cérémonie, ce n'était qu'une raison de plus de patienter, pour moi. Patienter, le mot était fort, à peine quelques secondes devaient s'être écoulées, au vu du paysage. Pris dans l'élan de ma passion tranquille et soudaine, s'appuyant sur une recherche un peu désespérée, je m'emportais tout seul. Presque absent à force d'être présent ici, maintenant, dans les moindres détails. Trop pour avoir les pieds sur terre. Qu'importe, je savais voler.

"Quand est-ce que ça se termine ?"

Sa voix était en étrange résonance avec son physique. Grave, presque profonde, avec un ton qui aurait peu être qualifié de monocorde mais pourtant, aussi riche et varié, dans ses infimes nuances, que n'importe lequel. Plus que n'importe lequel. Il me faisait l'impression d'une pièce de monnaie ancienne, frappée avec grossièreté, mais si pleine de détails, dans ses irrégularités, ce qui faisait son caractère, son charme.

Je m'assis enfin, rabattant mon manteau en me posant sur le siège. Il regardait par la fenêtre, et la fenêtre également. Sans poser ses yeux sur le reste du wagon, et ce qui s'étendait bien plus loin, j'eus la vague sensation que, dans sa désinvolture, il englobait dans sa question à peu près tout. Ou je m'emportais à nouveau, peut-être. Sans doute. Nous verrons.  J'avais bien dans l'intention, à présent, de parler avec lui.

"Pour toi, quand tu te réveilleras, sans doute. Pour moi, pas. Pas plus que pour un autre; pas avant mon, ou leur réveil. Les mondes oniriques se continuent les uns les autres, n'en formant qu'un. Mais, pour ce qui est de ce transport, tout public qu'il soit, il ira jusque très loin, sauf s'il se fait interrompre violemment. C'est ... assez courant."
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MessageSujet: Re: Dogtooth [JBD] Dogtooth [JBD] EmptySam 23 Mai 2015 - 18:09







Tu me parles du rêves comme si ce n'était pas cette usine à oubli qu'on nous décrit dans les dictionnaires.  C'est vrai. C'est bien plus tangible qu'une tonne de copies des essaies de Jung en la matière. Dommage de commencer à éprouver le rêve comme tu l'entends dans le métro.

"- J'aurais préféré commencer sur un nuage."

Et je revois Hélène qui tombe et Dislok qui me perturbe du bout de son gros pouce de pied dégueulasse pour que je tombe aussi. J'essuie un grain de sable dans mon oeil qui me rougit la tête depuis tout à l'heure. Le genre de chose que l'on ne remarque pas dans les songes ou que si on se retrouve à le faire, il se change, devient le Graal de toute la quête d'une nuit. La faut gagner en profondeur.

Bref. Tu as finis par prendre place. J'entends bien ton désarroi devant les réactions à ta question qui faisaient défaut. Mais je n'arrive pas à enchainer ce genre d'échange comme ça me chanterait de le faire. Comme un caillou dans une chaussure. Ici j'en ai pas. Peut être je devrais faire un effort. Cela dit, tu as l'air assez compréhensif et sensible à ce genre de question. Plutôt que d'aller chercher un siège avec un autre de ces zinzins plus loquaces, t'as fais ton nid là.

Et par la même, tu plantes des graines de curiosité dans mon esprit. Et ça gagne comme un feu de brousse. Mes yeux d'eux même se remettent à jongler sur les aspérités de ta silhouette. Ton élégante bizarrerie. La bienséance tutelle ton accoutrement et ta coiffure. Heureusement, l'abomination de tes pupilles te trahis. Je n'ai pas envie de te connaitre, tu sais faire le mal. Ca se sent, à ton air confiant, presque suffisant mais demeurant modeste. L'allure d'un homme pleinement maitre de ses aspirations.

Alors que j'attendais quelques éclaircissements, je n'obtins finalement qu'une somme de faits plutôt évasifs. Cette nuit ne serait sans doute pas féconde à de grandes révélations sur ma condition de Voyageur. J'attendrais de mieux l'éprouver, sans doute à ce moment où le métro se ferait interrompre.

''- J'aime pas les rêves qui s'éternisent... le réveil a goût d'impossible.''

Ma bouche se pinçait légèrement. Je rangeais mes jambes sous le siège, lovant mes deux mains entre mes genoux.


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MessageSujet: Re: Dogtooth [JBD] Dogtooth [JBD] EmptySam 30 Mai 2015 - 21:15
Il continuait de me regarder, et me parut comme déçu de mes paroles. Ou simplement indisposé par mes paroles, peut-être. Intrigué, qui sait ? Confus, ou bien au contraire confirmé ? Toujours est-il qu'il changea encore de position, dans un geste d'enfant sage, plia ses jambes sous son fauteuil (enfin ce qui en tenait lieu), mettant ses mains entre ses cuisses. Ses lèvres, plus gercées encore que les miennes, se tordaient légèrement, prise dans une houle à peine immergée. Le ton insolite et équivoque, couplé à l'étrange esthétique de ses paroles me détendit, finissant de me faire apprécier ce jeune homme.

Ce qu'il disait, couplé à son attitude, me fis supposer qu'il était, ou tout du moins voulait paraître comme un Voyageur jeune, nouvellement libéré de sa condition d'inconscience. La ruse relèverait ici d'une manipulation de bout en bout. Digne de la paranoïa, comme raisonnement, aussi abandonnais-je immédiatement cette hypothèse pour la plus simple et probable. Je ne voulais pas m'étendre dans des questions réfractaires et inquisitrices, pas plus que je ne désirais le déranger. Prendre pour acquis ce qui n'était qu'une supposition ne manquait pas de faire se récrier une partie de ma conscience, mais autant se lancer tout entier dans cet échange, si l'on pouvais le qualifier ainsi.

"Notion de temps fixe et d'accomplissement sont des nouvelles sensations pour toi peut-être ? Le temps, à présent, risque de te paraître aussi banalement linéaire, ou au contraire parfois haché, que celui que tu vis, plus ou  moins, dans tes heures diurnes, ou pas, d'ailleurs. L'éveil se fait sommeil, mais le sommeil n'est plus le siège de l'abandon, plus seulement. Il se partage ta conscience cérébrale et ton inconscience corporelle."

Il n'y a qu'un pas entre se forger une conviction mal fondée et se prendre un mur, aussi mon empressement dans cette voie me fis sourire intérieurement. Voyons donc pour la suite. Discourir de la sorte, sans grande conviction mais avec une application toute joueuse et passionnée n'était que me plonger tout entier dans le courant de mes penchants premiers, après tout. Je me sentais dans une situation d'une étrange bonhomie, soudain. Comme si je discutais, tranquillement, à ma table, mon chat sur une chaise, un invité en face de moi, entre nous un thé fumant doucement. Tea time assez rude, alors.

Alors que de nouveaux cahots faisaient vaguement sursauter les autres passagers, attirant mes regards amusés. Me retournant vers mon interlocuteur, je cherchais mes mots dans le mouvement. e qui s'apparentait de mon point de vue à un laisser-aller qui se traduisait bien de par sa position actuelle. Assis, affalé même parfois, dans un grand engin en mouvement. Il se laissait porter, sans pour autant vraiment s'abandonner à cela. Il le vivotait. Se sentir réellement, pleinement et indubitablement soi, présent, c'était cela qu'il aurait pu, du rechercher, selon moi.

"Crois-tu que ce métro aille de l'avant avec toi ? Ou que c'est toi qui vas avec lui ?"

Je laissait mes yeux se perdre dans le paysage qui défilait, en continuant à parler.

"Tu es plus qu'un simple spectateur, que ce soit ici ou ailleurs. Tes songes ont la teneur des actes concret, en bien comme en mal. Enfin, si bien et mal ont leur place ... Parler de ça me semble un peu dénué de sens ou de pertinence, ce qui ne m'empêche pas de le faire ..."

Oui, je me laissais, moi aussi, vraiment aller, dans un autre registre. Chacun ses penchant, et le mien était la causette. Que ce soit dans sa forme la plus bénigne ou la plus alambiqué (je me remémorais le "dialogue" aux deux Déesses), je ne résistais que très, trop rarement. Le plaisir bien malsain que je prenais à m'exprimer, quitte à dire plus ou moins n'importe, avec le recul critique ... Sans doute étais-je très dur, trop, diraient certains. Quid de mon interlocuteur ? Il n'avait pas l'air de penser vers l'extérieur, lui. Ce qu'il pensait de moi était un mystère qui me plaisait en tant que tel. Recevoir un tel reflet, si étranger au reste, me donnait paradoxalement une sensation de proximité très forte. Je me sentais encore plus à l'aise dans mes idioties, et les lâchaient avec une douce dérision, teintée cependant d'un intérêt tout inquisiteur. Sortir de si pseudo-elliptiques diatribes était, un peu gauchement, un moyen de sonder mon vis-à-vis, autant qu'une manière de tromper l'ennui.
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MessageSujet: Re: Dogtooth [JBD] Dogtooth [JBD] EmptySam 6 Juin 2015 - 12:49






Ca chahute dans tous les sens, comme une bosse de dromadaire à la démarche chaloupée. On faisait mine de ne pas être affecté, d'accuser les retards et les élans du véhicule avec assiduité. J'ai encore du mal à passer outre. Et c'en était d'autant plus flagrant ici. Comme si c'était à nouveau la première fois en transports en communs. Un nouveau baptême. Je tâchais de tirer un peu d'inspiration dans la posture de cet autre garçon qui, dans cet échange, se positionnait en tant qu'ainé, que mentor. Mais j'étais toujours considéré cancre.

Je m'imprégnais de sa présence plus que de ses traits. J'opère mes positions selon l'espace qu'il occupe, tant dans notre carré de sièges que sur le terrain des mots. Même s'il fallait avouer que ces derniers avaient gagné en quantité et s'étaient aiguisés. La litanie déroulée sur la dimension nouvelle du sommeil du voyageur me fit froncer les sourcils. Je me sentais gagné d'une léthargie toute paresseuse d'avoir à renverser ma conception de la nuit. Pour ça je voulais demeurer inflexible, préserver la dimension diffuse et incertaine qui marque ce moment où je m'allonge sur mon matelas. Rester perméable au repos. Celui qui plonge un humain dans le flot doux brassant ses expériences de la veille. Oui, je n'ai pas envie de m'user à la même violence du reste.

L'héritage que m'a laissé Hélène me parait déjà trop pesant. D'autant plus qu'il entrait en résonance avec les paroles de cet étranger. Je rejetais en vain le sens qu'engrangeait ces révélations. Pressant ma main contre ma bouche, je sentais gonfler en moi l'envie de rebrousser chemin. Le véhicule s'engageait dans un virage obtus et dans cette inertie, mes doigts s'arrachèrent de ma face. Et je n'avais plus la foi de lutter contre la gravité.

"- Je me suis fais prendre par ce voyage. Il y a une raison à ce que ce soit moi et pas un autre ?" Tu as les pieds nus aussi de ce que je vois... C'est anodin et pourtant, il eut fallut que les deux seuls humains de cette virée orphelins de chaussures se retrouvent. J'y trouvais une part de la réponse que j'attendais plus ou moins. "- Qu'est ce que tu fais ici, toi ?"



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MessageSujet: Re: Dogtooth [JBD] Dogtooth [JBD] EmptyMar 9 Juin 2015 - 20:03
"Ce que je fais ici, moi ..."

Dieu, quelle pertinence ... Une paraphrase de pure forme, totalement dénuée de sens en elle-même. C'était peut-être qui lui donnait son charme, d'ailleurs, pour que je l'utilise aussi grossièrement, dans les situations où je me sentais, l'espace d'un instant, dépassé. Une façon de reprendre pied. Presque trop banale pour moi, rétrospectivement. Elle sautait aux oreilles, tant cela brisait avec le reste, je trouvais. Cependant, savourer, bon gré mal gré et avec une contenance approximative, ce qui m'était demandé était un plaisir non négligeable. En outre, sa question avait de quoi être perçue avec largesse et longueur, et non pas sur un vif trop emporté.

De part son attitude indéchiffrable pour moi, ou alors bien trop, il me perturbait. Trop détendu et pas assez à la fois, dans une sorte d'indolent sérieux, détaché ou déphasé de ce à quoi on pouvait s'attendre de par le commun. Mais il ressortait d'une manière qui, en elle-même, le rendait plus banal que la plus médiocrement fidèle des caricatures sur pattes. Comme si être simplement hors champ conférait la violence saturée des extrêmes. A moins que de l'être n'était qu'une extrême en soi ? Moi-même, ou n'importe qui, sur quelles valeurs étalons me basais-je pour accorder ma vision globale ? Il me rafraîchissait, comme un seau d'eau ni chaude ni froide, au goût minéral.

Sa question, donc. Pourquoi ?

"Une question amène une réponse dans son énoncé même, quel que soit sa forme. Les deux notions sont inextricables de faits et d'intentions. Aussi, poser une question, c'est y répondre en partie."

*BONK*     *BONK*

Une secousse, suivie d'un remous assez conséquent. Plus forte que les cahots qui avaient émaillés la progression jusqu'à présent. Surtout, le bruit qu'elle propage dans la carcasse de l'engin est suffisamment fort pour me faire stopper. Elle m'interrompt quelque peu dans mon introduction à un soliloque sans doute bien trop dénué de sens. Mais quel que soit les stupidités que je déblatère, j'aime à le faire dans le calme. Je reprend donc dès que le bruit de métal malmené cesse.

"Se poser la question de l'attente, qui, elle, est de pur intention, ne demandant qu'à être concrétisées en faits, de ma part, en l'occurrence. Aussi serais-ce malhonnête de ne pas répondre de la manière dont le questionneur le souhaite, ou tout du moins dans son registre."

*BONK*         *BONK*               *BONK*

Je pince les lèvres, un peu agacé. Les murmures d'angoisse qui filtrent depuis les quelques autres passagers de notre wagon ne parviennent pas à m'émouvoir. Je ne prend pas la peine de m'arrêter vraiment de parler cette fois, me contentant d'une très brève pause. M'inquiéter sur la source des interruptions vient à mon esprit, et je ne repousse pas cette idée. Elle me parait bien plus pertinente que mes tribulations. Je me tend à demi, alors que mon aura se réveille, feulant à mes oreilles. Mes cheveux flottillent quelque peu, et je finis en fronçant les sourcils.

"Je suis ici pour trouver une raison d'y être. La réponse qu'y m'est donné vient donc en même temps que celle que je donne. Je suis ici parce que ce Métro me conduira je ne sais où, mais sans doute dans un lieu intéressant. Je suis ici parce que j'avais envie de croiser quelqu'un, de parler de tout ou de rien, des deux encore mieux. Enfin parce que, si je ne suis pas assez suicidaire pour aller me frotter à trop fort et trop dangereux pour moi, ce transport à le mérite d'offrir le hasard des rencontres. Quoique, ce hasard tend à devenir fatalité pour la plupart ..."

*SHCLAK*

Soudain, le sol se cabre, prend de la pente, alors que le wagon est soulevé dans un bruit de contrainte entêtée, de tôle malmenée avec rudesse. Elle crie sa douleur en grincements franchement dissonants, qui s'ajoutent aux cris que poussent les quelque autres passagers, ainsi que ceux des autres wagons. Mes pieds s'appuient d'eux-même sur le dossier de mon siège devenu plancher précaire, alors que tout se retrouve à la verticale. Je me sens étrangement calme, surtout après l'irritation première et la vague crainte seconde. C'est sans grande surprise que je vois les vitres derrière notre rangée se briser, embouties par de grandes formes brunes, tavelées et striées. Le tout craque à nouveau, dans une cacophonie toute particulière, qui me met dans un état semi euphorique, intérieurement.

Que le plafond se déchire, littéralement, me surprend à peine plus, laissant apparaître la forme gigantesque d'un cou, surmonté loin, bien loin au dessus, par une tête difforme, monstrueuse. Je meurs d'envie de m'envoler, mais mes compagnons d'infortune me préoccupent soudain, alors que je me rappelle de leur présence ...
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MessageSujet: Re: Dogtooth [JBD] Dogtooth [JBD] EmptyJeu 11 Juin 2015 - 17:07






Les mots de l'étrangers me percutèrent sans petite mesure. Ce que j'avais déjà pu sentir intuitivement du concept de Dreamland me semblait clair et la par là-même la position de mon interlocuteur.  Il fallait, dès lors, en pénétrant nos songes, laisser tomber toute chance de retrouver l'ordre établi. Fin de l'amputation du corps et des âmes. Un monde puissant et fécond, résistant à toute assignation. Tu entretiens les boutures de ce déracinement, sans jamais t'enrôler dans quelque promesses. Il n'y avait pas plus pur destin. Sans doute que tu crois que je suis immuable et que je me positionne en résistance devant ces vents changeants. Mais j'étais déjà dans mon quotidien, dans l'ordinaire, un valseur qui progresse dans le sens du courant, sans jamais m'y fixer vraiment, jamais rebrousser chemin. Je ne fis pas desuite attention au tapage qui scandait tes explications. Seulement lorsque l'horizon se mit à vaciller et que la gravité me fit me retrouver les deux pieds sur le dossier du siège qui juxtapose le tiens. Je n'avais pas pris l'électricité qui émanait de toi comme un signal du danger approchant. Convaincu de la passion de ta logorrhée.

Le jour creva la plafond. Dans une lumière radiante, une silhouette énorme se découpait à contre jour. Bientôt, la moitié de notre wagon, derrière nous, se fit scier d'un coup de mâchoire caligulesques. La peur stria ma peau de décharges d'adrénaline. Je peinais à tenir bon en serrant en étau la barre fixée au dessus des sièges. Et il suffit à la créature de secouer la tête pour que je perde définitivement ma prise. Au prix de quoi, un coup de métal ponctua ma chute, m'arrachant un râle dans la foulée. La douleur m'étourdis dans un premier temps mais eu aussi pour effet d'aiguiser mon esprit. En bas, le colosse offrait sa bouche en écueil pour recevoir son plein de voyageurs en boite. Je dévalais sur le sol incliné de la rame, courant vers le gouffre. Puis, comme une bouffée d'air chaud, j'expirais ce qui dormait au fond de moi. Et dans une pulsion sanguine, mes bras se gonflèrent de mon esprit projeté en rouille. Je gagnais mes griffes et tentais de me freiner. Au moment précis où notre ennemi se décida à mordre une seconde bouchée de métro. Soudain, la lumière se fit pépite et une pression énorme opprimait mon bras gauche. Dans un cri mélangeant panique et révolte, je voulu expulser toute la douleur d'un coup, d'un seul. Au lieu de ça, mon échine se courbait sur elle même et poussa par delà ma peau. La pointe de mes vertèbres d'acier finirent par rencontrer résistance et j'enflais mon cri d'un second souffle pour les projeter plus haut encore. Un craquement sinistre précéda une cascade de sang. Dans la gueule du monstre, mes oreilles sont aux premières loges pour subir le mugissement du dévoreur dont le palais s'était perforé. Puis la lumière inonda mon champ de vision. Sans réfléchir, je me hissais sur la couronne de dents dans l'étau desquelles je me trouvais prisonnier il y a de ça moins d'une dizaine de secondes. J'aperçu alors le wagon entamer une chute certaine vers les rails, un étage plus bas. Le titan lâchait prise. Le garçon de toute à l'heure devait encore s'y trouver. Une impulsion sur mes pieds, une trajectoire trop vite calculée et je me retrouvais en chute libre. Mais un bon timing me permit de retrouver mon homologue. Quelques bonds pour escalader les rangées de sièges qui nous séparaient et je vins l'attraper par le col de sa veste.

"-Tu savais !" Aboyais-je, mes dents toutes aussi crochues que les autres au clair.

La frayeur tenait mon visage crispé, comme écartelé dans une expression extrême et douloureuse. La gravité nous aspirait de plus en plus vite. En apercevant les rails en contrebas, j'en appelais une à venir à notre rencontre. Et comme une grosse liane oxydée, elle se souleva dans un mouvement d'anguille et vint nous offrir sa tête comme prise. Dans la précipitation, j'intimais l'autre voyageur à s'accrocher et n'attendis pas qu'il réagisse pour m'y exécuter. Mes griffes ripèrent sur l'acier dans un grincement crispant. Mais de là, je fus en mesure d'observer le wagon s'effondrer à côté de son chemin habituel. Pulvérisé sur le sol, je me gardais un petit instant pour calmer les pulsations folles de mon coeur, jambes pendues au dessus d'un destin évité de justesse. Finalement, le rail se mit à décliner de conserve avec ma tension. Nous touchions bientôt terre, ou plutôt fûmes déposés sur le chemin de fer, un peu à l'écart du festin qui se donnait devant. D'un revers de bras, je tâche de frotter le mélange de sang poisseux et de salive qui maculent mon visage. J'osais un regard plus net sur la harde dont la cime surpassait mon seul champ de vision. Mieux valait il courir, rebrousser chemin tant qu'ils étaient plus préoccupés à dévorer les autres passagers. L'état de mon bras gauche en témoignait, il ne fallait pas plus d'une bouchée pour régler le compte d'un humain. Mes yeux tâchèrent de lire dans le faciès asymétrique de l'autre survivant. Transmettre un message tacite, facilité par l'intensité de ce moment partagé.

"- On a peu de temps avant qu'ils ne finissent de liquider le convoi."

Mes pas embrayèrent ceux des rails à contresens. Je tournais le dos aux géants, accélérant le pas autant que mes jambes me le permettaient.


HRP:


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MessageSujet: Re: Dogtooth [JBD] Dogtooth [JBD] EmptyLun 15 Juin 2015 - 18:14
Déchirée par les mâchoires du monstre, notre wagon émit un long chuintement plaintif, alors qu'une belle portion se retrouvait dans son gosier. Me sentir comme une sardine dans sa conserve me sembla presque comique, sur l'instant. Ce n'était pourtant pas le moment de s'amuser de la situation, mais une indicible hilarité me montait dans le nez, alors même que ma fin en tant que Voyageur me tendait sa gorge déployée. Mais je ne pouvais pas tomber, quelle que soit les secousses qu'il imprimait à sa prise pour nous la faire lâcher. Je ne me tenais pas plus à mon siège qu'au sol ou à tout objet fixe, mon aura suffisait largement. Je réalisais avec un temps de retard que ce n'était pas le cas des autres lorsque le premier glissa et chuta droit vers le gouffre gourmand.

Me tournant vers celui qui était assis à coté de moi, je ne le vis plus. Il avait chuté, lui aussi, sans que je le vois, ni le secoure. J'étais complètement ailleurs, au moment où j'aurais du être le plus présent. Totalement accaparé par moi-même, et rien de plus. Mon premier réflexe fut de me jeter vers lui, alors qu'il dévalait la pente mortelle, mais une étrange poussée me contra, maintenant mon corps en sûreté. Ma volonté de conservation primait son mes élans de sauvetage. Je remarquais à peine son bras entrer en éruption métallique, fixant d'un œil horriblement calme les mâchoires s'actionner de nouveau. Le festin continuait.

Mon aura m'interdisait tous mouvements, comme si elle craignait que je me mène à ma perte. La sensation était d'autant plus répugnante qu'elle s'appuyait sur une partie de mes volontés, qui me dégoûtaient de par leur égoïsme malsain. D'un revers rageur, je dispersais la gangue de protection qui se forgeait autour de moi, provoquant un feulement inquiet. J'entendais dans mon corps le désarroi de ma partenaire, qui se mêlait au mien dans une demi-teinte floue, pleine d'une angoisse doublement alimentée. Ne savais-je même pas trancher avec moi-même ?!

"Merde ! Fais chier ! Fais*RAOOOOAOAOAOOOAHHH*

Le gouffre se rouvrit, alors que le colosse hurlait une douleur mugissante et surprise. Le wagon, secouée dans main convulsive, produisit des couinements plaintifs. L'étau des dents s'ouvrirent, laissant émerger une griffe difforme, toute d'éclats agglomérés de métal oxydés. Je l'avais déjà aperçue, elle et son propriétaire, quelques instants plus tôt. Tout englué de liquides bigarrées, sang et mucus, apparemment, le dos déformée d'épines souillées, il s'accrocha à la tôle du wagon avec forces crissements, escaladant la pente jusqu'à moi. Je descendis d'une rangée en sautant, le rejoignant, ne sachant quelle expression prendre. Que ce soit mon visage trop inexpressif ou mon attitude passée, il m'attrapa par le col de sa main encore normale, sifflant entre ses dents (pointues, je le remarquais seulement).

"Tu savais !"

"Ni quand ni comment, mais oui, j'en avais la presque certitude, ce qui ne m'a empêché d'être ..."

... Pris au dépourvu, voulais-je dire, mais la chute brutale m'interrompit. Mais cette fois j'étais attentif, et prêt à ne pas le laisser tomber. Son visage était tordu par la frayeur, que je ne pouvais qu'imaginer; se faire avaler puis recracher n'avait rien que de bien éprouvant. Trop d'ailleurs, pour que je me permette de développer mon point de vue comme j'allais le faire. Mais la situation n'était pas comme je la voulais, et cela me dérangeait. Une distraction bienvenue que la préoccupation de mon compagnon pour nous éviter de s'écraser avec les restes du wagon. J'avais déjà oublié qu'il ne pouvait pas se maintenir comme moi. Se tendant vers les rails en contrebas, il ... appela à lui l'un d'eux, qui s'éleva en grinçant  vers nous, offrant un support où s'accrocher pour ne pas trop chuter. Il sauta, lançant une invite à la volée. Lui ne m'oubliais pas ...

D'un bond si se moquait de la gravité, j’atterrissais sur le haut de cette vrille métallique, me retournant dans le même mouvement, observant les morceaux du métro qui tombaient. Sous mes pieds, le rail se plia, descendant avec son chargement. Un pas en arrière, et je me laissais chuter à mon tour, alors que l'autre se rétablissait, s'essuyant comme il pouvait des fluides qui le recouvraient. Devant nous béait l'amputation de la ligne. Déchiquetées, les esquilles de bois et de métal qui pointaient avaient l'aspect ravagée d'une blessure à vif. Je défis rapidement les cordons de ma spalière, fis de même pour mon gantelet de pacotille, et retirais mon manteau, alors que mon jeune compagnon me pressait de s'en aller sans plus tarder. Il me scruta rapidement, alors que je ne lui rendait qu'une expression trop vide. Il tourna les talons, marchant sur le rail d'un pas un peu raide. détachant mon regard, je sautais à coté de lui, mes effets dans une main, mon manteau dans l'autre, et le lui tendis.

"Ce sera plus utile pour te débarbouiller, non ? Qu'au moins je puisse être un peu plus utile. Je m'appelle Jean-Baptiste, d'ailleurs, puisque nous ne nous sommes pas encore présenté. Excuse moi, je n'ai pas été d'un grand secours jusqu'à présent, c'est même plutôt l'inverse. Merci de t'être préoccupé de mon sort, bien que je m'en serais tiré seul. Je peux voler, et bouger assez facilement dans toutes les directions. Si j'ai bien vu, tu commande au métal, non ?"

Ma chemise, d'un gris sombre, claquait au vent, de concert avec mes cheveux. En parlant, je le suivais, après lui avoir envoyé ma veste comme serviette, sautillant de traverse en traverse, mes orteils frôlant à peine ces plateformes. Derrière nous, le carnage continuait, aussi presser le pas n'aurait pas été de trop. J'avais cependant la certitude de pouvoir faire quelque chose, cette fois.
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MessageSujet: Re: Dogtooth [JBD] Dogtooth [JBD] EmptyDim 21 Juin 2015 - 12:54






Sans faire l'appoint d'un doute, mes pas me portaient allant en s'éloignant de l'enfer goûté au terminus du voyage. Là encore, je ne me trouvais pas épargné de tout tracas. L'espace entre chaque poutre du chemin était large et toutes s'inclinaient dans une légère oscillation, demandant de renouveler l'attention à chaque foulée. Ma concentration trouva un accroc lorsque mon compagnon d'infortune me fit don de son manteau, se confondant dans quelques excuses, d'une humilité irrécusable. J'ai cet air un peu benêt quand j'accepte ce sacrifice entre mes mains. Mains demeurées à leur état rapace. J'enfouis ma tête dans les plis et frotte avec autant de vigueur qu'il m'est permit pour décrasser le pourtour de mes yeux, décoller mon crin plaqué sur ma peau. Le cœur des frottements me laisse écouter l'identité du garçon se déclinant. La vision recouvrée, je rends sa veste à son propriétaire.

''- C'est rien, merci pour... ta veste. Je crois pas l'avoir trouée. Le métal, oui, s'il est un peu usé. Celui qui se ruine.''

Le vent portait les dernières notes qui animaient le festin que nous désertions. Rassasiés de turbulences pour le restant de la nuit. Mon bras gauche renvoyait chaque pulsation de mon cœur dans mes oreilles, de façon à déterminer tous les sons d'un bruit de fond. Lorsque les enjambées demandaient un effort plus appuyé, des morceaux de ferrailles plongeaient se perdre entre les lattes. Et les réceptions vacillantes scandaient ma respiration. Si bien que mon phrasé avait cette rythmique chaotique en plus d'accuser la fatigue.

''- Moi c'est Narr. Tu ne t'es pas envolé tout à l'heure.''

Les vents apportaient leur baume à mes muscles chauffés à blanc. Je respirais la gueule béante sans avoir le sentiment de pleinement renflouer mon poumons de leur quota d'oxygène. Jean Baptiste me distançait de quelques enjambées. Je cherchais à rétracter mes épines, en vain. Puis mes griffes. Mais la disloquation de mon bras gauche constitua un obstacle douloureux à ma volonté. Puis, je n'était pas tout à fait au clair avec le mode d'emploi de mon pouvoir. Je calfeutrais un râle au fond de ma gorge et tâchais de rembrayer le pas. De là, un vertige me poussa d'un côté. Je trébuchais, un genou à terre. Un sentiment de honte gardait mes yeux grands ouverts sur le bois écharpé du chemin. Je vis cette perle de sueur tomber du bout de mon nez. Je laissais mes pensées se fondre dans cette goutte sans arriver à me détendre, à faire le vide. Une retombée de stress. Ca faisait l'effet d'une bombe au dedans. De vouloir me persuader que tout allait bien se passer, je renouvelais mon effort mais l'énergie me fit défaut et j'en revenais au plancher, pantin coupé de fils.


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MessageSujet: Re: Dogtooth [JBD] Dogtooth [JBD] EmptyJeu 25 Juin 2015 - 21:44
Celui qui se ruine ... Drôle de formulation. Ou étais-ce simplement que le possessif me troublait, dans ce genre d'expressions ? Toujours est-il qu'à présent, ses excroissances m'apparaissaient telle qu'elles étaient, à savoir des amas de métal dans un état avancé d'oxydation. Les fluides qui se mêlaient sur son corps, couplé aux variations nombreuses des teintes de la rouille, donnait aux mains griffues qui manipulaient maladroitement mon vêtement, se frottant comme dans une serviette, des coloris pour le moins divers. Mon regard s'attardait dessus, ainsi que sur les épines déchiquetées qui pointaient, esquilles métalliques insolites, de son dos, alors qu'il parlait, tant bien que mal.

Je ne pouvais que remarquer qu'il avait des difficultés à marcher, contrairement à moi. Cela ne m'étonnait guère. Il était passé par de plus tortueux chemins que moi jusqu'à présent, en particulier la gueule o combien moite de je ne sais trop quel géant vorace. Ses ajuts métalliques ne devaient pas grandement l'aider, non plus, bien au contraire. Je supposais instinctivement que les avoir fait sortit ainsi n'était pas gratuit, tout comme mon aura me coûtait. Me rendant ma veste, il me surprit quelque peu; je n'avais pas pour intention de lui prêter, mais de lui donner, après tout ce vêtement ne serais plus demain, remplacé par un semblable qui apparaissait à chacun de mes sommeils.

Son nom me fit une étrange impression. Comme s'il n'avait pu, même avec toute la bonne volonté du monde, en avoir un autre. Impossible à prédire, mais une fois énoncé, il lui collait à la peau, s'imprimait à son image avec une précision telle que jamais on ne pourrait plus se le représenter autrement. A croire qu'on le savait avant, l'entendre n'étant qu'un rappel. Et pourtant la nouveauté ne faisait aucun doute. Quelle profonde sensation d'irréalité. Inversion étrange, je le remarquais alors. Je me sentais perdre pied, l'ayant pourtant bien plus sûr que lui, qui titubait presque d'une traverse à l'autre.

Dans un effort conscient, je tentais de reprendre contact avec de plus prosaïques préoccupations. Étions-nous suivis ? Certes, nos poursuivants ne seraient pas discrets, mais mortels, assurément. Les rails, derrière nous, se déroulaient avec une apparente monotonie, qui s'était rapidement vue chamboulé par ce qui était la monotonie réelle du lieu. Habitude factice brisée par la dureté d'une réalité banale. Je n'apercevais que de vagues silhouettes à travers la poussière qui s'était soulevée et peinait à redescendre, sur la scène du carnage. Rien, cependant, qui viendrait perturber plus loin cette ligne déjà coupée.

La remarque de Narr m'avait interpellé, aussi y répondis-je distraitement, tout en regardant derrière nous. Parler était pour moi une seconde nature, parfois. Souvent, plutôt, si je prenais la chose avec recul ... C'était la passion pas si secrète de tout mon être, même si rare étaient les spectateurs, en général, pour en attester. Nul ne niait cependant ma propension au discours.

"Oui, c'est à moitié vrai. J'ai plus ou moins triché par rapport à la gravité, sans plus. Pour plusieurs raisons, pas toutes très avouables. Je pourrais simplement dire que déambuler tel une mouche maladroite parmi des géants était sans doute un moyen très sûr de me faire écraser d'un revers négligent, si ce n'est pas inadvertance pure et simple, dévastatrice par la différence d'échelle. Mon insignifiance n'incitait pas à la bravache suicidaire, comme une poule affolée qui court sous les roues d'une voiture."

Je me tournais en finissant mon dernier mot, reprenant mon souffle calmement, quand il trébucha. C'était, malgré le piètre état dans lequel il se trouvait, assez surprenant pour moi sur le moment, mais je réagis immédiatement. Sautant de ma position dans le vide, j'anticipais une chute de sa part, qui ne se produisit pas. Remontant, je me mis devant lui, alors qu'il tentait de se relever. Échouait. Il était à bout de force, dirait-on. Comme si le moment avait été attendu, le vent se mis à souffler, charriant une odeur cuivrée, empoussiérée, qui cependant n'était que trop reconnaissable. Je ne m'y attardais pas, et me penchait sur Narr.

"La seconde est raison était qu'une partie de moi me commandait de ne pas bouger, au delà de mes considérations moins survivalistes. J'aurais pu m'envoler, ou simplement plonger et t'empêcher de tomber, sans doute. Je ne l'ai pas fait. Alors laisse moi me rattraper en te rattrapant."

Je tendis mes bras, mes mains allant vers sous ses bras. J'avais pour intention de le relever, ne pouvant vraiment le prendre par les mains, au vu de ses griffes. Je ne savais trop que faire, le porter, peut-être ? En tout cas, assez de le laisser lutter sur chacun de ses pas hasardeux.
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MessageSujet: Re: Dogtooth [JBD] Dogtooth [JBD] EmptyJeu 9 Juil 2015 - 22:03






Mon environnement ne m'a jamais paru plus artificiel que le moment présent. Je croyais avoir assez joué. Dreamland ne m'était apparu que comme une grande récréation. Là où on a beau se crouter les genoux, c'est pour repartir de plus belle. Dans le jeu, le faire-semblant, on copie le réel, projeté, modelé à l'envie. Pour ça, la copie a meilleur parfum. Pour ça, le rêve me fait peur. Je me figurais l'original dans mon quotidien comme une ébauche de travail. Et l'achèvement de ce dernier aboutit là. Dans mon cas je ne me sentais pas prêt encore. Je ne voulais pas renoncer au brouillon, pas tout de suite. Je comprenais qu'Hélène ait pu le supporter, toute sensible qu'elle était, elle était mieux à même de vivre la transitions sans que le réel ou le rêve ne se déverse l'un dans l'autre. Pour ça, je suis plus sale. Tout s'étale. C'est à ce moment, malgré ma vision qui brouille l'info, que je me sens hissé, jambes ballantes. Je retrouve mes appuis assez vite. Ca tire sous les aisselles. Une douleur qui ne se passe pas de souvenirs bouillants d'incertitude. Les mots de Jean-Baptiste s'écoutent en écho.

"- J'aurais fais comme toi si j'avais des ailes."

Là dessus, je reprends la marche, clopin clopant. Un pied posé consciencieusement devant l'autre. Assez pour fagociter la moindre réflexions. On progresse en silence. J'ai déjà assez matière à penser pour cette nuit. Puis mes muscles commencent à tirer sévèrement. Après quelques minutes, le temps pour le ciel de s'habiller d'une autre teinte, je bifurque. M'assied au rebord des rails. Ma main droite, celle épargnée par les crocs, a commencé à reprendre une forme plus humaine. Juste ce qu'il me faut pour m'emparer de mes cigarettes. Le bras gauche, lui, ne me sers que d'appui. En jouant ce jeu de mains précaire, j'achève de m'allumer le tabac. Je compte bien attendre le lever du jour depuis ici. De marcher brasse la tête et j'étais lassé de ce manège.

"- c'est pas la peine." J'expire une première bouffée. L'allumette se précipite dans le vide, entre mes pieds ballants. "J'aurais pas l'impression d'avoir dormi si je me pose pas. M'attends pas Jean-Baptiste."


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MessageSujet: Re: Dogtooth [JBD] Dogtooth [JBD] EmptyMer 15 Juil 2015 - 21:38
Une fois sorti de l'abîme, il reprit de lui-même ses appuis, et je le lâchais. A retardement, la peur de voir son corps s'éclater loin en contrebas me tirailla un instant. La calme qui m'avait envahi s'envolait, laissant place à une sorte de contrecoup aussi court que retentissant. Je restais immobile à coté de lui, ruminant un peu cette impression. Il semblait d'une lassitude pour le moins singulière. J'écoutais distraitement sa réponse, m'écartais d'un pas, négociant mon équilibre sur les traverses. Après quelques pas, il s'assit, raclant la croûte rouillée de son bras. Je le regardais, hypnotisé par l'oxyde métallique qui se détachait avec réticence. Elle avait comme jailli de la peau de Narr, apparemment. J'avais envie de m'y pencher, scruter cet intéressant phénomène, manifestation de son pouvoir. Reflet de ses peurs, partie de lui. Je n'en fis rien. Posant ma veste, que je n'allais pas renfiler au vu de son état, sur une traverse, je le regardais.

Il avait sorti une cigarette de son pantalon élimé, craqua une allumette, qui plongea à son tour, allant rejoindre les éclats de feu sa griffe loin en contrebas. La fumée avait une saveur douce et acre, sombre. Étonnamment agréable, plus proche à mon nez et mon palais ouvert, alors que je l'humais avec intensité, aux fumigations de plantes plus aromatiques, aux accents pourtant puissants. C'était peut-être la saveur du tabac pur, sans les arômes et additifs qui lui étaient ajoutés. Ou complètement autre chose. Elle avait en outre, sur le moment, un puissant attrait gustatif, comme si, loin de mater par sa fumée les voies buccales et nasales, les quelques bribes qui m'étaient parvenues les avaient mises en éveil, malgré la poussière et le vent irritant. Je ne savais trop si c'était tant la cigarette que ce que je faisais, de mon point de vue, de sa belle et délicate fumée bleutée.

Éveillé, les clopes me répugnaient, viscéralement, un splendide (et le sarcasme est ici plus amer qu'un cigare cubain) moyen de faire partir son corps et son esprit dans une déliquescence douloureusement passive, se marquer par une habitude, tout d'abord genrée, qui devenait obsession autodestructrice. La plus lamentable des manières de le faire, en tout cas. Ce n'était pas tant fumer en soi, mais adhérer à la voie de la perdition de manière si ... ridiculement courante. Donner son argent à des multi-nationales qui s'enrichissaient sur le dos de producteurs locaux et de consommateurs qui méritaient à peine la pitié ? Quitte à mourir, que ce soit avec panache, pas en ayant trop mis à son bec une merde manufacturée, de papier blanchi, bourrée d'additifs et d'arômes répugnants. Mais rien de tout cela n'avait cours ici.

J'étais particulièrement séduit, non pas par la cigarette en elle-même, mais par ses fumerolles, spirales aériennes qui me parvenaient avec paresse. Leurs mouvements était pour moi hypnotique, aguicheur, esthétique. J'aurais voulu danser avec elle. Une sourde et électrique latence dans mes membres m'indiquait que la compagne de mes rêves, fébrile, partageait mon attraction singulière. Je répondis distraitement à Narr, notant avec un brin presque amusé ses paroles.

"Tu m'épargnes une bien hypocrite politesse, et cependant ici je n'avais pas l'intention de vraiment te quitter sur les rails. Je ne sais pas le temps qui s'est écoulé dans la nuit, je m'en moque un peu, pour une fois. Pourquoi faire un bras d'honneur aux chemins de fer, quand on perd son bras de fer sur les chemins de l'honneur ? Bref, je pense les suivre les rails, mais ... pas tout de suite."

Je m'installais au milieu des traverses, Narr à ma gauche, et profitait pleinement des fumées qui me parvenaient, tout en y réfléchissant. Mon compagnon n'était pas très causant, et je n'allais certainement pas lui demander une cigarette. Très peu pour moi, mais cependant il me donnait quelques idées. Je laissait mon aura faire des siennes, mes cheveux s'agitant comme des algues dans un courant. Sans trop m'en rendre compte, je me levais, ou plutôt m'élevait, reprenant mon manteau sali en main. Un au revoir bref, puis je longeais les rails.
J'avais, en tête, des volutes de pensées, gouttelettes et particules qui tournoyaient avec élégance, dans leur vent propre.
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